« Site archéologique des Fontaines Salées » : différence entre les versions

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Le '''site archéologique des Fontaines Salées''' se situe à cheval sur la commune de [[Foissy-lès-Vézelay]] et le sud de la commune de [[Saint-Père (Yonne)|Saint-Père]], dans l'[[Yonne (département)|Yonne]] et dans le nord du [[Morvan]], en France.
Le '''site archéologique des Fontaines Salées''' se situe à cheval sur la commune de [[Foissy-lès-Vézelay]] et le sud de la commune de [[Saint-Père (Yonne)|Saint-Père]], dans l'[[Yonne (département)|Yonne]] et dans le nord du [[Morvan]], en France.


C'est le point d'émergence de sources salées, qui ont été exploitées pour le sel ou les bains du [[Europe néolithique|Néolithique]] au [[Moyen Âge]].
C'est le point d'émergence de sources salées qui ont été exploitées pour le sel ou les bains du [[Europe néolithique|Néolithique]] au [[Moyen Âge]].


Le site a été classé [[monument historique (France)|monument historique]] par les arrêtés du {{Date|25|janvier|1936}} et du {{date|14|janvier|1942}}<ref>{{Base POP Mérimée|PA00113688}}</ref>.
Le site a été classé [[monument historique (France)|monument historique]] par les arrêtés du {{Date|25|janvier|1936}} et du {{date|14|janvier|1942}}<ref>{{Mérimée|PA00113688|Ruines gallo-romaines des Fontaines Salées (également sur commune de Saint-Père) }}</ref>.


== Découverte ==
== Situation ==


Les Fontaines Salées se situent dans le sud du département de l'[[Yonne (département)|Yonne]], à {{unité|3|km}} au sud-est de Vézelay et au sud-est de [[Saint-Père (Yonne)|Saint-Père]], sur la rive gauche de la [[Cure (cours d'eau)|Cure]] à {{unité|40|m}} de la berge. La Cure coule ici en direction sud-sud-est / nord-nord-ouest<ref name="geoportl">{{Géoportail |latitude= 47.449038 |longitude= 3.776711 |zoom= 6 |couches= Hydro |desc= Les Fontaines-Salées, carte interactive }} Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrologie » activées.</ref>. Le site est proche du gué de l'ancienne voie menant d'[[Autun]] à [[Auxerre]] par [[Quarré-les-Tombes]]<ref name="B1943Louis">{{harvsp |id= B1943Louis | Louis 1943 |p= }}.</ref>. Le site est proche du gué de l'ancienne voie menant d'[[Autun]] à [[Auxerre]] par [[Quarré-les-Tombes]]<ref name="B1943Louis">{{harvsp |id= B1943Louis | Louis 1943 |p= }}.</ref>.
René Louis découvre le site par hasard. Ce médiéviste étudie la [[chanson de geste]] de [[Girart de Roussillon]] qui mentionne un combat se déroulant dans la vallée de la Cure. Il entreprend des fouilles archéologiques en [[septembre 1934]] afin d'y découvrir le site de la bataille. Ses fouilles révèlent des thermes de l'époque gallo-romaine. Avec l'aide de deux spécialistes, Robert Dauvergne et Bernard Lacroix, il met au jour des objets datant du début du [[Ier millénaire av. J.-C.|{{Ier}} millénaire avant notre ère]]<ref>{{harvsp|Pujo|2000|p=11-12}}.</ref>.


[[image:Géologie Fontaines salées.png|vignette|gauche|Carte géologique des Fontaines Salées.|alt=carte géologique]]
== Géographie ==
== Géologie, hydrologie ==
Les Fontaines Salées se situent au sud-est de [[Saint-Père (Yonne)|Saint-Père]], sur la rive gauche de la [[Cure (cours d'eau)|Cure]], à {{unité|40|m}} de la berge. Le site est proche du gué de l'ancienne voie menant d'[[Autun]] à [[Auxerre]] par [[Quarré-les-Tombes]]<ref name="champurnes">[http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1943_num_1_1_1949 Le champ d'urnes des fontaines salées (Yonne) et la civilisation des « champs d'urnes » en Bourgogne]. René Louis, Gallia, 1943, Volume 1, N° 1-1, {{p.|15-41}}.</ref>.


Du point de vue géologique, les sources sont situées à l'extrémité nord-ouest du [[Morvan]] ; elles sont au contact des terrains cristallins de ce dernier, et de la bordure sédimentaire du [[Lias (époque)|Lias]] du [[bassin parisien]]<ref name="1959horon461">{{harvsp |id= 1959horon | Horon, Mégnien & Soyer 1959 |p= 461 }}.</ref>. <br/>
== Géologie, hydrologie ==
À cette dualité du substrat s'ajoute un croisement de deux [[faille]]s majeures. S'y trouve d'une part la grande faille du Morvan, qui est suivie par le cours de la rivière (NNO-SSE) ; et d'autre part la faille des Fontaines Salées.
[[image:Géologie Fontaines salées.png|vignette|gauche|Carte géologique des Fontaines Salées.|alt=carte géologique]]
Cette dernière, la plus spectaculaire de la région parmi les accidents obliques (NNE-SSO), a un rejet moyen de l'ordre de {{unité|15|m}} vers le nord-ouest. Elle a décalé la grande faille du Morvan vers le nord-est<ref name="1966brgm9">
{{Ouvrage |id= 1966brgm |libellé= BRGM 1966 |langue= fr |auteur1= |titre= Notice explicative de la carte géologique au 1/50000e « Avallon » {{n°|466}} |lieu= |éditeur= |collection= |date= 1966 |pages totales= 11 |passage= |lire en ligne= http://ficheinfoterre.brgm.fr/Notices/0466N.pdf |format= pdf sur ''ficheinfoterre.brgm.fr'' }}.
</ref> en induisant sur le parcours de cette dernière une zone de failles broyées<ref name="1974risler20">{{Ouvrage |id= |libellé= Risler 1974 |langue= fr |auteur1= J. J. Risler |titre= Description et classification géologique des eaux minérales et thermales du Massif Central |lieu= |éditeur= [[Bureau de recherches géologiques et minières|BRGM]] |collection= |date= 1974 |pages totales= |passage= 20 |lire en ligne= http://infoterre.brgm.fr/rapports/74-SGN-418-MCE.pdf |format= pdf sur ''infoterre.brgm.fr'' }}.</ref>{{,}}<ref name="geoportlGeol">{{Géoportail |latitude= 47.449038 |longitude= 3.776711 |zoom= 8 |couches= Geologie-scan |desc= Les Fontaines-Salées, carte interactive }} Couches « Cartes IGN classiques » et « Géologie » activées.</ref>.


Les sources sont situées sur une zone de failles broyées orientée nord-sud, intersectée par une faille ou un décrochement orienté est-ouest<ref name="BRGM">[www.brgm.fr/Rapport?code=74-SGN-418-MCE ''Description et classification des eaux minérales et thermales du Massif Central'']. J. J. Risler. Service des eaux minérales et thermales, Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM). 1974.</ref>. Ce croisement géologique permet la remontée d'eaux profondes traversant des argiles salées et butant sur les roches granitiques du [[Morvan]]. L'eau émergente est minéralisée ({{unité/2|9|à=12|g/L}}), de température atteignant {{tmp|15.2|°C}}, et contient du chlorure et du sodium (en l'occurrence du sel)<ref name="BRGM"/>. Elle est également légèrement radioactive, et est accompagnée de remontées gazeuses contenant de l'[[azote]] (91,7 %), de l'[[hélium]] (6,42 %), du [[dioxyde de carbone]] (1,23 %), de l'[[argon]], etc.<ref>Selon panneau explicatif du musée, en 2017.</ref>
Ce croisement géologique permet la remontée d'eaux profondes traversant des argiles salées et butant sur les roches granitiques du [[Morvan]]. L'eau émergente est minéralisée ({{unité/2|9|à=12|g/L}}), de température atteignant {{tmp|15.2|°C}}, et contient du chlorure et du sodium (en l'occurrence du sel)<ref name="1974risler20"/>. Elle est également légèrement radioactive, et est accompagnée de remontées gazeuses contenant de l'[[azote]] (91,7 %), de l'[[hélium]] (6,42 %), du [[dioxyde de carbone]] (1,23 %), de l'[[argon]], etc.<ref>Selon panneau explicatif du musée, en 2017.</ref>


Les puits sont creusés dans une zone sableuse, ancienne sablière - c'est à l'occasion de l'extraction de sable que le premier puits a été trouvé en 1933<ref name="champurnes"/>. Un seul puits présente des émanations gazeuses intermittentes ; une margelle en pierre de taille entoure ce puits.
Les puits sont creusés dans une zone sableuse, ancienne sablière - c'est à l'occasion de l'extraction de sable que le premier puits a été trouvé en 1933<ref name="B1943Louis"/>. Un seul puits présente des émanations gazeuses intermittentes ; une margelle en pierre de taille entoure ce puits.


Une description de la composition physico-chimique de l'eau est présente dans le musée.
L'exposition du musée annexe au site donne une description de la composition physico-chimique de l'eau.

== Découverte ==

René Louis, [[:wikt:médiéviste|médiéviste]], étudie la [[chanson de geste]] de [[Girart de Roussillon]] et entreprend de localiser le site de la bataille de Vaubeton<ref name="1971debal46">{{Article |id= |libellé= Debal 1971 |langue= fr |auteur1= Jacques Debal |titre= René Louis, nécrologie |périodique= Bulletin de la Société archéologique et historique et de l'Orléanais |volume= |numéro= |titre numéro= |date= 27 septembre 1971 |pages= 45-49 |lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65700663/f48.image.r=Les%20Fontaines%20Salees%20(Yonne%20%20%20%20site%20archeologique)?rk=85837;2 |format= sur ''gallica'' |consulté le= 09/2021 }}, {{p.|46}}.</ref> qui s'est déroulée dans la vallée de la Cure. Il entreprend des fouilles archéologiques en [[septembre 1934]], qui révèlent des thermes de l'époque gallo-romaine. Avec l'aide de deux spécialistes, Robert Dauvergne et Bernard Lacroix, il met au jour des objets datant du début du [[Ier millénaire av. J.-C.|{{Ier}} millénaire avant notre ère]]<ref>{{harvsp |id= 2000pujo | Pujo 2000 |p= 11-12 }}.</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==


Le matériel céramique et métallique retrouvé entre le village et la chapelle Saint-Jean-Baptiste indique une fréquentation importante depuis la [[Tène]] finale jusqu’au {{s-|V|e}}<ref>Pierre Nouvel, dans ''Carte archéologique de la Gaule'' par Jean-Paul Delor, p. 608. Cité dans [http://www.saint-pere.fr/doc/La-villa-gallo-romaine-st-pere.pdf « La villa gallo-romaine de St-Père ne cesse d’intriguer les archéologues »]. Philippe Beyney, 2012.</ref>.
Le matériel céramique et métallique retrouvé entre le village et la chapelle Saint-Jean-Baptiste indique une fréquentation importante depuis la [[Tène]] finale jusqu'au {{s-|V}}<ref>{{Ouvrage |id= 2002nouvel |libellé= Nouvel 2002 |langue= fr |auteur1= Pierre Nouvel |titre= Carte archéologique de la Gaule |nature ouvrage= Jean-Paul Delor dir. |lieu= |éditeur= |collection= |date= 2002 |pages totales= |passage= 608 |résumé= |présentation en ligne= |lire en ligne= <!-- |format= sur ''xxx'' --> }}. Cité dans {{Lien web |langue= fr |auteur= Philippe Beyney |titre= La villa gallo-romaine de St-Père ne cesse d'intriguer les archéologues |site= saint-pere.fr |date= 2012 |url= http://www.saint-pere.fr/doc/La-villa-gallo-romaine-st-pere.pdf |consulté le= |brisé le= 09/2021 }}.</ref>.


=== Puits de captage des eaux néolithique ===
=== Puits de captage des eaux néolithique ===
{{Article détaillé|Culture campaniforme}}
{{Article général|Culture campaniforme}}
[[Fichier:Fontaines Salees - water basins.jpg|thumb|right|upright=1.3|Les bassins de captage de l'eau.]]
[[Fichier:Fontaines Salees - water basins.jpg|thumb|right|upright=1.3|<center>Les bassins de captage de l'eau.</center>]]


Le site des Fontaines salées s'appelait anciennement « le puits de sel »<ref name="champurnes"/>.
Le site des Fontaines salées s'appelait anciennement « le puits de sel »<ref name="B1943Louis"/>.


Les premiers travaux d'exploitation des sources ont été mis en œuvre par des puits de captage qui ont été aménagés entre environ [[2300 av. J.-C.|2309 à 2223 av. J.-C.]]<ref>[[Datation au carbone 14]] et par dendrochronologie, réalisées en 2001 par le BRGM.</ref>{{, }}<ref>[http://www.saint-pere.fr/tourisme/fontaines-salees-historique.htm Site de la commune de Saint-Père.</ref>, soit la période finale du [[Europe néolithique|Néolithique]].
Les premiers travaux d'exploitation des sources ont été mis en œuvre par des puits de captage qui ont été aménagés entre environ [[2300 av. J.-C.|2309 à 2223 av. J.-C.]]<ref group="n">[[Datation au carbone 14]] et par dendrochronologie, réalisées en 2001 par le BRGM.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue= fr |titre= Les Fontaines Salées - Historique |site= saint-pere.fr |éditeur= Site de la commune de Saint-Père |url= http://www.saint-pere.fr/tourisme/fontaines-salees-historique.htm |brisé le= 09/2021 }}. Cliquer sur "Archive.is" pour accéder à la page web.</ref>, soit la période finale du [[Europe néolithique|Néolithique]].


En [[1942]], seize chênes évidés sont découverts en réalisant des fouilles archéologiques sur l'alimentation en eau des thermes<ref name=Pujo12>{{harvsp|Pujo|2000|p=12}}</ref>, le carbone 14 a permis de les dater de l'époque de l'[[âge du Fer]]<ref name=bataille22>{{harvsp|Bataille|id=bataille|1992|p=22}}</ref>. Ces derniers ont servi à fabriquer dix-neuf puits de captage des eaux salées afin d'exploiter le sel dans l'Avallonnais<ref name=bataille22></ref> et sont toujours dans un très bon état de conservation<ref name=Pujo13>{{harvsp|Pujo|2000|p=13}}</ref>. La grosseur de ces arbres laisse supposer qu'ils ont été conservés sur plusieurs générations avant d'avoir été abattus pour cet usage, un travail collectif mené à bien à l'aide de haches en cuivre ou en bronze. Deux techniques différentes ont été mises en œuvre pour ce faire, par deux groupes différents<ref name=captagesbernard>{{harvsp|Bernard|Pétrequin|Weller|Bailly|2000|p=299-336|id=captagesbernard}}</ref>.
En [[1942]], seize chênes évidés sont découverts en réalisant des fouilles archéologiques sur l'alimentation en eau des thermes<ref name=Pujo12>{{harvsp |id= 2000pujo |Pujo 2000 |p= 12 }}.</ref>, le carbone 14 a permis de les dater de l'époque de l'[[âge du Fer]]. Ces derniers ont servi à fabriquer dix-neuf puits de captage des eaux salées afin d'exploiter le sel dans l'Avallonnais<ref name="bataille22">{{harvsp |id= bataille |Bataille 1992 |p= 22 }}.</ref> et sont toujours dans un très bon état de conservation<ref name="Pujo13">{{harvsp |id= 2000pujo | Pujo 2000 |p= 13 }}.</ref>. La grosseur de ces arbres laisse supposer qu'ils ont été conservés sur plusieurs générations avant d'avoir été abattus pour cet usage, un travail collectif mené à bien à l'aide de haches en cuivre ou en bronze. Deux techniques différentes ont été mises en œuvre pour ce faire, par deux groupes différents<ref name="2000bernard">{{harvsp |id= 2000bernard | Bernard ''et al.'' 2000 |p= }}.</ref>.


Entre 1942 et [[1961]], dix-huit puits<ref name=Pujo12></ref> datant du {{Ier millénaire av. J.-C.}}<ref name=Pujo13></ref>, verticaux, cylindriques, d'une profondeur située entre 1 mètre et 1,40 mètre<ref name=Pujo13></ref> et d'un diamètre de 1,5 m environ sont mis au jour. Creusés dans le sable, il n'y avait pas de boisements d'étayage<ref name="champurnes"/>. Une partie des puits étaient utilisées comme de simples [[puisard]]s pour recueillir les eaux salées après que celles-ci aient été filtrés par le sable. Les autres puits prenaient l'eau en dessous de la couche de sable, suivant le système des puits ascensionnels jaillissants<ref name=eauxcultegaule>{{harvsp|Lantier|1962|p=227-236}}</ref>. Les installations servaient à recueillir du sel par évaporation et ce sel ainsi recueilli pouvait servir pour la conservation de la viande et du poisson<ref name=Pujo12></ref>.
Entre 1942 et [[1961]], dix-huit puits<ref name=Pujo12/> datant du {{Ier millénaire av. J.-C.}}, verticaux, cylindriques, d'une profondeur située entre 1 mètre et 1,40 mètre<ref name=Pujo13/> et d'un diamètre de 1,5 m environ sont mis au jour. Creusés dans le sable, il n'y avait pas de boisements d'étayage<ref name="B1943Louis"/>. Une partie des puits étaient utilisées comme de simples [[puisard]]s pour recueillir les eaux salées après que celles-ci aient été filtrés par le sable. Les autres puits prenaient l'eau en dessous de la couche de sable, suivant le système des puits ascensionnels jaillissants<ref name="eauxcultegaule">{{harvsp |id= 1962Lantier | Lantier 1962 |p= }}.</ref>. Les installations servaient à recueillir du sel par évaporation et ce sel ainsi recueilli pouvait servir pour la conservation de la viande et du poisson<ref name=Pujo12/>.


Plusieurs exploitations de fer étaient en opération dans les environs proches, et une activité commerciale s'était établie<ref name="champurnes"/>{{,}}<ref name="fouilleslouis">René Louis, ''Les fouilles gallo-romaines de Saint-Père-sous-Vézelay (Yonne) : vue d'ensemble sur les campagnes 1934, 1935 et 1936 aux lieux-dits « Les Fontaines-Salées », « Le Perron » et « La Corvée Saint-Jean »'']. Monographies de fouilles, Société des fouilles archéologiques et des monuments historiques de l'Yonne. 1937.</ref>{{, }}<ref>{{harvsp|Louis|1943|p=27-70|id=louis1942}}</ref>.
Plusieurs exploitations de fer étaient en opération dans les environs proches, et une activité commerciale s'était établie<ref name="B1943Louis"/>{{,}}<ref name="1937Louis">{{harvsp |id= 1937Louis | Louis 1937 |p= }}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp |id= A1943Louis | Louis 1943 |p= }}.</ref>.


Abandonné après l'[[âge du bronze]] ancien, les puits ont été comblés par les alluvions des crues de la [[Cure (rivière)|Cure]]. Ensuite, certains puits ont été réutilisés à la fin de l'âge de bronze — peut-être pour abreuver du bétail. Il faut attendre l'[[âge du fer]] pour y voir une production de sel par le feu ; il est par ailleurs vraisemblable qu'à cette époque les installations ne devaient pas seulement servir à recueillir du sel, compte tenu de la proportion élevée de potasse induite par la combustion du bois de chauffe<ref name=captagesbernard></ref>.
Abandonné après l'[[âge du bronze]] ancien, les puits ont été comblés par les alluvions des crues de la [[Cure (rivière)|Cure]]. Ensuite, certains puits ont été réutilisés à la fin de l'âge de bronze — peut-être pour abreuver du bétail. Il faut attendre l'[[âge du fer]] pour y voir une production de sel par le feu ; il est par ailleurs vraisemblable qu'à cette époque les installations ne devaient pas seulement servir à recueillir du sel, compte tenu de la proportion élevée de potasse induite par la combustion du bois de chauffe<ref name="2000bernard"/>.


==== Nécropole dite « champ d'urnes » ====
=== Nécropole dite « champ d'urnes » ===
{{Article général|champ d'urnes}}


Au lieu-dit le Poron (anciennement le Perron), une hauteur voisine qui surplombe les puits de captage néolithiques, une défense de mammouth est d'abord trouvée en 1930 dans une autre sablière exploitée, à 1 m de profondeur<ref name="B1943Louis"/>. Des ossements et fragments de poterie sombre se trouvaient dans la couche de terre recouvrant le sable, aux environs proches de la sablière. En 1934, c'est une [[imbrex]] gallo-romaine intacte qui est mise à jour ; puis à une profondeur variant de 50 cm à 60 cm, une sépulture en 1937, une en 1938 et trois autres en 1939. Ces cinq sépultures trouvées paraissent former trois rangs avec des espacements de {{unité|2|m}} entre chaque sépulture, et vraisemblablement il s'agit d'un [[champ d'urnes]] ([[Civilisation de Hallstatt|Hallstatt]]) avec de nombreuses autres sépultures.
{{Article connexe|champ d'urnes}}
Au lieu-dit le Poron (anciennement le Perron), une hauteur voisine qui surplombe les puits de captage néolithiques, une défense de mammouth est d'abord trouvée en 1930 dans une autre sablière exploitée, à 1 m de profondeur<ref name="champurnes"/>. Des ossements et fragments de poterie sombre se trouvaient dans la couche de terre recouvrant le sable, aux environs proches de la sablière. En 1934, c'est une [[imbrex]] gallo-romaine intacte qui est mise à jour ; puis à une profondeur variant de 50 cm à 60 cm, une sépulture en 1937, une en 1938 et trois autres en 1939. Ces cinq sépultures trouvées paraissent former trois rangs avec des espacements de {{unité|2|m}} entre chaque sépulture, et vraisemblablement il s'agit d'un [[champ d'urnes]] ([[Civilisation de Hallstatt|Hallstatt]]) avec de nombreuses autres sépultures.


Outre les restes d'ossements humains, la deuxième urne funéraire trouvée entière contenait une autre urne de même modèle mais assez petite pour passer par le col de la grande urne, ainsi qu'un bol, deux bracelets de bronze, et une pointe de flèche néolithique en silex avec pédoncule et barbelures, craquelée comme après un passage dans le feu<ref group="Note">Deuxième et troisième urnes de sépulture trouvées : des photos des urnes et des artefacts sont données dans [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1943_num_1_1_1949 « Le champ d'urnes des fontaines salées (Yonne) et la civilisation des “champs d'urnes” en Bourgogne »], p. 19.</ref>.
Outre les restes d'ossements humains, la deuxième urne funéraire trouvée entière contenait une autre urne de même modèle mais assez petite pour passer par le col de la grande urne, ainsi qu'un bol, deux bracelets de bronze, et une pointe de flèche néolithique en silex avec pédoncule et barbelures, craquelée comme après un passage dans le feu<ref group="n">Deuxième et troisième urnes de sépulture trouvées : des photos des urnes et des artefacts sont données dans {{harvsp |id= B1943Louis | Louis 1943 |p= 19 }}.</ref>.


Le site est utilisé comme site funéraire vers [[IXe siècle av. J.-C.|900 {{av JC}}]]
Le site est utilisé comme site funéraire vers [[IXe siècle av. J.-C.|900 {{av JC}}]]


Ensuite, les Celtes ont créé un sanctuaire circulaire autour d’une des sources.
Ensuite, les Celtes ont créé un sanctuaire circulaire autour d'une des sources.


=== Époque gallo-romaine : thermes et villa ===
=== Époque gallo-romaine : thermes et villa ===


[[Fichier:Fontaines Salées-Palestre des thermes.jpg|thumb|right|upright=1.3|La [[palestre]] des thermes, une cour intérieure consacrée à la gymnastique et entourée de colonnades<ref name=Pujo21></ref>.]]
[[Fichier:Fontaines Salées-Palestre des thermes.jpg|thumb|right|upright=1.3|La [[palestre]] des thermes, une cour intérieure consacrée à la gymnastique et entourée de colonnades<ref name=Pujo21>{{harvsp |id= 2000pujo |Pujo 2000 |p= 21 }}.</ref>.]]
[[Fichier:Map of Fontaines Salées archeological site.svg|thumb|right|upright=1.3|Plan des vestiges des Fontaines Salées.]]
[[Fichier:Map of Fontaines Salées archeological site.svg|thumb|right|upright=1.3|<center>Plan des vestiges des Fontaines Salées.</center>]]
On y a relevé les plus anciens aménagements connus de site thermal, le plus ancien datant du {{s|I|er}}, assez sommaire<ref>{{harvsp|Pujo|2000|p=20}}</ref>. Des travaux d'agrandissement des [[Thermes romains|thermes]] sont réalisés au {{s|I|er}} : vestiaire, bains à vapeur ou tiède… Au {{s|II|e}}, l'influence romaine se faisant plus forte, l'établissement est agrandi, devenant des thermes mixtes hommes/femmes et un système de chauffage est créé. Des extensions sportives sont également réalisées comme la [[palestre]] pour la gymnastique. Cet établissement thermal étant unique dans la région, il attirait des clients venus d'une distance assez lointaine<ref name=Pujo21>{{harvsp|Pujo|2000|p=21}}</ref>.
On y a relevé les plus anciens aménagements connus de site thermal, le plus ancien datant du {{s|I}}, assez sommaire<ref>{{harvsp |id= 2000pujo |Pujo 2000 |p=20 }}.</ref>. Des travaux d'agrandissement des [[Thermes romains|thermes]] sont réalisés au {{s|I}} : vestiaire, bains à vapeur ou tiède… Au {{s|II}}, l'influence romaine se faisant plus forte, l'établissement est agrandi, devenant des thermes mixtes hommes/femmes et un système de chauffage est créé. Des extensions sportives sont également réalisées comme la [[palestre]] pour la gymnastique. Cet établissement thermal étant unique dans la région, il attirait des clients venus d'une distance assez lointaine<ref name=Pujo21/>.


Un nouveau sanctuaire est accolé à l'ancien sanctuaire celte. Les romains continuent d'utiliser le site car celui-ci est situé sur une des routes importantes du grand centre minier et sidérurgique des Ferrières.
Un nouveau sanctuaire est accolé à l'ancien sanctuaire celte. Les romains continuent d'utiliser le site car celui-ci est situé sur une des routes importantes du grand centre minier et sidérurgique des Ferrières.
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=== Invasions des Alamans ===
=== Invasions des Alamans ===


Dans la deuxième partie du {{s|III|e}}, les [[Alamans]] envahissent la région et ravagent tout, obligeant les populations locales à se réfugier dans les forêts limitrophes ou dans les villes fortifiées de la région. L’établissement thermal est pillé et détruit. Seule l’exploitation du sel demeure. Les ruines sont partiellement transformées et aménagées par de petits [[Saunerie|saunier]]s, se livrant au travail de la réduction de l’eau salée, à la préparation des saumures et salaisons ou encore au traitement des peaux. Lors des fouilles de ces exploitations artisanales, deux cent cinquante pièces de monnaie avec des portraits de deux [[Empereur romain|empereurs]] du début du {{s|IV|e}} : [[Constance II]] et [[Dèce]] ont été retrouvées<ref>{{harvsp|Lacroix|1965}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Pujo|2000|p=24}}</ref>.
Dans la deuxième partie du {{s|III}}, les [[Alamans]] envahissent la région et ravagent tout, obligeant les populations locales à se réfugier dans les forêts limitrophes ou dans les villes fortifiées de la région. L'établissement thermal est pillé et détruit. Seule l'exploitation du sel demeure. Les ruines sont partiellement transformées et aménagées par de petits [[Saunerie|saunier]]s, se livrant au travail de la réduction de l'eau salée, à la préparation des saumures et salaisons ou encore au traitement des peaux. Lors des fouilles de ces exploitations artisanales, deux cent cinquante pièces de monnaie avec des portraits de deux [[Empereur romain|empereurs]] du début du {{s|IV}} : [[Constance II]] et [[Dèce]] ont été retrouvées<ref>{{harvsp |id= 1965Lacroix | Lacroix 1965 |p= }}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp |id= 2000pujo | Pujo 2000 |p= 24 }}.</ref>.


Au {{s|IV|e}}, après le retour au calme, la région tente de se reconstruire et le site est de nouveau occupé par des habitants locaux. Mais La notion de caractère sacré de cette eau est perpétuée avec un puits à côté de leur atelier, puits entouré symboliquement d'une enceinte de galets<ref name="eauxcultegaule" />.
Au {{s|IV}}, après le retour au calme, la région tente de se reconstruire et le site est de nouveau occupé par des habitants locaux. Mais La notion de caractère sacré de cette eau est perpétuée avec un puits à côté de leur atelier, puits entouré symboliquement d'une enceinte de galets<ref name="eauxcultegaule"/>.


Des photos aériennes<ref>Jean-Paul Delor, ''Carte archéologique de la Gaule'', 89/1 et 2. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2002, tome 2, p. 604. Article de Pierre Nouvel. Cité dans [http://www.saint-pere.fr/doc/La-villa-gallo-romaine-st-pere.pdf « La villa gallo-romaine de St-Père ne cesse d’intriguer les archéologues »]. Philippe Beyney, 2012.</ref> indiquent un grand domaine rural, appelé ''Vercellacus'' à partir du {{s|IV}} (du nom de son propriétaire) puis transmis en tant que villa carolingienne<ref>Abbé Bernard Lacroix, ''Saint-Père-sous-Vézelay. Origines et évolution'', Librairie Voillot, 1993.</ref>.
Des photos aériennes<ref>{{harvsp |id= 2002nouvel | Nouvel 2002 |p= 604 }}.</ref> indiquent un grand domaine rural, appelé ''Vercellacus'' à partir du {{s|IV}} (du nom de son propriétaire) puis transmis en tant que villa carolingienne<ref>Abbé Bernard Lacroix, ''Saint-Père-sous-Vézelay. Origines et évolution'', librairie Voillot, 1993.</ref>.


=== Moyen Âge ===
=== Moyen Âge ===


L’impôt de la [[gabelle du sel]], mis en place d'abord de façon intermittente au {{s|XII|e}} puis définitive au {{s|XIII|e}}, va signer la mort de l'extraction du sel aux Fontaines Salées. Produit indispensable, sa taxation frappe lourdement les moins riches ; le sel est donc vendu frauduleusement par les populations locales. Le roi, puis les moines ses [[fermier]]s, s'évertuent à supprimer leur manque à gagner : les galères ou la mort punissent les contrevenants, d'autant qu'au {{s|XV|e}} les moines de Vézelay y établissent un grenier à sel et veillent de près sur leurs bénéfices. Jusqu'au {{s|XVIII|e}}, le site est enfoui sous d'épaisses couches de remblai successives en raison des luttes impitoyables que livrait le pouvoir aux trafiquants de sel, appelés « faux sauniers ».
{{refnec|L'impôt de la [[gabelle du sel]], mis en place d'abord de façon intermittente au {{s|XII}} puis définitive au {{s|XIII}}, signe la mort de l'extraction du sel aux Fontaines Salées. Produit indispensable, sa taxation frappe lourdement les moins riches ; le sel est donc vendu frauduleusement par les populations locales. Le roi, puis les moines ses [[fermier]]s, s'évertuent à supprimer leur manque à gagner : les galères ou la mort punissent les contrevenants, d'autant qu'au {{s|XV}} les moines de Vézelay y établissent un grenier à sel et veillent de près sur leurs bénéfices. Jusqu'au {{s|XVIII}}, le site est enfoui sous d'épaisses couches de remblai successives suite aux luttes impitoyables livrées par le pouvoir aux trafiquants de sel, appelés « faux sauniers ».}}


== Centre d'accueil et de découvertes archéologiques ==
== Centre d'accueil et de découvertes archéologiques ==
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== Galerie ==
== Galerie ==
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Fontaines salées Vézelay.jpg|Vue générale du site.
Fontaines salées Vézelay.jpg|<center>Vue générale du site.</center>
Fontaines Salées-Sanctuaire celte.jpg|Le sanctuaire celte.
Fontaines Salées-Sanctuaire celte.jpg|<center>Le sanctuaire celte.</center>
Fontaines Salées-caldarium.jpg|Le [[caldarium]].
Fontaines Salées-caldarium.jpg|<center>Le [[caldarium]].</center>
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== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=Note}}

=== Références ===
{{Références|colonnes=2}}

== Annexe ==
{{Autres projets
{{Autres projets
|commons = Category:Fontaines Salées archeological site
|commons = Category:Fontaines Salées archeological site
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|commons titre2 = Musée des fouilles des Fontaines Salées
|commons titre2 = Musée des fouilles des Fontaines Salées
}}
}}
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Liste des monuments historiques de l'Yonne]]
* [[Liste des monuments historiques de l'Yonne]]
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
==== Ouvrages ====
==== Ouvrages ====
* {{Ouvrage |id= bataille |libellé= Bataille ''et al.'' 1992 |langue= fr |auteur1= Alain Bataille |auteur2= Pascal Dibie |auteur3= Jean-Pierre Fontaine |auteur4= Jean-Charles Guillaume |auteur5= Jean-Paul Moreau |auteur6= Ferdinand Pavy |auteur7= Line Skorka |auteur8= Gérard Taverdet |auteur9= Marcel Vigreux |préface= [[Henri de Raincourt]] |titre= Yonne |lieu= Paris |éditeur= Bonneton |date= avril 1992 |pages totales= 428 |isbn= 2-86253-124-3
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| langue = fr
* {{Ouvrage |id= 2000bernard |libellé= Bernard ''et al.'' 2000 |lang= fr |auteur1= Vincent Bernard |auteur2= Pierre Pétrequin |auteur3= Olivier Weller |auteur4= Gilles Bailly |auteur5= Christine Bourquin-Mignot |auteur6= Hervé Richard |titre= Les sources salées de Bourgogne : une exploitation du sel du Néolithique à l'Âge du fer : Les Fontaines Salées |éditeur= CNRS - Université de Franche-Comté |date= 2000 |lire en ligne= https://books.google.fr/books?id=ibOvCUgfhpsC&pg=PA299 |format= sur ''books.google.fr''
| auteur1 = Alain Bataille
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| auteur2 = Pascal Dibie
* {{Ouvrage |libellé= Dauvergne 1942 |lang= fr |auteur= Robert Dauvergne |titre= Une habitation du IVe siècle dans des ruines de thermes aux Fontaines-Salées : communes de Saint-Père-sous-Vézelay et Foissy-lès-Vézelay |lieu= Paris |éditeur= |année= 1944 |pages totales= 9 pl. + 29 |présentation en ligne= https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta7411a2a71f9692a3
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| auteur4 = Jean-Charles Guillaume
* {{Ouvrage |id= |libellé= Dauvergne 1944 |langue= fr |auteur1= Robert Dauvergne |titre= Sources minérales, thermes gallo-romains et occupation du sol aux Fontaines-Salées : communes de Saint-Père-sous-Vézelay et Foissy-lès-Vézelay (Yonne) |lieu= Paris |éditeur= impr. R. Foulon |date= 1944 |pages totales= 127 |passage= |résumé= |présentation en ligne= |lire en ligne= <!-- |format= sur ''xxx'' -->
| auteur5 = Jean-Paul Moreau
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| auteur6 = Ferdinand Pavy
* {{Article |id= 1959horon |libellé= Horon, Mégnien & Soyer 1959 |langue= fr |auteur1= Octave Horon |auteur2= Claude Mégnien |auteur3= Robert Soyer |titre= Note sur les fontaines salées de Saint-Père-sous-Vézelay |périodique= Bulletin de la Société géologique de France |volume= |numéro= 5 |date= 1959 |pages= 461-466 |résumé= https://pubs.geoscienceworld.org/sgf/bsgf/article-abstract/S7-I/5/461/517865/Note-sur-les-fontaines-salees-de-Saint-Pere-sous?redirectedFrom=fulltext |lire en ligne= <!-- |format= sur ''xxx'' -->
| auteur7 = Line Skorka
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| auteur8 = Gérard Taverdet
* {{Article |id= 1964Lacroix |libellé= Lacroix 1964 |langue= fr |auteur1= Bernard Lacroix |auteur2= René Louis |responsabilité2= introduction |responsabilité1= abbé |titre= Une installation artisanale aux Fontaines Salées (Yonne) ? |périodique= Gallia |tome= 22 |numéro= 1 |date= 1964 |pages= 111-135 |lire en ligne= https://www.persee.fr/doc/galia_0016-4119_1964_num_22_1_2191 |format= sur ''persee''
| auteur9 = Marcel Vigreux
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| préface = [[Henri de Raincourt]]
* {{Ouvrage |id= 1965Lacroix |libellé= Lacroix 1965 |lang= fr |auteur1= Abbé Bernard Lacroix |responsabilité1= abbé |titre= Les Fontaines Salées de la veille des grandes incursions au déclin de la Gaule |éditeur= |année= 1965
| titre = Yonne
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| lieu = Paris
* {{article |id= 1962Lantier |libellé= Lantier 1962 |lang= fr |auteur1= Raymond Lantier |titre= Les Eaux et leur culte en Gaule |nature article= compte-rendu du livre de Albert Grenier, ''Manuel d'archéologie gallo-romaine'', {{4e}} partie. I. ''Aqueducs, Thermes'' ; II. ''Villes d'eaux, Sanctuaires de Veau''. 2 vol. |périodique= Journal des savants |numéro= 3-4 |date= octobre-décembre 1962 |pages= 227-236 |lire en ligne= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1962_num_3_1_1036 |format= sur ''persee''
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| année = 1992
* {{Ouvrage |id= 1937Louis |libellé= Louis 1937 |langue= fr |auteur1= René Louis |titre= Les fouilles gallo-romaines de Saint-Père-sous-Vézelay (Yonne) : vue d'ensemble sur les campagnes 1934, 1935 et 1936 aux lieux-dits « Les Fontaines-Salées », « Le Perron » et « La Corvée Saint-Jean » |nature ouvrage= monographie de fouilles |lieu= |éditeur= Société des fouilles archéologiques et des monuments historiques de l'Yonne |date= 1937 |pages totales= |passage= |résumé= |présentation en ligne= https://archivesenligne.yonne.fr/ark:/56431/vta6e6799135a7345b1 |lire en ligne= <!-- |format= sur ''xxx'' -->
| mois = avril
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| pages totales = 428
* {{article |id= A1943Louis |libellé= Louis 1943 |lang= fr |auteur1= René Louis |lien auteur1= René Louis |titre= Les fouilles des Fontaines-Salées en 1942 : Les thermes, le « temple de source », et les puits à cuvelage de bois |périodique= Gallia |tome= 1 |numéro= 2 |année= 1943 |pages= 27-70 |lire en ligne= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1943_num_1_2_1967
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| id = bataille
* {{Article |id= B1943Louis |libellé= Louis 1943|langue= fr |auteur1= René Louis |titre= Le « champ d'urnes » des Fontaines-Salées et la civilisation des « champs d'urnes » en Bourgogne |périodique= Gallia |volume= 1 |numéro= 1-1 |date= 1943 |pages= 15-41 |lire en ligne= http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1943_num_1_1_1949 |format= sur ''persee''
}}
* {{Ouvrage
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* {{Article |id= 1978meunier |libellé= Meunier 1978 |langue= fr |auteur1= Marcel Meunier |titre= Les puits artésiens de l'Avallonnais |périodique= Bulletin de l'Académie du Morvan |numéro= 5 |date= 1978 |pages= 3-14 |lire en ligne= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96033964/f5.item.r=fontaines |format= sur ''gallica'' |consulté le= 09/2021
| auteur1 = Vincent Bernard
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| auteur2 = Pierre Pétrequin
* {{Article |id= |libellé= Pissier 1902 |lang= fr |auteur1= abbé Pissier |titre= Notice historique sur Saint-Père-sous-Vézelay |périodique= Bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne |tome= 56 |date= 1902 |pages= 133-176 et 275-368 |lire en ligne= <!-- |format= sur ''xxx'' -->
| auteur3 = Olivier Weller
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| auteur4 = Gilles Bailly
* {{Article |id= |libellé= Pissier 1903 |lang= fr |auteur1= abbé Pissier |titre= Notice historique sur Saint-Père-sous-Vézelay |périodique= Bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne |tome= 57 |date= 1903 |pages= 11-91 |lire en ligne= <!-- |format= sur ''xxx'' -->
| auteur5 = Christine Bourquin-Mignot
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| auteur6 = Hervé Richard
* {{Ouvrage |id= 2000pujo |libellé= Pujo 2000 |lang= fr |auteur1= Bernard Pujo |titre= Histoire de Vézelay des origines à l'an 2000 |lieu= Paris |éditeur= [[Éditions Perrin|Perrin]] |année= 2000 |pages totales= 261 |isbn= 2-262-01442-6
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| éditeur = CNRS - Université de Franche-Comté
* {{Ouvrage |libellé= Vogade 1980 |lang= fr |auteur1= François Vogade |titre= Les Fontaines salées |lieu= Mâcon |éditeur= |année= 1980 |pages totales= 61 |présentation en ligne= https://data.bnf.fr/fr/11952790/les_fontaines-salees__yonne__-_site_archeologique_/
| année = 2000
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| isbn =
* {{Article |id= |libellé= Weller 2002 |auteur1= Olivier Weller |titre= Les cuvelages en bois des Fontaines Salées de St Père. Recherches récentes sur une exploitation du sel de plus de 4000 ans |périodique= Bulletin de la Société des Fouilles Archéologiques et des Monuments Historiques de l'Yonne |numéro= 19 |date= 2002 |pages=
| lire en ligne = https://books.google.fr/books?id=ibOvCUgfhpsC&pg=PA299
}}.
| id = captagesbernard
}}.


=== Liens externes ===
* {{Ouvrage
* {{lien web |lang= fr |titre= Les Fontaines Salées |site= saint-pere.fr |éditeur= site de la commune de Saint-Père] |url= https://www.saint-pere.fr/les-fontaines-salees-commune-de-saint-pere-89_fr.html |consulté le= 09/2021
| auteur1 = Abbé Lacroix
}}.
| titre = Les Fontaines Salées de la veille des grandes incursions au déclin de la Gaule
* {{lien web |lang= fr |titre= Les fontaines salées à Saint-Père-sous-Vézelay |site= bude-orleans.org |éditeur= géographie littéraire chez Guillaume-Budé Orléans |url= http://www.bude-orleans.org/lespages/42gallo_romains/st_pere.html |brisé le= 09/2021
| éditeur =
}}.
| année = 1965
| isbn =
}}.


== Notes et références ==
* {{Ouvrage
=== Notes ===
| auteur1 = Raymond Lantier
{{Références|groupe="n"}}
| titre = Les Eaux et leur culte en Gaule
=== Références ===
| volume = 3
{{Références|colonnes=2}}
| éditeur = Journal des savants
| numéro dans collection = 3-4
| année = 1962
| isbn =
| lire en ligne = http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1962_num_3_1_1036
}}.

* {{Ouvrage
| auteur1 = [[René Louis]]
| titre = Les fouilles des Fontaines- Salées en 1942 : Les thermes, le « temple de source », et les puits à cuvelage de bois
| volume = 1
| éditeur = Gallia
| numéro dans collection = 1-2
| année = 1943
| isbn =
| lire en ligne = http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1943_num_1_2_1967
| id = louis1942
}}.

* {{Ouvrage
| langue = fr
| auteur1 = Bernard Pujo
| titre = Histoire de Vézelay
| sous-titre = des origines à l'an 2000
| lieu = Paris
| éditeur = [[Éditions Perrin|Perrin]]
| année = 2000
| pages totales = 261
| isbn = 2-262-01442-6
}}.

* {{Ouvrage
| auteur1 = François Vogade
| titre = Les Fontaines salées
| lieu = Mâcon
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| année = 1980
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* {{Ouvrage
| titre = Les Fontaines salées
| lieu = Mâcon
| éditeur =
| année = 1980
| pages totales = 68
| isbn =
}}.
* [[Robert Dauvergne]], ''Une habitation du IVe siècle dans des ruines de thermes aux Fontaines-Salées : communes de Saint-Père-sous-Vézelay et Foissy-lès-Vézelay, Paris, 1942, 29 p.
* Robert Dauvergne, ''Sources minérales, thermes gallo-romains et occupation du sol aux Fontaines-Salées : communes de Saint-Père-sous-Vézelay et Foissy-lès-Vézelay'', Paris, 1944, 127 p.
* abbé Pissier, « Notice historique sur Saint-Père-sous-Vézelay », in ''Bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne'', LVI, 1902, p.133-176 ; t. 275-368; LVII, 1903, p.11-91.

==== Article ====
* {{Article
| auteur1 = Olivier Weller
| titre = Les cuvelages en bois des Fontaines Salées de St Père. Recherches récentes sur une exploitation du sel de plus de 4000 ans.
| périodique = Bulletin de la Société des Fouilles Archéologiques et des Monuments Historiques de l’Yonne
| numéro = 19
| jour =
| mois =
| année = 2002
| pages =
| issn =
}}.

=== Liens externes ===
* [http://www.saint-pere.fr/les-fontaines-salees.htm Page du site sur le site de la commune de Saint-Père]
* [http://www.bude-orleans.org/lespages/42gallo_romains/st_pere.html Les fontaines salées à Saint-Père-sous-Vézelay], géographie littéraire chez Guillaume-Budé Orléans


{{Palette|Thermes romains}}
{{Palette|Thermes romains}}

Version du 20 septembre 2021 à 04:20

Les Fontaines Salées
Image illustrative de l’article Site archéologique des Fontaines Salées
Ruine des thermes
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Bourgogne-Franche-Comté
Département Yonne
Communes Foissy-lès-Vézelay, Saint-Père
Protection Logo monument historique Classé MH (1936, 1942)
Coordonnées 47° 26′ 57″ nord, 3° 46′ 36″ est
Altitude 150 m
Géolocalisation sur la carte : Yonne
(Voir situation sur carte : Yonne)
Les Fontaines Salées
Les Fontaines Salées
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne
(Voir situation sur carte : Bourgogne)
Les Fontaines Salées
Les Fontaines Salées
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Les Fontaines Salées
Les Fontaines Salées
Histoire
Époques Néolithique
Gaule
Gaule romaine
Moyen Âge

Le site archéologique des Fontaines Salées se situe à cheval sur la commune de Foissy-lès-Vézelay et le sud de la commune de Saint-Père, dans l'Yonne et dans le nord du Morvan, en France.

C'est le point d'émergence de sources salées qui ont été exploitées pour le sel ou les bains du Néolithique au Moyen Âge.

Le site a été classé monument historique par les arrêtés du et du [1].

Situation

Les Fontaines Salées se situent dans le sud du département de l'Yonne, à 3 km au sud-est de Vézelay et au sud-est de Saint-Père, sur la rive gauche de la Cure à 40 m de la berge. La Cure coule ici en direction sud-sud-est / nord-nord-ouest[2]. Le site est proche du gué de l'ancienne voie menant d'Autun à Auxerre par Quarré-les-Tombes[3]. Le site est proche du gué de l'ancienne voie menant d'Autun à Auxerre par Quarré-les-Tombes[3].

carte géologique
Carte géologique des Fontaines Salées.

Géologie, hydrologie

Du point de vue géologique, les sources sont situées à l'extrémité nord-ouest du Morvan ; elles sont au contact des terrains cristallins de ce dernier, et de la bordure sédimentaire du Lias du bassin parisien[4].
À cette dualité du substrat s'ajoute un croisement de deux failles majeures. S'y trouve d'une part la grande faille du Morvan, qui est suivie par le cours de la rivière (NNO-SSE) ; et d'autre part la faille des Fontaines Salées. Cette dernière, la plus spectaculaire de la région parmi les accidents obliques (NNE-SSO), a un rejet moyen de l'ordre de 15 m vers le nord-ouest. Elle a décalé la grande faille du Morvan vers le nord-est[5] en induisant sur le parcours de cette dernière une zone de failles broyées[6],[7].

Ce croisement géologique permet la remontée d'eaux profondes traversant des argiles salées et butant sur les roches granitiques du Morvan. L'eau émergente est minéralisée (9 à 12 g/L), de température atteignant 15,2 °C, et contient du chlorure et du sodium (en l'occurrence du sel)[6]. Elle est également légèrement radioactive, et est accompagnée de remontées gazeuses contenant de l'azote (91,7 %), de l'hélium (6,42 %), du dioxyde de carbone (1,23 %), de l'argon, etc.[8]

Les puits sont creusés dans une zone sableuse, ancienne sablière - c'est à l'occasion de l'extraction de sable que le premier puits a été trouvé en 1933[3]. Un seul puits présente des émanations gazeuses intermittentes ; une margelle en pierre de taille entoure ce puits.

L'exposition du musée annexe au site donne une description de la composition physico-chimique de l'eau.

Découverte

René Louis, médiéviste, étudie la chanson de geste de Girart de Roussillon et entreprend de localiser le site de la bataille de Vaubeton[9] qui s'est déroulée dans la vallée de la Cure. Il entreprend des fouilles archéologiques en septembre 1934, qui révèlent des thermes de l'époque gallo-romaine. Avec l'aide de deux spécialistes, Robert Dauvergne et Bernard Lacroix, il met au jour des objets datant du début du Ier millénaire avant notre ère[10].

Histoire

Le matériel céramique et métallique retrouvé entre le village et la chapelle Saint-Jean-Baptiste indique une fréquentation importante depuis la Tène finale jusqu'au Ve siècle[11].

Puits de captage des eaux néolithique

Les bassins de captage de l'eau.

Le site des Fontaines salées s'appelait anciennement « le puits de sel »[3].

Les premiers travaux d'exploitation des sources ont été mis en œuvre par des puits de captage qui ont été aménagés entre environ 2309 à 2223 av. J.-C.[n 1],[12], soit la période finale du Néolithique.

En 1942, seize chênes évidés sont découverts en réalisant des fouilles archéologiques sur l'alimentation en eau des thermes[13], le carbone 14 a permis de les dater de l'époque de l'âge du Fer. Ces derniers ont servi à fabriquer dix-neuf puits de captage des eaux salées afin d'exploiter le sel dans l'Avallonnais[14] et sont toujours dans un très bon état de conservation[15]. La grosseur de ces arbres laisse supposer qu'ils ont été conservés sur plusieurs générations avant d'avoir été abattus pour cet usage, un travail collectif mené à bien à l'aide de haches en cuivre ou en bronze. Deux techniques différentes ont été mises en œuvre pour ce faire, par deux groupes différents[16].

Entre 1942 et 1961, dix-huit puits[13] datant du Ier millénaire av. J.-C., verticaux, cylindriques, d'une profondeur située entre 1 mètre et 1,40 mètre[15] et d'un diamètre de 1,5 m environ sont mis au jour. Creusés dans le sable, il n'y avait pas de boisements d'étayage[3]. Une partie des puits étaient utilisées comme de simples puisards pour recueillir les eaux salées après que celles-ci aient été filtrés par le sable. Les autres puits prenaient l'eau en dessous de la couche de sable, suivant le système des puits ascensionnels jaillissants[17]. Les installations servaient à recueillir du sel par évaporation et ce sel ainsi recueilli pouvait servir pour la conservation de la viande et du poisson[13].

Plusieurs exploitations de fer étaient en opération dans les environs proches, et une activité commerciale s'était établie[3],[18],[19].

Abandonné après l'âge du bronze ancien, les puits ont été comblés par les alluvions des crues de la Cure. Ensuite, certains puits ont été réutilisés à la fin de l'âge de bronze — peut-être pour abreuver du bétail. Il faut attendre l'âge du fer pour y voir une production de sel par le feu ; il est par ailleurs vraisemblable qu'à cette époque les installations ne devaient pas seulement servir à recueillir du sel, compte tenu de la proportion élevée de potasse induite par la combustion du bois de chauffe[16].

Nécropole dite « champ d'urnes »

Au lieu-dit le Poron (anciennement le Perron), une hauteur voisine qui surplombe les puits de captage néolithiques, une défense de mammouth est d'abord trouvée en 1930 dans une autre sablière exploitée, à 1 m de profondeur[3]. Des ossements et fragments de poterie sombre se trouvaient dans la couche de terre recouvrant le sable, aux environs proches de la sablière. En 1934, c'est une imbrex gallo-romaine intacte qui est mise à jour ; puis à une profondeur variant de 50 cm à 60 cm, une sépulture en 1937, une en 1938 et trois autres en 1939. Ces cinq sépultures trouvées paraissent former trois rangs avec des espacements de 2 m entre chaque sépulture, et vraisemblablement il s'agit d'un champ d'urnes (Hallstatt) avec de nombreuses autres sépultures.

Outre les restes d'ossements humains, la deuxième urne funéraire trouvée entière contenait une autre urne de même modèle mais assez petite pour passer par le col de la grande urne, ainsi qu'un bol, deux bracelets de bronze, et une pointe de flèche néolithique en silex avec pédoncule et barbelures, craquelée comme après un passage dans le feu[n 2].

Le site est utilisé comme site funéraire vers 900 av. J.-C.

Ensuite, les Celtes ont créé un sanctuaire circulaire autour d'une des sources.

Époque gallo-romaine : thermes et villa

La palestre des thermes, une cour intérieure consacrée à la gymnastique et entourée de colonnades[20].
Plan des vestiges des Fontaines Salées.

On y a relevé les plus anciens aménagements connus de site thermal, le plus ancien datant du Ier siècle, assez sommaire[21]. Des travaux d'agrandissement des thermes sont réalisés au Ier siècle : vestiaire, bains à vapeur ou tiède… Au IIe siècle, l'influence romaine se faisant plus forte, l'établissement est agrandi, devenant des thermes mixtes hommes/femmes et un système de chauffage est créé. Des extensions sportives sont également réalisées comme la palestre pour la gymnastique. Cet établissement thermal étant unique dans la région, il attirait des clients venus d'une distance assez lointaine[20].

Un nouveau sanctuaire est accolé à l'ancien sanctuaire celte. Les romains continuent d'utiliser le site car celui-ci est situé sur une des routes importantes du grand centre minier et sidérurgique des Ferrières.

Invasions des Alamans

Dans la deuxième partie du IIIe siècle, les Alamans envahissent la région et ravagent tout, obligeant les populations locales à se réfugier dans les forêts limitrophes ou dans les villes fortifiées de la région. L'établissement thermal est pillé et détruit. Seule l'exploitation du sel demeure. Les ruines sont partiellement transformées et aménagées par de petits sauniers, se livrant au travail de la réduction de l'eau salée, à la préparation des saumures et salaisons ou encore au traitement des peaux. Lors des fouilles de ces exploitations artisanales, deux cent cinquante pièces de monnaie avec des portraits de deux empereurs du début du IVe siècle : Constance II et Dèce ont été retrouvées[22],[23].

Au IVe siècle, après le retour au calme, la région tente de se reconstruire et le site est de nouveau occupé par des habitants locaux. Mais La notion de caractère sacré de cette eau est perpétuée avec un puits à côté de leur atelier, puits entouré symboliquement d'une enceinte de galets[17].

Des photos aériennes[24] indiquent un grand domaine rural, appelé Vercellacus à partir du IVe siècle (du nom de son propriétaire) puis transmis en tant que villa carolingienne[25].

Moyen Âge

L'impôt de la gabelle du sel, mis en place d'abord de façon intermittente au XIIe siècle puis définitive au XIIIe siècle, signe la mort de l'extraction du sel aux Fontaines Salées. Produit indispensable, sa taxation frappe lourdement les moins riches ; le sel est donc vendu frauduleusement par les populations locales. Le roi, puis les moines ses fermiers, s'évertuent à supprimer leur manque à gagner : les galères ou la mort punissent les contrevenants, d'autant qu'au XVe siècle les moines de Vézelay y établissent un grenier à sel et veillent de près sur leurs bénéfices. Jusqu'au XVIIIe siècle, le site est enfoui sous d'épaisses couches de remblai successives suite aux luttes impitoyables livrées par le pouvoir aux trafiquants de sel, appelés « faux sauniers ».[réf. nécessaire]

Centre d'accueil et de découvertes archéologiques

Le site des Fontaines Salées (Centre d'accueil et de découvertes archéologiques) est payant.

Galerie

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Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Ouvrages

  • [Bataille et al. 1992] Alain Bataille, Pascal Dibie, Jean-Pierre Fontaine, Jean-Charles Guillaume, Jean-Paul Moreau, Ferdinand Pavy, Line Skorka, Gérard Taverdet et Marcel Vigreux (préf. Henri de Raincourt), Yonne, Paris, Bonneton, , 428 p. (ISBN 2-86253-124-3). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Bernard et al. 2000] Vincent Bernard, Pierre Pétrequin, Olivier Weller, Gilles Bailly, Christine Bourquin-Mignot et Hervé Richard, Les sources salées de Bourgogne : une exploitation du sel du Néolithique à l'Âge du fer : Les Fontaines Salées, CNRS - Université de Franche-Comté, , sur books.google.fr (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Dauvergne 1942] Robert Dauvergne, Une habitation du IVe siècle dans des ruines de thermes aux Fontaines-Salées : communes de Saint-Père-sous-Vézelay et Foissy-lès-Vézelay, Paris, , 9 pl. + 29 (présentation en ligne).
  • [Dauvergne 1944] Robert Dauvergne, Sources minérales, thermes gallo-romains et occupation du sol aux Fontaines-Salées : communes de Saint-Père-sous-Vézelay et Foissy-lès-Vézelay (Yonne), Paris, impr. R. Foulon, , 127 p..
  • [Horon, Mégnien & Soyer 1959] Octave Horon, Claude Mégnien et Robert Soyer, « Note sur les fontaines salées de Saint-Père-sous-Vézelay », Bulletin de la Société géologique de France, no 5,‎ , p. 461-466 (résumé).
  • [Lacroix 1964] Bernard Lacroix (abbé) et René Louis (introduction), « Une installation artisanale aux Fontaines Salées (Yonne) ? », Gallia, t. 22, no 1,‎ , p. 111-135 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Lacroix 1965] Abbé Bernard Lacroix (abbé), Les Fontaines Salées de la veille des grandes incursions au déclin de la Gaule, . Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Lantier 1962] Raymond Lantier, « Les Eaux et leur culte en Gaule » (compte-rendu du livre de Albert Grenier, Manuel d'archéologie gallo-romaine, 4e partie. I. Aqueducs, Thermes ; II. Villes d'eaux, Sanctuaires de Veau. 2 vol.), Journal des savants, nos 3-4,‎ , p. 227-236 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Louis 1937] René Louis, Les fouilles gallo-romaines de Saint-Père-sous-Vézelay (Yonne) : vue d'ensemble sur les campagnes 1934, 1935 et 1936 aux lieux-dits « Les Fontaines-Salées », « Le Perron » et « La Corvée Saint-Jean » (monographie de fouilles), Société des fouilles archéologiques et des monuments historiques de l'Yonne, (présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Louis 1943] René Louis, « Les fouilles des Fontaines-Salées en 1942 : Les thermes, le « temple de source », et les puits à cuvelage de bois », Gallia, t. 1, no 2,‎ , p. 27-70 (lire en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Louis 1943] René Louis, « Le « champ d'urnes » des Fontaines-Salées et la civilisation des « champs d'urnes » en Bourgogne », Gallia, vol. 1, nos 1-1,‎ , p. 15-41 (lire en ligne [sur persee]). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Meunier 1978] Marcel Meunier, « Les puits artésiens de l'Avallonnais », Bulletin de l'Académie du Morvan, no 5,‎ , p. 3-14 (lire en ligne [sur gallica], consulté en ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Pissier 1902] abbé Pissier, « Notice historique sur Saint-Père-sous-Vézelay », Bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne, t. 56,‎ , p. 133-176 et 275-368.
  • [Pissier 1903] abbé Pissier, « Notice historique sur Saint-Père-sous-Vézelay », Bulletin de la Société des Sciences de l'Yonne, t. 57,‎ , p. 11-91.
  • [Pujo 2000] Bernard Pujo, Histoire de Vézelay des origines à l'an 2000, Paris, Perrin, , 261 p. (ISBN 2-262-01442-6). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Vogade 1980] François Vogade, Les Fontaines salées, Mâcon, , 61 p. (présentation en ligne).
  • [Weller 2002] Olivier Weller, « Les cuvelages en bois des Fontaines Salées de St Père. Recherches récentes sur une exploitation du sel de plus de 4000 ans », Bulletin de la Société des Fouilles Archéologiques et des Monuments Historiques de l'Yonne, no 19,‎ .

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Datation au carbone 14 et par dendrochronologie, réalisées en 2001 par le BRGM.
  2. Deuxième et troisième urnes de sépulture trouvées : des photos des urnes et des artefacts sont données dans Louis 1943, p. 19.

Références

  1. « Ruines gallo-romaines des Fontaines Salées (également sur commune de Saint-Père) », notice no PA00113688, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. « Les Fontaines-Salées, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrologie » activées.
  3. a b c d e f et g Louis 1943.
  4. Horon, Mégnien & Soyer 1959, p. 461.
  5. [BRGM 1966] Notice explicative de la carte géologique au 1/50000e « Avallon » no 466, , 11 p. (lire en ligne [PDF] sur ficheinfoterre.brgm.fr).
  6. a et b [Risler 1974] J. J. Risler, Description et classification géologique des eaux minérales et thermales du Massif Central, BRGM, (lire en ligne [PDF] sur infoterre.brgm.fr), p. 20.
  7. « Les Fontaines-Salées, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Géologie » activées.
  8. Selon panneau explicatif du musée, en 2017.
  9. [Debal 1971] Jacques Debal, « René Louis, nécrologie », Bulletin de la Société archéologique et historique et de l'Orléanais,‎ , p. 45-49 (lire en ligne [sur gallica], consulté en ), p. 46.
  10. Pujo 2000, p. 11-12.
  11. [Nouvel 2002] Pierre Nouvel, Carte archéologique de la Gaule (Jean-Paul Delor dir.), , p. 608. Cité dans Philippe Beyney, « La villa gallo-romaine de St-Père ne cesse d'intriguer les archéologues »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur saint-pere.fr, .
  12. « Les Fontaines Salées - Historique »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur saint-pere.fr, Site de la commune de Saint-Père. Cliquer sur "Archive.is" pour accéder à la page web.
  13. a b et c Pujo 2000, p. 12.
  14. Bataille 1992, p. 22.
  15. a et b Pujo 2000, p. 13.
  16. a et b Bernard et al. 2000.
  17. a et b Lantier 1962.
  18. Louis 1937.
  19. Louis 1943.
  20. a et b Pujo 2000, p. 21.
  21. Pujo 2000, p. 20.
  22. Lacroix 1965.
  23. Pujo 2000, p. 24.
  24. Nouvel 2002, p. 604.
  25. Abbé Bernard Lacroix, Saint-Père-sous-Vézelay. Origines et évolution, librairie Voillot, 1993.