Jean-Yves Cendrey

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Jean-Yves Cendrey
Jean-Yves Cendrey en 2014.
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Pap Ndiaye (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata

Jean-Yves Cendrey, né le à Nevers, est un écrivain français. Il est marié à l’écrivaine française et prix Goncourt Marie NDiaye.

Jean-Yves Cendrey a écrit pour le théâtre, la radio, le cinéma, et a publié plus d'une vingtaine d’ouvrages – romans, nouvelles et pièces de théâtre –, parus depuis 1988 pour l’essentiel aux éditions P.O.L et aux éditions de l’Olivier[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est né en 1957 à Nevers, dans la Nièvre, d'un père militaire[2] (dont il raconte la violence et l'alcoolisme dans un de ses livres[2],[3]) et d'une mère comptable.

En 1975, il obtient son bac, s’inscrit en fac de Lettres à Poitiers[1], puis en Histoire de l’art à Bordeaux[1], ensuite voyagera beaucoup[1] et écrira, mais sans proposer son travail d'écriture à publication. Sa plume est alors influencée par James Joyce et Antonin Artaud[4] et annonce les prémices d'« une littérature incisive, emportée, qui fouille avec une langue incroyablement maîtrisée les médiocrités familiales, les lâchetés vicinales et les tourments mesquins de la vie contemporaine »[4] et qui décrit « l'absurdité comique de la vie matérielle »[1].

En 1985, à l'âge de 28 ans[2], il découvre le premier livre d’une jeune romancière prodigeQuand au riche avenir[5],[6] –, Marie Ndiaye (plus tard NDiaye), écrit l'année précédente à l'âge de 17 ans[7],[8]. Ils correspondent, se rencontrent, et Jean-Yves Cendrey dira d'elle : « Elle était une reine dans son château. J’étais un chemineau, un indigent de l’écriture. »[1],[2]. Elle est éditée aux Éditions de minuit et lui verra son premier roman publié trois ans plus tard aux Éditions P.O.L[2].

Jean-Yves Cendrey et Marie NDiaye se marient en 1991[9].

Parents de trois enfants[10],[11],[6], ils vivent une existence tranquille et nomade[1], successivement à La Rochelle, Paris, Barcelone, Rome, Cormeilles en Normandie (dès 1994[1]), La Réole en Gironde (de 2001 à 2007), Berlin, l'île de Marie-Galante[2], puis en 2013 à Barie, petit village girondin, près de La Réole[12].

L'affaire Lechien[modifier | modifier le code]

C'est à Cormeilles, ce village de Normandie où il est installé avec sa famille, qu'au début de l'année 2001 Cendrey confronte l'instituteur du village, accusé d'abus sur ses élèves, et le conduit à la gendarmerie le [2]. Il ressort des auditions de 240 élèves que 38 d'entre eux ont été agressés sexuellement par cet instituteur de CP et conforte l'intervention et la ferme résolution de l'écrivain[13],[14]. Cette expérience lui inspire le livre Corps ensaignant[15], une fiction qui dénonce l'inaction de la police et de l'éducation nationale face aux violences répétées de deux instituteurs[15].

Polémique et installation à Berlin[modifier | modifier le code]

En 2007, Jean-Yves Cendrey et son épouse, la romancière Marie NDiaye, décident de quitter temporairement la France[2], avec leurs enfants, pour s'installer à Berlin et donnent comme une des raisons de leur départ, l'élection à la présidence de la République de Nicolas Sarkozy, ce qui déclenche une controverse avec certains élus de droite[16].

Le 2 novembre 2009, Marie NDiaye devient la lauréate du plus prestigieux prix littéraire français, le prix Goncourt – pour son onzième roman Trois Femmes puissantes – or, dans le cadre d'une interview du [17],[18], l'écrivaine avait qualifié le gouvernement de Nicolas Sarkozy (en particulier les ministres Besson et Hortefeux[17]) de « monstrueux »[18],[19],[20], ce qui suscite aussitôt le prix décerné une vive polémique politico-médiatique[17],[20],[21],[22] – enflée par une question écrite du député Raoult[22],[23],[24],[21] –, ainsi qu'une réaction de la part de Cendrey[25],[26], le soutien de personnalités du monde littéraire[21],[22], un communiqué[27],[22] et la sympathie de la cheffe de file des socialistes (Martine Aubry)[22],[27] et une réponse explicite à l'affaire de la principale intéressée[8],[18],[20],[22].

Après cet incident retentissant, le couple confirme vouloir clore le débat et rester loin du buzz médiatique[1], à Berlin[18],[19],[28]« l'atmosphère est plus exaltante » (dixit Marie NDiaye)[18],[29], se refusant cependant à qualifier leur départ de « forme d'exil politique »[8],[17],[22].

Sensibilité électromagnétique[modifier | modifier le code]

En janvier 2012, alors qu’il travaille à un nouveau livre, Jean-Yves Cendrey est affecté de troubles physiques intenses et persistants[30]. Alors que les médecins demeurent impuissants à délivrer un diagnostic, l’écrivain réalise progressivement être sensible aux environnements saturés d’ondes électromagnétiques et faire parti de la catégorie des “sujets électrosensibles”[31],[32].

Son roman Schproum, paru en octobre 2013 aux éditions Actes Sud, revient sur la manière dont il a dû abandonner l'écriture de son livre à cause de douleurs violentes, de malaises, de migraines, d'acouphènes et d'un mal-être général, signes de son hyper-sensibilité électromagnétique[30],[33].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans et nouvelles[modifier | modifier le code]

  • Principes du cochon, P.O.L, Paris, 1988
  • Atlas menteur, P.O.L, 1989
  • Les morts vont vite, P.O.L, 1991
  • Oublier Berlin, P.O.L, 1994
  • Trou-Madame, P.O.L, 1997
  • Les Petites Sœurs de sang, Éditions de l'Olivier, 1999
  • Parties fines, Mille et une nuits, 2000
  • Une simple créature, Éditions de l'Olivier, 2001
  • Conférence alimentaire, L'Arbre vengeur, 2004
  • Les Jouets vivants, Éditions de l'Olivier, 2005
  • Corps ensaignant, Gallimard, 2007
  • Les Jouissances du remords, Éditions de l'Olivier, 2007
  • La maison ne fait plus crédit, Éditions de l'Olivier, 2008
  • Honecker 21, Actes Sud, 2009[1]
  • Le Japon comme ma poche, L'Arbre vengeur, 2009
  • Mélancolie vandale, Actes Sud, 2011
  • Schproum. Roman avorté et récit de mon mal, Actes Sud, 2013[30]
  • La France comme ma poche, L'Arbre vengeur, 2016 (de Willy von Beruf – traduction française)

Théâtre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j « Cendrey, Jean-Yves – Honecker 21 (Actes Sud, 2009) », sur Étonnants Voyageurs : Festival international du livre et du film de Saint-Malo,
  2. a b c d e f g et h Xavier Houssin, « Jean-Yves Cendrey : "Je ne suis pas un écrivain douillet" », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  3. « Les Jouets vivants – Jean-Yves Cendrey », sur Éditions de l'Olivier,
  4. a b c d et e « Biographie de Jean-Yves Cendrey », sur Théâtre du Rond-Point (consulté le )
  5. « Biographie de Marie NDiaye », sur EveneLe Figaro (consulté le )
  6. a et b Claire Devarrieux, « Enfant prodige, auteur prodigue », sur Libération,
  7. Ondine Millot, « Un cas d'école », sur Libération, (consulté le )
  8. a b et c Aurélie Raya, « Marie NDiaye, l’exilée volontaire », sur Paris Match,  : « – La journaliste : Est-ce vraiment à cause de l’élection de Nicolas Sarkozy que vous êtes partie vivre à Berlin ? – Marie NDiaye : Dans les départs, il faut parfois des éléments incitateurs, et cet événement l’a été. Mais nous serions partis si une autre personne avait été élue. Il ne s’agissait pas de fuir un dictateur. »
  9. François André et Daniel Martin, « Reprise de Toute vérité de Marie NDiaye et Jean-Yves Cendrey, mise en scène Caroline Gonce », sur Sceneweb : l'actualité du spectacle vivant,
  10. Le couple Cendrey-NDiaye a trois enfants, prénommés Laurène née en 1991, Silvère né en 1993 et Romaric né en 1997
  11. Marianne Payot, « Rencontre : Marie NDiaye, la globe-croqueuse », sur L'Express,
  12. Is. de Montvert-Chaussy, « Marie NDiaye fait escale à Bordeaux », sur Sud Ouest,
  13. Nicolas Michel, « Les parents terribles », sur Jeune Afrique,
  14. Ondine Millot, « Marcel Lechien condamné à quinze ans de réclusion », Libération,‎ (lire en ligne)
  15. a et b Ondine Millot, « L'école du silence », sur Libération,
  16. Josyane Savigneau, « Rencontre à livre ouvert avec Marie NDiaye », sur Les Échos,
  17. a b c et d « Les propos de Marie NDiaye, Goncourt 2009, font polémique », sur La Dépêche,
  18. a b c d et e « Marie NDiaye juge "très excessifs" ses propos sur "la France de Sarkozy" », sur L'Humanité,
  19. a et b Nelly Kaprièlian, « L'écrivain Marie Ndiaye aux prises avec le monde », sur Les Inrockuptibles,
  20. a b et c « Propos sur Sarkozy: Marie NDiaye «persiste et signe» », sur La Presse,
  21. a b et c Eric Nunès, « Un devoir de réserve pour les artistes ? », sur Le Monde,
  22. a b c d e f et g « Mitterrand refuse d'arbitrer la querelle entre l'écrivaine NDiaye et le député Raoult », sur France 24,
  23. « Frédéric Mitterrand ne souhaite pas "arbitrer" la polémique NDiaye-Raoult », sur Le Monde avec AFP,
  24. Question no 63353 publiée au JO le 10/11/2009, page 10530, retirée le 24/11/2009 (à l'initiative de l'auteur de la question)
  25. « Jean-Yves Cendrey, mari de Marie Ndiaye, réagit aux attaques de Raoult », sur Le Nouvel Obs,
  26. Martine Rousseau et Olivier Houdart, « Raoult, un petit blanc au comptoir (2) », sur Le Monde,
  27. a et b Martine Aubry, première secrétaire du PS, écrit dans un communiqué du 11 novembre 2009 : "Marie NDiaye s’inscrit dans la lignée des grands écrivains qui ont associé l’écriture à l’engagement, à la littérature et à la dénonciation des injustices, de Voltaire à Hugo, de Zola à Camus."
  28. « L’histoire d’une femme malade de l’Allemagne », sur L'Humanité,
  29. « Berlin, capitale des écrivains français », sur Le Nouvel Obs,
  30. a b et c « Schproum, roman avorté et récit de mon mal », sur Actes Sud,
  31. « Jean-Yves Cendrey : "Je suis électro hyper-sensible" », sur Radio France,
  32. « Jean-Yves Cendrey, l'écrivain électro-hypersensible », sur Le Nouvel Obs,
  33. « Jean-Yves Cendrey : témoignage d'un électrosensible », sur Allô docteurs – Le Magazine de la santé,

Liens externes[modifier | modifier le code]