Tourisme à Cuba

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El Capitolio à La Havane.

Le tourisme est une des principales sources de revenus de Cuba. Pour une population d'environ 11 100 000 de Cubains, l'île a reçu 4 millions de touristes en 2016.

Les Forces armées cubaines contrôlent l'industrie touristique cubaine à travers le conglomérat Gaviota qui fait partie du Gaesa dont le président est le général Luis Alberto Rodríguez López-Calleja.

Repères[modifier | modifier le code]

L’archipel cubain est formé par la grande île de Cuba, l’île de la Jeunesse (ancienne île des Pins) et 4 195 îlots. Cuba est la deuxième île la plus peuplée des Caraïbes[N 1] avec près de 11 millions d'habitants. Sa capitale est La Havane, sa langue officielle l'espagnol et la monnaie nationale est le peso cubain. Avant 2020, il existait en parallèle au peso cubain, le peso cubain convertible, ce dernier était utilisé par les touristes.

Historique[modifier | modifier le code]

Développement[modifier | modifier le code]

La Fondation nationale cubano-américaine, organisation anticommuniste basée à Miami, organise en 1997 une série d'attentats à la bombe dans les hôtels de La Havane afin de porter atteinte au tourisme[1]. Outre d’importants dommages matériels, un touriste italien est tué[2].

Scène de rue à La Havane

L'assouplissement de l'embargo des États-Unis contre Cuba en 2015 amène un regain de l'activité touristique à Cuba. Néanmoins, au-delà du charme exotique de la destination et du faible taux d'insécurité, la pauvreté, les coûts élevés, l'état des transports et des télécommunications, la qualité de la nourriture, la saturation de l'aéroport international José-Martí ou encore les relents de la propagande castriste sont critiqués[3].

Pour 2016, le ministère du tourisme annonce un bilan de quatre millions de touristes étrangers, « soit six pour cent de plus que ce que nous avions prévus et treize pour cent de plus qu’en 2015 »[4]. Cet afflux de touristes provoque une pénurie de nourriture pour les Cubains[5] et une flambée des prix des hébergements. La Cubaine Yoani Sánchez indique que les petites entreprises privées qui travaillent pour le tourisme s'approvisionnent dans les magasins d'État où les Cubains s'approvisionnent aussi. En effet il n’existe pas de marché de gros à Cuba. Or le pouvoir d’achat des touristes est bien supérieur à celui des Cubains, aussi les étals sont vides pour ces derniers. Par ailleurs, les Cubains qui travaillent dans le tourisme ont de plus en plus d'argent, et la fracture sociale avec le reste de la population s'accentue[6].

Dans un article publié sur Slate en 2016, le journaliste Frédéric Martel se fait très critique au sujet du tourisme à Cuba, dénonçant la dictature au pouvoir, la saturation de l'aéroport international José-Martí, la pauvreté, les coûts sur place plus élèves qu'imaginés, la rareté de la bonne musique et une vie culturelle famélique, une sécurité certes existante mais qui se dégrade, le développement de la prostitution, le peu d'accès à Internet ou encore les souvenirs fabriqués en Chine[3].

En 2019, à la suite notamment du renforcement de l'embargo américain en vigueur depuis 1962, le nombre de touristes a baissé de près de 10 %[7].

 partir de , lors de la pandémie de Covid-19 à Cuba avec la fermeture de l'espace aérien 4 000 étrangers et 5 845 émigrés cubains sont restés bloqués à Cuba ne pouvant pas rentrer chez eux [8]. Pour 2020, du fait de la pandémie de Covid-19, le nombre de touristes s'est limité à un million [9]. Pour le début de l'année 2021, alors que la pandémie de Covid-19 persiste à Cuba, la baisse des visiteurs est de 94 %[10].

En 2022, le taux d'occupation hôtelier à Cuba a plafonné à 15,6 %, contre 75,9 % à Cancun (Mexique) et 70,3 % pour la République dominicaine, autres destinations phare des Caraïbes[11] (soit 1,6 million de touristes à Cuba). Il remonte à 28 % au premier trimestre 2023 mais on est encore loin des scores pré-pandémiques ; par exemple pour cette période la Isla grande a vu seulement 50 % du nombre de touristes de 2019. Il y a aussi plusieurs changements côté clientèle. D'abord les groupes sont moins nombreux, d'où une plus grande dépendance des professionnels envers le tourisme individuel. Ensuite les Européens sont moins nombreux pour cause d'inflation, de conflit en Ukraine et d'augmentation des coûts du transport aérien. Par contre les Canadiens reviennent à hauteur de 80 % de leurs entrées en 2019 et représentent maintenant 50 % du nombre de touristes, ce qui les place en première position. En deuxième position viennent - très inhabituellement - les Cubains résidant à l'étranger. Le gouvernement cubain cherche par ailleurs à attirer les touristes russes et les liaisons aériennes entre les deux pays se renforcent : liaisons Caracas-La Havane-Moscou depuis mi-juin 2023, vols directs Moscou-Varadero à partir de juillet ; de ce fait, il y a une hausse du nombre de visiteurs russes - et turcs, ces derniers venant pour la plupart en groupes. Adaptation des artisans cubains : les artisans ont commencé à représenter la "main de fatima" dans leur production[12].

Contrôle par l’armée cubaine[modifier | modifier le code]

L'industrie touristique cubaine est sous la coupe de l'armée cubaine à travers la gestion de « compagnies aériennes, hôtels, restaurants, marinas, agences de location de véhicules ou grands magasins ». Le conglomérat touristique Gaviota fait partie du Gaesa, dont le président est le général Luis Alberto Rodríguez López-Calleja, par ailleurs ancien gendre de Raul Castro et membre du Bureau politique du Parti communiste de Cuba depuis avril 2021[13],[14].

Conditions du voyage[modifier | modifier le code]

Sécurité[modifier | modifier le code]

Cuba présente un faible taux de criminalité. Toutefois la petite délinquance augmente dans les sites touristiques de La Havane c'est aussi le cas dans d’autres villes comme Trinidad ou Santiago de Cuba. Il s'agit essentiellement de vols à l'arraché, parfois accompagnés de violence[15].

Une explosion de l'hôtel Saratoga de La Havane, survenue le 6 mai 2022, fait au moins 46[16] morts et de nombreux blessés[17].

Santé[modifier | modifier le code]

Le virus Zika est à l'origine de cas de microcéphalie chez le nourrisson. C'est pourquoi les femmes enceintes ou qui aspirent à l'être prochainement doivent différer leur voyage, c'est d'ailleurs le cas de nombreuses régions du monde[18].

Dans la lutte contre la Covid-19, Cuba mène ses propres recherches pour développer des vaccins[19]. Les autorités sanitaires cubaines décident, en mai 2021, un début de vaccination de la population sans attendre la fin des essais cliniques[20].

Monnaie et coût de la vie[modifier | modifier le code]

Le peso cubain convertible (code ISO 4217 : CUC, parfois CUC$), est une des deux monnaies officielles de Cuba, l'autre étant le peso cubain (CUP). Le CUC est utilisé par les touristes pour payer l'essentiel de leurs dépenses, ainsi le coût de la vie est relativement élevé pour eux[3].

En 2017, un bon repas dans un restaurant correct, coute entre 25 et 30 CUC, soit environ 25 euros, pour un déjeuner plus léger, il faut compter de l'ordre de 12 CUC, soit 11 euros. Un café revient entre 1 et 2 euros[21].

Il est possible de se loger dans des hôtels dont les propriétaires sont exclusivement le ministère du Tourisme et l'armée ou des casas particulares[22]. Le regain touristique ces dernières années provoque dans les années 2010 une pénurie des hébergements et une flambée des prix, nombre de chambres affichent des prix entre 300 et 600 euros. Les touristes sont souvent déçus du mauvais rapport qualité-prix et ne reviennent pas à Cuba[23]. Toutefois, des nouveaux hôtels luxueux, comme le Gran Hotel Manzana Kempinski La Habana à La Havane, s'ouvrent afin d'accueillir une clientèle aisée[24]. Pour les casas particulares, il est obligatoire de choisir des logements habilités par l'État cubain, ces maisons disposent d'un timbre fiscal bleu collé sur la porte[25].

Climat[modifier | modifier le code]

Un climat tropical, caractérisé par deux saisons distinctes, couvre Cuba[26].

La saison sèche commence au début de décembre jusqu’à mai, c'est une période idéale pour voyager avec une température moyenne de 24 °C.

La saison humide s'étend entre juin et octobre/novembre, les pluies peuvent être violentes avec notamment des cyclones tropicaux destructeurs.

Sur les hauteurs de la Sierra Maestra ou dans la vallée de Viñales, les soirées et les nuits peuvent être fraîches, voire froides.

Accès à internet[modifier | modifier le code]

Il est difficile pour les touristes de trouver une connexion à internet. Il existe un Wi-Fi baptisé Etecsa (en) du nom de l'entreprise d'État qui a le monopole de ce marché. Une carte en papier est vendue, avec un identifiant et un code, ce qui permet d'obtenir une heure de connexion. Un magasin de vente existe par ville. Les lieux de connexion ne sont pas indiqués mais ils se retrouvent facilement grâce à l'attroupement des touristes[27].

Les Cubains utilisent El Paquete Semanal, une sorte de collection informatique de contenus audiovisuels et Internet piratés qui est vendu « sous le manteau ».

Arnaques des « jineteras » et « jineteros »[modifier | modifier le code]

Les touristes peuvent être abordés dans les rues de Cuba par des locaux sous divers prétextes et être insidieusement amenés à payer divers produits particulièrement chers[28].

Sites touristiques[modifier | modifier le code]

Patrimoine mondial[modifier | modifier le code]

Sept sites culturels et deux sites naturels sont classés au patrimoine mondial[29].

Villes balnéaires[modifier | modifier le code]

Cuba compte un important réseau de villes balnéaires en raison de splendides cayos (les îlots) et de son inévitable condition en tant qu'île caribéenne. Ainsi, à n'importe lequel de ses cayos, comme Cayo Santa María, Cayo Guillermo, Cayo Coco ou les moins connus et plus purs, comme Cayo Largo ou Cayo Levisa, il existe des villes balnéaires qui font les délices des touristes. De même, l'incontournable Varadero abrite plusieurs complexes hôteliers offrant des services tout compris. C'est dans ces endroits qu'il est possible de trouver des grandes stations balnéaires où les piscines, les sports aquatiques, les activités pour tous les publics, les plages de rêves et tous types de services sont inclus. Dans ces cayos les plus connus et à Varadero, l'ambiance est plus touristique et moins tranquille, au contraire de ses îlots les moins exploités, où l'environnement reste encore vierge - de même que de nombreux endroits très éloignés, comme María la Gorda à l'extrême ouest qui pourtant offre de beaux sites de plongée sous-marine.

Tourisme médical[modifier | modifier le code]

En 1987, Hilda Molina fonde le centre de neurochirurgie à La Havane. En 1991, son centre devient le plus importants de Cuba. La même année, Hilda Molina indique recevoir les directives du ministre de la Santé de l'époque, Julio Teja Perez , pour accueillir et soigner les étrangers payant en dollars américains. Pour Hilda Molina :« L'une des plus grandes trahisons du peuple est la discrimination alors naissante des patients cubains par rapport aux étrangers, puisque les meilleurs centres de santé étaient destinés aux patients d'autres nationalités ». Auparavant, le centre ne traitait que des patients cubains[31],[32].

Tourisme sexuel[modifier | modifier le code]

En ouvrant ses portes au tourisme de masse, Cuba est devenue l'une des destinations majeures du tourisme sexuel[33]. Pourtant selon le gouvernement castriste, la prostitution a été éradiquée à Cuba à la fin des années 1990[34]. Le tourisme sexuel concerne aussi les enfants[35].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Note[modifier | modifier le code]

  1. Hispaniola est l'île la plus peuplée des Caraïbes, avec 21 millions d'habitants en 2015.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Maurice Lemoine, « Les cinq de Miami », sur monde-diplomatique.fr, (consulté en ).
  2. Maurice Lemoine, « L'anticastriste Luis Posada Carriles est mort », sur monde-diplomatique.fr, (consulté en ).
  3. a b et c Frédéric Martel, «  Cuba, destination tendance de l'été ? Vous risquez d'être déçus », sur slate.fr, (consulté en ).
  4. « Cuba: la hausse du tourisme apporte une bouffée d'oxygène », sur rfi.fr, (consulté en ).
  5. « Face à l'afflux touristique, Cuba peine à nourrir sa population », sur atlantico.fr, (consulté en ).
  6. Yoani Sánchez, « Vu de Cuba : “Les gens continueront à s’en aller », sur courrierinternational.com, (consulté en ).
  7. « Cuba, sous le coup des sanctions américaines, peine à régler ses dettes », sur journaldemontreal.com, (consulté en ).
  8. « Vous vouliez retourner à Cuba ? C'est pour bientôt », sur courrierinternational.com, (consulté en ).
  9. « Coronavirus à Cuba : du tourisme aux champs, reconversion forcée faute de visiteurs », sur rtbf.be, (consulté en ).
  10. (es) « Aumentará el número de turistas rusos a pesar del repunte de la pandemia en Cuba », sur 14ymedio.com, (consulté en ).
  11. « A Cuba, le tourisme toujours convalescent », sur lepoint.fr, (consulté en ).
  12. « Quand le tourisme ne revient toujours pas à Cuba », sur laquotidienne.fr, (consulté en ).
  13. Sanctions américaines contre un général cubain. Le Figaro, 1er octobre 2020.
  14. Trump durcit le ton sur Cuba, marque la rupture avec Obama. La Croix, 17 juin 2017.
  15. Cuba
  16. « Cuba : 46 morts dans l'explosion de l'hôtel Saratoga, deuil national décrété », sur Le Figaro, (consulté le ).
  17. « Cuba : le bilan de l’explosion de l’hôtel Saratoga monte à 43 morts », sur Le Parisien,
  18. Conseils de santé aux voyageurs - Infection à virus Zika
  19. Cuba pospone el inicio de la vacunación con Soberana 14ymedio, 8 mars 2021
  20. Covid-19: Cuba accélère le tempo de la vaccination. RFI, 21 mai 2021.
  21. Cuba : que faut-il savoir avant un premier voyage ? Le Figaro, 30 mars 2017
  22. AFP Cuba, victime de son succès touristique ? 13 février 2016
  23. Paulo A. Paranagua A Cuba, le tourisme peine à prendre son essor Le Monde, 17 mars 2017
  24. Le luxe débarque à Cuba Le Monde, 1 juin 2016
  25. Vanessa Oliveira et Xavier Calmettes Guide du chercheur américaniste : Enquête de terrain et travail de recherche à Cuba 25 janvier 2016
  26. Climat à Cuba Géo.fr
  27. Cuba, chronique d'une infernale cure de déconnexion d'internet Le Figaro, 2 février 2018
  28. Petites arnaques à Cuba : les jineteras
  29. Liste du patrimoine mondial à Cuba
  30. Vieille ville de La Havane et son système de fortifications UNESCO
  31. Hilda Molina, la doctora a quien Fidel Castro reveló su plan para conquistar el mundo. El Independiente, 22 août 2020.
  32. La dissidente Hilda Molina autorisée à quitter Cuba. Le Monde, 12 juin 2009.
  33. Cuba vit déjà dans l'après-Castro
  34. A La Havane, les prostituées sont des modèles de réussite L'Express , 1 mars 2010
  35. Le tourisme sexuel impliquant des enfants à Cuba

À voir[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]