« Caius Mucius Scævola » : différence entre les versions
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'''Caius Mucius Scaevola''' est un jeune héros du début de la [[République romaine]], qui marqua la guerre contre [[Porsenna]] d'un exploit en 507 av. J.-C.. |
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== Le récit traditionnel == |
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À peine la [[République romaine|République]] instaurée, [[Rome antique|Rome]] se trouve de nouveau sous la menace. Les [[Étrusques]], sous la conduite de [[Porsenna]], roi de [[Clusium]] marchent contre [[Rome antique|Rome]] pour rétablir sur le trône les [[Tarquins]] récemment expulsés<ref>D'après Tite-Live, Plutarque, Denys d'Halicarnasse, Florus et Aurelius Victor</ref>. Après avoir repoussé la première attaque, les romains se réfugient à l'intérieur de l'enceinte de Rome et [[Porsenna]] commence le siège de la ville et installe son majestueux campement dans la plaine au bord du [[Tibre]]<ref>Tite-Live, Ab Urbe Condita, II, 9-11</ref>. Alors que le siège commence à durer<ref>D'après Tite-Live, Plutarque et Denys d'Halicarnasse</ref> et que la faim se fait sentir dans la population romaine, Mucius, jeune [[patricien]], décide alors de s'introduire dans le camp ennemi et d'assassiner son roi. Pour éviter d'être pris pour un déserteur<ref>D'après Tite-Live</ref>, il présente au [[Sénat romain|Sénat]] sa décision<ref>D'après Tite-Live, Denys d'Halicarnasse et Aurelius Victor</ref> et son discours<ref>D'après Tite-Live et Denys d'Halicarnasse</ref> et en obtient le consentement. |
À peine la [[République romaine|République]] instaurée, [[Rome antique|Rome]] se trouve de nouveau sous la menace. Les [[Étrusques]], sous la conduite de [[Porsenna]], roi de [[Clusium]] marchent contre [[Rome antique|Rome]] pour rétablir sur le trône les [[Tarquins]] récemment expulsés<ref>D'après Tite-Live, Plutarque, Denys d'Halicarnasse, Florus et Aurelius Victor</ref>. Après avoir repoussé la première attaque, les romains se réfugient à l'intérieur de l'enceinte de Rome et [[Porsenna]] commence le siège de la ville et installe son majestueux campement dans la plaine au bord du [[Tibre]]<ref>Tite-Live, Ab Urbe Condita, II, 9-11</ref>. Alors que le siège commence à durer<ref>D'après Tite-Live, Plutarque et Denys d'Halicarnasse</ref> et que la faim se fait sentir dans la population romaine, Mucius, jeune [[patricien]], décide alors de s'introduire dans le camp ennemi et d'assassiner son roi. Pour éviter d'être pris pour un déserteur<ref>D'après Tite-Live</ref>, il présente au [[Sénat romain|Sénat]] sa décision<ref>D'après Tite-Live, Denys d'Halicarnasse et Aurelius Victor</ref> et son discours<ref>D'après Tite-Live et Denys d'Halicarnasse</ref> et en obtient le consentement. |
Version du 9 septembre 2013 à 11:27
cacaDenys d'Halicarnasse]][1], Florus[2] et Aurelius Victor[3].
À peine la République instaurée, Rome se trouve de nouveau sous la menace. Les Étrusques, sous la conduite de Porsenna, roi de Clusium marchent contre Rome pour rétablir sur le trône les Tarquins récemment expulsés[4]. Après avoir repoussé la première attaque, les romains se réfugient à l'intérieur de l'enceinte de Rome et Porsenna commence le siège de la ville et installe son majestueux campement dans la plaine au bord du Tibre[5]. Alors que le siège commence à durer[6] et que la faim se fait sentir dans la population romaine, Mucius, jeune patricien, décide alors de s'introduire dans le camp ennemi et d'assassiner son roi. Pour éviter d'être pris pour un déserteur[7], il présente au Sénat sa décision[8] et son discours[9] et en obtient le consentement.
Sous un déguisement, il pénètre dans le camp ennemi et s'approche parmi la foule qui se tenait près du tribunal de Porsenna[10], mais, ne l'ayant jamais vu, et craignant que son ignorance ne le fît découvrir en demandant où était le roi, il se trompe et tue l'homme qu'il pense être Porsenna[11].
Aussitôt, il est arrêté et conduit devant le roi qui l'interroge. loin d’être intimidé, Mucius répond et se présente comme citoyen romain et lui dit être là pour le tuer[12]. Pour appuyer ses propos et punir par cette action son erreur dans le choix de la victime, il met sa main droite dans le feu d'un brasier allumé pour un sacrifice, et regardant Porsenna d’un visage ferme et d’un oeil menaçant, il cherche à l’effrayer en disant « Vois, vois combien le corps est peu de chose pour ceux qui n’ont en vue que la gloire »[13]. Surpris et touché par cette scène, le roi ordonne qu’on éloigne Mucius du feu et lui rend sa liberté. Alors comme par reconnaissance, Mucius lui déclare que trois cents jeunes romains ont juré comme lui être prêts à se sacrifier pour tuer Porsenna. Effrayé par cette révélation, Porsenna dépose les armes et envoie des ambassadeurs à Rome[14].
Après cet exploit, et comme sa main droite était définitivement invalide, Caius Mucius reçut le surnom de Scævola, qui en latin signifie « gaucher ». Ce surnom sera par la suite conservé par ses descendants. On donna pour récompense à Mucius des prés situés au delà du Tibre, et qui furent appelés de son nom prés Mutiens[15]. Il obtint aussi l'honneur d'une statue consacrée à sa mémoire[16].
Mythologie comparée
Les recherches en mythologie comparée de Georges Dumézil établissent[17]un parallèle entre :
- les personnages de Mucius Scaevola et Horatius Coclès dans leur lutte contre Porsenna,
- les dieux Odin et Týr dans la mythologie scandinave,
- les grands mythes opposant les Bons aux Mauvais dans le Mahâbhârata indien.
D'après Dumézil, sous l'apparence historique de l'épisode de la guerre contre Porsenna apparaît une recomposition proprement romaine d'un mythe indo-européen, celui du dieu Borgne et du dieu Manchot, que leur infirmité, loin de diminuer, qualifie au contraire pour accomplir leur fonction souveraine dans un domaine particulier[18]. Il rapproche pour cela les légendes d'Horatius Coclès, le Borgne, et de Mucius Scaevola, le Gaucher, à la mythologie propre à deux grands dieux scandinaves, Odin, qui, borgne suite à la perte de son œil, immobilisait ses ennemis en les regardant, et Týr, manchot suite au serment qui permit d'attacher le loup Fenrir.
Ultérieurement Dumézil élargie son analyse en ajoutant principalement l’épisode de Clélie, ainsi que d'autres comparaisons mineures. Ces diverses comparaisons lui ont permis de penser que la première guerre de la République, celle de Porsenna, prolongerait, en forme héroïque, un morceau de mythologie indo-européenne, le même mythe que les Indiens avaient transformé en épopée, dans leur Mahâbhârata.
Évocations artistiques
Littérature
- Jean-Jacques Rousseau dans le premier livre de ses Confessions, raconte qu'un jour qu'il racontait à table l’aventure de Scaevola, on fut effrayé de le voir avancer et tenir la main sur un réchaud pour représenter son action.[19].
- On raconte aussi que dans sa jeunesse Nietzsche disposa un bûcher avec des livres et des cahiers, aidé de certains de ses compagnons, et exposa sa main au feu pendant plusieurs secondes, recevant des blessures qui durèrent plusieurs mois, seulement pour démontrer que l'épisode de Scævola avait vraiment pu avoir lieu[20].
Beaux-arts
L'histoire entourant le personnage a été illustrée en peinture notamment au XVIIe siècle :
- par Charles Le Brun[21]
- Pierre-Paul Rubens[22]
- Matthias Stomm
- Dirck Van Baburen quoique le sujet précis du tableau de ce dernier dit Mucius Scevola devant Porsenna fasse encore débat.
- Giovanni Antonio Pellegrini (XVIIIe siècle).
Musique classique
Scaevola a inspiré l'opéra en trois actes (« pasticcio ») Muzio Scevola créé à Londres en 1721, qui a la particularité d'avoir été mis en musique par trois compositeurs différents, chacun étant chargé d'un acte : Filippo Amadei, Giovanni Bononcini et Georg Friedrich Haendel.
Cinéma
- Le personnage de Mucius Scaevola est joué par Gordon Scott dans le film Il Colosso di Roma (1964) de Giorgio Ferroni, film basé sur l'expulsion des tarquins de Rome en 509 av. J.-C[23].
- Le nom de Scaevola est probablement à l'origine de celui du personnage de Star Wars, Luke Skywalker, également manchot[réf. nécessaire][24].
Voir aussi
- Mucius Scaevola , page d'homonymie sur les autres membres de cette gens.
Notes et références
- Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, V, 4
- Florus, Abrégé de l'histoire romaine, I, 4
- Aurelius Victor, De Viris Illustribus Romae, XII. C. Mutius Scévola
- D'après Tite-Live, Plutarque, Denys d'Halicarnasse, Florus et Aurelius Victor
- Tite-Live, Ab Urbe Condita, II, 9-11
- D'après Tite-Live, Plutarque et Denys d'Halicarnasse
- D'après Tite-Live
- D'après Tite-Live, Denys d'Halicarnasse et Aurelius Victor
- D'après Tite-Live et Denys d'Halicarnasse
- D'après Tite-Live, Plutarque, et Denys d'Halicarnasse
- D'après Tite-Live et Denys, il s'agit de son secrétaire, d'après Plutarque et Aurelius Victor d'un officier, d'après Florus un courtisan
- D'après Tite-Live et Denys d'Halicarnasse
- D'après Tite-Live
- D'après Tite-Live et Denys
- D'après Tite-Live et Aurélius Victor
- D'après Aurélius Victor
- D'abord en 1940 dans Mitra- Varuna, Paris, 1948, p. 163-188, puis Dumézil approfondit successivement son analyse dans Dumézil 1986, p. 423-428 et Dumézil 1973, p. 267-291
- Dumézil 1986, p. 423-428
- Jean-Jacques Rousseau, Confessions, Livre I
- Peter Levine, Nietzsche and the Modern Crisis of the Humanities, Suny Press, 1995 ISBN 9780791423288 , pp. 3-4
- http://www.univ-montp3.fr/pictura/GenerateurNotice.php?numnotice=A1586
- http://www.univ-montp3.fr/pictura/GenerateurNotice.php?numnotice=A3677#
- http://www.imdb.com/title/tt0124319/
- http://asso.machiavelli.free.fr/Site_francais/Culture_Italienne/Cinema/Films_F/Ferroni_le_colosse_de_rome.html
Bibliographie
Sources antiques
- Tite-Live, Histoire romaine [détail des éditions] [lire en ligne], II, 12
- Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines [détail des éditions] [lire en ligne], V, 4
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], « Vie de Publicola »
- Aurelius Victor, Hommes illustres de la ville de Rome [détail des éditions] [lire en ligne], 12 — « C. Mutius Scévola »
- Florus, Abrégé de l'Histoire Romaine [détail des éditions] [lire en ligne], I, 4
Bibliographie contemporaine
- Georges Dumézil, Mythe et épopée, vol. I : L'idéologie des trois fonction dans les épopées des peuples indo-européens, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », , 5e éd. (ISBN 9-782070-269617)
- Georges Dumézil, Mythe et épopée, vol. III : Histoires romaines, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », , 3e éd. (ISBN 9-782070-284177)
- François Hinard, Dominique Briquel, Giovanni Brizzi et Jean-Michel Roddaz, Histoire Romaine, vol. I : Des origines à Auguste, Paris, Fayard, (ISBN 978-2-213-03194-1)