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Utilisateur:Baobabjm/Olga Venecia Herrera Carbuccia

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Olga Herrera-Carbuccia
Nationalité dominicaine
Diplôme
Doctorat en droit
Profession
Juge ; Professeur à l’université
Formation

Olga Herrera-Carbuccia est une juge dominicaine élue à la Cour pénale internationale en .

Famille[modifier | modifier le code]

Olga Herrera-Carbuccia est issue d'une famille d'avocats, de médecins, de musiciens et de poètes[1]. Elle est fille de Mercedes Luisa Carbuccia Montalvo — l'une des premières femmes à avoir obtenu un diplôme de docteur en médecine à San Pedro de Macorís — et d'Abelardo Herrera Peña, juge de la Cour suprême de la République dominicaine. Elle a deux sœurs : Dora, pédiatre et Vanessa, avocate ainsi qu'un frère, Manuel (es), juge à la Cour suprême comme leur père[2],[3].

Formation et carrière[modifier | modifier le code]

En République dominicaine[modifier | modifier le code]

Elle est titulaire d'un doctorat en droit, mention cum laude, délivré par l' Université autonome de Saint-Domingue en [4],[5].

De à , elle est représentante du Ministère public auprès de tribunaux de paix puis au Bureau du Procureur du District national à Saint-Domingue. Elle occupe ensuite les fonctions de Présidente de la huitième Chambre criminelle du Tribunal de première instance du District national jusqu'en . A partir de cette date, elle devient Seconde puis Première Vice-présidente de la chambre criminelle de la Cour d’appel du District national de Saint-Domingue. En , elle est nommée Présidente de la chambre criminelle de la Cour d’appel de la province de Saint-Domingue[6].

A REVOIR

Au cours de sa carrière, elle travaille notamment sur des affaires liées à la criminalité organisée[7].

Par exemple, en 2006, affaire Renove[8]

en , elle ordonne la tenue d'un procès contre l'ancien vice-président de la Société dominicaine des compagnies d'électricité d'État accusé d'avoir détourné plus de deux mille millions de pesos d'obligations souveraines[9].

En  : aff drogue [10]

En parallèle, la juge Herrera-Carbuccia a été Professeur puis Doyenne de la Faculté de droit et de sciences politiques de l’Université nationale Pedro Henríquez Ureña (es)[11].

A la Cour pénale internationale[modifier | modifier le code]

Elle se porte candidate pour l'élection de . Sur dix-neuf noms, elle est l'une des deux femmes dont la seule du groupe « Amérique latine et Caraïbes »[12]. En décembre de la même année, elle est élue juge à la Cour pénale internationale. Elle obtient soixante-dix-sept voix au douzième tour de scrutin après le retrait des candidatures du Mexique et du Costa Rica[13],[14]. Pour le Président de la Chambre des députés dominicaine, cette accession à un niveau élevé de responsabilités doit être salué en tant que motif de fierté pour les femmes dominicaines[15].

Elle prête serment en [16].

En , la Chambre de 1e instance V juge que la Cour a le pouvoir de délivrer des subpoena et qu'en l'espèce, le Kenya, au titre de ses obligations d'Etat partie, doit assister la juridiction pour contraindre les témoins à comparaitre, in situ ou par visio. Pour la majorité, sans cela, la CPI serait « la seule cour pénale dans le monde (incluant juridictions nationales et internationales) » dépourvue de ce pouvoir. Partant, elle ne serait pas en capacité de remplir sa mission d'enquête et de jugement de façon efficace et équitable[17]. Dans une opinion dissidente[18], Olga Herrera-Carbuccia soutient d'une part que l'un des éléments fondamentaux du pouvoir de délivrer des citations à comparaître est absent puisque la Cour ne dispose d'aucun mécanisme pour condamner un individu qui refuserait de se soumettre à la décision, les dispositions du Statut de Rome sur les « atteintes à l'administration justice »[n 1] ne contenant pas de telles prévisions ; d'autre part que l'article 93 du Statut ne comporte pas d'obligation pour un Etat partie de contraindre un témoin, seule la « comparution volontaire » devant être facilitée[19],[20]. William Schabas partage l'analyse et et ajoute que ce faisant, les juges s'écarte de façon considérable des travaux préparatoires du Statut, voire vont probablement à l'encontre des intentions des rédacteurs[21].

En , la Chambre de 1e instance V clôt l'affaire Ruto et Sang (en). La majorité retire les charges de crimes contre l'humanité liées aux violences post-électorales de 2007-2008 au Kenya et prononce un non-lieu en la faveur des deux individus tout en rappelant que le procès a été entravé par des « interférences » avec les témoins[22],[23],[24] et un refus de coopérer de la part des autorités kenyannes, « talon d'Achille » de la Cour selon le New-York Times[25]. Dans son opinion dissidente, Olga Herrera-Carbuccia développe une acception « flexible » du procès équitable qui serait applicable aux accusés mais aussi aux victimes par l'entremise de l'action du Procureur « agissant au nom de la communauté internationale »[26]. Cette interprétation, issue de la jurisprudence Martić en appel du TPIY, est questionnée dans la mesure où, devant la Cour et contrairement à ce qui se passait devant le TPI, les victimes ont leur propre conseil[27]. La juge conclue in fine qu'il existe des preuves suffisantes et qu'en conséquence, la stratégie du Procureur ne s'est pas « effondrée »[28].

Fin , elle apporte de fortes réserves quant à la tenue d'une audience relative à une demande de mise en liberté provisoire dans l'affaire Gbagbo alors que le délibéré est toujours en cours[29]. En , Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont acquittés[30]. Les juges optent pour un prononcé de la décision de façon orale, ce qui signifie que le détail des éléments ayant mené à cette conclusion n'est pas publié immédiatement. Olga Herrera-Carbuccia, en désaccord avec un tel choix de procédure[31], soutient que « les droits fondamentaux du procès équitable » sont ainsi violés. Selon elle, si le droit pour un accusé d'être jugé dans un délai raisonnable existe, il doit cependant s'articuler avec d'autres principes applicables à d'autres parties aux procès. Or, l'oralité compromet le droit à un recours et à des réparations pour les victimes[32],[33]. Certains juristes rejoignent la juge sur l'absence de considération à l'égard des victimes par le choix de rendre une décision orale[34] tandis que d'autres critiquent une vision introduisant des « concepts nébuleux »[35]. Six mois plus tard, les motivations sur le fond de l'affaire sont rendues[36]. Olga Herrera-Carbuccia explique ses divergences avec la majorité en s'appuyant sur la jurisprudence du TPIY pour démontrer que les attaques contre une population civile sont souvent le fruit d'une politique étatique. En outre, elle développe une analyse fondée sur la « responsabilité des chefs militaires et autres supérieurs hiérarchiques »[n 2] pour Laurent Gbagbgo tandis que Charles Blé Goudé aurait « ordonné, sollicité ou encouragé »[n 3] la commission des crimes[37],[38].

Le , présidant la Chambre préliminaire III, elle autorise l'ouverture d'une enquête concernant des actes présumés commis contre des Rohingya, en particulier dans l'État de Rakhine au Myanmar[39], qualifiables de crimes contre l'humanité (notamment persécutions et déportations)[40],[41].

Distinctions[modifier | modifier le code]

En , le Président de la République dominicaine lui remet la Medalla al Mérito a la Mujer (es) pour ses actions dans les domaines du droit et de la justice[42].

En , elle figure parmi les douze récipiendaires du monde judiciaire distingués par la Fondation Cruz Jiminián (es)[43],[6].

Rappels divers publi[modifier | modifier le code]

Catégories : Juge de la Cour pénale internationale + Personnalité féminine dominicaine

Portails : droit + République dominicaine

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Art. 70 du Statut de Rome
  2. Art. 28 du Statut de Rome
  3. Art. 25 §3 b) du Statut de Rome

Références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Magistrado Herrera Carbuccia presidirá el Ceremonial de la Fama San Pedro Macorís », sur www.diariolibre.com, (consulté le )
  2. (es) « Presidente de la Suprema expresa condolencias por fallecimiento de la madre del magistrado Herrera Carbuccia », sur www.diariolibre.com, (consulté le )
  3. (es) J. C. Malone, « La doctora Carbuccia de Herrera le salvó la vida a miles de niños », sur listindiario.com, (consulté le )
  4. (es) Mariela Mejía, « Regocijo por elección jueza a Corte La Haya », sur www.diariolibre.com, (consulté le )
  5. (es) Floralba Jiménez et Delffin Peralta, « Pioneras dominicanas : Homenaje a la mujer emprendedora », elCaribe,‎ , p. 23 (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b CV personnel [lire en ligne (page consultée le 15 octobre 2020)]
  7. « Mme la juge Olga Herrera-Carbuccia », sur www.icc-cpi.int (consulté le )
  8. (es) « Corte ratifica condenas a 10 del Renove y ordena juzgar a 2 más », sur www.diariolibre.com, (consulté le )
  9. (es) Ramón Cruz Benzán, « Envía a juicio de fondo a ex administrador de la CDEEE, César Sánchez », sur listindiario.com, (consulté le )
  10. (es) Ramón Cruz Benzán, « Corte dicta a "Vantroi" un año de prisión preventiva », sur listindiario.com, (consulté le )
  11. (es) Ministerio de Relaciones Exteriores - República Dominicana, Informativo Jurídico Internacional, décembre 2011, n°25, p. 2 [lire en ligne (page consultée le 11 octobre 2020)]
  12. (en) Gender 2011 Report Card on the International Criminal Court, La Haye, Women's Initiatives for Gender Justice, , 352 p. (ISBN 978-94-90766-00-9, lire en ligne), p. 12
  13. (es) « Olga Herrera, electa a Tribunal La Haya », sur www.diariolibre.com, (consulté le )
  14. (en) Assembly of State Parties, « ICC - 12th Round », sur asp.icc-cpi.int, (consulté le )
  15. (es) « Presidente Cámara de Diputados regocijado por la elección de Olga Herrera Carbuccia », sur hoy.com.do, (consulté le )
  16. (es) « Jueza asume en Corte Penal Internacional », sur listindiario.com, (consulté le )
  17. (en) ICC, Trial Chamber V(A), The Prosecutor v. William Samoei Ruto and Joshua Arap Sang — Situation in the Republic of Kenya, « Decision on Prosecutor's Application for Witness Summonses and resulting Request for State Party Cooperation », 17 avril 2014 [lire en ligne (page consultée le 18 octobre 2020)]
  18. (en) ICC, The Prosecutor v. William Samoei Ruto and Joshua Arap Sang — Situation in the Republic of Kenya, « Dissenting Opinion of Judge Herrera Carbuccia », 29 avril 2014, §§ 11 et 17 [lire en ligne (page consultée le 18 octobre 2020)]
  19. (en) Maria Pichou, « Immunity of Heads of State and Senior State Officials from Subpoenas and Witness Summonses », Criminal Law Forum, no 30,‎ , p. 297
  20. (en) Charles Chernor Jalloh, « Prosecutor v. Ruto », American Journal of International Law, vol. 109, no 3,‎ , p. 610
  21. (en) William Schabas, « Judicial Activism at the ICC », (consulté le )
  22. « La CPI échoue à juger les violences postélectorales de 2007-2008 au Kenya », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  23. (en-GB) Alastair Leithead, « Dismissal of case against Kenya's Ruto huge blow to ICC », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. (en) ICC, Trial Chamber V(A), The Prosecutor v. William Samoei Ruto and Joshua Arap Sang — Situation in the Republic of Kenya, « Public redacted version of: Decision on Defence Applications for Judgments of Acquittal », 5 avril 2016 [lire en ligne (page consultée le 12 octobre 2020)]
  25. (en-US) Marlise Simons et Jeffrey Gettleman, « International Criminal Court Drops Case Against Kenya’s William Ruto (Published 2016) », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  26. (en) ICC, The Prosecutor v. William Samoei Ruto and Joshua Arap Sang — Situation in the Republic of Kenya, « Dissenting Opinion of Judge Herrera Carbuccia », 5 avril 2016, §27 [lire en ligne (page consultée le 11 octobre 2020)]
  27. (en) Juan Pablo Perez-Leon-Acevedo et Joanna Nicholson, Defendants and Victims in International Criminal Justice: Ensuring and Balancing Their Rights, Londres, Routledge, , 232 p. (ISBN 9780367253950, lire en ligne)
  28. (en-US) Judie Kaberia, « Free at last - Ruto and Sang off the ICC hook », sur Capital News, (consulté le )
  29. Alain Léauthier, « Cour pénale internationale : Laurent Gbagbo aux portes de la liberté », sur www.marianne.net, (consulté le )
  30. Cyril Bensimon, « Côte d’Ivoire : l’acquittement de Laurent Gbagbo par la CPI rebat les cartes politiques », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. (en) Kerstin Carlson, « Gbagbo's acquittal suggests confusion and dysfunction at the ICC », sur The Conversation, (consulté le )
  32. CPI, Le Procureur c. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé — Situation en République de Côte d'Ivoire, « Opinion dissidente relative à la décision rendue oralement par la Chambre le 15 janvier 2019 », 15 janvier 2019, §§ 35-36 [lire en ligne (page consultée le 18 octobre 2020)]
  33. « La semaine où la Cour pénale internationale a acquitté Laurent Gbagbo sans le libérer », sur www.dalloz-actualite.fr, (consulté le )
  34. Arnaud Vaulerin, « CPI : l'affaire Gbagbo est «une immense défaite de l’accusation» », sur Libération.fr, (consulté le )
  35. (en) Yvonne McDermott, « Gbagbo’s acquittal isn't bad for the ICC. But problems around evidence remain », sur The Conversation, (consulté le )
  36. Stéphanie Maupas, « La CPI motive sa décision d’acquitter Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  37. (en) ICC, The Prosecutor v. Laurent Gbagbo and Charles Blé Goudé — Situation in the Republic of Côte d'Ivoire, « Public Redacted Version of Dissenting Opinion Judge Herrera Carbuccia », 16 juillet 2019 [lire en ligne (page consultée le 11 octobre 2020)]
  38. Maxence Peniguet, « Gbagbo / Blé Goudé : pourquoi la juge Herrera-Carbuccia refuse de les acquitter », sur www.justiceinfo.net, (consulté le )
  39. (en) ICC, Pre-trial Chamber III, Situation in the People's Republic of Bangladesh/Republic of the Union of Myanmar, 14 novembre 2019 [lire en ligne (page consultée le 11 octobre 2020)]
  40. (en-GB) Owen Bowcott, « War crimes court approves inquiry into violence against Rohingya », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  41. « Les juges de la CPI autorisent l’ouverture d’une enquête sur des crimes présumés contre les Rohingya », sur ONU Info, (consulté le )
  42. (es) Ministerio de Relaciones Exteriores - República Dominicana, Declaración de Competencias, 14 septembre 2011, § 1 [lire en ligne (page consultée le 11 octobre 2020)]
  43. (es) Adonis Santiago Díaz, « Cruz Jiminián reconoce jueces y fiscales », sur www.diariolibre.com, (consulté le )