« Antimoine » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Pld (discuter | contributions)
Philippe rogez (discuter | contributions)
 
(25 versions intermédiaires par 15 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Autre4|l'élément chimique, le corps simple et les composés chimiques caractéristiques|les autres significations|Antimoine (homonymie)}}
{{Autre4|l'élément chimique, le corps simple et les composés chimiques caractéristiques|les autres significations|Antimoine (homonymie)}}
{{Infobox Élément/Antimoine}}
{{Infobox Élément/Antimoine}}
L''''antimoine''' est l'[[élément chimique]] de [[numéro atomique]] 51, de symbole Sb (Stibium). C'est un membre du [[groupe du tableau périodique|groupe]] des [[pnictogène]]s. De propriétés intermédiaires entre celles des [[métal|métaux]] et des [[Non-métal|non-métaux]], l'antimoine est, avec l'[[arsenic]], un [[métalloïde]] du cinquième groupe principal du tableau périodique. Il s'agit d'un élément faiblement [[électropositif]]. L'[[électronégativité]] selon [[Linus Pauling|Pauling]] est de l'ordre de 1,9, alors que celle de l'arsenic avoisine 2.
L''''antimoine''' est l'[[élément chimique]] de [[numéro atomique]] 51, de symbole Sb (Stibium). L'adjectif « antimonié » qualifie un corps ou une matière qui contient de l'antimoine.


L'antimoine est un membre du [[groupe du tableau périodique|groupe]] des [[pnictogène]]s. De propriétés intermédiaires entre celles des [[métal|métaux]] et des [[Non-métal|non-métaux]], l'antimoine est, avec l'[[arsenic]], un [[métalloïde]] du cinquième groupe principal du [[Tableau périodique des éléments|tableau périodique]]. Il s'agit d'un élément faiblement [[électropositif]]. L'[[électronégativité]] selon [[Linus Pauling|Pauling]] est de l'ordre de 1,9, alors que celle de l'arsenic avoisine 2.
Le corps simple antimoine est un [[métalloïde]] [[Polymorphisme (chimie)|polymorphe]], [[Toxicité|toxique]] et [[Cancérogène|cancérigène]], tout comme l'arsenic<ref>{{en}} Gabriela Ungureanu, Sílvia Santos, Rui Boaventura et Cidália Botelho, « Arsenic and antimony in water and wastewater: Overview of removal techniques with special reference to latest advances in adsorption », ''Journal of Environmental Management'', {{vol.|151}}, 15 mars 2015, {{Pages|326–342}}</ref> (auquel il est souvent associé, par exemple dans les [[munition]]s à base de [[plomb]]). L'antimoine est aussi un [[Pollution routière|polluant routier]] et urbain [[nanoparticule|nanoparticulaire]]<ref>{{Article |prénom1=Silvia |nom1=Canepari |prénom2=Elisabetta |nom2=Marconi |prénom3=Maria Luisa |nom3=Astolfi |prénom4=Cinzia |nom4=Perrino |titre=Relevance of Sb(III), Sb(V), and Sb-containing nano-particles in urban atmospheric particulate matter |périodique=Analytical and Bioanalytical Chemistry |volume=397 |numéro=6 |date=2010-05-23 |issn=1618-2642 |issn2=1618-2650 |doi=10.1007/s00216-010-3818-1 |consulté le=2022-07-02 |pages=2533–2542}}.</ref> émergent (notamment comme contaminant de la fin de vie de produit en contenant<ref>{{Article |prénom1=David |nom1=Dupont |prénom2=Sander |nom2=Arnout |prénom3=Peter Tom |nom3=Jones |prénom4=Koen |nom4=Binnemans |titre=Antimony Recovery from End-of-Life Products and Industrial Process Residues: A Critical Review |périodique=Journal of Sustainable Metallurgy |volume=2 |numéro=1 |date=2016-02-08 |issn=2199-3823 |issn2=2199-3831 |doi=10.1007/s40831-016-0043-y |consulté le=2022-07-02 |pages=79–103}}.</ref>, et car il est utilisé dans le monde entier pour remplacer l'[[amiante]] dans les patins de freins)<ref>{{Article |prénom1=Sameer |nom1=Amereih |prénom2=Thomas |nom2=Meisel |prénom3=Robert |nom3=Scholger |prénom4=Wolfhard |nom4=Wegscheider |titre=Antimony speciation in soil samples along two Austrian motorways by HPLC-ID-ICP-MS |périodique=Journal of Environmental Monitoring |volume=7 |numéro=12 |date=2005 |issn=1464-0325 |issn2=1464-0333 |doi=10.1039/b510321e |consulté le=2022-07-02 |pages=1200}}.</ref>{{,}}<ref>M. Philippe, P. Le Pape, L. Bordier, G. Landrot, L. Delbes et S. Ayrault (2020) L'antimoine, un polluant émergent dans les sols et rivières urbaines : les bassins de rétention autoroutiers comme modèles de milieux récepteurs réactifs. ([https://www.piren-seine.fr/sites/default/files/piren_documents/rapports_dactivite_2020/a5b2_Ayrault-et-al_Antimoine_PIREN_2020_VF.pdf version PDF])</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Cindy Rianti |nom2=Priadi |prénom3=Pierre Le |nom3=Pape |prénom4=Philippe |nom4=Bonté |titre=Occurrence, Sources and Pathways of Antimony and Silver in an Urban Catchment |éditeur=Springer Netherlands |date=2013 |isbn=978-94-007-7755-2 |doi=10.1007/978-94-007-7756-9_37 |consulté le=2022-07-02 |pages=425–435}}.</ref>.


Le corps simple antimoine est un [[métalloïde]] [[Polymorphisme (chimie)|polymorphe]], [[Toxicité|toxique]] et [[Cancérogène|cancérigène]], tout comme l'arsenic<ref>{{en}} Gabriela Ungureanu, Sílvia Santos, Rui Boaventura et Cidália Botelho, « Arsenic and antimony in water and wastewater: Overview of removal techniques with special reference to latest advances in adsorption », ''Journal of Environmental Management'', {{vol.|151}}, 15 mars 2015, {{Pages|326–342}}</ref> (auquel il est souvent associé, par exemple dans les [[munition]]s à base de [[plomb]]). L'antimoine est aussi un [[Pollution routière|polluant routier]] et urbain [[nanoparticule|nanoparticulaire]]<ref>{{Article |prénom1=Silvia |nom1=Canepari |prénom2=Elisabetta |nom2=Marconi |prénom3=Maria Luisa |nom3=Astolfi |prénom4=Cinzia |nom4=Perrino |titre=Relevance of Sb(III), Sb(V), and Sb-containing nano-particles in urban atmospheric particulate matter |périodique=Analytical and Bioanalytical Chemistry |volume=397 |numéro=6 |date=2010-05-23 |issn=1618-2642 |issn2=1618-2650 |doi=10.1007/s00216-010-3818-1 |consulté le=2022-07-02 |pages=2533–2542}}.</ref> émergent, notamment comme contaminant de la fin de vie de produit en contenant<ref>{{Article |prénom1=David |nom1=Dupont |prénom2=Sander |nom2=Arnout |prénom3=Peter Tom |nom3=Jones |prénom4=Koen |nom4=Binnemans |titre=Antimony Recovery from End-of-Life Products and Industrial Process Residues: A Critical Review |périodique=Journal of Sustainable Metallurgy |volume=2 |numéro=1 |date=2016-02-08 |issn=2199-3823 |issn2=2199-3831 |doi=10.1007/s40831-016-0043-y |consulté le=2022-07-02 |pages=79–103}}.</ref>, du fait de son utilisation dans le monde entier pour remplacer l'[[amiante]] dans les patins de freins<ref>{{Article |prénom1=Sameer |nom1=Amereih |prénom2=Thomas |nom2=Meisel |prénom3=Robert |nom3=Scholger |prénom4=Wolfhard |nom4=Wegscheider |titre=Antimony speciation in soil samples along two Austrian motorways by HPLC-ID-ICP-MS |périodique=Journal of Environmental Monitoring |volume=7 |numéro=12 |date=2005 |issn=1464-0325 |issn2=1464-0333 |doi=10.1039/b510321e |consulté le=2022-07-02 |pages=1200}}.</ref>{{,}}<ref>M. Philippe, P. Le Pape, L. Bordier, G. Landrot, L. Delbes et S. Ayrault (2020) L'antimoine, un polluant émergent dans les sols et rivières urbaines : les bassins de rétention autoroutiers comme modèles de milieux récepteurs réactifs. ([https://www.piren-seine.fr/sites/default/files/piren_documents/rapports_dactivite_2020/a5b2_Ayrault-et-al_Antimoine_PIREN_2020_VF.pdf version PDF])</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Cindy Rianti |nom2=Priadi |prénom3=Pierre Le |nom3=Pape |prénom4=Philippe |nom4=Bonté |titre=Occurrence, Sources and Pathways of Antimony and Silver in an Urban Catchment |éditeur=Springer Netherlands |date=2013 |isbn=978-94-007-7755-2 |doi=10.1007/978-94-007-7756-9_37 |consulté le=2022-07-02 |pages=425–435}}.</ref>.
L'adjectif ''antimonié'' qualifie un corps ou une matière qui contient de l'antimoine.

La littérature mentionne des formes (bio)[[Méthyle|méthylées]] (à faibles concentrations), qui pourraient être plus bioassimilables<ref name=IRSNfiche/>.

Sa [[Cinétique chimique|cinétique]] environnementale est mal connue, mais il semble peu mobile dans les sols, et assez peu [[Bioassimilation|bioassimilable]] pour les plantes. Il ne semble pas être [[Bioaccumulation|bioaccumulé]] ni faire l'objet de [[bioamplification]] dans les [[réseaux trophiques]]<ref name=IRSNfiche/>.

Dans les organismes, sa [[toxicité]] semble liée à son affinité pour les groupements [[thiol]]s (liaison irréversible à des enzymes importants).
Son éventuelle [[écotoxicité]] est mal connue. Selon l'[[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]], {{Citation|les potentialités de transfert trophique n’ont jamais été étudiées}}<ref name=IRSNfiche/>.


== Histoire et étymologie ==
== Histoire et étymologie ==
Le symbole Sb, choisi pour l'élément par [[Jöns Jacob Berzelius|Berzélius]], fait référence au [[latin]] ''{{langue|lat|stibium}}'', issu du grec {{grec ancien|στίμμι|stímmi}}, désignant les corps minéraux antimoniés en général, et la [[Stibine (minéral)|stibine]] en particulier. Le nom antimoine serait une altération de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid<ref>Dictionnaire étymologique des mots français venant de l'arabe, du turc et du persan, Georges A. Bertrand</ref>, un emprunt à l’ancien égyptien ''stim'' ou ''smdt'' par l'intermédiaire du copte ou du grec {{grec ancien|στίμμι|stímmi}}<ref name=":1" />.
Le symbole Sb, choisi pour l'élément par [[Jöns Jacob Berzelius|Berzélius]], fait référence au [[latin]] ''{{langue|lat|stibium}}'', issu du [[grec]] {{grec ancien|στίμμι|stímmi}}, désignant les corps minéraux antimoniés en général, et la [[Stibine (minéral)|stibine]] en particulier. Le nom « antimoine » serait une altération de l'[[arabe]] الإثمد ''al-ʾiṯmid''<ref>Dictionnaire étymologique des mots français venant de l'arabe, du turc et du persan, Georges A. Bertrand</ref>, un emprunt à l’[[Égyptien ancien|ancien égyptien]] ''stim'' ou ''smdt'' par l'intermédiaire du [[copte]] ou du grec {{grec ancien|στίμμι|stímmi}}<ref name=":1" />.


La [[Stibine (minéral)|stibine]] est un trisulfure d'antimoine dont la poudre noire intense était connue dans l'Antiquité pour souligner le contour des yeux ou comme [[Khôl|fard à cils]]<ref>Jean-Pierre Tricot, [http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1982x017xspec1/HSMx1982x017xspec1x0286.pdf CURRUS TRIOMPHAL!S ANTIMONII ou LE TRIOMPHE DE LA IATROGENESE].</ref>, ou encore comme médicament pour soigner/prévenir les infections oculaires, et le terme est resté pour cet usage, bien que la première description d'une préparation n'apparaisse que dans un manuscrit de 1604.
La [[Stibine (minéral)|stibine]] est un [[trisulfure d'antimoine]] dont la poudre noire intense était connue dans l'Antiquité pour souligner le contour des yeux ou comme [[Khôl|fard à cils]]<ref>Jean-Pierre Tricot, [http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx1982x017xspec1/HSMx1982x017xspec1x0286.pdf CURRUS TRIOMPHAL!S ANTIMONII ou LE TRIOMPHE DE LA IATROGENESE].</ref>, ou encore comme médicament pour soigner/prévenir les infections oculaires, et le terme est resté pour cet usage, bien que la première description d'une préparation n'apparaisse que dans un manuscrit de [[1604]].


Le ''stibium'' qui peut déjà désigner le corps simple gris métallique et stable des chimistes, ou l'[[antimoine natif]] des minéralogistes, est sûrement connu depuis le {{-m|IV|e}}, notamment des [[Babylone|Babyloniens]]. Un vase chaldéen en antimoine pur datant d'environ [[-4000|quatre mille ans avant notre ère]] a été retrouvé. Les Égyptiens des [[Ve dynastie égyptienne|{{Ve}}]] et [[VIe dynastie égyptienne|{{VIe}} dynasties égyptiennes]] se servaient de récipients en cuivre recouverts d'antimoine pour le transport de l'eau<ref>[http://www.universalis.fr/encyclopedie/antimoine/ Antimoine] sur universalis.fr</ref>.
Le ''stibium'' qui peut déjà désigner le corps simple gris métallique et stable des chimistes, ou l'[[antimoine natif]] des minéralogistes, est sûrement connu depuis le {{-m|IV|e}}, notamment des [[Babylone|Babyloniens]]. Un vase [[Chaldée|chaldéen]] en antimoine pur datant d'environ [[-4000|quatre mille ans avant notre ère]] a été retrouvé. Les Égyptiens des [[Ve dynastie égyptienne|{{Ve}}]] et [[VIe dynastie égyptienne|{{VIe}} dynasties égyptiennes]] se servaient de récipients en [[cuivre]] recouverts d'antimoine pour le transport de l'eau<ref>[http://www.universalis.fr/encyclopedie/antimoine/ Antimoine] sur universalis.fr</ref>.


Dans l'Antiquité, les [[Égypte antique|Égyptiens]] appelaient l'antimoine ''mśdmt''. Les [[Écriture hiéroglyphique égyptienne|hiéroglyphes]] ne permettent que de supposer les voyelles mais la tradition arabe laisse supposer que la prononciation est ''mesdemet''<ref>Cité par W. F. Albright, [http://links.jstor.org/sici?sici=1062-0516%28191807%2934%3A4%3C215%3ANOEEI%3E2.0.CO%3B2-J ''Notes on Egypto-Semitic Etymology. II''], ''The American Journal of Semitic Languages and Literatures'', {{vol.}}34, {{n°}}4, juillet 1918, {{p.|215–255}} ({{p.|230}}).</ref>{{référence insuffisante}}.
Dans l'Antiquité, les [[Égypte antique|Égyptiens]] appelaient l'antimoine ''mśdmt''. Les [[Écriture hiéroglyphique égyptienne|hiéroglyphes]] ne permettent que de supposer les voyelles mais la tradition arabe laisse supposer que la prononciation est ''mesdemet''<ref>Cité par W. F. Albright, [http://links.jstor.org/sici?sici=1062-0516%28191807%2934%3A4%3C215%3ANOEEI%3E2.0.CO%3B2-J ''Notes on Egypto-Semitic Etymology. II''], ''The American Journal of Semitic Languages and Literatures'', {{vol.}}34, {{n°}}4, juillet 1918, {{p.|215–255}} ({{p.|230}}).</ref>{{référence insuffisante}}.


Au {{sap-|I}}, Celse et [[Pline l'Ancien]] utilisent le terme [[latin]] stibium, signifiant dans la pratique « signe, marquage (par exemple du pourtour des yeux) », que le chercheur [[Jöns Jakob Berzelius]] a abrégé au {{s|XVIII}} en ''Sb'', devenu ainsi le symbole chimique de l'antimoine. Pline aurait baptisé ainsi son minerai mais avec une distinction entre formes mâle et femelle : le mâle désigne probablement la stibine (donc le sulfure d'antimoine), la femelle, décrite comme supérieure, plus lourde, plus brillante et moins friable, est probablement l'antimoine métallique trouvé à l'état naturel<ref>[[Pline l'Ancien]], ''L'Histoire Naturelle'', XXIII, 23.</ref>. Pline utilise également les mots ''stimi'', ''larbaris'', ''alabastre'', ainsi que ''platyophthalmos'' i.e. « grands yeux » en grec, d'après l'effet cosmétique du [[khôl]].
Au {{sap-|I}}, [[Celse (médecin)|Celse]] et [[Pline l'Ancien]] utilisent le terme [[latin]] ''stibium'', signifiant dans la pratique « signe, marquage (par exemple du pourtour des yeux) », que le chercheur [[Jöns Jakob Berzelius]] a abrégé au {{s|XVIII}} en ''Sb'', devenu ainsi le [[symbole chimique]] de l'antimoine. Pline aurait baptisé ainsi son minerai mais avec une distinction entre formes mâle et femelle : le mâle désigne probablement la stibine (donc le sulfure d'antimoine), la femelle, décrite comme supérieure, plus lourde, plus brillante et moins friable, est probablement l'antimoine métallique trouvé à l'état naturel<ref>[[Pline l'Ancien]], ''L'Histoire Naturelle'', XXIII, 23.</ref>. Pline utilise également les mots ''stimi'', ''larbaris'', ''alabastre'', ainsi que ''platyophthalmos'' i.e. « grands yeux » en grec, d'après l'effet cosmétique du [[khôl]].


Bien plus tard, il était bien connu des alchimistes du Moyen Âge sous le nom ''antimonium''. Cette forme latine médiévale, attestée vers 1050, a une origine incertaine :
Bien plus tard, il était bien connu des alchimistes du Moyen Âge sous le nom ''antimonium''. Cette forme [[Latin médiéval|latine médiévale]], attestée vers 1050, a une origine incertaine :
* selon l'étymologie populaire, une légende<ref>Voir par exemple Diana Fernando, ''Alchemy : an illustrated A to Z (''1998)</ref> explique l'origine de ce nom par une succession de décès survenus au Moyen Âge parmi des [[moine]]s. Ils auraient effectué des travaux de recherche sur ce corps ou auraient été victimes de l'alchimiste [[Basile Valentin]], élève de [[Paracelse]]. Celui-ci avait l'habitude de jeter les résidus de ses expériences dans la mangeoire de ses cochons pour les engraisser. Ce faisant, il aurait administré de l'antimoine aux porcs qui seraient ainsi devenus toxiques ;
* selon l'[[étymologie populaire]], une légende<ref>Voir par exemple Diana Fernando, ''Alchemy : an illustrated A to Z (''1998)</ref> explique l'origine de ce nom par une succession de décès survenus au Moyen Âge parmi des [[moine]]s. Ils auraient effectué des travaux de recherche sur ce corps ou auraient été victimes de l'alchimiste [[Basile Valentin]], élève de [[Paracelse]]. Celui-ci avait l'habitude de jeter les résidus de ses expériences dans la mangeoire de ses cochons pour les engraisser. Ce faisant, il aurait administré de l'antimoine aux porcs qui seraient ainsi devenus toxiques ;
* une autre étymologie pseudo-savante propose un terme grec hypothétique, ''antimonos'', du grec ''anti'', « à l'opposé de » et ''monos'', « seul », parce qu'on croyait que ce métal ne se présentait jamais seul<ref>{{ouvrage|auteur=Paul Depovere|titre=La classification périodique des éléments. La merveille fondamentale de l'Univers|passage=98|éditeur=[[De Boeck Supérieur]]|date=2002}}.</ref>. En effet, l'antimoine ne se trouve à l'état naturel que combiné à d'autres métaux comme le plomb<ref>{{de}} [[Edmund von Lippmann]] (1919) Entstehung und Ausbreitung der Alchemie, teil 1. Berlin: Julius Springer, {{p.}}643-5</ref>. Cependant le préfixe grec ''anti-'', qui présente des valeurs diverses (« en face, en échange, à son tour, équivalant à, contre… »), n'a jamais celle d'une simple négation ;
* une autre étymologie pseudo-savante propose un terme grec hypothétique, ''antimonos'', du grec ''anti'', « à l'opposé de » et ''monos'', « seul », parce qu'on croyait que ce métal ne se présentait jamais seul<ref>{{ouvrage|auteur=Paul Depovere|titre=La classification périodique des éléments. La merveille fondamentale de l'Univers|passage=98|éditeur=[[De Boeck Supérieur]]|date=2002}}.</ref>. En effet, l'antimoine ne se trouve à l'état naturel que combiné à d'autres métaux comme le [[plomb]]<ref>{{de}} [[Edmund von Lippmann]] (1919) Entstehung und Ausbreitung der Alchemie, teil 1. Berlin: Julius Springer, {{p.}}643-5</ref>. Cependant le préfixe grec ''anti-'', qui présente des valeurs diverses (« en face, en échange, à son tour, équivalant à, contre… »), n'a jamais celle d'une simple négation ;
* Lippman<ref name=":0" /> a conjecturé un terme grec, ''anthemonion'' (mascara, littéralement « fleurette ») et cite de nombreux termes apparentés en grec ancien décrivant des éléments chimiques ou biologiques ;
* Lippman<ref name=":0" /> a conjecturé un terme grec, ''anthemonion'' ([[mascara]], littéralement « fleurette ») et cite de nombreux termes apparentés en [[grec ancien]] décrivant des éléments chimiques ou biologiques ;
* les utilisations précoces du terme ''antimonium'' remontent à 1050-1100, par [[Constantin l'Africain]] dans des traités de [[Médecine arabe au Moyen Âge|médecine arabe]]<ref name=":0">Lippmann, {{p.}}642</ref> et plusieurs spécialistes pensent qu'il s'agit d'une altération scripturale de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid, un emprunt à l’ancien égyptien ''stim'' ou ''smdt'' par l'intermédiaire du copte ou du grec στίμμι [stímmi]<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Karl|nom1=Lokotsch|titre=Etymologisches Wörterbuch der Europäischen (Germanischen, Romanischen und Slavischen) Wörter Orientalischen Ursprungs|éditeur=Carl Winter's Universitätsbuchhandlung C. F. Wintersche Buchdruckerei|date=1927|lire en ligne=http://archive.org/details/etymologische00lokoguat|consulté le=2021-04-24}}</ref>. L'élément antimoine (et non le [[cosmétique]], son [[sulfure]]) pouvait être nommé ''ithmid'', ''athmoud'', ''othmod'', ou ''uthmod'', ou encore ''athimar''. [[Dictionnaire de la langue française|Littré]] suggère que la première forme dérive de ''stimmida'', forme accusative de ''stimmi''<ref>''Greek-Englis Lexicon'' de Liddel-Scott-Jones : la déclinaison et la vocalisation varient ; Endlich, F.M. [http://links.jstor.org/sici?sici=0003-0147%28188801%2922%3A253%3C21%3AOSIDOM%3E2.0.CO%3B2-W ''On Some Interesting Derivations of Mineral Names''], ''The American Naturalist'', {{vol.}}22, {{n°}}253, janvier 1888, {{p.|21–32}} ({{p.|28}}) ; Celse, 6.6.6 ff ; Pline, ''L'Histoire Naturelle'' 33.33 ; Lewis and Short : Latin Dictionary.</ref>. Sarton le dérive lui aussi de ''ithmid''<ref>Sarton, George. (1935) [http://links.jstor.org/sici?sici=0021-1753%28193502%2922%3A2%3C539%3A%28FOLGD%3E2.0.CO%3B2-L ''Review''] of ''Al-morchid fi'l-kohhl, ou Le guide d'oculistique'', traduit par Max Meyerhof. ''Isis'' (1935), 22(2):539-542</ref>. D'autres possibilités incluent un hypothétique *as-stimmi, dérivé du grec ancien<ref>Endlich, {{p.}}28, l'avantage de ''as-stimmi'' serait qu'il partage une syllabe entière avec ''antimonium''.</ref>. En effet le mot grec ''stimmi'', utilisé par les poètes tragiques dès le {{-s-|V}}, désignait dans l'Antiquité la [[Stibine (minéral)|stibine]].
* les utilisations précoces du terme ''antimonium'' remontent à 1050-1100, par [[Constantin l'Africain]] dans des traités de [[Médecine arabe au Moyen Âge|médecine arabe]]<ref name=":0">Lippmann, {{p.}}642</ref> et plusieurs spécialistes pensent qu'il s'agit d'une altération scripturale de l'arabe الإثمد ''al-ʾiṯmid'', un emprunt à l’ancien égyptien ''stim'' ou ''smdt'' par l'intermédiaire du copte ou du grec στίμμι [stímmi]<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=de|prénom1=Karl|nom1=Lokotsch|titre=Etymologisches Wörterbuch der Europäischen (Germanischen, Romanischen und Slavischen) Wörter Orientalischen Ursprungs|éditeur=Carl Winter's Universitätsbuchhandlung C. F. Wintersche Buchdruckerei|date=1927|lire en ligne=http://archive.org/details/etymologische00lokoguat|consulté le=2021-04-24}}</ref><!-- Déjà dit plus haut, dans la même section. -->. L'élément antimoine (et non le [[cosmétique]], son [[sulfure]]) pouvait être nommé ''ithmid'', ''athmoud'', ''othmod'', ou ''uthmod'', ou encore ''athimar''. [[Dictionnaire de la langue française|Littré]] suggère que la première forme dérive de ''stimmida'', forme [[Accusatif|accusative]] de ''stimmi''<ref>''Greek-Englis Lexicon'' de Liddel-Scott-Jones : la déclinaison et la vocalisation varient ; Endlich, F.M. [http://links.jstor.org/sici?sici=0003-0147%28188801%2922%3A253%3C21%3AOSIDOM%3E2.0.CO%3B2-W ''On Some Interesting Derivations of Mineral Names''], ''The American Naturalist'', {{vol.}}22, {{n°}}253, janvier 1888, {{p.|21–32}} ({{p.|28}}) ; Celse, 6.6.6 ff ; Pline, ''L'Histoire Naturelle'' 33.33 ; Lewis and Short : Latin Dictionary.</ref>. [[George Sarton|Sarton]] le dérive lui aussi de ''ithmid''<ref>Sarton, George. (1935) [http://links.jstor.org/sici?sici=0021-1753%28193502%2922%3A2%3C539%3A%28FOLGD%3E2.0.CO%3B2-L ''Review''] of ''Al-morchid fi'l-kohhl, ou Le guide d'oculistique'', traduit par Max Meyerhof. ''Isis'' (1935), 22(2):539-542</ref>. D'autres possibilités incluent un hypothétique *as-stimmi, dérivé du grec ancien<ref>Endlich, {{p.}}28, l'avantage de ''as-stimmi'' serait qu'il partage une syllabe entière avec ''antimonium''.</ref>. En effet le mot grec ''stimmi'', utilisé par les poètes tragiques dès le {{-s-|V}}, désignait dans l'Antiquité la [[Stibine (minéral)|stibine]].


Il existe dès l'Antiquité une petite métallurgie extractive de l'antimoine ; elle se poursuit à l'époque médiévale. Elle est mieux connue dès l'époque moderne.
Il existe dès l'Antiquité une petite [[métallurgie]] extractive de l'antimoine ; elle se poursuit à l'époque médiévale. Elle est mieux connue dès l'époque moderne.
[[Fichier:Antimon Barren, Deutsches Museum.JPG|vignette|Face striée de lingot d'antimoine conservé au Musée allemand de Munich.]]
[[Fichier:Antimon Barren, Deutsches Museum.JPG|vignette|Face striée de lingot d'antimoine conservé au Musée allemand de Munich.]]


Plus récemment, les chimistes du {{s|XVIII}} nommaient ''Mercure de vie'', ou ''Poudre d'Algaroth'', le ''beurre d'antimoine précipité par l'eau''<ref>[http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.74:320:5./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/ Source] Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers</ref>. De nos jours, il n'est plus utilisé en médecine que contre la [[leishmaniose]] (viscérale ou cutanées)<ref>Mascherpa G. (1982), ''La querelle de l’antimoine et la victoire de la chimie. Parties I et II'', ''L’Act. Chim.'', avril et mai 1982, {{p.}}45.</ref>. Voir la querelle de l'antimoine dans : {{article détaillé|Pharmacognosie#Des plantes médicinales aux médicaments chimiques}}
Plus récemment, les chimistes du {{s|XVIII}} nommaient ''Mercure de vie'', ou ''Poudre d'Algaroth'', le « beurre d'antimoine précipité par l'eau »<ref>[http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.74:320:5./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/ Source] Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers</ref>. De nos jours, il n'est plus utilisé en médecine que contre la [[leishmaniose]] ([[Leishmaniose viscérale|viscérale]] ou [[Leishmaniose cutanée|cutanées]])<ref>Mascherpa G. (1982), ''La querelle de l’antimoine et la victoire de la chimie. Parties I et II'', ''L’Act. Chim.'', avril et mai 1982, {{p.}}45.</ref>. Voir la querelle de l'antimoine dans : {{article détaillé|Pharmacognosie#Des plantes médicinales aux médicaments chimiques}}


== Isotopes ==
== Isotopes ==
{{Article détaillé|Isotopes de l'antimoine}}
{{Article détaillé|Isotopes de l'antimoine}}
L'[[isotope]] [[antimoine 121]] représente 57 % de la masse estimée d'antimoine, il est le seul [[isotope]] stable avec l'{{lnobr|antimoine 123}}.
L'[[isotope]] [[antimoine 121]] représente 57 % de la masse estimée d'antimoine, il est le seul isotope stable avec l'{{lnobr|antimoine 123}}.


Il existe une vingtaine d'isotopes [[Radioactivité|radioactifs]], dont les masses atomiques s'échelonnent de 113 à 134.
Il existe une vingtaine d'[[isotopes radioactifs]], dont les [[Masse atomique|masses atomiques]] s'échelonnent de 113 à 134.
Parmi ces isotopes assez mal connus, l'[[antimoine 125]], radionucléide artificiel employé comme indicateur radioactif, sporadiquement présent dans l’environnement, très peu étudié, hormis sur quelques sites industriels pollués<ref name=IRSNfiche>IRSN, [http://www.irsn.fr/EN/Research/publications-documentation/radionuclides-sheets/Documents/Antimoine_Sb125_v3.pdf ''Fiche radionucléide - Antimoine 125 et environnement''] {{pdf}}, 25{{nb p.}}</ref>.
Parmi ces isotopes assez mal connus, l'[[antimoine 125]], [[radionucléide]] artificiel employé comme indicateur radioactif, sporadiquement présent dans l’environnement, très peu étudié, hormis sur quelques [[Site industriel|sites industriels]] pollués<ref name=IRSNfiche>IRSN, [http://www.irsn.fr/EN/Research/publications-documentation/radionuclides-sheets/Documents/Antimoine_Sb125_v3.pdf ''Fiche radionucléide - Antimoine 125 et environnement''] {{pdf}}, 25{{nb p.}}</ref>.


L'antimoine 124 est une source de [[rayons gamma]]. Associé au [[béryllium]], il a été utilisé pour faire diverger certains [[Réacteur nucléaire|réacteurs nucléaires]]<ref>[http://www.dissident-media.org/infonucleaire/pdf_nucleaire/fuite_grenoble.pdf Lire en ligne] {{pdf}}, ''[[Sciences et Avenir]]'', {{n°|360}}, février 1977.</ref>.
La littérature mentionne des formes (bio)[[Méthyle|méthylées]] (à faibles concentrations), qui pourraient être plus bioassimilables<ref name=IRSNfiche/>.


== Corps simple ==
Sa [[Cinétique chimique|cinétique]] environnementale est mal connue, mais il semble peu mobile dans les sols, et assez peu [[Bioassimilation|bioassimilable]] pour les plantes. Il ne semble pas être [[Bioaccumulation|bioaccumulé]] ni faire l'objet de [[bioamplification]] dans les [[réseaux trophiques]]<ref name=IRSNfiche/>.
[[Fichier:Antimony-piece.jpg|vignette|Morceau d'antimoine ultra pur.|gauche]]
Le [[rayon atomique]] de l'antimoine avoisine {{unité|1.41|Å}}, il est situé entre celui de l'arsenic {{unité|1.21|Å}} et celui du [[bismuth]] {{unité|1.62|Å}}. L'énergie d'ionisation est également respectivement intermédiaire, {{unité|199 kcal/mol}} entre {{unité|226 kcal/mol}} et {{unité|168 kcal/mol}}. Les principales critères physico-chimiques, des ponts thermodynamiques à l'[[enthalpie]] de formation atomique, confirment l'évolution du [[métalloïde]] As vers le métal véritable au sens chimique que représente le bismuth. Toutefois, du fait sa [[polarisabilité]] médiocre, l'antimoine se rapproche souvent bien plus de l'arsenic.


=== Propriétés physiques ===
Dans les organismes, sa [[toxicité]] semble liée à son affinité pour les groupements [[thiol]]s (liaison irréversible à des enzymes importants).
[[Fichier:Antimony pellets.jpg|vignette|Granules ou boulettes d'antimoine purifié.|213x213px]]
Son éventuelle [[écotoxicité]] est mal connue. Selon l'IRSN, {{Citation|les potentialités de transfert trophique n’ont jamais été étudiées}}<ref name=IRSNfiche/>.
En dehors de l'[[antimoine gris]] ou semi-métallique, assez analogue à l'arsenic gris, le corps simple antimoine existe sous trois formes solides, dont deux instables notamment à la chaleur (jaune {{fchim|Sb|4}} et noire) qui redonne la forme stable grise et une explosive.

La condensation rapide des vapeurs d'antimoine donne une forme jaune non métallique de structure [[tétraédrique]], soit {{fchim|Sb|4}}

D'aspect blanc argenté et cassant, le corps simple {{fchim|Sb|gris métal}} de densité 6,7 est un semi-métal brillant. Il ne ternit pas à l'air à température ambiante. Il [[conducteur (physique)|conduit]] très mal la chaleur et assez mal l'électricité. Sa [[conductivité électrique]] n'atteint que {{unité/2|4|%}} de celle du corps simple métal cuivre.

Très cassant du fait de l'énergie de cohésion abaissée aux [[Joint de grains|joints de grain]], il peut être facilement réduit en poudres fines.
[[Fichier:Antimony2.jpg|vignette|Gros morceaux d'antimoine, fragmenté en petits.]]
Cette forme stable, constituée de [[Macromolécule|macromolécules]] dont les atomes sont agencés en un réseau cristallin trigonal, fond au-dessus de {{tmp|630|°C}} et bout vers {{tmp|1380|°C}}. Il se vaporise très lentement au rouge blanc. Sur la base de mesures faites en 1928, il est parfois annoncé que l'antimoine liquide diminue de volume en se solidifiant, ce qui a été contredit par la suite<ref>{{Article|langue=en|prénom1=A. F.|nom1=Crawley|prénom2=D. R.|nom2=Kiff|titre=The density and viscosity of liquid antimony|périodique=Metallurgical and Materials Transactions B|volume=3|numéro=1|date=1972-01-01|issn=1543-1916|doi=10.1007/BF02680594|consulté le=2021-12-13|pages=157–159}}.</ref>.

=== Propriétés chimiques ===
L'antimoine est soluble dans les acides [[Acide sulfurique|sulfurique]], [[Acide nitrique|nitrique]] et [[Acide phosphorique|phosphorique]] concentrés et à chaud. Il engendre alors lentement ce que l'on croyait de l'[[acide antimonique]], mais qui se trouve sous la forme d'ions [[antimoniate]]s Sb(OH){{ind|6}}{{exp|−}}.

L'antimoine impur peut être purifié par fusion avec du [[Carbonate de sodium|carbonate de soude]] ou {{fchim|Na|2|CO|3}} (et éventuellement du [[charbon actif]]).

La valence de l'antimoine dans ses composés peut être II, III, V et accessoirement −III. L'antimoine perd des [[électron]]s et forme des [[ion]]s Sb{{exp|3+}}, [[Hydrolyse|hydrolysé]] en SbO{{exp|+}} ou même [[précipité]] en Sb(O{H){{ind|2}}{{exp|+}} en milieu acide. L'antimoine Sb de valence V, ou Sb(V) se situe à un niveau d'énergie supérieur de {{unité|0.58|e.V}} à Sb(III). L'oxyde {{fchim|Sb|2|O|5}} est insoluble virtuellement en [[solution acide]]. Il s'agit d'un [[oxydant]] modérément fort.

L'antimoine [[corps simple]] ou Sb{{exp|0}} (Sb au degré d'oxydation zéro ou élémentaire) n'est qu'à un niveau d'énergie inférieur de {{unité|0.21|e.V}} par rapport à Sb(III). Sb(-III) représenté par l'hydrogène antimonié {{fchim|SbH|3}} plonge à {{unité|-0.51|e.V}} par rapport à Sb{{exp|0}}.
[[Fichier:Antimony trioxide.svg|vignette|Trioxyde d'antimoine en cristal cubique (sénarmontite).|gauche|100x100px]]
L'antimoine corps simple réagit au rouge avec le gaz [[Dioxygène|oxygène]]. L'oxyde [[amphotère]] formé {{fchim|Sb|2|O|3}} est volatile. Il s'agit d'une poudre blanche et cristalline, insoluble dans l'eau. Chauffé, elle devient jaune, mais refroidie, redevient blanche. La sénarmontite [[Octaédrique|octédrique]], en réalité de maille cubique, se transforme en fleur d'antimoine, sous forme de [[Rhomboèdre|rhomboèdres]] (empilement de plans de symétrie C3) homologues de la [[valentinite]].
: {{fchim|Sb|2|O|3}} <sub>sénarmontite ou cristal de maille cubique</sub> → {{fchim|Sb|2|O|3}} <sub>fleur d'antimoine structure valentinite instable</sub> avec <math>\Delta H</math> = {{nb|-11,7 kJ/mol}}
[[Fichier:Antimony trichloride.JPG|vignette|Trichlorure d'antimoine.]]
[[Fichier:Antimony trifluoride.jpg|vignette|160x160px|Trifluorure d'antimoine.]]
L'antimoine s'enflamme spontanément dans le gaz [[Dichlore|chlore]]. Le chlorure normalement formé est un [[Pentachlorure d'antimoine|pentachlorure]] {{fchim|SbCl|5}}, et il faut réchauffer ce corps lentement vers {{tmp|200|°C}} pour former le trichlorure {{fchim|SbCl|3}}.
Néanmoins, le [[trichlorure d'antimoine]] peut être obtenu avec les corps simples si la température est maintenue à {{tmp|200|°C}}. Il est facilement obtenu par réaction de l'antimoine avec l'[[eau régale]], avec un excès d'[[acide chlorhydrique]]. Il s'agit d'une masse incolore, molle et [[hygroscopique]], appelée « beurre d'antimoine ». Au contact de l'eau, une [[réaction exothermique]] dangereuse se produit avec dégagement de [[chlorure d'hydrogène]] (HCl) gazeux<ref>[[Analyse, Recherche et Information sur les Accidents|ARIA]] (2005) [https://www.aria.developpement-durable.gouv.fr/accident/29974/ Fuite d’un catalyseur à base de trichlorure d’antimoine ]; N° 29974 - 07/06/2005 - France - 69 - Pierre-bénite</ref>.

Le [[trifluorure d'antimoine]] peut être également facilement obtenu, ainsi que le [[pentafluorure d'antimoine]].
[[Fichier:SbH3 burning in oxygen.jpg|gauche|vignette|170x170px|L'antimonide brûle dans l'oxygène pur avec une flamme orange vif en dégageant de la chaleur. <small>(Remarque : {{fchim|SbH|3}} est produit à un rythme plus lent.)</small>]]
L'antimoine réagit à chaud avec les autres corps simples halogènes [[Dibrome|brome]] et l'[[Diiode|iode]]. avec le [[fluor]], il donne un corps incolore et volatile, le trifluorure d'antimoine {{fchim|SbF|3}}.

L'[[hydrure d'antimoine]] {{fchim|SbH|3}} est le « gaz d'hydrogène stibié » ou « hydrogène antimonié » des anciens, encore appelée [[Stibine (minéral)|stibine]] en [[chimie analytique]]. Ce gaz toxique, très instable, est un produit de réduction en [[milieu acide]], obtenu par exemple en versant de l'antimoine dans une solution d'acide où barbote des copeaux de [[zinc]], provoquant une ébullition d'hydrogène réactif. Il est comparativement obtenu en moindre quantité que l'[[arsine]], mais beaucoup plus que la [[bismuthine]] plus instable, si l'opération concerne respectivement les corps simples arsenic et bismuth. Ce gaz n'existe pas en solution alcaline, il se décompose en Sb et en hydrogène. Mais sa décomposition exothermique peut survenir à la moindre excitation à l'état gazeux :
: 2 SbH{{ind|3}} <sub>gaz instable</sub> → 2 Sb <sub>poudre cristal</sub> + 3 H{{ind|2}} <sub>gaz</sub> avec <math>\Delta H</math> = {{nb|-290,6 kJ/mol}}.

== Alliages et composés chimiques ==
=== Alliages ===
L'antimoine forme facilement des [[Alliage|alliages]] avec les principaux métaux usuels, dont le [[plomb]], le [[cuivre]] ou les [[Métal précieux|métaux précieux]]. Il est souvent considéré comme un élément durcissant dans les alliages, comme ceux à base de plomb (Pb) et d'[[étain]] (Sn). Avec le [[bismuth]], il forme des alliages dits [[antimoniure de bismuth]] de proportions variées qui présentent de multiples propriétés électriques.

Il forme aussi des associations avec l'[[arsenic]].

=== Corps composés antimoniés ===
[[Fichier:Stibnite (Iyo Province, Shikoku Island, Japan) 2 (18739923680).jpg|vignette|[[Stibine (minéral)|Stibine]], échantillon japonais en longues aiguilles gris-noires.|300x300px]]
L'antimoine est présent dans de nombreux composés minéraux, souvent associé avec le [[plomb]], sous forme d'[[oxyde]]s, de [[sulfure]]s, de sulfoxydes, d'oxychlorures{{etc.}}

L'acide antimonique HSb(OH){{ind|6}} est inconnu en pratique : il n'existe que l'ion [[antimoniate]], par exemple dans le pyroantimoniate de sodium NaSb(OH){{ind|6}}, encore écrit par convention {{fchim|Na|2|Sb|2|O|5|(OH)|2|. 5 H|2|O}}, le pyroantimoniate de potassium.[[Fichier:Sulfid antimonitý.JPG|vignette|Sulfure d'antimoine dans une coupelle de verre.|gauche|160x160px]]

Le [[trisulfure d'antimoine]] {{fchim|Sb|2|S|3}} apparaît communément sous la forme de cristaux allongés, gris noir, à éclat métallique net. Il s'agit de la stibine de maille orthorhombique des minéralogistes. Mentionnons la forme [[Allotropie|allotropique]] amorphe rouge (rouge orangée) du [[trisulfure d'antimoine]] {{fchim|Sb|2|S|3}}, celle-ci est relativement instable et un faible apport d'énergie, pas seulement thermique, la retransforme en la première forme cristalline gris noir.

Ainsi
: {{fchim|Sb|2|S|3}} <sub>rouge orangé, amorphe, chauffé et secoué</sub> → {{fchim|Sb|2|S|3}} <sub>cristaux allongés gris-noir type stibine</sub> avec <math>\Delta H</math> = {{nb|27,7 kJ/mol}}.
[[Fichier:SodiumStibogluconate.png|vignette|Représentation spatiale codée du « stibogluconate de sodium ».]]
L'antimoine est présent dans de nombreux [[Composé organométallique|composés organométalliques]]. Ainsi, il existe des [[acétate]]s, des [[tartrate]]s, des [[gluconate]]s{{etc.}}

=== Analyse qualitative et dosage quantitatif ===
Lors du [[test de Marsh]], le miroir d'antimoine obtenu par décomposition de l'hydrogène stibié ([[Stibine (minéral)|stibine]]) ou [[hydrure d'antimoine]] sur la surface du verre, n'est pas dissous par la solution d'[[hypochlorite]], contrairement au miroir d'arsenic. L'antimoine en milieu acide réagit avec un [[hydrogénosulfure]] ou avec l'ion hydrogénosulfure pour former un sulfure orangé insoluble. C'est ce précipité coloré qui permettait autrefois d'attester la présence d'antimoine.
[[Fichier:Antimoon kwalitatieve analyse.png|gauche|vignette|182x182px|Précipité caractéristique de sulfure coloré.]]
Il est possible de séparer As et Sb à l'état de sulfures en dissolvant sélectivement {{fchim|Sb|2|S|3}} plus basique dans l'[[acide chlorhydrique]] et {{fchim|As|2|S|3}} plus acide dans le [[carbonate d'ammonium]].

La quantité d’antimoine dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier l’antimoine de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide. Vu la grande toxicité de l’antimoine, l’INRS offre deux services de détection pour les composés d’antimoine dans le sang et l’urine, soit l’[[Spectrométrie par torche à plasma|ICP-MS]] ou la SAA-four de graphite<ref>[http://www.inrs.fr/htm/antimoine_sanguin.html Dosage de l'antimoine sanguin - Biotox - INRS (Institut national de recherche et de sécurité)]</ref>.


Les [[Raie d'absorption|raies d'absorption]] sont intenses dans l'[[ultraviolet]] proche.
L'antimoine 124 est une source de [[rayons gamma]]. Associé au [[béryllium]], il a été utilisé pour faire diverger certains réacteurs nucléaires<ref>[http://www.dissident-media.org/infonucleaire/pdf_nucleaire/fuite_grenoble.pdf Lire en ligne] {{pdf}}, ''[[Sciences et Avenir]]'', {{n°|360}}, février 1977.</ref>.


== Occurrences dans les milieux naturels, minéralogie et géologie ==
== Occurrence dans les milieux naturels, minéralogie et géologie ==
Le [[Clarke (unité)|clarke]] s'élève entre 0,7 et 0,2 ppm ou en moyenne 0,5 g par tonne<ref>Alain Foucault, opus cité.</ref>. L'antimoine est un élément rare, dix fois moins fréquent que l'arsenic. Il est toutefois présent dans plus de cent minéraux.
Le [[Clarke (unité)|clarke]] s'élève entre 0,7 et 0,2 ppm ou en moyenne 0,5 g par tonne<ref>Alain Foucault, opus cité.</ref>. L'antimoine est un élément rare, dix fois moins fréquent que l'arsenic. Il est toutefois présent dans plus de cent minéraux.


L'antimoine se trouve encore plus rarement dans la nature sous forme d'un [[élément natif]], le Sb métallique dénommé [[antimoine natif]] souvent avec des traces d'[[arsenic]], de [[fer]] et d'[[argent]]. Ce minéral est parfois en alliage avec l'[[arsenic natif]], ainsi le [[stibarsen]] ou l'[[arite]]. La [[breithauptite]] est un antimoniure de nickel naturel.
L'antimoine se trouve encore plus rarement dans la nature sous forme d'un [[élément natif]], le Sb métallique dénommé [[antimoine natif]] souvent avec des traces d'[[arsenic]], de [[fer]] et d'[[argent]]. Ce minéral est parfois en alliage avec l'[[arsenic natif]], ainsi le [[stibarsen]] ou l'[[arite]]. La [[breithauptite]] est un antimoniure de nickel naturel.


Pour les analyses de cycle de vie et l'appréhension de l'épuisement des ressources dites abiotiques, l'antimoine est l'unité utilisée depuis 2004 pour quantifier une consommation de matière première<ref>[http://www.developpement-durable.gouv.fr/document144505 Fichier source] {{pdf}}.</ref>. La conversion des quantités brutes vers leur équivalent antimoine ou kg d'antimoine fait intervenir la quantité totale de matière première disponible sur terre. Ainsi il existe des estimations en milligrammes d'antimoine par kilogramme, en milligrammes d'antimoine par litre…, pour estimer la rareté d'une entité décrite.
Pour les analyses de cycle de vie et l'appréhension de l'épuisement des ressources dites abiotiques, l'antimoine est l'unité utilisée depuis 2004 pour quantifier une consommation de matière première<ref>Référence manquante</ref>. La conversion des quantités brutes vers leur équivalent antimoine ou kg d'antimoine fait intervenir la quantité totale de matière première disponible sur terre. Ainsi il existe des estimations en milligrammes d'antimoine par kilogramme, en milligrammes d'antimoine par litre…, pour estimer la rareté d'une entité décrite.


=== Formes, spéciation, minéraux les plus communs ===
=== Formes, spéciation, minéraux les plus communs ===
Ligne 102 : Ligne 169 :
==== Oxydes ====
==== Oxydes ====
{{Article connexe|Trioxyde d'antimoine}}
{{Article connexe|Trioxyde d'antimoine}}
Les {{page h'|Oxyde d'antimoine|oxydes}} sont généralement colorés.
Les {{page h'|Oxyde d'antimoine|oxydes}} sont généralement colorés :
* De couleur blanche ou grise :
* de couleur blanche ou grise :
** [[sénarmontite]] (Sb<sub>2</sub>O<sub>3</sub> [[Structure cristalline|cubique]])
** la [[sénarmontite]] (Sb<sub>2</sub>O<sub>3</sub> [[Structure cristalline|cubique]]),
** [[valentinite]] (Sb<sub>2</sub>O<sub>3</sub> [[Structure cristalline|orthorhombique]]).
** la [[valentinite]] (Sb<sub>2</sub>O<sub>3</sub> [[Structure cristalline|orthorhombique]]) ;
* de couleur jaune :
* de couleur jaune :
** [[stibiconite]] (Sb<sub>3</sub>O<sub>6</sub>(OH))
** la {{lien|stibiconite}} (Sb<sub>3</sub>O<sub>6</sub>(OH)) ;
* de couleur rouge :
* de couleur rouge :
** [[kermésite]] (Sb<sub>2</sub>S<sub>2</sub>O) ou antimoine rouge. Ce nom minéral provient du persan « qurmizq » qui signifie rouge foncé.
** la [[kermésite]] (Sb<sub>2</sub>S<sub>2</sub>O) ou antimoine rouge. Ce nom minéral provient du persan « qurmizq » qui signifie rouge foncé,
** [[livingstonite]] HgSb<sub>4</sub>O<sub>8</sub>
** la {{lien|livingstonite}} HgSb<sub>4</sub>O<sub>8</sub>.

On connaît aussi des minéraux dont la composition est celle d'un oxyde mixte d'antimoine et d'un autre [[élément chimique|élément]], notamment le [[fer]] :
* la [[schafarzikite]] ({{fchim|FeSb|2|O|4}}) ;
* la [[tripuhyite]] ({{fchim|FeSbO|4}}).
Ces deux minéraux ont aussi pu être synthétisés<ref>{{Article| langue=en| titre=Thermodynamics of schafarzikite ({{fchim|FeSb|2|O|4}}) and tripuhyite ({{fchim|FeSbO|4}})| auteur1=Juraj Majzlan| auteur2=Marek Tuhý| auteur3=Edgar Dachs| auteur4=Artur Benisek| périodique=[[Physics and Chemistry of Minerals]]| volume=50| numéro article=24| date=5 août 2023| doi=10.1007/s00269-023-01249-2| accès doi=libre| consulté le=4 septembre 2023}}.</ref>.


==== Hydroxydes et oxohydroxydes ====
==== Hydroxydes et oxohydroxydes ====
* [[shakhovite]] Hg{{ind|4}}SbO{{ind|3}}(OH){{ind|3}}
* [[shakhovite]] Hg{{ind|4}}SbO{{ind|3}}(OH){{ind|3}}


== Corps simples et corps composés chimiques ==
== Toxicité et environnement ==
[[Fichier:Antimony-piece.jpg|vignette|Morceau d'antimoine ultra pur.|gauche]]
Le [[rayon atomique]] de l'antimoine avoisine {{unité|1.41|Å}}, il est situé entre celui de l'arsenic {{unité|1.21|Å}} et celui du [[bismuth]] {{unité|1.62|Å}}. L'énergie d'ionisation est également respectivement intermédiaire, {{unité|199 kcal/mol}} entre {{unité|226 kcal/mol}} et {{unité|168 kcal/mol}}. Les principales critères physico-chimiques, des ponts thermodynamiques à l'[[enthalpie]] de formation atomique, confirment l'évolution du [[métalloïde]] As vers le métal véritable au sens chimique que représente le bismuth. Toutefois, du fait sa [[polarisabilité]] médiocre, l'antimoine se rapproche souvent bien plus de l'arsenic.

=== Propriétés physiques et chimiques des corps simples ===
[[Fichier:Antimony pellets.jpg|vignette|Granules ou boulettes d'antimoine purifié.|213x213px]]
En dehors de l'antimoine gris ou semi-métallique, assez analogue à l'arsenic gris, le corps simple antimoine existe sous trois formes solides, dont deux instables notamment à la chaleur (jaune {{fchim|Sb|4}} et noire) qui redonne la forme stable grise et une explosive.

La condensation rapide des vapeurs d'antimoine donne une forme jaune non métallique de structure tétraédrique, soit {{fchim|Sb|4}}

D'aspect blanc argenté et cassant, le corps simple {{fchim|Sb|gris métal}} de densité 6,7 est un semi-métal brillant. Il ne ternit pas à l'air à température ambiante. Il [[conducteur (physique)|conduit]] très mal la chaleur et assez mal l'électricité. Sa conductivité électrique n'atteint que {{unité/2|4|%}} de celle du corps simple métal cuivre.

Très cassant du fait de l'énergie de cohésion abaissée aux [[Joint de grains|joints de grain]], il peut être facilement réduit en poudres fines.
[[Fichier:Antimony2.jpg|vignette|Gros morceaux d'antimoine, fragmenté en petits.]]
Cette forme stable, constituée de macromolécules dont les atomes sont agencés en un réseau cristallin trigonal, fond au-dessus de {{tmp|630|°C}} et bout vers {{tmp|1380|°C}}. Il se vaporise très lentement au rouge blanc. Sur la base de mesures faites en 1928, il est parfois annoncé que l'antimoine liquide diminue de volume en se solidifiant, ce qui a été contredit par la suite<ref>{{Article|langue=en|prénom1=A. F.|nom1=Crawley|prénom2=D. R.|nom2=Kiff|titre=The density and viscosity of liquid antimony|périodique=Metallurgical and Materials Transactions B|volume=3|numéro=1|date=1972-01-01|issn=1543-1916|doi=10.1007/BF02680594|consulté le=2021-12-13|pages=157–159}}.</ref>.

Il est soluble dans les acides [[Acide sulfurique|sulfurique]], [[Acide nitrique|nitrique]] et [[Acide phosphorique|phosphorique]] concentrés et à chaud. Il engendre alors lentement ce que l'on croyait de l'[[acide antimonique]], mais qui se trouvent sous la forme d'ions [[antimoniate]]s Sb(OH){{ind|6}}{{exp|−}}.

L'antimoine impur peut être purifié par fusion avec du carbonate de soude ou {{fchim|Na|2|CO|3}} (et éventuellement du charbon actif).

=== Alliages ===
Il forme facilement des alliages avec les principaux métaux usuels, dont le [[plomb]], le [[cuivre]] ou les métaux précieux. Il est souvent considéré comme un élément durcissant dans les alliages, comme ceux à base de plomb (Pb) et d'[[étain]] (Sn). Avec le [[bismuth]], il forme des alliages dits [[antimoniure de bismuth]] de proportions variées qui présentent de multiples propriétés électriques.

Il forme aussi des associations avec l'[[arsenic]].

=== Chimie des corps simples ===
La valence de l'antimoine dans ses composés peut être II, III, V et accessoirement -III.

L'antimoine perd des électrons et forme des ions Sb{{exp|3+}}, hydrolysé en SbO{{exp|+}} ou même précipité en Sb(O{H){{ind|2}}{{exp|+}} en milieu acide. L'antimoine Sb de valence V, ou Sb(V) se situe à un niveau d'énergie supérieur de {{unité|0.58|e.V}} de Sb(III). L'oxyde {{fchim|Sb|2|O|5}} est insoluble virtuellement en solution acide. Il s'agit d'un oxydant modérément fort.

L'antimoine corps simple ou Sb{{exp|0}} (Sb au degré d'oxydation zéro ou élémentaire) n'est qu'à un niveau d'énergie inférieur de {{unité|0.21|e.V}} par rapport à Sb(III). Sb(-III) représenté par l'hydrogène antimonié {{fchim|SbH|3}} plonge à {{unité|-0.51|e.V}} par rapport à Sb{{exp|0}}.
[[Fichier:Antimony trioxide.svg|vignette|Trioxyde d'antimoine en cristal cubique (sénarmontite).|gauche|100x100px]]
L'antimoine corps simple réagit au rouge avec le gaz [[Dioxygène|oxygène]]. L'oxyde amphotère formé {{fchim|Sb|2|O|3}} est volatile. Il s'agit d'une poudre blanche et cristalline, insoluble dans l'eau. Chauffé, elle devient jaune, mais refroidie, redevient blanche. La sénarmontite octédrique, en réalité de maille cubique, se transforme en fleur d'antimoine, sous forme de rhomboèdres (empilement de plans de symétrie C3) homologues de la valentinite.
: {{fchim|Sb|2|O|3}} <sub>sénarmontite ou cristal de maille cubique</sub> → {{fchim|Sb|2|O|3}} <sub>fleur d'antimoine structure valentinite instable</sub> avec <math>\Delta H</math> = {{nb|-11,7 kJ/mol}}
[[Fichier:Antimony trichloride.JPG|vignette|Trichlorure d'antimoine.]]
[[Fichier:Antimony trifluoride.jpg|vignette|160x160px|Trifluorure d'antimoine.]]
L'antimoine s'enflamme spontanément dans le gaz [[Dichlore|chlore]]. Le chlorure normalement formé est un pentachlorure {{fchim|SbCl|5}}, et il faut réchauffer ce corps lentement vers {{tmp|200|°C}} pour former le trichlorure {{fchim|SbCl|3}}.
Néanmoins, le [[trichlorure d'antimoine]] peut être obtenu avec les corps simples si la température est contrôlé à {{tmp|200|°C}}. Il est facilement obtenu par réaction de l'antimoine avec l'[[eau régale]], avec un excès d'[[acide chlorhydrique]]. Il s'agit d'une masse incolore, molle et hygroscopique, appelée « beurre d'antimoine ». Au contact de l'eau, une réaction exothermique dangereuse se produit avec dégagement de chlorure d’hydrogène (HCl) gazeux<ref>[[Analyse, Recherche et Information sur les Accidents|ARIA]] (2005) [https://www.aria.developpement-durable.gouv.fr/accident/29974/ Fuite d’un catalyseur à base de trichlorure d’antimoine ]; N° 29974 - 07/06/2005 - France - 69 - Pierre-béniteE</ref>.

Le [[trifluorure d'antimoine]] peut être également facilement obtenu, ainsi que le pentafluorure d'antimoine.
[[Fichier:SbH3 burning in oxygen.jpg|gauche|vignette|170x170px|L'antimonide brûle dans l'oxygène pur avec une flamme orange vif en dégageant de la chaleur. <small>(Remarque : {{fchim|SbH|3}} est produit à un rythme plus lent.)</small>]]
L'antimoine réagit à chaud avec les autres corps simples halogènes [[Dibrome|brome]] et l'[[Diiode|iode]]. avec le fluor, il donne un corps incolore et volatile, le trifluorure d'antimoine {{fchim|SbF|3}}.

L'[[hydrure d'antimoine]] {{fchim|SbH|3}} est le « gaz d'hydrogène stibié » ou « hydrogène antimonié » des anciens, encore appelée stibine en chimie analytique. Ce gaz toxique, très instable, est un produit de réduction en milieu acide, obtenu par exemple en versant de l'antimoine dans une solution d'acide où barbote des copeaux de zinc, provoquant une ébullition d'hydrogène réactif. Il est comparativement obtenu en moindre quantité que l'[[arsine]], mais beaucoup plus que la [[bismuthine]] plus instable, si l'opération concerne respectivement les corps simples arsenic et bismuth. Ce gaz n'existe pas en solution alcaline, il se décompose en Sb et en hydrogène. Mais sa décomposition exothermique peut survenir à la moindre excitation à l'état gazeux :
: 2 SbH{{ind|3}} <sub>gaz instable</sub> → 2 Sb <sub>poudre cristal</sub> + 3 H{{ind|2}} <sub>gaz</sub> avec <math>\Delta H</math> = {{nb|-290,6 kJ/mol}}.

=== Corps composés antimoniés ===
[[Fichier:Stibnite (Iyo Province, Shikoku Island, Japan) 2 (18739923680).jpg|vignette|[[Stibine (minéral)|Stibine]], échantillon japonais en longues aiguilles gris-noires.|300x300px]]
L'antimoine est présent dans de nombreux composés minéraux, souvent associé avec le [[plomb]], sous forme d'[[oxyde]]s, de [[sulfure]]s, de sulfoxydes, d'oxychlorures{{etc.}}

L'acide antimonique HSb(OH){{ind|6}} est inconnu en pratique : il n'existe que l'ion antimoniate, par exemple dans le pyroantimoniate de sodium NaSb(OH){{ind|6}}, encore écrit par convention {{fchim|Na|2|Sb|2|O|5|(OH)|2|. 5 H|2|O}}, le pyroantimoniate de potassium.[[Fichier:Sulfid antimonitý.JPG|vignette|Sulfure d'antimoine dans une coupelle de verre.|gauche|160x160px]]

Le trisulfure d'antimoine {{fchim|Sb|2|S|3}} apparaît communément sous la forme de cristaux allongés, gris noir, à éclat métallique net. Il s'agit de la stibine de maille orthorhombique des minéralogistes. Mentionnons la forme allotropique amorphe rouge (rouge orangée) du trisulfure d'antimoine {{fchim|Sb|2|S|3}}, celle-ci est relativement instable et un faible apport d'énergie, pas seulement thermique, la retransforme en la première forme cristalline gris noir.

Ainsi
: {{fchim|Sb|2|S|3}} <sub>rouge orangé, amorphe, chauffé et secoué</sub> → {{fchim|Sb|2|S|3}} <sub>cristaux allongés gris-noir type stibine</sub> avec <math>\Delta H</math> = {{nb|27,7 kJ/mol}}.
[[Fichier:SodiumStibogluconate.png|vignette|Représentation spatiale codée du « stibogluconate de sodium ».]]
L'antimoine est présent dans de nombreux [[Composé organométallique|composés organométalliques]]. Ainsi il existe des acétates, des tartrates, des gluconates{{etc.}}

=== Analyse qualitative et dosage quantitatif ===
Lors du [[test de Marsh]], le miroir d'antimoine obtenu par décomposition de l'hydrogène stibié (stibine) ou [[hydrure d'antimoine]] sur la surface du verre, n'est pas dissous par la solution d'[[hypochlorite]], contrairement au miroir d'arsenic. L'antimoine en milieu acide réagit avec un hydrogénosulfure ou avec l'ion hydrogénosulfure pour former un sulfure orangé insoluble. C'est ce précipité coloré qui permettait autrefois d'attester la présence d'antimoine.
[[Fichier:Antimoon kwalitatieve analyse.png|gauche|vignette|182x182px|Précipité caractéristique de sulfure coloré.]]
Il est possible de séparer As et Sb à l'état de sulfures en dissolvant sélectivement {{fchim|Sb|2|S|3}} plus basique dans l'acide chlorhydrique et {{fchim|As|2|S|3}} plus acide dans le [[carbonate d'ammonium]].

La quantité d’antimoine dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier l’antimoine de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide. Vu la grande toxicité de l’antimoine, l’INRS offre deux services de détection pour les composés d’antimoine dans le sang et l’urine, soit l’[[Spectrométrie par torche à plasma|ICP-MS]] ou la SAA-four de graphite<ref>[http://www.inrs.fr/htm/antimoine_sanguin.html Dosage de l'antimoine sanguin - Biotox - INRS (Institut national de recherche et de sécurité)]</ref>.

Les raies d'absorption sont intenses dans l'[[ultraviolet]] proche.

=== Toxicologie ===
=== Toxicologie ===
L'antimoine et la plupart de ses composés sont très [[Toxicité|toxiques]] ou toxiques, et souvent vomitifs et/ou irritants pour les muqueuses et la peau, voire l'estomac et l'intestin (après ingestion).


Le gaz antimoniure d'hydrogène ou [[hydrure d'antimoine]] présente une toxicité comparable à l'[[arsine]]. La limite de tolérance dans l'atmosphère de travail est {{unité|0.5 mg/m3}} d'air. Il est parfois retrouvé dans l'[[eau en bouteille]] (à partir du [[Polytéréphtalate d'éthylène|PET]] qui en relargue)<ref>Shotyk W, Krachler M, Chen B. ''Contamination of Canadian and European bottled waters with antimony from PET containers''. J Environ Monit. 2006;8(2):288- 92</ref> et dans l'[[eau potable]]<ref>OMS/WHO (2003) ''Antimony in Drinking-water ;''14</ref>, à des concentrations {{Citation|généralement inférieures aux valeurs réglementées}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Montserrat |nom1=Filella |titre=Antimony and PET bottles: Checking facts |périodique=Chemosphere |volume=261 |date=2020-12-01 |issn=0045-6535 |doi=10.1016/j.chemosphere.2020.127732 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653520319275 |consulté le=2022-07-03 |pages=127732}}.</ref> ; vu sa toxicité, [[Santé Canada]] a émis une norme provisoire de concentration maximale acceptable pour l’eau potable qui est de {{nb|6 µg/L}}<ref>[http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/water-eau/antimony-antimoine/guideline-recommandations_f.html Page 2 - Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : documentation à l'appui : Antimoine].</ref>.
L'antimoine et la plupart de ses composés sont très toxiques ou toxiques, et souvent vomitifs et/ou irritants pour les muqueuses et la peau, voire l'estomac et l'intestin (après ingestion).

Le gaz antimoniure d'hydrogène ou hydrure d'antimoine présente une toxicité comparable à l'[[arsine]]. La limite de tolérance dans l'atmosphère de travail est {{unité|0.5 mg/m3}} d'air. Il est parfois retrouvé dans l'[[eau en bouteille]] (à partir du [[Polytéréphtalate d'éthylène|PET]] qui en relargue)<ref>Shotyk W, Krachler M, Chen B. ''Contamination of Canadian and European bottled waters with antimony from PET containers''. J Environ Monit. 2006;8(2):288- 92</ref> et dans l'[[eau potable]]<ref>OMS/WHO (2003) ''Antimony in Drinking-water ;''14</ref>, à des concentrations {{Citation|généralement inférieures aux valeurs réglementées}}<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Montserrat |nom1=Filella |titre=Antimony and PET bottles: Checking facts |périodique=Chemosphere |volume=261 |date=2020-12-01 |issn=0045-6535 |doi=10.1016/j.chemosphere.2020.127732 |lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0045653520319275 |consulté le=2022-07-03 |pages=127732}}.</ref> ; vu sa toxicité, [[Santé Canada]] a émis une norme provisoire de concentration maximale acceptable pour l’eau potable qui est de {{nb|6 µg/L}}<ref>[http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/water-eau/antimony-antimoine/guideline-recommandations_f.html Page 2 - Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : documentation à l'appui : Antimoine].</ref>.


En France, il existe deux fiches toxicologiques sur le site de l'[[Institut national de recherche et de sécurité|INRS]]<ref>[http://www.inrs.fr Sécurité et santé au travail : INRS]</ref>:
En France, il existe deux fiches toxicologiques sur le site de l'[[Institut national de recherche et de sécurité|INRS]]<ref>[http://www.inrs.fr Sécurité et santé au travail : INRS]</ref>:
Ligne 193 : Ligne 197 :
* sur l’[[hydrure d'antimoine]]<ref>[http://www.inrs.fr/accueil/produits/bdd/doc/fichetox.html?refINRS=FT%20202 Trihydrure d'antimoine, FT 202]</ref> (synonymes : antimoine trihydrure, hydrogène antimonié, hydrure d’antimoine, stibine ; numéro CAS : 7803-52-3).
* sur l’[[hydrure d'antimoine]]<ref>[http://www.inrs.fr/accueil/produits/bdd/doc/fichetox.html?refINRS=FT%20202 Trihydrure d'antimoine, FT 202]</ref> (synonymes : antimoine trihydrure, hydrogène antimonié, hydrure d’antimoine, stibine ; numéro CAS : 7803-52-3).


L'antimoine semble être sous certaines formes toxique pour le [[spermatozoïde]], génotoxique ([[clastogène]]<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1992). Comparison of the clastogenic effects of antimony trioxide on micein vivo following acute and chronic exposure. Biometals, 5(1), 47-50|[http://www.springerlink.com/index/m72t2244p4v57507.pdf résumé].</ref>{{,}}<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1993), ''Comparison of clastogenic effects of antimony and bismuth as trioxides on mice in vivo.'' Biological trace element research, 37(2-3), 281-292|[https://link.springer.com/article/10.1007/BF02783802 résumé]</ref>) et [[reprotoxique]]<ref>Elliott, B. M., Mackay, J. M., Clay, P. et Ashby, J. (1998), ''An assessment of the genetic toxicology of antimony trioxide''. Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis, 415(1), 109-117|[http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1383571898000655 résumé].</ref>{{,}}<ref>Beliaeva AP. The effect of antimony on the generative function.(0016 -9919</ref>{{,}}<ref>Jelnes J.E. (1988), ''Semen quality in workers producing reinforced plastic'' | Reproductive Toxicology, 2(3-4), 209-212.|[http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/089062388890024X résumé]</ref>. Puis l'[[embryon]], le [[fœtus]] et la [[femme enceinte]] et l'enfant y sont a priori beaucoup plus vulnérables que l'adulte en termes de risques. Aussi le « ''Volet [[périnatal]]'' » du ''programme national de [[biosurveillance]]'' a-t-il notamment porté sur l’imprégnation des [[femme enceinte|femmes enceintes]] par l’antimoine. À l'occasion du suivi d'une cohorte de {{nb|4145 femmes}} enceintes de la « ''[[cohorte épidémiologique|Cohorte]] Elfe'' » ; femmes ayant accouché en France en [[2011]], hors [[Corse]] et [[Territoire d'outre-mer (France)|TOM]])<ref name=EtudeF2011>[https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-30352-rapport-polluants-femme-enceinte-2.pdf : métaux et métalloïde] des recherches de la cohorte Elfe ; Décembre 2016 ; SANTÉ PUBLIQUE France / Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme national de biosurveillance|PDF, 224p|Aussi disponible à partir de l’URL : www.santepubliquefrance.fr</ref> le dosage urinaire de 990 femmes enceintes a révélé la présence d'antimoine au-delà des seuils de détection dans 70 % des échantillons d’[[Analyse d'urine|urine analysées]] ([[moyenne géométrique]] : {{nb|0,04 μg/L}} ; avec {{nb|0,06 μg/g}} de [[créatinine]], soit un niveau proche des moyennes trouvées chez la femme (enceinte ou non, en France et à l’étranger) lors d'études précédentes<ref name=EtudeF2011/>. Ce travail a montré que l'imprégnation des femmes enceintes par ce métalloïde croît avec la consommation de tabac et avec la consommation d’eau embouteillée)<ref name=EtudeF2011/>. En zone industrielle et urbaine, l'air devient aussi une nouvelle source de contamination environnementale<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Abderrahmane |nom2=Senhou |prénom3=Mélanie |nom3=Moskura |prénom4=André |nom4=Gaudry |titre=Atmospheric trace element concentrations in total suspended particles near Paris, France |périodique=Atmospheric Environment |volume=44 |numéro=30 |date=2010-09 |doi=10.1016/j.atmosenv.2010.06.035 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1352231010005054 |consulté le=2022-07-02 |pages=3700–3707}}.</ref>, à des doses éventuellement problématique pour l'[[embryon]] ou la femme enceinte<ref>Fort M, Grimalt JO, Querol X, Casas M, Sunyer J. ''Evaluation of atmospheric inputs as possible sources of antimony in pregnant women from urban areas'', ''Science of The Total Environment'', 2016, 544:391-9.</ref>.
L'antimoine semble être sous certaines formes toxique pour le [[spermatozoïde]], [[génotoxique]] ([[clastogène]]<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1992). Comparison of the clastogenic effects of antimony trioxide on micein vivo following acute and chronic exposure. Biometals, 5(1), 47-50|[http://www.springerlink.com/index/m72t2244p4v57507.pdf résumé].</ref>{{,}}<ref>Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1993), ''Comparison of clastogenic effects of antimony and bismuth as trioxides on mice in vivo.'' Biological trace element research, 37(2-3), 281-292|[https://link.springer.com/article/10.1007/BF02783802 résumé]</ref>) et [[reprotoxique]]<ref>Elliott, B. M., Mackay, J. M., Clay, P. et Ashby, J. (1998), ''An assessment of the genetic toxicology of antimony trioxide''. Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis, 415(1), 109-117|[http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1383571898000655 résumé].</ref>{{,}}<ref>Beliaeva AP. The effect of antimony on the generative function.(0016 -9919</ref>{{,}}<ref>Jelnes J.E. (1988), ''Semen quality in workers producing reinforced plastic'' | Reproductive Toxicology, 2(3-4), 209-212.|[http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/089062388890024X résumé]</ref>. Puis l'[[embryon]], le [[fœtus]] et la [[femme enceinte]] et l'enfant y sont ''a priori'' beaucoup plus vulnérables que l'adulte en termes de risques. Aussi le « ''Volet [[périnatal]]'' » du ''programme national de [[biosurveillance]]'' a-t-il notamment porté sur l’imprégnation des [[femme enceinte|femmes enceintes]] par l’antimoine. À l'occasion du suivi d'une cohorte de {{nb|4145 femmes}} enceintes de la « ''[[cohorte épidémiologique|Cohorte]] Elfe'' » ; femmes ayant accouché en France en [[2011]], hors [[Corse]] et [[Territoire d'outre-mer (France)|TOM]])<ref name=EtudeF2011>[https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-30352-rapport-polluants-femme-enceinte-2.pdf : métaux et métalloïde] des recherches de la cohorte Elfe ; Décembre 2016 ; SANTÉ PUBLIQUE France / Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme national de biosurveillance|PDF, 224p|Aussi disponible à partir de l’URL : www.santepubliquefrance.fr</ref>, le dosage urinaire de 990 femmes enceintes a révélé la présence d'antimoine au-delà des seuils de détection dans 70 % des échantillons d’[[Analyse d'urine|urine analysées]] ([[moyenne géométrique]] : {{nb|0,04 μg/L}} ; avec {{nb|0,06 μg/g}} de [[créatinine]], soit un niveau proche des moyennes trouvées chez la femme (enceinte ou non, en France et à l’étranger) lors d'études précédentes<ref name=EtudeF2011/>. Ce travail a montré que l'imprégnation des femmes enceintes par ce métalloïde croît avec la consommation de tabac et avec la consommation d’eau embouteillée)<ref name=EtudeF2011/>. En zone industrielle et urbaine, l'air devient aussi une nouvelle source de contamination environnementale<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Abderrahmane |nom2=Senhou |prénom3=Mélanie |nom3=Moskura |prénom4=André |nom4=Gaudry |titre=Atmospheric trace element concentrations in total suspended particles near Paris, France |périodique=Atmospheric Environment |volume=44 |numéro=30 |date=2010-09 |doi=10.1016/j.atmosenv.2010.06.035 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1352231010005054 |consulté le=2022-07-02 |pages=3700–3707}}.</ref>, à des doses éventuellement problématique pour l'[[embryon]] ou la femme enceinte<ref>Fort M, Grimalt JO, Querol X, Casas M, Sunyer J. ''Evaluation of atmospheric inputs as possible sources of antimony in pregnant women from urban areas'', ''Science of The Total Environment'', 2016, 544:391-9.</ref>.


Les seuils toxicologiques ont été choisis de manière à ne pas gêner l'industrie (ne pas empêcher la commercialisation des bouteilles PET en particulier), mais devraient selon les toxicologues [[André Picot]] et [[Jean-François Narbonne]] (2011) être revue à la baisse en Europe : {{Citation|La VTR doit être mieux précisée, certaines valeurs limites comme celle retenue pour l’eau devraient être ramenées de {{nb|5 à 2 μg/L}}. Par ailleurs, la valeur limite de l’antimoine dans l’eau de consommation devrait être revue à la baisse au niveau européen, comme l’a déjà fait le Japon. De même en ce qui concerne le risque lié à l’exposition à l’antimoine et à ses composés en milieu de travail, une réévaluation de la norme, qui est actuellement de {{nb|0,5 mg/m3}}, devrait certainement aller vers son abaissement}}<ref name=toxiqueMythique2011/>. La littérature scientifique {{Citation|suggèrent que, bien que des concentrations de Sb allant jusqu'à {{nb|30 μg/g}} soient bioaccessibles dans les peintures extérieures et que des concentrations allant jusqu'à {{nb|20 mg/L}} soient migrantes dans certains articles en céramique, aucune réglementation pertinente n'est actuellement en place. Étant donné notre manque de compréhension des effets du Sb sur la santé, davantage d'études sur sa toxicité et sa mobilité à partir de produits couramment rencontrés sont nécessaires}}<ref name=bPeinture2020/>.
Les seuils toxicologiques ont été choisis de manière à ne pas gêner l'industrie (ne pas empêcher la commercialisation des bouteilles PET en particulier), mais devraient selon les toxicologues [[André Picot]] et Jean-François Narbonne (2011) être revue à la baisse en Europe : {{Citation|La VTR doit être mieux précisée, certaines valeurs limites comme celle retenue pour l’eau devraient être ramenées de {{nb|5 à 2 μg/L}}. Par ailleurs, la valeur limite de l’antimoine dans l’eau de consommation devrait être revue à la baisse au niveau européen, comme l’a déjà fait le Japon. De même en ce qui concerne le risque lié à l’exposition à l’antimoine et à ses composés en milieu de travail, une réévaluation de la norme, qui est actuellement de {{nb|0,5 mg/m3}}, devrait certainement aller vers son abaissement}}<ref name=toxiqueMythique2011/>. La littérature scientifique suggère {{Citation|que, bien que des concentrations de Sb allant jusqu'à {{nb|30 μg/g}} soient bioaccessibles dans les peintures extérieures et que des concentrations allant jusqu'à {{nb|20 mg/L}} soient migrantes dans certains articles en céramique, aucune réglementation pertinente n'est actuellement en place. Étant donné notre manque de compréhension des effets du Sb sur la santé, davantage d'études sur sa toxicité et sa mobilité à partir de produits couramment rencontrés sont nécessaires}}<ref name=bPeinture2020/>.


=== Polluant émergent ===
=== Polluant émergent ===
L'antimoine, rare dans la croute terrestre était naturellement très peu présent dans l'eau et encore moins dans l'air (Reimann {{et al.}} 2010)<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Clemens |nom1=Reimann |prénom2=Jörg |nom2=Matschullat |prénom3=Manfred |nom3=Birke |prénom4=Reijo |nom4=Salminen |titre=Antimony in the environment: Lessons from geochemical mapping |périodique=Applied Geochemistry |volume=25 |numéro=2 |date=2010-02 |issn=0883-2927 |doi=10.1016/j.apgeochem.2009.11.011 |consulté le=2022-07-01 |pages=175–198}}.</ref>. Ayrault {{et al.}} (2010) notent qu'il a soudainement fortement augmenté (depuis le début des années 2000) dans l’air<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Abderrahmane |nom2=Senhou |prénom3=Mélanie |nom3=Moskura |prénom4=André |nom4=Gaudry |titre=Atmospheric trace element concentrations in total suspended particles near Paris, France |périodique=Atmospheric Environment |volume=44 |numéro=30 |date=2010-09 |doi=10.1016/j.atmosenv.2010.06.035 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1352231010005054 |consulté le=2022-07-01 |pages=3700–3707}}.</ref>, ainsi que dans l’eau<ref>{{en}} L. Tessier et P. Bonté, « Suspended sediment transfer in Seine river watershed, France: a strategy using fingerprinting from trace elements », ''Science for Water Policy'', {{p.|79-99}}, 2002.</ref> au point d'être devenu l’un des éléments métalliques en traces (ETM) les plus enrichis dans les environnements urbains par rapport au [[fond géochimique]]<ref>{{Chapitre |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Cindy Rianti |nom2=Priadi |prénom3=Pierre Le |nom3=Pape |prénom4=Philippe |nom4=Bonté |titre chapitre=Occurrence, Sources and Pathways of Antimony and Silver in an Urban Catchment |titre ouvrage=Urban Environment|éditeur=Springer Netherlands |date=2013 |isbn=978-94-007-7755-2 |doi=10.1007/978-94-007-7756-9_37 |consulté le=2022-07-01 |pages=425–435}}.</ref>.
L'antimoine, rare dans la [[croûte terrestre]] était naturellement très peu présent dans l'eau et encore moins dans l'air (Reimann {{et al.}} 2010)<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Clemens |nom1=Reimann |prénom2=Jörg |nom2=Matschullat |prénom3=Manfred |nom3=Birke |prénom4=Reijo |nom4=Salminen |titre=Antimony in the environment: Lessons from geochemical mapping |périodique=Applied Geochemistry |volume=25 |numéro=2 |date=2010-02 |issn=0883-2927 |doi=10.1016/j.apgeochem.2009.11.011 |consulté le=2022-07-01 |pages=175–198}}.</ref>. Ayrault {{et al.}} (2010) notent qu'il a soudainement fortement augmenté (depuis le début des années 2000) dans l’air<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Abderrahmane |nom2=Senhou |prénom3=Mélanie |nom3=Moskura |prénom4=André |nom4=Gaudry |titre=Atmospheric trace element concentrations in total suspended particles near Paris, France |périodique=Atmospheric Environment |volume=44 |numéro=30 |date=2010-09 |doi=10.1016/j.atmosenv.2010.06.035 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1352231010005054 |consulté le=2022-07-01 |pages=3700–3707}}.</ref>, ainsi que dans l’eau<ref>{{en}} L. Tessier et P. Bonté, « Suspended sediment transfer in Seine river watershed, France: a strategy using fingerprinting from trace elements », ''Science for Water Policy'', {{p.|79-99}}, 2002.</ref> au point d'être devenu l’un des éléments métalliques en traces (ETM) les plus enrichis dans les environnements urbains par rapport au [[fond géochimique]]<ref>{{Chapitre |langue=en |prénom1=Sophie |nom1=Ayrault |prénom2=Cindy Rianti |nom2=Priadi |prénom3=Pierre Le |nom3=Pape |prénom4=Philippe |nom4=Bonté |titre chapitre=Occurrence, Sources and Pathways of Antimony and Silver in an Urban Catchment |titre ouvrage=Urban Environment|éditeur=Springer Netherlands |date=2013 |isbn=978-94-007-7755-2 |doi=10.1007/978-94-007-7756-9_37 |consulté le=2022-07-01 |pages=425–435}}.</ref>.


Face à l'accroissement rapide de ce polluant dans l'environnement, des chercheurs tentent de trouver des techniques de dépollution efficace pour ce polluant retrouvé dans l'eau, l'air et les sols et sédiments. Une piste récente (publication 2021) est celle d'un adsorbant à base d'oxyde de graphène et d'[[alginate de sodium]] (GAD) doté d'une bonne capacité à [[Adsorption|adsorber]] l'antimoine présent dans l'eau (capacité d'adsorption de Langmuir est de {{nb|7,67 mg/g}}, mais en sachant que son efficacité diminue avec la température<ref name=depollutionEau2021>{{Article |langue=en |prénom1=Xiuzhen |nom1=Yang |prénom2=Tengzhi |nom2=Zhou |prénom3=Renjian |nom3=Deng |prénom4=Zhenya |nom4=Zhu |titre=Removal of Sb(III) by 3D-reduced graphene oxide/sodium alginate double-network composites from an aqueous batch and fixed-bed system |périodique=Scientific Reports |volume=11 |numéro=1 |date=2021-12 |issn=2045-2322 |pmid=34789761 |pmcid=PMC8599853 |doi=10.1038/s41598-021-01788-0 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41598-021-01788-0 |consulté le=2022-07-03 |pages=22374}}.</ref>.
Face à l'accroissement rapide de ce polluant dans l'environnement, des chercheurs tentent de trouver des techniques de [[dépollution]] efficace pour ce polluant retrouvé dans l'eau, l'air et les sols et sédiments. Une piste récente (publication 2021) est celle d'un [[adsorbant]] à base d'[[oxyde de graphène]] et d'[[alginate de sodium]] (GAD) doté d'une bonne capacité à [[Adsorption|adsorber]] l'antimoine présent dans l'eau (capacité d'adsorption de [[Irving Langmuir|Langmuir]] est de {{nb|7,67 mg/g}}, mais en sachant que son efficacité diminue avec la température<ref name=depollutionEau2021>{{Article |langue=en |prénom1=Xiuzhen |nom1=Yang |prénom2=Tengzhi |nom2=Zhou |prénom3=Renjian |nom3=Deng |prénom4=Zhenya |nom4=Zhu |titre=Removal of Sb(III) by 3D-reduced graphene oxide/sodium alginate double-network composites from an aqueous batch and fixed-bed system |périodique=Scientific Reports |volume=11 |numéro=1 |date=2021-12 |issn=2045-2322 |pmid=34789761 |pmcid=PMC8599853 |doi=10.1038/s41598-021-01788-0 |lire en ligne=https://www.nature.com/articles/s41598-021-01788-0 |consulté le=2022-07-03 |pages=22374}}.</ref>.


=== Cinétique environnementale et écotoxicologie ===
=== Cinétique environnementale et écotoxicologie ===
L'antimoine est un métalloïde toxique, puissant vomitif, et a priori écologiquement non-essentiel et non-bénéfique<ref name=Biogeochemistry2019/>. Il est donc considéré comme indésirable dans les sols cultivés, les eaux de boisson et dans la [[chaine alimentaire]].
L'antimoine est un [[métalloïde]] toxique, puissant vomitif, et a priori écologiquement non-essentiel et non-bénéfique<ref name=Biogeochemistry2019/>. Il est donc considéré comme indésirable dans les sols cultivés, les eaux de boisson et dans la [[chaine alimentaire]].


Son comportement [[Biogéochimie|biogéochimique]] dans le système Sol-[[Rhizosphère]]-plante est longtemps resté méconnu ; comme pour de nombreux métaux, il est modulé par la nature du sol et le degré d'acidité de l'eau du sol, notamment ; il peut être bioaccumulé dans les parties comestibles de nombreuses plantes ([[céréale]]s, [[légume]]s, [[légumineuse]]s, notamment)<ref name=Biogeochemistry2019/>. Des études récentes ont porté sur la spéciation solide de l'antimoine dans les échantillons des bassins routiers et de bord de route ; elles ont montré que différentes formes chimiques de ce métalloïde existent dans son cycle biogéochimique, et lors de son parcours depuis la chaussée routière jusqu'aux bassins récepteurs, très influencées par les conditions rédox du milieu<ref>{{Article |prénom1=Maja |nom1=Arsic |prénom2=Peter R. |nom2=Teasdale |prénom3=David T. |nom3=Welsh |prénom4=Scott G. |nom4=Johnston |titre=Diffusive Gradients in Thin Films Reveals Differences in Antimony and Arsenic Mobility in a Contaminated Wetland Sediment during an Oxic-Anoxic Transition |périodique=Environmental Science &amp; Technology |volume=52 |numéro=3 |date=2018-01-26 |issn=0013-936X |issn2=1520-5851 |doi=10.1021/acs.est.7b03882 |consulté le=2022-07-02 |pages=1118–1127}}.</ref>, et donc par les conditions microbiologiues du milieu ; en particulier, comme pour l'arsenic ou le mercure, certains microorganismes du sol (champignons et bactéries) peuvent [[méthylation|biométhyler]] les composés trivalents de l'antimoine et former des composés encore plus toxiques et bioassimilables<ref name=toxiqueMythique2011>A. Picot et J.F. Narbonne (2011), [https://new.societechimiquedefrance.fr/wp-content/uploads/2019/12/2011-351-avril-p.53-Picot-HD.pdf ''L'antimoine, un toxique mythique toujours méconnu''], ''L'actualité chimique'', (351), 53.</ref>. Comme pour d'autres métaux et métalloïdes, les [[champignon]]s semblent pouvoir être utilisés pour un [[biomonitoring]] de l'environnement<ref>{{Article |langue=en |prénom1=G. |nom1=Ingrao |prénom2=P. |nom2=Belloni |prénom3=G. P. |nom3=Santaroni |titre=Mushrooms as biological monitors of trace elements in the environment |périodique=Journal of Radioanalytical and Nuclear Chemistry |volume=161 |numéro=1 |date=1992-08-01 |issn=1588-2780 |doi=10.1007/BF02034885 |consulté le=2022-07-01 |pages=113–120}}.</ref> ; dans le cas d'une analyse des métaux et métalloïdes de neuf espèces de champignons comestibles venant de cinq régions de la Chine, les taux de Sb étaient compris entre une valeur indétectable par la méthode (ICP-MS) utilisée et {{nb|0,11 µg/g}} de champignon sec.
Son comportement [[Biogéochimie|biogéochimique]] dans le système Sol-[[Rhizosphère]]-plante est longtemps resté méconnu ; comme pour de nombreux métaux, il est modulé par la nature du sol et le degré d'acidité de l'eau du sol, notamment ; il peut être bioaccumulé dans les parties comestibles de nombreuses plantes ([[céréale]]s, [[légume]]s, [[légumineuse]]s, notamment)<ref name=Biogeochemistry2019/>. Des études récentes ont porté sur la spéciation solide de l'antimoine dans les échantillons des bassins routiers et de bord de route ; elles ont montré que différentes formes chimiques de ce métalloïde existent dans son [[cycle biogéochimique]], et lors de son parcours depuis la chaussée routière jusqu'aux bassins récepteurs, très influencées par les conditions [[rédox]] du milieu<ref>{{Article |prénom1=Maja |nom1=Arsic |prénom2=Peter R. |nom2=Teasdale |prénom3=David T. |nom3=Welsh |prénom4=Scott G. |nom4=Johnston |titre=Diffusive Gradients in Thin Films Reveals Differences in Antimony and Arsenic Mobility in a Contaminated Wetland Sediment during an Oxic-Anoxic Transition |périodique=Environmental Science &amp; Technology |volume=52 |numéro=3 |date=2018-01-26 |issn=0013-936X |issn2=1520-5851 |doi=10.1021/acs.est.7b03882 |consulté le=2022-07-02 |pages=1118–1127}}.</ref>, et donc par les conditions microbiologiues du milieu ; en particulier, comme pour l'arsenic ou le mercure, certains [[Micro-organisme|micro-organismes]] du sol (champignons et bactéries) peuvent [[méthylation|biométhyler]] les composés trivalents de l'antimoine et former des composés encore plus toxiques et bioassimilables<ref name=toxiqueMythique2011>A. Picot et J.F. Narbonne (2011), [https://new.societechimiquedefrance.fr/wp-content/uploads/2019/12/2011-351-avril-p.53-Picot-HD.pdf ''L'antimoine, un toxique mythique toujours méconnu''], ''L'actualité chimique'', (351), 53.</ref>. Comme pour d'autres métaux et [[Métalloïde|métalloïdes]], les [[champignon]]s semblent pouvoir être utilisés pour un [[biomonitoring]] de l'environnement<ref>{{Article |langue=en |prénom1=G. |nom1=Ingrao |prénom2=P. |nom2=Belloni |prénom3=G. P. |nom3=Santaroni |titre=Mushrooms as biological monitors of trace elements in the environment |périodique=Journal of Radioanalytical and Nuclear Chemistry |volume=161 |numéro=1 |date=1992-08-01 |issn=1588-2780 |doi=10.1007/BF02034885 |consulté le=2022-07-01 |pages=113–120}}.</ref> ; dans le cas d'une analyse des métaux et métalloïdes de neuf espèces de champignons comestibles venant de cinq régions de la Chine, les taux de Sb étaient compris entre une valeur indétectable par la méthode (ICP-MS) utilisée et {{nb|0,11 µg/g}} de champignon sec.


De manière générale, l'antimoine se montre toxique pour de nombreux animaux (produit notamment [[génotoxique]] et [[cancérogène]], interagissant avec divers [[antioxydant]]s enzymatiques ([[peroxydase]], [[catalase]], [[ascorbate peroxydase]], [[superoxyde dismutase]], [[glutathion peroxydase]]) et non enzymatiques ([[glutathion]], [[phytochélatine]]s, [[proline]] et [[acide ascorbique]]) en produisant des radicelles réactifs et en induisant un [[stress oxydatif]]). Certains de ses composés sont en outre de puissants [[perturbateurs endocriniens]]<ref name=toxiqueMythique2011/>.
De manière générale, l'antimoine se montre toxique pour de nombreux animaux (produit notamment [[génotoxique]] et [[cancérogène]], interagissant avec divers [[antioxydant]]s [[enzymatiques]] ([[peroxydase]], [[catalase]], [[ascorbate peroxydase]], [[superoxyde dismutase]], [[glutathion peroxydase]]) et non enzymatiques ([[glutathion]], [[phytochélatine]]s, [[proline]] et [[acide ascorbique]]) en produisant des [[Radicelle|radicelles]] réactifs et en induisant un [[stress oxydatif]]). Certains de ses composés sont en outre de puissants [[perturbateurs endocriniens]]<ref name=toxiqueMythique2011/>.


Les plantes ont développé une tolérance à l'antimoine, qui leur fait jouer un rôle important dans les phénomènes de [[bioaccumulation]], d'[[écotoxicité]] et de contamination du [[réseau trophique]] et de la [[chaîne alimentaire]] par le Sb<ref name=Biogeochemistry2019>{{Lien web |langue=en |nom=Natasha |prénom2=Muhammad |nom2=Shahid |titre=Biogeochemistry of antimony in soil-plant system: Ecotoxicology and human health |url=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0883292719300939 |site=Applied Geochemistry |date=2019-07 |doi=10.1016/j.apgeochem.2019.04.006 |consulté le=2022-06-29 |page=45–59}}.</ref>.
Les plantes ont développé une tolérance à l'antimoine, qui leur fait jouer un rôle important dans les phénomènes de [[bioaccumulation]], d'[[écotoxicité]] et de contamination du [[réseau trophique]] et de la [[chaîne alimentaire]] par le Sb<ref name=Biogeochemistry2019>{{Lien web |langue=en |nom=Natasha |prénom2=Muhammad |nom2=Shahid |titre=Biogeochemistry of antimony in soil-plant system: Ecotoxicology and human health |url=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0883292719300939 |site=Applied Geochemistry |date=2019-07 |doi=10.1016/j.apgeochem.2019.04.006 |consulté le=2022-06-29 |page=45–59}}.</ref>.
Ligne 217 : Ligne 221 :


=== Corps simple et alliages ===
=== Corps simple et alliages ===
L'antimoine en tant que corps simple est cassant ou à propriétés mécaniques fragiles. Il est presque toujours employé comme [[additif]] ou catalyseur pour divers emplois industriels et médicaux<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'antimoine, ce catalyseur oublié |url=https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/l-antimoine-ce-catalyseur-oublie-25524930.html |site=rts.ch |date=2018-03-22 |consulté le=2022-07-03}}</ref>. Il était présent dans le « métal d'Alger », le « métal de la Reine ».
L'antimoine en tant que [[corps simple]] est cassant ou à propriétés mécaniques fragiles. Il est presque toujours employé comme [[additif]] ou [[Catalyse|catalyseur]] pour divers emplois industriels et médicaux<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=L'antimoine, ce catalyseur oublié |url=https://www.rts.ch/audio-podcast/2021/audio/l-antimoine-ce-catalyseur-oublie-25524930.html |site=rts.ch |date=2018-03-22 |consulté le=2022-07-03}}</ref>. Il était présent dans le « métal d'Alger », le « métal de la Reine ».


L'antimoine est présent dans certains [[pigment]]s ; il ne semble pas utilisé pour les peintures artistiques, mais les anciennes peintures contenaient très fréquemment du Sb comme agent anti-farinage, et les peintures plus récentes aux couleurs vives peuvent encore contenir du Sb comme fixateur de couleur, y compris sur du mobilier urbain et les équipements de jeux pour enfants, à des concentrations parfois très élevées (jusqu'à plusieurs centaines à environ {{nb|25000 μg/g}}) selon Turner et Filella (2020)<ref name=bPeinture2020>{{Article |langue=en |prénom1=Andrew |nom1=Turner |prénom2=Montserrat |nom2=Filella |titre=Antimony in paints and enamels of everyday items |périodique=Science of The Total Environment |volume=713 |date=2020-04 |doi=10.1016/j.scitotenv.2020.136588 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S004896972030098X |consulté le=2022-07-03 |pages=136588}}</ref>.
L'antimoine est présent dans certains [[pigment]]s ; il ne semble pas utilisé pour les peintures artistiques, mais les anciennes peintures contenaient très fréquemment du Sb comme agent anti-farinage, et les peintures plus récentes aux couleurs vives peuvent encore contenir du Sb comme fixateur de couleur, y compris sur du mobilier urbain et les équipements de jeux pour enfants, à des concentrations parfois très élevées (jusqu'à plusieurs centaines à environ {{nb|25000 μg/g}}) selon Turner et Filella (2020)<ref name=bPeinture2020>{{Article |langue=en |prénom1=Andrew |nom1=Turner |prénom2=Montserrat |nom2=Filella |titre=Antimony in paints and enamels of everyday items |périodique=Science of The Total Environment |volume=713 |date=2020-04 |doi=10.1016/j.scitotenv.2020.136588 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S004896972030098X |consulté le=2022-07-03 |pages=136588}}</ref>.
Ligne 229 : Ligne 233 :
* des alliages pour [[Brasage|brasure]] plomb-antimoine-étain (environ 80 %, 15 % et 5 %) ;
* des alliages pour [[Brasage|brasure]] plomb-antimoine-étain (environ 80 %, 15 % et 5 %) ;
* des « plombs » des [[balle (projectile)|balles]] et [[Grenaille de plomb|grenailles]] de [[Cartouche (arme)|cartouches]] de guerre et de chasse ou de tir sportif, ce qui explique que des quantités significatives d'arsenic et d'antimoine (en plus du plomb) puissent être retrouvées comme [[Sol pollué|polluant du sol]] d'anciens [[Stand de tir|stands de tir]] ou [[Champ de tir|champs de tir]]<ref>Kerstin Hockmann, Susan Tandy, Markus Lenz, René Reiser, Héctor M. Conesa, Martin Keller, Björn Studer, Rainer Schulin (2015), ''Antimony retention and release from drained and waterlogged shooting range soil under field conditions'', ''Chemosphere'', {{vol.}}134, septembre 2015, {{p.}}536–543.</ref>, y compris sous des formes [[lixiviable]]s contaminantes des eaux superficielles et/ou des [[nappes phréatiques]]<ref>Okkenhaug G, Gebhardt KAG, Amstaetter K, Bue HL, Herxel H, Almås ÅR, Cornelissen G, Breedveld GD, Rasmussen G et Mulder J (2016), ''[https://www.researchgate.net/profile/Asgeir_Almas/publication/289706281_Antimony_Sb_and_lead_Pb_in_contaminated_shooting_range_soils_Sb_and_Pb_mobility_and_immobilization_by_iron_based_sorbents_a_field_study/links/56c1986c08aeedba05659b9e.pdf Antimony (Sb) and lead (Pb) in contaminated shooting range soils: Sb and Pb mobility and immobilization by iron based sorbents, a field study]'', ''Journal of Hazardous Materials'', 307:336-343.</ref>. Des taux d'antimoine de {{nb|19 à 349 μg/L}} ont été relevés pour des taux de plomb variant de {{nb|7 à 1495 μg}} Pb/L dans l'eau interstitielle sur un site étudié par Okkenhaug {{et al.}} (2016) ;
* des « plombs » des [[balle (projectile)|balles]] et [[Grenaille de plomb|grenailles]] de [[Cartouche (arme)|cartouches]] de guerre et de chasse ou de tir sportif, ce qui explique que des quantités significatives d'arsenic et d'antimoine (en plus du plomb) puissent être retrouvées comme [[Sol pollué|polluant du sol]] d'anciens [[Stand de tir|stands de tir]] ou [[Champ de tir|champs de tir]]<ref>Kerstin Hockmann, Susan Tandy, Markus Lenz, René Reiser, Héctor M. Conesa, Martin Keller, Björn Studer, Rainer Schulin (2015), ''Antimony retention and release from drained and waterlogged shooting range soil under field conditions'', ''Chemosphere'', {{vol.}}134, septembre 2015, {{p.}}536–543.</ref>, y compris sous des formes [[lixiviable]]s contaminantes des eaux superficielles et/ou des [[nappes phréatiques]]<ref>Okkenhaug G, Gebhardt KAG, Amstaetter K, Bue HL, Herxel H, Almås ÅR, Cornelissen G, Breedveld GD, Rasmussen G et Mulder J (2016), ''[https://www.researchgate.net/profile/Asgeir_Almas/publication/289706281_Antimony_Sb_and_lead_Pb_in_contaminated_shooting_range_soils_Sb_and_Pb_mobility_and_immobilization_by_iron_based_sorbents_a_field_study/links/56c1986c08aeedba05659b9e.pdf Antimony (Sb) and lead (Pb) in contaminated shooting range soils: Sb and Pb mobility and immobilization by iron based sorbents, a field study]'', ''Journal of Hazardous Materials'', 307:336-343.</ref>. Des taux d'antimoine de {{nb|19 à 349 μg/L}} ont été relevés pour des taux de plomb variant de {{nb|7 à 1495 μg}} Pb/L dans l'eau interstitielle sur un site étudié par Okkenhaug {{et al.}} (2016) ;
* des alliages de revêtement de métaux ou à propriété [[antifriction]], notamment pour palier, ou parfois à base de [[plomb]] ou d'[[étain]] notamment pour fondre dans des moules (voir Matériaux utilisables pour le frottement) ;
* des alliages de revêtement de métaux ou à propriété [[antifriction]], notamment pour palier, ou parfois à base de [[plomb]] ou d'[[étain]] notamment pour fondre dans des moules (voir [[Matériaux utilisables pour le frottement]]) ;
* le cuivre antimonié servait de monnaie autrefois en Chine et au Japon ; il fait partie des premiers alliages de cuivre utilisés au début de l'[[Âge du bronze]] car l'antimoine en augmentait la résistance ;
* le cuivre antimonié servait de monnaie autrefois en Chine et au Japon ; il fait partie des premiers alliages de cuivre utilisés au début de l'[[Âge du bronze]] car l'antimoine en augmentait la résistance ;
* la poudre de Sb (ou de divers composés purifiés) donne un effet de scintillement aux [[feux d'artifice]] ;
* la poudre de Sb (ou de divers composés purifiés) donne un effet de scintillement aux [[feux d'artifice]] ;
Ligne 238 : Ligne 242 :


=== Corps composés ===
=== Corps composés ===
[[Fichier:Antimony trioxide.jpg|vignette|Poudre blanche de trioxyde d'antimoine.|gauche]]
[[Fichier:Antimony trioxide.jpg|vignette|Poudre blanche de [[trioxyde d'antimoine]].|gauche]]
[[Fichier:Antimony trioxide'.jpg|vignette|Un sac de trioxyde d'antimoine.|199x199px]]
[[Fichier:Antimony trioxide'.jpg|vignette|Un sac de trioxyde d'antimoine.|199x199px]]


Sous forme d'[[Trioxyde d'antimoine|oxyde Sb<sub>2</sub>O<sub>3</sub>]] : il diminue la propagation des flammes dans les [[matière plastique|matières plastiques]]<ref>NRC (2000) ''Toxicological Risks of Selected Flame -Retardant Chemicals'' | Washington, DC: National Research Council.</ref>. <br>Il entre aussi dans la composition du [[Polytéréphtalate d'éthylène|PET]] comme résidu de [[catalyseur]] de la réaction de [[polymérisation]]<ref>''admin.ch'', [http://www.bag.admin.ch/themen/lebensmittel/04861/04908/index.html?lang=fr&download=NHzLpZeg7t,lnp6I0NTU042l2Z6ln1ae2IZn4Z2qZpnO2Yuq2Z6gpJCGeIB9f2ym162epYbg2c_JjKbNoKSn6A-- ''Antimoine dans les denrées alimentaires et repas de commodité conditionnés en barquettes de PET''], 23.08.2007. Consulté le 10 juin 2013.</ref>, devenant contaminant de l'eau pour sa part qui est désorbée du plastique des bouteilles (alors qu'il pourrait être remplacé par le [[dioxyde de titane]] (TiO2), comme les Japonais ont commencé à le faire)<ref name=toxiqueMythique2011/>.
Sous forme d'[[Trioxyde d'antimoine|oxyde Sb<sub>2</sub>O<sub>3</sub>]] : il diminue la propagation des flammes dans les [[matière plastique|matières plastiques]]<ref>NRC (2000) ''Toxicological Risks of Selected Flame -Retardant Chemicals'' | Washington, DC: National Research Council.</ref>. <br>Il entre aussi dans la composition du [[Polytéréphtalate d'éthylène|PET]] comme résidu de [[catalyseur]] de la réaction de [[polymérisation]]<ref>''admin.ch'', [http://www.bag.admin.ch/themen/lebensmittel/04861/04908/index.html?lang=fr&download=NHzLpZeg7t,lnp6I0NTU042l2Z6ln1ae2IZn4Z2qZpnO2Yuq2Z6gpJCGeIB9f2ym162epYbg2c_JjKbNoKSn6A-- ''Antimoine dans les denrées alimentaires et repas de commodité conditionnés en barquettes de PET''], 23.08.2007. Consulté le 10 juin 2013.</ref>, devenant contaminant de l'eau pour sa part qui est désorbée du plastique des bouteilles (alors qu'il pourrait être remplacé par le [[dioxyde de titane]] (TiO2), comme les Japonais ont commencé à le faire)<ref name=toxiqueMythique2011/>.


Les {{page h'|Oxyde d'antimoine|oxydes d'antimoine}} permettent de produire un [[verre]] blanc opaque.[[Fichier:1657 Anabaptist tankard (UBC-2011).jpg|gauche|vignette|Le pigment jaune sous la glaçure de cette poterie d'origine [[Moravie|morave]] et [[Anabaptisme|anabaptiste]], commémorant l'an [[1657]] provient d'un composé d'antimoine.]]Les composés d'antimoine entrent dans la composition de nombreuses [[glaçure]]s. Le [[trifluorure d'antimoine]] {{fchim|SbF|3}} est un agent décapant ou un agent fluorant, aussi utilisé en poterie/céramique.
Les {{page h'|Oxyde d'antimoine|oxydes d'antimoine}} permettent de produire un [[verre]] blanc opaque.

Les composés d'antimoine entrent dans la composition de nombreuses [[glaçure]]s. Le trifluorure d'antimoine {{fchim|SbF|3}} est un agent décapant ou un agent fluorant, aussi utilisé en poterie/céramique.


Le beurre d'antimoine ou {{fchim|SbCl|3}} est un produit intermédiaire de la chimie de l'antimoine. Cette [[base de Lewis]] sert pour élaborer des catalyseurs, des réactifs pour la synthèse de la [[vitamine A]].
Le beurre d'antimoine ou {{fchim|SbCl|3}} est un produit intermédiaire de la chimie de l'antimoine. Cette [[base de Lewis]] sert pour élaborer des catalyseurs, des réactifs pour la synthèse de la [[vitamine A]].

[[Fichier:1657 Anabaptist tankard (UBC-2011).jpg|gauche|vignette|Le pigment jaune sous la glaçure de cette poterie d'origine morave et anabaptiste, commémorant l'an 1657 provient d'un composé d'antimoine.]]
Le trisulfure {{fchim|Sb|2|S|3}} peut servir à former des pâtes pour allumage des [[allumette]]s. Il sert en pyrotechnie, ainsi que dans l'élaboration des verres rouges.
Le trisulfure {{fchim|Sb|2|S|3}} peut servir à former des pâtes pour allumage des [[allumette]]s. Il sert en [[pyrotechnie]], ainsi que dans l'élaboration des verres rouges.


=== Utilisation médicale ===
=== Utilisation médicale ===
Ligne 255 : Ligne 257 :


L'un de ses composés avait un usage [[cosmétique]] : stibine broyée pour élaborer le [[khôl]].
L'un de ses composés avait un usage [[cosmétique]] : stibine broyée pour élaborer le [[khôl]].
[[Fichier:Antimony cup with leather case, Europe, 1601-1700 Wellcome L0057583.jpg|vignette|[[Coupe d'antimoine|Coupe en antimoine]] ou alliage fortement antimonié avec sa trousse protectrice, {{s-|XVII}}. Son usage est strictement médical : du vin y était conservé pendant {{nb|12 à 24 h}}, puis bu pour faire vomir et transpirer, c'est-à-dire comme purge d'excès d'humeurs du patient. Il existait également des cuillères à soupe ou petites cuillères ayant le même effet, pour un moindre coût.]]
Dans l'Antiquité, l'antimoine était utilisé comme vomitif ; des coupes ou récipients en alliages à base d'antimoine servaient à conserver du vin, dont certains composants réagissent avec l'antimoine pour former des corps toxiques à effet vomitif puissant. Ainsi les riches fêtards romains pouvaient, après s'être fait vomir, continuer à engloutir des mets raffinés, servis par leurs esclaves. Cet usage abusif est passé dans la médecine gréco-romaine.{{article détaillé|Coupe d'antimoine}}



En [[1566]], le [[Parlement de Paris]] en interdit l'usage en médecine<ref name=bourzat>{{article|titre=La saga de l’antimoine|auteur=Jean-Dominique Bourzat|périodique=L’actualité chimique|mois=janvier|année=2006|numéro=293|page=40|format=pdf|lire en ligne=https://new.societechimiquedefrance.fr/wp-content/uploads/2019/12/2006-293-janv-Bourzat-p.40.pdf}}</ref>, une mesure que la [[université de Montpellier|faculté de Montpellier]] refuse de respecter.
Dans l'Antiquité, l'antimoine était utilisé comme [[vomitif]] ; des coupes ou récipients en alliages à base d'antimoine servaient à conserver du vin, dont certains composants réagissent avec l'antimoine pour former des corps toxiques à effet vomitif puissant. Ainsi, les riches fêtards romains pouvaient, après s'être fait vomir, continuer à engloutir des mets raffinés, servis par leurs esclaves. Cet usage abusif est passé dans la médecine [[Gréco-romain|gréco-romaine]].{{article détaillé|Coupe d'antimoine}}[[Fichier:Antimony cup with leather case, Europe, 1601-1700 Wellcome L0057583.jpg|vignette|[[Coupe d'antimoine|Coupe en antimoine]] ou alliage fortement antimonié avec sa trousse protectrice, {{s-|XVII}}. Son usage est strictement médical : du vin y était conservé pendant {{nb|12 à 24 h}}, puis bu pour faire vomir et transpirer, c'est-à-dire comme purge d'excès d'[[Fluide (matière)|humeurs]] du patient. Il existait également des cuillères à soupe ou petites cuillères ayant le même effet, pour un moindre coût.]]En [[1566]], le [[Parlement de Paris]] en interdit l'usage en médecine<ref name=bourzat>{{article|titre=La saga de l’antimoine|auteur=Jean-Dominique Bourzat|périodique=L’actualité chimique|mois=janvier|année=2006|numéro=293|page=40|format=pdf|lire en ligne=https://new.societechimiquedefrance.fr/wp-content/uploads/2019/12/2006-293-janv-Bourzat-p.40.pdf}}</ref>, une mesure que la [[université de Montpellier|faculté de Montpellier]] refuse de respecter.


Le {{date-|30|juin|1658}}, [[Louis XIV de France|Louis XIV]] est victime d'une grave intoxication alimentaire lors de la prise de [[Siège de Bergues (1658)|Bergues]] dans le [[Nord (département français)|Nord]]. Le lundi {{date-|8|juillet}}, il reçoit les derniers sacrements et on commence à préparer sa succession. Mais {{référence souhaitée|François Guénault (1586-1667), le médecin d'[[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d'Autriche]]}}, lui donne un [[émétique]] à base d'antimoine et de [[vin]], qui le guérit « miraculeusement ». Le Parlement de Paris finit alors, en 1666, par ré-autoriser l'usage de l'antimoine à des fins médicales<ref name=bourzat/>.
Le {{date-|30|juin|1658}}, [[Louis XIV de France|Louis XIV]] est victime d'une grave intoxication alimentaire lors de la prise de [[Siège de Bergues (1658)|Bergues]] dans le [[Nord (département français)|Nord]]. Le lundi {{date-|8|juillet}}, il reçoit les derniers sacrements et on commence à préparer sa succession. Mais {{référence souhaitée|François Guénault (1586-1667), le médecin d'[[Anne d'Autriche (1601-1666)|Anne d'Autriche]]}}, lui donne un [[émétique]] à base d'antimoine et de [[vin]], qui le guérit « miraculeusement ». Le Parlement de Paris finit alors, en 1666, par ré-autoriser l'usage de l'antimoine à des fins médicales<ref name=bourzat/>.
[[Fichier:Diego_Mateo_Zapata_(1701)_Crisis_médica_sobre_el_antimonio.jpg|gauche|vignette|''Crisis médica sobre el antimonio''<ref name=":3">https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Crisis_médica_sobre_el_antimonio_(1701).pdf</ref> (1701)]]
En 1701, le médecin espagnole [[Diego Mateo Zapata]] publie ''Crisis Médica sobre el antimonio''<ref>http://www.biblioteca.org.ar/libros/71098.pdf</ref>, un ouvrage [[pamphlétaire]] qui crée la polémique, sur l'utilisation notamment de l'antimoine en médecine<ref name=":13">{{Lien web |langue=es |auteur=Fernández, Tomás y Tamaro, Elena |titre=Biografia de Diego Mateo Zapata, ''Biografías y Vidas. La enciclopedia biográfica en línea'' |url=https://www.biografiasyvidas.com/biografia/z/zapata_diego.htm |site=www.biografiasyvidas.com |lieu=Barcelone (Espagne) |date=2004 |consulté le=2023-09-23}}</ref>.


Des composés de l'antimoine sont utilisés pour guérir des maladies parasitaires, comme l'[[antimoniate de méglumine]] pour la [[leishmaniose]] humaine et canine<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Med'Vet - Médicament GLUCANTIME® |url=http://www.med-vet.fr/medicament-glucantime-p2069 |site=med-vet.fr |consulté le=2021-01-23}}.</ref>.
Des composés de l'antimoine sont utilisés pour guérir des maladies parasitaires, comme l'[[antimoniate de méglumine]] pour la [[leishmaniose]] humaine et canine<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Med'Vet - Médicament GLUCANTIME® |url=http://www.med-vet.fr/medicament-glucantime-p2069 |site=med-vet.fr |consulté le=2021-01-23}}.</ref>.


En pharmacie, il existe des pommades ''stibiées'' censées atténuer la douleur.
En pharmacie, il existe des pommades ''stibiées'' censées atténuer la douleur.

{{Clr}}


== Production et commerce ==
== Production et commerce ==
Ligne 324 : Ligne 329 :
|align="center" |'''100,0'''
|align="center" |'''100,0'''
|}
|}
<small>Chiffres de 2003, métal contenu dans les minerais et concentrés, source : ''L'état du monde'', 2005.</small>
<small>Chiffres de 2003, métal contenu dans les minerais et concentrés, source : ''[[L'État du monde|L'état du monde]]'', 2005.</small>


La Chine produisait en 2006 87 % de l'approvisionnement mondial<ref>Arnaud de la Grange, [http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/2010/10/22/04012-20101022ARTFIG00714-pekin-joue-de-l-arme-des-terres-rares.php « Pékin joue de l'arme des « terres rares » »], ''Le Figaro'', 25 octobre 2010.</ref>.
La Chine produisait en 2006 87 % de l'approvisionnement mondial<ref>Arnaud de la Grange, [http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/2010/10/22/04012-20101022ARTFIG00714-pekin-joue-de-l-arme-des-terres-rares.php « Pékin joue de l'arme des « terres rares » »], ''Le Figaro'', 25 octobre 2010.</ref>.
Ligne 352 : Ligne 357 :
* [[Pierre-Christian Guiollard]], ''La mine d'or et d'antimoine de la Lucette'', auteur-éditeur, 1996.
* [[Pierre-Christian Guiollard]], ''La mine d'or et d'antimoine de la Lucette'', auteur-éditeur, 1996.
* [[Pierre-Christian Guiollard]], ''L'Industrie minière de l'antimoine et du tungstène'', Éditions Atlantica, 2010.
* [[Pierre-Christian Guiollard]], ''L'Industrie minière de l'antimoine et du tungstène'', Éditions Atlantica, 2010.
* Nicolas Lemery, ''Traité de l'antimoine, contenant l'analyse chymique de ce mineral [et] un recueil d'un grand nombre d'opérations rapportées à l'Académie Royale des Sciences''…, Chez Jean Boudot, 1707, 670{{nb p.}} [https://books.google.fr/books?id=x-95VFcyVqkC en ligne].
* [[Nicolas Lémery|Nicolas Lemery]], ''Traité de l'antimoine, contenant l'analyse chymique de ce mineral [et] un recueil d'un grand nombre d'opérations rapportées à l'Académie Royale des Sciences''…, Chez Jean Boudot, 1707, 670{{nb p.}} [https://books.google.fr/books?id=x-95VFcyVqkC en ligne].
* [[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]], [http://www.irsn.fr/EN/Research/publications-documentation/radionuclides-sheets/Documents/Antimoine_Sb125_v3.pdf Fiche pédagogique] {{pdf}} sur l'[[antimoine-125]] (<small>125</small>Sb) et l'environnement, 25{{nb p.}}
* [[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]], [http://www.irsn.fr/EN/Research/publications-documentation/radionuclides-sheets/Documents/Antimoine_Sb125_v3.pdf Fiche pédagogique] {{pdf}} sur l'[[antimoine-125]] (<small>125</small>Sb) et l'environnement, 25{{nb p.}}
* Lauwers L.F., Roelants A., Rosseel P.M., Heyndrickx B. et Baute L. (1990), ''Oral antimony intoxications in man'', ''Critical care medicine'', 18(3):324-6.
* Lauwers L.F., Roelants A., Rosseel P.M., Heyndrickx B. et Baute L. (1990), ''Oral antimony intoxications in man'', ''Critical care medicine'', 18(3):324-6.
Ligne 395 : Ligne 400 :
* [[Stibarsen]]
* [[Stibarsen]]
* [[Stibine (minéral)]] ou antimonite, stibnite
* [[Stibine (minéral)]] ou antimonite, stibnite
* [[Stibiose]]
* [[Stibogluconate de sodium]]
* [[Stibogluconate de sodium]]
* [[Sulfure d'antimoine (III)]]
* [[Sulfure d'antimoine(III)]]
* [[TAGS]]
* [[TAGS]]
* [[Tartrate d'antimoine et de potassium]] ou tartre émétique
* [[Tartrate d'antimoine et de potassium]] ou tartre émétique

Dernière version du 8 mai 2024 à 18:23

Antimoine
Image illustrative de l’article Antimoine
Cristaux d'antimoine.
ÉtainAntimoineTellure
As
  Structure cristalline rhomboédrique
 
51
Sb
 
               
               
                                   
                                   
                                                               
                                                               
   
                                           
Sb
Bi
Tableau completTableau étendu
Position dans le tableau périodique
Symbole Sb
Nom Antimoine
Numéro atomique 51
Groupe 15
Période 5e période
Bloc Bloc p
Famille d'éléments Métalloïde
Configuration électronique [Kr] 4d10 5s2 5p3
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 18, 18, 5
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 121,760 ± 0,001 u
Rayon atomique (calc) 145 pm (133 pm)
Rayon de covalence 139 ± 5 pm[1]
État d’oxydation ±1
Électronégativité (Pauling) 2,05
Oxyde Acide faible
Énergies d’ionisation[2]
1re : 8,608 39 eV2e : 16,63 eV
3e : 25,3 eV4e : 44,2 eV
5e : 56 eV6e : 108 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN Période MD Ed PD
MeV
121Sb57,36 %stable avec 70 neutrons
123Sb42,64 %stable avec 72 neutrons
124Sb{syn.}60,20 jβ-2,905124Te
125Sb{syn.}2,758 2 aβ-0,767125Te
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Solide
Allotrope à l'état standard Gris (rhomboédrique)
Autres allotropes Noir, jaune, explosif
Masse volumique 6,68 g·cm-3 (20 °C)[3]
Système cristallin Rhomboédrique
Dureté (Mohs) 3
Couleur gris métallique
Point de fusion 630,63 °C[3]
Point d’ébullition 1 587 °C[3]
Énergie de fusion 19,87 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 77,14 kJ·mol-1
Volume molaire 18,19×10-3 m3·mol-1
Chaleur massique 210 J·kg-1·K-1
Conductivité électrique 2,88×106 S·m-1
Conductivité thermique 24,3 W·m-1·K-1
Solubilité sol. dans HCl + Br2[4]
Divers
No CAS 7440-36-0[5]
No ECHA 100.028.314
No CE 231-146-5
Précautions
SGH[6]
SGH08 : Sensibilisant, mutagène, cancérogène, reprotoxique
Attention
H351, P202, P281, P308+P313 et P405
SIMDUT[7]

Produit non contrôlé
Transport[6]
État pulvérulent :
   2871   

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L'antimoine est l'élément chimique de numéro atomique 51, de symbole Sb (Stibium). L'adjectif « antimonié » qualifie un corps ou une matière qui contient de l'antimoine.

L'antimoine est un membre du groupe des pnictogènes. De propriétés intermédiaires entre celles des métaux et des non-métaux, l'antimoine est, avec l'arsenic, un métalloïde du cinquième groupe principal du tableau périodique. Il s'agit d'un élément faiblement électropositif. L'électronégativité selon Pauling est de l'ordre de 1,9, alors que celle de l'arsenic avoisine 2.

Le corps simple antimoine est un métalloïde polymorphe, toxique et cancérigène, tout comme l'arsenic[8] (auquel il est souvent associé, par exemple dans les munitions à base de plomb). L'antimoine est aussi un polluant routier et urbain nanoparticulaire[9] émergent, notamment comme contaminant de la fin de vie de produit en contenant[10], du fait de son utilisation dans le monde entier pour remplacer l'amiante dans les patins de freins[11],[12],[13].

La littérature mentionne des formes (bio)méthylées (à faibles concentrations), qui pourraient être plus bioassimilables[14].

Sa cinétique environnementale est mal connue, mais il semble peu mobile dans les sols, et assez peu bioassimilable pour les plantes. Il ne semble pas être bioaccumulé ni faire l'objet de bioamplification dans les réseaux trophiques[14].

Dans les organismes, sa toxicité semble liée à son affinité pour les groupements thiols (liaison irréversible à des enzymes importants). Son éventuelle écotoxicité est mal connue. Selon l'IRSN, « les potentialités de transfert trophique n’ont jamais été étudiées »[14].

Histoire et étymologie[modifier | modifier le code]

Le symbole Sb, choisi pour l'élément par Berzélius, fait référence au latin stibium, issu du grec στίμμι / stímmi, désignant les corps minéraux antimoniés en général, et la stibine en particulier. Le nom « antimoine » serait une altération de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid[15], un emprunt à l’ancien égyptien stim ou smdt par l'intermédiaire du copte ou du grec στίμμι / stímmi[16].

La stibine est un trisulfure d'antimoine dont la poudre noire intense était connue dans l'Antiquité pour souligner le contour des yeux ou comme fard à cils[17], ou encore comme médicament pour soigner/prévenir les infections oculaires, et le terme est resté pour cet usage, bien que la première description d'une préparation n'apparaisse que dans un manuscrit de 1604.

Le stibium qui peut déjà désigner le corps simple gris métallique et stable des chimistes, ou l'antimoine natif des minéralogistes, est sûrement connu depuis le IVe millénaire av. J.-C., notamment des Babyloniens. Un vase chaldéen en antimoine pur datant d'environ quatre mille ans avant notre ère a été retrouvé. Les Égyptiens des Ve et VIe dynasties égyptiennes se servaient de récipients en cuivre recouverts d'antimoine pour le transport de l'eau[18].

Dans l'Antiquité, les Égyptiens appelaient l'antimoine mśdmt. Les hiéroglyphes ne permettent que de supposer les voyelles mais la tradition arabe laisse supposer que la prononciation est mesdemet[19][source insuffisante].

Au Ier siècle apr. J.-C., Celse et Pline l'Ancien utilisent le terme latin stibium, signifiant dans la pratique « signe, marquage (par exemple du pourtour des yeux) », que le chercheur Jöns Jakob Berzelius a abrégé au XVIIIe siècle en Sb, devenu ainsi le symbole chimique de l'antimoine. Pline aurait baptisé ainsi son minerai mais avec une distinction entre formes mâle et femelle : le mâle désigne probablement la stibine (donc le sulfure d'antimoine), la femelle, décrite comme supérieure, plus lourde, plus brillante et moins friable, est probablement l'antimoine métallique trouvé à l'état naturel[20]. Pline utilise également les mots stimi, larbaris, alabastre, ainsi que platyophthalmos i.e. « grands yeux » en grec, d'après l'effet cosmétique du khôl.

Bien plus tard, il était bien connu des alchimistes du Moyen Âge sous le nom antimonium. Cette forme latine médiévale, attestée vers 1050, a une origine incertaine :

  • selon l'étymologie populaire, une légende[21] explique l'origine de ce nom par une succession de décès survenus au Moyen Âge parmi des moines. Ils auraient effectué des travaux de recherche sur ce corps ou auraient été victimes de l'alchimiste Basile Valentin, élève de Paracelse. Celui-ci avait l'habitude de jeter les résidus de ses expériences dans la mangeoire de ses cochons pour les engraisser. Ce faisant, il aurait administré de l'antimoine aux porcs qui seraient ainsi devenus toxiques ;
  • une autre étymologie pseudo-savante propose un terme grec hypothétique, antimonos, du grec anti, « à l'opposé de » et monos, « seul », parce qu'on croyait que ce métal ne se présentait jamais seul[22]. En effet, l'antimoine ne se trouve à l'état naturel que combiné à d'autres métaux comme le plomb[23]. Cependant le préfixe grec anti-, qui présente des valeurs diverses (« en face, en échange, à son tour, équivalant à, contre… »), n'a jamais celle d'une simple négation ;
  • Lippman[24] a conjecturé un terme grec, anthemonion (mascara, littéralement « fleurette ») et cite de nombreux termes apparentés en grec ancien décrivant des éléments chimiques ou biologiques ;
  • les utilisations précoces du terme antimonium remontent à 1050-1100, par Constantin l'Africain dans des traités de médecine arabe[24] et plusieurs spécialistes pensent qu'il s'agit d'une altération scripturale de l'arabe الإثمد al-ʾiṯmid, un emprunt à l’ancien égyptien stim ou smdt par l'intermédiaire du copte ou du grec στίμμι [stímmi][16]. L'élément antimoine (et non le cosmétique, son sulfure) pouvait être nommé ithmid, athmoud, othmod, ou uthmod, ou encore athimar. Littré suggère que la première forme dérive de stimmida, forme accusative de stimmi[25]. Sarton le dérive lui aussi de ithmid[26]. D'autres possibilités incluent un hypothétique *as-stimmi, dérivé du grec ancien[27]. En effet le mot grec stimmi, utilisé par les poètes tragiques dès le Ve siècle av. J.-C., désignait dans l'Antiquité la stibine.

Il existe dès l'Antiquité une petite métallurgie extractive de l'antimoine ; elle se poursuit à l'époque médiévale. Elle est mieux connue dès l'époque moderne.

Face striée de lingot d'antimoine conservé au Musée allemand de Munich.

Plus récemment, les chimistes du XVIIIe siècle nommaient Mercure de vie, ou Poudre d'Algaroth, le « beurre d'antimoine précipité par l'eau »[28]. De nos jours, il n'est plus utilisé en médecine que contre la leishmaniose (viscérale ou cutanées)[29]. Voir la querelle de l'antimoine dans :

Isotopes[modifier | modifier le code]

L'isotope antimoine 121 représente 57 % de la masse estimée d'antimoine, il est le seul isotope stable avec l'antimoine 123.

Il existe une vingtaine d'isotopes radioactifs, dont les masses atomiques s'échelonnent de 113 à 134. Parmi ces isotopes assez mal connus, l'antimoine 125, radionucléide artificiel employé comme indicateur radioactif, sporadiquement présent dans l’environnement, très peu étudié, hormis sur quelques sites industriels pollués[14].

L'antimoine 124 est une source de rayons gamma. Associé au béryllium, il a été utilisé pour faire diverger certains réacteurs nucléaires[30].

Corps simple[modifier | modifier le code]

Morceau d'antimoine ultra pur.

Le rayon atomique de l'antimoine avoisine 1,41 Å, il est situé entre celui de l'arsenic 1,21 Å et celui du bismuth 1,62 Å. L'énergie d'ionisation est également respectivement intermédiaire, 199 kcal/mol entre 226 kcal/mol et 168 kcal/mol. Les principales critères physico-chimiques, des ponts thermodynamiques à l'enthalpie de formation atomique, confirment l'évolution du métalloïde As vers le métal véritable au sens chimique que représente le bismuth. Toutefois, du fait sa polarisabilité médiocre, l'antimoine se rapproche souvent bien plus de l'arsenic.

Propriétés physiques[modifier | modifier le code]

Granules ou boulettes d'antimoine purifié.

En dehors de l'antimoine gris ou semi-métallique, assez analogue à l'arsenic gris, le corps simple antimoine existe sous trois formes solides, dont deux instables notamment à la chaleur (jaune Sb4 et noire) qui redonne la forme stable grise et une explosive.

La condensation rapide des vapeurs d'antimoine donne une forme jaune non métallique de structure tétraédrique, soit Sb4

D'aspect blanc argenté et cassant, le corps simple Sbgris métal de densité 6,7 est un semi-métal brillant. Il ne ternit pas à l'air à température ambiante. Il conduit très mal la chaleur et assez mal l'électricité. Sa conductivité électrique n'atteint que 4 % de celle du corps simple métal cuivre.

Très cassant du fait de l'énergie de cohésion abaissée aux joints de grain, il peut être facilement réduit en poudres fines.

Gros morceaux d'antimoine, fragmenté en petits.

Cette forme stable, constituée de macromolécules dont les atomes sont agencés en un réseau cristallin trigonal, fond au-dessus de 630 °C et bout vers 1 380 °C. Il se vaporise très lentement au rouge blanc. Sur la base de mesures faites en 1928, il est parfois annoncé que l'antimoine liquide diminue de volume en se solidifiant, ce qui a été contredit par la suite[31].

Propriétés chimiques[modifier | modifier le code]

L'antimoine est soluble dans les acides sulfurique, nitrique et phosphorique concentrés et à chaud. Il engendre alors lentement ce que l'on croyait de l'acide antimonique, mais qui se trouve sous la forme d'ions antimoniates Sb(OH)6.

L'antimoine impur peut être purifié par fusion avec du carbonate de soude ou Na2CO3 (et éventuellement du charbon actif).

La valence de l'antimoine dans ses composés peut être II, III, V et accessoirement −III. L'antimoine perd des électrons et forme des ions Sb3+, hydrolysé en SbO+ ou même précipité en Sb(O{H)2+ en milieu acide. L'antimoine Sb de valence V, ou Sb(V) se situe à un niveau d'énergie supérieur de 0,58 e.V à Sb(III). L'oxyde Sb2O5 est insoluble virtuellement en solution acide. Il s'agit d'un oxydant modérément fort.

L'antimoine corps simple ou Sb0 (Sb au degré d'oxydation zéro ou élémentaire) n'est qu'à un niveau d'énergie inférieur de 0,21 e.V par rapport à Sb(III). Sb(-III) représenté par l'hydrogène antimonié SbH3 plonge à −0,51 e.V par rapport à Sb0.

Trioxyde d'antimoine en cristal cubique (sénarmontite).

L'antimoine corps simple réagit au rouge avec le gaz oxygène. L'oxyde amphotère formé Sb2O3 est volatile. Il s'agit d'une poudre blanche et cristalline, insoluble dans l'eau. Chauffé, elle devient jaune, mais refroidie, redevient blanche. La sénarmontite octédrique, en réalité de maille cubique, se transforme en fleur d'antimoine, sous forme de rhomboèdres (empilement de plans de symétrie C3) homologues de la valentinite.

Sb2O3 sénarmontite ou cristal de maille cubique → Sb2O3 fleur d'antimoine structure valentinite instable avec = −11,7 kJ/mol
Trichlorure d'antimoine.
Trifluorure d'antimoine.

L'antimoine s'enflamme spontanément dans le gaz chlore. Le chlorure normalement formé est un pentachlorure SbCl5, et il faut réchauffer ce corps lentement vers 200 °C pour former le trichlorure SbCl3. Néanmoins, le trichlorure d'antimoine peut être obtenu avec les corps simples si la température est maintenue à 200 °C. Il est facilement obtenu par réaction de l'antimoine avec l'eau régale, avec un excès d'acide chlorhydrique. Il s'agit d'une masse incolore, molle et hygroscopique, appelée « beurre d'antimoine ». Au contact de l'eau, une réaction exothermique dangereuse se produit avec dégagement de chlorure d'hydrogène (HCl) gazeux[32].

Le trifluorure d'antimoine peut être également facilement obtenu, ainsi que le pentafluorure d'antimoine.

L'antimonide brûle dans l'oxygène pur avec une flamme orange vif en dégageant de la chaleur. (Remarque : SbH3 est produit à un rythme plus lent.)

L'antimoine réagit à chaud avec les autres corps simples halogènes brome et l'iode. avec le fluor, il donne un corps incolore et volatile, le trifluorure d'antimoine SbF3.

L'hydrure d'antimoine SbH3 est le « gaz d'hydrogène stibié » ou « hydrogène antimonié » des anciens, encore appelée stibine en chimie analytique. Ce gaz toxique, très instable, est un produit de réduction en milieu acide, obtenu par exemple en versant de l'antimoine dans une solution d'acide où barbote des copeaux de zinc, provoquant une ébullition d'hydrogène réactif. Il est comparativement obtenu en moindre quantité que l'arsine, mais beaucoup plus que la bismuthine plus instable, si l'opération concerne respectivement les corps simples arsenic et bismuth. Ce gaz n'existe pas en solution alcaline, il se décompose en Sb et en hydrogène. Mais sa décomposition exothermique peut survenir à la moindre excitation à l'état gazeux :

2 SbH3 gaz instable → 2 Sb poudre cristal + 3 H2 gaz avec = −290,6 kJ/mol.

Alliages et composés chimiques[modifier | modifier le code]

Alliages[modifier | modifier le code]

L'antimoine forme facilement des alliages avec les principaux métaux usuels, dont le plomb, le cuivre ou les métaux précieux. Il est souvent considéré comme un élément durcissant dans les alliages, comme ceux à base de plomb (Pb) et d'étain (Sn). Avec le bismuth, il forme des alliages dits antimoniure de bismuth de proportions variées qui présentent de multiples propriétés électriques.

Il forme aussi des associations avec l'arsenic.

Corps composés antimoniés[modifier | modifier le code]

Stibine, échantillon japonais en longues aiguilles gris-noires.

L'antimoine est présent dans de nombreux composés minéraux, souvent associé avec le plomb, sous forme d'oxydes, de sulfures, de sulfoxydes, d'oxychlorures, etc.

L'acide antimonique HSb(OH)6 est inconnu en pratique : il n'existe que l'ion antimoniate, par exemple dans le pyroantimoniate de sodium NaSb(OH)6, encore écrit par convention Na2Sb2O5(OH)2. 5 H2O, le pyroantimoniate de potassium.

Sulfure d'antimoine dans une coupelle de verre.

Le trisulfure d'antimoine Sb2S3 apparaît communément sous la forme de cristaux allongés, gris noir, à éclat métallique net. Il s'agit de la stibine de maille orthorhombique des minéralogistes. Mentionnons la forme allotropique amorphe rouge (rouge orangée) du trisulfure d'antimoine Sb2S3, celle-ci est relativement instable et un faible apport d'énergie, pas seulement thermique, la retransforme en la première forme cristalline gris noir.

Ainsi

Sb2S3 rouge orangé, amorphe, chauffé et secoué → Sb2S3 cristaux allongés gris-noir type stibine avec = 27,7 kJ/mol.
Représentation spatiale codée du « stibogluconate de sodium ».

L'antimoine est présent dans de nombreux composés organométalliques. Ainsi, il existe des acétates, des tartrates, des gluconatesetc.

Analyse qualitative et dosage quantitatif[modifier | modifier le code]

Lors du test de Marsh, le miroir d'antimoine obtenu par décomposition de l'hydrogène stibié (stibine) ou hydrure d'antimoine sur la surface du verre, n'est pas dissous par la solution d'hypochlorite, contrairement au miroir d'arsenic. L'antimoine en milieu acide réagit avec un hydrogénosulfure ou avec l'ion hydrogénosulfure pour former un sulfure orangé insoluble. C'est ce précipité coloré qui permettait autrefois d'attester la présence d'antimoine.

Précipité caractéristique de sulfure coloré.

Il est possible de séparer As et Sb à l'état de sulfures en dissolvant sélectivement Sb2S3 plus basique dans l'acide chlorhydrique et As2S3 plus acide dans le carbonate d'ammonium.

La quantité d’antimoine dans différents milieux est quantifiable par différentes méthodes analytiques. Pour dissocier l’antimoine de la matrice de son milieu, il faut, la plupart du temps, effectuer une digestion à l’aide d’un acide. Vu la grande toxicité de l’antimoine, l’INRS offre deux services de détection pour les composés d’antimoine dans le sang et l’urine, soit l’ICP-MS ou la SAA-four de graphite[33].

Les raies d'absorption sont intenses dans l'ultraviolet proche.

Occurrence dans les milieux naturels, minéralogie et géologie[modifier | modifier le code]

Le clarke s'élève entre 0,7 et 0,2 ppm ou en moyenne 0,5 g par tonne[34]. L'antimoine est un élément rare, dix fois moins fréquent que l'arsenic. Il est toutefois présent dans plus de cent minéraux.

L'antimoine se trouve encore plus rarement dans la nature sous forme d'un élément natif, le Sb métallique dénommé antimoine natif souvent avec des traces d'arsenic, de fer et d'argent. Ce minéral est parfois en alliage avec l'arsenic natif, ainsi le stibarsen ou l'arite. La breithauptite est un antimoniure de nickel naturel.

Pour les analyses de cycle de vie et l'appréhension de l'épuisement des ressources dites abiotiques, l'antimoine est l'unité utilisée depuis 2004 pour quantifier une consommation de matière première[35]. La conversion des quantités brutes vers leur équivalent antimoine ou kg d'antimoine fait intervenir la quantité totale de matière première disponible sur terre. Ainsi il existe des estimations en milligrammes d'antimoine par kilogramme, en milligrammes d'antimoine par litre…, pour estimer la rareté d'une entité décrite.

Formes, spéciation, minéraux les plus communs[modifier | modifier le code]

L’antimoine se trouve le plus facilement sous forme de sulfures, combiné, associé ou non avec d’autres métaux (plomb, cuivre, argent) sa spéciation influe grandement sur sa toxicité[36].

Stibine vue au microscope x240.

Sulfures[modifier | modifier le code]

  • La stibine ou antimonite (Sb2S3) est la forme la plus fréquente, largement majoritaire. Son nom provient du grec stibi qui signifie noir d’antimoine. Elle est de couleur gris acier, d’une densité de 4,6.
  • La berthiérite (FeSb2S4). Son nom lui a été donné en hommage à Pierre Berthier qui en fut le découvreur en 1827 à Chazelles dans le Puy-de-Dôme en France. Sa densité est également de 4,6.
Berthiérite de la mine Herja près de Kisbánya, Baia Mare, Maramures, Roumanie. Belle pièce à groupement de lamelles ou lames parfois de plus de 10 cm. Taille globale 16,7 × 10,0 × 8,5 cm.

La berthiérite se confond assez facilement avec la stibine. Pour les distinguer, il faut faire une attaque à l'hydroxyde de potassium (KOH). La stibine réagit plus facilement que la berthiérite en produisant un enduit jaune.

La gudmundite est un sulfure de fer et d'antimoine FeSbS du groupe des arsénopyrites. La wakabayashilite [(As,Sb)6S9][As4S5] est un sulfure complexe d'As et Sb.

Il existe une nombreuse famille de sulfosels d’antimoine contenant divers éléments métalliques comme le plomb, l’argent, le zinc, le cuivre. C’est le plomb qui est le plus fréquemment représenté. On peut citer par exemple :

Octaèdre gris-blanchâtre, cristal automorphe centimétrique de sénarmontite de la mine du Djebel Haminate, Ain Beida, Ancien Constantinois, Algérie.

Oxydes[modifier | modifier le code]

Les oxydes sont généralement colorés :

On connaît aussi des minéraux dont la composition est celle d'un oxyde mixte d'antimoine et d'un autre élément, notamment le fer :

Ces deux minéraux ont aussi pu être synthétisés[37].

Hydroxydes et oxohydroxydes[modifier | modifier le code]

Toxicité et environnement[modifier | modifier le code]

Toxicologie[modifier | modifier le code]

L'antimoine et la plupart de ses composés sont très toxiques ou toxiques, et souvent vomitifs et/ou irritants pour les muqueuses et la peau, voire l'estomac et l'intestin (après ingestion).

Le gaz antimoniure d'hydrogène ou hydrure d'antimoine présente une toxicité comparable à l'arsine. La limite de tolérance dans l'atmosphère de travail est 0,5 mg/m3 d'air. Il est parfois retrouvé dans l'eau en bouteille (à partir du PET qui en relargue)[38] et dans l'eau potable[39], à des concentrations « généralement inférieures aux valeurs réglementées »[40] ; vu sa toxicité, Santé Canada a émis une norme provisoire de concentration maximale acceptable pour l’eau potable qui est de 6 µg/L[41].

En France, il existe deux fiches toxicologiques sur le site de l'INRS[42]:

  • sur le trioxyde d'antimoine[43] (synonymes : anhydride antimonieux, antimoine trioxyde, diantimoine trioxyde, oxyde antimonieux, oxyde d’antimoine(III), sesquioxyde d’antimoine ; numéro CAS : 1309-64-4) ;
  • sur l’hydrure d'antimoine[44] (synonymes : antimoine trihydrure, hydrogène antimonié, hydrure d’antimoine, stibine ; numéro CAS : 7803-52-3).

L'antimoine semble être sous certaines formes toxique pour le spermatozoïde, génotoxique (clastogène[45],[46]) et reprotoxique[47],[48],[49]. Puis l'embryon, le fœtus et la femme enceinte et l'enfant y sont a priori beaucoup plus vulnérables que l'adulte en termes de risques. Aussi le « Volet périnatal » du programme national de biosurveillance a-t-il notamment porté sur l’imprégnation des femmes enceintes par l’antimoine. À l'occasion du suivi d'une cohorte de 4 145 femmes enceintes de la « Cohorte Elfe » ; femmes ayant accouché en France en 2011, hors Corse et TOM)[50], le dosage urinaire de 990 femmes enceintes a révélé la présence d'antimoine au-delà des seuils de détection dans 70 % des échantillons d’urine analysées (moyenne géométrique : 0,04 μg/L ; avec 0,06 μg/g de créatinine, soit un niveau proche des moyennes trouvées chez la femme (enceinte ou non, en France et à l’étranger) lors d'études précédentes[50]. Ce travail a montré que l'imprégnation des femmes enceintes par ce métalloïde croît avec la consommation de tabac et avec la consommation d’eau embouteillée)[50]. En zone industrielle et urbaine, l'air devient aussi une nouvelle source de contamination environnementale[51], à des doses éventuellement problématique pour l'embryon ou la femme enceinte[52].

Les seuils toxicologiques ont été choisis de manière à ne pas gêner l'industrie (ne pas empêcher la commercialisation des bouteilles PET en particulier), mais devraient selon les toxicologues André Picot et Jean-François Narbonne (2011) être revue à la baisse en Europe : « La VTR doit être mieux précisée, certaines valeurs limites comme celle retenue pour l’eau devraient être ramenées de 5 à 2 μg/L. Par ailleurs, la valeur limite de l’antimoine dans l’eau de consommation devrait être revue à la baisse au niveau européen, comme l’a déjà fait le Japon. De même en ce qui concerne le risque lié à l’exposition à l’antimoine et à ses composés en milieu de travail, une réévaluation de la norme, qui est actuellement de 0,5 mg/m3, devrait certainement aller vers son abaissement »[53]. La littérature scientifique suggère « que, bien que des concentrations de Sb allant jusqu'à 30 μg/g soient bioaccessibles dans les peintures extérieures et que des concentrations allant jusqu'à 20 mg/L soient migrantes dans certains articles en céramique, aucune réglementation pertinente n'est actuellement en place. Étant donné notre manque de compréhension des effets du Sb sur la santé, davantage d'études sur sa toxicité et sa mobilité à partir de produits couramment rencontrés sont nécessaires »[54].

Polluant émergent[modifier | modifier le code]

L'antimoine, rare dans la croûte terrestre était naturellement très peu présent dans l'eau et encore moins dans l'air (Reimann et al. 2010)[55]. Ayrault et al. (2010) notent qu'il a soudainement fortement augmenté (depuis le début des années 2000) dans l’air[56], ainsi que dans l’eau[57] au point d'être devenu l’un des éléments métalliques en traces (ETM) les plus enrichis dans les environnements urbains par rapport au fond géochimique[58].

Face à l'accroissement rapide de ce polluant dans l'environnement, des chercheurs tentent de trouver des techniques de dépollution efficace pour ce polluant retrouvé dans l'eau, l'air et les sols et sédiments. Une piste récente (publication 2021) est celle d'un adsorbant à base d'oxyde de graphène et d'alginate de sodium (GAD) doté d'une bonne capacité à adsorber l'antimoine présent dans l'eau (capacité d'adsorption de Langmuir est de 7,67 mg/g, mais en sachant que son efficacité diminue avec la température[59].

Cinétique environnementale et écotoxicologie[modifier | modifier le code]

L'antimoine est un métalloïde toxique, puissant vomitif, et a priori écologiquement non-essentiel et non-bénéfique[60]. Il est donc considéré comme indésirable dans les sols cultivés, les eaux de boisson et dans la chaine alimentaire.

Son comportement biogéochimique dans le système Sol-Rhizosphère-plante est longtemps resté méconnu ; comme pour de nombreux métaux, il est modulé par la nature du sol et le degré d'acidité de l'eau du sol, notamment ; il peut être bioaccumulé dans les parties comestibles de nombreuses plantes (céréales, légumes, légumineuses, notamment)[60]. Des études récentes ont porté sur la spéciation solide de l'antimoine dans les échantillons des bassins routiers et de bord de route ; elles ont montré que différentes formes chimiques de ce métalloïde existent dans son cycle biogéochimique, et lors de son parcours depuis la chaussée routière jusqu'aux bassins récepteurs, très influencées par les conditions rédox du milieu[61], et donc par les conditions microbiologiues du milieu ; en particulier, comme pour l'arsenic ou le mercure, certains micro-organismes du sol (champignons et bactéries) peuvent biométhyler les composés trivalents de l'antimoine et former des composés encore plus toxiques et bioassimilables[53]. Comme pour d'autres métaux et métalloïdes, les champignons semblent pouvoir être utilisés pour un biomonitoring de l'environnement[62] ; dans le cas d'une analyse des métaux et métalloïdes de neuf espèces de champignons comestibles venant de cinq régions de la Chine, les taux de Sb étaient compris entre une valeur indétectable par la méthode (ICP-MS) utilisée et 0,11 µg/g de champignon sec.

De manière générale, l'antimoine se montre toxique pour de nombreux animaux (produit notamment génotoxique et cancérogène, interagissant avec divers antioxydants enzymatiques (peroxydase, catalase, ascorbate peroxydase, superoxyde dismutase, glutathion peroxydase) et non enzymatiques (glutathion, phytochélatines, proline et acide ascorbique) en produisant des radicelles réactifs et en induisant un stress oxydatif). Certains de ses composés sont en outre de puissants perturbateurs endocriniens[53].

Les plantes ont développé une tolérance à l'antimoine, qui leur fait jouer un rôle important dans les phénomènes de bioaccumulation, d'écotoxicité et de contamination du réseau trophique et de la chaîne alimentaire par le Sb[60].

Usages[modifier | modifier le code]

Un échantillon d’antimoine.
Grenaille de plomb de chasse (durcie par de l'arsenic et de l'antimoine sans lesquels le plomb serait trop mou).

Corps simple et alliages[modifier | modifier le code]

L'antimoine en tant que corps simple est cassant ou à propriétés mécaniques fragiles. Il est presque toujours employé comme additif ou catalyseur pour divers emplois industriels et médicaux[63]. Il était présent dans le « métal d'Alger », le « métal de la Reine ».

L'antimoine est présent dans certains pigments ; il ne semble pas utilisé pour les peintures artistiques, mais les anciennes peintures contenaient très fréquemment du Sb comme agent anti-farinage, et les peintures plus récentes aux couleurs vives peuvent encore contenir du Sb comme fixateur de couleur, y compris sur du mobilier urbain et les équipements de jeux pour enfants, à des concentrations parfois très élevées (jusqu'à plusieurs centaines à environ 25 000 μg/g) selon Turner et Filella (2020)[54].

Dans le verre et la céramique, Sb est présent sous forme de pigment, d'agent de collage, d'opacifiant ou de fixation ; il est largement présent dans les peintures-émaux jusqu'à des concentrations de 6 % ; jusqu'à plusieurs milliers de μg/g selon Turner et Filella (2020).

C'est ainsi un composant fréquent d'alliages notamment de métaux comme le plomb (dont il augmente la dureté) servant à la fabrication :

Corps composés[modifier | modifier le code]

Poudre blanche de trioxyde d'antimoine.
Un sac de trioxyde d'antimoine.

Sous forme d'oxyde Sb2O3 : il diminue la propagation des flammes dans les matières plastiques[68].
Il entre aussi dans la composition du PET comme résidu de catalyseur de la réaction de polymérisation[69], devenant contaminant de l'eau pour sa part qui est désorbée du plastique des bouteilles (alors qu'il pourrait être remplacé par le dioxyde de titane (TiO2), comme les Japonais ont commencé à le faire)[53].

Les oxydes d'antimoine permettent de produire un verre blanc opaque.

Le pigment jaune sous la glaçure de cette poterie d'origine morave et anabaptiste, commémorant l'an 1657 provient d'un composé d'antimoine.

Les composés d'antimoine entrent dans la composition de nombreuses glaçures. Le trifluorure d'antimoine SbF3 est un agent décapant ou un agent fluorant, aussi utilisé en poterie/céramique.

Le beurre d'antimoine ou SbCl3 est un produit intermédiaire de la chimie de l'antimoine. Cette base de Lewis sert pour élaborer des catalyseurs, des réactifs pour la synthèse de la vitamine A.

Le trisulfure Sb2S3 peut servir à former des pâtes pour allumage des allumettes. Il sert en pyrotechnie, ainsi que dans l'élaboration des verres rouges.

Utilisation médicale[modifier | modifier le code]

Structure simplifiée du tartrate double de potassium et d'antimonyle. Une autre présentation de ce vomitif se trouve en :File:Emetic2.png

L'un de ses composés avait un usage cosmétique : stibine broyée pour élaborer le khôl.


Dans l'Antiquité, l'antimoine était utilisé comme vomitif ; des coupes ou récipients en alliages à base d'antimoine servaient à conserver du vin, dont certains composants réagissent avec l'antimoine pour former des corps toxiques à effet vomitif puissant. Ainsi, les riches fêtards romains pouvaient, après s'être fait vomir, continuer à engloutir des mets raffinés, servis par leurs esclaves. Cet usage abusif est passé dans la médecine gréco-romaine.

Coupe en antimoine ou alliage fortement antimonié avec sa trousse protectrice, XVIIe siècle. Son usage est strictement médical : du vin y était conservé pendant 12 à 24 h, puis bu pour faire vomir et transpirer, c'est-à-dire comme purge d'excès d'humeurs du patient. Il existait également des cuillères à soupe ou petites cuillères ayant le même effet, pour un moindre coût.

En 1566, le Parlement de Paris en interdit l'usage en médecine[70], une mesure que la faculté de Montpellier refuse de respecter.

Le , Louis XIV est victime d'une grave intoxication alimentaire lors de la prise de Bergues dans le Nord. Le lundi , il reçoit les derniers sacrements et on commence à préparer sa succession. Mais François Guénault (1586-1667), le médecin d'Anne d'Autriche[réf. souhaitée], lui donne un émétique à base d'antimoine et de vin, qui le guérit « miraculeusement ». Le Parlement de Paris finit alors, en 1666, par ré-autoriser l'usage de l'antimoine à des fins médicales[70].

Crisis médica sobre el antimonio[71] (1701)

En 1701, le médecin espagnole Diego Mateo Zapata publie Crisis Médica sobre el antimonio[72], un ouvrage pamphlétaire qui crée la polémique, sur l'utilisation notamment de l'antimoine en médecine[73].

Des composés de l'antimoine sont utilisés pour guérir des maladies parasitaires, comme l'antimoniate de méglumine pour la leishmaniose humaine et canine[74].

En pharmacie, il existe des pommades stibiées censées atténuer la douleur.

Production et commerce[modifier | modifier le code]

Minerais d'antimoine et traitements directs[modifier | modifier le code]

Les principaux minerais d'antimoine sont par ordre la stibine Sb2S3 présents en filons massifs (peut-être plus de 71 % de la production directe), la valentinite Sb2O3 autrefois en Algérie), l'(oxy)hydroxyde d'antimoine Sb2O4. H2O. L'exploitation des autres oxydes d'antimoine ou hydroxydes d'antimoine est encore plus rare.

En 1990, les principaux pays extracteurs de minerais d'antimoine sont la Chine, la Russie, l'Afrique du Sud, la Bolivie, le Mexique, le Canada et l'Australie.

Les minerais principalement à base de stibine, mais aussi de quartz ou d'autres reliquats rocheux sont concassés, enrichis par flottation, puis fondus vers 550-600 °C. Une masse grise s'écoule au fond du creuset car la stibine ou trisulfure d'antimoine est facilement fusible. Elle cristallise ensuite en aiguilles cristallines, cette masse est dénommée « antimoine cru ».

Le métal est ensuite obtenu par grillage des sulfures et/ou par réduction via le monoxyde de carbone, opérations perfectionnées par les fondeurs français à la Belle Époque.

Donnons d'abord la réaction exothermique de grillage au four tournant :

2 Sb2S3 solide cristal en aiguilles + 9 O2 gaz (de l'air) → 2 Sb2O3 poudre solide + 6 SO2 gaz anhydride sulfureux avec = −2 876 kJ/mol.

Elle est suivie par la réduction par le charbon de bois (charbon actif) qui s'opère dans un four de fusion, c'est-à-dire un four à montée de chauffe rapide. Voilà la réaction globale :

2Sb2O3 solide cristal pulvérulent + 3 C charbon de bois → 4 Sb dépôt en rhomboèdres + 3 CO2 gaz anhydride carbonique.

Donnons enfin la réaction de grillage dans un four à fosse.

2 Sb2O3 solide cristal pulvérulent + Sb2S3 solide cristal en aiguilles → 6 Sb dépôt en rhomboèdres + 3 SO2 gaz anhydride sulfureux.

Le raffinage de l'antimoine est typique de celui des semi-métaux. Il peut s'effectuer par sublimation ou par fusion de zone.

Production industrielle actuelle[modifier | modifier le code]

C'est le plus souvent un sous-produit du raffinage ou de la métallurgie du plomb, du cuivre et de l'argent. Mais une partie non négligeable de l'antimoine peut également être récupérée au cours du traitement des ordures.

L'antimoine est une ressource non renouvelable, produite dans les pays suivants :

Pays Tonnes % du total
République populaire de Chine 126 000 81,5
Russie 12 000 7,8
Afrique du Sud 5 023 3,3
Tadjikistan 3 480 2,3
Bolivie 2 430 1,6
Total cinq pays 148 933 96,4
Total monde 154 538 100,0

Chiffres de 2003, métal contenu dans les minerais et concentrés, source : L'état du monde, 2005.

La Chine produisait en 2006 87 % de l'approvisionnement mondial[75].

La production globale, incluant la récupération des ordures, en 1990 atteignait déjà 90 000 t.

Histoire de la production[modifier | modifier le code]

Usine d'antimoine du Babory en 1900 à Massiac.

À la Belle Époque, la France figurait parmi les tout premiers producteurs mondiaux d'antimoine avec les sites mayennais de Laval, corses d'Ersa, de Luri ou de Meria, auvergnats de Massiac, d'Ouche ou de la vallée de la Sianne, où le fondeur Emmanuel Chatillon améliore le procédé de grillage, l'industriel métallurgiste Emmanuel Basse Vitalis rationalise son extraction et sa production… sans oublier les mines notamment algériennes de la compagnie des mines de la Lucette.

Emmanuel Chatillon, industriel français du procédé de traitement de l’antimoine par « grillage volatilisant ».

La France fut ainsi le premier producteur mondial d’antimoine entre 1890 et 1910 grâce à la production de la Compagnie des mines de La Lucette, propriétaire de gisements en Mayenne, près de Laval, et des mines d'antimoine d'Auvergne.

Commerce en France[modifier | modifier le code]

En 2016, la France est importatrice nette d’antimoine, d'après les douanes françaises. Le prix moyen à la tonne à l'import est de 5 500 [76].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Beatriz Cordero, Verónica Gómez, Ana E. Platero-Prats, Marc Revés, Jorge Echeverría, Eduard Cremades, Flavia Barragán et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  2. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC, , 89e éd., p. 10-203
  3. a b et c (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  4. (en) Thomas R. Dulski, A manual for the chemical analysis of metals, vol. 25, ASTM International, , 251 p. (ISBN 0803120664, lire en ligne), p. 71
  5. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  6. a et b Entrée « Antimony » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 22 août 2018 (JavaScript nécessaire)
  7. « Antimoine » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  8. (en) Gabriela Ungureanu, Sílvia Santos, Rui Boaventura et Cidália Botelho, « Arsenic and antimony in water and wastewater: Overview of removal techniques with special reference to latest advances in adsorption », Journal of Environmental Management, vol. 151, 15 mars 2015, p. 326–342
  9. Silvia Canepari, Elisabetta Marconi, Maria Luisa Astolfi et Cinzia Perrino, « Relevance of Sb(III), Sb(V), and Sb-containing nano-particles in urban atmospheric particulate matter », Analytical and Bioanalytical Chemistry, vol. 397, no 6,‎ , p. 2533–2542 (ISSN 1618-2642 et 1618-2650, DOI 10.1007/s00216-010-3818-1).
  10. David Dupont, Sander Arnout, Peter Tom Jones et Koen Binnemans, « Antimony Recovery from End-of-Life Products and Industrial Process Residues: A Critical Review », Journal of Sustainable Metallurgy, vol. 2, no 1,‎ , p. 79–103 (ISSN 2199-3823 et 2199-3831, DOI 10.1007/s40831-016-0043-y).
  11. Sameer Amereih, Thomas Meisel, Robert Scholger et Wolfhard Wegscheider, « Antimony speciation in soil samples along two Austrian motorways by HPLC-ID-ICP-MS », Journal of Environmental Monitoring, vol. 7, no 12,‎ , p. 1200 (ISSN 1464-0325 et 1464-0333, DOI 10.1039/b510321e).
  12. M. Philippe, P. Le Pape, L. Bordier, G. Landrot, L. Delbes et S. Ayrault (2020) L'antimoine, un polluant émergent dans les sols et rivières urbaines : les bassins de rétention autoroutiers comme modèles de milieux récepteurs réactifs. (version PDF)
  13. (en) Sophie Ayrault, Cindy Rianti Priadi, Pierre Le Pape et Philippe Bonté, Occurrence, Sources and Pathways of Antimony and Silver in an Urban Catchment, Springer Netherlands, , 425–435 p. (ISBN 978-94-007-7755-2, DOI 10.1007/978-94-007-7756-9_37).
  14. a b c et d IRSN, Fiche radionucléide - Antimoine 125 et environnement [PDF], 25 p.
  15. Dictionnaire étymologique des mots français venant de l'arabe, du turc et du persan, Georges A. Bertrand
  16. a et b (de) Karl Lokotsch, Etymologisches Wörterbuch der Europäischen (Germanischen, Romanischen und Slavischen) Wörter Orientalischen Ursprungs, Carl Winter's Universitätsbuchhandlung C. F. Wintersche Buchdruckerei, (lire en ligne)
  17. Jean-Pierre Tricot, CURRUS TRIOMPHAL!S ANTIMONII ou LE TRIOMPHE DE LA IATROGENESE.
  18. Antimoine sur universalis.fr
  19. Cité par W. F. Albright, Notes on Egypto-Semitic Etymology. II, The American Journal of Semitic Languages and Literatures, vol. 34, no 4, juillet 1918, p. 215–255 (p. 230).
  20. Pline l'Ancien, L'Histoire Naturelle, XXIII, 23.
  21. Voir par exemple Diana Fernando, Alchemy : an illustrated A to Z (1998)
  22. Paul Depovere, La classification périodique des éléments. La merveille fondamentale de l'Univers, De Boeck Supérieur, , p. 98.
  23. (de) Edmund von Lippmann (1919) Entstehung und Ausbreitung der Alchemie, teil 1. Berlin: Julius Springer, p. 643-5
  24. a et b Lippmann, p. 642
  25. Greek-Englis Lexicon de Liddel-Scott-Jones : la déclinaison et la vocalisation varient ; Endlich, F.M. On Some Interesting Derivations of Mineral Names, The American Naturalist, vol. 22, no 253, janvier 1888, p. 21–32 (p. 28) ; Celse, 6.6.6 ff ; Pline, L'Histoire Naturelle 33.33 ; Lewis and Short : Latin Dictionary.
  26. Sarton, George. (1935) Review of Al-morchid fi'l-kohhl, ou Le guide d'oculistique, traduit par Max Meyerhof. Isis (1935), 22(2):539-542
  27. Endlich, p. 28, l'avantage de as-stimmi serait qu'il partage une syllabe entière avec antimonium.
  28. Source Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
  29. Mascherpa G. (1982), La querelle de l’antimoine et la victoire de la chimie. Parties I et II, L’Act. Chim., avril et mai 1982, p. 45.
  30. Lire en ligne [PDF], Sciences et Avenir, no 360, février 1977.
  31. (en) A. F. Crawley et D. R. Kiff, « The density and viscosity of liquid antimony », Metallurgical and Materials Transactions B, vol. 3, no 1,‎ , p. 157–159 (ISSN 1543-1916, DOI 10.1007/BF02680594).
  32. ARIA (2005) Fuite d’un catalyseur à base de trichlorure d’antimoine ; N° 29974 - 07/06/2005 - France - 69 - Pierre-bénite
  33. Dosage de l'antimoine sanguin - Biotox - INRS (Institut national de recherche et de sécurité)
  34. Alain Foucault, opus cité.
  35. Référence manquante
  36. Picot A. et Proust N., Toxicochimie des produits minéraux : importance de la spéciation, Encyclopédie Médico-Chirurgicale (EMC), Toxicologie Pathologie professionnelle, Elsevier, à paraître[Quand ?].
  37. (en) Juraj Majzlan, Marek Tuhý, Edgar Dachs et Artur Benisek, « Thermodynamics of schafarzikite (FeSb2O4) and tripuhyite (FeSbO4) », Physics and Chemistry of Minerals, vol. 50,‎ , article no 24 (DOI 10.1007/s00269-023-01249-2 Accès libre).
  38. Shotyk W, Krachler M, Chen B. Contamination of Canadian and European bottled waters with antimony from PET containers. J Environ Monit. 2006;8(2):288- 92
  39. OMS/WHO (2003) Antimony in Drinking-water ;14
  40. (en) Montserrat Filella, « Antimony and PET bottles: Checking facts », Chemosphere, vol. 261,‎ , p. 127732 (ISSN 0045-6535, DOI 10.1016/j.chemosphere.2020.127732, lire en ligne, consulté le ).
  41. Page 2 - Recommandations pour la qualité de l'eau potable au Canada : documentation à l'appui : Antimoine.
  42. Sécurité et santé au travail : INRS
  43. Trioxyde de diantimoine, FT 198
  44. Trihydrure d'antimoine, FT 202
  45. Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1992). Comparison of the clastogenic effects of antimony trioxide on micein vivo following acute and chronic exposure. Biometals, 5(1), 47-50|résumé.
  46. Gurnani, N., Sharma, A. et Talukder, G. (1993), Comparison of clastogenic effects of antimony and bismuth as trioxides on mice in vivo. Biological trace element research, 37(2-3), 281-292|résumé
  47. Elliott, B. M., Mackay, J. M., Clay, P. et Ashby, J. (1998), An assessment of the genetic toxicology of antimony trioxide. Mutation Research/Genetic Toxicology and Environmental Mutagenesis, 415(1), 109-117|résumé.
  48. Beliaeva AP. The effect of antimony on the generative function.(0016 -9919
  49. Jelnes J.E. (1988), Semen quality in workers producing reinforced plastic | Reproductive Toxicology, 2(3-4), 209-212.|résumé
  50. a b et c : métaux et métalloïde des recherches de la cohorte Elfe ; Décembre 2016 ; SANTÉ PUBLIQUE France / Imprégnation des femmes enceintes par les polluants de l’environnement en France en 2011. Volet périnatal du programme national de biosurveillance|PDF, 224p|Aussi disponible à partir de l’URL : www.santepubliquefrance.fr
  51. (en) Sophie Ayrault, Abderrahmane Senhou, Mélanie Moskura et André Gaudry, « Atmospheric trace element concentrations in total suspended particles near Paris, France », Atmospheric Environment, vol. 44, no 30,‎ , p. 3700–3707 (DOI 10.1016/j.atmosenv.2010.06.035, lire en ligne, consulté le ).
  52. Fort M, Grimalt JO, Querol X, Casas M, Sunyer J. Evaluation of atmospheric inputs as possible sources of antimony in pregnant women from urban areas, Science of The Total Environment, 2016, 544:391-9.
  53. a b c et d A. Picot et J.F. Narbonne (2011), L'antimoine, un toxique mythique toujours méconnu, L'actualité chimique, (351), 53.
  54. a et b (en) Andrew Turner et Montserrat Filella, « Antimony in paints and enamels of everyday items », Science of The Total Environment, vol. 713,‎ , p. 136588 (DOI 10.1016/j.scitotenv.2020.136588, lire en ligne, consulté le )
  55. (en) Clemens Reimann, Jörg Matschullat, Manfred Birke et Reijo Salminen, « Antimony in the environment: Lessons from geochemical mapping », Applied Geochemistry, vol. 25, no 2,‎ , p. 175–198 (ISSN 0883-2927, DOI 10.1016/j.apgeochem.2009.11.011).
  56. (en) Sophie Ayrault, Abderrahmane Senhou, Mélanie Moskura et André Gaudry, « Atmospheric trace element concentrations in total suspended particles near Paris, France », Atmospheric Environment, vol. 44, no 30,‎ , p. 3700–3707 (DOI 10.1016/j.atmosenv.2010.06.035, lire en ligne, consulté le ).
  57. (en) L. Tessier et P. Bonté, « Suspended sediment transfer in Seine river watershed, France: a strategy using fingerprinting from trace elements », Science for Water Policy, p. 79-99, 2002.
  58. (en) Sophie Ayrault, Cindy Rianti Priadi, Pierre Le Pape et Philippe Bonté, « Occurrence, Sources and Pathways of Antimony and Silver in an Urban Catchment », dans Urban Environment, Springer Netherlands, , 425–435 p. (ISBN 978-94-007-7755-2, DOI 10.1007/978-94-007-7756-9_37).
  59. (en) Xiuzhen Yang, Tengzhi Zhou, Renjian Deng et Zhenya Zhu, « Removal of Sb(III) by 3D-reduced graphene oxide/sodium alginate double-network composites from an aqueous batch and fixed-bed system », Scientific Reports, vol. 11, no 1,‎ , p. 22374 (ISSN 2045-2322, PMID 34789761, PMCID PMC8599853, DOI 10.1038/s41598-021-01788-0, lire en ligne, consulté le ).
  60. a b et c (en) Natasha et Muhammad Shahid, « Biogeochemistry of antimony in soil-plant system: Ecotoxicology and human health », sur Applied Geochemistry, (DOI 10.1016/j.apgeochem.2019.04.006, consulté le ), p. 45–59.
  61. Maja Arsic, Peter R. Teasdale, David T. Welsh et Scott G. Johnston, « Diffusive Gradients in Thin Films Reveals Differences in Antimony and Arsenic Mobility in a Contaminated Wetland Sediment during an Oxic-Anoxic Transition », Environmental Science & Technology, vol. 52, no 3,‎ , p. 1118–1127 (ISSN 0013-936X et 1520-5851, DOI 10.1021/acs.est.7b03882).
  62. (en) G. Ingrao, P. Belloni et G. P. Santaroni, « Mushrooms as biological monitors of trace elements in the environment », Journal of Radioanalytical and Nuclear Chemistry, vol. 161, no 1,‎ , p. 113–120 (ISSN 1588-2780, DOI 10.1007/BF02034885).
  63. « L'antimoine, ce catalyseur oublié », sur rts.ch, (consulté le )
  64. BRGM (2012), Panorama 2011 du marché de l'antimoine – Rapport public. Orléans, BRGM, Contract No.: RP -61342- FR.
  65. Kerstin Hockmann, Susan Tandy, Markus Lenz, René Reiser, Héctor M. Conesa, Martin Keller, Björn Studer, Rainer Schulin (2015), Antimony retention and release from drained and waterlogged shooting range soil under field conditions, Chemosphere, vol. 134, septembre 2015, p. 536–543.
  66. Okkenhaug G, Gebhardt KAG, Amstaetter K, Bue HL, Herxel H, Almås ÅR, Cornelissen G, Breedveld GD, Rasmussen G et Mulder J (2016), Antimony (Sb) and lead (Pb) in contaminated shooting range soils: Sb and Pb mobility and immobilization by iron based sorbents, a field study, Journal of Hazardous Materials, 307:336-343.
  67. Gudny Okkenhaug, Yong-Guan Zhu, Lei Luo et Ming Lei, « Distribution, speciation and availability of antimony (Sb) in soils and terrestrial plants from an active Sb mining area », Environmental Pollution, vol. 159, no 10,‎ , p. 2427–2434 (ISSN 0269-7491, DOI 10.1016/j.envpol.2011.06.028).
  68. NRC (2000) Toxicological Risks of Selected Flame -Retardant Chemicals | Washington, DC: National Research Council.
  69. admin.ch, Antimoine dans les denrées alimentaires et repas de commodité conditionnés en barquettes de PET, 23.08.2007. Consulté le 10 juin 2013.
  70. a et b Jean-Dominique Bourzat, « La saga de l’antimoine », L’actualité chimique, no 293,‎ , p. 40 (lire en ligne [PDF])
  71. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Crisis_médica_sobre_el_antimonio_(1701).pdf
  72. http://www.biblioteca.org.ar/libros/71098.pdf
  73. (es) Fernández, Tomás y Tamaro, Elena, « Biografia de Diego Mateo Zapata, Biografías y Vidas. La enciclopedia biográfica en línea », sur www.biografiasyvidas.com, Barcelone (Espagne), (consulté le )
  74. « Med'Vet - Médicament GLUCANTIME® », sur med-vet.fr (consulté le ).
  75. Arnaud de la Grange, « Pékin joue de l'arme des « terres rares » », Le Figaro, 25 octobre 2010.
  76. « Indicateur des échanges import/export », sur Direction générale des douanes. Indiquer NC8=81101000 (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]


  1 2                               3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
1  H     He
2  Li Be   B C N O F Ne
3  Na Mg   Al Si P S Cl Ar
4  K Ca   Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
5  Rb Sr   Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
6  Cs Ba   La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
7  Fr Ra   Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Nh Fl Mc Lv Ts Og
8  119 120 *    
  * 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142  


Métaux alcalins Métaux alcalino-terreux Lanthanides Métaux de transition Métaux pauvres Métalloïdes Non-métaux Halogènes Gaz nobles Éléments non classés
Actinides
Superactinides