Om̐

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La syllabe Om en devanagari.

Om, aum, (sanskrit : (en devanagari); translittération IAST : oṃ) est une syllabe sanskrite que l'on retrouve dans plusieurs religions d'Asie, en particulier en Inde : l'hindouisme et ses yogas, le brahmanisme, le bouddhisme, le jaïnisme, le sikhisme . On la nomme aussi udgitha ou pranava mantra (« mantra primordial », le mot prāṇa signifiant également « vibration vitale »). D’un point de vue hindou cette syllabe représente le son originel, primordial, à partir duquel l'Univers se serait manifesté. Elle est décrite ou mentionnée dans certaines upaniṣads, notamment la célèbre Chāndogya Upaniṣad[1], mais également dans d'autres upaniṣad.

Étymologie[modifier | modifier le code]

En sanskrit, Om̐ est formé des voyelles A, U et de la consonne M, les voyelle formant la diphtongue AU. Sur le plan symbolique, A représente le commencement, la naissance, et le dieu créateur Brahmā ; U, la continuation, la vie, et le dieu Vishnu ; et M la fin, la mort, et le dieu destructeur Shiva. La syllabe représente donc la totalité de ce qui existe, elle est ce « qui contient le passé, le présent et le futur, tout en étant d'essence autre »[2], la trinité hindoue et les trois guna, rajas, sattva et tamas.

अ+उ+ ँ = A+U+M ँ.

La prononciation du om̐ est parfois décrite ainsi : a émerge du fond de la gorge, vers le palais, u roule sur la langue et m termine sur les lèvres. a symbolise la veille, u, le rêve, m, le sommeil. L'éveil correspond au quatrième temps : le silence, départ et retour du Pranava, et donc, Kali, déesse temporelle.

Cette syllabe serait la somme et la substance du son de l'Univers. Om est le son de ce qui n'est pas entrechoqué, contraire à de l'air sur le larynx, ou au bruit d'un arbre qui se brise[3].

Aum iti ek akshara Brahman[4] (sanskrit); en français : « Aum, cette unique syllabe est le brahman ».

Dans les religions[modifier | modifier le code]

Hindouisme[modifier | modifier le code]

Om (ou Aum ॐ) est un des symboles les plus sacrés de l'hindouisme : il est utilisé comme préfixe et parfois suffixe aux mantras hindous. Il est considéré comme la vibration primitive divine de l'Univers qui représente toute existence ; ainsi :

« La syllabe Om est Brahman. (...) Cette syllabe Om nous permet de nous unir à l'Atman suprême qui s'est manifesté en tant qu'univers diversifié. »

— Tripadvibhuti MahaNarayana Upanishad, 33[5].

La Pranava Upanishad en particulier s'attache à définir le symbolisme de Om. Cette tradition de la « vibration » cependant, sera pleinement mise au jour grâce aux développements du tantrisme. Vasugupta, dans sa Spanda-kârikâ, reprend l'idée de la vibration et l'explicite en lui associant des valences multiples qui débordent de loin le concept de « son ». La « vibration » est pour lui en effet une des formes de la conscience en train de se manifester. Cet « ébranlement » de la conscience qui manifeste chaque développement physiologique a été très tôt associé (nous pensons en particulier à Abhinavagupta) aux modes de manifestations de l'inconscient. Toute personne, dit Abhinavagupta, qui manifeste une propension à s'émerveiller devant une forme particulière de la manifestation, est susceptible de ressentir un ébranlement (kshoba) dès lors qu'elle est mise en contact avec celle-ci.

Bouddhisme[modifier | modifier le code]

Dans sa forme indienne originelle, le bouddhisme comportait différentes formes de méditation fondées sur l'attention (sati) et la tranquillité (samatha), sans utilisation de mantras[6]. C'est lors de son introduction au Tibet, et sous l'influence de l'hindouisme, que l'emploi de mantras et de la syllabe « Om » se développe de façon importante.

Comme dans l'hindouisme, « Om » est utilisé comme préfixe ou suffixe aux mantras, notamment dans le mantra Om mani padme hum du bouddhisme mahāyāna, dont la première syllabe est ॐ. Par ailleurs, cette syllabe est souvent retranscrite en chinois par le caractère 唵 (pinyin ǎn) ou |嗡 (pinyin wēng).

Certaines cloches (ghantā) sont spécialement conçues pour produire les longs accords du son Om̐.

Jaïnisme[modifier | modifier le code]

Monogramme catholique AVM sur le blason de Santa Maria del Cubillo.

Om est un mantra de libération pour le jaïnisme. Sa prononciation est aussi une louange envers les Tirthankaras, les Maîtres qui ont connu l'éveil, leurs disciples acharyas pour la plupart des érudits qui ont professé; et les moines ascètes en général. Om s'écrit également Aum[7].

Sikhisme[modifier | modifier le code]

Le mot « Omkara », qui désigne dieu pour les Védas et qui est synonyme de Om, est devenu Oankar dans le sikhisme[8]. Guru Nanak, le fondateur de cette foi, l'a utilisé. Au niveau de la prière intérieure, le mot sikh Naam, qui est un des noms de dieu, est proche du Om hindou.

Selon René Guénon[modifier | modifier le code]

Selon René Guénon, Om en tant que nom du Logos est également présent au début du christianisme sous la forme AUM par un monogramme représentant les trois lettres AVM se chevauchant. Pour cet auteur, il s'agit d'un ancien symbole du Christ qui a été plus tard assimilé à une abréviation de Ave Maria[9], mais qui était primitivement un symbole réunissant les deux lettres extrêmes de l'alphabet grec, l'alpha et l'oméga[10], pour signifier que le Verbe est le début et la fin de toute chose.

Transcriptions[modifier | modifier le code]

En devanagari, la lettre ‹  ›, « M chandrabindu », note une nasalisation particulière en sanskrit[11]. Ci-après quelques transcriptions dans différentes langues d'Asie.

écrit en devanagari et en gujarati Unicode U+0AD0 nommé OM GOUDJARATI
écrit en tamoul Unicode U+0BD0 nommé OM TAMOUL Om̐ noté en tamoul
ಓಂ écrit en kannada Om̐ noté en kannada
ഓം écrit en malayalam Om̐ noté en malayalam
écrit en tibétain Unicode U+0F00 Om̐ noté en tibétain
ǎn, en sinogramme chinois Unicode U+5535
Un symbole dérivé mais de sens différent : l'Ēk ōaṅkār Unicode U+0A74 Ek Onkar sikh Variante stylisée
AUM ou Om, calligraphie utilisée par le jaïnisme
Koh Mut (de Gau Mitra) écrit en khmer et en thaï[12]
Symbole du mouvement Arya Samaj: AUM dans un soleil. Entre le AU et le M, un pluti (le chiffre 3 [३]), signe qui indique la prolongation de la diphtongue AU; v. pluti sur en.wikipedia.org [1].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Musique[modifier | modifier le code]

Arts visuels[modifier | modifier le code]

  • Dans le manga Saint Seiya (les Chevaliers du Zodiaque en français), le chevalier d'or Shaka de la Vierge prononce souvent cette invocation afin de concentrer son cosmos pour attaquer.
  • Dans le manga D.Gray-man, le personnage de Kanda possède un tatouage représentant le symbole ॐ qui détermine sa durée de vie.
  • Dans la vidéo de sa chanson Frozen, de l'album Ray of Light (en français « Rayon de lumière »), Madonna ouvre la main (à min 43 s du clip[13]) et apparait alors le signe ॐ. La chanson débute par « You only see what your eyes want to see » (« Vous ne voyez que ce que vos yeux veulent voir »).

Autre[modifier | modifier le code]

  • Le symbole est associé à la sous-culture des free-party.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. B.M. Sullivan, The A to Z of Hinduism, Vision Books, p. 149 et 148, (ISBN 8-170-94521-6).
  2. Tara Sara Upanishad, chap. 2, in 108 upanishad, traduction et présentation de Martine Buttex, Paris, Éd. Dervy, 2012, 1333 p. (ISBN 978-2-844-54949-5) p. 778.
  3. Joseph Campbell https://itunes.apple.com/fr/album/lecture-ii.1.3-sound-aum-kundalini/id469379853
  4. Chandogya Upanishad
  5. 108 upanishad, traduction et présentation de Martine Buttex, éditions Dervy, p.799.
  6. Voir le canon pali et le Visuddhimagga; ainsi que (en) Douglas M. Burns, Buddhist Meditation and Depth Psychology, 1994 (§ « Other Forms of Meditation »). ([lire en ligne (page consultée le 6 mai 2024)]
  7. Kristi L. Wiley, The A to Z of Jainism, Vision Books, p. 163, (ISBN 8-170-94681-6)
  8. W. Owen Cole et Piara Singh Sambhi, A Popular Dictionnary of Sikhism, Curzon, p. 123, (ISBN 0-700-71048-5)
  9. Les sulpiciens ont adopté ce symbole pour emblème avec la signification de Auspice Maria – sous la protection de Marie –
  10. René Guénon, Le Roi du Monde, Gallimard, (lire en ligne), chap. IV : Les Trois Fonctions suprêmes, note 1, avec une illustration du symbole
  11. Pour une explication de la transcription en devanagari, ainsi que du passage de la graphie औम् à ॐ, voir Valérie Beck, « Om et Aum : son histoire, son écriture, son sens » sur artetyoga.fr. [lire en ligne (page consultée le 6 mai 2024)]
  12. « antelme_bis »
  13. Clip vidéo de Frozen, Ray of Light, 1998 - Dailymotion [vidéo]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • 108 Upanishad (trad. Martine Buttex), Paris, Dervy, , 1333 p. (ISBN 978-2-844-54949-5), p. 162-166 (cinq méditations sur la syllabe Om)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]