Fistule romaine

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Un tuyau romain en plomb ou fistule (en latin fistula aquaria) est une conduite utilisée dans le réseau de distribution d’eau dans les villes de la période romaine. Elle sert à acheminer l’eau depuis les réservoirs, qu’il s’agisse de citernes ou d’arrivées d’aqueducs, jusqu’aux édifices publics tels que les thermes, les fontaines, ou parfois aux maisons de riches particuliers.

Fabrication

Tuyau trouvé à Ostie

Le plomb nécessaire était extrait en grande quantité à l'époque romaine, comme sous-produit des mines de plomb argentifère, notamment dans les mines de Bétique et de Bretagne[1].

Les fistules sont fabriquées à partir d’une plaque de plomb rectangulaire roulée en forme ovoïde et refermée par un cordon de soudure longitudinale. Leur longueur peut atteindre environ trois mètres (10 pieds selon Vitruve[2]), et le diamètre extérieur atteindre 30 cm pour une conduite principale, comme celle trouvée sous le decumanus maximus d’Ostie. Les conduites terminales étaient plus fines et mesuraient moins de 10 cm de diamètre[3].

Intérêt épigraphique

Tube de plomb, utilisé à l’époque romaine à l’intérieur des thermes de Bath - Angleterre

Les fistules sont fréquemment porteuses d’inscriptions réalisées en coulant du plomb sur leur surface et en y imprimant une marque laissant les lettres en relief. Frontin, administrateur principal des eaux de Rome, cite l’obligation de figurer sur les conduites en plomb le chiffre de sa capacité, et ce tous les 50 pieds. Les trouvailles archéologiques ne permettent constate que cette prescription était rarement respectée. En revanche, de nombreuses inscriptions apparemment non obligatoires ont été trouvées, surtout à Rome et à Ostie, deux sites riches en découvertes de tuyaux. Les indications portées par les inscriptions peuvent être les suivantes[3] :

  • indication du fabricant de la fistule soit par son nom au nominatif suivi du verbe FECIT ou FE (untel a fait ce tuyau), soit par EX OFFICINA suivi de son nom au génitif (de la fabrique de untel)
  • indication du bénéficiaire de l’eau ou celui de l’empereur, considéré comme bénéficiaire de l’eau publique, au génitif
  • nom du donateur de l’ouvrage, au génitif (sous-entendu EX INDULGENTIA, par la générosité de), pour les actes d’évergétisme
  • le nom de l’administrateur en charge de la distribution, ou la datation par le nom des consuls éponymes

L’indication du bénéficiaire pour les raccordements desservant des bâtiments tels que domus privée ou établissements thermaux a permis d’identifier de nombreux propriétaires. En majorité, ce sont des membres de l’aristocratie sénatoriale ou équestre, ou des affranchis impériaux, tous assez proches de l’empereur pour obtenir le bénéfice de l’eau publique[3].

Exemple trouvé à Ostie sur une fistule de 192 cm de long et 8,5 cm de diamètre externe :
COLONIA OSTIENSIS C(aio) POPPAEO SABINIANO PRAEF(ecto) ANNONAE
La colonie d’Ostie, à C. Poppaeus Sabinianus, préfet de l’annone[4]

Notes

  1. Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, 1974, (ISBN 2020026775), pp. 148, 251
  2. Vitruve, Histoire naturelles, livre VIII, 7
  3. a b et c Mireille Cébeillac-Gervasoni, Maria Letizia Caldelli, Fausto Zevi, Épigraphie latine, Armand Colin, 2006, (ISBN 2200217749), p. 143
  4. AE 2000, 267