« Oxford English Dictionary » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Codex (discuter | contributions)
Ajout lien
Codex (discuter | contributions)
Développement de l'article
Ligne 6 : Ligne 6 :


== Éditeurs ==
== Éditeurs ==
* Herbert Coleridge (1857-1859)

* Frederick Furnivall (1859-1878)
* [[James Murray (lexicographe)|James Murray]] (1879-1915)
* [[James Murray (lexicographe)|James Murray]] (1879-1915)
* [[Henry Bradley]] (1888-1923)
* [[Henry Bradley]] (1888-1923)
Ligne 13 : Ligne 14 :


== Rédaction ==
== Rédaction ==
Le projet prend forme avec une conférence prononcée en 1857 à la [[British Library]] par Richard Chenevix Trench, poète, membre de la Philological Society et [[doyen de Westminster]]. Identifiant diverses lacunes des dictionnaires anglais, Trench s'attaque principalement au fait que les dictionnaires veuillent dicter l'usage au lieu de simplement l'enregistrer. Tout au contraire de cette pratique habituelle, un dictionnaire devrait être « un inventaire du langage » (''an inventory of the language'') et répertorier tous les mots qui sont ou ont été en usage dans la langue. L'essentiel du dictionnaire serait donc de retracer l'histoire et la trajectoire de chaque mot, en illustrant par des citations les nuances de sens et d'emploi apparues au fil du temps<ref>Simon Winchester, ''The Professor and the Madman'', Harper, 1998, p. 104-105.</ref>. Pour mener à bien une tâche d'une telle ampleur, Trench propose un mode de rédaction tout à fait révolutionnaire et profondément démocratique, qui est de lancer un appel public à des collaborateurs bénévoles — un procédé qui est aux antipodes du système hiérarchique incarné par l'[[Académie française]]<ref>Simon Winchester, 1998, p. 106-107.</ref>.


Pour rédiger ce dictionnaire, 3 rédacteurs ont demandé à la population anglaise d'envoyer des citations, des extraits de livres, pour recenser tous les mots de la langue anglaise. Le premier appel date de 1858. Après une première période féconde d'une dizaine d'années au cours desquelles 6 millions de fiches furent reçues, l'enthousiasme s'est refroidi.
La rédaction du dictionnaire est d'abord confiée à Herbert Coleridge, qui meurt deux ans plus tard et auquel succède Frederick Furnivall. Les rédacteurs demandent à la population anglaise de reporter sur des fiches toute citation illustrant le sens ou l'emploi d'un mot-cible ([[Entrée (lexicographie)|''entrée'']]), avec la référence précise. Le premier appel date de 1858. Après une première période féconde d'une dizaine d'années au cours desquelles 6 millions de fiches furent reçues, l'enthousiasme se refroidit et le projet semble en panne.


Le nouveau directeur de la rédaction, James Murray a relancé en 1878 le projet, en élargissant la demande aux autres pays anglophones. Il définit notamment 200 auteurs indispensables dont le contenu des œuvres doit figurer dans "son" dictionnaire.
Le nouveau directeur de la rédaction, [[James Murray (lexicographe)|James Murray]], nommé en 1879, relance le projet, en élargissant la demande de contributions bénévoles aux États-Unis et aux colonies britanniques. Dans le prospectus de huit pages décrivant le projet, il établit notamment une liste de 200 auteurs indispensables dont les œuvres doivent servir de base à son dictionnaire et donne des instructions très précises sur la façon dont les bénévoles doivent procéder. Les lecteurs sont notamment invités à ne pas se limiter aux mots rares.


Parmi les rédacteurs volontaires, James Murray a repéré William Chester Minor, un américain extrêmement prolixe, le plus gros contributeur. Pendant plusieurs années, ils communiquent par écrit, et ce n'est que lors de leur rencontre au bout de 7 ans, que Murray découvre que l'Américain écrit depuis une cellule psychiatrique où il est emprisonné pour meurtre. Celui-ci avait trouvé dans l'écriture un moyen de s'évader mentalement et de se rendre utile au monde. Sa cellule était tapissée de livres<ref>{{fr}}{{lien web
Le chirurgien américain William Chester Minor (1837-19200 a été un des rédacteurs volontaires les plus importants: il a contribué au projet dès qu'il en a pris connaissance en 1880 et a continué jusqu'en 1901, avec des milliers de fiches d'une remarquable qualité<ref>Simon Winchester, 1998, {{p.|160}}. Certains bénévoles ont envoyé jusqu'à {{Unité|10000}} fiches par an, mais elles n'avaient pas la même pertinence et se révélaient donc moins utiles au projet.</ref>. Pendant plusieurs années, Murray et Minor communiquent par écrit, et ce n'est que lors de leur rencontre en 1891 que Murray découvre que l'Américain lui écrit depuis une cellule psychiatrique où il est emprisonné pour meurtre<ref>Simon Winchester, 1998, {{p.|176}}.</ref>. Ce dernier avait trouvé dans ce travail de lexicographie un moyen de s'évader mentalement et de se rendre utile au monde, sans toutefois jamais retrouver sa pleine raison. Sa cellule était tapissée de livres<ref>{{fr}}{{lien web
|url = http://mobile.letemps.ch/Page/Uuid/14f7ae0e-40ae-11e2-873d-bef3b1aee34d/Wikipedia_au_temps_de_limprimerie_au_plomb
|url = http://mobile.letemps.ch/Page/Uuid/14f7ae0e-40ae-11e2-873d-bef3b1aee34d/Wikipedia_au_temps_de_limprimerie_au_plomb
|titre = Wikipedia, au temps de l’imprimerie au plomb
|titre = Wikipedia, au temps de l’imprimerie au plomb
|site = [[Le Temps (quotidien suisse)]]
|site = [[Le Temps (quotidien suisse)]]
|auteur = Joëlle Kuntz}}</ref>. Cette histoire a fait l'objet d'un roman de [[Simon Winchester]] intitulé ''Le fou et le professeur'' (2000).
|auteur = Joëlle Kuntz}}. Cette histoire a fait l'objet d'un roman de [[Simon Winchester]] intitulé ''Le fou et le professeur'' (2000).</ref>.

Dès 1884, les fiches arrivent de partout au bureau de Murray, à Oxford, au rythme d'environ {{Unité|1000}} par jour. Elles sont triées, vérifiées et classées par divers employés dont font partie ses nombreux enfants<ref>Simon Winchester, 1998, {{p.|150}}.</ref>. Elles sont ensuite disposées sur des tables pour être examinées par la petite équipe de rédacteurs spécialisés, sous la direction de Murray, et intégrées à l'article sur le mot du moment, le dictionnaire progressant en ordre alphabétique à raison de quelque 33 mots par jour<ref>Simon Winchester, 1998, {{p.|152}}.</ref>. Les articles terminés sont envoyés à la composition au fur et à mesure, de sorte qu'un nouveau fascicule peut être publié chaque année. Le dernier fascicule paraît en 1928, avec un total de {{Unité|15487}} pages reliées en 12 gros volumes, {{Unité|414825}} articles et {{Unité|1827306}} citations<ref>Simon Winchester, 1998, {{p.|220}}.</ref>. Un premier supplément paraît en 1933 et quatre autres sont publiés entre 1972 et 1986. En 1989, l'ensemble est réédité. L'ouvrage est publié sur CD-ROM en 1992 et devient accessible en ligne, sur abonnement, à partir de 2000.


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
Ligne 29 : Ligne 33 :


* ''{{lang|en|[[Concise Oxford English Dictionary]]}}''
* ''{{lang|en|[[Concise Oxford English Dictionary]]}}''
* [http://www.oed.com/ Site officiel]
* <cite lang=en>{{Lien|The Oxford Dictionary of English Etymology}}</cite>


=== Lien externe ===
=== Notes ===
<references/>
<references/>

* [http://www.oed.com/ Site officiel]


{{Portail|Linguistique}}
{{Portail|Linguistique}}

Version du 1 janvier 2013 à 00:17

L’Oxford English Dictionary (OED) est un dictionnaire de référence pour la langue anglaise.

Il est publié par l’Oxford University Press et contient des mots venant du Royaume-Uni et des diverses régions du monde anglophone : Amérique du Nord, Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande, Caraïbes. Il indique l'histoire, la prononciation et la définition des mots. Comme pour d'autres grands dictionnaires, le travail de rédaction s'est étalé sur plusieurs décennies. La première édition complète, comprenant vingt tomes, est publiée en 1928. Il est depuis régulièrement remis à jour.

L’Oxford University Press édite également une version abrégée de ce dictionnaire en deux volumes, le Shorter Oxford English Dictionary, et de nombreux dictionnaires monolingues pour les étudiants étrangers, comme l’Oxford Advanced Learner's Dictionary, ou encore, en collaboration avec Hachette, divers dictionnaires bilingues français-anglais, anglais-français.

Éditeurs

Rédaction

Le projet prend forme avec une conférence prononcée en 1857 à la British Library par Richard Chenevix Trench, poète, membre de la Philological Society et doyen de Westminster. Identifiant diverses lacunes des dictionnaires anglais, Trench s'attaque principalement au fait que les dictionnaires veuillent dicter l'usage au lieu de simplement l'enregistrer. Tout au contraire de cette pratique habituelle, un dictionnaire devrait être « un inventaire du langage » (an inventory of the language) et répertorier tous les mots qui sont ou ont été en usage dans la langue. L'essentiel du dictionnaire serait donc de retracer l'histoire et la trajectoire de chaque mot, en illustrant par des citations les nuances de sens et d'emploi apparues au fil du temps[1]. Pour mener à bien une tâche d'une telle ampleur, Trench propose un mode de rédaction tout à fait révolutionnaire et profondément démocratique, qui est de lancer un appel public à des collaborateurs bénévoles — un procédé qui est aux antipodes du système hiérarchique incarné par l'Académie française[2].

La rédaction du dictionnaire est d'abord confiée à Herbert Coleridge, qui meurt deux ans plus tard et auquel succède Frederick Furnivall. Les rédacteurs demandent à la population anglaise de reporter sur des fiches toute citation illustrant le sens ou l'emploi d'un mot-cible (entrée), avec la référence précise. Le premier appel date de 1858. Après une première période féconde d'une dizaine d'années au cours desquelles 6 millions de fiches furent reçues, l'enthousiasme se refroidit et le projet semble en panne.

Le nouveau directeur de la rédaction, James Murray, nommé en 1879, relance le projet, en élargissant la demande de contributions bénévoles aux États-Unis et aux colonies britanniques. Dans le prospectus de huit pages décrivant le projet, il établit notamment une liste de 200 auteurs indispensables dont les œuvres doivent servir de base à son dictionnaire et donne des instructions très précises sur la façon dont les bénévoles doivent procéder. Les lecteurs sont notamment invités à ne pas se limiter aux mots rares.

Le chirurgien américain William Chester Minor (1837-19200 a été un des rédacteurs volontaires les plus importants: il a contribué au projet dès qu'il en a pris connaissance en 1880 et a continué jusqu'en 1901, avec des milliers de fiches d'une remarquable qualité[3]. Pendant plusieurs années, Murray et Minor communiquent par écrit, et ce n'est que lors de leur rencontre en 1891 que Murray découvre que l'Américain lui écrit depuis une cellule psychiatrique où il est emprisonné pour meurtre[4]. Ce dernier avait trouvé dans ce travail de lexicographie un moyen de s'évader mentalement et de se rendre utile au monde, sans toutefois jamais retrouver sa pleine raison. Sa cellule était tapissée de livres[5].

Dès 1884, les fiches arrivent de partout au bureau de Murray, à Oxford, au rythme d'environ 1 000 par jour. Elles sont triées, vérifiées et classées par divers employés dont font partie ses nombreux enfants[6]. Elles sont ensuite disposées sur des tables pour être examinées par la petite équipe de rédacteurs spécialisés, sous la direction de Murray, et intégrées à l'article sur le mot du moment, le dictionnaire progressant en ordre alphabétique à raison de quelque 33 mots par jour[7]. Les articles terminés sont envoyés à la composition au fur et à mesure, de sorte qu'un nouveau fascicule peut être publié chaque année. Le dernier fascicule paraît en 1928, avec un total de 15 487 pages reliées en 12 gros volumes, 414 825 articles et 1 827 306 citations[8]. Un premier supplément paraît en 1933 et quatre autres sont publiés entre 1972 et 1986. En 1989, l'ensemble est réédité. L'ouvrage est publié sur CD-ROM en 1992 et devient accessible en ligne, sur abonnement, à partir de 2000.

Voir aussi

Articles connexes

Notes

  1. Simon Winchester, The Professor and the Madman, Harper, 1998, p. 104-105.
  2. Simon Winchester, 1998, p. 106-107.
  3. Simon Winchester, 1998, p. 160. Certains bénévoles ont envoyé jusqu'à 10 000 fiches par an, mais elles n'avaient pas la même pertinence et se révélaient donc moins utiles au projet.
  4. Simon Winchester, 1998, p. 176.
  5. (fr)Joëlle Kuntz, « Wikipedia, au temps de l’imprimerie au plomb », sur Le Temps (quotidien suisse). Cette histoire a fait l'objet d'un roman de Simon Winchester intitulé Le fou et le professeur (2000).
  6. Simon Winchester, 1998, p. 150.
  7. Simon Winchester, 1998, p. 152.
  8. Simon Winchester, 1998, p. 220.