« Empannage » : différence entre les versions

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empannages spécifiques sur voiliers légers, planches à voile et funboards
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Par vent fort, lorsque la navigation nécessite un changement d'amure, il peut être préférable d'effectuer un [[virement de bord]], moins dangereux dans ces circonstances, même si cela fait passer le voilier par une allure peu confortable par ce temps (le [[Allure (marine)|près]]). Le danger du vent arrière par gros temps vient de la grand'voile, il peut donc être judicieux de l'affaller quand le vent monte : de toutes façons elle ne servira à rien s'il y a beaucoup de vent, à part à déstabiliser la trajectoire.
Par vent fort, lorsque la navigation nécessite un changement d'amure, il peut être préférable d'effectuer un [[virement de bord]], moins dangereux dans ces circonstances, même si cela fait passer le voilier par une allure peu confortable par ce temps (le [[Allure (marine)|près]]). Le danger du vent arrière par gros temps vient de la grand'voile, il peut donc être judicieux de l'affaller quand le vent monte : de toutes façons elle ne servira à rien s'il y a beaucoup de vent, à part à déstabiliser la trajectoire.

=== Empannage sur un voilier léger non lesté ===
Les voiliers légers [[Dériveur|(dériveurs]] monocoques ou [[Catamaran de sport|catamarans]] de sport) sont des bateaux très réactifs et l'empannage en est rendu d'autant plus délicat, voire acrobatique par forte brise, toutefois le poids des espars et notamment de la [[bôme]] étant plus faible , les risques d'accident grave (traumatisme crânien ,démâtage, homme à la mer) sont nettement plus réduits .

Un empannage raté sur ce genre de bateaux se traduit en général par un [[chavirage]] (dit familièrement dessalage) et..un bain forcé, sans plus de conséquences que le ridicule et, en régate, un dépassement par des adversaires moins maladroits.

Le contrôle de l'assiette latérale du bateau par l'équipage tout au long de la trajectoire est essentiel : en effet la [[Gîte (navigation)|gîte]] a un effet directionnel qui ne peut pas toujours être contrée par une action sur le [[safran]] du [[Gouvernail d'étambot|gouvernail]]. le déplacement de l'équipage doit être coordonné avec la position du bateau sur sa trajectoire, de façon à le garder toujours à plat.

En longitudinal il est conseillé à l'équipier de ne pas trop s'aventurer à l'avant lors de cette manoeuvre, l'[[étrave]] risque d'enfourner et le bateau de [[sancir]].

Le passage de la [[Grand-voile]] d'une amure à l'autre doit si possible s'effectuer plein vent arrière et à pleine vitesse. Le barreur prend tous les brins de l'[[Écoute (cordage)|écoute]] dans une seule main, ramène la bôme au centre, puis la fait passer sur l'autre bord en amortissant la brutalité de l'a-coup quand elle se gonfle à nouveau...comme il doit, dans le même temps se déplacer pour conserver l'équilibre du bateau (avec une certaine dose d'anticipation) contrôler finement la direction avec la barre ou avec le stick...et se baisser pour éviter de se faire matraquer par la bôme, on conçoit que l'empannage demande brio, souplesse, entraînement et bons réflexes sur un petit voilier.

L'équipier d'avant peut, au besoin agir sur le [[hâle-bas]] de grand-voile pour aider le barreur à contrôler le passage de la grand voile.

Un coup de gîte intempestif en fin d'empannage (dû à un passage brutal de la voile et à un mauvais contrôle de la trajectoire ) a en général pour conséquence de planter l'extrémité de la bôme dans l'eau, entraînant la fermeture brutale du plan de voilure (impossibilité de [[Choquer (nautisme)|choquer]] l'écoute), le bateau s'embarque alors dans une auloffée incontrôlable et chavire quasi immanquablement.

Il est conseillé d'effectuer l'empannage lorsque le bateau est au maximum de sa vitesse : le vent-vitesse s'oppose au vent réel et diminue la pression dans la voile , ce qui facilite la manoeuvre: on peut par exemple profiter d'une descente de vague au surf pour déclencher l'empannage dans de bonnes conditions par vent fort.

Sur les catamarans de sport, la surface de la grand voile est importante et il faut agir avec beaucoup de force sur le palan d'écoute pris en direct (tous brins réunis dans une main) pour faire passer la voile. La stabilité latérale est meilleure que sur un monocoque ...mais la stabilité longitudinale l'est souvent moins , surtout avec les catamarans dotés d'étraves fines et peu porteuses (cas des célèbres [[Hobie Cat|Hobie Cats 14]] et 16 aux coques bananées)...l'équipage doit impérativement reculer au maximum sous peine de sancir (chavirage en "soleil").

Pour le barreur, il faut tenir compte du fait que le palan d'écoute interfère avec le stick : Au moment du passage de l'écoute au centre du bateau, il faut littéralement jeter le stick à l'eau derrière le bateau et contrôler les gouvernails en agissant directement sur leur barre transversale d'accouplement.

Le dériveur solitaire [[Laser (bateau)|Laser]] , universellement diffusé et utilisé par les champions olympiques comme par les débutants est un cas bien particulier: Son système d'écoute est en bout de bôme, avec une poulie basse courant sur une "patte d'oie" , ce système permettant d'utiliser une bôme légère et de faible section (économique, car tirée de la même filière que la partie haute du mât) mais interdisant au barreur de prendre tous les brins du palan dans une seule main.

La coque et le pont sont assemblés par un système de liston moulé en gouttière donnant une excellente solidité à la coque mais faisant saillie et constituant un "piège à écoute" assez redoutable; Le safran est de faible surface (pour réduire les efforts et les risques de casse) :remarquablement robuste, il est par contre peu efficace dès que le bateau accuse une certaine gîte. Les "laséristes" acquièrent à force d'entraînement les techniques bien spécifiques pour réussir les empannages par grand vent et forte mer.

Pour l'essentiel, il s'agit d'abattre au delà du vent arrière (en fausse panne) pour que la voile passe toute seule, en général avec une grande brutalité, et de contrôler l'assiette et la direction du bateau avec beaucoup d'énergie et de précision, principalement en se jetant au [[Rappel (nautisme)|rappel]] sitôt la bôme passée. Pour éviter que l'écoute ne se piège dans le liston au tableau arrière au plus mauvais moment, une traction sèche sur l'écoute permet de redresser la poulie de patte d'oie. Cette traction brusque (appelée plaisamment "sonner la cloche") doit être faite dans la fraction de seconde précise où la partie arrière de la voile (la chute) bascule sous l'effet du vent...c'est donc cette partie de la voile que le "lasériste" doit garder à l'oeil en cours de manoeuvre afin de bien synchroniser toutes ses actions . En cas d'échec le chavirage est immédiat...mais le Laser est un des voiliers les plus faciles à redresser grâce à sa légèreté, son caisson étanche intégral et la flottabilité de la partie haute de son mât.

=== Empannage en planche à voile ===
Contrairement à un voilier classique, le [[gréement]] de la [[planche à voile]] est libre : retenu sur le flotteur par un [[Joint de Cardan|cardan]] ou une articulation type diabolo ou [[Silentbloc|silent-bloc]]:

En l'absence de tout cordage , hauban ou écoute il peut donc passer par l'avant, lors de l'empannage et le changement d'amures est une affaire de tour de main qui nécessite surtout l'acquisition de bons automatismes pour lâcher l'arrière du [[wishbone]] et le reprendre au bon moment.

Le déclenchement de l'empannage est parfois laborieux: en effet, pour abattre il faut envoyer la voile vers l'avant du flotteur mais le planchiste doit en même temps se reculer sur son flotteur pour éviter d'enfourner...il lui faut donc déplacer ses mains sur l'arrière du wishbone, sans oublier d'ouvrir à la demande le plan de voilure pour conserver un écoulement laminaire et ne pas faire décrocher la voile, ce qui impose de "vriller" ou de" visser" le torse et les bras.

Si ces actions son insuffisantes, le planchiste doit aussi se fléchir, ce qui a pour effet d'amener la voile au dessus de lui (en "parapluie") . une telle action décale au vent le centre d'action de la [[poussée vélique]] et rend possible l'abattée

Comme pour le cas du Laser (voir ci dessus) le changement d'amures et le basculement de la voile doit s'effectuer "en fausse panne" alors que le flotteur a largement dépassé le plein vent arrière et se trouve à une direction correspondant au [[grand largue]] sur l'amure finale, ainsi le wishbone dont le planchiste lâche l'arrière (tout en maintenant le mât vertical ou légèrement incliné au vent) revient à portée de main pour le passage sur l'amure finale.

Si le planchiste lâche le wishbone trop tôt, au plein vent arrière, la voile flotte vers l'avant comme un drapeau et il est très difficile de le reprendre en main sur la nouvelle amure.

Les planches de type [[funboard]], sans dérive, courtes (moins de 3 m de long)et destinées à naviguer au planning par vents forts (vitesses supérieures à 18 noeuds) fonctionnent de manière différente des planches classiques . On utilise souvent l'anglicisme Jibe (qui signifie tout simplement empannage en anglais) pour désigner les manoeuvres d'empannage spécifiques à ce type de planche.

Vu leur grande vitesse, la force centrifuge lors de la trajectoire courbe devient sensible et il faut la contrôler en prenant appui sur le rail (l'angle vif) intérieur à la courbe , comme un skieur qui prend appui sur la [[carre]] intérieure de son ski. Comme le skieur (ou comme un motocycliste dans une courbe) il faut aussi porter le poids du corps à l'intérieur du virage en s'inclinant. La manoeuvre de la voile est sensiblement la même qu'avec une planche classique toutefois, vu la vitesse, l'instant de déclenchement optimum pour le passage de la voile est extrêmement bref, le flotteur est instable, très sensible au déplacement des pieds (qui doivent changer complètement de position en un temps très bref) et de plus, si les pieds et le poids du planchiste restent trop sur l'arrière du flotteur, celui ci cesse de planer, "fait la charrue" dans l'eau en se cabrant et ralentit en pivotant brutalement, provoquant au mieux une sortie d'empannage très laborieuse , mais le plus souvent une chute à l'eau du planchiste.

L'entraînement amenant la maîtrise, le planchiste réussit progressivement une plus grande proportion de ses "jibes" ...il peut alors, pour le plaisir d'épater d'éventuels spectateurs (ou spectatrices...) , tenter des variantes acrobatiques et spectaculaires : le passage accroupi sous la voile qui pivote point d'écoute en arrière (duck-jibe)<ref>{{Lien web|nom1=surf-magazin|titre=Windsurf-Manöver: Duck Jibe|url=https://www.youtube.com/watch?v=3mBT2f2kB5Q|date=2016-05-18|consulté le=2016-12-03}}</ref>, la prise de carre brutale et rapide avec une trajectoire en force (power jibe), l'empannage avec la voile couchée à plat au ras de l'eau (utile pour maîtriser de granses surfaces de voile par gros temps) dit racing-jibe<ref>{{Lien web|nom1=christophe blanchard|titre=racing jibe windsurf|url=https://www.youtube.com/watch?v=M4F2kN27rnk|date=2014-12-08|consulté le=2016-12-03}}</ref>, l'empannage au cours d'un saut (jump - jibe) ...etc


=== Voiles en ciseaux ===
=== Voiles en ciseaux ===

Version du 3 décembre 2016 à 02:37

En navigation à voile, empanner consiste pour un voilier à changer d'amure (côté duquel le voilier reçoit le vent) en passant par le vent arrière ; un autre terme utilisé pour l'empannage (action d'empanner) est virement de bord lof pour lof, les lofs étant échangés (tribord pour bâbord ou inversement).

Définition

En navigation à voile, l'empannage est la manœuvre qui consiste pour l'équipage d'un voilier à modifier la manière dont la voilure est établie pour accompagner un changement d'amure (côté duquel le voilier reçoit le vent) en passant par le vent arrière. Elle nécessite de modifier l'orientation des voiles. Il s'agit d'une manœuvre qui peut être délicate par vent fort ou si le voilier porte une voile à creux important comme le spinnaker. L'empannage résulte d'un changement de cap du navire, d'un changement d'orientation du vent ou de la nécessité de tirer des bords au vent arrière pour optimiser la vitesse et le comportement du voilier.

Un voilier peut également changer d'amure en passant par le vent debout : la manœuvre correspondante est un virement de bord.

Description de la manœuvre sur un voilier moderne (gréement Marconi)

La manœuvre d'empannage (très simplifiée) sur un gréement Marconi (la flèche rouge indique la direction du vent) : 1 le barreur modifie le cap du voilier pour le rapprocher du vent arrière 2 la grand voile est ramenée dans l'axe, 3 le navire franchit le cap vent arrière (le vent souffle désormais sur l'autre amure) et la grand voile passe sur l'autre bord, 4 la grand voile s'écarte de l'axe du navire de manière contrôlée (via l'écoute) tandis que le barreur place le navire sur son nouveau cap 5 Le voilier suit sa nouvelle route sur l'autre amure.

Par petit temps, l'empannage est déclenché par le barreur du voilier qui modifie le cap pour changer l'amure du voilier. La grand-voile, qui est désormais "gonflée à contre" (la voile est repoussée vers l'arrière), va passer d'un bord sur l'autre en entraînant la bôme.

Jusqu'à une certaine force de vent et sur un voilier de petite taille, un empannage contrôlé peut être effectué en se plaçant pratiquement vent arrière et en empoignant les écoutes ou la bôme pour l'obliger à changer d'amure (empannage à la volée).

Si le vent est établi, le mouvement de la bôme est très violent : son extrémité parcourt en très peu de temps un arc de cercle de près de 180° avec une vitesse et une force proportionnelle au vent. La manœuvre nécessite de contrôler le mouvement de la grand voile : il faut d'abord border rapidement ("embraquer") l'écoute de grand-voile, pendant que le barreur maintient le bateau au plein vent arrière (il devra résister, surtout au début, à la tendance du bateau à loffer). Dès que la grande voile a passé le lit du vent, il faut lâcher de manière contrôlée l'écoute. Un nœud d'arrêt placé au bon endroit empêche la bôme d'aller taper les haubans. Le hale-bas de bôme aura été plus ou moins souqué pour empêcher la bôme de se mater, comme toujours au portant.

Le changement d'amure peut nécessiter également de modifier la position de la voilure de l'avant : foc, trinquette, génois, spinnaker, ... . La manœuvre de la voilure d'avant peut généralement être effectuée avant ou après l'empannage de la grand'voile. Comme pour un virement de bord, l'écoute sous le vent de la voile est choquée et l'écoute au vent (ou le bras pour le spinnaker) est bordée sur l'autre bord. Si un tangon a été mis en place, celui-ci doit être également changé de bord.

Une manœuvre délicate

Dès que le vent est établi, l'empannage devient une manœuvre délicate. De plus elle peut parfois se déclencher sans qu'elle ait été souhaitée. Si le barreur n'a pas le niveau nécessaire, il vaut mieux ne pas rester autour du vent arrière qui, en général, est une allure moins performante (voir la polaire du bateau).

Durant l'empannage, il n'existe qu'une très courte phase de transition durant laquelle le vent "cesse d'agir" sur la voile (par diminution de la surface projetée (bordée dans l'axe) ou à cause du mouvement (à la volée), contrairement à ce qui se passe pour le virement de bord.

Par ailleurs au vent arrière le voilier est souvent soumis au roulis qui entraîne des changements de cap temporaires de quelques degrés, même si un barreur aguerri tente d'anticiper l'action des vagues (en fait, si le barreur surveille la grand-voile au lieu du cap, il peut facilement l'empêcher de passer). Si le barreur n'a pas le niveau nécessaire ou s'il se laisse surprendre, les changements de cap peuvent déclencher un empannage non souhaité ou prématuré. Des accidents graves peuvent alors survenir : il suffit qu'un membre de l'équipage ait la tête sur la trajectoire de la bôme ou un bras ou une jambe sur le trajet de l'écoute. Il faut donc donner et faire respecter des consignes de sécurité (rien dans la trajectoire de la bôme, ni de l'écoute, ni du hale-bas), et ce dès qu'on est proche du vent arrière.

Pour éviter ce risque lorsqu'on souhaite rester sous la même amure, on peut gréer une retenue sur la bôme pour la retenir vers l'avant, l'autre bout de la retenue étant fixé assez loin vers l'avant (pour avoir un peu de souplesse) à un taquet du pont (pas à un hauban ! Meilleure manière de démâter en cas d'empannage accidentel !). En cas d'empannage accidentel avec retenue de bôme en place, la situation peut rapidement devenir dangereuse, il vaut donc mieux que la retenue soit "fusible", en bout très fin qui casse ou est facile à couper au premier problème (donc il faut avoir un couteau prêt, sur le pont). Il peut être plus judicieux de tirer des bords grand-largue (et aussi plus rapide).

Par vent fort, lorsque la navigation nécessite un changement d'amure, il peut être préférable d'effectuer un virement de bord, moins dangereux dans ces circonstances, même si cela fait passer le voilier par une allure peu confortable par ce temps (le près). Le danger du vent arrière par gros temps vient de la grand'voile, il peut donc être judicieux de l'affaller quand le vent monte : de toutes façons elle ne servira à rien s'il y a beaucoup de vent, à part à déstabiliser la trajectoire.

Empannage sur un voilier léger non lesté

Les voiliers légers (dériveurs monocoques ou catamarans de sport) sont des bateaux très réactifs et l'empannage en est rendu d'autant plus délicat, voire acrobatique par forte brise, toutefois le poids des espars et notamment de la bôme étant plus faible , les risques d'accident grave (traumatisme crânien ,démâtage, homme à la mer) sont nettement plus réduits .

Un empannage raté sur ce genre de bateaux se traduit en général par un chavirage (dit familièrement dessalage) et..un bain forcé, sans plus de conséquences que le ridicule et, en régate, un dépassement par des adversaires moins maladroits.

Le contrôle de l'assiette latérale du bateau par l'équipage tout au long de la trajectoire est essentiel : en effet la gîte a un effet directionnel qui ne peut pas toujours être contrée par une action sur le safran du gouvernail. le déplacement de l'équipage doit être coordonné avec la position du bateau sur sa trajectoire, de façon à le garder toujours à plat.

En longitudinal il est conseillé à l'équipier de ne pas trop s'aventurer à l'avant lors de cette manoeuvre, l'étrave risque d'enfourner et le bateau de sancir.

Le passage de la Grand-voile d'une amure à l'autre doit si possible s'effectuer plein vent arrière et à pleine vitesse. Le barreur prend tous les brins de l'écoute dans une seule main, ramène la bôme au centre, puis la fait passer sur l'autre bord en amortissant la brutalité de l'a-coup quand elle se gonfle à nouveau...comme il doit, dans le même temps se déplacer pour conserver l'équilibre du bateau (avec une certaine dose d'anticipation) contrôler finement la direction avec la barre ou avec le stick...et se baisser pour éviter de se faire matraquer par la bôme, on conçoit que l'empannage demande brio, souplesse, entraînement et bons réflexes sur un petit voilier.

L'équipier d'avant peut, au besoin agir sur le hâle-bas de grand-voile pour aider le barreur à contrôler le passage de la grand voile.

Un coup de gîte intempestif en fin d'empannage (dû à un passage brutal de la voile et à un mauvais contrôle de la trajectoire ) a en général pour conséquence de planter l'extrémité de la bôme dans l'eau, entraînant la fermeture brutale du plan de voilure (impossibilité de choquer l'écoute), le bateau s'embarque alors dans une auloffée incontrôlable et chavire quasi immanquablement.

Il est conseillé d'effectuer l'empannage lorsque le bateau est au maximum de sa vitesse : le vent-vitesse s'oppose au vent réel et diminue la pression dans la voile , ce qui facilite la manoeuvre: on peut par exemple profiter d'une descente de vague au surf pour déclencher l'empannage dans de bonnes conditions par vent fort.

Sur les catamarans de sport, la surface de la grand voile est importante et il faut agir avec beaucoup de force sur le palan d'écoute pris en direct (tous brins réunis dans une main) pour faire passer la voile. La stabilité latérale est meilleure que sur un monocoque ...mais la stabilité longitudinale l'est souvent moins , surtout avec les catamarans dotés d'étraves fines et peu porteuses (cas des célèbres Hobie Cats 14 et 16 aux coques bananées)...l'équipage doit impérativement reculer au maximum sous peine de sancir (chavirage en "soleil").

Pour le barreur, il faut tenir compte du fait que le palan d'écoute interfère avec le stick : Au moment du passage de l'écoute au centre du bateau, il faut littéralement jeter le stick à l'eau derrière le bateau et contrôler les gouvernails en agissant directement sur leur barre transversale d'accouplement.

Le dériveur solitaire Laser , universellement diffusé et utilisé par les champions olympiques comme par les débutants est un cas bien particulier: Son système d'écoute est en bout de bôme, avec une poulie basse courant sur une "patte d'oie" , ce système permettant d'utiliser une bôme légère et de faible section (économique, car tirée de la même filière que la partie haute du mât) mais interdisant au barreur de prendre tous les brins du palan dans une seule main.

La coque et le pont sont assemblés par un système de liston moulé en gouttière donnant une excellente solidité à la coque mais faisant saillie et constituant un "piège à écoute" assez redoutable; Le safran est de faible surface (pour réduire les efforts et les risques de casse) :remarquablement robuste, il est par contre peu efficace dès que le bateau accuse une certaine gîte. Les "laséristes" acquièrent à force d'entraînement les techniques bien spécifiques pour réussir les empannages par grand vent et forte mer.

Pour l'essentiel, il s'agit d'abattre au delà du vent arrière (en fausse panne) pour que la voile passe toute seule, en général avec une grande brutalité, et de contrôler l'assiette et la direction du bateau avec beaucoup d'énergie et de précision, principalement en se jetant au rappel sitôt la bôme passée. Pour éviter que l'écoute ne se piège dans le liston au tableau arrière au plus mauvais moment, une traction sèche sur l'écoute permet de redresser la poulie de patte d'oie. Cette traction brusque (appelée plaisamment "sonner la cloche") doit être faite dans la fraction de seconde précise où la partie arrière de la voile (la chute) bascule sous l'effet du vent...c'est donc cette partie de la voile que le "lasériste" doit garder à l'oeil en cours de manoeuvre afin de bien synchroniser toutes ses actions . En cas d'échec le chavirage est immédiat...mais le Laser est un des voiliers les plus faciles à redresser grâce à sa légèreté, son caisson étanche intégral et la flottabilité de la partie haute de son mât.

Empannage en planche à voile

Contrairement à un voilier classique, le gréement de la planche à voile est libre : retenu sur le flotteur par un cardan ou une articulation type diabolo ou silent-bloc:

En l'absence de tout cordage , hauban ou écoute il peut donc passer par l'avant, lors de l'empannage et le changement d'amures est une affaire de tour de main qui nécessite surtout l'acquisition de bons automatismes pour lâcher l'arrière du wishbone et le reprendre au bon moment.

Le déclenchement de l'empannage est parfois laborieux: en effet, pour abattre il faut envoyer la voile vers l'avant du flotteur mais le planchiste doit en même temps se reculer sur son flotteur pour éviter d'enfourner...il lui faut donc déplacer ses mains sur l'arrière du wishbone, sans oublier d'ouvrir à la demande le plan de voilure pour conserver un écoulement laminaire et ne pas faire décrocher la voile, ce qui impose de "vriller" ou de" visser" le torse et les bras.

Si ces actions son insuffisantes, le planchiste doit aussi se fléchir, ce qui a pour effet d'amener la voile au dessus de lui (en "parapluie") . une telle action décale au vent le centre d'action de la poussée vélique et rend possible l'abattée

Comme pour le cas du Laser (voir ci dessus) le changement d'amures et le basculement de la voile doit s'effectuer "en fausse panne" alors que le flotteur a largement dépassé le plein vent arrière et se trouve à une direction correspondant au grand largue sur l'amure finale, ainsi le wishbone dont le planchiste lâche l'arrière (tout en maintenant le mât vertical ou légèrement incliné au vent) revient à portée de main pour le passage sur l'amure finale.

Si le planchiste lâche le wishbone trop tôt, au plein vent arrière, la voile flotte vers l'avant comme un drapeau et il est très difficile de le reprendre en main sur la nouvelle amure.

Les planches de type funboard, sans dérive, courtes (moins de 3 m de long)et destinées à naviguer au planning par vents forts (vitesses supérieures à 18 noeuds) fonctionnent de manière différente des planches classiques . On utilise souvent l'anglicisme Jibe (qui signifie tout simplement empannage en anglais) pour désigner les manoeuvres d'empannage spécifiques à ce type de planche.

Vu leur grande vitesse, la force centrifuge lors de la trajectoire courbe devient sensible et il faut la contrôler en prenant appui sur le rail (l'angle vif) intérieur à la courbe , comme un skieur qui prend appui sur la carre intérieure de son ski. Comme le skieur (ou comme un motocycliste dans une courbe) il faut aussi porter le poids du corps à l'intérieur du virage en s'inclinant. La manoeuvre de la voile est sensiblement la même qu'avec une planche classique toutefois, vu la vitesse, l'instant de déclenchement optimum pour le passage de la voile est extrêmement bref, le flotteur est instable, très sensible au déplacement des pieds (qui doivent changer complètement de position en un temps très bref) et de plus, si les pieds et le poids du planchiste restent trop sur l'arrière du flotteur, celui ci cesse de planer, "fait la charrue" dans l'eau en se cabrant et ralentit en pivotant brutalement, provoquant au mieux une sortie d'empannage très laborieuse , mais le plus souvent une chute à l'eau du planchiste.

L'entraînement amenant la maîtrise, le planchiste réussit progressivement une plus grande proportion de ses "jibes" ...il peut alors, pour le plaisir d'épater d'éventuels spectateurs (ou spectatrices...) , tenter des variantes acrobatiques et spectaculaires : le passage accroupi sous la voile qui pivote point d'écoute en arrière (duck-jibe)[1], la prise de carre brutale et rapide avec une trajectoire en force (power jibe), l'empannage avec la voile couchée à plat au ras de l'eau (utile pour maîtriser de granses surfaces de voile par gros temps) dit racing-jibe[2], l'empannage au cours d'un saut (jump - jibe) ...etc

Voiles en ciseaux

Dans certaines configurations - vent et mer modérée, cap proche du vent arrière, spinnaker non envoyé -, on peut garder après l'empannage les voiles de devant sur l'autre amure : les voiles sont alors "en ciseau". Si les voiles étaient en ciseau avant l'empannage, la voile d'avant se retrouvera sous la nouvelle amure du "bon" côté.

Le virement lof pour lof dans la vieille marine

Dans la marine "traditionnelle" ou "à l'ancienne", "empanner" désigne un virement lof pour lof raté, mal contrôlé et très souvent involontaire dû à une erreur de barre ou à une brusque embardée du bateau. Cela sous-entend que l'équipage s'est fait surprendre par la manœuvre et n'a pas ou a mal anticipé et maîtrisé le virement lof pour lof. Dans la plaisance moderne, le mot "empanner" est devenu d'usage courant pour désigner le virement avec changement d'amure par l'arrière... involontaire ou réussi !

Comme dans tout virement de bord, sur les voiles carrées, après virement de bord, les amures deviennent les écoutes, et les écoutes les amures.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. surf-magazin, « Windsurf-Manöver: Duck Jibe », (consulté le )
  2. christophe blanchard, « racing jibe windsurf », (consulté le )