Purge zimbabwéenne de 2007

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En 2007, le gouvernement du Zimbabwe affirme avoir déjoué une prétendue tentative de coup d’État impliquant près de 400 soldats et membres de haut rang de l'armée, qui aurait eu lieu le 2 ou le 15 juin 2007. Toutes ces personnes sont arrêtées dans le cadre d’une purge.

Arrestations de mai 2007[modifier | modifier le code]

Le gouvernement zimbabwéen affirme avoir déjoué une prétendue tentative de coup d'État impliquant près de 400 soldats et membres de haut rang de l'armée, qui aurait eu lieu le 2 ou le 15 juin 2007. Les personnes arrêtées incluent le capitaine de l'armée à la retraite Albert Matapo, le colonel Ben Ncube (en), le général de division Engelbert Rugeje (en) et le vice-maréchal de l'Air Elson Moyo (en)[1],[2].

Selon le gouvernement, les soldats prévoyaient de destituer de force le président Robert Mugabe et de demander au ministre du logement rural Emmerson Mnangagwa de former un gouvernement avec les chefs des forces armées[3]. Le gouvernement a entendu parler du complot pour la première fois lorsqu'un ancien officier de l'armée opposé au coup d'État contacte la police de Paris et fournit une carte et une liste des personnes impliquées. Mnangagwa et le ministre de la Sécurité de l'État, Didymus Mutasa (en), déclarent ne pas être au courant du complot, Mnangagwa le qualifiant de « stupide »[1]. Certains analystes ont émis l'hypothèse que des potentiels successeurs de Mugabe, tels que l'ancien chef de la Zimbabwe African National Liberation Army, Solomon Mujuru (en), tentaient peut-être de discréditer Mnangagwa[1].

Gilbert Kagodora, trésorier du parti politique Mouvement pour le changement démocratique dans le Mashonaland Central, raconte que lui et Matapo ont été arrêtés par des hommes appartenant peut-être à la Central Intelligence Organization à 14 heures le 29 mai à Harare[4].

Des accusations de haute trahison sont portées contre Matapo et d'autres civils[3], mais aucun procès pour trahison n'a jamais lieu, faute de preuves[5]. Sept hommes accusés d’avoir tenté de former un nouveau parti politique passent sept ans en prison et ont probablement été torturés auparavant, avant d'être libérés en 2014, puis de fonder leur nouveau parti[5].

Kagodora déclare que Matapo et lui ont été enfermés dans un sous-sol et torturés, probablement par des membres de l'Unité de renseignement militaire. Les tortionnaires posent des questions sur les camps terroristes du Mouvement pour le changement démocratique en Afrique du Sud, les dirigeants et les financiers du complot, les forces armées du MCD et son Comité de résistance démocratique. Le 1er juin, Kagodora est placé sous la garde du commissariat central de Harare. Il dit avoir entendu des interrogateurs demander à Matapo de révéler les noms des officiers de l'armée et de la police liés au coup d'État. La police libère Kagadora le 4 juin[4].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Plusieurs hommes, en service actif ou retraités de l'armée nationale du Zimbabwe, sont arrêtés entre le 29 mai et début juin 2007. Ils sont convoqués à deux audiences secrètes devant la Haute Cour, auxquelles leurs proches et les journalistes ne sont autorisés à assister.

Les procureurs accusent Albert Matapo d'avoir mené le coup d'État et d'avoir tenté de « recruter autant de soldats que possible pour prendre le contrôle du gouvernement et de tous les camps et contrôler la nation, après quoi il annoncerait à la nation qu'il contrôlait le gouvernement et qu'il invitait le ministre Mnangagwa et les chefs de service à former un gouvernement. » Albert Rugowe, ancien officier de l'armée, est accusé d'avoir recruté des militaires pour le coup d'État. Le capitaine Shepherd Maromo et Olivine Morale sont également jugés[6].

Selon une source militaire à Harare, les putschistes auraient contacté les gouvernements occidentaux et leur auraient demandé de soutenir le coup d'État. Les pays occidentaux auraient affirmé qu'ils condamneraient publiquement le coup d'État et le soutiendraient en privé seulement s'il rétablissait la démocratie au Zimbabwe[6].

Des accusations de haute trahison sont portées contre Matapo et d'autres civils[7], mais aucun procès pour trahison n'a jamais eu lieu, faute de preuves[5]. L'ancien capitaine de l'armée Albert Matapo (qui avait pris sa retraite de l'armée 16 ans plus tôt en 1991), et six autres hommes, Emmanuel Marara, Oncemore Mudzurahona, Partson Mupfure, Nyasha Zivuku, Rangarirai Mazivofa et Shingirai Webster Mutemachani, sont enfermés sept ans dans la prison de Chikurubi (en), avant d'être libérés le [8]. Matapo affirment qu'ils ont tous été gravement torturés pendant l'interrogatoire, y compris par électrocution de leurs organes génitaux[5]. Il soutient qu'ils n'ont pas tenté de coup d'État et n'avaient aucun intérêt à soutenir Mnangagwa (qu'ils n'apprécient pas plus que Mugabe), mais essayaient simplement de former un parti politique. Ce parti, United Crusade for Achieving Democracy (UCAD), voit le jour le [5].

Ncube, Rugeje et Moyo sont assignés à résidence en juin 2007[9], mais ils restent tous en poste[10],[11],[12],[13].

Emmerson Mnangagwa reste en fonction. Il est élu président du Zimbabwe le [14], après la démission de Robert Mugabe qui suit le coup d'État zimbabwéen de 2017[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) Coup 'plot' feeds Zimbabwe political tension, June 16, 2007. Times Online
  2. (en) Zimbabwe: Army investigates reports of coup plot, June 14, 2007. AllAfrica
  3. a et b (en) « Zimbabwe: Alleged coup plotters deny treason charges », Irish Examiner, (consulté le )
  4. a et b (en) Zimbabwe: Alleged coup plotter speaks out AllAfrica
  5. a b c d et e (en) Staff Reporter, « Former army officer breaks silence on coup accusations », The Zimbabwean, (consulté le )
  6. a et b « Zimbabwe 'coup plotters' charged with treason », sur web.archive.org, (consulté le )
  7. « Zimbabwe: Alleged coup plotters deny treason charges », Irish Examiner, (consulté le ) : « The Herald newspaper, a government mouthpiece, said ... Judge Tedias Karwe postponed the bail hearing to an unspecified date to await submissions from state prosecutors, the paper said. It said prosecutors alleged the men, led by retired soldier Albert Mugove Mutapo, 40, conspired from June 2006 until their arrests last month to overthrow Mugabe. Mutapo planned with the others to recruit soldiers, members of the air force and police to topple Mugabe and replace him with Housing Minister Emmerson Mnangagwa. ... Mutapo would then announce he was in control of the nation and invite Mnangagwa and service chiefs to form a government, the paper said. Mutapo himself would be given a new government post of prime minister, it was alleged. ... Defence lawyer Jonathan Samkange, according to the paper, told Judge Karwe the men denied treason charges, saying they were arrested while forming a new political party to be called the United Democratic Front. “Their discussions with prospective members were not for criminal purposes but for recruiting potential supporters,” Samkange said.The paper quoted Samkange as saying Mutapo denied knowing Mnangagwa personally. It identified the suspects arrested with him as Nyasha Zivuka, 32, Oncemore Mudzurahona, 41, Emmanuel Marara, 40, Patson Mupfure, 46, and Shingirai Mutemachani, 20. None was identified as a member of the military. Earlier reports had said two of the suspects were serving soldiers. »
  8. Staff Reporter, « Former army officer breaks silence on coup accusations », The Zimbabwean, (consulté le ) : « An army officer, who with six friends was abducted in May 2007 and ended up spending seven years in Chikurubi Prison, has broken his silence by speaking to The Zimbabwean this week. ...former Army Captain Albert Matapo ... and six others, Emmanuel Marara, Oncemore Mudzurahona, Partson Mupfure, Nyasha Zivuku, Rangarirai Mazivofa and Shingirai Webster Mutemachani, were abducted on May 29, 2007, at 108 Nelson Mandela Avenue, Harare, by people in plain clothes who identified themselves as CIO and army intelligence officers. ... 'We were abducted because we were in the process of forming a new political party which is now called United Crusade for Achieving Democracy (UCAD). ...' ... Matapo said they were taken to an unknown destination where they suffered several forms of torture, including electrocution on the genitals. ... However, the treason trial did not commence due to lack of evidence and the seven men were released on March 1. ... They went ahead and formed their party, UCAD, which was launched on August 1 in Harare. ... 'There is no way normal people like us would remove Robert Mugabe and put Mnangagwa because they are one and the same. Mnangagwa can even be worse than Mugabe. ...' »
  9. Moses Moyo, « Coup Attempt Nipped in Bud », First Post, ocnus.net, (consulté le )
  10. « Sex for food at army barracks », The Zimbabwean, (consulté le )
  11. (en-US) « Mugabe blasts army generals », sur The Zimbabwe Independent, (consulté le )
  12. (en-US) « Grace angers army chiefs », sur The Zimbabwe Independent, (consulté le )
  13. (en-US) « Zim, China military ties reaffirmed », sur Zimbabwe Situation, (consulté le )
  14. « Zimbabwe's Mnangagwa sworn in as president », RTÉ, (consulté le )
  15. « Zimbabwe's Mnangagwa to be sworn in as president on Friday », RTÉ, (consulté le )