« Gone Troppo » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Navigation interactive dans l’historique
← Modification précédente
Contenu supprimé Contenu ajouté
VisuelWikicode
Coyote du 57 (discuter | contributions)
117 803 modifications
m WPCleaner (v1.12) Référence en double (projet correction syntaxique)
PaulNicolas (discuter | contributions)
5 221 modifications
m suppression espaces en trop
 
(47 versions intermédiaires par 23 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{En-tête label|AdQ|année=2012}}
⚫
{{Titre mis en forme|''{{lang|en|Gone Troppo}}''}}
{{Infobox Musique (œuvre)
{{Infobox Musique (œuvre)
| charte = album
| charte = album
| titre = Gone Troppo
| titre = Gone Troppo
| artiste = [[George Harrison]]
| artiste = [[George Harrison]]
| image =
| image =
| légende =
| légende =
| sorti = {{UK-d}} {{date|5|novembre|1982|en musique}}</br>{{USA-d}} {{date|8|novembre|1982|en musique}}
| sorti = {{UK-d}} {{date|5|novembre|1982|en musique}}<br>{{USA-d}} {{date|8|novembre|1982|en musique}}
| enregistré = 5 Mai - 27 août 1982 (à l'exception de ''Dream Away'' en 1980)
| enregistré = 5 mai - 27 août 1982 (à l'exception de ''{{lang|en|Dream Away}}'' en 1980)
| enregistré lieu = [[Friar Park]], [[Angleterre]]
| enregistré lieu = [[Friar Park]], [[Angleterre]]
| genre = [[Rock]]
| genre = [[Pop rock]]
| durée = 39:08
| durée = 39:08
| langue =
| langue =
| format =
| format =
| auteur-compositeur =
| auteur-compositeur =
| parolier =
| auteur =
| compositeur =
| compositeur =
| producteur = [[George Harrison]], [[Ray Cooper]], Phil McDonald
| producteur = [[George Harrison]], [[Ray Cooper]], Phil McDonald
| réalisateur =
| réalisateur =
| édition =
| édition =
| label = [[Dark Horse Records|Dark Horse]]/[[Warner Bros. Records]]
| label = [[Dark Horse Records|Dark Horse]]/[[Warner Bros. Records]]
| critique = {{note-5|2}} ''[[Allmusic]]''</br>{{note-5|2}} ''[[Rolling Stone]]''
| critique = {{note-5|2}} ''[[AllMusic]]''<br>{{note-5|2}} ''[[Rolling Stone]]''
| single = {{Singles
| single = {{Singles
| single 1 = [[Wake Up My Love]]
| single 1 = [[Wake Up My Love]]
| date 1 = {{date|8|novembre|1982|en musique}}
| date 1 = {{date|8|novembre|1982|en musique}}
Ligne 27 : Ligne 29 :
| single 3 = [[Dream Away]]
| single 3 = [[Dream Away]]
| date 3 = {{date||février|1983|en musique}} (Japon)}}
| date 3 = {{date||février|1983|en musique}} (Japon)}}
| album précédent = [[Somewhere in England]]
| album précédent = [[Somewhere in England]]
| date album précédent = 1981
| date album préc = 1981
| album suivant = [[Cloud Nine (album)|Cloud Nine]]
| album suivant = [[Cloud Nine (album de George Harrison)|Cloud Nine]]
| date album suivant = 1987
| date album suiv = 1987
}}
}}
'''''{{lang|en|Gone Troppo}}''''' est le huitième album studio de [[George Harrison]], publié en novembre 1982. Il fait suite à la sortie, un an plus tôt, de l'album ''{{lang|en|[[Somewhere in England]]}}'' au succès mitigé, et qui avait été fortement modifié à la demande des distributeurs de [[Warner Bros. Records]], au grand dam du musicien. Dépité par cette intervention dans son travail, et désireux de finir son contrat pour pouvoir prendre de la distance avec un monde musical dans lequel il se reconnaît peu, Harrison enregistre cet album de façon assez négligée, au printemps 1982, avec quelques amis, dans son studio personnel de [[Friar Park]].
'''''{{lang|en|Gone Troppo}}''''' est le huitième album studio de [[George Harrison]], publié en {{date-|novembre 1982}}. Il fait suite à la sortie, un an plus tôt, de l'album ''{{lang|en|[[Somewhere in England]]}}'' au succès mitigé, et qui avait été fortement modifié à la demande des distributeurs de [[Warner Bros. Records]], au grand dam du musicien. Dépité par cette intervention dans son travail, et désireux de finir son contrat pour pouvoir prendre de la distance avec un monde musical dans lequel il se reconnaît peu, Harrison enregistre cet album de façon assez négligée, au printemps 1982, avec quelques amis, dans son studio personnel de [[Friar Park]].


Sorti sans aucune promotion ou presque, l'album est par ailleurs handicapé par une pochette souvent jugée laide, patchwork de photos qui contient même une recette de fabrication de ciment. Il se dégage de cet pochette et du texte de certaines chansons une impression de laisser-aller et d'envie de vacances imminentes. Harrison y exprime également son dépit vis-à-vis du monde actuel et sa propre passivité, ainsi que certains constat sur la façon dont sa musique est perçue. De façon générale, l'album est assez mal perçu par les quelques critiques qui s'intéressent à lui. Le public l'ignore et, avec une absence totale des charts britanniques et une 108{{e}} place aux États-Unis, c'est son plus grand échec au sein de sa [[discographie de George Harrison|discographie en studio]].
Sorti sans aucune promotion ou presque, l'album est par ailleurs handicapé par une pochette souvent jugée laide, patchwork de photos qui contient même une recette de fabrication de ciment. Il se dégage de cette pochette et du texte de certaines chansons une impression de laisser-aller et d'envie de vacances imminentes. Harrison y exprime également son dépit vis-à-vis du monde actuel et sa propre passivité, ainsi que certains constats sur la façon dont sa musique est perçue. De façon générale, l'album est assez mal perçu par les quelques critiques qui s'intéressent à lui. Le public l'ignore et, avec une absence totale des charts britanniques et une {{108e|place}} aux États-Unis, c'est le plus grand échec de l'ex-Beatle au sein de sa [[discographie de George Harrison|discographie en studio]].


Après ce disque, libéré de toute contrainte et devant l'accueil très froid qui lui est réservé, George Harrison se retire pour cinq ans des studios d'enregistrement. Par la suite, cependant, plusieurs des chansons qui sont issues de ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' trouvent leur place sur une compilation et l'une d'entre elles est même interprétée durant le ''{{lang|en|[[Concert for George]]}}'' en 2002 en hommage à son auteur. Le disque est quant à lui réédité en 2004 au sein d'un coffret retraçant cette période de la carrière du musicien.
Après ce disque, libéré de toute contrainte et devant l'accueil très froid qui lui est réservé, George Harrison se retire pour cinq ans des studios d'enregistrement. Par la suite, cependant, plusieurs des chansons qui sont issues de ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' trouvent leur place sur une compilation et l'une d'entre elles est même interprétée durant le ''{{lang|en|[[Concert for George]]}}'' en 2002 en hommage à son auteur. Le disque est quant à lui réédité en 2004 au sein d'un coffret retraçant cette période de la carrière du musicien.


==Historique==
== Historique ==
===Contexte et enregistrement===
=== Contexte et enregistrement ===
[[Fichier:Ray Cooper 2010.jpg|thumb|left|Le percussionniste [[Ray Cooper]] joue sur l'album aux côtés de Harrison et l'assiste à la production, comme sur son album précédent.]]
[[Fichier:Ray Cooper 2010.jpg|thumb|left|alt=Photo d'un percussionniste en train de taper sur des congas|Le percussionniste [[Ray Cooper]] joue sur l'album aux côtés de Harrison et l'assiste à la production, comme sur son album précédent.]]

En 1982, [[George Harrison]] est particulièrement dépité vis-à-vis de l'industrie du disque. La société qui distribue ses disques, [[Warner Bros. Records]], s'est montrée particulièrement intrusive dans sa production artistique en lui demandant de revoir sa copie lors de la sortie de son album précédent, ''{{lang|en|[[Somewhere in England]]}}'' : c'est contraint et forcé qu'il avait dû en éliminer quatre chansons pour les remplacer par de nouvelles compositions plus commerciales<ref>{{harvsp|François Plassat|2011|p=78}}</ref>. Déjà rendu furieux par cette contestation de son potentiel, il voit également l'éditeur refuser sa proposition de pochette. Harrison se montre donc assez amer contre les {{citation|hommes en costume}} qui l'ont forcé à tant de changements<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=349}}</ref>.
En 1982, [[George Harrison]] est particulièrement dépité vis-à-vis de l'industrie du disque. La société qui distribue ses disques, [[Warner Bros. Records]], s'est montrée particulièrement intrusive dans sa production artistique en lui demandant de revoir sa copie lors de la sortie de son album précédent, ''{{lang|en|[[Somewhere in England]]}}'' : c'est contraint et forcé qu'il avait dû en éliminer quatre chansons pour les remplacer par de nouvelles compositions plus commerciales<ref>{{harvsp|François Plassat|2011|p=78}}</ref>. Déjà rendu furieux par cette contestation de son potentiel, il voit également l'éditeur refuser sa proposition de pochette. Harrison se montre donc assez amer contre les {{citation|hommes en costume}} qui l'ont forcé à tant de changements<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=349}}</ref>.


Par ailleurs, Harrison ne fait plus, en ce début de décennie, de la musique son activité principale. Il se consacre beaucoup au cinéma, et produit plusieurs films à succès par le biais de sa société [[HandMade Films]]. Il participe notamment au film ''[[Bandits, bandits]]'' de [[Terry Gilliam]] sorti en 1981, en composant la chanson ''{{lang|en|[[Dream Away]]}}'' pour le générique<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=212}}</ref>. Par ailleurs, passionné d'automobile, Harrison décide de suivre les grands prix à travers le monde, ce qui occupe une grande part de son temps<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=272 - 274}}</ref>.
Par ailleurs, Harrison ne fait plus, en ce début de décennie, de la musique son activité principale. Il se consacre beaucoup au cinéma, et produit plusieurs films à succès par le biais de sa société [[HandMade Films]]. Il participe notamment au film ''[[Bandits, bandits]]'' de [[Terry Gilliam]] sorti en 1981, en composant la chanson ''{{lang|en|[[Dream Away]]}}'' pour le générique<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=212}}</ref>. Par ailleurs, passionné d'automobile, Harrison décide de suivre les Grands Prix de Formule 1 à travers le monde, ce qui occupe une grande part de son temps<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=272 - 274}}</ref>.


C'est donc un George Harrison particulièrement distant vis-à-vis du monde musical qui entre en studio en 1982 avec, plus que l'envie de faire un album, celle d'en finir avec le contrat qui l'oblige à enregistrer alors qu'il n'en ressent plus l'envie. C'est ainsi que l'album qui en découle, ''{{lang|en|Gone Troppo}}'', est souvent considéré comme bâclé<ref name=FP82>{{harvsp|François Plassat|2011|p=82}}</ref>. Les sessions d'enregistrement s'étendent de mai à août 1982, dans le studio personnel de Harrison, à [[Friar Park]]. L'ambiance y est détendue, et plus proche de la réalisation d'un disque entre amis, pour s'amuser, que de sessions d'un album très travaillé. La plupart des musiciens viennent ainsi des environs, et peu d'Américains sont présents sur le disque, à l'exceptions d'apparitions ponctuelles, notamment du batteur [[Jim Keltner]] et de [[Billy Preston]], fidèles de Harrison. Parmi les participants britanniques, on retrouve notamment [[Jon Lord]] de [[Deep Purple]] derrière les claviers de certaines chansons, le bassiste [[Herbie Flowers]] et le batteur [[Henry Spinetti]]. Le disque est coproduit par Harrison et son ami [[Ray Cooper]]<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=229 - 230}}</ref>.
C'est donc un George Harrison particulièrement distant vis-à-vis du monde musical qui entre en studio en 1982 avec, plus que l'envie de faire un album, celle d'en finir avec le contrat qui l'oblige à enregistrer alors qu'il n'en ressent plus l'envie. C'est ainsi que l'album qui en découle, ''{{lang|en|Gone Troppo}}'', est souvent considéré comme bâclé<ref name=FP82>{{harvsp|François Plassat|2011|p=82}}</ref>. Les sessions d'enregistrement s'étendent de mai à {{date-|août 1982}}, dans le studio personnel de Harrison, à [[Friar Park]]. L'ambiance y est détendue, et plus proche de la réalisation d'un disque entre amis, pour s'amuser, que de sessions d'un album très travaillé. La plupart des musiciens viennent ainsi des environs, et peu d'Américains sont présents sur le disque, à l'exception d'apparitions ponctuelles, notamment du batteur [[Jim Keltner]] et de [[Billy Preston]], fidèles de Harrison. Parmi les participants britanniques, on retrouve notamment [[Jon Lord]] de [[Deep Purple]] derrière les claviers de certaines chansons, le bassiste [[Herbie Flowers]] et le batteur [[Henry Spinetti]]. Le disque est coproduit par Harrison et son ami [[Ray Cooper]]<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=229 - 230}}</ref>, ainsi que par Phil McDonald, qui avait été ingénieur du son pour les [[The Beatles|Beatles]] et occupe cette fonction sur ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' en plus de la production<ref>[http://george-harrison.yellow-sub.net/Gone-Troppo,2813.html « ''Gone Troppo'' »], ''Yellow-Sub.net''. Consulté le 8 mars 2012</ref>.


===Parution et réception===
=== Parution et réception ===
[[Fichier:Harrison and Clapton.jpg|thumb|[[George Harrison]], à gauche, dans une de ses rares apparitions publiques au cours des années 1980 (avec [[Eric Clapton]]).]]
⚫
''{{lang|en|Gone Troppo}}'' sort début novembre 1982, pour connaître un succès quasi-nul. La critique n'y prête presque aucune attention à l'époque, et le public encore mois. Même lors de ses précédentes baisses de régimes, Harrison était toujours parvenu à rester dans les charts de façon assez honorable. ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' ne pénètre pas dans les classements britanniques, et n'atteint que la 108{{e}} place des classements aux États-Unis<ref name=BH192>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=192}}</ref>. De même, le single ''{{lang|en|[[Wake Up My Love]]}}'' qui en est tiré à la même époque ne connaît aucun succès en Grande-Bretagne, mais parvient en 54{{e}} place aux États-Unis<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=386}}</ref>. Ce manque de visibilité, Harrison le doit principalement à lui-même : la promotion de l'album est presque inexistante, et le musicien ne manifeste aucune ardeur pour faire connaître son disque<ref name=BH192/>. À cela s'ajoute la pochette aux couleurs vives (et souvent jugée hideuse) qu'il a faite réaliser par son ami Larry Smith : patchwork de photographies diverses sur fond à dominante jaune et bleue, on peut-même trouver, à l'intérieur de la pochette, une longue recette indiquant comment préparer du [[ciment]]<ref>{{en}} Graham Calkin, [http://www.jpgr.co.uk/k9237341.html « ''Gone Troppo'' »], ''Graham Calkin's Beatles Pages''. Consulté le 2 mars 2012</ref>.


⚫
''{{lang|en|Gone Troppo}}'' sort début {{date-|novembre 1982}}, pour connaître un succès quasiment nul. La critique n'y prête presque aucune attention à l'époque, et le public encore moins. Même lors de ses précédentes baisses de régime, Harrison était toujours parvenu à rester dans les charts de façon assez honorable. ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' ne pénètre pas dans les classements britanniques, et n'atteint que la {{108e|place}} des classements aux États-Unis<ref name=BH192>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=192}}</ref>. De même, le single ''{{lang|en|[[Wake Up My Love]]}}'' qui en est tiré à la même époque ne connaît aucun succès en Grande-Bretagne, mais atteint la {{54e|place}} aux États-Unis<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=386}}</ref>. Ce manque de visibilité, Harrison le doit principalement à lui-même : la promotion de l'album est presque inexistante, et le musicien ne manifeste aucune ardeur pour faire connaître son disque<ref name=BH192/>. À cela s'ajoute une pochette aux couleurs vives et souvent jugée hideuse qu'il a fait réaliser par son ami Larry Smith : patchwork de photographies diverses sur fond à dominante jaune et bleue, on peut-même trouver, à l'intérieur, une longue recette indiquant comment préparer du [[ciment]]<ref>{{en}} Graham Calkin, [http://www.jpgr.co.uk/k9237341.html « ''Gone Troppo'' »], ''{{lang|en|Graham Calkin's Beatles Pages}}''. Consulté le 2 mars 2012</ref>.
⚫
Les quelques critiques qui se prononcent au sujet de l'album sont souvent assez virulentes à son égard. À l'époque, Steve Pond de ''{{lang|en|[[Rolling Stone]]}}'' déclare que {{citation|à l'exception de l'enjoué ''{{lang|en|Wake Up My Love}}'', écrire de bonnes chansons n'était clairement pas à l'agenda de George}} et que c'est {{citation|un truc passable, même s'il vaut difficilement une journée à la plage}}<ref>{{en}} Steve Pond, [http://www.rollingstone.com/music/albumreviews/gone-troppo-19830217 « ''Gone Troppo'' »], ''[[Rolling Stone]]''. Consulté le 2 mars 2012</ref>. Pour William Ruhlmann, du site ''[[Allmusic]]'', l'album est simplement {{citation|désastreux}}. Le disque se voit également reprocher une production trop chargée et parfois datée<ref name=FP82/>. De façon générale, la critique voit surtout dans ce disque un album de musiques que le compositeur a faite avant tout pour lui-même, sans chercher à plaire à qui que ce soit<ref name="Leng p233">{{harvsp|Simon Leng|2006|p=233}}</ref>.


⚫
Les quelques critiques qui se prononcent au sujet de l'album sont souvent assez virulentes à son égard. À l'époque, Steve Pond de ''{{lang|en|[[Rolling Stone]]}}'' déclare que {{citation|l'album se compose de ritournelles jetables, de fragments instrumentaux et de chansons d'amour stéréotypées}} et que {{citation|à l'exception de l'enjoué ''{{lang|en|Wake Up My Love}}'', écrire de bonnes chansons n'était clairement pas au programme pour George}}<ref>{{en}} Steve Pond, [https://www.rollingstone.com/music/albumreviews/gone-troppo-19830217 « ''Gone Troppo'' »], ''[[Rolling Stone]]''. Consulté le 2 mars 2012</ref>. Pour William Ruhlmann, du site ''[[AllMusic]]'', l'album est simplement {{citation|désastreux}}<ref>{{en}} William Ruhlmann, [http://www.allmusic.com/album/r8999 « ''Gone Troppo'' »], ''[[AllMusic]]''. Consulté le 8 mars 2012</ref>. Le disque se voit également reprocher une production trop chargée et parfois datée<ref name=FP82/>. De façon générale, la critique voit surtout dans ce disque un album de musiques que le compositeur a faites avant tout pour lui-même, sans chercher à plaire à qui que ce soit<ref name="Leng p233">{{harvsp|Simon Leng|2006|p=233}}</ref>.
⚫
Certaines chansons gagnent cependant une plus grande place au sein de l’œuvre de Harrison et sont jugés assez agréables. ''{{lang|en|Wake Up My Love}}'', ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' et ''{{lang|en|That The Way It Goes}}'' apparaissent en 1989 sur la compilation ''{{lang|en|[[Best of Dark Horse (1976-1989)]]}}''<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=28}}</ref>. La dernière est par ailleurs interprétée par [[Joe Brown]] lors du grand hommage rendu au guitariste lors du ''{{lang|en|[[Concert for George]]}}'' en 2002<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=139}}</ref>. Enfin, ''{{lang|en|[[Dream Away]]}}'', parue en single au Japon sans grand succès, a par la suite gagné une certaine affection du public pour sa présence dans la bande-originale de ''[[Bandits, bandits]]'' : elle figure notamment au top 10 des chansons préférées de George Harrison dans un sondage organisé par la radio américaine AOL<ref>{{en}} [http://www.aolradioblog.com/2010/04/03/best-george-harrison-songs/ « ''10 Best George Harrison Songs'' »], ''AOL Radio Blog''. Consulté le 2 mars 2012</ref>.


⚫
Certaines chansons gagnent cependant une plus grande place au sein de l’œuvre de Harrison et sont jugées assez agréables. ''{{lang|en|Wake Up My Love}}'', ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' et ''{{lang|en|That's the Way It Goes}}'' apparaissent en 1989 sur la compilation ''{{lang|en|[[Best of Dark Horse (1976-1989)]]}}''<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=28}}</ref>. La dernière est par ailleurs interprétée par [[Joe Brown (chanteur)|Joe Brown]] lors du grand hommage rendu au guitariste lors du ''{{lang|en|[[Concert for George]]}}'' en 2002<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=139}}</ref>. Enfin, ''{{lang|en|[[Dream Away]]}}'', parue en single au Japon sans grand succès, a par la suite gagné une certaine affection du public pour sa présence dans la bande-originale de ''[[Bandits, bandits]]'' : elle figure notamment au top 10 des chansons préférées de George Harrison dans un sondage organisé par la radio américaine AOL<ref>{{en}} [http://www.aolradioblog.com/2010/04/03/best-george-harrison-songs/ « ''{{lang|en|10 Best George Harrison Songs}}'' »], ''AOL Radio Blog''. Consulté le 2 mars 2012</ref>.
⚫
Suite à l'accueil reçu par cet album, George Harrison met, pour cinq ans, un terme à sa carrière discographique, à l'exception de quelques participations, notamment à des bandes originales<ref name=FP82/>. Il faut attendre 1987 pour assister à son retour avec l'album ''{{lang|en|[[Cloud Nine (album)|Cloud Nine]]}}'' qui est, pour sa part, plébiscité comme un de ses meilleurs disques<ref>{{harvsp|François Plassat|2011|p=88 - 89}}</ref>. ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' est également un des six albums réédités en 2004 dans le coffret ''{{lang|en|The Dark Horse Years / 1976 - 1992}}'', avec une piste bonus (version acoustique de ''{{lang|en|Mystical One}}'')<ref>{{harvsp|François Plassat|2011|p=137}}</ref>.


⚫
À la suite de l'accueil reçu par cet album, George Harrison met, pour cinq ans, un terme à sa carrière discographique, à l'exception de quelques participations, notamment à des bandes originales<ref name=FP82/>. Il faut attendre 1987 pour assister à son retour avec l'album ''{{lang|en|[[Cloud Nine (album de George Harrison)|Cloud Nine]]}}'' qui est, pour sa part, plébiscité comme un de ses meilleurs disques<ref>{{harvsp|François Plassat|2011|p=88 - 89}}</ref>. ''{{lang|en|Gone Troppo}}'' est également un des six albums réédités en 2004 dans le coffret ''{{lang|en|The Dark Horse Years / 1976 - 1992}}'', avec une version acoustique de ''{{lang|en|Mystical One}}'' en piste bonus<ref>{{harvsp|François Plassat|2011|p=137}}</ref>.
⚫
==Analyse musicale==
⚫
[[Fichier:JalTarang Omenad.jpg|thumb|left|Le [[jal tarang]] est un des instruments inhabituels auxquels recourt Harrison dans ''{{lang|en|Gone Troppo}}''.]]
⚫
''{{lang|en|Gone Troppo}}'' se caractérise par un ton souvent enjoué, et moins sérieux que la plupart des compositions de Harrison. La chanson titre fait d'ailleurs référence à un mot d'argot australien désignant le fait de devenir fou à cause du climat environnant<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=193}}</ref>. Elle se distingue ainsi par ses airs exotiques faisant écho au besoin croissant de vacances exprimé par le musicien, qui y ajoute des instruments tels que le [[marimba]] ou encore le [[jal tarang]] pour accentuer ce sentiment<ref name="Leng p233"/>. C'est également l'atmosphère que retranscrit l'instrumental ''{{lang|en|Greece}}'', en quatrième position sur le disque<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=201}}</ref>. Enfin, cet aspect ressort légèrement dans les chœurs de la chanson ''{{lang|en|[[Dream Away]]}}'', composée et enregistrée deux ans avant le reste de l'album<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=161}}</ref>. La chanson d'ouverture, ''{{lang|en|[[Wake Up My Love]]}}'', est une tentative par Harrison de composer une chanson dans l'air du temps, bien qu'il se sente lui-même dépassé par le paysage musical du début des années 1980<ref name=FP82/>. Dans la même veine, la ballade ''{{lang|en|Baby Don't Run Away}}'' est une tentative pour coller au style des chansons d'amour de l'époque, qui ne marche cependant pas vraiment : pour le journaliste Simon Leng, sa surproduction lui donne l'air de venir d'un dessin animé [[Disney]]<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=235}}</ref>.


⚫
== Analyse musicale ==
⚫
Il s'offre également quelques chansons plus réfléchies et personnelles. ''{{lang|en|That the Way It Goes}}'' est ainsi un regard désabusé sur la société : alors qu'Harrison chantait jusque là pour faire passer des messages sur sa spiritualité, il regarde ici avec dépit le monde en décidant d'accepter passivement son injustice, ce qui est interprété tantôt comme une forme de misanthropie ou au contraire de réalisme<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=230 - 231}}</ref>. La chanson ''{{lang|en|Mystical One}}'' est pour sa part un regard du musicien sur lui-même, avec notamment, un constat : {{citation|Ils disent que je ne suis plus ce que j'étais}}, et l'envie d'être accepté tel qu'il est, bien que son image et ses préoccupations aient évolué depuis l'époque des [[The Beatles|Beatles]]. Sur la réédition CD de 2004, une version acoustique de cette chanson est ajoutée<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=233 - 234}}</ref>. Enfin, dans cette veine personnelle, ''{{lang|en|Unknown Delight}}'' est une chanson consacrée à l'amour paternel qu'il ressent pour son fils [[Dhani Harrison|Dhani]]<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=234}}</ref>.
⚫
[[Fichier:JalTarang Omenad.jpg|thumb|left|alt=Série de bols disposés les uns à la suite des autres sur un support en arc de cercle|Le [[jal tarang]] est un des instruments inhabituels auxquels recourt Harrison dans ''{{lang|en|Gone Troppo}}''.]]


⚫
''{{lang|en|Gone Troppo}}'' se caractérise par un ton souvent enjoué, et moins sérieux que la plupart des compositions de Harrison, jusque dans son titre même : ''[[:wikt:troppo|troppo]]'' est un terme d'[[Anglais australien|argot australien]] désignant le fait de devenir fou à cause du climat environnant<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=193}}</ref>. Elle se distingue ainsi par ses airs exotiques faisant écho au besoin croissant de vacances exprimé par le musicien, qui y ajoute des instruments tels que le [[marimba]] ou encore le [[jal tarang]] pour accentuer ce sentiment<ref name="Leng p233"/>. C'est également l'atmosphère que retranscrit l'instrumental ''{{lang|en|Greece}}'', en quatrième position sur le disque<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=201}}</ref>. Enfin, cet aspect ressort légèrement dans les chœurs de la chanson ''{{lang|en|[[Dream Away]]}}'', composée et enregistrée deux ans avant le reste de l'album<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=161}}</ref>. La chanson d'ouverture, ''{{lang|en|[[Wake Up My Love]]}}'', est une tentative par Harrison de composer une chanson dans l'air du temps, bien qu'il se sente lui-même dépassé par le paysage musical du début des années 1980<ref name=FP82/>. Dans la même veine, la ballade ''{{lang|en|Baby Don't Run Away}}'' est une tentative pour coller au style des chansons d'amour de l'époque, qui ne marche cependant pas vraiment : pour le journaliste Simon Leng, sa surproduction lui donne l'air de venir d'un dessin animé [[The Walt Disney Company|Disney]]<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=235}}</ref>.
⚫
Peu connue, et clôturant l'album, ''{{lang|en|Circles}}'' est une chanson assez peu commerciale et à la structure musicale complexe, qui parle du thème de la [[réincarnation]]. Il s'agit d'une chanson vieille de 15 ans, puisqu'elle avait été composée à [[Rishikesh]] au cours du [[séjour des Beatles en Inde]] en 1968. Son apparition sur l'album est également une forme de pied de nez à la [[Warner Bros. Records|Warner]] qui avait trouvé les chansons de l'album précédent trop peu commerciales, vu son peu de potentiel de ce point de vue<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=236}}</ref>. Enfin, il réenregistre dans le style [[doo-wop]] une chanson vieille de plus de vingt ans, ''{{lang|en|I Really Love You}}'', enregistrée par les [[The Stereos|Stereos]]<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=231}}</ref>.


⚫
Il s'offre également quelques chansons plus réfléchies et personnelles. ''{{lang|en|That's the Way It Goes}}'' est ainsi un regard désabusé sur la société : alors qu'Harrison chantait jusque-là pour faire passer des messages sur sa spiritualité, il regarde ici avec dépit le monde en décidant d'accepter passivement son injustice, ce qui est interprété tantôt comme une forme de misanthropie ou au contraire de réalisme<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=230 - 231}}</ref>. La chanson ''{{lang|en|Mystical One}}'' est pour sa part un regard du musicien sur lui-même, avec notamment, un constat : {{citation|Ils disent que je ne suis plus ce que j'étais}}, et l'envie d'être accepté tel qu'il est, bien que son image et ses préoccupations aient évolué depuis l'époque des [[The Beatles|Beatles]]. Sur la réédition CD de 2004, une version acoustique de cette chanson est ajoutée<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=233 - 234}}</ref>. Enfin, dans cette veine personnelle, ''{{lang|en|Unknown Delight}}'' est une chanson consacrée à l'amour paternel qu'il ressent pour son fils [[Dhani Harrison|Dhani]]<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=234}}</ref>.
⚫
==Fiche technique==

⚫
Peu connue, et clôturant l'album, ''{{lang|en|Circles}}'' est une chanson assez peu commerciale et à la structure musicale complexe, qui parle du thème de la [[réincarnation]]. Il s'agit d'une chanson vieille de 15 ans, puisqu'elle avait été composée à [[Rishikesh]] au cours du [[séjour des Beatles en Inde]] en 1968, et envisagée pour apparaître sur l'[[The Beatles (album)|« album blanc »]]. Son apparition sur l'album est également une forme de pied de nez à la [[Warner Bros. Records|Warner]] qui avait trouvé les chansons de l'album précédent trop peu commerciales, vu son peu de potentiel de ce point de vue<ref>{{harvsp|Simon Leng|2006|p=236}}</ref>. Enfin, il réenregistre dans le style [[doo-wop]] une chanson vieille de plus de 20 ans, ''{{lang|en|I Really Love You}}'', enregistrée par les [[The Stereos|Stereos]]<ref>{{harvsp|Bill Harry|2003|p=231}}</ref>.

⚫
== Fiche technique ==
=== Liste des chansons ===
=== Liste des chansons ===
{{pistes
{{pistes
| titre =
| titre = Face 1
| tout_ecriture = [[George Harrison]], sauf mention contraire
| tout_ecriture = [[George Harrison]], sauf mention contraire
| piste1 = [[Wake Up My Love]]
| piste1 = [[Wake Up My Love]]
| temps1 = 3:34
| temps1 = 3:34
| piste2 = That's The Way It Goes
| piste2 = That's the Way It Goes
| temps2 = 3:34
| temps2 = 3:34
| piste3 = I Really Love You
| piste3 = I Really Love You
| temps3 = 2:54
| temps3 = 2:54
| note3 = Leroy Swearingen
| note3 = Leroy Swearingen
Ligne 80 : Ligne 84 :
| temps4 = 3:58
| temps4 = 3:58
| piste5 = Gone Troppo
| piste5 = Gone Troppo
| temps5 = 4:25
| temps5 = 4:25
}}
⚫
| piste6 = Mystical One
{{pistes
⚫
| temps6 = 3:42
| piste7 = Unknown Delight
| titre = Face 2
| temps7 = 4:16
| piste1 = Mystical One
| piste8 = Baby Don't Run Away
| temps1 = 3:42
| temps8 = 4:01
| piste2 = Unknown Delight
| piste9 = [[Dream Away]]
| temps2 = 4:16
| temps9 = 4:29
| piste3 = Baby Don't Run Away
| piste10 = Circles
| temps3 = 4:01
| temps10 = 3:46
| piste4 = [[Dream Away]]
⚫
| temps4 = 4:29
| piste5 = Circles
⚫
| temps5 = 3:46
}}
}}


===Interprètes===
=== Personnel ===
⚫
* [[George Harrison]] : [[guitare]]s, mandoline, [[guitare basse|basse]], [[synthétiseur]], [[marimba]], [[Jal tarang]], [[chant]], production
'''Artistes principaux :'''
⚫
* [[George Harrison]] : [[guitare]]s, [[guitare basse|basse]], [[synthétiseur]], [[marimba]], [[Jal tarang]], [[chant]]
⚫
* [[Ray Cooper]] : [[percussions]]
* [[Herbie Flowers]] : basse
⚫
* [[Henry Spinetti]] : [[batterie (musique)|batterie]]
⚫
* [[Mike Moran]] : claviers, synthétiseurs

'''Musiciens additionnels :'''
⚫
* [[Gary Brooker]] : synthétiseur
* [[Joe Brown (chanteur)|Joe Brown]] : chœurs, mandoline
* [[Joe Brown (chanteur)|Joe Brown]] : chœurs, mandoline
* [[Vicki Brown]] : chœurs
* [[Herbie Flowers]] : basse
* William Greene : chœurs
* Willy Weeks : basse
* Alan Jones : basse
* Alan Jones : basse
⚫
* [[Billy Preston]] : orgue, piano, claviers, synthétiseur, chœurs
⚫
* [[Jim Keltner]] : percussions
⚫
* [[Mike Moran]] : piano, claviers, synthétiseurs, synthétiseur basse
⚫
* [[Bobby King & Terry Evans|Bobby King]] : chœurs
⚫
* [[Jon Lord]] : synthétiseur
⚫
* Niel Larsen : piano
* [[Jon Lord]] : piano
* [[Gary Brooker]] : synthétiseur
⚫
* Neil Larsen : piano
⚫
* [[Henry Spinetti]] : [[batterie (musique)|batterie]]
* [[Dave Mattacks]] : batterie
* [[Dave Mattacks]] : batterie
⚫
* [[Ray Cooper]] : [[Instrument de percussion|percussions]]
⚫
* [[Jim Keltner]] : percussions, batterie
⚫
* [[Bobby King & Terry Evans|Bobby King]] : chœurs
* [[Vicki Brown]] : chœurs
* Willie Greene : chœurs, voix basse
* Pico Pena : chœurs
* Pico Pena : chœurs
⚫
* [[Billy Preston]] : claviers
* Sarah Ricor : chœurs
* Sarah Ricor : chœurs
* Rodina Sloan : chœurs
* Rodina Sloan : chœurs
Ligne 119 : Ligne 124 :


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}
{{Références}}


==Bibliographie==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* {{en}} {{ouvrage|prénom1=Bill |nom1=Harry |lien auteur=Bill Harry|titre=The George Harrison Encyclopedia |éditeur= Virgin Books |année=2003 |pages totales=400 |isbn=0-7535-0822-2|id=Bill Harry2003}}
* {{en}} {{ouvrage|prénom1=Bill |nom1=Harry |lien auteur=Bill Harry|titre=The George Harrison Encyclopedia |éditeur= Virgin Books |année=2003 |pages totales=400 |isbn=0-7535-0822-2|id=Bill Harry2003}}
* {{en}} {{ouvrage|prénom1=Simon |nom1=Leng |titre=While My Guitar Gently Weeps : The Music of George Harrison |éditeur=Hal Leonard |année=2006|pages=342|isbn=1423406095|id=Simon Leng2006}}
* {{en}} {{ouvrage|prénom1=Simon |nom1=Leng |titre=While My Guitar Gently Weeps : The Music of George Harrison |éditeur=Hal Leonard |année=2006|pages=342|isbn=1423406095|id=Simon Leng2006}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=François Plassat|titre=The Beatles Discomania|éditeur=Hugo et Compagnie|année=2011|pages=191|isbn=2755608552}}
* {{fr}} {{ouvrage|auteur=François Plassat|titre=The Beatles Discomania|éditeur=Hugo et Compagnie|année=2011|pages=191|isbn=2755608552}}


=== Liens externes ===
{{Liens}}


{{Palette George Harrison}}
{{Palette|George Harrison}}
{{Portail|rock|années 1980|Royaume-Uni}}
{{portail rock}}
{{Article de qualité|oldid=77468510|date=9 avril 2012}}
⚫
{{Titre mis en forme|''{{lang|en|Gone Troppo}}''}}


[[Catégorie:Album de George Harrison]]
[[Catégorie:Album de George Harrison]]
[[Catégorie:Album publié par Dark Horse Records]]
[[Catégorie:Album publié par Warner Records]]
[[Catégorie:Album musical sorti en 1982]]
[[Catégorie:Album musical sorti en 1982]]
[[Catégorie:Novembre 1982]]

[[de:Gone Troppo]]
[[en:Gone Troppo]]
[[es:Gone Troppo]]
[[it:Gone Troppo]]
[[ja:ゴーン・トロッポ]]
[[ka:Gone Troppo]]
[[no:Gone Troppo]]
[[pt:Gone Troppo]]
[[ru:Gone Troppo]]
[[sv:Gone Troppo]]

Dernière version du 9 avril 2024 à 09:56

Wikipédia:Articles de qualité

Vous lisez un « article de qualité » labellisé en 2012.

Gone Troppo

Album de George Harrison
Sortie
Enregistré 5 mai - 27 août 1982 (à l'exception de Dream Away en 1980)
Friar Park, Angleterre
Durée 39:08
Genre Pop rock
Producteur George Harrison, Ray Cooper, Phil McDonald
Label Dark Horse/Warner Bros. Records
Critique

Albums de George Harrison

Somewhere in England
(1981) Cloud Nine
(1987)

Singles

  1. Wake Up My Love
    Sortie :
  2. I Really Love You
    Sortie : (États-Unis et Canada uniquement)
  3. Dream Away
    Sortie : (Japon)

modifier Consultez la documentation du modèle

Gone Troppo est le huitième album studio de George Harrison, publié en . Il fait suite à la sortie, un an plus tôt, de l'album Somewhere in England au succès mitigé, et qui avait été fortement modifié à la demande des distributeurs de Warner Bros. Records, au grand dam du musicien. Dépité par cette intervention dans son travail, et désireux de finir son contrat pour pouvoir prendre de la distance avec un monde musical dans lequel il se reconnaît peu, Harrison enregistre cet album de façon assez négligée, au printemps 1982, avec quelques amis, dans son studio personnel de Friar Park.

Sorti sans aucune promotion ou presque, l'album est par ailleurs handicapé par une pochette souvent jugée laide, patchwork de photos qui contient même une recette de fabrication de ciment. Il se dégage de cette pochette et du texte de certaines chansons une impression de laisser-aller et d'envie de vacances imminentes. Harrison y exprime également son dépit vis-à-vis du monde actuel et sa propre passivité, ainsi que certains constats sur la façon dont sa musique est perçue. De façon générale, l'album est assez mal perçu par les quelques critiques qui s'intéressent à lui. Le public l'ignore et, avec une absence totale des charts britanniques et une 108e place aux États-Unis, c'est le plus grand échec de l'ex-Beatle au sein de sa discographie en studio.

Après ce disque, libéré de toute contrainte et devant l'accueil très froid qui lui est réservé, George Harrison se retire pour cinq ans des studios d'enregistrement. Par la suite, cependant, plusieurs des chansons qui sont issues de Gone Troppo trouvent leur place sur une compilation et l'une d'entre elles est même interprétée durant le Concert for George en 2002 en hommage à son auteur. Le disque est quant à lui réédité en 2004 au sein d'un coffret retraçant cette période de la carrière du musicien.

Historique[modifier | modifier le code]

Contexte et enregistrement[modifier | modifier le code]

Photo d'un percussionniste en train de taper sur des congas
Le percussionniste Ray Cooper joue sur l'album aux côtés de Harrison et l'assiste à la production, comme sur son album précédent.

En 1982, George Harrison est particulièrement dépité vis-à-vis de l'industrie du disque. La société qui distribue ses disques, Warner Bros. Records, s'est montrée particulièrement intrusive dans sa production artistique en lui demandant de revoir sa copie lors de la sortie de son album précédent, Somewhere in England : c'est contraint et forcé qu'il avait dû en éliminer quatre chansons pour les remplacer par de nouvelles compositions plus commerciales[1]. Déjà rendu furieux par cette contestation de son potentiel, il voit également l'éditeur refuser sa proposition de pochette. Harrison se montre donc assez amer contre les « hommes en costume » qui l'ont forcé à tant de changements[2].

Par ailleurs, Harrison ne fait plus, en ce début de décennie, de la musique son activité principale. Il se consacre beaucoup au cinéma, et produit plusieurs films à succès par le biais de sa société HandMade Films. Il participe notamment au film Bandits, bandits de Terry Gilliam sorti en 1981, en composant la chanson Dream Away pour le générique[3]. Par ailleurs, passionné d'automobile, Harrison décide de suivre les Grands Prix de Formule 1 à travers le monde, ce qui occupe une grande part de son temps[4].

C'est donc un George Harrison particulièrement distant vis-à-vis du monde musical qui entre en studio en 1982 avec, plus que l'envie de faire un album, celle d'en finir avec le contrat qui l'oblige à enregistrer alors qu'il n'en ressent plus l'envie. C'est ainsi que l'album qui en découle, Gone Troppo, est souvent considéré comme bâclé[5]. Les sessions d'enregistrement s'étendent de mai à , dans le studio personnel de Harrison, à Friar Park. L'ambiance y est détendue, et plus proche de la réalisation d'un disque entre amis, pour s'amuser, que de sessions d'un album très travaillé. La plupart des musiciens viennent ainsi des environs, et peu d'Américains sont présents sur le disque, à l'exception d'apparitions ponctuelles, notamment du batteur Jim Keltner et de Billy Preston, fidèles de Harrison. Parmi les participants britanniques, on retrouve notamment Jon Lord de Deep Purple derrière les claviers de certaines chansons, le bassiste Herbie Flowers et le batteur Henry Spinetti. Le disque est coproduit par Harrison et son ami Ray Cooper[6], ainsi que par Phil McDonald, qui avait été ingénieur du son pour les Beatles et occupe cette fonction sur Gone Troppo en plus de la production[7].

Parution et réception[modifier | modifier le code]

Gone Troppo sort début , pour connaître un succès quasiment nul. La critique n'y prête presque aucune attention à l'époque, et le public encore moins. Même lors de ses précédentes baisses de régime, Harrison était toujours parvenu à rester dans les charts de façon assez honorable. Gone Troppo ne pénètre pas dans les classements britanniques, et n'atteint que la 108e place des classements aux États-Unis[8]. De même, le single Wake Up My Love qui en est tiré à la même époque ne connaît aucun succès en Grande-Bretagne, mais atteint la 54e place aux États-Unis[9]. Ce manque de visibilité, Harrison le doit principalement à lui-même : la promotion de l'album est presque inexistante, et le musicien ne manifeste aucune ardeur pour faire connaître son disque[8]. À cela s'ajoute une pochette aux couleurs vives et souvent jugée hideuse qu'il a fait réaliser par son ami Larry Smith : patchwork de photographies diverses sur fond à dominante jaune et bleue, on peut-même trouver, à l'intérieur, une longue recette indiquant comment préparer du ciment[10].

Les quelques critiques qui se prononcent au sujet de l'album sont souvent assez virulentes à son égard. À l'époque, Steve Pond de Rolling Stone déclare que « l'album se compose de ritournelles jetables, de fragments instrumentaux et de chansons d'amour stéréotypées » et que « à l'exception de l'enjoué Wake Up My Love, écrire de bonnes chansons n'était clairement pas au programme pour George »[11]. Pour William Ruhlmann, du site AllMusic, l'album est simplement « désastreux »[12]. Le disque se voit également reprocher une production trop chargée et parfois datée[5]. De façon générale, la critique voit surtout dans ce disque un album de musiques que le compositeur a faites avant tout pour lui-même, sans chercher à plaire à qui que ce soit[13].

Certaines chansons gagnent cependant une plus grande place au sein de l’œuvre de Harrison et sont jugées assez agréables. Wake Up My Love, Gone Troppo et That's the Way It Goes apparaissent en 1989 sur la compilation Best of Dark Horse (1976-1989)[14]. La dernière est par ailleurs interprétée par Joe Brown lors du grand hommage rendu au guitariste lors du Concert for George en 2002[15]. Enfin, Dream Away, parue en single au Japon sans grand succès, a par la suite gagné une certaine affection du public pour sa présence dans la bande-originale de Bandits, bandits : elle figure notamment au top 10 des chansons préférées de George Harrison dans un sondage organisé par la radio américaine AOL[16].

À la suite de l'accueil reçu par cet album, George Harrison met, pour cinq ans, un terme à sa carrière discographique, à l'exception de quelques participations, notamment à des bandes originales[5]. Il faut attendre 1987 pour assister à son retour avec l'album Cloud Nine qui est, pour sa part, plébiscité comme un de ses meilleurs disques[17]. Gone Troppo est également un des six albums réédités en 2004 dans le coffret The Dark Horse Years / 1976 - 1992, avec une version acoustique de Mystical One en piste bonus[18].

Analyse musicale[modifier | modifier le code]

Série de bols disposés les uns à la suite des autres sur un support en arc de cercle
Le jal tarang est un des instruments inhabituels auxquels recourt Harrison dans Gone Troppo.

Gone Troppo se caractérise par un ton souvent enjoué, et moins sérieux que la plupart des compositions de Harrison, jusque dans son titre même : troppo est un terme d'argot australien désignant le fait de devenir fou à cause du climat environnant[19]. Elle se distingue ainsi par ses airs exotiques faisant écho au besoin croissant de vacances exprimé par le musicien, qui y ajoute des instruments tels que le marimba ou encore le jal tarang pour accentuer ce sentiment[13]. C'est également l'atmosphère que retranscrit l'instrumental Greece, en quatrième position sur le disque[20]. Enfin, cet aspect ressort légèrement dans les chœurs de la chanson Dream Away, composée et enregistrée deux ans avant le reste de l'album[21]. La chanson d'ouverture, Wake Up My Love, est une tentative par Harrison de composer une chanson dans l'air du temps, bien qu'il se sente lui-même dépassé par le paysage musical du début des années 1980[5]. Dans la même veine, la ballade Baby Don't Run Away est une tentative pour coller au style des chansons d'amour de l'époque, qui ne marche cependant pas vraiment : pour le journaliste Simon Leng, sa surproduction lui donne l'air de venir d'un dessin animé Disney[22].

Il s'offre également quelques chansons plus réfléchies et personnelles. That's the Way It Goes est ainsi un regard désabusé sur la société : alors qu'Harrison chantait jusque-là pour faire passer des messages sur sa spiritualité, il regarde ici avec dépit le monde en décidant d'accepter passivement son injustice, ce qui est interprété tantôt comme une forme de misanthropie ou au contraire de réalisme[23]. La chanson Mystical One est pour sa part un regard du musicien sur lui-même, avec notamment, un constat : « Ils disent que je ne suis plus ce que j'étais », et l'envie d'être accepté tel qu'il est, bien que son image et ses préoccupations aient évolué depuis l'époque des Beatles. Sur la réédition CD de 2004, une version acoustique de cette chanson est ajoutée[24]. Enfin, dans cette veine personnelle, Unknown Delight est une chanson consacrée à l'amour paternel qu'il ressent pour son fils Dhani[25].

Peu connue, et clôturant l'album, Circles est une chanson assez peu commerciale et à la structure musicale complexe, qui parle du thème de la réincarnation. Il s'agit d'une chanson vieille de 15 ans, puisqu'elle avait été composée à Rishikesh au cours du séjour des Beatles en Inde en 1968, et envisagée pour apparaître sur l'« album blanc ». Son apparition sur l'album est également une forme de pied de nez à la Warner qui avait trouvé les chansons de l'album précédent trop peu commerciales, vu son peu de potentiel de ce point de vue[26]. Enfin, il réenregistre dans le style doo-wop une chanson vieille de plus de 20 ans, I Really Love You, enregistrée par les Stereos[27].

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Liste des chansons[modifier | modifier le code]

Toutes les chansons sont écrites et composées par George Harrison, sauf mention contraire.

Face 1
NoTitreDurée
1.Wake Up My Love3:34
2.That's the Way It Goes3:34
3.I Really Love You (Leroy Swearingen)2:54
4.Greece3:58
5.Gone Troppo4:25
Face 2
NoTitreDurée
1.Mystical One3:42
2.Unknown Delight4:16
3.Baby Don't Run Away4:01
4.Dream Away4:29
5.Circles3:46

Personnel[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. ↑ François Plassat 2011, p. 78
  2. ↑ Bill Harry 2003, p. 349
  3. ↑ Bill Harry 2003, p. 212
  4. ↑ Bill Harry 2003, p. 272 - 274
  5. ↑ a b c et d François Plassat 2011, p. 82
  6. ↑ Simon Leng 2006, p. 229 - 230
  7. ↑ « Gone Troppo », Yellow-Sub.net. Consulté le 8 mars 2012
  8. ↑ a et b Bill Harry 2003, p. 192
  9. ↑ Bill Harry 2003, p. 386
  10. ↑ (en) Graham Calkin, « Gone Troppo », Graham Calkin's Beatles Pages. Consulté le 2 mars 2012
  11. ↑ (en) Steve Pond, « Gone Troppo », Rolling Stone. Consulté le 2 mars 2012
  12. ↑ (en) William Ruhlmann, « Gone Troppo », AllMusic. Consulté le 8 mars 2012
  13. ↑ a et b Simon Leng 2006, p. 233
  14. ↑ Bill Harry 2003, p. 28
  15. ↑ Bill Harry 2003, p. 139
  16. ↑ (en) « 10 Best George Harrison Songs », AOL Radio Blog. Consulté le 2 mars 2012
  17. ↑ François Plassat 2011, p. 88 - 89
  18. ↑ François Plassat 2011, p. 137
  19. ↑ Bill Harry 2003, p. 193
  20. ↑ Bill Harry 2003, p. 201
  21. ↑ Bill Harry 2003, p. 161
  22. ↑ Simon Leng 2006, p. 235
  23. ↑ Simon Leng 2006, p. 230 - 231
  24. ↑ Simon Leng 2006, p. 233 - 234
  25. ↑ Simon Leng 2006, p. 234
  26. ↑ Simon Leng 2006, p. 236
  27. ↑ Bill Harry 2003, p. 231

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Bill Harry, The George Harrison Encyclopedia, Virgin Books, , 400 p. (ISBN 0-7535-0822-2)
  • (en) Simon Leng, While My Guitar Gently Weeps : The Music of George Harrison, Hal Leonard, , 342 p. (ISBN 1423406095)
  • (fr) François Plassat, The Beatles Discomania, Hugo et Compagnie, , 191 p. (ISBN 2755608552)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Cet article est reconnu comme « article de qualité » depuis sa version du 9 avril 2012 (comparer avec la version actuelle).
Pour toute information complémentaire, consulter sa page de discussion et le vote l'ayant promu.
La version du 9 avril 2012 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Gone_Troppo&oldid=214098331 ».