« Raoul Salan » : différence entre les versions

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{{voir homonymes|Salan (homonymie)}}
{{voir homonymes|Salan}}
{{Infobox Biographie2
|allégeance={{France}}}}
'''Raoul Salan''', né le {{date de naissance|10|juin|1899}} à [[Roquecourbe]] ([[Tarn (département)|Tarn]])<ref name="Naissance"/> et mort le {{date de décès|3|juillet|1984}} à [[Paris]], est un [[général]] [[France|français]], [[Liste des grands-croix de la Légion d'honneur|grand-croix de la Légion d'honneur]] et [[Médaille militaire|médaillé militaire]].


Appelé le général le plus décoré de l'armée française<ref>{{citation|Raoul Salan, qu'on appellera plus tard le général le plus décoré de l'armée française...}}, [[Alain Gandy (écrivain)|Alain Gandy]], ''Salan'', Perrin, 1990, p. 17.</ref>, son état de service porte de {{date-|1917}} à {{date-|1960}}, année où il prend sa retraite.
{{Infobox Personnalité militaire
| nom = [[Fichier:Officier général francais 5 etoiles.svg|50px]] Raoul Salan
| nom autre =
| image = AffichetteViveSalan.jpg
| taille image = 250
| légende = Affichette (10x14 cm) de propagande pour le putsch des généraux à Alger en avril 1961
| surnom = Le Mandarin ou Le Chinois
| date de naissance = {{date de naissance|18|juin|1899}}
| lieu de naissance = [[Roquecourbe]], [[France]]
| date de décès = {{date de décès|3|juillet|1984|18|juin|1899}}
| lieu de décès = [[Paris]], [[France]]
| âge au décès =
| origine = [[Nationalité française|Français]]
| allégeance = {{République française}}<br />{{État français (Vichy)}}<br /><small>(1940-1942)</small><br />{{drapeau|France|free}} [[Armée française de la Libération]]<br /><small>(1942-1944)</small><br />{{République française}}<br />[[Fichier:Oas logo public.svg|border|20px]] [[OAS]]<br /><small>(1961-1962)</small>
| grade = [[Général d'armée]]
| arme = [[Armée de terre (France)|Armée de terre]]
| début de carrière = 1917
| fin de carrière = 1959
| conflit = [[Première Guerre mondiale]]<br />[[Seconde Guerre mondiale]]<br />[[Guerre d'Indochine]]<br />[[Guerre d'Algérie]]
| commandement = [[6e régiment de tirailleurs sénégalais|{{6e}} régiment de tirailleurs sénégalais]]<br />[[14e division d'infanterie (France)|{{14e}} division d'infanterie]]<br />[[Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient|CEFEO]]<br />[[10e région militaire]]<br />[[OAS]]
| faits d'armes = [[Putsch des généraux]]
| distinctions = [[Légion d'honneur|Grand Croix de la Légion d'honneur]]<br />[[Médaille militaire]]<br />[[Croix de guerre 1914-1918 (France)|Croix de guerre 1914-1918]]<br />[[Croix de guerre 1939-1945]]<br />[[Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs|Croix de guerre des TOE]]<br />[[Croix de la Valeur militaire]]<br />[[Médaille commémorative de la guerre 1914-1918|Médaille commémorative de la Grande Guerre]]<br />[[Distinguished Service Cross (États-Unis)|Distinguished Service Cross (USA)]]<br />[[Ordre de l'Empire britannique]]<br /> [[Ordre National de la Francisque]]
| hommages =
| autres fonctions =
| famille =
| signature =
| emblème =
| liste =
}}


Au cours de la [[Première Guerre mondiale]], il s'engage en août 1917 et combat dans le [[5e régiment d'infanterie coloniale|5e régiment d'infanterie coloniale (5e RIC)]]. Après la guerre, il sert dans l'[[armée du Levant]] en 1921, où il est gravement blessé en [[Mandat français en Syrie et au Liban|Syrie]] en octobre, puis presque sans interruption en [[Indochine]] de 1924 à 1937. Pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], il s'illustre notamment comme [[colonel]] à la tête du [[6e régiment de tirailleurs sénégalais|{{6e}} régiment de tirailleurs sénégalais (6{{e}} RTS)]] lors de la [[libération de Toulon]] en août 1944. Promu [[général de division]] en 1947, il est nommé commandant supérieur des [[Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient|troupes en Extrême-Orient]] en 1948. Après la mort du maréchal [[Jean de Lattre de Tassigny|de Lattre]], il lui succède comme commandant en chef des forces françaises en Indochine en janvier 1952, poste qu'il quitte en mai 1953, après avoir été fait grand-croix de la Légion d'honneur en août 1952. [[Général d'armée]], il est nommé en novembre 1956 commandant interarmées en [[Algérie]], où il échappe à un attentat perpétré par des partisans de l'[[Algérie française]] en janvier 1957. Après le [[coup d'État du 13 mai 1958]], il entre en contact avec le [[général de Gaulle]] qui, après son retour au pouvoir, le nomme délégué général du gouvernement en Algérie en juin 1958. Il est décoré de la médaille militaire en juillet suivant. Remplacé par le général [[Maurice Challe (1905-1979)|Challe]] en décembre 1958, il devient gouverneur militaire de Paris en 1959.
'''Raoul Salan''', né le {{date de naissance|10|juin|1899}} à [[Roquecourbe]] ([[Tarn (département)|Tarn]]), mort le {{date de décès|3|juillet|1984}} à [[Paris]], est un [[général]] [[France|français]], et le militaire le plus décoré de France. Son état de service porte de [[1917]] à [[1959]] où il prend sa retraite. Il participe au [[Comité de salut public (1958)|Comité de salut public]] d'Alger en [[1958]] puis au [[putsch des généraux]] en [[1961]]. Il est également le chef de l'[[Organisation armée secrète]] (OAS) qui lutte pour le maintien du ''[[statu quo]]'' de l'[[Algérie française]]. Il est condamné à la prison à perpétuité, puis amnistié en 1968 et réintégré dans le corps des officiers.


Partisan de l'Algérie française, il participe au [[putsch des généraux]] à [[Alger]] en {{date-|avril 1961}} puis devient le chef de l'[[Organisation armée secrète]] (OAS), qui lutte pour le maintien du ''[[Statu quo ante bellum|statu quo]]'' de l'[[Algérie française]].
== Biographie ==


Condamné à mort par contumace le {{date-|11 juillet 1961}} et arrêté à Alger le {{date-|20 avril 1962}}, sa peine est commuée en détention à vie le {{date-|23 mai 1962}}. Il est amnistié en {{date-|1968}} et réhabilité en {{date-|novembre 1982}}.

== Biographie ==
=== Famille ===
=== Famille ===
Fils de Jouis Théophile Arthur Salan, employé des contributions indirectes et de Emma Maria Emilie Roucayrols, Raoul Albin Louis Salan naît le 10 juin 1899 à [[Roquecourbe]], dans la demeure de son [[Grand-parent|grand-père]], Louis Roucayrols<ref name="Naissance">[https://e-archives.tarn.fr/viewer/series/E_serie/4E/EC001024/4E22701903 Roquecourbe naissance 1899-1902, cote 4 E 227/20, image 8/56, acte N°21].</ref>.


Il passe à Roquecourbe une enfance paisible, à la campagne. Son père ayant accepté un poste de fonctionnaire à [[Nîmes]] comme chef de poste des contributions indirectes, il est élève du lycée de Nîmes et obtient une bourse nationale. Il entre à [[Lycée militaire de Saint-Cyr|Saint-Cyr]] avec une dispense d'âge en 1917.
Il a pour épouse Lucienne Salan et a deux enfants, Victor né le {{date|23|février|1932}} et Dominique. Cette dernière est née le {{date|15|mars|1946}} à [[Hanoï]], elle est revenue en France accompagnée de Renée Chazeau l'amie de {{Mme}} Lucienne Salan en septembre 1946 sur le navire « [[Joseph Joffre|Maréchal Joffre]] ».


Alors qu'il revient en métropole en avril 1937 avec son fils ainé Victor, né hors mariage le {{date-|23 mars 1932}} à [[Muang Sing|Muong-Sing]] ([[Laos]])<ref>{{Lien web|url= https://archive.is/TnePI |titre=Raoul Salan |sous-titre=un engagement au service de la France |site=salan.asso.fr}}.</ref>, sur le paquebot ''Chenonceaux'', Raoul Salan fait la connaissance de Lucienne Bouguin<ref name="Pellisier">{{Ouvrage |auteur1=Pierre Pellissier |titre=Salan |sous-titre=Quarante années de commandement |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]] |année=2014 |isbn= |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=nj5wAgAAQBAJ&pg=PT52&dq=Lucienne+Bouguin}}.</ref>, une fille d'hôteliers de Vichy, alors séparée de son mari plus âgé, un administrateur colonial<ref name="Pellisier" />. Salan l'épouse le 14 mars 1939 à {{Arrondissement|7|Paris}}<ref name="Naissance"/>, à presque 40 ans. Le couple a deux enfants, Hugues (né le {{date de naissance|30 juin 1943}} à [[Dakar]], Sénégal, qui meurt un an plus tard, le {{date-|1er juin 1944}}, à [[Alger]]) et Dominique<ref>Elle épouse François-Xavier Sorlot, fils de l'éditeur [[Fernand Sorlot]], en 1969 et divorce en 2002.</ref> (née le {{date-|15|mars|1946}} à [[Hanoï]]). Cette dernière a été rapatriée en France en septembre 1946, sur le paquebot ''[[Maréchal Joffre (paquebot)|Maréchal Joffre]]''.
Selon sa fille, les modèles du général Salan sont le général [[Charles Mangin]] et le maréchal [[Joseph Gallieni]]<ref name="margolin">''OAS: une Histoire Interdite'', François Margolin et Georges-Marc Benamou, Margo Films-E Siècle-Odyssée, 2003</ref>.


Son frère, [[Georges Salan]], ancien résistant et militant communiste, médecin de profession<ref>[https://maitron.fr/spip.php?article130273 Notice] dans [[le Maitron]].</ref>, voit son cabinet nîmois plastiqué par un commando de l'OAS<ref>Chester W. Obuchowski, ''Mars on Trial: war as seen by French writers of the twentieth century'', Madrid, Porrúa Turanzas, 1978, p. 277.</ref>{{,}}<ref>Paul Henissart, ''Wolves in the City: the death of French Algeria'', New York, Simon and Schuster, 1970, p. 421.</ref>, le {{date-|21 janvier 1961}}<ref>{{Lien web |titre=Attentat au domicile nîmois du frère du général Salan |url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1961/01/21/attentat-au-domicile-nimois-du-frere-du-general-salan_2261392_1819218.html |site=lemonde.fr |date=21 janvier 1961}}.</ref>.
=== [[Première Guerre mondiale]] (1917-1918) ===


Selon sa fille, les modèles du général Salan sont le général [[Charles Mangin]] et le maréchal [[Joseph Gallieni]]<ref name="margolin">''OAS : une Histoire Interdite'', François Margolin et Georges-Marc Benamou, Margo Films-E Siècle-Odyssée, 2003.</ref>.
Il s’engage pour la durée de la guerre le 2 août 1917, est admis à [[École spéciale militaire de Saint-Cyr]] le 21 août 1917 dans la promotion [[La Fayette]]. Il en sort [[aspirant]] le 25 juillet 1918, est affecté au [[5e régiment d'infanterie coloniale|{{5e}} Régiment d’infanterie coloniale]] (RIC) à [[Lyon]] le 14 août 1918.


=== Première Guerre mondiale (1917-1918) ===
Chef de section à la {{11e}} compagnie, il participe aux combats dans la région de [[bataille de Verdun (1916)|Verdun]] ([[Saint-Mihiel]], [[Les Éparges]], [[Fort de Bois-Bourru]], [[Côte de l’Oie]], [[Cumières-le-Mort-Homme]]). Il est cité à l’ordre de la brigade par l’ordre en date du 29 décembre 1918.
Engagé pour la durée de la guerre le {{date-|2|août|1917}}, il est admis à l'[[École spéciale militaire de Saint-Cyr]] le {{date-|21|août|1917}} dans la promotion [[La Fayette]]. Sorti [[aspirant]] le {{date-|25|juillet|1918}}, il est affecté au [[5e régiment d'infanterie coloniale|{{5e}} régiment d’infanterie coloniale]] (RIC) à [[Lyon]] le {{date-|14|août|1918}}.


Chef de section à la {{11e|compagnie}}, il participe aux combats dans la région de [[bataille de Verdun (1916)|Verdun]] ([[Saint-Mihiel]], [[Les Éparges]], [[Fort de Bois-Bourru]], [[Côte de l’Oie]], [[Cumières-le-Mort-Homme]]). Il est cité à l’ordre de la brigade par l’ordre en date du {{date-|29 décembre 1918}}.
=== [[Entre-deux-guerres|Entre-deux-guerres (1919-1939)]] ===


=== Entre-deux-guerres (1919-1939) ===
Il est affecté à l’armée d’occupation en Allemagne jusqu’en mai 1919, puis il retourne à l’[[École spéciale militaire de Saint-Cyr]] le 7 mai 1919. Il est nommé sous-lieutenant à titre définitif le 21 septembre 1919 et affecté au [[Régiment d'infanterie-chars de marine|Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc]] (actuel Régiment d'infanterie de chars de marine), à [[Landau (ville)|Landau]], en Allemagne, le 3 décembre 1919.
Il est affecté à l’armée d’[[Occupation de la Rhénanie après la Première Guerre mondiale|occupation en Allemagne]] jusqu’en {{date-|mai 1919}}, puis il retourne à l’[[École spéciale militaire de Saint-Cyr]] le {{date-|7 mai 1919}}. Il est nommé sous-lieutenant à titre définitif le {{date-|21 septembre 1919}} et affecté au [[Régiment d'infanterie-chars de marine|régiment d’infanterie coloniale du Maroc]] (actuel régiment d'infanterie-chars de marine), à [[Landau (ville)|Landau]], dans le sud-ouest de l'Allemagne, le {{date-|3 décembre 1919}}.


Sur sa demande, il est envoyé au [[Levant français|Levant]] au [[17e régiment de tirailleurs sénégalais|{{17e}} Régiment de Tirailleurs Sénégalais]] (RTS), en tant que chef de poste à [[Syrie|Radjou]], en [[Syrie]] sur la frontière avec la Turquie. Il est promu lieutenant le 11 septembre 1921, grièvement blessé au combat d’[[Accham]] le 24 octobre 1921.
Sur sa demande, il est envoyé au [[Levant français|Levant]] au [[17e régiment de tirailleurs sénégalais|{{17e}} régiment de tirailleurs sénégalais]] (RTS), en tant que chef de poste à [[Syrie|Radjou]], en [[Syrie mandataire]] sur la [[Frontière entre la Syrie et la Turquie|frontière avec la Turquie]]. Il est promu lieutenant le {{date-|11 septembre 1921}}, grièvement blessé au combat d’[[Accham]] le 24 octobre 1921.


Il est à nouveau cité, à l’ordre de l’armée et nommé chevalier de la [[Légion d'honneur]] <ref>[[Journal officiel de la République française|Journal officiel]] du 5-4-22</ref>, il est décoré sur son lit d’hôpital, à [[Alep]], par le [[Henri Joseph Eugène Gouraud|général Gouraud]], haut-commissaire au Levant.
Il est à nouveau cité à l’ordre de l’armée et nommé chevalier de la [[Légion d'honneur]]<ref>''[[Journal officiel de la République française|Journal officiel]]'' du {{date-|5 avril 1922}}.</ref>, il est décoré sur son lit d’hôpital, à [[Alep]], par le [[Henri Joseph Eugène Gouraud|général Gouraud]], haut-commissaire au [[Levant (Proche-Orient)|Levant]].


Il fait l'objet d'un rapatriement sanitaire le 25 janvier 1922, est soigné à l’[[hôpital Sainte-Anne (Toulon)|hôpital Sainte-Anne]] à Toulon, puis au [[Val-de-Grâce]] à Paris, est affecté pendant sa convalescence au [[23e régiment d'infanterie coloniale|{{23e}} RIC]] à Paris et désigné sur sa demande pour l’[[Indochine]] le 2 janvier 1924.
Il fait l'objet d'un rapatriement sanitaire le {{date-|25 janvier 1922}}, est soigné à l’[[hôpital Sainte-Anne (Toulon)|hôpital Sainte-Anne]] à [[Toulon]], puis au [[Val-de-Grâce]] à Paris, est affecté pendant sa convalescence au [[23e régiment d'infanterie coloniale|{{23e}} RIC]] à Paris et désigné sur sa demande pour l’[[Indochine française|Indochine]] le 2 janvier 1924.


Il est alors affecté au [[3e régiment de tirailleurs tonkinois|{{3e}} Régiment de Tirailleurs Tonkinois]] comme adjoint au chef de poste de Nguyen-Binh ([[Tonkin]]) qu’il rejoint le 15 avril 1924. Détaché hors-cadre le 14 décembre 1924, il est délégué administratif du Commissaire du gouvernement chef de la province du [[Haut-Mékong]], à [[Muong Sing]], aux confins de la [[Chine]], de la [[Birmanie]] et du [[Siam]], du 15 avril 1925 au 26 mai 1928. Après un retour en métropole du 6 juillet 1928 au 2 août 1929, il assure, en position hors-cadre, l’intérim du Commissaire du Gouvernement, Lapeyronie, pour la province du Haut-Mékong, à [[Houei Sai]]. Il est promu capitaine le 25 mars 1930 et retourne à Muong-Sing en mars 1931, rédige un « Manuel de lecture de la langue « Lu » et « Youne » avec traduction correspondante en [[Lao (langue)|langue laotienne]] ». Il quitte l’Indochine pour la métropole le 28 avril 1933.
Il est alors affecté au [[3e régiment de tirailleurs tonkinois|{{3e}} régiment de tirailleurs tonkinois]] comme adjoint au chef de poste de {{lien|trad=Nguyên Bình District|fr=Nguyen-Binh (district)|texte=Nguyen-Binh}} (sur la [[Route coloniale 4|RC4]] au-delà de [[Cao Bang]] dans le haut-[[Tonkin]]) qu’il rejoint le {{date-|15 avril 1924}}. Détaché hors-cadre le 14 décembre 1924, il est délégué administratif du Commissaire du gouvernement chef de la province du [[Haut-Mékong]], à [[Muang Sing|Muong Sing]], aux confins de la [[Chine]], de la [[Birmanie]] et du [[Siam]], du {{date-|15 avril 1925}} au {{date-|26 mai 1928}}. Après un retour en métropole du {{date-|6 juillet 1928}} au {{date-|2 août 1929}}, il assure, en position hors-cadre, l’intérim du Commissaire du Gouvernement, Lapeyronie, pour la province du Haut-Mékong, à [[Houei Sai]]. Il est promu capitaine le {{date-|25 mars 1930}} et retourne à Muong Sing en {{date-|mars 1931}}, rédige un ''Manuel de lecture de la langue « Lu » et « Youne »'' avec traduction correspondante en [[Lao (langue)|langue laotienne]]. Il quitte l’Indochine pour la métropole le {{date-|28 avril 1933}}.


Il prend le commandement de la [[Compagnie d'essais techniques]] le {{date|1|décembre|1933}} et participe avec cette unité à des manœuvres au Larzac au printemps 1934, puis est renvoyé en Indochine le {{date|6|octobre|1934}}, où il prend le commandement comme capitaine de la {{6e}} compagnie du [[19e régiment mixte d'infanterie coloniale|{{19e}} Régiment Mixte d’Infanterie Coloniale]] tout en assumant les fonctions de délégué administratif de [[Dinh-Lap]] au Tonkin.
Il prend le commandement de la [[Compagnie d'essais techniques]] le {{date-|1|décembre|1933}} et participe avec cette unité à des manœuvres au [[camp du Larzac|Larzac]] au printemps 1934, puis est renvoyé en [[Indochine]] le {{date-|6|octobre|1934}}, où il prend le commandement comme capitaine de la {{6e|compagnie}} du [[19e régiment mixte d'infanterie coloniale|{{19e}} régiment mixte d’infanterie coloniale]] tout en assumant les fonctions de délégué administratif de [[Dinh-Lap]] au Tonkin.


Avec son fils Victor<ref>Victor, Georges, Marie, né le 23 mars 1932, Chevalier de la Légion d'Honneur le 22 juillet 1971, Officier le 21 avril 2006 au titre de l'Armée de Terre</ref>, âgé de cinq ans, il revient le 8 avril 1937 en métropole, à bord du Chenonceaux ; il y fait connaissance de sa future épouse, Lucienne Bouguin. Il est détaché au ministère des Colonies le {{1er septembre}} 1937, comme adjoint au chef du {{2e}} bureau ([[Service secret|renseignement]]), est promu au grade de chef de bataillon le 22 mars 1938, devient chef du Service de Renseignement Intercolonial et est en relation quotidienne avec [[Georges Mandel]], ministre des Colonies à partir d’avril 1938.
Avec son fils Victor<ref>Victor, Georges, Marie, né le 23 mars 1932, chevalier de la Légion d'honneur le {{date-|22 juillet 1971}}, puis officier le {{date-|21 avril 2006}} au titre de l'armée de terre.</ref>, âgé de cinq ans, il revient le {{date-|8 avril 1937}} en métropole. Il est détaché au [[Ministère des Outre-mer|ministère des Colonies]] le {{1er septembre}} 1937, comme adjoint au chef du {{2e|bureau}} ([[Service secret|renseignement]]), est promu au grade de commandant le {{date-|22 mars 1938}}, devient chef du [[Service de renseignement intercolonial]] et est en relation quotidienne avec [[Georges Mandel]], ministre des Colonies à partir d’{{date-|avril 1938}}. Il obtient alors le diplôme de Langues-Orientales en Thai et Laotien.


Il mène à l’automne 1939, après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, une mission secrète au [[Le Caire|Caire]] et à [[Khartoum]] d’aide à la résistance [[Empire d'Éthiopie|abyssine]] contre l’occupation de l’[[Éthiopie]] par les troupes [[italie]]nnes.
Il mène à l’automne 1939, après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, une mission secrète au [[Le Caire|Caire]] et à [[Khartoum]] d’aide à la [[Résistance éthiopienne|résistance]] [[Empire d'Éthiopie|abyssine]] contre l’[[Empire italien d'Éthiopie|occupation de l’Éthiopie]] par les troupes italiennes, avec de faux papiers de journaliste du Temps.


=== [[Seconde Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale (1939-1945)]] ===
=== Seconde Guerre mondiale (1939-1945) ===
Il revient à Paris le {{date-|19 novembre 1939}}. En janvier 1940, il prend la tête d’un bataillon du [[44e régiment d'infanterie coloniale|{{44e}} régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais]].


Le {{date-|5 juin 1940}}, Salan est avec son bataillon en première ligne sur la [[Somme (département)|Somme]] lorsque les Allemands déclenchent [[Campagne de France (1940)|leur offensive]] après l’encerclement et la défaite des forces françaises et britanniques dans la [[bataille de Dunkerque|poche de Dunkerque]]. Il se replie sur ordre avec les restes de son bataillon en menant des actions retardatrices sur la [[Seine]] puis sur la [[Loire]].
Il revient à Paris le 19 novembre 1939. En [[Seconde Guerre mondiale : janvier 1940|janvier 1940]] il prend la tête d’un bataillon du [[44e régiment d'infanterie coloniale|{{44e}} Régiment d’Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais]].


Il est cité deux fois à l’ordre du régiment par ordres des {{date-|12 juillet}} et {{date-|13 juillet 1940}}, puis à l’ordre de l’armée et promu officier de la [[Légion d'honneur]] le {{date-|21 août 1940}}.
Le 5 juin 1940, Salan est avec son bataillon en première ligne sur la Somme lorsque les Allemands déclenchent [[Campagne de France (1940)|leur offensive]] après l’encerclement et la défaite des forces françaises et britanniques dans la [[bataille de Dunkerque|poche de Dunkerque]]. Il se replie sur ordre avec les restes de son bataillon en menant des actions retardatrices sur la Seine puis sur la Loire.


Il est ensuite détaché à l’état-major général des Colonies, au Secrétariat d’État aux Colonies à [[Régime de Vichy|Vichy]], le {{date-|16 juillet 1940}}. Il est promu [[lieutenant-colonel]] le {{date-|25 juin 1941}}.
Il est cité deux fois à l’ordre du régiment par ordres des 12 et 13 juillet 1940, puis à l’ordre de l’armée et promu officier de la [[Légion d'honneur]] le 21 août 1940.


Il est désigné pour servir en [[Afrique-Occidentale française]] (AOF) le {{date-|24 septembre 1941}}. Le 8 mars 1942 après un séjour à Alger, il rejoint Dakar où il est affecté comme chef du [[Bureau central de renseignements et d'action|{{2e|bureau}}]] (renseignements) à l’état-major du général Barrau, commandant supérieur en AOF. En sa compagnie, il effectue une tournée du Sénégal, du [[Soudan français]] et de la [[Guinée]]. Il rédige avec son équipe et celle du {{3e|bureau}} une « Instruction sur la conduite de la guerre sur les arrières de l’ennemi » diffusée jusqu’à l’échelon de la compagnie. En décembre 1942, il rallie ouvertement la cause alliée<ref>Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer, ''Histoire politique des services secrets français'', La Découverte, 2013, {{p.|178}}.</ref>. Il est promu [[colonel (France)|colonel]] le {{date-|25 juin 1943}}.
Il est ensuite détaché à l’état-major général des Colonies, au Secrétariat d’État aux Colonies à [[Régime de Vichy|Vichy]], le 16 juillet 1940. Il est promu [[lieutenant-colonel]] le 25 juin 1941.


Il est désigné pour continuer ses services en Afrique du Nord et arrive à [[Alger]] le 31 août 1943 où il est affecté au {{2e|bureau}} de l’état-major de l’armée de terre, chargé de l’action psychologique et de la direction du journal ''Combattant 43'' dont l’un des collaborateurs est le peintre [[André Hambourg]]. Évincé de son poste par [[André Le Troquer]], commissaire à la Guerre et à l’Air, pour avoir refusé de publier le compte rendu d’une conférence de celui-ci critiquant les cadres de l’armée de 1939-1940, il est mis à la disposition de la [[9e division d'infanterie coloniale|{{9e}} division d’infanterie coloniale]] (DIC) sous les ordres du général [[Joseph Magnan|Magnan]] le {{date-|4 mai 1944}}.
Il est désigné pour servir en [[Afrique-Occidentale française]] (AOF) le 24 septembre 1941. Il rejoint [[Dakar]] le 8 mars 1942 après avoir fait connaissance de la ville d’Alger, y est affecté comme chef du {{2e}} bureau (renseignements) à l’état-major du général Barrau, commandant supérieur en AOF. En sa compagnie, il effectue une tournée du Sénégal, du [[Soudan français]] et de la Guinée. Il rédige avec son équipe et celle du {{3e}} bureau une « Instruction sur la conduite de la guerre sur les arrières de l’ennemi » diffusée jusqu’à l’échelon de la compagnie. Il est promu [[colonel]] le 25 juin 1943.


Il prend le commandement du [[6e régiment de tirailleurs sénégalais|{{6e}} régiment de tirailleurs sénégalais]] (RTS), en [[Corse]], le {{date-|30 mai 1944}}. Il rencontre pour la première fois à [[Bastia]], le {{date-|16 juin 1944}}, le [[Jean de Lattre de Tassigny|général de Lattre de Tassigny]] qui a demandé à voir le {{6e}} RTS et son colonel.
Il est désigné pour continuer ses services en Afrique du Nord et arrive à [[Alger]] le 31 août 1943 où il est affecté au {{2e}} bureau de l’état-major de l’armée de terre, chargé de l’action psychologique et de la direction du journal ''Combattant 43'' dont l’un des collaborateurs est le peintre [[André Hambourg]]. Évincé de son poste par [[André Le Troquer]], commissaire à la Guerre et à l’Air, pour avoir refusé de publier le compte rendu d’une conférence de celui-ci mettant en cause l’honneur des cadres de l’armée de 1939-1940, il est mis à la disposition de la [[9e division d'infanterie coloniale|{{9e}} Division d’Infanterie Coloniale]] (DIC) sous les ordres du général [[Magnan]] le 4 mai 1944.


Il participe au [[débarquement de Provence]] à la tête de son régiment avec lequel il débarque le {{date-|19 août 1944}} au matin sur la plage de [[La Nartelle]] dans le [[Var (département)|Var]]. Il atteint [[Toulon]] le {{date-|26 août 1944}}, après six jours de combats intenses sur l’axe [[Solliès-Pont]], [[La Farlède]], [[La Valette-du-Var]] et Toulon. Le {{6e}} RTS déplore 587 tués, blessés et disparus. Une citation à l’ordre de l’armée rend hommage à ces actions<ref>{{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |auteur1=Myron J. Echenberg |titre=Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, 1857-1960 |lieu=Paris/Dakar |éditeur=Crepos-Karthala Editions |année=2009 |pages totales=348 |passage=173 |isbn=978-2-8111-0297-5 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=r8bHjCTIH3QC&pg=PA173&dq=Raoul+Salan%2C+France+libre}}.</ref>.
Il prend le commandement du [[6e régiment de tirailleurs sénégalais|{{6e}} Régiment de Tirailleurs Sénégalais]] (RTS), en Corse, le 30 mai 1944. Il rencontre pour la première fois à Bastia, le 16 juin 1944, le [[Jean de Lattre de Tassigny|général de Lattre de Tassigny]] qui a demandé à voir le {{6e}} RTS et son colonel. CE QUI SIGNIFIE QU'APRES AVOIR SERVI VIICHY ET HITELR SANS AUCUN PROBLEME DE CONSEN, IL SE RALLLIE AU GENERALE FELON DE GAULLE. BRAVO !


Il quitte Toulon le {{date-|9 septembre}} avec son régiment reconstitué par incorporation d'éléments des [[Forces françaises de l'intérieur]] (FFI) qui « blanchissent » progressivement le régiment. Par note du 13 octobre 1944, le {{6e}} RTS devient le [[6e régiment d'infanterie coloniale|{{6e}} régiment d’infanterie coloniale]] (RIC).
Il participe au [[débarquement de Provence]] à la tête de son régiment avec lequel il débarque le 19 août 1944 au matin sur la plage de La Nartelle dans le Var. Il atteint [[Toulon]] le 26 août 1944, après six jours de combats intenses sur l’axe [[Solliès-Pont]], [[La Farlède]], [[La Valette-du-Var]] et Toulon. Le {{6e}} RTS déplore 587 tués, blessés et disparus. Une citation à l’ordre de l’armée rend hommage à ces actions<ref>{{Ouvrage |auteur= Myron J. Echenberg |titre=Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, 1857-1960|éditeur= Crepos-Karthala Editions |lieu= |année=2009|isbn=9782811102975 |issn= |lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=r8bHjCTIH3QC&pg=PA173&dq=Raoul+Salan,+France+libre&hl=fr&ei=zFlwTuOYIcHk4QTY68HFCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CDAQ6AEwAQ#v=onepage&q=Raoul%20Salan%2C%20France%20libre&f=false |numéro=|passage=173}}</ref>.


Le {{date-|14 novembre 1944}}, le {{6e}} RIC démantèle la résistance allemande dans la poche du Doubs. Le {{date-|23 novembre}}, le régiment est à [[Blotzheim]], dans le sud du [[Haut-Rhin]], alors que les Allemands tiennent de solides têtes de pont sur la rive française du [[Rhin]] ; par la suite, il libère [[Village-Neuf]], [[Huningue]], [[Loechle]] et l’usine hydroélectrique de [[Kembs]].
Il quitte Toulon le 9 septembre avec son régiment reconstitué par incorporation d'éléments des [[Forces françaises de l'intérieur]] (FFI) qui « blanchissent » progressivement le régiment. Par note du 13 octobre 1944, le {{6e}} RTS devient le [[6e régiment d'infanterie coloniale|{{6e}} Régiment d’Infanterie Coloniale]] (RIC).


Il est appelé au commandement de l’infanterie de la [[9e division d'infanterie coloniale|{{9e}} DIC]]. Raoul Salan est promu [[général de brigade]] le {{date-|25 décembre 1944}}. Il a 45 ans. Il participe à la réduction de la [[poche de Colmar]] à la fin de [[Seconde Guerre mondiale]] : janvier et au début de {{date-|février 1945}}. Il est cité à l’ordre de l’Armée et promu commandeur de la Légion d'honneur.
Le 14 novembre 1944, le {{6e}} RIC démantèle la résistance allemande dans la poche du Doubs. Le 23 novembre, le régiment est à [[Blotzheim]], dans le sud du Haut-Rhin, alors que les Allemands tiennent de solides têtes de pont sur la rive française du Rhin ; par la suite, il libère [[Village-Neuf]], [[Huningue]], [[Loechle]] et l’usine hydro-électrique de Kembs.


[[File:Jacquot elie 1945 14DI défilé paris 18 juin 1945.jpg|vignette|redresse|Raoul Salan défilant sur les [[Avenue des Champs-Élysées|Champs-Élysées]] à la tête de la {{14e|division d'infanterie}}, le 18 juin 1945.]]
Il est appelé au commandement de l’infanterie de la [[9e division d'infanterie coloniale|{{9e}} DIC]]. Raoul Salan est promu [[général de brigade]] le 25 décembre 1944. Il a 45 ans. Il participe à la réduction de la [[poche de Colmar]] à la fin de [[Seconde Guerre mondiale : janvier 1945|janvier]] et au début de [[Seconde Guerre mondiale : février 1945|février 1945]]. Il est cité à l’ordre de l’Armée et promu [[commandeur de la Légion d'honneur]].
Le 20 février 1945, il prend le commandement de la [[14e division d'infanterie (France)|{{14e}} division d’infanterie]], l’ancienne division du général de Lattre reconstituée à partir d’unités issues des FFI et de FTP ([[Francs tireurs et partisans]]), dont la [[brigade Alsace-Lorraine]] aux ordres d’[[André Malraux]]. Il termine la guerre sur le front européen près de [[Donaueschingen]] dans la [[Forêt-Noire]].


Il est cité deux fois à l’ordre de l’Armée, les {{date-|29 avril}} et {{date-|2 décembre 1945}} pour son action à la tête du [[6e régiment d'infanterie coloniale|{{6e}} RIC]] et à la tête de l’infanterie de la [[9e division d'infanterie coloniale|{{9e}} DIC]].
Le 20 février 1945, il prend le commandement de la [[14e division d'infanterie (France)|{{14e}} Division d’Infanterie]], l’ancienne division du général de Lattre reconstituée à partir d’unités issues des FFI et de FTP ([[Francs tireurs et partisans]]), dont la [[brigade Alsace-Lorraine]] aux ordres d’[[André Malraux]]. Il termine la guerre sur le front européen près de [[Donaueschingen]] dans la [[Forêt-Noire]].


=== Guerre d'Indochine (1945-1954) ===
Il est cité deux fois à l’ordre de l’Armée, les 29 avril et 2 décembre 1945 pour son action à la tête du [[6e régiment d'infanterie coloniale|{{6e}} RIC]] et à la tête de l’infanterie de la [[9e division d'infanterie coloniale|{{9e}} DIC]].
[[Fichier:Arrivée du général Blaizot à Saigon.jpg|vignette|Arrivée du général Blaizot à [[Hô Chi Minh-Ville|Saïgon]]. De gauche à droite : le [[Pierre-Étienne de Perier|général de Perier]], le général Salan, le [[Roger Blaizot|général Blaizot]] et l'[[Robert Battet|amiral Battet]]. ]]
En {{date-|octobre 1945}}, il fait son retour en [[Indochine française|Indochine]] en tant que commandant des forces françaises de Chine et d’Indochine du Nord sous les ordres de Leclerc. En novembre 1945, il est dans Hanoï, occupé par les Chinois. Il se rend à Kunming pour reformer les troupes françaises échappées au coup de force japonais du 9 mars 1945. En janvier 1946, il participe aux négociations concernant le départ des troupes chinoises, du [[Tonkin]]. En {{date-|février 1946}}, il fait la connaissance d'[[Hô Chi Minh]] et participera aux négociations avec lui à [[Đà Lạt]] en avril-mai 1946. En juillet-septembre 1946, il accompagne Hô Chi Minh aux négociations de [[Fontainebleau]]. Il commande les troupes françaises dans le Nord du Viêt-Nam en mai 1947. Le {{date|1|septembre|1947}}, il devient général de division. De février à avril 1948, il assure l'intérim du général [[Jean Étienne Valluy|Valluy]] remplacé par le général [[Roger Blaizot|Blaizot]] comme commandant en chef en Indochine. Son adjoint est [[Pierre-Étienne de Perier]]. Du {{date-|6 décembre 1950}} au {{date-|5 janvier 1952}}, il est adjoint militaire du [[général de Lattre de Tassigny]], haut commissaire en Indochine, et devient aussi [[Liste des gouverneurs de la Cochinchine française|gouverneur de Cochinchine]] en 1951-1952, après l'assassinat du [[Charles Chanson|général Chanson]]. Le {{date-|1|septembre|1951}}, il devient général de corps d'armée.


Du {{date-|6 janvier 1952}} au {{date-|8 mai 1953}}, date à laquelle il est remplacé par [[Henri Navarre]], il est commandant en chef en Indochine. Il mène avec succès la [[bataille de Na San]] face à un ennemi très supérieur en nombre. Selon l’historienne [[Raphaëlle Branche]], il y développe une théorie de [[Contre-insurrection|lutte contre-insurrectionnelle]] qui inclut l'usage de la [[Torture pendant la guerre d'Indochine|torture]]<ref name="18novembre2004_Raphaëlle_BRANCHE" />. Il y crée des [[Dispositif opérationnel de protection|dispositifs opérationnels de protection]] qui sont des équipes mixtes (militaires, gendarmes, policiers) de recherche du [[renseignement]] par la [[torture]]<ref>{{Ouvrage | auteur1=[[Raphaëlle Branche]] | titre=L'armée et la torture en Algérie | sous-titre=Les soldats, leurs chefs et les violences illégales | lieu=Paris | éditeur= | nature ouvrage=thèse de doctorat en histoire | année=2000 | mois=décembre | jour=5 | pages totales=1200 | isbn= | sudoc=060045094}}.</ref>. Entre juin et octobre 1954, il est adjoint militaire du général [[Paul Ély|Ély]], haut commissaire en Indochine En désaccord avec le général Ély, il demande et obtient son rappel en France le 20 septembre. Le 9 octobre, il quitte l'Indochine et est remplacé par le général [[Pierre-Elie Jacquot|Pierre-Élie Jacquot]].
=== [[Guerre d'Indochine]] (1945-1954) ===


=== Guerre d'Algérie (1956-1958) ===
Octobre 1945 : Retour en Indochine en tant que Commandant des forces françaises de Chine et d’Indochine du Nord.
Après un intermède parisien de {{date-|1954}} à {{date-|1955}}, le général Salan est nommé, le {{date-|12|novembre|1956}}, commandant supérieur Interarmées de l'Algérie ([[10e région militaire|{{10e|région}} militaire]]) en remplacement du général [[Henri Lorillot]]. Il prend ses fonctions à [[Alger]] le {{date|1|décembre|1956}}.


==== Développement de l'usage de la torture ====
Janvier 1946 : participe aux négociations concernant le départ des troupes chinoises, du [[Tonkin]]
{{Article connexe|Torture pendant la guerre d'Algérie}}


Après avoir théorisé l'usage de la [[Torture pendant la guerre d'Indochine|torture lors de la guerre d'Indochine]], Raoul Salan applique sa théorie en Algérie<ref name="18novembre2004_Raphaëlle_BRANCHE" />. En 1957, il recrée des [[dispositif opérationnel de protection|dispositifs opérationnels de protection]] (équipes mixtes de militaires, gendarmes et policiers) de recherche du [[renseignement]] par la [[Torture pendant la guerre d'Algérie|torture]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Benjamin|nom1=Stora|lien auteur1=Benjamin Stora|titre=Les mots de la guerre d'Algérie|lieu=Toulouse|éditeur=[[Presses universitaires du Mirail]]|collection=Les mots de...|année=2005|pages totales=127|passage=46-47|isbn=2-85816-777-X|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=AnWDLE23YwQC&printsec=frontcover}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Patrick|nom1=Rotman|lien auteur1=Patrick Rotman|prénom2=Bertrand|nom2=Tavernier|lien auteur2=Bertrand Tavernier|titre=La guerre sans nom|sous-titre=Les appelés d'Algérie, 1954-1962|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|collection=Points|numéro dans collection=913|année=2001|pages totales=305|passage=264–265|isbn=2-02-051064-2}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Kristin|nom1=Ross|lien auteur1=Kristin Ross|titre=Fast Cars, Clean Bodies|sous-titre=Decolonization and the Reordering of French Culture|traduction titre=Voitures rapides, corps propres. La décolonisation et la réorganisation de la culture française|éditeur=[[MIT Press]]|collection=October books|année=1995|pages totales=261|passage=119–120|isbn=0-262-68091-2|isbn2=0-262-68091-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=73T2B7SAQmUC&printsec=frontcover}}, citant notamment {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Vittori|titre=Nous, les appelés d'Algérie|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Stock|Stock]]|collection=Les Grands sujets|année=1977|pages totales=319|passage=153–154|isbn=2-234-00715-1}}, {{Ouvrage|prénom1=Benjamin|nom1=Stora|lien auteur1=Benjamin Stora|titre=La gangrène et l'oubli|sous-titre=La mémoire de la guerre d'Algérie|lieu=Paris|éditeur=[[La Découverte]]|collection=Cahiers libres|année=1991|pages totales=368|passage=29|isbn=2-7071-2072-3}}.</ref>.
Février 1946 : fait connaissance d'[[Hô Chi Minh]]


==== Attentat au bazooka (1957) ====
Avril-mai 1946 : participe aux négociations avec Hô Chi Minh à [[Đà Lạt]]
{{Article détaillé|Affaire du Bazooka}}


Le {{date-|16|janvier|1957}}, un [[Affaire du Bazooka|attentat au bazooka]] est commis contre Raoul Salan par l'[[ORAF]], il coûte la vie au commandant Rodier. Les auteurs de l'attentat étaient les « contre-terroristes » Philippe Castille et Michel Fechoz. Le commanditaire, René Kovacs, un médecin algérois militant pour l'[[Algérie française]], voulait remplacer Salan par le général [[René Cogny]], le premier étant perçu comme « le bradeur de l'Indochine » — et donc de l'Algérie — au même titre que [[Pierre Mendès France]].
Juillet-septembre 1946 : accompagne Hô Chi Minh aux négociations de Fontainebleau.


Castille mit en cause des personnalités de premier plan, [[Michel Debré]] et [[Jacques Soustelle]], respectivement sénateur et député [[Gaullisme|gaullistes]] ainsi que le député [[Pascal Arrighi]] ([[Parti républicain, radical et radical-socialiste|RRRS]]), mais sans apporter de preuves. L'enquête n'aboutit pas. La fuite de René Kovacs en Espagne à l'aube de son procès l'indignera particulièrement.
Mai 1947 : commande les troupes françaises pour le Nord du Viêt-Nam.


==== Crise de mai 1958 ====
{{date|1|septembre|1947}} : général de division
{{Article connexe|Crise de mai 1958}}


Le {{date-|13 mai 1958}}, après la mise à sac du bâtiment de la Délégation générale en Algérie par des manifestants, il donne son accord au [[général Massu]] pour que celui-ci entre dans le [[Comité de salut public (1958)]] alors formé à [[Alger]]. Dans la soirée, le président du Conseil démissionnaire, [[Félix Gaillard]], lui confirme de nouveau la délégation des pouvoirs civils et militaires en Algérie. Dans la nuit, [[Pierre Pflimlin]], qui vient d'être investi [[Président du Conseil (France)|président du Conseil]] par l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]], confirme cette délégation.
Février-avril 1948 : assure l'intérim du général Valluy remplacé par le général Blaizot comme commandant en chef en Indochine


Le {{date-|15 mai}}, Raoul Salan termine, devant une foule rassemblée à Alger, un discours par « Vive la France ! Vive l’Algérie française ! » puis, poussé par le gaulliste [[Léon Delbecque]], il ajoute « Vive de Gaulle ! ». Cette intervention contribue au retour du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]], qui est nommé président du Conseil le 29 mai et investi par l'Assemblée nationale le {{1er}} juin.
6 décembre 1950- 5 janvier 1952 : adjoint militaire du général de Lattre de Tassigny, Haut Commissaire en Indochine


Le {{date-|6 juin}}, Raoul Salan reçoit du général de Gaulle la charge et les attributions de délégué général du gouvernement en Algérie cumulées avec celles de commandant en chef des forces en Algérie. Il organise notamment le [[Référendum constitutionnel français de 1958|référendum constitutionnel de septembre 1958]] et les [[Élections législatives françaises de 1958|élections législatives de novembre suivant]]. L'emprise sur ces élections de l'autorité militaire, qui favorise certains candidats, est notamment un point de désaccord avec de Gaulle.
{{date|1|septembre|1951}} : général de corps d'armée


Le {{date-|11|décembre|1958}}, [[Paul Delouvrier]] est nommé délégué général, et le lendemain, le général [[Maurice Challe (1905-1979)|Maurice Challe]] succède au général Salan comme commandant en chef ayant reçu délégation de pouvoirs du gouvernement. De Gaulle, en désaccord avec Salan sur la stratégie à mener en Algérie et voulant réaffirmer l'autorité civile face à l'autorité militaire, le nomme comme inspecteur général de la Défense nationale, poste honorifique<ref>''Le 13 mai du général Salan'', Jacques Valette, Esprit du livre ; paru le 01/03/2008 ; {{ISBN|2915960291}}.</ref> puis [[gouverneur militaire de Paris]] le {{date-|5 février 1959}}<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19590207&numTexte=&pageDebut=01695&pageFin= Décret du 5 février 1959 portant affectation d'un officier général de l'armée de terre] publié au [[Journal officiel de la République française|JORF]] du 7 février 1959, {{p.|1695}}.</ref>.
11 janvier 1952 : mort du général de Lattre.


Le général Salan quitte le service actif le {{date-|10 juin 1960}}.
6 janvier 1952 - 8 mai 1953 : Salan est commandant en chef en Indochine


Il s’installe à Alger avec sa famille le {{date-|30 juillet 1960}}.
Juin - octobre 1954 : Adjoint militaire du général Ely Haut Commissaire en Indochine1954.


20 septembre : en désaccord avec le général Ely il demande et obtient son rappel en France.
Le {{date-|11 septembre 1960}}, de passage à Paris, il se voit notifier l'interdiction de retourner à Alger.


Le {{date-|26 octobre 1960}}, il donne une conférence de presse à l'hôtel de la [[Gare d'Orsay|gare d’Orsay]] pour réaffirmer son attachement à l’Algérie française.
9 octobre : il quitte l'Indochine. Il est remplacé par le général [[Pierre-Elie Jacquot]].


À la fin du mois d’octobre 1960, menacé d’arrestation, il s'enfuit en [[Espagne]] franquiste.
=== [[Guerre d'Algérie]] (1956-1958) ===


==== Évolution de la relation entre Salan et De Gaulle ====
Après un intermède parisien de 1954 à 1955, le général Salan est affecté à [[Alger]] le {{date|1|décembre|1956}} où il vient d'être nommé, le {{date|12|novembre|1956}}, commandant supérieur Interarmées de la [[10e région militaire|{{10e}} région militaire (Algérie)]] en remplacement du général [[Henri Lorillot]].
Il est intéressant de noter la progression de la relation entre les deux hommes entre le {{date-|24 octobre 1958}} et le {{date-|12 décembre 1958}}, date à laquelle Salan se voit attribuer les fonctions d’inspecteur général de la Défense et la fin de la mission de délégué général et commandant en chef des Forces en Algérie<ref>{{lien web |titre=Lettres de Charles de Gaulle à Raoul Salan |url=http://www.gaullisme.fr/2011/02/11/lettres-de-charles-de-gaulle-a-raoul-salan/ |site=Gaullisme.fr |date=11-02-2011 |consulté le=28-08-2020}}.</ref>.
* {{date-|24 octobre 1958}} : lettre du général De Gaulle à Salan de 404 mots, se terminant par « Soyez, mon cher Salan, bien assuré de mes sentiments de confiance profonde et de sincère amitié. », le texte contenant 4 fois le nom du général Salan lui conférant un ton très personnel, il est intéressant de noter l'insistance sur le mot « cessez-le-feu » et l'utilisation de superlatifs comme « très » à chaque fois qu'une nuance négative se dessine, le ton du courrier restant largement positif.
* {{date-|25 novembre 1958}} : lettre du général De Gaulle à Salan de 361 mots, se terminant par « À bientôt donc, mon cher Salan. Croyez-moi votre bien cordialement dévoué. », pour la première fois l'intention de mettre fin au poste du général Salan est évoquée, se basant sur le besoin exprimé de mettre en place un effort économique et administratif plus que militaire. Le ton change déjà de façon perceptible.
* {{date-|12 décembre 1958}} : lettre du général De Gaulle à Salan de 212 mots lui signalant l'éviction de son poste, se terminant par « Veuillez croire, mon cher général, à mes sentiments bien cordiaux. », le ton étant sec et formel.
Passant de rapports de « sincère amitié » à des « sentiments cordiaux » avec sa hiérarchie, en moins de trois mois le général Salan passe d'un poste hautement opérationnel à un poste purement honorifique.


==== L'attentat au bazooka (1957) ====
=== Putsch des généraux et OAS (1961-1962) ===
{{Article détaillé|Putsch des généraux|Organisation armée secrète}}


Partisan de l'Algérie française, Salan dirige l'[[Organisation armée secrète|OAS]] après l'échec du [[putsch des généraux]] en 1961. Il est condamné à mort par contumace le 11 juillet 1961. Il est arrêté à Alger le {{date-|20|avril|1962}}, après un an de clandestinité, et condamné à la détention à perpétuité le {{date-|23|mai|1962}}. Il est libéré par grâce présidentielle à la suite des [[Mai 68|événements de mai 1968]].
{{Article détaillé|Affaire du Bazooka}}


==== Amendement Salan ====
Le {{date|16|janvier|1957}}, un [[Affaire du Bazooka|attentat au bazooka]] est commis contre Raoul Salan par l'[[ORAF]], il coûte la vie au commandant Rodier. Les auteurs de l'attentat étaient les contre-terroristes Philippe Castille et Michel Fechoz. Le commanditaire, [[René Kovacs]], un médecin algérois militant pour l'[[Algérie française]], voulait remplacer Salan par le général [[René Cogny]], le premier étant perçu comme « le bradeur de l'Indochine » — et donc de l'Algérie — au même titre que [[Pierre Mendès France]].
Le {{date-|25|avril|1961}}, durant le putsch d'Alger, il adresse un communiqué radio visant à mobiliser huit classes d’Algériens et de reconstituer les [[Unité territoriale (militaire)|Unités territoriales]] (UT) dissoutes après la « [[Semaine des barricades]] » de janvier 1960. Le {{date-|11|septembre|1961}}, entre-temps devenu chef de l’OAS, il envoie une lettre aux parlementaires reformulant sa demande d'avril.


==== Arrestation de Salan ====
Castille mit en cause des personnalités de premier plan, le sénateur députés gaullistes [[Michel Debré]] et [[Jacques Soustelle]] ainsi que le député [[Pascal Arrighi]] ([[Parti républicain, radical et radical-socialiste|RRRS]]), mais sans apporter de preuves. L'enquête n'aboutit pas.
Conscient que la partie sur le terrain était jouée, refusant de fuir au [[Portugal]] comme on le lui conseillait, Salan dira que son départ d’Algérie aurait porté aux [[Européens d'Algérie]] un coup dont ils ne se seraient plus relevés. Il lui restait une dernière carte à jouer, afin de renverser l'équilibre des forces, une alliance avec le rival et ennemi du [[Front de libération nationale (Algérie)|FLN]], c'est-à-dire le [[Mouvement national algérien (Guerre d'Algérie)|Mouvement national algérien]] (MNA) dirigé par [[Messali Hadj]].


L'OAS veut maintenir l'autorité des Français<ref>Le colonel Gardes de retour à [[Affreville]] se consacrera à la réalisation de cet objectif, mais comme les messalistes dissidents réclamèrent quatre cents fusils et que l’OAS refusa, le projet avorta.</ref>. Les messalistes réclament l'indépendance sous certaines conditions dictées par eux, mais admettent la possibilité pour les Européens de rester sur le territoire et de participer au développement de l'économie algérienne. Ce qui est important, c’est que les deux fronts craignent le FLN pour son intransigeance.
==== Le 13 mai (1958) ====


Messali Hadj refuse tout contact avec le parti qu'il appelle « Organisation [[Fascisme|fasciste]] ». Alors, Salan découragé adresse une lettre à un groupe de messalistes dissidents, le FAAD ([[Front algérien d'action démocratique]]).
{{Article détaillé|Putsch d'Alger (1958)}}


Le 20 avril 1962, Salan descend de son appartement situé au cinquième étage et se rend à son bureau qui se trouve au rez-de-chaussée du même immeuble, c’est-à-dire au 25 rue Desfontaines où il avait rendez-vous avec [[Jacques Achard]], ''alias'' Alpha, chef de l’OAS du secteur Orléans-Marine, lui-même chargé de rencontrer le FAAD.
Lors de la [[crise de mai 1958]], il cumule les pouvoirs civils et militaires en Algérie. Son ralliement au général de Gaulle est décisif dans le retour au pouvoir de ce dernier le {{1er}} juin. Le {{date|11|décembre|1958}}, [[Paul Delouvrier]] est nommé délégué général, et le lendemain, le général [[Maurice Challe]] succède au général Salan comme commandant en chef ayant reçu délégation de pouvoirs du gouvernement. De Gaulle, voulant réduire le pouvoir de l'armée coloniale qui a été pétainiste et a presque tous les pouvoirs, nomme Salan comme inspecteur général de la Défense nationale, poste honorifique<ref>Le 13 mai du général Salan ; Auteur : Jacques Valette ; Édition : Esprit du livre ; paru le 01/03/2008 ; ISBN 2915960291</ref> puis [[gouverneur militaire de Paris]] le 5 février 1959<ref>[http://www.legifrance.gouv.fr/jopdf/common/jo_pdf.jsp?numJO=0&dateJO=19590207&numTexte=&pageDebut=01695&pageFin= Décret du 5 février 1959 portant affectation d'un officier général de l'armée de terre] publié au [[Journal officiel de la République française|JORF]] du 7 février 1959, {{p.|1695}}</ref>.


Une [[Peugeot]] noire remonte le boulevard Saint-Saëns, tourne dans la rue Desfontaines et s’arrête. Les gardes du corps de Salan attendent dans une 403 grise dans cette même rue, voient un véhicule dans le rétroviseur, mais pensent qu’il s’agit du [[commando Delta]]. Le quartier est encerclé, [[Jean-Marie Lavanceau]] (agent infiltré) frappe à la porte du bureau. Salan, [[Jean Ferrandi]] et une troisième personne sont à l’intérieur. Lavanceau demande où se trouvent les toilettes, et au même moment quelqu’un sonne. Ferrandi observe par le judas, et crie « Nous sommes faits ». Salan était pris au piège, et avant que ses gardes du corps postés devant l’immeuble ne puissent réagir, les policiers prennent rapidement position en sortant des véhicules blindés. Le chef de l’OAS est bel et bien tombé dans un piège.
==== Évolution de la relation entre Salan et De Gaulle ====
Il est intéressant de noter la progression de la relation entre les 2 hommes entre le 24 octobre 1958 et le 12 décembre 1958, date à laquelle Salan se voit attribuer les fonctions d’inspecteur général de la Défense et la fin de la mission de délégué général et commandant en chef des Forces en Algérie <ref>http://www.gaullisme.fr/2011/02/11/lettres-de-charles-de-gaulle-a-raoul-salan/</ref>.
* 24 octobre 1958 : lettre du Général De Gaulle à Salan de 404 mots, se terminant par ''« Soyez, mon cher Salan, bien assuré de mes sentiments de confiance profonde et de sincère amitié. »'', le texte contenant 4 fois le nom du Général Salan lui conférant un ton très personnel, il est intéressant de noter l'insistance sur le mot ''« cessez-le-feu »'' et l'utilisation de superlatifs comme ''« très »'' à chaque fois qu'une nuance négative se dessine, le ton du courrier restant largement positif.
* 25 novembre 1958 : lettre du Général De Gaulle à Salan de 361 mots, se terminant par ''« À bientôt donc, mon cher Salan. Croyez-moi votre bien cordialement dévoué. »'', pour la première fois l'intention de mettre fin au poste du Général Salan est évoqué, se basant sur le besoin exprimé de mettre en place un effort économique et administratif plus que militaire. Le ton change déjà perceptiblement.
* 12 décembre 1958 ; lettre du Général De Gaulle à Salan de 212 mots lui signalant l'éviction de son poste, se terminant par ''« Veuillez croire, mon cher général, à mes sentiments bien cordiaux. »'', le ton étant sec et formel.
Passant de rapports de ''« sincère amitié »'' à des ''« sentiments cordiaux »'' avec sa hiérarchie, en moins de 3 mois le Général Salan passe d'un poste hautement opérationnel à un poste purement honorifique.


Une heure plus tard, [[Alger]] apprend par un communiqué de la délégation générale, que Salan a été arrêté lors d'une banale et routinière recherche d’émetteur clandestin.
=== Putsch des généraux et OAS (1961-1962) ===


Nous savons maintenant que les services secrets ont, pendant plus d'un an, préparé prudemment des travaux d'approche et infiltré à l'échelon le plus haut de l'OAS, des agents comme Lavanceau (treize tentatives d'arrestation avaient été infructueuses auparavant).
{{Article détaillé|Putsch des généraux|Organisation armée secrète}}


Peu à peu, les magasins de la ville se ferment. Radio-pirate OAS confirme la nouvelle en ces termes : {{Citation|Salan reste l'âme et l'esprit de la résistance française. La lutte continue<ref>« L'arrestation de Salan », ''histoire pour tous'' {{n°|137}} : pages 192/200 - septembre 1971 - Paul Hennisart.</ref>.}} Le général Salan est remplacé par le général [[Paul Gardy]], qui est le dernier chef militaire de la branche Algérie de l'OAS<ref>{{Lien web|titre=Le général Paul Gardy est mort en Argentine|url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1975/10/29/le-general-paul-gardy-est-mort-en-argentine_2597379_1819218.html|périodique=Le Monde|date=29 octobre 1975}}.</ref>.
Partisan de l'Algérie française, Salan dirige l'[[Organisation armée secrète|OAS]] après l'échec du [[putsch des généraux]] en 1961. Il est arrêté à Alger le vendredi {{date|20|avril|1962|}} après un an de clandestinité et le {{date|23|mai|1962}}, après avoir revendiqué ses responsabilités à la tête de l’OAS, est condamné par le [[Haut Tribunal militaire]] à la peine de détention criminelle à vie, verdict que le chef de l’État - souhaitant que Salan soit fusillé - considérait trop clément, ce qui entraînera la dissolution du tribunal par le général de Gaulle le {{date|27|mai|1962}}, alors que le [[Edmond Jouhaud|général Jouhaud]] avait été condamné à mort par le même tribunal le 13 avril précédent.
Le {{date|8|décembre|1962}}, il est transféré en même temps que le général Jouhaud à la prison de [[Tulle]] où sont incarcérés les officiers généraux et supérieurs impliqués dans les combats pour l’Algérie française.


==== Procès et emprisonnement ====
Le {{date|15|juin|1968}}, dernier occupant de la prison de [[Tulle]], il est libéré par grâce présidentielle à la suite des [[Mai 68|événements de mai 1968]].
Le procès de Salan s'ouvre le {{date-|15 mai 1962}}. L’accusé est défendu par [[Jean-Louis Tixier-Vignancour|maître Tixier-Vignancour]]. Après avoir revendiqué ses responsabilités à la tête de l’OAS, Salan est condamné, le 23 mai, par le [[Haut Tribunal militaire]], à la peine de détention criminelle à vie. Ce verdict est considéré par de Gaulle {{incise|qui souhaitait que Salan fût fusillé}} comme trop clément, ce qui le conduit à dissoudre le tribunal le {{date-|27|mai|1962}}, alors que le [[Edmond Jouhaud|général Jouhaud]] avait été condamné à mort par le même tribunal le {{date-|13 avril}} précédent.


Salan est transféré le {{date-|8|décembre|1962}}, en même temps que le général Jouhaud, à la prison de [[Tulle]], où sont incarcérés les officiers généraux et supérieurs impliqués dans les combats pour l’Algérie française.
Il devint à la mort du Général de Gaule, un de ses fervents partisans.


Le 29 mai 1968, le général de Gaulle, dont le pouvoir vacille en raison des événements de [[mai 68]], se rend secrètement à [[Baden Baden]] et négocie le soutien des militaires avec le [[Jacques Massu|général Massu]]. Le {{date-|15|juin|1968}}, Salan, dernier occupant de la prison de Tulle, est gracié<ref>{{lien_web|titre=La réhabilitation des généraux putschistes, en 1982|url=https://histoirecoloniale.net/la-rehabilitation-des-generaux.html|date=juillet 2002}}.</ref>.
==== L'amendement Salan ====


=== Fin de vie ===
Le {{date|25|avril|1961}}, durant le putsch d'Alger, le général Salan adresse un communiqué radio visant à mobiliser huit classes d’Algériens et de reconstituer les [[Unité territoriale (militaire)|Unités territoriales]] (UT) dissoutes après la « [[Semaine des barricades]] » de janvier 1960.
[[File:Tombe du général Salan, cimetière de Vichy.jpg|thumb|redresse|Sépulture au [[cimetière de Vichy]].]]
Entre 1970 et 1974, il publie ses Mémoires couvrant la période 1918-1960, sous le titre ''Fin d’un Empire''. En 1975, il publie ''Indochine Rouge'', le message d’Hô Chi Minh.


À la suite de l’amnistie votée par le [[Parlement français|Parlement]] en 1982, il est réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la [[Légion d'honneur]].
Le {{date|11|septembre|1961}}, le général Salan, qui est entre temps devenu chef de l’O.A.S., envoie une lettre aux parlementaires reformulant sa demande d'avril.


Malade à partir de {{date-|mai 1984}}, il meurt le {{date-|3 juillet 1984}} à l’hôpital d'instruction des armées du [[Val-de-Grâce]]. Il repose au [[cimetière de Vichy]]. L'inscription sur sa tombe<ref>''La Montagne'' (édition de Vichy), {{1er}} novembre 2010.</ref> porte seulement, en plus de son prénom, de son nom et des années de naissance et de mort, la mention : « Soldat de la Grande Guerre ».
{{...}}


==== L'arrestation de Salan ====
== Distinctions et honneurs ==


=== Décorations françaises ===
Conscient que la partie, sur le terrain, était jouée, refusant de fuir au [[Portugal]], comme on le lui conseillait, Salan dira que son départ d’Algérie porterait aux Européens d'Algérie un coup dont ils ne se relèveraient plus. Il lui restait une dernière carte à jouer, afin de renverser l'équilibre des forces, une alliance avec le rival et ennemi du FLN, c'est-à-dire le [[Mouvement national algérien (Guerre d'Algérie)|Mouvement national algérien]] (MNA) dirigé par [[Messali Hadj]].
[[Image:Salanb10.jpg|vignette|200px|Décorations du [[Général]] Raoul Salan.]]
*{{Déco|MM|13 juillet 1958}}
(Nota : la médaille militaire se porte en avant la LH pour les officiers généraux ayant commandé au front, attention selon La Grande Chancellerie aucun texte officiel n'existe et il s'agit d'une simple habitude)
* {{Déco|GCLH|28 août 1952}}
** <small>{{Déco Grand officier de la Légion d'honneur}} ''(e {{date-|27 octobre 1948}})''</small>
** <small>{{Déco Commandeur de la Légion d'honneur}} ''({{date-|10 février 1945}}''</small>'')''
** <small>{{Déco Officier de la Légion d'honneur}} ''({{date-|21 août 1940}}''</small>'')''
** <small>{{Déco Chevalier de la Légion d'honneur}} (''10/11/1921)''</small>


* {{Déco CG14-18}} (1 citation)
L'OAS veut maintenir l'autorité des Français<ref>Le colonel Gardes de retour à [[Affreville]] se consacrera à la réalisation de cet objectif, mais comme les messalistes dissidents réclamèrent quatre cents fusils et que l’OAS refusa, le projet avorta.</ref>.
* {{Déco CG39-45}} (8 citations dont 6 à l'ordre de l'armée)
Les messalistes réclament l'indépendance sous certaines conditions, dictées par eux, mais admettent la possibilité aux Européens de rester sur le territoire et participer au développement de l'économie algérienne, mais, ce qui est important, c’est que les deux fronts craignent le FLN pour son intransigeance.
* {{Déco CGTOE}} (7 citations à l'ordre de l'armée)
* {{Déco CVM}} (1 citation à l'ordre de l'armée)
* {{Déco CCV14}}
* {{Déco CC}}
* {{Déco MCO}} agrafe « EXTRÊME-ORIENT »
* {{Déco MCCI43}}
* {{Déco MCCI}}
* {{Déco MCOSMO}} avec agrafe « Algérie »
* {{Déco MIV}}
* {{Déco MCGG}}
* {{Déco MC39}} avec agrafes « Afrique », « Italie », « France », « Allemagne »
* {{Déco IBM}}
* {{Déco MCSC}}
* {{Déco MA}}


=== Décorations étrangères ===
Messali Hadj refuse tout contact avec le parti qu'il appelle « Organisation Fasciste ». Alors, Salan découragé adresse une lettre à un groupe de messalistes dissidents, le [[FAAD]] (Front algérien d’action démocratique).


==== {{Bénin}} ====
Le vendredi 20 avril Salan descend de son appartement situé au cinquième étage et se rend à son bureau qui se trouve au rez-de-chaussée du même immeuble, c’est-à-dire au ''25 rue Desfontaines'' où il avait rendez-vous avec [[Jacques Achard]], alias Alpha, chef de l’OAS du secteur Orléans-Marine, lui-même chargé de rencontrer le FAAD.
* [[Fichier:Ordre de l'Etoile Noire GC ribbon.svg|50px]] [[Ordre de l'Étoile noire|Grand-croix de l'Ordre de l'Étoile noire]]


==== {{Protectorat français du Cambodge}} <small>(décoration coloniale)</small> ====
Une Peugeot noire remonte le boulevard Saint-Saëns, tourne dans la rue Desfontaines et s’arrête. Les gardes du corps de Salan attendent dans une 403 grise dans cette même rue, voient un véhicule dans le rétroviseur, mais pensent qu’il s’agit du [[commando Delta]]. Le quartier est encerclé, [[Jean-Marie Lavanceau]] (agent infiltré) frappe à la porte du bureau. Salan, [[Jean Ferrandi]] et une troisième personne sont à l’intérieur. Lavanceau demande où se trouvent les toilettes, et au même moment quelqu’un sonne. Ferrandi observe par le judas, et crie « Nous sommes faits ». Salan était pris au piège, et avant que ses gardes du corps ne puissent réagir, postés devant l’immeuble, les policiers prennent rapidement position en sortant des véhicules blindés. Le chef de l’OAS est bel et bien tombé dans un piège.


* [[Fichier:Ordre Royal du Cambodge GC ribbon.svg|50px]] [[Ordre royal du Cambodge|Grand-croix de l'Ordre royal du Cambodge]] ;
Une heure plus tard, [[Alger]] apprend par un communiqué de la délégation générale, que Salan a été arrêté lors d'une banale et routinière recherche d’émetteur clandestin.


* [[Ordre royal du Cambodge|Ordre royal Muniseraphon]] du Cambodge
Nous savons maintenant que les services secrets ont, pendant plus d'un an, préparé prudemment des travaux d'approche et infiltré à l'échelon le plus haut de l'OAS, des agents comme Lavanceau (treize tentatives d'arrestation avaient été infructueuses auparavant).
* Médaille de la Défense nationale du Cambodge
* Mérite militaire Sena Jay Assed


==== {{Comores}} ====
Les Algérois refusèrent de croire à cette nouvelle, peu à peu les magasins de la ville se ferment, Radio-pirate OAS confirmera peu de temps après la nouvelle en ces termes : {{Citation|Salan reste l'âme et l'esprit de la résistance française. La lutte continue.}} <ref>L'arrestation de Salan : histoire pour tous {{n°|137}} : Pages 192/200 - septembre 1971 - Paul Hennisart</ref>


* [[Fichier:Ordre de l'Etoile d'Anjouan GC ribbon.svg|50px]] [[Ordre de l'Étoile d'Anjouan (France)|Grand-croix de l'Ordre de l'Étoile d'Anjouan]] (décoration coloniale)
=== Fin de sa vie ===


* [[Ordre de l'Étoile d'Anjouan (Comores)|Grand-croix de l'Ordre de l'Étoile des Comores]]
* De 1970 à 1974, publie ses mémoires couvrant la période 1918-1960 sous le titre : ''Fin d’un Empire'
* En 1975, publie ''Indochine Rouge, le message d’Hô Chi Minh''
* En 1982, à la suite de l’amnistie votée par le Parlement, est réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la [[Légion d'honneur]]
* Malade depuis le 10 mai 1984, il s’éteint le 3 juillet 1984 à l’hôpital d'instruction des armées du [[Val-de-Grâce]]. Il repose au cimetière de [[Vichy]]. L'inscription sur sa tombe<ref>''La Montagne'' (édition de Vichy), {{1er}} novembre 2010.</ref> porte seulement, en plus de son prénom, de son nom et des années de naissance et de mort, la mention : « Soldat de la Grande Guerre ».


== Décorations ==
==== {{États-Unis}} ====


* [[Fichier:Distinguished Service Cross ribbon.svg|50px]] [[Distinguished Service Cross (États-Unis)|Distinguished Service Cross]]
{|
|-
|[[Image:Legion Honneur GC ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Medaille militaire ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Croix de Guerre 1914-1918 ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Croix de Guerre 1939-1945 ribbon.svg|106px]]
|-
|[[Fichier:Croix de Guerre des Theatres d'Operations Exterieurs ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Croix de la Valeur Militaire ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Croix du Combattant Volontaire 1914-1918 ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Croix du Combattant (1930 France) ribbon.svg|106px]]
|-
|[[Fichier:Distinguished Service Cross ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Medaille d'Outre-Mer (Coloniale) ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Ordre de l'Etoile Noire GC ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Ordre du Dragon d'Annam (par l’Empereur d’Annam) Chevalier ribbon.svg|106px]]
|-
|[[Fichier:Ordre Royal du Cambodge GC ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Merite civil Tai .png|106px]]
|[[Fichier:Ordre du Dragon d'Annam (par le Gouvernement Francais) GC ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Ordre du Nichan Iftikhar GC ribbon (Tunisia).svg|106px]]
|-
|[[Fichier:Medaille de l'Aeronautique ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:World War I Victory Medal ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Medaille commemorative de la Guerre 1914-1918 ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Medaille commemorative de la Guerre 1939-1945 ribbon.svg|106px]]
|-
|[[Fichier:Medaille (Insigne) des Blesses Militaires ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Ruban de la Médaille commémorative de la campagne d'italie 1943-1944.PNG|106px]]
|[[Fichier:Medaille commemorative de la Campagne d'Indochine ribbon.svg|106px]]
|[[Fichier:Medaille commemorative des Operations de securite et de Maintien de l'ordre ribbon.svg|106px]]
|-
|}


==== {{Indochine française}} <small>(décoration coloniale)</small> ====
=== Décorations françaises ===

* [[Fichier:Ordre du Dragon d'Annam (par le Gouvernement Francais) GC ribbon.svg|50px]] [[Ordre du Dragon d'Annam|Grand-croix de l'Ordre du Dragon d'Annam]] (à titre militaire et aussi à titre civil)


* [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]]
- Chevalier le 5 avril 1922<br />
- Officier le 21 août 1940<br />
- Commandeur le 10 février 1945<br />
- Grand officier le 27 octobre 1948<br />
- Grand croix le 28 août 1952
* [[Médaille militaire]]
* [[Croix de guerre 1914-1918 (France)|Croix de guerre 14-18]] 1 citation
* [[Croix de guerre 1939-1945]] 8 citations
* [[Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs|Croix de guerre TOE]] 7 citations
* [[Croix de la Valeur militaire]] 1 citation
* [[Croix du combattant volontaire]] 1914-1918
* [[Croix du combattant]]
* [[Médaille coloniale]] agrafe EXTREME ORIENT
* [[Ordre de l'Étoile noire]] Grand Croix
* [[Ordre du Dragon d'Annam]] Grand Croix à titre militaire
* [[Ordre royal du Cambodge]] Grand Croix
* [[Ordre du Million d’Éléphants et du Parasol blanc]] Grand Croix
* [[Ordre du Mérite civil Taï]] Grand Croix
* [[Ordre du Dragon d'Annam]] Grand Croix à titre civil
* [[Nichan Iftikhar|Ordre du Nichan Iftikhar]] Grand Croix
* [[Ordre royal du Cambodge]] Officier
* [[Ouissam alaouite]] Grand Croix
* [[Ordre de l'Étoile d'Anjouan (France)|Ordre de l'Étoile d'Anjouan]] Grand Croix
* Étoile des Comores Grand Croix
* [[Médaille de l'Aéronautique]]
* Ordre royal Muniseraphon du Cambodge
* Croix de la bravoure vietnamienne 1 citation
* Médaille de la Défense nationale du Cambodge
* [[Médaille commémorative de Syrie-Cilicie]]
* Ordre du mérite syrien
* [[Médaille interalliée 1914-1918]]
* [[Médaille commémorative de la guerre 1914-1918]]
* [[Médaille commémorative de la guerre 1939-1945]] avec agrafes AFRIQUE, ITALIE, FRANCE, ALLEMAGNE
* [[Insigne des blessés militaires]]
* Ordre du Mérite militaire d'Annam
* Ordre du Mérite militaire d'Annam

==== {{Protectorat français du Laos}}<small>(décoration coloniale)</small> ====

* [[Fichier:LAO Order of the a Million Elephants and the White Parasol - Grand Cross BAR.svg|sans_cadre|50x50px]] [[Ordre du Million d’Éléphants et du Parasol blanc|Grand-croix de l'Ordre du Million d’Éléphants et du Parasol blanc]]
* Ordre du Règne du roi Savang Vatthana
* Ordre du Règne du roi Savang Vatthana

==== {{Protectorat français au Maroc}} <small>(décoration coloniale)</small> ====

* [[Fichier:MAR Order of the Ouissam Alaouite - Grand Cross (1913-1956) BAR.png|50px]] [[Ouissam alaouite|Grand-croix de l'Ordre du Ouissam alaouite]]

==== {{Royaume-Uni}} ====
* [[Fichier:Order of the British Empire (Military) Ribbon.svg|sans_cadre|50x50px]] [[ordre de l'Empire britannique|Commandeur honoraire de l'Ordre de l'Empire britannique]], à titre militaire

==== {{Syrie}} ====
* [[Fichier:CivilMerit.Syria.png|50px]] [[Ordre du Mérite civil (Syrie)|Ordre du mérite Syrien]]

==== {{Protectorat français de Tunisie}}<small>(décoration coloniale)</small> ====
* [[Fichier:Ordre du Nichan Iftikhar GC ribbon (Tunisia).svg|50px]] [[Nichan Iftikhar|Grand-croix Ordre du Nichan Iftikhar]]

==== {{Viêt Nam}} ====

* [[Fichier:Barrette de Grand Croix du Merite civil Tai .png|sans_cadre|50x50px]] [[Ordre du Mérite civil Taï|Grand-croix de l'Ordre du Mérite civil Taï]]
* [[Fichier:Vietnamese Gallantry Cross ribbon.svg|sans_cadre|51x51px]] [[Croix de la Vaillance (Viêt Nam)|Croix de la bravoure vietnamienne]] 1 citation
* Ordre du Mérite Militaire Thaï (1950-1954)
* Ordre du Mérite Militaire Thaï (1950-1954)
* [[Fichier:Republic of Vietnam Campaign Medal ribbon, with 60- clasp.svg|sans_cadre|51x51px]] [[Médaille de la campagne du Viêt Nam]]
* [[Médaille commémorative de la campagne d'Italie 1943-1944]]
* [[Médaille commémorative de la campagne d'Indochine]]
* [[Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord]] avec agrafe ALGÉRIE


=== Décorations étrangères ===
=== Hommages ===
Le {{date-|4|mars|2001}}, la ville de [[Toulon]], dirigée par [[Jean-Marie Le Chevallier]], maire issu du [[Front national (parti français)|Front national]], baptise un carrefour Général Raoul Salan - Libérateur de Toulon - le {{date-|26 août 1944}}. En 2005, la municipalité dirigée par [[Hubert Falco]], issu de l'[[Union pour un mouvement populaire]], renomme le carrefour en Colonel Salan - Libération de Toulon - août 1944<ref>[http://www.cuverville.org/spip.php?page=print-breve&id_breve=78706 Le carrefour Salan, débaptisé, devient carrefour Salan], www.cuverville.org, 29 juin 2005.</ref>.


Il existe une avenue du Général-Salan à [[Marignane]] ([[Bouches-du-Rhône]]), une rue du Général-Salan à [[Blotzheim]] ([[Haut-Rhin]]) et une rue Colonel-Salan à [[Solliès-Ville]] ([[Var (département)|Var]]).
* [[Distinguished Service Cross (États-Unis)|Distinguished Service Cross]]
* Commandeur de l'[[Ordre de l'Empire britannique]]
* Campagne du Vietnam (Thaïlande)
* Mérite Militaire Sena Jay Assed (Cambodge)
[[Image:Salanb10.jpg|thumb|100px|right|Décorations du [[Général]] Raoul Salan]]


Une place du Général-Raoul-Salan a existé à [[Saint-Seurin-sur-l'Isle]] ([[Gironde (département)|Gironde]]) entre 2006 et 2020, à l'initiative du maire [[Marcel Berthomé]], vétéran de la Seconde Guerre mondiale et des guerres d'Indochine et d'Algérie<ref>{{Article|langue=fr-FR|prénom1=Jean-Charles|nom1=Galiacy|titre=Quand Saint-Seurin célèbre le chef de l’OAS|périodique=Sud Ouest|date=2013-06-04|issn=1760-6454|lire en ligne=https://www.sudouest.fr/gironde/saint-seurin-sur-l-isle/quand-saint-seurin-celebre-le-chef-de-l-oas-8602195.php|consulté le=}}.</ref>. Le 14 octobre 2020, la nouvelle équipe municipale dirigée par son ancienne adjointe Eveline Lavaure-Cardona, SE-DVG, a renommé le lieu Square William-James Jackson, détruisant dans l'élan les deux stèles qui y étaient apposées.
== Bibliographie ==
Œuvres de Raoul Salan :
* ''Mémoires Fin d’un empire'' (4 volumes), Éditions Presses de la Cité, 1970-74
** ''Le sens d’un engagement'', 1970
** ''Le Viêt-minh mon adversaire'', 1971
** ''Algérie française'', 1972
** ''L'Algérie de Gaulle et moi'', 1974


Raoul Salan est nommé caporal-chef d'honneur de la Légion étrangère.
Œuvres consacrées à Raoul Salan :
* [[Bob Maloubier]], ''Bazooka - La confession de Philippe Castille'', éditions Filipacchi, 1988
* Pierre Pellissier, ''Salan. Quarante années de commandement'', éditions Perrin, 2014


== Hommages ==
== Notes et références ==
{{ références | références=
Le {{date|4|mars|2001}}, la ville de [[Toulon]], dirigée par [[Jean-Marie Le Chevallier]], maire issu du [[Front national (parti français)|Front national]], baptise un carrefour Général Raoul Salan - Libérateur de Toulon - le 26 août 1944. En 2005, la municipalité dirigée par [[Hubert Falco]], issu de l'[[Union pour un mouvement populaire]], renomme le carrefour en Colonel Salan - Libération de Toulon - août 1944<ref>[http://www.cuverville.org/spip.php?page=print-breve&id_breve=78706 Le carrefour Salan, débaptisé, devient carrefour Salan], www.cuverville.org, 29 juin 2005</ref>.


<ref name="18novembre2004_Raphaëlle_BRANCHE">{{Lien web | langue=en
Il existe une avenue du Général-Salan à [[Marignane]] ([[Bouches-du-Rhône]]), une rue du Général-Salan à [[Blotzheim]] ([[Haut-Rhin]]), une place Général-Salan à [[Saint-Seurin-sur-l'Isle]] ([[Gironde (département)|Gironde]]) et une rue Colonel-Salan à [[Solliès-Ville]] ([[Var (département)|Var]]).
| auteur1=Lucy Garnier
| url = https://web.archive.org/web/20071020184243/http://www.mfo.ac.uk/Publications/comptesrendus/branche.htm
| titre = The French Army and the Torture during the Algerian War (1954-1962), by Raphaëlle Branche
| traduction titre = L'Armée française et la torture pendant la guerre d'Algérie (1954-1962), par Raphaëlle Branche
| description = Compte-rendu de conférence
| lieu = Maison Française d'Oxford
| jour = 18 | mois = novembre | année = 2004 | consulté le =8 août 201}}.</ref>


}}
Raoul Salan est nommé [[Liste de personnalités ayant servi à la Légion étrangère|caporal-chef d'honneur de la Légion étrangère]].


== Références ==
== Ouvrages ==
* ''Mémoires Fin d’un empire'' (4 volumes), Éditions Presses de la Cité, 1970-74.
<references />
** ''Le sens d’un engagement'', 1970.
** ''Le Viêt-minh mon adversaire'', 1971.
** ''Algérie française'', 1972.
** ''L'Algérie de Gaulle et moi'', 1974.

== Bibliographie ==
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Angelelli|auteur2=Bernard Zeller|illustrateur=archives des auteurs|titre=Salan|lieu=Grez-sur-Loing (France)|éditeur=Pardés|collection=Qui suis-je|année=2016|isbn=}}.
* [[Alain de Benoist]], ''Salan devant l'opinion'', Paris, Saint-Just, 1963.
* {{Article |langue=fr |auteur1= |prénom1= Louis|nom1=Garros |titre=Le cas Raoul Salan |périodique=Historama |lieu=Saint-Ouen |éditeur=Chaix-Desfossé-Néogravure |numéro=204 |mois=octobre |année=1968 |pages=12-33 |consulté le=10 septembre 2016 }}.
* [[Bob Maloubier]], ''Bazooka - La confession de Philippe Castille'', éditions Filipacchi, 1988.
* Pierre Pellissier, ''Salan. Quarante années de commandement'', éditions Perrin, 2014.
*Max Schiavon, ''Le général Salan, défenseur de l'empire'', Etai, 2014.


== Voir aussi ==
== Annexes ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Centre d'instruction à la pacification et à la contre-guérilla]]
* [[Centre d'instruction à la pacification et à la contre-guérilla]]
Ligne 312 : Ligne 291 :


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{autorité}}
* {{Autorité}}
* {{Bases}}
* {{Dictionnaires}}
* [http://www.salan.asso.fr/ Association des amis de Raoul Salan]
* [http://www.salan.asso.fr/ Association des amis de Raoul Salan]
* [http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=219 Raoul Salan, un général colonial par Madeleine Rebérioux]
* [http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=219 Raoul Salan, un général colonial par Madeleine Rebérioux]
* [http://www.saint-cyr.org/cyr-3250.php?ArtID=241&ID=113 Promotion La Fayette Saint Cyr 1917-1918]
* [http://www.saint-cyr.org/cyr-3250.php?ArtID=241&ID=113 Promotion La Fayette Saint Cyr 1917-1918]
* [http://www.villedoran.com/p64.html Procès du Général Salan: Déclaration de Raoul Salan]


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Raoul Salan
Raoul Salan le 14 mai 1958.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Raoul Albin Louis SalanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom officiel
Raoul Albin Louis SalanVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnoms
Le Mandarin, Le ChinoisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Formation
École spéciale militaire de Saint-Cyr ( - )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
MilitaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Père
Louis Salan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Enfant
Dominique Salan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Arme
Grade militaire
Conflits
Distinctions
Liste détaillée
Archives conservées par
Service historique de la Défense (DE 2016 PA 72, GR 14 YD 1219)[1],[2]Voir et modifier les données sur Wikidata

Raoul Salan, né le à Roquecourbe (Tarn)[3] et mort le à Paris, est un général français, grand-croix de la Légion d'honneur et médaillé militaire.

Appelé le général le plus décoré de l'armée française[4], son état de service porte de à , année où il prend sa retraite.

Au cours de la Première Guerre mondiale, il s'engage en août 1917 et combat dans le 5e régiment d'infanterie coloniale (5e RIC). Après la guerre, il sert dans l'armée du Levant en 1921, où il est gravement blessé en Syrie en octobre, puis presque sans interruption en Indochine de 1924 à 1937. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'illustre notamment comme colonel à la tête du 6e régiment de tirailleurs sénégalais (6e RTS) lors de la libération de Toulon en août 1944. Promu général de division en 1947, il est nommé commandant supérieur des troupes en Extrême-Orient en 1948. Après la mort du maréchal de Lattre, il lui succède comme commandant en chef des forces françaises en Indochine en janvier 1952, poste qu'il quitte en mai 1953, après avoir été fait grand-croix de la Légion d'honneur en août 1952. Général d'armée, il est nommé en novembre 1956 commandant interarmées en Algérie, où il échappe à un attentat perpétré par des partisans de l'Algérie française en janvier 1957. Après le coup d'État du 13 mai 1958, il entre en contact avec le général de Gaulle qui, après son retour au pouvoir, le nomme délégué général du gouvernement en Algérie en juin 1958. Il est décoré de la médaille militaire en juillet suivant. Remplacé par le général Challe en décembre 1958, il devient gouverneur militaire de Paris en 1959.

Partisan de l'Algérie française, il participe au putsch des généraux à Alger en puis devient le chef de l'Organisation armée secrète (OAS), qui lutte pour le maintien du statu quo de l'Algérie française.

Condamné à mort par contumace le et arrêté à Alger le , sa peine est commuée en détention à vie le . Il est amnistié en et réhabilité en .

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Fils de Jouis Théophile Arthur Salan, employé des contributions indirectes et de Emma Maria Emilie Roucayrols, Raoul Albin Louis Salan naît le 10 juin 1899 à Roquecourbe, dans la demeure de son grand-père, Louis Roucayrols[3].

Il passe à Roquecourbe une enfance paisible, à la campagne. Son père ayant accepté un poste de fonctionnaire à Nîmes comme chef de poste des contributions indirectes, il est élève du lycée de Nîmes et obtient une bourse nationale. Il entre à Saint-Cyr avec une dispense d'âge en 1917.

Alors qu'il revient en métropole en avril 1937 avec son fils ainé Victor, né hors mariage le à Muong-Sing (Laos)[5], sur le paquebot Chenonceaux, Raoul Salan fait la connaissance de Lucienne Bouguin[6], une fille d'hôteliers de Vichy, alors séparée de son mari plus âgé, un administrateur colonial[6]. Salan l'épouse le 14 mars 1939 à Paris 7e[3], à presque 40 ans. Le couple a deux enfants, Hugues (né le à Dakar, Sénégal, qui meurt un an plus tard, le , à Alger) et Dominique[7] (née le à Hanoï). Cette dernière a été rapatriée en France en septembre 1946, sur le paquebot Maréchal Joffre.

Son frère, Georges Salan, ancien résistant et militant communiste, médecin de profession[8], voit son cabinet nîmois plastiqué par un commando de l'OAS[9],[10], le [11].

Selon sa fille, les modèles du général Salan sont le général Charles Mangin et le maréchal Joseph Gallieni[12].

Première Guerre mondiale (1917-1918)[modifier | modifier le code]

Engagé pour la durée de la guerre le , il est admis à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr le dans la promotion La Fayette. Sorti aspirant le , il est affecté au 5e régiment d’infanterie coloniale (RIC) à Lyon le .

Chef de section à la 11e compagnie, il participe aux combats dans la région de Verdun (Saint-Mihiel, Les Éparges, Fort de Bois-Bourru, Côte de l’Oie, Cumières-le-Mort-Homme). Il est cité à l’ordre de la brigade par l’ordre en date du .

Entre-deux-guerres (1919-1939)[modifier | modifier le code]

Il est affecté à l’armée d’occupation en Allemagne jusqu’en , puis il retourne à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr le . Il est nommé sous-lieutenant à titre définitif le et affecté au régiment d’infanterie coloniale du Maroc (actuel régiment d'infanterie-chars de marine), à Landau, dans le sud-ouest de l'Allemagne, le .

Sur sa demande, il est envoyé au Levant au 17e régiment de tirailleurs sénégalais (RTS), en tant que chef de poste à Radjou, en Syrie mandataire sur la frontière avec la Turquie. Il est promu lieutenant le , grièvement blessé au combat d’Accham le 24 octobre 1921.

Il est à nouveau cité à l’ordre de l’armée et nommé chevalier de la Légion d'honneur[13], il est décoré sur son lit d’hôpital, à Alep, par le général Gouraud, haut-commissaire au Levant.

Il fait l'objet d'un rapatriement sanitaire le , est soigné à l’hôpital Sainte-Anne à Toulon, puis au Val-de-Grâce à Paris, est affecté pendant sa convalescence au 23e RIC à Paris et désigné sur sa demande pour l’Indochine le 2 janvier 1924.

Il est alors affecté au 3e régiment de tirailleurs tonkinois comme adjoint au chef de poste de Nguyen-Binh (en) (sur la RC4 au-delà de Cao Bang dans le haut-Tonkin) qu’il rejoint le . Détaché hors-cadre le 14 décembre 1924, il est délégué administratif du Commissaire du gouvernement chef de la province du Haut-Mékong, à Muong Sing, aux confins de la Chine, de la Birmanie et du Siam, du au . Après un retour en métropole du au , il assure, en position hors-cadre, l’intérim du Commissaire du Gouvernement, Lapeyronie, pour la province du Haut-Mékong, à Houei Sai. Il est promu capitaine le et retourne à Muong Sing en , rédige un Manuel de lecture de la langue « Lu » et « Youne » avec traduction correspondante en langue laotienne. Il quitte l’Indochine pour la métropole le .

Il prend le commandement de la Compagnie d'essais techniques le et participe avec cette unité à des manœuvres au Larzac au printemps 1934, puis est renvoyé en Indochine le , où il prend le commandement comme capitaine de la 6e compagnie du 19e régiment mixte d’infanterie coloniale tout en assumant les fonctions de délégué administratif de Dinh-Lap au Tonkin.

Avec son fils Victor[14], âgé de cinq ans, il revient le en métropole. Il est détaché au ministère des Colonies le 1er septembre 1937, comme adjoint au chef du 2e bureau (renseignement), est promu au grade de commandant le , devient chef du Service de renseignement intercolonial et est en relation quotidienne avec Georges Mandel, ministre des Colonies à partir d’. Il obtient alors le diplôme de Langues-Orientales en Thai et Laotien.

Il mène à l’automne 1939, après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, une mission secrète au Caire et à Khartoum d’aide à la résistance abyssine contre l’occupation de l’Éthiopie par les troupes italiennes, avec de faux papiers de journaliste du Temps.

Seconde Guerre mondiale (1939-1945)[modifier | modifier le code]

Il revient à Paris le . En janvier 1940, il prend la tête d’un bataillon du 44e régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais.

Le , Salan est avec son bataillon en première ligne sur la Somme lorsque les Allemands déclenchent leur offensive après l’encerclement et la défaite des forces françaises et britanniques dans la poche de Dunkerque. Il se replie sur ordre avec les restes de son bataillon en menant des actions retardatrices sur la Seine puis sur la Loire.

Il est cité deux fois à l’ordre du régiment par ordres des et , puis à l’ordre de l’armée et promu officier de la Légion d'honneur le .

Il est ensuite détaché à l’état-major général des Colonies, au Secrétariat d’État aux Colonies à Vichy, le . Il est promu lieutenant-colonel le .

Il est désigné pour servir en Afrique-Occidentale française (AOF) le . Le 8 mars 1942 après un séjour à Alger, il rejoint Dakar où il est affecté comme chef du 2e bureau (renseignements) à l’état-major du général Barrau, commandant supérieur en AOF. En sa compagnie, il effectue une tournée du Sénégal, du Soudan français et de la Guinée. Il rédige avec son équipe et celle du 3e bureau une « Instruction sur la conduite de la guerre sur les arrières de l’ennemi » diffusée jusqu’à l’échelon de la compagnie. En décembre 1942, il rallie ouvertement la cause alliée[15]. Il est promu colonel le .

Il est désigné pour continuer ses services en Afrique du Nord et arrive à Alger le 31 août 1943 où il est affecté au 2e bureau de l’état-major de l’armée de terre, chargé de l’action psychologique et de la direction du journal Combattant 43 dont l’un des collaborateurs est le peintre André Hambourg. Évincé de son poste par André Le Troquer, commissaire à la Guerre et à l’Air, pour avoir refusé de publier le compte rendu d’une conférence de celui-ci critiquant les cadres de l’armée de 1939-1940, il est mis à la disposition de la 9e division d’infanterie coloniale (DIC) sous les ordres du général Magnan le .

Il prend le commandement du 6e régiment de tirailleurs sénégalais (RTS), en Corse, le . Il rencontre pour la première fois à Bastia, le , le général de Lattre de Tassigny qui a demandé à voir le 6e RTS et son colonel.

Il participe au débarquement de Provence à la tête de son régiment avec lequel il débarque le au matin sur la plage de La Nartelle dans le Var. Il atteint Toulon le , après six jours de combats intenses sur l’axe Solliès-Pont, La Farlède, La Valette-du-Var et Toulon. Le 6e RTS déplore 587 tués, blessés et disparus. Une citation à l’ordre de l’armée rend hommage à ces actions[16].

Il quitte Toulon le avec son régiment reconstitué par incorporation d'éléments des Forces françaises de l'intérieur (FFI) qui « blanchissent » progressivement le régiment. Par note du 13 octobre 1944, le 6e RTS devient le 6e régiment d’infanterie coloniale (RIC).

Le , le 6e RIC démantèle la résistance allemande dans la poche du Doubs. Le , le régiment est à Blotzheim, dans le sud du Haut-Rhin, alors que les Allemands tiennent de solides têtes de pont sur la rive française du Rhin ; par la suite, il libère Village-Neuf, Huningue, Loechle et l’usine hydroélectrique de Kembs.

Il est appelé au commandement de l’infanterie de la 9e DIC. Raoul Salan est promu général de brigade le . Il a 45 ans. Il participe à la réduction de la poche de Colmar à la fin de Seconde Guerre mondiale : janvier et au début de . Il est cité à l’ordre de l’Armée et promu commandeur de la Légion d'honneur.

Raoul Salan défilant sur les Champs-Élysées à la tête de la 14e division d'infanterie, le 18 juin 1945.

Le 20 février 1945, il prend le commandement de la 14e division d’infanterie, l’ancienne division du général de Lattre reconstituée à partir d’unités issues des FFI et de FTP (Francs tireurs et partisans), dont la brigade Alsace-Lorraine aux ordres d’André Malraux. Il termine la guerre sur le front européen près de Donaueschingen dans la Forêt-Noire.

Il est cité deux fois à l’ordre de l’Armée, les et pour son action à la tête du 6e RIC et à la tête de l’infanterie de la 9e DIC.

Guerre d'Indochine (1945-1954)[modifier | modifier le code]

Arrivée du général Blaizot à Saïgon. De gauche à droite : le général de Perier, le général Salan, le général Blaizot et l'amiral Battet.

En , il fait son retour en Indochine en tant que commandant des forces françaises de Chine et d’Indochine du Nord sous les ordres de Leclerc. En novembre 1945, il est dans Hanoï, occupé par les Chinois. Il se rend à Kunming pour reformer les troupes françaises échappées au coup de force japonais du 9 mars 1945. En janvier 1946, il participe aux négociations concernant le départ des troupes chinoises, du Tonkin. En , il fait la connaissance d'Hô Chi Minh et participera aux négociations avec lui à Đà Lạt en avril-mai 1946. En juillet-septembre 1946, il accompagne Hô Chi Minh aux négociations de Fontainebleau. Il commande les troupes françaises dans le Nord du Viêt-Nam en mai 1947. Le , il devient général de division. De février à avril 1948, il assure l'intérim du général Valluy remplacé par le général Blaizot comme commandant en chef en Indochine. Son adjoint est Pierre-Étienne de Perier. Du au , il est adjoint militaire du général de Lattre de Tassigny, haut commissaire en Indochine, et devient aussi gouverneur de Cochinchine en 1951-1952, après l'assassinat du général Chanson. Le , il devient général de corps d'armée.

Du au , date à laquelle il est remplacé par Henri Navarre, il est commandant en chef en Indochine. Il mène avec succès la bataille de Na San face à un ennemi très supérieur en nombre. Selon l’historienne Raphaëlle Branche, il y développe une théorie de lutte contre-insurrectionnelle qui inclut l'usage de la torture[17]. Il y crée des dispositifs opérationnels de protection qui sont des équipes mixtes (militaires, gendarmes, policiers) de recherche du renseignement par la torture[18]. Entre juin et octobre 1954, il est adjoint militaire du général Ély, haut commissaire en Indochine En désaccord avec le général Ély, il demande et obtient son rappel en France le 20 septembre. Le 9 octobre, il quitte l'Indochine et est remplacé par le général Pierre-Élie Jacquot.

Guerre d'Algérie (1956-1958)[modifier | modifier le code]

Après un intermède parisien de à , le général Salan est nommé, le , commandant supérieur Interarmées de l'Algérie (10e région militaire) en remplacement du général Henri Lorillot. Il prend ses fonctions à Alger le .

Développement de l'usage de la torture[modifier | modifier le code]

Après avoir théorisé l'usage de la torture lors de la guerre d'Indochine, Raoul Salan applique sa théorie en Algérie[17]. En 1957, il recrée des dispositifs opérationnels de protection (équipes mixtes de militaires, gendarmes et policiers) de recherche du renseignement par la torture[19],[20],[21].

Attentat au bazooka (1957)[modifier | modifier le code]

Le , un attentat au bazooka est commis contre Raoul Salan par l'ORAF, il coûte la vie au commandant Rodier. Les auteurs de l'attentat étaient les « contre-terroristes » Philippe Castille et Michel Fechoz. Le commanditaire, René Kovacs, un médecin algérois militant pour l'Algérie française, voulait remplacer Salan par le général René Cogny, le premier étant perçu comme « le bradeur de l'Indochine » — et donc de l'Algérie — au même titre que Pierre Mendès France.

Castille mit en cause des personnalités de premier plan, Michel Debré et Jacques Soustelle, respectivement sénateur et député gaullistes ainsi que le député Pascal Arrighi (RRRS), mais sans apporter de preuves. L'enquête n'aboutit pas. La fuite de René Kovacs en Espagne à l'aube de son procès l'indignera particulièrement.

Crise de mai 1958[modifier | modifier le code]

Le , après la mise à sac du bâtiment de la Délégation générale en Algérie par des manifestants, il donne son accord au général Massu pour que celui-ci entre dans le Comité de salut public (1958) alors formé à Alger. Dans la soirée, le président du Conseil démissionnaire, Félix Gaillard, lui confirme de nouveau la délégation des pouvoirs civils et militaires en Algérie. Dans la nuit, Pierre Pflimlin, qui vient d'être investi président du Conseil par l'Assemblée nationale, confirme cette délégation.

Le , Raoul Salan termine, devant une foule rassemblée à Alger, un discours par « Vive la France ! Vive l’Algérie française ! » puis, poussé par le gaulliste Léon Delbecque, il ajoute « Vive de Gaulle ! ». Cette intervention contribue au retour du général de Gaulle, qui est nommé président du Conseil le 29 mai et investi par l'Assemblée nationale le 1er juin.

Le , Raoul Salan reçoit du général de Gaulle la charge et les attributions de délégué général du gouvernement en Algérie cumulées avec celles de commandant en chef des forces en Algérie. Il organise notamment le référendum constitutionnel de septembre 1958 et les élections législatives de novembre suivant. L'emprise sur ces élections de l'autorité militaire, qui favorise certains candidats, est notamment un point de désaccord avec de Gaulle.

Le , Paul Delouvrier est nommé délégué général, et le lendemain, le général Maurice Challe succède au général Salan comme commandant en chef ayant reçu délégation de pouvoirs du gouvernement. De Gaulle, en désaccord avec Salan sur la stratégie à mener en Algérie et voulant réaffirmer l'autorité civile face à l'autorité militaire, le nomme comme inspecteur général de la Défense nationale, poste honorifique[22] puis gouverneur militaire de Paris le [23].

Le général Salan quitte le service actif le .

Il s’installe à Alger avec sa famille le .

Le , de passage à Paris, il se voit notifier l'interdiction de retourner à Alger.

Le , il donne une conférence de presse à l'hôtel de la gare d’Orsay pour réaffirmer son attachement à l’Algérie française.

À la fin du mois d’octobre 1960, menacé d’arrestation, il s'enfuit en Espagne franquiste.

Évolution de la relation entre Salan et De Gaulle[modifier | modifier le code]

Il est intéressant de noter la progression de la relation entre les deux hommes entre le et le , date à laquelle Salan se voit attribuer les fonctions d’inspecteur général de la Défense et la fin de la mission de délégué général et commandant en chef des Forces en Algérie[24].

  •  : lettre du général De Gaulle à Salan de 404 mots, se terminant par « Soyez, mon cher Salan, bien assuré de mes sentiments de confiance profonde et de sincère amitié. », le texte contenant 4 fois le nom du général Salan lui conférant un ton très personnel, il est intéressant de noter l'insistance sur le mot « cessez-le-feu » et l'utilisation de superlatifs comme « très » à chaque fois qu'une nuance négative se dessine, le ton du courrier restant largement positif.
  •  : lettre du général De Gaulle à Salan de 361 mots, se terminant par « À bientôt donc, mon cher Salan. Croyez-moi votre bien cordialement dévoué. », pour la première fois l'intention de mettre fin au poste du général Salan est évoquée, se basant sur le besoin exprimé de mettre en place un effort économique et administratif plus que militaire. Le ton change déjà de façon perceptible.
  •  : lettre du général De Gaulle à Salan de 212 mots lui signalant l'éviction de son poste, se terminant par « Veuillez croire, mon cher général, à mes sentiments bien cordiaux. », le ton étant sec et formel.

Passant de rapports de « sincère amitié » à des « sentiments cordiaux » avec sa hiérarchie, en moins de trois mois le général Salan passe d'un poste hautement opérationnel à un poste purement honorifique.

Putsch des généraux et OAS (1961-1962)[modifier | modifier le code]

Partisan de l'Algérie française, Salan dirige l'OAS après l'échec du putsch des généraux en 1961. Il est condamné à mort par contumace le 11 juillet 1961. Il est arrêté à Alger le , après un an de clandestinité, et condamné à la détention à perpétuité le . Il est libéré par grâce présidentielle à la suite des événements de mai 1968.

Amendement Salan[modifier | modifier le code]

Le , durant le putsch d'Alger, il adresse un communiqué radio visant à mobiliser huit classes d’Algériens et de reconstituer les Unités territoriales (UT) dissoutes après la « Semaine des barricades » de janvier 1960. Le , entre-temps devenu chef de l’OAS, il envoie une lettre aux parlementaires reformulant sa demande d'avril.

Arrestation de Salan[modifier | modifier le code]

Conscient que la partie sur le terrain était jouée, refusant de fuir au Portugal comme on le lui conseillait, Salan dira que son départ d’Algérie aurait porté aux Européens d'Algérie un coup dont ils ne se seraient plus relevés. Il lui restait une dernière carte à jouer, afin de renverser l'équilibre des forces, une alliance avec le rival et ennemi du FLN, c'est-à-dire le Mouvement national algérien (MNA) dirigé par Messali Hadj.

L'OAS veut maintenir l'autorité des Français[25]. Les messalistes réclament l'indépendance sous certaines conditions dictées par eux, mais admettent la possibilité pour les Européens de rester sur le territoire et de participer au développement de l'économie algérienne. Ce qui est important, c’est que les deux fronts craignent le FLN pour son intransigeance.

Messali Hadj refuse tout contact avec le parti qu'il appelle « Organisation fasciste ». Alors, Salan découragé adresse une lettre à un groupe de messalistes dissidents, le FAAD (Front algérien d'action démocratique).

Le 20 avril 1962, Salan descend de son appartement situé au cinquième étage et se rend à son bureau qui se trouve au rez-de-chaussée du même immeuble, c’est-à-dire au 25 rue Desfontaines où il avait rendez-vous avec Jacques Achard, alias Alpha, chef de l’OAS du secteur Orléans-Marine, lui-même chargé de rencontrer le FAAD.

Une Peugeot noire remonte le boulevard Saint-Saëns, tourne dans la rue Desfontaines et s’arrête. Les gardes du corps de Salan attendent dans une 403 grise dans cette même rue, voient un véhicule dans le rétroviseur, mais pensent qu’il s’agit du commando Delta. Le quartier est encerclé, Jean-Marie Lavanceau (agent infiltré) frappe à la porte du bureau. Salan, Jean Ferrandi et une troisième personne sont à l’intérieur. Lavanceau demande où se trouvent les toilettes, et au même moment quelqu’un sonne. Ferrandi observe par le judas, et crie « Nous sommes faits ». Salan était pris au piège, et avant que ses gardes du corps postés devant l’immeuble ne puissent réagir, les policiers prennent rapidement position en sortant des véhicules blindés. Le chef de l’OAS est bel et bien tombé dans un piège.

Une heure plus tard, Alger apprend par un communiqué de la délégation générale, que Salan a été arrêté lors d'une banale et routinière recherche d’émetteur clandestin.

Nous savons maintenant que les services secrets ont, pendant plus d'un an, préparé prudemment des travaux d'approche et infiltré à l'échelon le plus haut de l'OAS, des agents comme Lavanceau (treize tentatives d'arrestation avaient été infructueuses auparavant).

Peu à peu, les magasins de la ville se ferment. Radio-pirate OAS confirme la nouvelle en ces termes : « Salan reste l'âme et l'esprit de la résistance française. La lutte continue[26]. » Le général Salan est remplacé par le général Paul Gardy, qui est le dernier chef militaire de la branche Algérie de l'OAS[27].

Procès et emprisonnement[modifier | modifier le code]

Le procès de Salan s'ouvre le . L’accusé est défendu par maître Tixier-Vignancour. Après avoir revendiqué ses responsabilités à la tête de l’OAS, Salan est condamné, le 23 mai, par le Haut Tribunal militaire, à la peine de détention criminelle à vie. Ce verdict est considéré par de Gaulle — qui souhaitait que Salan fût fusillé — comme trop clément, ce qui le conduit à dissoudre le tribunal le , alors que le général Jouhaud avait été condamné à mort par le même tribunal le précédent.

Salan est transféré le , en même temps que le général Jouhaud, à la prison de Tulle, où sont incarcérés les officiers généraux et supérieurs impliqués dans les combats pour l’Algérie française.

Le 29 mai 1968, le général de Gaulle, dont le pouvoir vacille en raison des événements de mai 68, se rend secrètement à Baden Baden et négocie le soutien des militaires avec le général Massu. Le , Salan, dernier occupant de la prison de Tulle, est gracié[28].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Sépulture au cimetière de Vichy.

Entre 1970 et 1974, il publie ses Mémoires couvrant la période 1918-1960, sous le titre Fin d’un Empire. En 1975, il publie Indochine Rouge, le message d’Hô Chi Minh.

À la suite de l’amnistie votée par le Parlement en 1982, il est réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la Légion d'honneur.

Malade à partir de , il meurt le à l’hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Il repose au cimetière de Vichy. L'inscription sur sa tombe[29] porte seulement, en plus de son prénom, de son nom et des années de naissance et de mort, la mention : « Soldat de la Grande Guerre ».

Distinctions et honneurs[modifier | modifier le code]

Décorations françaises[modifier | modifier le code]

Décorations du Général Raoul Salan.

(Nota : la médaille militaire se porte en avant la LH pour les officiers généraux ayant commandé au front, attention selon La Grande Chancellerie aucun texte officiel n'existe et il s'agit d'une simple habitude)

Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

Drapeau du Bénin Bénin[modifier | modifier le code]

Drapeau du Cambodge Protectorat français du Cambodge (décoration coloniale)[modifier | modifier le code]

Drapeau des Comores Comores[modifier | modifier le code]

Drapeau des États-Unis États-Unis[modifier | modifier le code]

Drapeau de l'Indochine française Indochine française (décoration coloniale)[modifier | modifier le code]

  • Ordre du Mérite militaire d'Annam

Protectorat français du Laos (décoration coloniale)[modifier | modifier le code]

Drapeau du Maroc Protectorat français au Maroc (décoration coloniale)[modifier | modifier le code]

Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

Drapeau de la Syrie Syrie[modifier | modifier le code]

Protectorat français de Tunisie (décoration coloniale)[modifier | modifier le code]

Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Viêt Nam[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Le , la ville de Toulon, dirigée par Jean-Marie Le Chevallier, maire issu du Front national, baptise un carrefour Général Raoul Salan - Libérateur de Toulon - le . En 2005, la municipalité dirigée par Hubert Falco, issu de l'Union pour un mouvement populaire, renomme le carrefour en Colonel Salan - Libération de Toulon - août 1944[30].

Il existe une avenue du Général-Salan à Marignane (Bouches-du-Rhône), une rue du Général-Salan à Blotzheim (Haut-Rhin) et une rue Colonel-Salan à Solliès-Ville (Var).

Une place du Général-Raoul-Salan a existé à Saint-Seurin-sur-l'Isle (Gironde) entre 2006 et 2020, à l'initiative du maire Marcel Berthomé, vétéran de la Seconde Guerre mondiale et des guerres d'Indochine et d'Algérie[31]. Le 14 octobre 2020, la nouvelle équipe municipale dirigée par son ancienne adjointe Eveline Lavaure-Cardona, SE-DVG, a renommé le lieu Square William-James Jackson, détruisant dans l'élan les deux stèles qui y étaient apposées.

Raoul Salan est nommé caporal-chef d'honneur de la Légion étrangère.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/SHDDE_REP_2016PA72_fonds%20Salan.pdf » (consulté le )
  2. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  3. a b et c Roquecourbe naissance 1899-1902, cote 4 E 227/20, image 8/56, acte N°21.
  4. « Raoul Salan, qu'on appellera plus tard le général le plus décoré de l'armée française... », Alain Gandy, Salan, Perrin, 1990, p. 17.
  5. « Raoul Salan : un engagement au service de la France », sur salan.asso.fr.
  6. a et b Pierre Pellissier, Salan : Quarante années de commandement, Paris, Perrin, (lire en ligne).
  7. Elle épouse François-Xavier Sorlot, fils de l'éditeur Fernand Sorlot, en 1969 et divorce en 2002.
  8. Notice dans le Maitron.
  9. Chester W. Obuchowski, Mars on Trial: war as seen by French writers of the twentieth century, Madrid, Porrúa Turanzas, 1978, p. 277.
  10. Paul Henissart, Wolves in the City: the death of French Algeria, New York, Simon and Schuster, 1970, p. 421.
  11. « Attentat au domicile nîmois du frère du général Salan », sur lemonde.fr, .
  12. OAS : une Histoire Interdite, François Margolin et Georges-Marc Benamou, Margo Films-E Siècle-Odyssée, 2003.
  13. Journal officiel du .
  14. Victor, Georges, Marie, né le 23 mars 1932, chevalier de la Légion d'honneur le , puis officier le au titre de l'armée de terre.
  15. Roger Faligot, Jean Guisnel et Rémi Kauffer, Histoire politique des services secrets français, La Découverte, 2013, p. 178.
  16. Myron J. Echenberg (trad. de l'anglais), Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, 1857-1960, Paris/Dakar, Crepos-Karthala Editions, , 348 p. (ISBN 978-2-8111-0297-5, lire en ligne), p. 173.
  17. a et b (en) Lucy Garnier, « The French Army and the Torture during the Algerian War (1954-1962), by Raphaëlle Branche » [« L'Armée française et la torture pendant la guerre d'Algérie (1954-1962), par Raphaëlle Branche »], Compte-rendu de conférence, Maison Française d'Oxford, (consulté le ).
  18. Raphaëlle Branche, L'armée et la torture en Algérie : Les soldats, leurs chefs et les violences illégales (thèse de doctorat en histoire), Paris, , 1200 p. (SUDOC 060045094).
  19. Benjamin Stora, Les mots de la guerre d'Algérie, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, coll. « Les mots de... », , 127 p. (ISBN 2-85816-777-X, lire en ligne), p. 46-47.
  20. Patrick Rotman et Bertrand Tavernier, La guerre sans nom : Les appelés d'Algérie, 1954-1962, Paris, Seuil, coll. « Points » (no 913), , 305 p. (ISBN 2-02-051064-2), p. 264–265.
  21. (en) Kristin Ross, Fast Cars, Clean Bodies : Decolonization and the Reordering of French Culture [« Voitures rapides, corps propres. La décolonisation et la réorganisation de la culture française »], MIT Press, coll. « October books », , 261 p. (ISBN 0-262-68091-2 et 0-262-68091-2, lire en ligne), p. 119–120, citant notamment Jean-Pierre Vittori, Nous, les appelés d'Algérie, Paris, Stock, coll. « Les Grands sujets », , 319 p. (ISBN 2-234-00715-1), p. 153–154, Benjamin Stora, La gangrène et l'oubli : La mémoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres », , 368 p. (ISBN 2-7071-2072-3), p. 29.
  22. Le 13 mai du général Salan, Jacques Valette, Esprit du livre ; paru le 01/03/2008 ; (ISBN 2915960291).
  23. Décret du 5 février 1959 portant affectation d'un officier général de l'armée de terre publié au JORF du 7 février 1959, p. 1695.
  24. « Lettres de Charles de Gaulle à Raoul Salan », sur Gaullisme.fr, (consulté le ).
  25. Le colonel Gardes de retour à Affreville se consacrera à la réalisation de cet objectif, mais comme les messalistes dissidents réclamèrent quatre cents fusils et que l’OAS refusa, le projet avorta.
  26. « L'arrestation de Salan », histoire pour tous no 137 : pages 192/200 - septembre 1971 - Paul Hennisart.
  27. « Le général Paul Gardy est mort en Argentine », Le Monde, .
  28. « La réhabilitation des généraux putschistes, en 1982 », .
  29. La Montagne (édition de Vichy), 1er novembre 2010.
  30. Le carrefour Salan, débaptisé, devient carrefour Salan, www.cuverville.org, 29 juin 2005.
  31. Jean-Charles Galiacy, « Quand Saint-Seurin célèbre le chef de l’OAS », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne).

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Mémoires Fin d’un empire (4 volumes), Éditions Presses de la Cité, 1970-74.
    • Le sens d’un engagement, 1970.
    • Le Viêt-minh mon adversaire, 1971.
    • Algérie française, 1972.
    • L'Algérie de Gaulle et moi, 1974.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean-Paul Angelelli et Bernard Zeller (ill. archives des auteurs), Salan, Grez-sur-Loing (France), Pardés, coll. « Qui suis-je », .
  • Alain de Benoist, Salan devant l'opinion, Paris, Saint-Just, 1963.
  • Louis Garros, « Le cas Raoul Salan », Historama, Saint-Ouen, Chaix-Desfossé-Néogravure, no 204,‎ , p. 12-33.
  • Bob Maloubier, Bazooka - La confession de Philippe Castille, éditions Filipacchi, 1988.
  • Pierre Pellissier, Salan. Quarante années de commandement, éditions Perrin, 2014.
  • Max Schiavon, Le général Salan, défenseur de l'empire, Etai, 2014.

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]