Tekkō

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Tekkō en forme d'étrier

Le tekkō (鉄甲,  鉄 Tetsu : "fer",甲 Kō "cambrure") est une arme blanche faisant partie de l'arsenal du kobudō originaire d'Okinawa[1],[2]. Cette arme ressemble à des étriers ou les fers à cheval croisés (soudés ou maintenus ensemble par de la corde)[3], et se rapproche du poing américain.

Au contraire de la majorité des armes du kobudō, celle-ci n'est pas le détournement d'un outil du milieu agraire asiatique à des fins de défense (comme par exemple la bêche ou la rame), mais un objet qui a été conçu exclusivement pour se défendre.

Cette arme permet d'obtenir par sa masse et le prolongement du poing, une plus grande force d'impact. Elle agit aussi comme protecteur de la main.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le tekkō est originaire du Sud-Est Asiatique. Il semble que sa création ait été inspirée de plusieurs autres armes de la même famille comme :

  • le vajra-mushti de la péninsule indienne ;
  • le Bagh-nakh du nord de l'Inde (pakistan) ;
  • les Yue Liang Shuang Dao (anneaux Shuang Yue) des arts martiaux chinois ;
  • le Tie quan chinois(鐵拳, (Pinyin) poing de fer)[4] ;
Dessin de combattants Indien portant des vajra-mushti (1792 A.D.).

Le tekkō semble être l'élaboration ultime d'un objet originaire de la péninsule indienne (vajra-mushti) ayant été modifié une première fois en chine (tie quan) pour être adapté aux arts martiaux d'Okinawa.

Étrier Japonais : Abumi

Le rapprochement de ses origines avec l'étrier de style européen n'est probablement que fortuite, car les étriers utilisés avant le XIXe siècle sur l'île d'Okinawa (et plus largement au Japon), appelés abumi (鐙), ressemblaient plutôt à des sabots ouverts sur les cotés, surmontés d'une boucle. Il est plus probable que les Tie Quan soient leur ancêtre[5].

Shuang Yue

La forme en croissant de lune est plus proche de l'imagerie de deux fers à cheval entrecroisés, même si en chine les anneaux Shuang Yue leur préexiste, il n'est pas improbable que de vieux fers aient pu être détournés de leur fonction première, mais ce matériau était relativement rare sur l'île d'Okinawa avant le XVIIIe siècle, ce qui en fait une option peu probable[6].

Le célèbre poing américain est probablement l'héritier moderne de ces nombreux prédécesseurs, qui prendrait source auprès des immigrés asiatiques du début du XIXe siècle[6],[5].

Pratique martiale[modifier | modifier le code]

Trois kata issu du kobudō d'Okinawa utilisent le tekkō[7],[8]

Nom du kata en Okinawaien (ou en Japonais) Graphie Filiation École / courant
Katanchaa no tekkō 傾人の鉄甲 Tawada Shinchin Ryukonkai
Meezatu nu tekkō (ou Miyazato no Tekkō) 前里の鉄甲 Taira Shinken Ryukyu Kobudo
Tikkuu no kata (ou Tekkō no kata) 鉄甲の型 Matayoshi Shinpo Okinawa Kobudo

Législation[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

En France, le tekkō est assimilé au coup-de-poing américain (classé comme armes de catégorie D). Il est vendu librement aux personnes majeures, mais son port est interdit et son transport n'est autorisé qu'avec un « motif légitime ».

Selon le décret no 2013-700 du 30 juillet 2013 établissant une nouvelle classification des armes en quatre catégories (A, B, C et D), les coups-de-poing américains entrent dans les armes de catégorie D[9].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Roland Habersetzer, Kobudo : les armes d'Okinawa : bo, sai, nunchaku, tonfa, Budo Éditions, (ISBN 978-2-84617-284-4 et 2-84617-284-6, OCLC 748499220, lire en ligne)
  2. Kenyu Chinen, Kobudo d'Okinawa, SEDIREP, (ISBN 2-901551-30-0 et 978-2-901551-30-0, OCLC 79959838, lire en ligne)
  3. Roland Habersetzer et Centre de recherche Budo, Encyclopédie technique, historique, biographique et culturelle des arts martiaux de l'Extrême-Orient, Editions Amphora, (ISBN 2-85180-556-8 et 978-2-85180-556-0, OCLC 45361964, lire en ligne), p. 669
  4. (en) « Exotic weapons from 'San Cai Tu Hui (《三才圖會》) », sur greatmingmilitary.blogspot.com (consulté le )
  5. a et b (en) Mark D bishop, Okinawan Weaponry, Hidden methods, ancient myths of kobudo & te, , 324 p. (ISBN 978-1-326-91674-9, lire en ligne)
  6. a et b Christian Faurillon, « Les armes du Kobudō : la cambrure de fer – tekkō » (consulté le )
  7. Jean-Charles Juster, Karaté et Kobudô à la source, les arts martiaux okinawanais maintenant, , 258 p. (ISBN 978-80-972243-9-4), p. 247, 248,249
  8. Didier Guibert, Les TEKKÔ Okinawa Kobudo, auto édition, , 104 p. (ISBN 978-2-9549476-1-7)
  9. « Décret no 2013-700 du 30 juillet 2013 portant application de la loi no 2012-304 relative à l'établissement d'un contrôle des armes moderne, simplifié et préventif »