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Gestion transverse et domaines d'application[modifier | modifier le code]

La mise en œuvre d'une démarche de développement durable dans une organisation (collectivité ou entreprise) est un processus complexe, qui engage toutes les fonctions de l'entreprise. Il s'agit de mettre en place une véritable gestion de programme transverse, avec des correspondants dans les principales entités de l'organisation, en impliquant les parties prenantes dans un modèle économique durable[1]. Nous donnons ci-dessous quelques exemples de domaines d'application particulièrement concernés par la mise en œuvre d'une démarche de développement durable ou de responsabilité sociétale.

Marketing[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'identifier les opportunités et les menaces dans le contexte d'une sensibilité accrue des consommateurs et du marché aux enjeux du développement durable, en accord avec les parties prenantes[2]. Le marketing doit aussi véhiculer vers les autres domaines de l'entreprise les valeurs demandées par le marché. Le marketing doit éviter de construire des messages publicitaires vantant le développement durable si le fonctionnement de l'entreprise est inchangé (Écoblanchiment)[3].

Élizabeth Reiss montre que les entreprises ont intérêt à créer des produits et des services responsables, parce que les clients le demandent, et parce ce que c'est rentable. Elle donne des pistes pour revoir les modes de production et de communication. L'entreprise y gagne en productivité et fidélise ses équipes et ses clients[4].

Christophe Sempels et Marc Vandercammen analysent le comportement du consommateur responsable, et soulignent le rôle du marketing dans la mise en œuvre d'innovations durables et dans leur acceptation par les marchés. Ils cherchent à créer le lien entre une demande et une offre plus responsables, en passant d'une logique « produit » à une logique « service »[5].

Recherche et développement[modifier | modifier le code]

La recherche et développement doit développer des produits selon les attentes définies par le marketing. Ces produits doivent satisfaire des critères de qualité environnementale et sociale, à des prix compatibles avec le marché. Cette recherche peut se faire dans des laboratoires internes à l'entreprise, ou en partenariat avec des laboratoires publics, par exemple dans le cadre de pôles de compétitivité. Elle s'organise nécessairement en réseaux de compétence.

La recherche et développement peut avoir besoin d'outils de gestion des connaissances pour améliorer l'efficacité de ses recherches. Elle doit procéder à une veille technologique orientée vers des objectifs de développement durable.

Aspects juridiques[modifier | modifier le code]

Sur le plan réglementaire, le développement durable se traduit par un ensemble de textes juridiques, qui peuvent être établis soit au niveau européen (directives européennes), soit au niveau des États. Quelques exemples de réglements européens sont le règlement REACH sur les substances chimiques, ou la directive sur les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), pour ce qui concerne le pilier environnemental.

Au niveau des États, le droit environnemental et social s'applique sur chacun de ces piliers environnemental et social (en France le code de l'environnement et le code du travail).

En France :

Les services juridiques des entreprises doivent procéder à une veille juridique, éventuellement pour les PME avec l'aide des chambres de commerce et d'industrie.

Achats[modifier | modifier le code]

Le respect de critères environnementaux, sociaux, et économiques dans l'élaboration des produits d'une entreprise dépend non seulement de ses processus internes, mais aussi de la qualité des produits achetés auprès des fournisseurs de l'entreprise, ainsi qu'en amont de ceux-ci. La performance en matière de développement durable dépend donc de l'intégration progressive de la chaîne d'approvisionnement dans le référentiel de responsabilité sociétale des entreprises concernées. Il est nécessaire de revoir la stratégie achats (respect de critères qualité, simplification des approvisionnements, révision des processus, ...), en faisant participer les partenaires fournisseurs de l'entreprise. Si l'entreprise veut s'affranchir des risques sociétaux, elle doit les anticiper en dictant ses conditions sur la base de ses propres référentiels.

L'engagement d'un plan d'action développement durable aux achats répond généralement à des enjeux de trois natures différentes :

  • le management des risques propres aux achats (image, réputation, etc),
  • la réponse aux obligations réglementaires ou aux engagements volontaires (environnement, droits sociaux, etc),
  • la recherche d'opportunités (économies d'achat, conception produit, etc).

Finance[modifier | modifier le code]

La mise en œuvre d'une politique de développement durable dans les entreprises dépend largement de l'utilisation des ressources de l'entreprise. Ces ressources peuvent être des actifs physiques (immobilisations au sens classique du terme), mais aussi des actifs immatériels (immobilisations incorporelles).

L'atteinte des objectifs de développement durable dépend en grande partie de la façon dont les entreprises vont orienter l'action de l'ensemble de ces ressources (employés, parties prenantes, organisation, ...). Des réflexions apparaissent sur de nouvelles méthodes d'estimation de la valeur financière des entreprises à travers la notion de capital immatériel[8].

Les actifs financiers que sont les investissements socialement responsables (ISR) permettent d'orienter les portefeuilles de valeurs financières vers des actifs qui respectent des critères à la fois environnementaux, sociaux et économiques. L’ISR a une vision à long terme de nature à donner des résultats meilleurs que ceux des sociétés qui agissent dans le court terme. L’ISR est encore trop récent et le recul insuffisant pour le vérifier de façon tangible et assez large, mais l’observation des fonds ISR les plus anciens laisse penser que leur rentabilité est comparable, voire parfois meilleure que celle des autres fonds[9].

Il faut également signaler le développement de toute une branche de la finance, la finance du carbone, liée aux enjeux des gaz à effet de serre. Le projet BlueNext s'inscrit dans ce type d'activités.

Systèmes d'information[modifier | modifier le code]

La dématérialisation, qui consiste à faire passer les flux de documents entre organisations d'un support d'information papier à un support d'information électronique (ce terme est peu approprié car en réalité la dématérialisation ne supprime pas le fait qu'on utilise de la matière avec un support d'information électronique) est souvent présentée, y compris par les spécialistes du développement durable[10], comme un avantage du point de vue environnemental, car elle supprimerait la consommation de papier. En fait, on se rend compte que le « zéro papier » est un mythe[11]. Une analyse qualitative des avantages et des inconvénients de la dématérialisation en termes de développement durable montre en effet que les choses ne sont pas si simples. En particulier, ce processus n'améliore pas la qualité environnementale des produits.

L'informatisation massive de l'économie depuis une cinquantaine d'années nous a fait passer dans une économie dite de l'immatériel, dans laquelle l'augmentation des flux de gestion pilotés par l'informatique s'est accompagnée d'une augmentation parallèle des flux de biens marchands, donc des quantités de ressources naturelles consommées.

Concilier développement durable et systèmes d'information n'est pas aisé, car les systèmes d'information ne sont généralement pas pensés pour le long terme. Tant les matériels que les logiciels sont généralement conçus pour une durée d'utilisation de quelques années. D'autre part, les systèmes d'information d'entreprise ont été conçus selon une logique essentiellement comptable et financière. Ils se sont structurés autour de la comptabilité générale, avec des progiciels de gestion intégrés, et ils ont longtemps ignoré les critères extra-financiers du développement durable. Les éditeurs de progiciels de gestion intégrés commencent à proposer des offres de mise en conformité réglementaire[12].

Les initiatives actuelles sur l'application des principes de développement durable en informatique concernent le plus souvent le matériel informatique proprement dit (recyclage [13] et consommation électrique). Il existe une certification internationale pour les équipements, la certification TCO. L'informatique verte (green IT en anglais) se concentre pour sa part sur le problème de la consommation d'énergie.

L'application aux processus métier vertueuse sur le plan du développement durable pose le problème du partage de l'information environnementale et sociale entre les entreprises et administrations, ainsi qu'avec leurs parties prenantes. Concernant l'application au volet environnemental proprement dit, on parlera d'écoinformatique (les Américains employant l'expression Green IT 2.0).

Les systèmes d'information actuels sont très hétérogènes et n'ont le plus souvent pas été conçus pour gérer une information à caractère sociétal. Ainsi, les exigences de développement durable nécessitent de structurer les informations utiles pour la gestion des programmes concernés, et plus particulièrement pour la gestion des données et la structuration de réseaux de compétence. Le Royaume-Uni a mis en place une régulation publique de l'information environnementale. La France mise sur l'effet de la loi sur les nouvelles régulations économiques pour réguler l'économie.

Un autre problème crucial qui se pose est de savoir quels sont les impacts de la course à la puissance informatique en matière environnementale, et si la fameuse loi de Moore est véritablement pertinente à long terme[14]. On constate que les ordinateurs et les logiciels sont généralement surdimensionnés par rapport aux besoins, et que l'arrivée incessante de nouvelles versions de matériels et de logiciels a pour effet de diminuer la durée d'amortissement des équipements, donc de générer des déchets.

On notera plusieurs initiatives intéressantes :

  • Des systèmes d'information spécialisés existent pour remonter des batteries d'indicateurs de reporting selon les critères du développement durable[15]. Cependant, ils rencontrent des limites dans la mesure où il n'existe pas de comptabilité environnementale intégrée dans les entrepises, faute de normes et de directives publiques dans ce domaine.
  • D'autres logiciels permettent de mesurer et suivre dans le temps l'empreinte carbone de des entreprises et collectivités. On parle de Carbon Emission Management Systems (CEMS)[17]. Ces outils sont parfois intégrés dans une suite logicielle plus large baptisée Système de Management Environemental (SME) [18]. Les principaux éditeurs de progiciels de gestion intégrée (PGI ou ERP en anglais) ajoutent des modules qui couvrent ces besoins[19].
  • Les technologies du web sémantique, des ontologies, des métadonnées qui sous-tendent les solutions logicielles de développement durable les plus avancées permettent une structuration des connaissances assurant un accès simple aux contenus et une compréhension du domaine traité[20]. Ces points sont critiques pour assurer un accès ouvert et démocratique à l'information par le plus grand nombre et donc une possibilité pour chacun de participer aux choix de développement et aux choix politiques. Les ressources informatiques (textes, sons, images) peuvent être indexées avec des métadonnées dans le web sémantique.
  • La convergence entre l'internet et le développement durable fait l'objet des réflexions du forum TIC21 [22]. L'association ADOME (Association pour le Développement d'Outils Multimedia appliqués à l'Environnement)[23] a développé un moteur de recherche du développement durable, Ecobase 21, composé de 70 000 liens.
  • En Europe, les institutions européennes ont mis en place les projets CORINE et GMES utilisant les données géospatiales, leur traitement, exploitation et interprétation, afin de soutenir, vérifier et évaluer les directives européennes en matière d'environnement.
  • Les systèmes Wiki comme l'encyclopédie Wikipedia, l'encyclopédie Ekopedia, ou Wikia Green[24] sont également des initiatives intéressantes pour structurer globalement les données environnementales et de développement durable dans des encyclopédies en ligne et faciliter l'accès aux informations nécessaires par le canal du web.
  • Pour la surveillance environnementale, et pour la gestion environnementale des sites industriels, il est nécessaire de modéliser, à l'aide de systèmes d'informations environnementales, les données physiques qui ont fait l'objet d'acquisitions, de mesures, et d'analyses.
  • Une autre application des systèmes d'information à l'environnement est constituée par la recherche d'informations sur le développement durable à l'aide d'outils informatiques, il s'agit de la veille environnementale et de la veille sociétale.

Communication[modifier | modifier le code]

Avec la mise en place de programmes de développement durable dans les entreprises et d’agendas 21 dans les collectivités territoriales, s’est posé, à partir de 2002, la question de la « communication sur le développement durable ». Autrement dit, comment sensibiliser l’opinion au développement durable, impliquer les professionnels, et parfois convaincre les décideurs ?

Plusieurs pistes et éléments de réponse sont donnés par des professionnels[26] :

  • Une communication efficace suppose de « démystifier » le développement durable. Cela implique de mettre en avant les bénéfices concrets de la démarche, de dresser un constat honnête de la situation, de décrire les initiatives en montrant l’implication de celui qui parle, et surtout, de donner les « modes d’emploi ». Cela suppose aussi d'éviter quelques écueils : les grands principes, les bonnes intentions (« La terre c’est important pour demain ») et le jargon inaccessible au public (« gouvernance », « stakeholders », « PADD »…)[27][source insuffisante].
  • « Il n’y a pas de communication miracle mais un travail sur la durée ». En outre, il est souhaitable : "d’impliquer les associations, d'impliquer physiquement les citoyens (événements festifs, comités citoyens, témoignages, etc.), et d’agir plus sur l’émotionnel car on convainc souvent mieux avec des événements festifs que des arguments scientifiques". Concernant éco-produits et éco-services, la communication doit mettre « simultanément en avant l’aspect environnement/social et les égo-promesses (être en meilleure santé, avoir une plus jolie peau, etc.) »[28][source insuffisante], sous peine de ne pas convaincre et de ne pas vendre.
  • « Quels que soient les outils et supports de communication utilisés, rien ne remplace un échange régulier entre les parties prenantes". La clé se trouverait aussi dans le mode d’expression, le ton : "être simple, honnête et positif : en un mot humain. Simple avec une approche humaine évitant les caricatures stéréotypées et la langue de bois"[29][source insuffisante].
  • Le succès d’une communication environnementale repose sur deux facteurs : "porter le message au bon endroit, d’une part, et rechercher la cohérence par l’exemplarité, d’autre part[30][source insuffisante].
  1. Emmanuelle Raynaud, Florence Depoers, Caroline Gauthier, Jean-Pascal Gond, Grégory Schneider-Maunoury, Le développement durable au coeur de l'entreprise : pour une approche transversale du développement durable
  2. Les avantages d'une approche marketing consciente des principes de responsabilité sociétale, Didier Pautard, Revue française du marketing, n° 200, décembre 2004
  3. Développement durable, RSE, éthique : Le marketing sous pression, le cas de la grande distribution
  4. Élizabeth Reiss, Le marketing durable
  5. Christophe Sempels et Marc Vandercammen, Oser le marketing durable
  6. Article 5 du code des marchés publics, sur les besoins à satisfaire et article 14 du code des marchés publics, sur les clauses environnementales et sociales
  7. Cet article modifie l'article L-225-102 du code du commerce, et son décret d'application est le décret 2002-221 du 20 février 2002
  8. Voir un exemple d'initiative de ce type
  9. Les fonds ISR sont-ils plus ou moins rentables que les autres ?
  10. Développement durable et dématérialisation des données sociales
  11. Philippe Leroy (eCopy) : "L'objectif zéro papier dans les entreprises est un mythe"
  12. C'est le cas de SAP AG avec l'offre Governance, Risk, and Compliance (Voir aussi SAP solutions for governance, risk, and compliance)
  13. Voir à ce sujet la directive sur les déchets d'équipements électriques et électroniques
  14. Blog sur le développement durable, page consacrée à l'informatique
  15. Voir l'exemple d'Enablon
  16. Via2D et Linea 21
  17. CEMS
  18. SME
  19. [1]
  20. Le web sémantique au service du développement durable
  21. Voir par exemple le General Multilingual Environmental Thesaurus (GEMET) de l'Agence européenne de l'environnement
  22. [2]
  23. Consulter le site de l'ADOME, Planètécologie
  24. [3]
  25. Voir Equovia, le portail des entreprises écoresponsables
  26. dans l'ouvrage : « Communiquer efficacement sur le développement durable – De l’entreprise citoyenne aux collectivités durables » de Bruno Cohen-Bacrie, Les éditions Démos, Paris 2006
  27. Selon Alexandre Pasche, de l'agence Eco&Co
  28. Selon Sauveur Fernandez, consultant à L’Econovateur
  29. Pour Cyrille Souche, agence M&C
  30. Pour Valérie Martin, direction de la communication de l’ADEME