Inamujandi

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Inamujandi
Biographie
Naissance
Ndora (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Inamujandi est une femme qui a combattu pour l'indépendance du Burundi.

Biographie[modifier | modifier le code]

Inamujandi est une femme originaire de Ndora, dans la région de Nkiko-Mugamba qui se situe au Nord-Ouest du Burundi actuel[1]. Certains historiens affirment que ses origines sont inconnues[2], d'autres qu'elle est Hutu[3],[4] ; elle appartient au clan Abajiji[2]. Elle naît vers le milieu du dix-neuvième siècle[5].

Inamujandi vit dans la forêt de Kibira et peu de gens la voient : elle agit généralement via des messagers. Elle s'affirme dotée de pouvoirs magiques, comme ressusciter les morts ou transformer les balles des fusils européens en eau. Elle prédit un avenir positif pour le pays en échange de cadeaux et de vivres pour elle[6]. Elle affirme égaelment qu'un nouveau roi invincible va émerger et battre les Européens, libérant le pays[7]. Les Belges la taxent de rebelle et de sorcière, un surnom dangereux en pleine époque d'évangélisation du pays[1].

En juillet 1934, elle appelle à la rébellion contre les autorités coloniales belges. La révolte se prépare de façon très discrète et les chefs et sous-chefs influents transmettent en secret les instructions d'Inamujandi à la population[6]. Le 23 juillet, Inamujandi donne l'ordre d'attaquer[8], soutenue par Runyota[1], qui a mené une rébellion une dizaine d'années plus tôt[7]. Le sous-chef Bikarisha et le notable Mbonihankuye sont les premiers attaqués[6]. Les rebelles, estimés entre 2500 et 3000[9], brûlent une dizaine de missions et plus de 300 huttes en quelques jours[7]. L'action de répression belge commence le 26 juillet[6]. Une troupe d'une cinquantaine de soldats arrive immédiatement. Deux insurgés meurent, mais les autres refusent de se rendre. Les rebelles se battent la nuti et sabotent des ponts ; la résistance continue plusieurs mois[8].

Le 6 novembre 1934, Inamujandi est capturée par le sous-chef Antoine Kaziri, neveu de Baranyanka[10], et exilée à Ruyigi, qui sert de ville-prison et où elle meurt peu après[7],[2]. Avec la capture d'Inamujandi, la révolte s'arrête[8].

Postérité[modifier | modifier le code]

Anti-colonialisme[modifier | modifier le code]

Inamujandi est considérée comme une des grandes figures révolutionnaires du Burundi, aux côtés de Runyota[2].

Féminisme[modifier | modifier le code]

Il est supposé que la rareté des récits sur la rébellion d'Inamujandi vient du refus des colons d'écrire des rapports sur le fait d'être battus par une femme, faisant d'Inamujandi une image de femme puissante à une époque très patriarcale[7],[9]. Elle est parfois comparée à Jeanne d'Arc[11],[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Yaga, « Débat : Runyota-Inamujandi ou l’histoire de la contestation de la colonisation belge », sur Yaga Burundi, (consulté le )
  2. a b c et d « Du passé composé au futur simple/ Inamujandi & Runyota : révolutionnaires ou rebelles ? – IWACU », sur www.iwacu-burundi.org (consulté le )
  3. Jean-Pierre Chrétien, « Une révolte au Burundi en 1934: Les racines traditionalistes de l'hostilité a la colonisation », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 25, no 6,‎ , p. 1678–1717 (ISSN 0395-2649, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Rene Lemarchand, Burundi: Ethnic Conflict and Genocide, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-56623-0, lire en ligne)
  5. (en) Jeremy Rich, « Inamujandi », dans Dictionary of African Biography, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-538207-5, lire en ligne) Accès payant
  6. a b c et d Joseph Gahama, Le Burundi sous administration belge: la période du mandat 1919-1939, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-86537-089-4, lire en ligne)
  7. a b c d et e yvanmusonii, « Inamujandi (wa jambo ) : lorsque le patriarcat bascule », sur La Plume🇧🇮,‎ (consulté le )
  8. a b et c Yaga, « Inamujandi, la « sorcière » qui défia le pouvoir mandataire belge », sur Yaga Burundi, (consulté le )
  9. a b et c Dona Fabiola Ruzagiriza, « Ces héroïnes dont on ne parle pas », sur Burundi Eco, (consulté le )
  10. « Inamujandi : une femme en colère – IWACU », sur www.iwacu-burundi.org (consulté le )
  11. Cédric Bahimpundu, « Inamujandi: la "sorcière de Ndora" qui fomenta une rébellion contre l’occupant belge », sur Jimbere, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]