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Latin

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Latin
lingua latīna
Langues filles langues romanes
Pays Vatican
Typologie SOV flexionnelle
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle Drapeau du Vatican Vatican
Codes de langue
IETF la
ISO 639-1 la
ISO 639-2 lat
ISO 639-3 [http://www-01.sil.org/iso639-3/documentation.asp?id=lat lat lat]
Étendue langue individuelle
Type ancienne
Échantillon

Article 1
Omnes homines liberi æquique dignitate atque juribus nascuntur. Ratione conscientiaque præditi sunt et alii erga alios cum fraternitate se gerere debent.


Notre père

Pater noster, qui es in caelis
Sanctificetur nomen tuum ;
Adveniat regnum tuum ;
Fiat voluntas tua
sicut in caelo et in terra.
Panem nostrum quotidianum da nobis hodie,
et dimitte nobis debita nostra
sicut et nos dimittimus debitoribus nostris
et ne nos inducas in tentationem
sed libera nos a malo.
Amen.

Le latin (en latin : lingua latīna) est une langue italique de la famille des langues indo-européennes, parlée à l'origine dans le Latium et la Rome Antique. Bien qu'il soit souvent considéré comme une langue morte depuis l'époque de la Révolution française[réf. nécessaire], terminologie qui n'est d'ailleurs pas acceptée de tous[note 1], un certain nombre d'universitaires et de membres du clergé le parlent couramment, et de nombreuses écoles et universités continuent à l'enseigner[1],[note 2]. Le latin est toujours utilisé pour la production de nouveaux mots dans de nombreuses familles de langues. Le latin et ses langues-filles, les langues romanes, sont la seule branche des langues italiques à avoir survécu. Les autres branches sont attestées dans des documents datant de l'Italie préromaine, mais ont été assimilées durant la période républicaine.

Langue flexionnelle, elle comporte sept cas, deux nombres et trois genres. Son alphabet — qui, enrichi de lettres supplémentaires et de signes diacritiques, est utilisé aujourd'hui par de nombreuses langues vivantes — comportait à l'époque classique 23 lettres, dont 4 voyelles, 2 semi-voyelles et 17 consonnes.

Histoire de la langue latine

Inscription latine au Colisée à Rome
Calligraphie d'une bible en latin en 1407

Modèle:Périodes de latin

Origines

Les langues italiques forment une sous-famille centum des langues indo-européennes, qui inclut les langues romanes (notamment le français, le catalan, l'italien, l'espagnol, le portugais, le roumain) ainsi qu'un certain nombre de langues éteintes. Le latin était donc une langue d'origine indo-européenne parlée par la population du Latium, entourée par d'autres parlers indo-européens et par la langue étrusque dont elle subit l'influence.

Latin archaïque

Latin classique

Le latin acquiert une importance croissante avec l'expansion de l'État romain du IIe siècle av. J.-C. au IIe siècle. Langue officielle de l'Empire, elle se répand dans la majeure partie de l'Europe, de l'Afrique du Nord et de l'Asie Mineure.

Bas-latin

Lors de la chute de l'Empire d'Occident au Ve siècle, les envahisseurs adoptent le mode de pensée romain et la langue latine afin d'asseoir leur légitimité. Tout au long du haut Moyen Âge, bien qu'il ne soit pas une langue vernaculaire, le latin reste la langue des actes officiels, de la diplomatie, de la liturgie et de la littérature savante (théologie, philosophie, sciences).

Durant la suite du Moyen Âge, les langues locales s'affirment au plan littéraire et intérieur, et tandis qu'il donne naissance à de nombreuses langues vernaculaires dérivées (les langues romanes) et que des langues non romanes (comme l'anglais ou le gotique) lui empruntent du vocabulaire, le latin reste influent aux plans diplomatique, juridique, scientifique et philosophique.

Latin médiéval

Le latin est réformé vers 800 puis au XIe siècle sur le modèle du latin classique, afin d'éviter une dérive vers les langues vernaculaires qui en étaient issues.

Latin humaniste

À la Renaissance, la fonction scientifique et philosophique de la langue latine commence à décliner, tout comme sa fonction diplomatique (Ordonnance de Villers-Cotterêts, 1539). Cela n'empêchera pas Érasme de publier une quantité de textes en un latin redevenu classique et très riche ; de même, René Descartes (1596-1650) écrit volontiers en latin... surtout lorsqu'il est pressé (même s'il publie son Discours d'abord en français pour des raisons particulières ; les ouvrages de son époque sont souvent imprimés en latin pour être diffusés dans toute l'Europe). Dans la partie germanique de l'Europe (où le droit romain reste en vigueur jusqu'à la fin de l'Empire), le latin restera plus longtemps la langue des publications importantes ou scientifiques, tandis que du côté français, d'énormes efforts sont accomplis (surtout avec Louis XIV) pour le remplacer par un français châtié et remanié. Le latin reste toutefois la langue liturgique et officielle du catholicisme (textes doctrinaux ou disciplinaires, droit, etc.).

Latin contemporain

Guichet automatique bancaire en latin au Vatican
Logo du Conseil de l'Union Européenne

Au XIXe siècle, le latin est une langue privilégiée dans l'enseignement tant ouest-européen (heures de cours, rédaction des thèses) qu'est-européen, bien qu'il ne soit guère plus utilisé que par les commentateurs et éditeurs de textes antiques[réf. nécessaire]. En Belgique, l'usage de la langue vulgaire dans les universités n'a été toléré qu'à partir de 1835 environ.

Au XXe siècle, c'est avant tout une langue de culture, qui reste revendiquée par l'Église catholique romaine depuis l'époque de l'Empire romain, bien que seuls quelques cardinaux et théologiens la parlent réellement. C'est l'une des quatre langues officielles de l'État du Vatican, et partiellement langue d'enseignement dans les universités pontificales romaines. Des publications latines profanes sont également réalisées tout au long du XXe siècle, comme celles des communistes russes qui publient tous leurs ouvrages de botanique en latin pendant la période de la guerre froide[réf. nécessaire] ou, plus récemment, des traductions en latin des deux premiers tomes du best-seller Harry Potter.

De nos jours, de nombreux mouvements[Lesquels ?] prônent son maintien comme langue de communication européenne, et l'utilisent notamment lors de congrès : il s'agit de promouvoir le latin classique comme une véritable langue moderne grâce aux ajouts de vocabulaire. Dans Le Monde, Pierre Georges mentionne soixante mille mots ou expressions ajoutés au latin au cours du siècle écoulé, dont res inexplicata volans pour OVNI ou vis atomica pour puissance nucléaire[2]. Des revues et des sites Web sont édités en latin, tandis que la radio finlandaise émet en latin trois fois par semaine depuis plus de vingt ans[note 3]. La prononciation contemporaine qui semble s'imposer est la prononciation ancienne restituée.

L'interlingua propose quant à elle une synthèse des langues romanes. Ses partisans mettent en avant son identité latine et son vocabulaire directement accessible par les 900 millions de locuteurs romans. Un de ses courants, qui se dénomme « latin moderne », propose son emploi direct à destination du public roman de toutes langues, après quelques réformes (orthographe phonétique, élimination des mots antiques sans postérité, modernisation des formes lexicales), la compréhension serait alors immédiate, à condition d'avoir appris environ 50 mots sur un vocabulaire usuel de 5000.

Répartition géographique

Le latin est toujours aujourd'hui la langue officielle de l'Église catholique. Par exemple, le Code de droit canonique de 1983 et même le Code des canons des Églises orientales (qui pourtant n'ont jamais utilisé le latin comme langue liturgique) de 1990 sont écrits en latin, et les spécialistes font constamment référence au texte latin[réf. nécessaire]. La langue officielle de la diplomatie du Vatican est quant à elle le français mais l'usage sur le territoire consacre, de facto, la domination de l'italien.

Écriture

Les Romains sont les créateurs de l'alphabet latin qui comportait, à l'époque classique, les lettres suivantes :

A B C D E F G H I L M N O P Q(V) R S T V X
a b c d e f g h i l m n o p q(u) r s t u x

Les lettres k, y et z sont rares : k était initialement utilisé pour c devant a et les consonnes, mais était pratiquement éliminé au profit de c à l'époque classique ; y et z ont été ajoutées pour transcrire les mots grecs à partir de l'époque classique. Quintilien se plaint que cet enrichissement de l'alphabet permette de mieux transcrire les mots grecs que les mots latins[note 4].

Prononciation

Prononciation ancienne restituée

On ne connaît pas avec une précision totale la prononciation du latin classique, malgré les nombreux témoignages laissés par les auteurs latins et les moyens mis en œuvre par la méthode comparatiste (cf. remarque de Quintilien ci-dessus).

L'une des modifications les plus importantes depuis l'indo-européen commun est le rhotacisme (passage de [s] à [r] dans certaines conditions ; principalement entre voyelles). La prononciation d'une langue n'étant pas figée, tant que le latin a été parlé, ses phonèmes ont évolué. Les évolutions les plus flagrantes ont été :

  • ae (diphtongue) : initialement [ae̯], puis se monophtongue en [ɛ] (e ouvert) à partir du IIe siècle après J.-C., confondant ainsi son évolution avec celle de ĕ (e bref) ;
  • au (diphtongue) : [au̯] ; cette diphtongue, hormis dans certaines prononciations dialectales, s'est conservée tout au long du latin ; en Gaule du Nord, par exemple, elle ne se monophtonguera en [ɔ] qu'à partir de la deuxième moitié du Ve siècle ;
  • c : [k] (toujours dur) ; dans les inscriptions archaïques (et, à l'époque classique, dans les prénoms Gaius et Gnaeus), c pouvait servir à noter [g] ;
  • ch : [kʰ] (aspiré, comme en grec ancien) ;
  • g : [g] (toujours dur) ;
  • h : initialement [h] (comme en anglais ou en allemand) puis très rapidement simple légère aspiration, dès les premiers textes littéraires et jusqu'à la fin de l'époque républicaine, époque où il s'amuïra dans la langue populaire. Maintenu artificiellement par l'école et dans la langue cultivée, il disparaît définitivement dès le premier siècle de l'ère chrétienne.
  • i : note à la fois la voyelle [i], longue ou brève, et la semi-consonne [j] ([jj] entre deux voyelles) ; dans les éditions scolaires, quand i vaut [j], il est souvent écrit j, distinction que les Romains ne pratiquaient pas (pour cause : la lettre j n'est apparue que bien après) : ils écrivaient I en toute position ;
  • m : [m] ; amuï de bonne heure en fin de mot : si bien que rosam se prononçait comme rosa. Toutefois, cet amuïssement ne touche pas les monosyllabes : rem et quem ont donné respectivement rien en français et quien en espagnol.
  • oe (diphtongue) : [oe̯] puis se monophtongue en [e] (e fermé) à partir du IIe siècle après J.-C., confondant ainsi son évolution avec celle de ē (e long) ;
  • ph : [pʰ] (aspiré ; emprunté au grec ancien) ;
  • qu : [kʷ] ;
  • r : [r] vibrante apico-alvéolaire ("r roulé") ;
  • s : toujours [s] ; le latin ne connaissait pas le son [z], remplacé par [r] (rhotacisme) ;
  • th : [tʰ] (aspiré ; emprunté au grec ancien) ;
  • u : note à la fois la voyelle [u] longue ou brève, et la semi-consonne [w] ; la distinction entre u et v en minuscules est relativement récente et ne s'emploie plus que dans les éditions scolaires. Les Romains écrivaient V en toute position. Dans toute l'aire gallo-romane, ū (u long) évoluera par la suite en [y] ;
  • x : [ks]; non pas un phonème, mais une convention orthographique pour une séquence de deux consonnes [k]+[s] – ex. : exire [ek.ˈsiː.re] ;
  • y : [y] ; emprunté au grec ancien, se prononce [y] suivant le modèle grec ; toutefois, plus tard, en bas latin, il s'articule soit [u], soit [i], selon les cas ;
  • z : [dz] (emprunté au grec ancien) ; consonne double ne se trouvant que dans quelques mots grecs ;
  • l'existence de voyelles nasales reste controversée.

Chaque voyelle (a, e, i, o, u, y) peut être brève ou longue (distinguées aujourd'hui par le diacritique ˘ ou ¯). Le latin antique était une langue à accent de hauteur aussi dotée d'un accent d'intensité secondaire.

Certaines consonnes peuvent être géminées, c'est-à-dire doubles, et sonnent, à l'oreille, comme une suite de deux consonnes phonétiquement identiques ; ex : « siccus », « stella », « annus », « terra », « grossus », « littera », etc.

Le latin enseigné actuellement en France (et dans beaucoup de pays à travers le monde) correspond la plupart du temps à cette prononciation restituée du Ier siècle av. J.-C. : c'est cette prononciation qu'il faut pratiquer pour lire à peu près convenablement un texte latin et qui est presque généralisée actuellement dans les congrès internationaux qui choisissent cette langue.

Prononciation médiévale

  • æ et œ, donnent [e] ; ex : (cælum, class. [ˈkælum] ; méd. [tselum] ; le ciel).
  • h' : initialement [h] (comme en anglais ou en allemand) puis très rapidement simple légère aspiration (dès les premiers textes littéraires) ;
  • c se prononce [ts] devant les voyelles e et i et devant les diphtongues œ et æ: « Caesar » [tsesar], « Cicero » [tsitsero], etc.;
  • g : [g] (toujours dur): « Graecia » [ˈgretsia], « genus » [genus], etc. ;
  • r : [r] ("r roulé") ;
  • sc se prononce [sts] devant les voyelles e et i et devant les diphtongues œ et æ : « scientia » [stsiˈentsia] ;
  • le digramme ph se prononce [f] (philosophia [filoˈzofia]) ;
  • ti se prononce devant les voyelles [tsi] : « ratio » (« la raison »), en latin class. [ratio], en latin méd. [ratsio] ;
  • sti, tti, xti valent toujours [sti], [tti], [ksti] : « mixtio » [ˈmixtio] « Attius » [ˈattius];
  • x se prononce [ks] ; ex : (ex, [ɛks] ; de).

Prononciation ecclésiastique

Une autre prononciation du latin est celle du « latin ecclésiastique », ou « latin d'église », qui est assez proche de l'italien, avec quelques exceptions. Cette prononciation, qui n'est fondée sur aucune base philologique sérieuse, est celle définie par Érasme dans son ouvrage Dialogus de recta latini graecique sermonis pronuntatione écrit en 1528.

  • ae et oe, donnent [e] ; ex : (caelum, class. [kaelum] ; eccl. [ʧelum] ; le ciel).
  • h est généralement ignoré ;
  • c se prononce [ʧ] devant les voyelles e et i et devant les diphtongues oe et ae ;
  • g se prononce [ʤ] devant les voyelles e et i et devant les diphtongues oe et ae ;
  • sc se prononce [ʃ] ;
  • le digramme ph se prononce [f] (philosophia [filosofia]) ;
  • tio se prononce [ʦio] ; ex :(ratio, class. [ratio] ; eccl. [raʦio]) ;
  • x se prononce [ks] ; ex : (ex, [eks] ; de).

Grammaire

Voici quelques généralités sur la grammaire du latin classique.

Morphologie

La morphologie du latin est celle d'une langue hautement flexionnelle.

Système nominal

On compte dans le système nominal autant les noms que les adjectifs, qui suivent des flexions proches, sinon similaires. La flexion nominale comporte :

  • deux nombres : singulier et pluriel, avec des survivances de duel (dans les formes de l'adjectif numéral duo, duae, duo) ;
  • trois genres : masculin, féminin et neutre ;
  • cinq types de déclinaisons[note 5] pour le nom. Ces cinq types, que tous les livres de grammaire latine distinguent classiquement, ne sont en fait que des catégories qui elles-mêmes se subdivisent en différentes sous-catégories avec pour chacune un tableau de déclinaisons associé. Ainsi, dans la 3e déclinaison, on distingue les thèmes consonantiques (leo, leonis, m., « le lion » a pour thème leon-) des thèmes en -i (civis, -is, m., « le citoyen » a pour thème civi-), etc. ; en outre, pour les 3 premières déclinaisons, il existe des variantes pour les noms d'origine grecque. La déclinaison offrant le plus d'irrégularités est de loin la 3e déclinaison (rete, -is, n., « le filet, le piège » ; os, ossis, n., « le visage » ; securis, -is, f. « la hache », etc.). Quelques noms, typiquement d'origine étrangère, sont indéclinables ou ont une déclinaison qui leur est propre, comme « Iesus » ;
  • deux classes d'adjectifs : la première correspond aux deux premières déclinaisons du nom, la seconde à la troisième déclinaison du nom. La classe offrant le plus d'irrégularités est la 2e classe. Certains adjectifs tels « nequam », « frugi » sont indéclinables ;
  • trois degrés de l'adjectif : positif, comparatif (de supériorité, ainsi qu'à valeur intensive ou excessive) et superlatif (à valeur à la fois relative et absolue), marqués par des suffixes. Il y a des exceptions pour certains adjectifs courants, comme « bonus », « bon » qui donne « melior » au comparatif et « optimus » au superlatif.
  • sept cas : nominatif, vocatif, accusatif, génitif, datif, ablatif, locatif. Les six premiers cas existent pour la quasi-totalité des noms à quelques noms défectifs près tels « vicis » (« tour, retour ») ; quant au locatif, il est limité aux noms propres de villes et de petites îles des deux premières déclinaisons (« Romae » : « À Rome ») et à quelques noms communs isolés tels que « domī » (« à la maison »), « humī » (« par terre »)[3].

Pronoms personnels

Système verbal

La conjugaison du verbe latin repose tout entière sur l'opposition de deux thèmes, celui du présent (infectum) et celui du parfait (perfectum)[4]. Le système verbal latin s'organise donc sur trois radicaux[5] :

  • Infectum
    • Radical du présent
  • Perfectum

La classification scolaire en 4 ou 5 conjugaisons, basée sur la voyelle finale du thème, n'est valable que pour la série de l'infectum, construite sur le radical du présent. À la série du perfectum, construite sur les radicaux du parfait et du supin, cette distinction est inappropriée[6],[7].

Présent

Le radical du présent s'obtient en enlevant à l'infinitif présent sa désinence -re[note 6].

  • 1re conjugaison : thèmes en -ā-
    • amā-re, -o, -ās, -at, -āmus, -ātis, -ant. (aimer)
  • 2e conjugaison : thèmes en -ē-
    • monē-re, -eo, -ēs, -et, -ēmus, -ētis, -ent. (avertir)
  • 3e conjugaison : thèmes consonantiques (+ thèmes en -u, comme statu-ĕ-re), avec voyelle thématique -ĭ-
    • legӗ-re (de leg-ĭ-se, avec rhotacisme), -o, -is, -it, -imus, -itis, -unt. (lire)
  • 4e conjugaison : thèmes en -ī-
    • audī-re, -io, -īs, -it, -īmus, -ītis, -iunt. (entendre)
  • 4e conjugaison bis : thèmes en -ĭ-
    • capӗ-re (de capĭ-se), -io, -is, -it, -imus, -itis, -iunt. (prendre)
  • Il existe également quelques verbes irréguliers au thème du présent - d'anciens verbes athématiques pour la plupart[8] -, qui ne sont pas classés dans ces groupes, par exemple :
    • esse, sum, es, est, sumus, estis, sunt (être) et ses composés (posse, abesse, etc.)
    • ferre, fero, fers, fert, ferimus, fertis, ferunt (porter) et ses composés (conferre, auferre, etc.), dont la conjugaison est identique à celle de lego (3e conjugaison), à l'exception de quelques formes athématiques (fers au lieu de *ferĭs, ferre au lieu de *ferĕre, etc.).

Syntaxe

Lexique

Lexique hérité de l'indo-européen

Comme toute langue indo-européenne, le latin hérite d'un certain nombre de termes du lexique indo-européen commun. Ainsi, à agnus, « agneau », correspondent le vieux-slave агнѧ (agnę), le russe ягнёнок (iagnionok), le grec ancien ἀμνός/amnós, le breton oan, etc., qui descendent tous de l'étymon *h₂egʷʰno.

Lexique emprunté aux langues non italiques voisines

Le latin emprunte ensuite aux langues non italiques voisines :

  • au grec, qui a fourni, tout au long de l'histoire de la langue latine, le plus d'emprunts, dans tous les domaines de la vie ;
  • au gaulois ;
  • à l'étrusque, pour des mots comme kalendae, « calendes » (d'où calendrier), ou uerna, « esclave né à la maison » (d'où vernaculaire) du lexique courant et religieux.

Lexique emprunté aux langues italiques voisines

Enfin, le latin emprunte aux langues italiques voisines : osque, ombrien.

Évolution du lexique latin vers le lexique français

Un mot latin peut avoir directement engendré un mot français ; c'est le cas pour ala /aile, amare /aimer, barba /barbe, carpa /carpe, etc.

Dans d'autres cas, la situation n'est pas si simple et le mot a évolué d'une manière moins linéaire : aqua, « eau », donne eau mais après une autre évolution phonétique, le même étymon aqua a donné le doublet ève, encore présent dans le doublet populaire évier de aquarium. Fagus, « hêtre », se voit évincé par un mot germanique et crus, « jambe », ne se retrouve qu'indirectement dans crural.

Exemples

Mot latin Traduction Prononciation
classique (avec API)
Dérivé savant français
aqua eau akwa ['a.kʷa] aquarium
bibӗre boire bibéré ['bi.be.re] imbiber
caelum ciel kaïloum ['kaɪ̯.lum] céleste
diēs jour diyèèss ['dijɛːs] diurne
ӗdӗre manger édéré ['e.de.re]
fēmĭna femme feemina ['feː.mi.na] féminin
hŏmo homme omo ['o.mo] hominidé
hŭmus humus, terre, sol oumouss [u.mus] inhumer
ignis feu iignis ['iːŋ.nis] ignifuge
magnus grand maagnouss ['maːŋ.nus] magnanime
nox nuit noks [noks] nocturne
parvus petit paarwouss ['paːr.wus]
sōl soleil sool [soːl] solaire
terra terre
(en tant qu'élément)
terra [terːa] terrestre

Bibliographie

  • Marius Lavency, VSVS. Grammaire latine. Description du latin classique en vue de la lecture des auteurs, Louvain-la-Neuve, Peeters, , 2e éd., 358 p. (ISBN 90-6831-904-3)
  • Alfred Ernout, Morphologie historique du latin, Klincksieck, 2002 (1953), 3e éd. (ISBN 2-252-03396-7)
  • Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Peeters, , 247 p. (ISBN 90-6831-608-7, lire en ligne)
  • (en) Michael Weiss, Outline of the Historical and Comparative Grammar of Latin, Beech Stave Press, (ISBN 978-0-9747927-5-0)

Notes et références

Notes

  1. Certains préfèrent parler à son égard de langue ancienne. Voir : idées reçues à propos des langues anciennes.
  2. Certaines écoles se consacrent même à l'étude du latin vivant. Voir : Schola Nova - Ecole internationale d'humanités classiques.
  3. Nuntii Latini, conspectus rerum internationalium hebdomadalis, est programma Radiophoniae Finnicae Generalis (YLE) in terrarum orbe unicum. Nuntii Latini
  4. Aut grammatici saltem omnes in hanc descendent rerum tenuitatem, desintne aliquae nobis necessariae litterae, non cum Graeca scribimus (tum enim ab isdem duas mutuamur), sed proprie in Latinis: ut in his "servus" et "vulgus" Aeolicum digammon desideratur, et medius est quidam u et i litterae sonus (non enim sic "optimum" dicimus ut "opimum"), et in "here" neque e plane neque i auditur; an rursus aliae redundent, praeter illam adspirationis, quae si necessaria est, etiam contrariam sibi poscit, et k, quae et ipsa quorundam nominum nota est, et q, cuius similis effectu specieque, nisi quod paulum a nostris obliquatur, coppa apud Graecos nunc tantum in numero manet, et nostrarum ultima, qua tam carere potuimus quam psi non quaerimus?
    Quintilien, De l'Institution Oratoire, livre I, IV, 7-9
    M. FABII QVINTILIANI INSTITVTIO ORATORIA LIBER PRIMVS
    Quintilien/sur l'orthographe
  5. Traditionnellement, on dit simplement « déclinaisons » pour « types de déclinaisons »[réf. nécessaire]
  6. Pour la troisième conjugaison, il reste encore à retrancher la voyelle thématique -ĕ pour obtenir le radical à proprement parler.

Références

  1. (en) Winnie Hu, « A Dead Language That's Very Much Alive », sur The New York Times,
  2. Pour que le latin ne meure
  3. Lavency (1997), p. 154
  4. Ernout (2002), p. 113.
  5. Lavency (1997), pp. 73-74.
  6. Lavency (1997), p. 76.
  7. Ernout (2002), p. 117
  8. Ernout (2002), p. 175.

Annexes

Liens internes

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