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La '''Paphlagonie''' (du [[grec ancien]] Παφλαγονία, ''Paphlagonía'') est une [[Régions historiques de Turquie|région historique]] de l'[[Anatolie|Asie Mineure]] située sur la côte nord, entre la [[Bithynie]] et le [[Royaume du Pont|Pont]], et bornée au sud par la [[Galatie]]. Elle avait pour capitale [[Amasra|Amastris]] ([[Amasra]]) et comme villes principales [[Çankırı|Gangra]] ([[Çankırı]]) et [[Sinop (ville)|Sinope]] ([[Sinop (ville)|Sinop]]).
La '''Paphlagonie''' (du {{lang-grc|{{lang|grc|Παφλαγονία|trans=Paphlagonía}}}}) est une [[Régions historiques de Turquie|région historique]] de l'[[Anatolie|Asie Mineure]] située sur la côte nord, entre la [[Bithynie]] et le [[Royaume du Pont|Pont]], et bornée au sud par la [[Galatie]]. Elle avait pour capitale Amastris ([[Amasra]]) et comme villes principales Gangra ([[Çankırı]]) et Sinope ([[Sinop (ville)|Sinop]]).

[[Fichier:Carte Paphlagonie.png|thumb|La Paphlagonie.]]
== Histoire ==
== Histoire ==
[[Fichier:Carte Paphlagonie.png|vignette|droite|Situation de la Paphlagonie en Asie Mineure antique.]]
[[Fichier:Hethiter.svg|vignette|droite|Asie Mineure à l'époque hittite.]]
[[Fichier:Antoine Philippe Houze. L'Empire des Perses. 1844 (D).jpg|vignette|droite|L'[[Anatolie|Asie Mineure]] au temps des [[Diadoque]]s.|lien=Special:FilePath/Antoine_Philippe_Houze._L'Empire_des_Perses._1844_(D).jpg]]
Dans les archives [[hittites]], le peuple guerrier des [[Gasgas]] est localisé au {{-mi|II}} dans ce qui deviendra plus tard la Paphlagonie, et aussi plus à l'Est, dans le [[Pont (région)|pays du Pont]]<ref>W. W. Hallo (dir.), {{en}} ''The Context of Scripture'', Leyden et Boston, 2003, tome II, p. 87 (trad. R. H. Beal) et tome III, p. 47 (trad. H. A. Hoffner Jr).</ref>. La Paphlagonie est citée dans l'''[[Iliade]]'' (II, 851–857) :
{{Citation bloc|Les Paphlagoniens, eux, suivaient le vaillant [[Pylémène]],<br>Du pays des Énètes, terre des mules sauvages,<br>C'étaient les habitants de Cytoros et de Sésame,<br>Ceux dont le Parthénions baigne les illustres demeures,<br>Ceux de Cromne et d'Égiale et ceux de la haute Érythines<ref>Extrait de la traduction de Frédéric Mugler aux éditions La Différence, 1989.</ref>.}}


Selon [[Hérodote]] (I, 28), la Paphlagonie est au {{-s-|VI}} sous la domination de [[Crésus]], roi de [[Lydie]]. En [[480 av. J.-C.]], elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès (VII, 57) à [[Xerxès Ier|Xerxès {{Ier}}]] pour son invasion de la Grèce (cf. [[guerres médiques]]). À cette occasion, Hérodote décrit la tenue des soldats paphlagoniens : casques recouverts de tissus, petits boucliers, chaussures à mi-jambe, etc.
La Paphlagonie est citée dans l'''[[Iliade]]'' (II, 851–857) :
<blockquote>
« Les Paphlagoniens, eux, suivaient le vaillant [[Pylémène]],<br />
Du pays des Énètes, terre des mules sauvages,<br />
C'étaient les habitants de Cytoros et de Sésame,<br />
Ceux dont le Parthénions baigne les illustres demeures,<br />
Ceux de Cromne et d'Égiale et ceux de la haute Érythines<ref>Extrait de la traduction de Frédéric Mugler aux éditions La Différence, 1989.</ref>. »
</blockquote>


Après [[Alexandre le Grand]], la Paphlagonie devient un royaume [[hellénistique]], dont le dernier roi, [[Pylæmenès Ier|Pylémène {{Ier}}]], lègue à sa mort en [[121 av. J.-C.]] son territoire à [[Mithridate V]], le [[Royaume du Pont|roi du Pont]].
Selon [[Hérodote]] (I, 28), la Paphlagonie est au {{-s|VI|e}} sous la domination de [[Crésus]], roi de [[Lydie]]. En [[480 av. J.-C.]], elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès (VII, 57) à [[Xerxès Ier|Xerxès {{Ier}}]] pour son invasion de la Grèce (cf. [[guerres médiques]]). À cette occasion, Hérodote décrit la tenue des soldats paphlagoniens : casques recouverts de tissus, petits boucliers, chaussures à mi-jambe, etc.


Le pays est dès lors disputé entre les rois du [[Royaume du Pont|Pont]] et ceux de [[Bithynie]]. Mettant à profit la jeunesse de [[Mithridate VI]], [[Nicomède III]] de Bithynie annexe une partie de la Paphlagonie et y impose l'un de ses fils sous le nom dynastique de « Pylæmenès ». Un second Pylæmenès dit ''Évergète'' ("bienfaiteur") est chassé du trône à l'époque à laquelle son suzerain [[Nicomède IV]] est expulsé de Bithynie par [[Mithridate VI]].
Après [[Alexandre le Grand]], la Paphlagonie devient un royaume [[hellénistique]], dont le dernier roi, [[Pylæmenès Ier|Pylémène {{Ier}}]], lègue à sa mort en [[121 av. J.-C.]] son territoire à [[Mithridate V]], le [[Royaume du Pont|roi du Pont]].

Le pays est dès lors disputé entre les rois du [[Royaume du Pont|Pont]] et ceux de [[Bithynie]]. Mettant à profit la jeunesse de [[Mithridate VI]], [[Nicomède III]] de Bithynie annexe une partie de la Paphlagonie et y impose l'un de ses fils sous le nom dynastique de « Pylæmenès ». Un second Pylæmenès dit ''Évergète'' ("bienfaiteur" en [[Grec (langue)|grec]]) est chassé du trône à l'époque à laquelle son suzerain [[Nicomède IV]] est expulsé de Bithynie par [[Mithridate VI]].


Les [[Rome antique|Romains]], vainqueurs de Mithridate VI, font de la Paphlagonie une [[province romaine]], et la réunissent à la province du Pont en [[63 av. J.-C.]]. Selon [[Appien]], [[Pompée]] y rétablit Attale et un autre Pylæmenès<ref>[[Eutrope (historien)|Eutrope]], livre VI, § 11.</ref>, qui sont peut-être les fils de Pylæmenès l’''Évergète''. Après leur disparition, la Paphlagonie est un temps gouvernée par des dynastes [[galates]] héritiers de [[Déiotaros]], avant d'être incorporée dans la province romaine de [[Galatie]] en [[6|6 ap. J.-C.]] Sous [[Dioclétien]], elle en est séparée et fait partie du [[Diocèses de l'Empire romain|diocèse]] du Pont.
Les [[Rome antique|Romains]], vainqueurs de Mithridate VI, font de la Paphlagonie une [[province romaine]], et la réunissent à la province du Pont en [[63 av. J.-C.]]. Selon [[Appien]], [[Pompée]] y rétablit Attale et un autre Pylæmenès<ref>[[Eutrope (historien)|Eutrope]], livre VI, § 11.</ref>, qui sont peut-être les fils de Pylæmenès l’''Évergète''. Après leur disparition, la Paphlagonie est un temps gouvernée par des dynastes [[galates]] héritiers de [[Déiotaros]], avant d'être incorporée dans la province romaine de [[Galatie]] en [[6|6 ap. J.-C.]] Sous [[Dioclétien]], elle en est séparée et fait partie du [[Diocèses de l'Empire romain|diocèse]] du Pont.


La partie de la Paphlagonie qui confine à la Bithynie s'appelle Timonitide ou royaume de Gézatorix (Strabon XII,III,41), un [[tétrarque]] de [[Galatie]]. Sous la domination romaine, la Paphlagonie achève de s'[[Hellénisme|helléniser]] et se [[Histoire du christianisme|christianise]] au {{IVe siècle}}. Elle est une province prospère et peuplée de l'[[Empire romain d'Orient]], intégrée aux [[Thème (Empire byzantin)|thèmes]] [[Empire byzantin|byzantins]] des [[Bucellaires]] et de [[Paphlagonie (thème)|Paphlagonie]]. Sa prospérité attire en [[830]] une [[Expédition des Rus' en Paphlagonie|invasion russe]], repoussée. Lorsqu'en [[1206]] la [[quatrième croisade]] provoque la division de l'[[Empire byzantin]], la Paphlagonie échoit à l'[[Empire de Nicée]].
La partie de la Paphlagonie qui confine à la Bithynie s'appelle Timonitide ou royaume de [[Gézatorix]] ([[Strabon]] XII,III,41), un [[tétrarque]] de [[Galatie]]. Sous la domination romaine, la Paphlagonie achève de s'[[Hellénisme|helléniser]] et se [[Histoire du christianisme|christianise]] au {{s-|IV}}. Elle est une province prospère et peuplée de l'[[Empire romain d'Orient]], intégrée aux [[Thème (Empire byzantin)|thèmes]] [[Empire byzantin|byzantins]] des [[Bucellaires]] et de [[Paphlagonie (thème)|Paphlagonie]]. Sa prospérité attire en [[830]] une [[Expédition des Rus' en Paphlagonie|invasion russe]], repoussée. Lorsqu'en [[1206]] la [[quatrième croisade]] provoque la division de l'[[Empire byzantin]], la Paphlagonie échoit à l'[[Empire de Nicée]].


En [[1336]], à l'[[époque des beylicats]] d'[[Anatolie]], le pays est conquis par l'[[émir]]at [[Peuples turcs|turc]] de [[Gâzi Çelebi]]. Ensuite, en [[1390]], il passe aux mains des [[sultan]]s [[Empire ottoman|ottomans]]. Progressivement, la population paphlagonienne, qui était devenue [[Grecs|grecque]] et [[Église orthodoxe|orthodoxe]] durant le premier millénaire de notre ère, devient [[Turcs (peuple)|turque]] et [[Islam|musulmane]] au fil des conversions (entre autres, pour ne plus payer le [[Kharadj|haraç]] : impôt sur les non-musulmans, et pour ne plus subir le [[devchirmé]] : enlèvement des garçons pour le corps des [[janissaire]]s). Seules les localités de la côte de la [[mer Noire]] gardent une [[Pontiques|population grecque]] jusqu'en [[1923]], lorsqu'en application du [[Traité de Lausanne (1923)|Traité de Lausanne]] celle-ci est expulsée vers la [[Grèce]]<ref>Hans-Erich Stier (dir.): « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, ISBN 3-14-100919-8, pp. 5, 9, 11, 15, 16, 22, 26, 27, 34, 44, 50, 64, 66, 70 et 103.</ref>. La Paphlagonie est aujourd'hui divisée entre les provinces turques de [[Bartın (province)|Bartin]], [[Kastamonu (province)|Castamonie]]<ref>Castamonie, forme française du {{XVIIIe siècle}} du nom initial de la ville Κασταμονή, attesté à l'époque byzantine.</ref>, [[Çankırı (province)|Çankiri]], [[Karabük (province)|Karabük]], [[Sinop (province)|Sinope]] et [[Samsun (province)|Samsun]].
En [[1336]], à l'[[époque des beylicats]] d'[[Anatolie]], le pays est conquis par l'[[émir]]at [[Peuples turcs|turc]] de [[Gâzi Çelebi]]. Ensuite, en [[1390]], il passe aux mains des [[sultan]]s [[Empire ottoman|ottomans]]. Progressivement, la population paphlagonienne, devenue [[Grecs|grecque]] et [[Église orthodoxe|orthodoxe]] durant le premier millénaire de notre ère, devient [[Turcs (peuple)|turque]] et [[Islam|musulmane]] au fil des conversions (entre autres, pour ne plus payer le [[Kharadj|haraç]] : impôt sur les non-musulmans, et pour ne plus subir le [[devchirmé]] : enlèvement des garçons pour le corps des [[janissaire]]s). Seules les localités de la côte de la [[mer Noire]] gardent une [[Pontiques|population grecque]] jusqu'en [[1923]], lorsqu'en application du [[Traité de Lausanne (1923)|Traité de Lausanne]] celle-ci est expulsée vers la [[Grèce]]<ref>Hans-Erich Stier (dir.): « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, {{ISBN|3-14-100919-8}}, pp. 5, 9, 11, 15, 16, 22, 26, 27, 34, 44, 50, 64, 66, 70 et 103.</ref>. La Paphlagonie est aujourd'hui divisée entre les provinces turques de [[Bartın (province)|Bartin]], [[Kastamonu (province)|Castamonie]]<ref>Castamonie, forme française du {{XVIIIe siècle}} du nom initial de la ville {{lang|grc|Κασταμονή}}, attesté à l'époque byzantine.</ref>, [[Çankırı (province)|Çankiri]], [[Karabük (province)|Karabük]], [[Sinop (province)|Sinope]] et [[Samsun (province)|Samsun]].


== Dynastes de Paphlagonie ==
== Dynastes de Paphlagonie ==
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* [[37 av. J.-C.]]-[[6|6 ap. J.-C.]] : Déiotaros II ''Philadelphe'', son fils.
* [[37 av. J.-C.]]-[[6|6 ap. J.-C.]] : Déiotaros II ''Philadelphe'', son fils.


== Quelques Paphlagoniens célèbres ==
== Quelques Paphlagoniens notoires ==


* Dans sa pièce ''Les Cavaliers'', [[Aristophane]] s'en prend à un personnage qu'il appelle « le Paphlagonien » et qui représente son ennemi [[Cléon]].
* Dans sa pièce ''[[Les Cavaliers (Aristophane)|Les Cavaliers]]'', [[Aristophane]] s'en prend à un personnage qu'il appelle « le Paphlagonien » et qui représente son ennemi [[Cléon]].
* [[Alexandre d'Abonuteichos]], dit Alexandre le Paphlagonien (vers 105 - vers 175), mystique et prêtre, évoqué par [[Lucien de Samosate]].
* [[Alexandre d'Abonuteichos]], dit Alexandre le Paphlagonien (vers 105 - vers 175), mystique et prêtre, évoqué par [[Lucien de Samosate]].
* [[Thémistios]], rhéteur et philosophe (vers 317 - vers 388).
* [[Thémistios]], rhéteur et philosophe (vers 317 - vers 388).
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références}}
{{Références}}

== Annexes ==
{{Autres projets|wiktionary=Paphlagonie}}
=== Articles connexes ===
* {{Lien|langue=en|trad=Pala (Anatolia)|fr=Pays Pala}}
==== Antiquité grecque ====
* [[Colonisation grecque]]
* {{Lien|langue=en|trad=Hadrianopolis in Paphlagonia|fr=Hadrianopolis de Paphlagonie}}
* {{Lien|langue=en|trad=Pompeiopolis|fr=Pompeiopolis de Paphlagonie}}
* Sesamos, Amastris, actuelle [[Amasra]]
* Gangra, Germanicopolis, actuelle [[Çankırı]]
* Sinopè, [[Sinop (ville)]]
* Kastra Komnenon, [[Kastamonu]]

==== Antiquité romaine ====
* [[Province romaine]],[[Gouverneur romain]],
* [[Liste de voies romaines]],
* [[Antiquité tardive]], [[Notitia dignitatum]],
* [[Liste_des_dioc%C3%A8ses_de_l%27Empire_romain|Liste des diocèses de l'Empire romain tardif]], [[Liste_des_provinces_romaines#Liste_des_provinces_romaines_sous_le_Bas-Empire|Liste des provinces du Bas-Empire]]
== Articles connexes ==
* Thème byzantin des [[Bucellaires]]


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La Paphlagonie (du grec ancien : Παφλαγονία (Paphlagonía)) est une région historique de l'Asie Mineure située sur la côte nord, entre la Bithynie et le Pont, et bornée au sud par la Galatie. Elle avait pour capitale Amastris (Amasra) et comme villes principales Gangra (Çankırı) et Sinope (Sinop).

Histoire[modifier | modifier le code]

Situation de la Paphlagonie en Asie Mineure antique.
Asie Mineure à l'époque hittite.
L'Asie Mineure au temps des Diadoques.

Dans les archives hittites, le peuple guerrier des Gasgas est localisé au IIe millénaire av. J.-C. dans ce qui deviendra plus tard la Paphlagonie, et aussi plus à l'Est, dans le pays du Pont[1]. La Paphlagonie est citée dans l'Iliade (II, 851–857) :

« Les Paphlagoniens, eux, suivaient le vaillant Pylémène,
Du pays des Énètes, terre des mules sauvages,
C'étaient les habitants de Cytoros et de Sésame,
Ceux dont le Parthénions baigne les illustres demeures,
Ceux de Cromne et d'Égiale et ceux de la haute Érythines[2]. »

Selon Hérodote (I, 28), la Paphlagonie est au VIe siècle av. J.-C. sous la domination de Crésus, roi de Lydie. En 480 av. J.-C., elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès (VII, 57) à Xerxès Ier pour son invasion de la Grèce (cf. guerres médiques). À cette occasion, Hérodote décrit la tenue des soldats paphlagoniens : casques recouverts de tissus, petits boucliers, chaussures à mi-jambe, etc.

Après Alexandre le Grand, la Paphlagonie devient un royaume hellénistique, dont le dernier roi, Pylémène Ier, lègue à sa mort en 121 av. J.-C. son territoire à Mithridate V, le roi du Pont.

Le pays est dès lors disputé entre les rois du Pont et ceux de Bithynie. Mettant à profit la jeunesse de Mithridate VI, Nicomède III de Bithynie annexe une partie de la Paphlagonie et y impose l'un de ses fils sous le nom dynastique de « Pylæmenès ». Un second Pylæmenès dit Évergète ("bienfaiteur") est chassé du trône à l'époque à laquelle son suzerain Nicomède IV est expulsé de Bithynie par Mithridate VI.

Les Romains, vainqueurs de Mithridate VI, font de la Paphlagonie une province romaine, et la réunissent à la province du Pont en 63 av. J.-C.. Selon Appien, Pompée y rétablit Attale et un autre Pylæmenès[3], qui sont peut-être les fils de Pylæmenès l’Évergète. Après leur disparition, la Paphlagonie est un temps gouvernée par des dynastes galates héritiers de Déiotaros, avant d'être incorporée dans la province romaine de Galatie en 6 ap. J.-C. Sous Dioclétien, elle en est séparée et fait partie du diocèse du Pont.

La partie de la Paphlagonie qui confine à la Bithynie s'appelle Timonitide ou royaume de Gézatorix (Strabon XII,III,41), un tétrarque de Galatie. Sous la domination romaine, la Paphlagonie achève de s'helléniser et se christianise au IVe siècle. Elle est une province prospère et peuplée de l'Empire romain d'Orient, intégrée aux thèmes byzantins des Bucellaires et de Paphlagonie. Sa prospérité attire en 830 une invasion russe, repoussée. Lorsqu'en 1206 la quatrième croisade provoque la division de l'Empire byzantin, la Paphlagonie échoit à l'Empire de Nicée.

En 1336, à l'époque des beylicats d'Anatolie, le pays est conquis par l'émirat turc de Gâzi Çelebi. Ensuite, en 1390, il passe aux mains des sultans ottomans. Progressivement, la population paphlagonienne, devenue grecque et orthodoxe durant le premier millénaire de notre ère, devient turque et musulmane au fil des conversions (entre autres, pour ne plus payer le haraç : impôt sur les non-musulmans, et pour ne plus subir le devchirmé : enlèvement des garçons pour le corps des janissaires). Seules les localités de la côte de la mer Noire gardent une population grecque jusqu'en 1923, lorsqu'en application du Traité de Lausanne celle-ci est expulsée vers la Grèce[4]. La Paphlagonie est aujourd'hui divisée entre les provinces turques de Bartin, Castamonie[5], Çankiri, Karabük, Sinope et Samsun.

Dynastes de Paphlagonie[modifier | modifier le code]

Quelques Paphlagoniens notoires[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. W. W. Hallo (dir.), (en) The Context of Scripture, Leyden et Boston, 2003, tome II, p. 87 (trad. R. H. Beal) et tome III, p. 47 (trad. H. A. Hoffner Jr).
  2. Extrait de la traduction de Frédéric Mugler aux éditions La Différence, 1989.
  3. Eutrope, livre VI, § 11.
  4. Hans-Erich Stier (dir.): « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, (ISBN 3-14-100919-8), pp. 5, 9, 11, 15, 16, 22, 26, 27, 34, 44, 50, 64, 66, 70 et 103.
  5. Castamonie, forme française du XVIIIe siècle du nom initial de la ville Κασταμονή, attesté à l'époque byzantine.
  6. Paul Orose, Historiarum Adversum Paganos, livre VI, chapitre 2, § 2.
  7. Appien, Guerre mithridatique, chapitre XVII, § 114.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Antiquité grecque[modifier | modifier le code]

Antiquité romaine[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]