« Kobudō » : différence entre les versions

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{{sources à lier|date=février 2009}}
{{En travaux|Aldine Esperluette|10 mai 2016}}
{{Infobox Art martial

| nom = KOBUDO
{{sources à lier}}
| titre = art martial
[[Fichier:Paire de tonfas.jpg|thumb|300px|Paire de [[tonfa|''tonfa'']] d'[[Okinawa (île)|Okinawa]].]]
| nom dans la langue = 古武道
Le terme {{japonais|'''''kobudō'''''|古武道}} venant des trois caractères chinois ayant gardé le même sens en japonais ; ''ko'' ([[:wikt:古|古]]) qui signifie « ancien », ''bu'' ([[:wikt:武|武]]), « [[martial]] », et ''dō'' ([[:wikt:道|道]]) « la voie ». L'acception moderne du terme recouvre toutes les pratiques d'armes associées aux [[art martial japonais|arts martiaux japonais]].
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[[Fichier:Paire de tonfas.jpg|thumb|300px|Paire de ''[[tonfa]]'' d'[[Okinawa (île)|Okinawa]].]]
Le terme {{japonais|'''''kobudō'''''|古武道}} venant des trois caractères chinois ayant gardé le même sens en japonais ; ''ko'' ([[:wikt:古|古]]) qui signifie « ancien », ''bu'' ([[:wikt:武|武]]), « martial », et ''dō'' ([[:wikt:道|道]]) « la voie ». L'acception moderne du terme recouvre toutes les pratiques d'armes associées aux [[art martial japonais|arts martiaux japonais]].


== Les différents ''kobudō'' ==
== Les différents ''kobudō'' ==
Deux courants principaux sont à distinguer ; d'abord, celui des arts martiaux pratiqués sur la plus grande île du Japon, [[Honshū]] ; ensuite, les arts martiaux issus de l'[[archipel d'Okinawa]] — et plus généralement des [[îles Ryū-Kyū]] et de l'[[archipel Nansei]], à l'époque où le [[royaume de Ryūkyū]] n'était pas encore rattaché au Japon —, nommés au Japon ''[[Ryūkyū kobujustu]]'' ({{japonais|[[:ja:琉球古武術|琉球古武術]]|りゅうきゅうこぶじゅつ}}, littéralement : « arts martiaux anciens de Ryūkyū »).
Deux courants principaux sont à distinguer ; d'abord, celui des arts martiaux pratiqués sur la plus grande île du Japon, [[Honshū]] ; ensuite, les arts martiaux issus de l'[[archipel d'Okinawa]] — et plus généralement des [[îles Ryū-Kyū]] et de l'[[archipel Nansei]], à l'époque où le [[royaume de Ryūkyū]] n'était pas encore rattaché au Japon —, nommés au Japon ''[[Ryūkyū kobujutsu]]'' ({{japonais|[[:ja:琉球古武術|琉球古武術]]|りゅうきゅうこぶじゅつ}}, littéralement : « arts martiaux anciens de Ryūkyū »).


Un troisième courant bien distinct mais à la diffusion plus confidentielle a été transmis au sein de la famille royale d'Okinawa, le Motobu Ha.
Un troisième courant bien distinct mais à la diffusion plus confidentielle a été transmis au sein de la famille royale d'Okinawa, le Motobu Ha.
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Sur l'île principale, [[Honshū]], l'éducation martiale, dispensée au sein des [[koryu]]s (écoles traditionnelles anciennes), comprenait l'[[kenjutsu|étude du sabre]], considéré comme noble, ainsi que d'armes complémentaires telles que la lance (''[[yari]]''), le bâton long (''[[bō]]'', environ {{unité|1.80|m}}), ou le bâton court (''[[jō (arme)|jō]]''). Des koryus se spécialisèrent dans certaines armes exotiques telles que le ''[[kusari-gama|kusarigama]]'' (la faucille-chaîne), par exemple. Cette éducation s'adressait à une « élite aisée ». On retrouve dans toutes ces koryus des déplacements typiques du maniement du sabre, ainsi que dans les arts qui y sont affiliés tels que l'aïkido ou le jujutsu.
Sur l'île principale, [[Honshū]], l'éducation martiale, dispensée au sein des [[koryu]]s (écoles traditionnelles anciennes), comprenait l'[[kenjutsu|étude du sabre]], considéré comme noble, ainsi que d'armes complémentaires telles que la lance (''[[yari]]''), le bâton long (''[[bō]]'', environ {{unité|1.80|m}}), ou le bâton court (''[[jō (arme)|jō]]''). Des koryus se spécialisèrent dans certaines armes exotiques telles que le ''[[kusari-gama|kusarigama]]'' (la faucille-chaîne), par exemple. Cette éducation s'adressait à une « élite aisée ». On retrouve dans toutes ces koryus des déplacements typiques du maniement du sabre, ainsi que dans les arts qui y sont affiliés tels que l'aïkido ou le jujutsu.


On parle donc de ''kobudō'' pour désigner la pratique des armes de l'[[aïkido]], ou celle des écoles de sabre pluri-disciplinaires (telles que les Araki Ryu, Sekiguichi Ryu, Shinto Muso Ryu, [[Suiō-ryū|Suiō Ryu]], [[Tenshin Shoden Katori Shintō Ryu|Katori Shintō Ryu]] et Yamate Ryu) ou encore des écoles de [[jujutsu]] qui intègrent des armes dans leurs curriculum (Hakko Ryu Jujutsu, 1941).
On parle donc de ''kobudō'' pour désigner la pratique des armes de l'[[aïkido]], ou celle des écoles de sabre pluridisciplinaires (telles que les Araki Ryu, Sekiguichi Ryu, Shinto Muso Ryu, [[Suiō-ryū|Suiō Ryu]], [[Tenshin Shoden Katori Shintō Ryu|Katori Shintō Ryu]] et Yamate Ryu) ou encore des écoles de [[jujutsu]] qui intègrent des armes dans leurs curriculum (Hakko Ryu Jujutsu, 1941).


Les armes les plus courantes du ''kobudō'' de [[Honshū]] sont :
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* le couteau : ''[[tantō]]'',
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* le bâton long : ''[[Bô|bō]]'' (voir aussi ''[[bō-jutsu]]''),
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* le bâton court : ''[[jō]]'' (voir aussi [[jo-jutsu]]),
* le bâton moyen : ''[[Jō (arme)|jō]]'' (voir aussi ''[[jo-jutsu]]''),
* la lance à lame droite : ''[[yari]]'' (généralement symétriques, à double tranchant),
* la lance à lame droite : ''[[yari]]'' (généralement symétriques, à double tranchant),
* la lance à lame courbe : ''[[naginata]]'',
* la lance à lame courbe : ''[[naginata]]'',
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=== Les ''kobudō'' d'Okinawa ===
=== Les ''kobudō'' d'Okinawa ===
Dans les îles méridionales de l'archipel du Japon et notamment à [[archipel Okinawa|Okinawa]], plusieurs édits qui ont émané soit de la tutelle japonaise des Satsuma, soit directement du gouvernement de Shuri, ont interdit la possession et l'usage des armes tranchantes à la population. Ces édits à valeur commerciale, puisqu'ils ramenaient le [[Royaume de Ryūkyū]] dans le giron isolationniste du Japon impérial, ont souvent été interprétés à tort comme un moyen d'éviter les rébellions<ref>Mark Bishop, ''Okinawan Karate'', Tuttle Publishing, 1999.</ref>.
Dans les îles méridionales de l'archipel du Japon et notamment à [[archipel Okinawa|Okinawa]], plusieurs édits qui ont émané soit de la tutelle japonaise des Satsuma, soit directement du gouvernement de Shuri, ont interdit la possession et l'usage des armes tranchantes à la population. Ces édits à valeur commerciale, puisqu'ils ramenaient le [[royaume de Ryūkyū]] dans le giron isolationniste du Japon impérial, ont souvent été interprétés à tort comme un moyen d'éviter les rébellions<ref>Mark Bishop, ''Okinawan Karate: Teachers, Styles and Secret Techniques'', Tuttle Publishing, 1999, 176 p. {{ISBN|978-0804832052}}.</ref>.


Ce sont ces interdictions qui ont favorisé le développement poussé des techniques de combat à mains nues, le ''[[Tō-de]]'' devenu plus tard [[karaté]], ainsi que l'utilisation, en tant qu'armes, des ustensiles de la vie quotidienne<ref>Soshin Nagamine, ''The Essence of Okinawan karate-do'', Tuttle Publishing, 1976.</ref>, les ''kobudō''. De plus, le caractère subversif de la pratique l'a longtemps confiné au secret, ce qui, ajouté à la géographie parcellaire des îles et à la lenteur des voies de communication, explique qu'il n'existe pas un ''kobudō'' mais des ''kobudō'', donc plusieurs façons de faire par arme, par île, par village, par expert.
Ce sont ces interdictions qui ont favorisé le développement poussé des techniques de combat à mains nues, le ''[[Tō-de]]'' devenu plus tard [[karaté]], ainsi que l'utilisation, en tant qu'armes, des ustensiles de la vie quotidienne<ref>Soshin Nagamine, ''The Essence of Okinawan Karate-Do'', Tuttle Publishing, 1998, 280 p. {{ISBN|978-0804821100}}.</ref>, les ''kobudō''. De plus, le caractère subversif de la pratique l'a longtemps confiné au secret, ce qui, ajouté à la géographie parcellaire des îles et à la lenteur des voies de communication, explique qu'il n'existe pas un ''kobudō'' mais des ''kobudō'', donc plusieurs façons de faire par arme, par île, par village, par expert.


Le ''kobudō'' a été développé et enrichi dans les classes sociales des fonctionnaires et officiels du gouvernement de Shuri (les ''[[shizoku]]''), dont la provenance ([[Kumemura]]), l’éducation (les classiques chinois pour le concours de [[Mandarin (langue)|mandarin]]), et les séjours en Chine à l’École des mandarins, expliquent l'attrait pour la culture chinoise en général.
Le ''kobudō'' a été développé et enrichi dans les classes sociales des fonctionnaires et officiels du gouvernement de Shuri (les ''[[shizoku]]''), dont la provenance ([[Kume]]), l’éducation (les classiques chinois pour le concours de [[Mandarin (langue)|mandarin]]), et les séjours en Chine à l’École des mandarins, expliquent l'attrait pour la culture chinoise en général.


Cette fois-ci, la pratique n'est plus asservie à l'appartenance à une classe, mais au jeu complexe des relations humaines.
Cette fois-ci, la pratique n'est plus asservie à l'appartenance à une classe, mais au jeu complexe des relations humaines.
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* Le ''[[bō]]'', un long bâton de marche qui sert d'arme de base.
* Le ''[[bō]]'', un long bâton de marche qui sert d'arme de base.
* Le ''[[sai (arme)|sai]]'', un trident de métal utilisé par paire.
* Le ''[[sai (arme)|sai]]'', un trident de métal utilisé par paire.
* Le ''[[tonfa]]'', une arme de bois qui s'utilise par paire et qui servait, à l'origine, à tourner les [[meule]]s pour moudre les [[céréale]]s.
* Le ''[[tonfa]]'', une arme de bois qui s'utilise par paire et qui servait, à l'origine, à tourner les [[meule à grains|meule]]s pour moudre les [[céréale]]s.
* Le ''[[nunchaku]]'', un [[fléau]] qui permettait de battre le grain. Une variante en forme de mors de cheval dispose de techniques spécifiques.
* Le ''[[nunchaku]]'', un [[Fléau (agriculture)|fléau]] qui permettait de battre le grain. Une variante en forme de mors de cheval dispose de techniques spécifiques.
* L'''[[eku]]'', une rame utilisée par les pêcheurs, et dont la tradition se maintient dans les ''hāri''<ref>https://www.tourisme-japon.fr/decouvrez-le-japon/destinations/okinawa/special-okinawa/n-5-calendrier-des-evenements-a-okinawa</ref>, les festivités maritimes de courses de bateaux, héritées de la Chine du Sud via Taiwan.
* L'''[[eku]]'', une rame utilisée par les pêcheurs, et dont la tradition se maintient dans les ''hāri''<ref>https://www.tourisme-japon.fr/decouvrez-le-japon/destinations/okinawa/special-okinawa/n-5-calendrier-des-evenements-a-okinawa</ref>, les festivités maritimes de courses de bateaux, héritées de la Chine du Sud via Taiwan.


Les armes secondaires parce que moins courantes, généralement pratiquées par les élèves les plus avancés, comprennent par exemple :
Les armes secondaires parce que moins courantes, généralement pratiquées par les élèves les plus avancés, comprennent par exemple :
* Le ''[[kama (arme)|kama]]'', une [[faucille]] utilisée par paire qui sert à couper les tiges des céréales, comme le [[riz]]. Il en existe une variante où l'arme, retenue au poignet par une [[dragonne]], est lâchée et récupérée en rotation, par paire toujours.
* Le ''[[kama (arme)|kama]]'', une [[faucille]] utilisée par paire qui sert à couper les tiges des céréales, comme le [[riz]]. Il en existe une variante où l'arme, retenue au poignet par une [[dragonne]], est lâchée et récupérée en rotation, par paire toujours.
* Le ''[[sansetsukon]]'', un fléau comme le ''[[nunchaku]]'' mais qui possède trois sections.
* Le ''[[sansetsukon]]'', un fléau comme le ''[[nunchaku]]'' mais qui possède trois sections.
* Le ''[[suruchin]]'', une longue corde lestée à chaque extrémité.
* Le ''[[suruchin]]'', une longue corde lestée à chaque extrémité.
* Le ''kue'', une houe paysanne utilisée pour travailler la terre.
* Le ''kue'', une houe paysanne utilisée pour travailler la terre.
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* Le ''[[seiryuto]]'' et le ''[[timbe]]'' : il s'agit d'une machette et d'un bouclier souvent en [[carapace de tortue]] (plus solide).
* Le ''[[seiryuto]]'' et le ''[[timbe]]'' : il s'agit d'une machette et d'un bouclier souvent en [[carapace de tortue]] (plus solide).
* Le ''rochin'', un ''[[épieu]]'' qui s'utilise, comme le ''[[seiryuto]]'', avec le ''[[timbe]]''.
* Le ''rochin'', un ''[[épieu]]'' qui s'utilise, comme le ''[[seiryuto]]'', avec le ''[[timbe]]''.
* Les [[Tekkō]], sorte de poing américain en forme d'étrier de cheval.


=== Le ''kobudō'' du Motobu Ha ===
=== Le ''kobudō'' du Motobu Ha ===
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== De nos jours ==
== De nos jours ==
Au {{s-|XX}}, le ''kobudō'' dépérissait avec la perte d'intérêt croissante du public japonais pour une activité perçue comme anachronique. La pratique des armes perdurait comme pratique complémentaire du karaté, souvent introduite tardivement et à la diffusion locale, tandis que certains experts préservaient une pratique à la diffusion familiale et à huis clos, et que d'autres experts enfin, moins chanceux peut-être en enseignement, maintenaient seul, leur pratique. Dans ce classement à 3 niveaux, qui s'applique aussi d'ailleurs à la pratique du karate à Okinawa, le grand public n'a souvent accès qu'aux dojos établis du premier niveau, et ignore tout des seconds et {{3e}} niveaux. On comprend donc la révolution que représente l'ouverture au public d'un style familial, souvent connu de réputation mais protégé par les liens familiaux. Ce fut le cas pour l'ouverture du style ryūei ryū par la famille Nakaima (qui comprend karate et ''kobudō''). Ce fut le cas aussi pour la famille Matayoshi (également en karate et en ''kobudō'').
Au [[XXe siècle|{{XXe}}&nbsp;siècle]], deux figures ont synthétisé les fragments d'enseignement épars dans l'archipel, dans deux systèmes distincts de katas et de progression : [[Shinko Matayoshi]] (1888-1947) et [[Shinken Taira]] (1897-1970).


De ce tableau, deux figures se détachent distinctement, qui contribuèrent plus particulièrement à raviver l'attrait et la diffusion du ''kobudō'', principalement à l'Etranger, en construisant chacun leur système de [[kata|katas]] et de progression : [[Shinko Matayoshi]] (1888-1947) dans son "kingai ryū tode kobu-jutsu" et [[Shinken Taira]] (1897-1970) dans son "Ryūkyū Kobu-jutsu".
L'enseignement du kobudō d'Okinawa se retrouve donc dans :

* Les écoles de karaté d'Okinawa<ref>Roland Habersetzer, ''Ko-budo, les armes d'Okinawa, Sai'', Amphora, 1985, {{p.|35}} : {{Citation|À noter également que d'autres maîtres de karaté, notamment à Okinawa, (ainsi les maîtres Nagamine, Higa, Togushi, Yagi, Nakamura S.) enseignent les ''kobudō'' [...]}}</ref>,
Ce dernier démarcha les experts des trois catégories, y compris la famille Matayoshi, pour réunir les fragments d'enseignement épars dans l'archipel, et établir son Conservatoire. À noter que Funakoshi Gichin avait fait de même en karate, à la différence près qu'il était recommandé par ses deux maîtres auprès des experts, ce qui est de nature à changer sensiblement la qualité des échanges.

Il est entendu que de nos jours, cinq grandes familles de kobudo perdurent :
* Le Motobu Ha de la famille royale d'Okinawa,
* Le Motobu Ha de la famille royale d'Okinawa,
* Le courant Okinawa kobudō (dénomination alternative au "kingai ryū tode kobu-jutsu" de Shinko Matayoshi),
* Les dojos du courant [[Matayoshi]],
* Les dojos du courant Ryū-Kyū Kobudō (Taira Shinken).
* Le courant Ryūkyū kobu-jutsu (Taira Shinken),
* Le courant Uhugusuku kobudō (Kina Shosei, Kiichi Nakamoto),
Ainsi que dans les synthèses récentes :
* Le courant Yamane ryū (Chinen Sanda, existe essentiellement à l'Etranger)
* [[Yoseikan Budo|Yoseikan Budō]], goshin-budō (de Kuniba Shogo).

Le kobudō étant faiblement organisé en style, ces courants se mélangent au gré des rencontres, et existent en différentes proportions dans les écoles de karaté d'Okinawa<ref>Roland Habersetzer, ''Ko-budo, les armes d'Okinawa, Sai'', Amphora, 2011, 213 p. {{ISBN|978-2846172844}} Voir à la {{p.|35}} : {{Citation|À noter également que d'autres maîtres de karaté, notamment à Okinawa, (ainsi les maîtres Nagamine, Higa, Togushi, Yagi, Nakamura S.) enseignent les ''kobudō'' []}}</ref>. Par exemple, le Shōrinkan Shōrin ryū de Nakazato Shūgorō maintient ainsi deux katas de Yamane ryū, et plusieurs katas de la famille Nakaima.


== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
*Kenyu Chinen, ''Kobudo d'Okinawa'' (1985) édition SEDIREP, 192 p. {{ISBN|2901551300}}
* Don Cunningham, ''Secret weapons of jujutsu'', Tuttle Publishing, 2002.
* Gansho Inoue, ''Bō, Sai, Tonfa, and nunchaku, ancient arts of the Ryūkyū Islands'', Keibunsha, 1987.
* Gansho Inoue, ''Bō, Sai, Tonfa, and Nunchaku: Ancient Arts of the Ryūkyū Islands'', Keibunsha, 1987 ; vol. 1, 216 p. {{ISBN|978-0870407550}}, vol. 2, 212 p. {{ISBN|978-0870407567}}.
* Patrick McCarthy, ''Ancient Okinawan martial arts'', Tuttle Publishing, 1985.
* Patrick McCarthy, ''Ancient Okinawan Martial Arts'', Tuttle Publishing, 1999 ; vol. 1, ''Koryu Uchinadi'', 112 p. {{ISBN| 978-0804820936}}, vol. 2, ''Koryu Uchinadi'', 133 p. {{ISBN|978-0804831475}}.
*Don Cunningham, ''Secret Weapons of Jujutsu'', Tuttle Publishing, 2002, 136 p. {{ISBN|978-0804834223}}.
* Serge Mol, ''Classical Weaponry of Japan, special weapons and tactics of the martial arts'', Kodansha International, 2003.
* Serge Mol, ''Classical Weaponry of Japan: Special Weapons and Tactics of the Martial Arts'', Kodansha International, 2003, 218 p. {{ISBN|978-4770029416}}.
*Roland Habersetzer, ''KO-BUDO Les armes d'Okinawa'', Budo eds, 2011, {{ISBN|978-2-84617-284-4}}
*Jean-Charles Juster, ''Karaté et Kobudo à la source'' (mai 2016), auto édition, 256p. {{ISBN|978-80-972243-9-4}}


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}


* {{Portail|arts martiaux|Japon}}
{{Portail|arts martiaux|Japon}}


[[Catégorie:Art martial japonais]]
[[Catégorie:Kobudō|*]]
[[Catégorie:Sport utilisant un bâton]]
[[Catégorie:Sport utilisant un bâton]]

Dernière version du 12 avril 2024 à 16:09

KOBUDO
art martial
Domaine armé
Pays d’origine Japon
Paire de tonfa d'Okinawa.

Le terme kobudō (古武道?) venant des trois caractères chinois ayant gardé le même sens en japonais ; ko () qui signifie « ancien », bu (), « martial », et () « la voie ». L'acception moderne du terme recouvre toutes les pratiques d'armes associées aux arts martiaux japonais.

Les différents kobudō[modifier | modifier le code]

Deux courants principaux sont à distinguer ; d'abord, celui des arts martiaux pratiqués sur la plus grande île du Japon, Honshū ; ensuite, les arts martiaux issus de l'archipel d'Okinawa — et plus généralement des îles Ryū-Kyū et de l'archipel Nansei, à l'époque où le royaume de Ryūkyū n'était pas encore rattaché au Japon —, nommés au Japon Ryūkyū kobujutsu (琉球古武術 (りゅうきゅうこぶじゅつ?), littéralement : « arts martiaux anciens de Ryūkyū »).

Un troisième courant bien distinct mais à la diffusion plus confidentielle a été transmis au sein de la famille royale d'Okinawa, le Motobu Ha.

Le kobudō de Honshū[modifier | modifier le code]

Sur l'île principale, Honshū, l'éducation martiale, dispensée au sein des koryus (écoles traditionnelles anciennes), comprenait l'étude du sabre, considéré comme noble, ainsi que d'armes complémentaires telles que la lance (yari), le bâton long (, environ 1,80 m), ou le bâton court (). Des koryus se spécialisèrent dans certaines armes exotiques telles que le kusarigama (la faucille-chaîne), par exemple. Cette éducation s'adressait à une « élite aisée ». On retrouve dans toutes ces koryus des déplacements typiques du maniement du sabre, ainsi que dans les arts qui y sont affiliés tels que l'aïkido ou le jujutsu.

On parle donc de kobudō pour désigner la pratique des armes de l'aïkido, ou celle des écoles de sabre pluridisciplinaires (telles que les Araki Ryu, Sekiguichi Ryu, Shinto Muso Ryu, Suiō Ryu, Katori Shintō Ryu et Yamate Ryu) ou encore des écoles de jujutsu qui intègrent des armes dans leurs curriculum (Hakko Ryu Jujutsu, 1941).

Les armes les plus courantes du kobudō de Honshū sont :

  • le sabre long : katana,
  • le sabre court : wakizashi,
  • le sabre en bois : bokken,
  • le couteau : tantō,
  • le bâton long : (voir aussi bō-jutsu),
  • le bâton moyen : (voir aussi jo-jutsu),
  • la lance à lame droite : yari (généralement symétriques, à double tranchant),
  • la lance à lame courbe : naginata,
  • la grande lance à lame courbe : nagamaki.

Les kobudō d'Okinawa[modifier | modifier le code]

Dans les îles méridionales de l'archipel du Japon et notamment à Okinawa, plusieurs édits qui ont émané soit de la tutelle japonaise des Satsuma, soit directement du gouvernement de Shuri, ont interdit la possession et l'usage des armes tranchantes à la population. Ces édits à valeur commerciale, puisqu'ils ramenaient le royaume de Ryūkyū dans le giron isolationniste du Japon impérial, ont souvent été interprétés à tort comme un moyen d'éviter les rébellions[1].

Ce sont ces interdictions qui ont favorisé le développement poussé des techniques de combat à mains nues, le Tō-de devenu plus tard karaté, ainsi que l'utilisation, en tant qu'armes, des ustensiles de la vie quotidienne[2], les kobudō. De plus, le caractère subversif de la pratique l'a longtemps confiné au secret, ce qui, ajouté à la géographie parcellaire des îles et à la lenteur des voies de communication, explique qu'il n'existe pas un kobudō mais des kobudō, donc plusieurs façons de faire par arme, par île, par village, par expert.

Le kobudō a été développé et enrichi dans les classes sociales des fonctionnaires et officiels du gouvernement de Shuri (les shizoku), dont la provenance (Kume), l’éducation (les classiques chinois pour le concours de mandarin), et les séjours en Chine à l’École des mandarins, expliquent l'attrait pour la culture chinoise en général.

Cette fois-ci, la pratique n'est plus asservie à l'appartenance à une classe, mais au jeu complexe des relations humaines.

Les armes les plus courantes du kobudō d'Okinawa sont :

  • Le , un long bâton de marche qui sert d'arme de base.
  • Le sai, un trident de métal utilisé par paire.
  • Le tonfa, une arme de bois qui s'utilise par paire et qui servait, à l'origine, à tourner les meules pour moudre les céréales.
  • Le nunchaku, un fléau qui permettait de battre le grain. Une variante en forme de mors de cheval dispose de techniques spécifiques.
  • L'eku, une rame utilisée par les pêcheurs, et dont la tradition se maintient dans les hāri[3], les festivités maritimes de courses de bateaux, héritées de la Chine du Sud via Taiwan.

Les armes secondaires parce que moins courantes, généralement pratiquées par les élèves les plus avancés, comprennent par exemple :

  • Le kama, une faucille utilisée par paire qui sert à couper les tiges des céréales, comme le riz. Il en existe une variante où l'arme, retenue au poignet par une dragonne, est lâchée et récupérée en rotation, par paire toujours.
  • Le sansetsukon, un fléau comme le nunchaku mais qui possède trois sections.
  • Le suruchin, une longue corde lestée à chaque extrémité.
  • Le kue, une houe paysanne utilisée pour travailler la terre.
  • Le nunti, le harpon ou la gaffe du pêcheur.
  • Le seiryuto et le timbe : il s'agit d'une machette et d'un bouclier souvent en carapace de tortue (plus solide).
  • Le rochin, un épieu qui s'utilise, comme le seiryuto, avec le timbe.
  • Les Tekkō, sorte de poing américain en forme d'étrier de cheval.

Le kobudō du Motobu Ha[modifier | modifier le code]

Il existe enfin un troisième kobudō, au sein du Motobu Ha (le style de la famille Motobu), transmis par la famille royale d'Okinawa, qui a été influencé par les experts chinois et japonais lors des différentes occupations. Outre les armes du kobudō d'Okinawa, il intègre des armes tranchantes d'origine chinoise.

De nos jours[modifier | modifier le code]

Au XXe siècle, le kobudō dépérissait avec la perte d'intérêt croissante du public japonais pour une activité perçue comme anachronique. La pratique des armes perdurait comme pratique complémentaire du karaté, souvent introduite tardivement et à la diffusion locale, tandis que certains experts préservaient une pratique à la diffusion familiale et à huis clos, et que d'autres experts enfin, moins chanceux peut-être en enseignement, maintenaient seul, leur pratique. Dans ce classement à 3 niveaux, qui s'applique aussi d'ailleurs à la pratique du karate à Okinawa, le grand public n'a souvent accès qu'aux dojos établis du premier niveau, et ignore tout des seconds et 3e niveaux. On comprend donc la révolution que représente l'ouverture au public d'un style familial, souvent connu de réputation mais protégé par les liens familiaux. Ce fut le cas pour l'ouverture du style ryūei ryū par la famille Nakaima (qui comprend karate et kobudō). Ce fut le cas aussi pour la famille Matayoshi (également en karate et en kobudō).

De ce tableau, deux figures se détachent distinctement, qui contribuèrent plus particulièrement à raviver l'attrait et la diffusion du kobudō, principalement à l'Etranger, en construisant chacun leur système de katas et de progression : Shinko Matayoshi (1888-1947) dans son "kingai ryū tode kobu-jutsu" et Shinken Taira (1897-1970) dans son "Ryūkyū Kobu-jutsu".

Ce dernier démarcha les experts des trois catégories, y compris la famille Matayoshi, pour réunir les fragments d'enseignement épars dans l'archipel, et établir son Conservatoire. À noter que Funakoshi Gichin avait fait de même en karate, à la différence près qu'il était recommandé par ses deux maîtres auprès des experts, ce qui est de nature à changer sensiblement la qualité des échanges.

Il est entendu que de nos jours, cinq grandes familles de kobudo perdurent :

  • Le Motobu Ha de la famille royale d'Okinawa,
  • Le courant Okinawa kobudō (dénomination alternative au "kingai ryū tode kobu-jutsu" de Shinko Matayoshi),
  • Le courant Ryūkyū kobu-jutsu (Taira Shinken),
  • Le courant Uhugusuku kobudō (Kina Shosei, Kiichi Nakamoto),
  • Le courant Yamane ryū (Chinen Sanda, existe essentiellement à l'Etranger)

Le kobudō étant faiblement organisé en style, ces courants se mélangent au gré des rencontres, et existent en différentes proportions dans les écoles de karaté d'Okinawa[4]. Par exemple, le Shōrinkan Shōrin ryū de Nakazato Shūgorō maintient ainsi deux katas de Yamane ryū, et plusieurs katas de la famille Nakaima.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Kenyu Chinen, Kobudo d'Okinawa (1985) édition SEDIREP, 192 p. (ISBN 2901551300)
  • Gansho Inoue, Bō, Sai, Tonfa, and Nunchaku: Ancient Arts of the Ryūkyū Islands, Keibunsha, 1987 ; vol. 1, 216 p. (ISBN 978-0870407550), vol. 2, 212 p. (ISBN 978-0870407567).
  • Patrick McCarthy, Ancient Okinawan Martial Arts, Tuttle Publishing, 1999 ; vol. 1, Koryu Uchinadi, 112 p. (ISBN 978-0804820936), vol. 2, Koryu Uchinadi, 133 p. (ISBN 978-0804831475).
  • Don Cunningham, Secret Weapons of Jujutsu, Tuttle Publishing, 2002, 136 p. (ISBN 978-0804834223).
  • Serge Mol, Classical Weaponry of Japan: Special Weapons and Tactics of the Martial Arts, Kodansha International, 2003, 218 p. (ISBN 978-4770029416).
  • Roland Habersetzer, KO-BUDO Les armes d'Okinawa, Budo eds, 2011, (ISBN 978-2-84617-284-4)
  • Jean-Charles Juster, Karaté et Kobudo à la source (mai 2016), auto édition, 256p. (ISBN 978-80-972243-9-4)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mark Bishop, Okinawan Karate: Teachers, Styles and Secret Techniques, Tuttle Publishing, 1999, 176 p. (ISBN 978-0804832052).
  2. Soshin Nagamine, The Essence of Okinawan Karate-Do, Tuttle Publishing, 1998, 280 p. (ISBN 978-0804821100).
  3. https://www.tourisme-japon.fr/decouvrez-le-japon/destinations/okinawa/special-okinawa/n-5-calendrier-des-evenements-a-okinawa
  4. Roland Habersetzer, Ko-budo, les armes d'Okinawa, Sai, Amphora, 2011, 213 p. (ISBN 978-2846172844) Voir à la p. 35 : « À noter également que d'autres maîtres de karaté, notamment à Okinawa, (ainsi les maîtres Nagamine, Higa, Togushi, Yagi, Nakamura S.) enseignent les kobudō […] »