Rock 'n' roll

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Rock 'n' roll
Origines stylistiques Blues, rhythm and blues, gospel[1], boogie-woogie, country[2], jazz, electric blues, jump blues, Chicago blues, swing, folk, Western swing
Origines culturelles années 1940-1950 ; États-Unis
Instruments typiques Guitare électrique, contrebasse ou plus tard guitare basse, batterie, piano, saxophone (occasionnellement)
Voir aussi Genre de rock, albums, chanteurs, Rock and Roll Hall of Fame, Rockabilly Hall of Fame, danse rock 'n' roll

Sous-genres

Rockabilly

Genres dérivés

Rock, rockabilly, pop, surf music, garage rock

Le rock 'n' roll (également écrit rock & roll ou rock and roll) est un genre musical chanté, ayant émergé aux États-Unis à la fin des années 1940 et au début des années 1950, découlant directement du rhythm and blues, musique populaire noire, avec une part d'influence de la musique country, musique populaire blanche.

Outre l'industrie phonographique vinylique et la radio, une série de films assure la diffusion massive du phénomène au-delà des États-Unis. Cette série débute en 1954 avec Graine de violence : « mais surtout, l'événement historique du film, c'est la musique du générique : le fameux Rock Around the Clock, de Bill Haley. Le point de départ, l'année zéro de l'histoire du rock en deux minutes et huit secondes. La rupture (épistémologique diraient certains !) est là[3]. » À partir de cette date le simple mouvement de « roulis et de tangage » s'inscrit dans une histoire plus large, tout en persistant sous forme de revivals à travers le rockabilly ou le rock acrobatique par exemple.

Histoire

Origines du style

Panneau commémorant le rôle d'Alan Freed et de Cleveland (Ohio) dans les origines du rock and roll.

Le rock 'n' roll s'inspire d'abord du rythm and blues, le rythme ternaire de celui-ci étant remplacé par un rythme binaire et un tempo plus soutenu. Il faut distinguer rhythm and blues et rock 'n' roll, même si la tâche paraît délicate de la fin des années 1940 à 1954. Pour simplifier, le rock 'n' roll est un style musical inventé par des chanteurs très pauvres (souvent noirs), mais rendu célèbre mondialement par des chanteurs devenus riches (le plus souvent "visages pales")[4]. Il est simple, facile à danser et excitant ; ce nouveau style s'avéra idéal pour les night-clubs (se substituant aisément au Swing des ainés, amateurs de jazz - et à la Java, dans l'hexagone).

Ce style un rien hypnotique est né de la fusion entre des dérivés du blues (parallèle au gospel), et la country (d'origine européenne, pour ne pas dire celtique ...) Ce n'est pas qu'un mixage musical formel, mais également un nouveau style d'écriture : l'auteur-compositeur-interprète peut y raconter son vécu, et non plus des histoires traditionnelles.

L'étiquette rock 'n' roll est utilisée, dans un premier temps, pour distinguer le rhythm and blues des Afro-Américains de celui des Blancs et ce pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que des artistes blancs se retrouvent dans les mêmes bacs chez les disquaires que les Noirs. La communauté blanche, majoritaire, qui ne fréquente pas les night-clubs noirs, mais plutôt les petits bals champêtres, rejette ce style musical considéré comme barbare ("une musique de sauvages"), voire subversive.

On trouve les premières traces à la fin des années 40, avant la sortie des fondamentaux Rock Around The Clock, et Blue Suede Shoes, dans la musique du jazz-man Louis Jordan, qui en jouait sans le savoir ... (cf. "Let The Good Times Roll" etc.)

Origines de la phrase

Bill Haley et ses Comets chantant Rock Around the Clock à la télévision américaine en 1955.

En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. Il s'agit de la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est lui qui donne son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis la fin des années 1920 dans certaines chansons de rhythm and blues ou de jazz et qui signifie littéralement en argot « danser », ou « faire l'amour »[5]. (Traduction plus large, symbolique : Se tenir debout, et avancer...)

Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ». La bonne société américaine en fera son « ennemi numéro 1 » et aura d'ailleurs sa peau en 1965.

Le terme « rockabilly » désigne la première forme historiquement identifiable de rock 'n' roll, il s’agit essentiellement du croisement de rhythm and blues et de musique country. Elvis Presley, Bill Haley et Carl Perkins sont trois précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley représente l'artiste contesté qui fait de la musique de noirs (style plus agressif et sensuel), considérée à l'époque comme diabolique pour l'establishment blanc. Il subit à plusieurs reprises la censure notamment au Ed Sullivan Show où on le filme au-dessus de la ceinture à cause de ses déhanchements. Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's All Right (Mama) en 1954. Il collectionne très rapidement les succès en 1956 (bénéficiant du relatif forfait de Carl Perkins, victime d'un accident de voiture qui l'empêchera durant plusieurs mois de promouvoir sa version originale du Blue Suede Shoes fondateur ; et de celui de Chuck Berry, qui a la réputation de trop parler sur scène entre les morceaux, (et d'être ainsi imprévisible pour le show-biz, en plus d'être foncé de peau...)

Tommy Steele, un des premiers rock and rollers britanniques sur scène à Stockholm en 1957.

Fats Domino, Little Richard et Chuck Berry, musiciens noirs, sont alors les principaux piliers hyper-créatifs du rock 'n' roll, mais c'est Bill Haley and His Comets qui signent en 1955 officiellement le premier numéro 1 du rock 'n' roll avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952), d'un style très simplifié et facilement assimilable pour la jeunesse, nouvelle classe sociale émergente dans l'après-guerre.

Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Quelques mois plus tard en 1956, Hound Dog (avec Don't Be Cruel en face B) de Presley le bat en vente de disques et en nombre de semaines (11) numéro 1 aux États-Unis, ce qui en fait la chanson de rock 'n' roll la plus populaire de tous les temps. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement.

Sur son premier 45 tours, Little Richard signe quatre des plus grands standards du rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy. Ces artistes afro-américains influenceront définitivement l'univers du rock 'n' roll par leurs compositions mais aussi par leurs jeux de scènes révolutionnaires. Chuck Berry aura marqué le rock avec son titre Johnny B. Goode en 1957. Le titre est repris par plusieurs générations de rockers, d'Elvis Presley à AC/DC en passant par The Beatles. Son jeu de scène et ses pas de danses seront repris également par ses successeurs comme Angus Young. Les Rolling Stones s'inspireront largement de son style.

Elvis Presley en 1970.

Le rock 'n' roll, ostensiblement rebelle et énergiquement indépendant, provoque un mouvement de rejet de la part de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu’aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades et au Gospel, et semble-t-il plus intéressé par sa carrière au cinéma que par la musique. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage[Lequel ?] au nord. Vers la fin des années 1950, et le début des années 1960, on entend de plus en plus de titres de rock 'n' roll plus « sages », plus « doux » et qui vont engendrer la musique pop : The Everly Brothers : All I Have To Do Is Dream en 1958, le rock 'n' roll, Johnny Burnette : Dreamin et You're Sixteen en 1960 (composée par les Frères Sherman), Del Shannon : Runaway en 1961, Brian Hyland : Sealed with a Kiss en 1962, ou encore Lee Dorsey avec Ya Ya en 1962.

Le « pur » rock 'n' roll et rockabilly tend à disparaître, hormis quelques rares tubes comme (Oh!) Pretty Woman de Roy Orbison en 1964 et Wooly Bully de Sam the Sham & the Pharaohs en 1965. Les premiers émules d'Elvis Presley apparaissent, comme Cliff Richard, et de petites formations se multiplient pour les imiter. L'influence américaine de Chuck Berry est profonde. Au passage cependant, le rock 'n' roll s'acclimate et The Shadows, qui accompagnent Cliff Richard, initient l'archétype de la formation rock telle qu'elle sera reprise aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique : la contrebasse disparaît au profit de la guitare basse, deux guitaristes se répartissent les tâches de la rythmique pour le premier et des « chorus » pour le second. Les groupes britanniques s'éloignent ainsi rapidement de leur modèle américain pour créer une musique originale que les francophones appellent « rock britannique ».

The Beatles accentuent le travail sur la mélodie et les harmonies vocales et donnent naissance à la musique pop tandis que le mouvement du « British Blues Boom » retourne aux racines blues, privilégiant des rythmes syncopés et des sonorités plus agressives. The Rolling Stones émergent comme le fer de lance de ce rock britannique. Des branches parallèles se multiplient alors : des groupes tels que The Who, The Troggs, The Small Faces et The Kinks développent le mouvement mod, tandis que The Animals ou The Yardbirds créent un blues rock britannique. La richesse de la création britannique est florissante et impose définitivement au niveau mondial un genre musical qui devient emblématique de la seconde moitié du XXe siècle. Résultat obtenu après ce que les américains désignèrent comme la "British Invasion", suite à la beatlemania et aux passages mouvementés chez eux des Rolling Stones et des Kinks - (qui firent d'ailleurs les frais d'une interdiction sur le sol américain organisée par des instances locales).

Le rock se ramifie alors presque à l'infini en explorant des niches apparemment improbables. Le jazz-rock fusion naît de cette recherche entamée dès les années 1960.

Déclin

Le rock'n'roller Little Richard sur scène en 2007.

À la fin des années 1950, on constate un certain déclin du rock 'n' roll. Depuis 1959 et la mort de Buddy Holly, Big Bopper et Richie Valens dans un accident d'avion, le départ à la retraite de Little Richard qui devint pasteur, les poursuites judiciaires de Jerry Lee Lewis et de Chuck Berry, ainsi que les déboires de la payola (corruption), ont entraîné la fin de l'époque où le rock 'n' roll était très à la mode (tel un mode de vie assez "main stream", cf. en portant des blue-jeans, allant au drive-in etc. ; avec un état d'esprit encore appelé "rock-n-roll attitude").

Pour certains puristes, c'est l'entrée dans l'armée d'Elvis Presley pour son service militaire, qui marque la fin de cet âge d'or.

S'engage également le processus décrit comme la « féminisation » du rock 'n' roll, avec le hit-parade dominé peu à peu par des chansons d'amour, principalement à destination d'une audience féminine, et la multiplication des groupes populaires constitués de femmes, tels que The Shirelles et The Crystals.

De nombreux historiens musicaux ont également expliqué cette chute par les créations importantes et innovatrices construites sur le rock 'n' roll à cette période, parmi lesquelles l'enregistrement multipiste développé par Les Paul et le traitement électronique du son par des innovateurs tels que Joe Meek et le label Wall of Sound de Phil Spector, qui ont accéléré le déclin du rock 'n' roll dans les hit-parades et entraîné la montée en puissance de la surf music, du garage rock et (surtout en France) l'engouement pour le twist[6].

Une renaissance perpétuelle

Dans les années 1970-1980, de nouveaux chanteurs et de nouveaux groupes donnent un second souffle au vieux rock des années 1950. Quelques jeunes nostalgiques ressortent les blousons noirs et se recoiffent avec la banane. Ces chanteurs sont par exemple Burt Blanca, Robert Gordon.

Pendant l'apogée de la période Pop[7], ce style musical au creux de la vague s'écarte passablement du star-system (hormis au sein des grosses têtes d'affiche qui le pratiquent comme l'une des cordes à leur arc, avec Creedence Clearwater Revival en tête de file). Il se fait plus subsidiaire dans l'industrie discographique, pour être joué surtout en petits comités (cf. Pub-Rock, Rock-Garage etc.) etc. Par exemple Commander Cody and His Lost Planet Airmen sillonnent l'Amérique profonde dans un bus. Tout comme le MC5, ou Iggy Pop etc. ils ont un forte affluence (et influence). La même chose se passe en Europe, de façon de moins en moins souterraine ("underground")...

En France le Rock'n'Roll avait été importé par le trio Boris Vian, Harry Cording (Henri Salvador), et Michel Legrand, sur le mode humoristique ; (la simplicité formelle de cette musique leur semblait devoir ne durer qu'une saison, les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures ...)


Plus tard, alors que le Rock'n'Roll connait un nouveau passage à vide (la mode disco passant par là), tandis que le Glam-rock s'essouffle, et que le Rock Progressif s'égare dans d'autres expérimentations, ce sont surtout les Stray Cats (trio formé en 1979) qui reprirent le flambeau en ressortant glorieusement le Rockabilly de la remise où croyaient l'avoir laissé ses détracteurs...

Des groupes notoires comme Doctor Feelgood ou Mink Deville, aux avant-postes de cette culture, se sentirent alors moins seuls, notamment par le soutien d'un Neil Young qui signe l'hymne (Hey Hey My My), Rock'n'Roll will never die en 1979... Ainsi ce que d'aucuns estimèrent n'être qu'un "baroud d'honneur" dans la perspective des années 1980 (synthétiques), s’avéra être une mise en selle définitive encore sensible aujourd'hui.

Notes et références

  1. (en) Christ-Janer, Albert, Charles W. Hughes, and Carleton Sprague Smith, American Hymns Old and New (New York: Columbia University Press, 1980), p. 364, (ISBN 0-231-03458-X).
  2. (en) Peterson, Richard A. Creating Country Music: Fabricating Authenticity (1999), p. 9, (ISBN 0-226-66285-3).
  3. Raymond Défossé, Rock et Toiles, Ledrappier, Paris, 1987, (ISBN 9782876400160), p. 15.
  4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Blues#Country
  5. (en) The Dawn of rock 'n' roll - Morgan Wright's HoyHoy.com.
  6. (en) K. Keightley, « Reconsidering rock », S. Frith, W. Straw and J. Street, eds, The Cambridge companion to pop and rock (Cambridge: Cambridge University Press, 2001), p. 116.
  7. Chronologie_du_punk_rock

Voir aussi

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Bibliographie

  • Jean-Paul Bourre, Sexe sang et Rock'n roll, éditions Scali, 2007 ; édition revue et augmentée, Camion noir, 2009.
  • Philippe Daufouy et Jean-Pierre Sarton, 1972, Pop music/rock, éditions Champ Libre.
  • (en) Paul Friedlander, 1996, Rock and Roll: A Social History, Westview Press (ISBN 0-8133-2725-3)
  • (en) Paul Friedlander, « The Rock Window: A Way of Understanding Rock Music », in Pepedaski[réf. incomplète].
  • (en) Holly George-Warren, Patricia Romanowski, Jon Pareles, 2001, The Rolling Stone Encyclopedia of Rock & Roll, Fireside Press (ISBN 0-7432-0120-5)
  • (en) Charlie Gillett, 1970, The Sound of the City: the Rise of Rock and Roll, E.P. Dutton.
  • (en) David Halberstam, 1996, The Fifties, Random House (ISBN 0-5171-5607-5)
  • (en) James Henke, Holly George-Warren, Anthony Decurtis, Jim Miller (eds), 1992, The Rolling Stone Illustrated History of Rock and Roll: The Definitive History of the Most Important Artists and Their Music, Random House (ISBN 0-6797-3728-6)
  • Nick Tosches, Héros oubliés du rock 'n' roll : les années sauvages du rock avant Elvis, traduit de l'anglais, Paris, Allia, 2000.

Liens externes