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Andrée Marie Denise Gros, née Duruisseau le 14 août 1925 à Garat (Charente), et signalée également comme Gros-Duruisseau, est une résistante, déportée et passeuse de mémoire française, récipiendaire de la plus haute distinction de la Légion d'Honneur le 14 juillet 2023.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse, engagement et déportation[modifier | modifier le code]

Née en août 1925 dans une petite ville des Charentes, Andrée Marie Denise Duruisseau grandit avec ses parents agriculteurs et entrepreneurs de battages et labours, Alcide et Augustine, ainsi que son frère de quinze ans son aîné, puis l'épouse et la fillette de celui-ci, dans la maison familiale isolée dite "Les Forêts" sur le territoire du village limitrophe de Bouëx, qui, durant l'Occupation, se trouve à trois kilomètres environ de la ligne de démarcation. Elle a aussi une sœur de douze ans plus âgée qu'elle qui réside, non loin de là, à la gendarmerie de Brigueuil.

Lorsque la Deuxième Guerre Mondiale éclate, elle est une adolescente de bientôt quatorze ans et les avis de mobilisation affichés par le garde-champêtre sur les murs du petit village la frappent particulièrement, d'autant que les gens discutent alors des souvenirs de la Première Guerre, qui lui paraissent très lointains, mais de moins en moins, surtout lorsque son frère doit partir. Aussi, elle pense avec inquiétude au monument aux morts de ce dernier conflit, devant lequel chaque année, elle va avec sa famille déposer des fleurs et chanter la Marseillaise. De plus, peu d'informations sont disponibles, mais les voisins du village viennent écouter la T.S.F. chez les Duruisseau. L'avancée de l’armée allemande en France se poursuit de façon de plus en plus marquée tout en terrorisant la jeune Andrée, qui n'accepte pas l'éventualité même que son pays soit battu. Des troupes françaises partant vers le Sud avec leur État-Major stationnent à la ferme familiale, réquisitionnée deux jours durant. L'Armistice arrive et représente une fin de la guerre inacceptable pour la famille, qui voit arriver des troupes allemandes en Charente.

Dans le contexte de la capitulation suivie d'Occupation et de Collaboration, toute la famille Duruisseau entre rapidement dans la Résistance, notamment en fournissant des renseignements sur les déplacements des troupes allemandes, les patrouilles et les postes de gardes longeant une part voisine de la ligne de démarcation.

Andrée, âgée de seulement quinze ans, s'illustre dans cet engagement. La jeune fille a un rôle de postière en transportant le courrier caché sous sa selle de vélo. Elle et sa famille aident des réfugiés de la zone occupée voulant franchir la ligne de démarcation, sont de ceux qui cachent des personnes juives, réalisent des faux papiers et récupèrent des armes parachutées. L'engagement consiste aussi à continuer de chanter l'hymne français et des chants patriotiques, même une fois que la famille est finalement dénoncée, deux ans plus tard.

Dans un premier temps, d'autant que la censure élimine les discours discordants, les voisins de la famille ne partagent souvent pas d'idées résistantes, au contraire, et sont d'autant plus susceptibles de vouer au maréchal Pétain une admiration inconditionnelle que celui-ci était auparavant un héros national et que certains ont combattu au cours de la Première Guerre Mondiale.

La vie quotidienne change cependant d'une façon radicale décrite en ces termes par Andrée Gros.

" Les Allemands patrouillaient sur toutes les routes de la commune. Ils s’imposaient dans les maisons en demandant du ravitaillement, parfois se servaient. Il fallait camoufler les produits de la ferme. Les réquisitions d’animaux étaient fréquentes, surtout lorsque le Maire collaborait avec l’occupant. Nous n’avions pas d’essence pour la voiture, cachée dans une grange. Des bons d’essence nous étaient distribués très parcimonieusement par la mairie pour les besoins du tracteur. Il fallait avoir recours à la ruse pour dissimuler et soustraire le plus possible de produits pour en disposer personnellement et ne faire profiter que la famille et les amis. Certains producteurs pratiquaient le marché noir, ce qui provoqua la méfiance chez les agriculteurs redoutant les dénonciations. Nous devions nous conformer aux lois allemandes avec toutes les contraintes qu’elles nous imposaient. Dès que nous apprenions un arrivage ou une distribution de ravitaillement dans un magasin, je partais en vélo munie des tickets de la famille pour de longues heures dans une file d’attente, souvent sans rapporter la moindre nourriture.

A l’école, le chant du Maréchal était obligatoire. On demandait aux élèves d’écrire au Maréchal avec la promesse d’une réponse. Je fus très choquée par la disparition du drapeau français, remplacé par la Croix gammée et les couleurs allemandes. Toutes les valeurs qui m’avaient été inculquées étaient anéanties. Les Allemands défilaient fièrement dans nos rues, au pas cadencé en chantant à pleine voix. "

Alors même que le terme de résistance n'existe pas encore, Andrée, dont le caractère est aussi attaché à son pays que frondeur et indiscipliné, s'indigne et s'ancre dans un refus spontané de toute attitude collaborationniste, puis s'engage en zone frontalière.

" Le poste frontière était situé au village de la Petitie sur la route de Marthon. Par la kommandantur de Sers, j’obtenais un laissez-passer. Les communications entre les 2 zones étant interdites, je passais du courrier caché dans le guidon de mon vélo ou dans mes vêtements. A la demande des militaires français du poste du Chatelars, je transmettais des plans de la commune de Bouëx avec la situation d’hébergement des troupes d’occupations. Je conduisais clandestinement des familles en zone non occupée : à Vouzan et Marthon. Je fut arrêtée et fouillée deux fois. Durant cette période, jusqu’au mois de novembre 1942, ma vie quotidienne s’organisa dans l’exaltation dont le pôle principal d’attraction était : La Ligne de Démarcation."

Le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.) occasionna une autre étape de lutte. Mon frère désigné pour le S.T.O. refusa de se soumettre. Il se cacha avec un collègue dans une vieille maison isolée près de Vouzan. Je leur apportais du ravitaillement en évitant les rencontres indésirables. Le travail de faux papiers commença à cette époque. Un laboratoire de photos fut mis sur pied à la maison. Je faisais les déplacements nécessaires à cette organisation conçue par mon frère.  René CHABASSE nous mit en contact avec RISPARD. C’est en 1943 qu’il recruta ma famille et moi-même, pour appartenir à un réseau de résistance. Nous sommes initiés aux règles de la clandestinité. Je fus homologuée agent P2 du B.C.R.A. au service du B.O.A. Mon rôle consistait à assurer les liaisons entre René CHABASSE, notre responsable B.O.A. et différentes personnes sur Angoulême ou les environs. Je devais apprendre par cœur les adresses des personnes à contacter. Une gamine ne pouvant être soupçonnée, des missions m’étaient confiées surtout sur Angoulême : la caisse d’épargne, le magasin prisunic, une personne travaillant aux impôts, une autre à la préfecture, un magasin rue de Beaulieu etc. Toujours en vélo que je déposais à l’entrée d’Angoulême chez un marchand de grain. J’apportais du ravitaillement à un officier anglais et à 2 américains camouflés chez mon oncle à Jard dans la commune de Vouzan.

L’arrivée de Londres du Délégué Militaire Régional Claude BONNIER et de son adjoint Jacques NANCY provoqua un regain d’activités et une clarification dans les missions. Les annonces de parachutages ont suscité la mise en place de nouvelles structures et une organisation plus performante. Il fallait mettre sur pied un certain nombre d’éléments pour recevoir les armes, les cacher et les distribuer. Notre maison était le lieu de rassemblement. Dans ma famille, chacun à son niveau était engagé dans l’action. Après l’arrestation et le suicide de Claude à Bordeaux, J. NANCY regagna la Charente. Il s'installa à la maison pour former des saboteurs.L’assassinat de René CHABASSE par les Allemands bouleversa notre groupe. La nuit du 21 fév. 1944, j’allais prévenir sa famille, récupérer tous les papiers compromettants et amener un rescapé du B.O.A. (Charles FRANC) à la maison.

Le lendemain, sur l’ordre de Jacques, je partais très tôt à Angoulême pour avoir des renseignements sur cet événement tragique. Avec prudence et malgré des contacts absents, j’eus la certitude que René était bien mort mais qu’il n’avait pas encore été identifié.

Les contacts avec Londres étant interrompus, les activités du B.O.A. furent mises en sommeil. J. NANCY créa la Section Spéciale de Sabotage (S.S.S.) à la maison qui resta le P.C. et le point de ralliement. Une trahison nous faisant redouter l’arrivée de la Gestapo, le groupe s’installa au Mas de Vouzan, ce lieu ne devait être connu de personne. Je servais d’intermédiaire et d’agent de liaison entre Jacques NANCY, les groupes et les isolés."

Elle dit qu'elle n'avait jamais conscience d'agir héroïquement, mais toujours avec un enthousiasme naturel.

Andrée est déportée et torturée à Angoulême, puis au fort de Romainville et à Ravensbrück, à 17 ans. Son père lui offre un cahier dont elle fait son journal intime. Elle retrouvera sa famille le 1er juin 1945.

Notes et références[modifier | modifier le code]

https://www.memoresist.org/resistant/andree-gros/

https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/charente/portrait-la-resistante-charentaise-andree-gros-promue-a-la-legion-d-honneur-la-guerre-ce-n-est-pas-que-les-hommes-2812931.html

https://www.francebleu.fr/infos/societe/la-resistante-charentaise-andree-gros-recoit-la-grand-croix-de-la-legion-d-honneur-3855692

https://www.sudouest.fr/charente/cognac/andree-gros-figure-de-la-resistance-elevee-grand-croix-de-la-legion-d-honneur-15933965.php

https://www.francebleu.fr/infos/societe/la-charentaise-andree-gros-elevee-a-la-dignite-de-grand-croix-de-la-legion-d-honneur-7958977

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Fichier:Andrée Gros Duruisseau.jpg

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https://aphgpoitoucharentes.wordpress.com/2018/01/19/le-cnrd-2018-sengager-pour-liberer-la-france/

https://www.charentelibre.fr/charente/andree-gros-une-vie-de-memoire-6133130.php