Gerard Soete

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Gerard Soete
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 80 ans)
BrugesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Gérard Soete (Pittem, - Sint-Kruis, Bruges, ) était un gendarme belge du temps des colonies, auteur et enseignant. Un an avant sa mort, en 1999, il se fait connaitre comme participant à l'assassinat de Patrice Lumumba.

Carrière au Congo[modifier | modifier le code]

Après des études de langues allemandes, Soete s'installe au Congo belge en 1946 et devient membre de la police à Élisabethville, capitale du Katanga. Il termine sa carrière en tant qu'inspecteur général de la police du Katanga[1]. Le , le Congo belge devient le Congo indépendant. Soete reste au Katanga lorsque, onze jours après l'indépendance du Congo, l'État du Katanga est déclaré pays indépendant dirigé par le président Moïse Tshombe.

Meurtre de Lumumba[modifier | modifier le code]

Lumumba avant son transport à Thysville .

Le , Soete est interviewé par Jacques Brassinne de La Buissière, ancien fonctionnaire du Katanga, qui rédige une thèse de doctorat sur l'assassinat du premier premier ministre du Congo Patrice Lumumba et de ses alliés politiques Maurice Mpolo et Joseph Okito[1]. Jusqu'à l'enquête parlementaire belge sur le meurtre de Lumumba en 2001, la thèse de doctorat restait sous embargo. Bien que Soete n'ait pas été impliqué dans le meurtre de Lumumba, le commissaire de police Frans Verscheure lui a ordonné de se débarrasser des corps. Soete et son frère exhument les dépouilles mortelles et les dissolvent dans de l'acide sulfurique. Lors d'une interview à la télévision allemande, Soete montre plus tard une balle qui a traversé le corps de Lumumba et deux dents qu'il a arrachées.

En 1999, Ludo De Witte publie De moord op Lumumba, traduit par L'assassinat de Lumumba . L'auteur a interrogé Soete, qui a avoué ouvertement qu'il était présent pour exhumer et détruire les corps, et a ajouté qu'il n'avait aucun remords de l'avoir fait.

La publication du livre de De Witte a engendré une crise diplomatique entre la Belgique et le Congo, qui a à son tour déclenché l'enquête parlementaire. Soete a été invité à livrer les dents à l'enquête, mais a affirmé les avoir jetées dans la mer du Nord.

Soete est décédé en 2000. En , une dent censée appartenir au corps de Lumumba a été confisquée dans la maison de Godelieve, la fille de Soete[2]. Quatre ans plus tard, un juge belge a décidé que la Belgique devait restituer la dent[3]. En , le président congolais Félix Tshisekedi déclare que la dent reviendra au Congo en 2021 et que Lumumba recevra un lieu de sépulture approprié[4]. Cette dent, unique reste de la dépouille de Patrice Lumumba, a été restituée à la République Démocratique du Congo le 20 juin 2022 [5].

Suite et fin de vie[modifier | modifier le code]

Soete était resté encore dix ans au Congo, après l'indépendance et a été actif sous le régime de Mobutu Sese Seko. En 1972, il s'installe à Bruges et devient professeur de langues au Collège Saint Léon jusqu'à sa retraite. De plus, il était un écrivain de romans et de non-fiction sur la vie coloniale au Congo. Dans son roman De arena de 1978, il décrit le meurtre de Lumumba dans tous ses détails macabres. Il écrit parfois sous le pseudonyme de Geert Van Puthen. Outre ses romans et livres de non-fiction, il a écrit de nombreux articles qui ont été publiés dans le magazine culturel Kruispunt.

Soete est mort dans sa maison de Sint-Kruis. Selon Godelieve Soete, il a été « exécuté à cause de ce qu'il a fait au Congo à l'époque. Un membre de la Commission Lumumba me l'a littéralement dit un jour."[6] Officiellement, cependant, il est décédé d'un arrêt cardiaque[6].

Soete est le grand-père de l'animatrice de télévision Julie Van den Steen (nl)[7] .

Publications[modifier | modifier le code]

Livres[modifier | modifier le code]

  • De achterhoede, Bruges, Darthet, 1967 (comme Geert Van Puthen)
  • Negropolis, Bruxelles, Reinaert, 1971 (comme Geert Van Puthen)
  • De stroom, of handleiding voor een revolutie, Zele, Reinaert, 1976
  • Keerverbod, Bruges, Orion, 1976
  • De arena: het verhaal van de moord op Lumumba, Bruges, Raaklijn, 1978
  • De afrekening, Nimègue, Gottmer, 1980
  • Hôtel Roze uren, Brecht, De Roerdomp, 1985
  • De grijshemden, Anvers, Standaard, 1988
  • De gekke monnik, Louvain, De Clauwaert, 1991 (roman historique sur Hugo Van der Goes).
  • Het einde van de grijshemden: onze koloniale politie, Zedelgem, Flandria Nostra, 1993
  • Burenpsalm, Zedelgem, Flandria Nostra, 1993

Articles dans Kruispunt[modifier | modifier le code]

  • Décor exotique, 1996, p. 158-161
  • Acculturatie, 1997, p. 220-222
  • Ongeremde fantasie, 1997, p. 266-268, à propos du roi Kuba
  • Op zoek naar onszelf ?, 1998, p. 222-225

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Brassinne de La Buissière, « Enquête sur la mort de Lumumba » (consulté le )
  2. (nl) « Tand gevonden van Lumumba; toont Belgische rol in zijn moord » [« Dent trouvée à Lumumba; montre le rôle belge dans son assassinat »], Afro Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Jason Burke, « Belgium must return tooth of murdered Congolese leader, judge rules », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (nl) « Tand van Lumumba wordt in 2021 naar Congo gerepatrieerd », De Morgen,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Alexander De Croo lors de la cérémonie Lumumba : Un discours qui a une portée historique et symbolique forte », RTBF,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Jan Antonissen et Hanne Van Tendeloo, « De man die Lumumba deed verdwijnen » (consulté le )
  7. « Julie Van den Steen excuseert zich voor wandaden van koloniale grootvader: “Mijn opa heeft bijzonder slechte dingen gedaan in die tijd” », Het Laatste Nieuws, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]