Lamidat

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Le lamido de Maroua avec deux dignitaires (février 1918).

Un lamidat est une chefferie traditionnelle musulmane du nord Cameroun (actuelles régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua). La création des lamidats est liée aux migrations des Peuls dans ces régions à la fin du XVIIe siècle.

Définition[modifier | modifier le code]

Le lamidat signifie « chefferie » en langue peul (verbe laamaago : régner[1]) ou territoire de commandement du chef. Le chef traditionnel est appelé lamido (au pluriel : lamibé).

Le mot pourrait avoir été emprunté au mot sérère beaucoup plus ancien « lamane », qui signifie « hériter » / « successeur » ou « maître de la terre » ou « chef propriétaire du sol » en sérère[2],[3],[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

À la fin du XVIe siècle, la grande vague migratoire des Peuls, peuple de pasteurs nomades qui se déplacent d'ouest en est depuis le Macina, atteint le lac Tchad. Au siècle suivant, les Peuls s'implantent dans le nord du Cameroun, contribuant à la diffusion de l'islam. Ils s'organisent en petits États théocratiques musulmans, dirigés par un lamido, à la fois chef politique et spirituel.

Organisation[modifier | modifier le code]

Le lamidat s’étend sur un territoire bien défini et exerce un pouvoir local centralisé et hiérarchisé. En effet, le lamidat est subdivisé en lawanat, (dont le chef est appelé ardo ou lawane) lui-même divisé en djawora, (djaworo : chef de village ou chef de quartier en ville)[5]. Ardo ou lawane a sous sa direction plusieurs villages. Il s'occupe des litiges mineurs, le lamido n'étant saisi que lors des cas graves.

Le ardo ou lawane transmet les directives du lamido aux djaworos. Ces derniers ont sous leur administration un village ou un quartier ; leur territoire de commandement est donc plus petit.

Le ardo ou lawane est assisté, dans l'exercice de son autorité, de six notables que sont : l'imam, le wakili, le kaïgama, le galdima, le sarkifaada et le sarkisaanou.

Ces structures de commandements et de justice de la période pré-coloniale ont non seulement perduré, mais surtout, elles subsistent aux côtés des structures générées par l’État[6]. Mais, l’importance des différents lamidats encore existants est très variable.

Lamidat par région[modifier | modifier le code]

Les lamidats se situent dans le nord du Cameroun dans les régions de l'Adamaoua, de l'Extrême-Nord et du Nord. L'annuaire des chefferies du Cameroun répertorie 15 lamidats de 1er degré dans ces trois régions et trois sultanats[7]. De nombreux autres lamidats de second degré (lawanat) y sont aussi répertoriés. Certaines portent aussi le nom de lamidat bien qu'elles soient des chefferies de second degré.

Adamaoua[modifier | modifier le code]

Lamido de Ngaoundéré (vers 1917)

Extrême-Nord[modifier | modifier le code]

Sultanat de Mora (Wandala).

Nord[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dictionnaire français/fulfuldé, Garoua, Eds. Annoora,
  2. (fr)Boulègue, Jean. Le Grand Jolof, (XVIIIe - XVIe Siècle). (Paris, Édition Façades), Karthala (1987), p 30
  3. (fr)Dyao, Yoro, Légendes et coutumes sénégalaises. Cahiers de Yoro Dyao: publiés et commentés par Henri Gaden. p 12. (E. Leroux, 1912)
  4. The Seereer Resource Centre, Seereer Lamans and the Lamanic Era (2015) [in] The Seereer Resource Centre [1]
  5. « L'insécurité alimentaire dans la région du Nord au Cameroun: représentations sociales, stratégies de lutte et enjeux,par Alain Christian ESSIMI BILOA, Université de Yaoundé I - Master en sociologie 2010 », sur memoireonline.com (consulté le ).
  6. Lamine Haoua, Le droit en action : Les conducteurs du droit dans la mêlée, un exemple nord camerounais p.245-266, Paris, Karthala, coll. « Cahier d’anthropologie du droit, Laboratoire d’anthropologie juridique de Paris », (ISBN 9782845868588)
  7. « Annuaire des chefferies traditionnelles de 1er et 2nd degré (MINAT, octobre 2012) », sur minatd.cm (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abel Moumé Etia, Le Foulbé du Nord-Cameroun, Bergerac, Imprimerie Générale, 1948, 22p
  • Jean-Paul Ossah Mvondo, Le Cameroun précolonial entre le XVe et le XIXe siècle, AMA-CENC, Yaoundé, 2006 (2e édition), 243 p. (ISBN 9956-467-00-6)
  • Joseph Owona, Les systèmes politiques précoloniaux au Cameroun, L'Harmattan, 2015, 107 p. (ISBN 978-2-343-07294-4)
  • Hamadou Adama , L'islam au Cameroun : entre tradition et modernité, L'Harmattan, Paris, 2004, 244 p. (ISBN 2-7475-7361-3)
  • Geneviève de Bollardière, La pénétration de l'islam avant 1850 dans l'ex-Afrique équatoriale française et le Cameroun, Université Paris I, 1977, 419 p. (thèse de Lettres)
  • Richard Atimniraye Nyelade. Lamidalisme Colonialisme Esclavage Et Génocide Des Autochtones Au Nord Cameroun. Aux Confins De L'expérience Cachée Des « Fali », Candian Scientific Publishing, 2021, 183 p. http://public.eblib.com/choice/PublicFullRecord.aspx?p=6708510.