Enceinte de Lille

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Enceinte de Lille
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Fortifications militaires défensives
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Coordonnées
Carte

L'enceinte de Lille est un ancien ensemble de fortifications qui protégeait la ville de Lille entre le Moyen Âge et le début du XXe siècle.

Les premières enceintes médiévales (1054-1213)[modifier | modifier le code]

Le Castrum de Lille[modifier | modifier le code]

Lille vers 1066 par Brun-Lavainne (plan de 1830)

Une première enceinte entourant le castrum est probablement débutée sous Baudouin IV et terminée sous son successeur, son existence est attestée en [1]. Ce castrum est construit au nord du forum et de la supposée motte castrale (place Gilleson). Il possède deux portes, l'une au nord appelée porte de Roez ou porte Saint-Pierre s'ouvrant sur la route de Bruges, Courtrai et Gand, et l'autre au sud dite porte du Châtelain s'ouvrant vers le forum.

Cette enceinte reste indépendante à l'intérieur de la ville lors des deux agrandissements postérieurs. D'après le plan de Deventer ce mur séparant l'ancien castrum du reste de la ville avait disparu au milieu du XVIe siècle.

Le tracé de cette enceinte n’est pas connu avec précision dans son intégralité. Cependant, on peut en tenter la reconstitution d'après des éléments plus tardifs datant du XIIIe siècle révélés par des fouilles archéologiques, ancienne tour Isembart à l’angle de la rue des Trois Molettes et de la rue de Weppes, tronçons rue du Pont-Neuf à l’emplacement de l’ancienne filature Vrau et à l'angle de la rue Pharaon de Winter et de la rue d'Angleterre. L'emplacement de l'ancienne porte Saint-Pierre à l’angle de la rue de la Collégiale et de la rue Négrier est également très probable.

Contrairement aux plans anciens, notamment celui de Brun Lavainne en 1842 qui représentent une enceinte rectangulaire ou irrégulière, ces éléments archéologiques et la mention dans la charte de fondation de la collégiale Saint-Pierre de 1066, « d’un mur qui longe l’eau et rejoint en s’incurvant ladite porte [porte Saint-Pierre] », permettent d’imaginer une forme ovale de 300 mètres de large sur 350 de long incluant une partie de l’ancien ilot du Gard à l’ouest de l’actuelle avenue du Peuple belge, approximativement de la rue Saint-Joseph jusqu'à l’emplacement du Pont-Neuf et reliant les éléments connus de l'enceinte du XIIIe siècle et le bord du canal Saint-Pierre[2].

Le forum[modifier | modifier le code]

D’après l'historien Jean-Denis Clabaut, le forum aurait été entouré d’une enceinte semi circulaire s’adossant au fossé de la Motte (derrière la rue Basse), intégrant l’église Saint-Étienne. Cette enceinte aurait longé la rue de la Clef ce que laisse supposer l’orientation des parois de fonds de caves entre cette rue et la rue de la Grande Chaussée, se serait prolongée jusqu'à la rue des Chats-Bossus et jusqu'à l'église Saint-Étienne longeant le bord de l'actuelle Grand-Place à l'autre extrémité. Son tracé est plus difficile à restituer le long de la rue Esquermoise, le cours primitif de la Deûle à cet emplacement étant mal connu[3].

Agrandissement du XIIe siècle[modifier | modifier le code]

Lille vers 1145 par Brun-Lavainne (plan de 1830)

Au début du XIIe siècle, l'enceinte est étendue à l'est englobant le forum.

L'existence de cette enceinte est attestée, dans partie sud-est, à l'emplacement du canal de la rue des Ponts-de-Comines, par la mention d'une « vieze grant paroi » [vieille grande paroi] dans les comptes la ville de 1542-1543 et par celle d'une porte Saint-Nicolas en 1325[4]. Cette paroi avait probablement disparu au XVIe siècle car elle ne figure pas sur le plan Guichardin, première représentation précise de la ville vers 1560. Cette partie comprenant le canal de la rue de Paris, le canal des Ponts de Comines et le canal de la rue de la Quenette formait la limite entre la paroisse Saint-Étienne et la paroisse Saint-Maurice.

Son tracé pourrait correspondre jusqu'à son raccordement avec l'enceinte primitive, au nord-est au canal des Sœurs Noires prolongé par le canal du Moulin du château, au sud-ouest au canal des Poissonceaux. Ces canaux auraient été à l'origine les fossés extérieurs de l'enceinte.

Cette enceinte est encore étendue à l'est englobant les paroisses de Saint-Maurice et de Saint-Sauveur, peut-être dès la fin du XIIe siècle, ou lors de la reconstruction ayant suivi la destruction des sièges de 1213[note 1].

La seconde enceinte médiévale (1230-1400)[modifier | modifier le code]

Les sièges de 1213 et la reconstruction[modifier | modifier le code]

En , le roi de France Philippe Auguste entre en guerre contre le comte de Flandre Ferrand, la ville de Lille est assiégée plusieurs fois au cours de l'année. La ville prise par Philippe Auguste en juin, celui-ci fait transformer une maison appartenant à la famille Dergnau ou Dérégnau située à proximité de l'église Saint-Maurice mais à l'extérieur de l'enceinte en maison forte par le renforcement des murs, la création d'un fossé et la création d'un passage la reliant à l'intérieur de la ville à travers l'enceinte[5]. Ces multiples sièges entrainent la destruction en grande majorité ou totale de l'ancienne enceinte. Ferrand fait prisonnier à Bouvines en et Philippe Auguste vainqueur, la comtesse de Flandre Jeanne de Constantinople obtient la paix à condition de ne pas relever les fortifications de Lille et celles de Flandre, de faire démolir celles d'Audernarde, Valenciennes et Ypres et de ne pas en élever de nouvelles.

Plan de la ville en 1304 et des types de courtine d'après les comptes de travaux jusqu'en 1338 : en rouge les parties attestées comme maçonnées en 1338 et en vert les parties attestées comme en terre ou admises comme telles.

Dix ans plus tard, Philippe Auguste mort en et son fils Louis VIII en , Blanche de Castille femme du dernier devenue régente du royaume de France consent à laisser la ville rétablir les portes et fossés. La ville procède alors à partir de à leur reconstruction en en gardant probablement le tracé à l'exception de l'enceinte séparant le castrum du reste de la ville (dont fait partie la porte du Châtelain) qui est probablement supprimée[note 2] mais également en agrandissant l'enceinte par l'incorporation de l'îlot Rihour, situé entre le canal des Poissonceaux et les deux bras de la Deûle (Haute-Deûle et Fourchon)[7]. La reconstruction de l'enceinte s'accompagne également de la réalisation de nouvelles tours maçonnées ainsi qu'à l'ajout de créneaux et au renforcement général de l'enceinte autorisés en 1284 par Philippe III le Hardi, dont la tour Ysembart (sous l'actuelle rue des Trois Molettes), datée du XIIIe siècle[6],[8]. À l'exception des portes et des nouvelles tours, la courtine est construite en terre[note 3],[9]. À la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe siècle deux sections sont néanmoins réalisées en maçonnerie : la première entre les portes de Fives et Saint-Sauveur (attestée en 1318) et l'autre entre la porte du Molinel et la tour Rihour (construite au cours de l'année 1338)[note 4],[9]. Une autre section en maçonnerie est également probablement réalisée entre la porte Saint-Pierre et la tour Ysembart à cette époque[note 5].

Ce rempart est percé des portes suivantes ;

Le château de Courtrai[modifier | modifier le code]

Plan schématique du château.

À la fin du XIIe siècle, la Flandre est à nouveau en guerre contre la France, les fortifications de la ville sont réparées au début de l'année , Philippe le Bel assiège par la suite la ville et la prend le . En , il fait entreprendre la construction d'un château occupant l'ancien faubourg de Courtrai ce qui entraine diverses modifications sur l'enceinte dont la destruction de l'ancienne porte de Courtrai (voir Château de Courtrai).

L'agrandissement de 1370[modifier | modifier le code]

La porte de la Barre.

Vers , le faubourg de Weppes (paroisse Sainte-Catherine) d'une surface de 11 hectares est englobé dans une nouvelle enceinte[12]. Il est probable qu'une partie de cette nouvelle enceinte ait d'origine été réalisée en maçonnerie et non en terre comme c'était le cas pour les constructions du XIIIe siècle[note 6]. À proximité de la porte de la Barre qui remplace la porte de Weppes de la première enceinte du castrum, la cunette de l'enceinte (fossé extérieur) est le « rivage du Haut » (ou du Wault), port de débarquement des marchandises en provenance de la Haute Deûle qui sont ensuite transportées par voie de terre au port de la Basse Deûle avant la création en 1751 d'une liaison fluviale par le canal de la Moyenne Deûle.

Les fortifications modernes (1400-1667)[modifier | modifier le code]

Les fortifications de transition[modifier | modifier le code]

Plan Deventer vers 1565 (centré sur la ville)
Idem (général)

En 1402, on commence la construction de la Noble Tour sur le front sud-est et des boulevards sont rajoutés.

À partir des années 1520, l'enceinte subit une vague de modernisation dans le cadre de la guerre entre Charles Quint et la France : en 1521, les portes de Fives, Saint-Sauveur, des Malades et du Molinel sont arasées afin de ne pas constituer une cible pour l'artillerie[note 7]. Une entrée est ajoutée à la Noble Tour qui est également arasée et une tour nouvelle est construite sur la courtine entre les portes des Malades et du Molinel[note 8]. En 1525, des travaux de remparement sont menés (élargissement du rempart) et la courtine à proximité de la collégiale Saint-Pierre est rénovée.

À nouveau en guerre avec la France à partir de 1537, divers modifications sont entreprises, il est interdit de bâtir dans un rayon de 1 400 pieds (427 mètres) autour de l'enceinte, des modifications sont faites aux portes Saint-Sauveur et de la Barre.

En 1577, le démantèlement du château de Courtrai est décidé, le mur côté ville est démoli tandis que les trois fronts extérieurs sont intégrés à l'enceinte urbaine.

À la même époque, entre 1572 et 1599, des demi-lunes et ouvrages à cornes sont ajoutés à l'enceinte[note 9],[13],[10] :

Les agrandissements de 1603 et 1617[modifier | modifier le code]

Plan de Lille en 1650
Agrandissement de 1604 sur extrait de plan de Lille
L'agrandissement de 1603 d'après plan de Brun Lavainne
La nouvelle porte Notre-Dame.

Pour faire face à l'accroissement de la population, divers projets d'agrandissements sont menés à partir de 1539 sans aboutir.

Agrandissement de 1603[modifier | modifier le code]

Un nouveau projet est dressé en 1597 par l'ingénieur Mathieu Bollin qui propose d'annexer le faubourg du Molinel au sud-ouest. Ce projet est accepté en 1603 et les travaux sont menés à partir de cette date jusqu'en 1605.

La nouvelle enceinte agrandissant la ville de 17 hectares est construite entre le cours de la Haute-Deûle au nord et la tour de 1521 au sud. Elle comporte trois ouvrages en saillant (du nord au sud) : un ouvrage de forme rectangulaire dit du Calvaire (21), un bastion à flancs droits dit de la Piquerie (23) et un redent dit du Moulinet (26). Sur la courtine 23-26 entre ces deux derniers ouvrages est percée une nouvelle porte dite "Notre-Dame" (du nom du faubourg englobé par le nouveau rempart) qui remplace l'ancienne porte du Molinel. Cette nouvelle enceinte n'est reliée à l'ancienne qu'au sud, approximativement à l'angle des actuelles rues Malpart et Lydéric, mais en reste séparée au nord par la Haute Deûle, ensuite canal de l'Arc (ou de la Baignerie), soit l'emplacement d'une ligne entre les actuelles rues de Tenremonde et de la Baignerie, au sud de la place Maurice-Schumann.

Dans la partie nord-ouest de l'agrandissement, toutes traces de l'ancienne enceinte et de son fossé parallèles à la rue des Jésuites ouverte dans cet agrandissement (actuelle rue de l'hôpital-Militaire) disparaissent. Ces fossés sont représentés avant leur comblement, dans une largeur peut-être exagérée, sur un plan de peu postérieur à l'agrandissement. Dans sa partie sud-est, les anciens fossés deviennent des canaux intérieurs, canal des Jésuites et canal des Hybernois. Le canal de la Baignerie qui longe l'ancienne enceinte englobant le faubourg de Weppes (paroisse Sainte-Catherine) est intégré dans le territoire de l'agrandissement.

Ces canaux franchissaient la nouvelle enceinte par 3 portes d'eau ou grilles qui resteront à leur emplacement jusqu'à la démolition de l'enceinte de 1604 vers 1860 lors de l'agrandissement de 1858.

Agrandissement de 1617[modifier | modifier le code]

Projet d'agrandissement sur plan dessiné vers 1610

En 1617, un deuxième agrandissement de 34 hectares est effectué au nord en annexant les faubourgs de Courtrai (incluant le territoire de l'ancien château de Courtrai) et des Reignaux.

Une nouvelle enceinte est réalisée entre l'ouvrage à cornes devant l'îlot du Gard et la courtine au sud du faubourg des Reignaux, elle comporte cinq bastions à flancs droits perpendiculaires à la courtine et ligne fichante : de la Madeleine (55), du Meunier (ou des Carmélites, 51), des urbanistes (49), de Saint-Maurice (47), des buiges (46). Deux portes sont percées en remplacement des anciens ouvrages : la porte Saint-Maurice (de Roubaix) du nom du faubourg Saint-Maurice sur la courtine 47-49 en remplacement de la porte des Reignaux et la porte de la Madeleine (de Gand) sur la courtine 51-55 en remplacement de la porte de Courtrai. Cette nouvelle enceinte est détachée de l'ancienne et en est séparée par la Basse-Deûle (fossé des remparts).

L'ancienne enceinte est préservée malgré cela derrière les nouvelles et ne va être supprimée que dans la seconde moitié du XVIIe siècle[note 10].

Ajouts ultérieurs[modifier | modifier le code]

Plan en 1668 (centré sur la ville)
Idem (général)
Porte, avant-porte et glacis de la porte de la Barre.

Diverses modifications sont par la suite effectuées.

L'enceinte nord ne subit que très peu de modifications hormis le rajout de demi-lunes devant l'ouvrage à cornes de la Barre, de leur côté, la courtine et la porte Saint-Pierre sont entourées d'un chemin couvert et glacis.

Sur le front nord-est du 5e agrandissement, l'ancien ouvrage à cornes devant l'îlot du Gard est supprimé et un bastion (58) similaire à ceux de ce front est ajouté sur la rive droite. Diverses demi-lunes sont ajoutées devant les courtines, doublées devant les deux portes de la Madeleine et Saint-Maurice, avec chemin couvert et glacis. L'enceinte médiévale et le château de Courtrai sont rasés.

Au sud-est le tracé de l'enceinte est régularisé renforcé de demi-lunes avec chemin couvert et glacis. Un demi bastion est créé au nord de la porte de Fives pour faire la liaison avec l'enceinte du 5e agrandissement, un autre bastion (n°41, probablement englobant l'ancienne demi-lune de la Noble Tour) est créé comportant un flanc gauche à orillons et l'autre droit englobant la Noble Tour dont il prend le nom.

Sur le front sud, l'enceinte est également régularisée et un bastion à flancs droits dit des Canonniers est créé à l'ouest (30), la portes des Malades est défendu par une ancienne demi-lune et un second ouvrage extérieur le tout comme pour les autres front entouré d'un chemin couvert et glacis.

À l'ouest, l'enceinte du 4e agrandissement est reliée au nord à l'ancienne enceinte avec la construction d'une nouvelle porte d'eau, le profil du redent du Moulinet (26) est légèrement modifié et l'ouvrage du Calvaire (21) est transformé en bastion par l'ajout de deux faces. Divers ouvrages extérieurs sont ajoutés dont des demi-lunes devant les courtines avec chemin couvert et glacis.

Les fortifications de Vauban après le rattachement à la France (1667-1858)[modifier | modifier le code]

Une première proposition d'agrandissement[modifier | modifier le code]

Malgré les deux agrandissements de 1603 et de 1617, la ville était surpeuplée au milieu du XVIe siècle et des faubourgs se développaient à l'extérieur des fortifications, faubourg Saint-Pierre autour de la rue Neuve Saint-Pierre (actuelle rue Saint-André) et au bord de la Basse Deûle (où subsistent plusieurs maisons de cette époque à l'angle de la rue de la Halle et de l'avenue du Peuple belge), faubourg de la Barre et faubourg Notre-Dame au delà de la porte Notre-Dame en direction de Wazemmes (approximativement à l'emplacement de l'actuelle place de la République). Dans un mémoire du 7 octobre 1661 Julien Destrée, maître des œuvres de la ville de 1642 à 1673, proposait un « ragrandissement » de la ville par un nouveau rempart qui aurait englobé ces trois faubourgs et une liaison de la Haute Deûle avec la Basse Deûle (correspondant au Canal de la Moyenne-Deûle qui sera réalisé en 1750). Julien Destrée, donnant l'exemple d'Amsterdam, de Gand et de Tournai, estimait que cette extension serait rapidement habitée. Ce projet correspondant aux préoccupations des échevins ne pouvait être réalisé en une période de campagnes militaires des armées de France et d'Espagne[14].

Le rempart de Vauban[modifier | modifier le code]

Lille en 1717

Après la construction de la Citadelle de 1678 à 1670 qui mobilise la totalité des maçons de la ville interdits de tous autres travaux dans la ville jusqu'en 1672, le Roi ordonne en 1670 de nouvelles fortifications englobant les anciens faubourgs de Saint-Pierre et de La Madeleine soit un agrandissement de la ville d'un tiers correspondant à la proposition de Julien Destrée sans le faubourg Notre-Dame[15]. Vauban raccorde la Citadelle au système de défense de la ville par deux murs de liaison, Mur d'En-bas au nord dont une partie subsiste au bord de l'Esplanade, et mur d'En-haut détruit à la suite de l'agrandissement de 1858, doublés de demi-lunes.

La nouvelle enceinte qui s'étend de la Citadelle au rempart de 1617 à l'emplacement de l'angle de l'actuelle caserne Kléber est construite avec creusement en juin 1670 du fossé mis en eau le 28 juillet servant provisoirement au transport des matériaux et élévation des murs du rempart en 1671. L'ouvrage à corne Saint-André ou Saint-Ruth contient une caserne. La porte d'Ypres est construite et la porte d'eau livrant passage à la Basse Deûle est percée.

Vauban modernise la vieille enceinte en renforçant le mur et en s'en servant d'appui pour de nouveaux ouvrages bastions, demi-lunes. Quatre grands ouvrages à cornes sont construits en 1676 à la porte de la Madeleine (porte de Gand), à la porte Saint-André (porte d'Ypres), à la Noble Tour et à la porte des Malades (porte de Paris). Le fort Campi datant de 1659 entre la Noble Tour et la porte des Malades est détruit et remplacé par le fort du Réduit, petite citadelle séparée de la ville par un fossé, défendant le flanc sud, également destiné à contenir les émeutes du quartier populaire Saint-Sauveur bâti de 1671 à 1673. La porte Saint-Sauveur à l'extrémité de la rue éponyme, murée depuis 1575 à la suite de l'explosion d'un dépôt de poudre, est détruite et la porte de Tournai est construite en 1674 à proximité de la porte de Fives murée et transformée en dépôt de poudre. Un monumentale porte de Paris est édifiée de 1685 à 1695 sur le côté extérieur de la porte des Malades. Une nouvelle porte de la Barre également nommée porte de Dunkerque également est percée dans le mur d'En haut au sud de l'Esplanade remplace l'ancienne porte de la Barre datant de l'enceinte de 1370. La nouvelle porte de Saint-André ou porte d'Ypres est construite à l'extrémité du nouveau quartier Royal (dans le prolongement de la rue Royale). Les portes de la Madeleine (porte de Gand), Saint-Maurice (porte de Roubaix) datant de l'agrandissement de 1617, Notre-Dame ou porte de Béthune (à l'emplacement de l'actuelle place Richebé) datant de l'agrandissement de 1603 (celle-ci détruite lors de l'agrandissement de 1858) subsistent[16].

Le port du Haut ou Quai du Wault intégré dans la ville à l'intérieur des nouvelles fortifications reste un port de débarquement jusqu'à la création du canal de la Moyenne Deûle en 1750. Le port de la Basse Deûle est prolongé jusqu'à la nouvelle enceinte dans laquelle il pénètre par une porte d'eau.

L'ancienne enceinte qui était située au sud des actuelles rues du Pont-Neuf et Négrier, au nord de l'actuelle rue Léonard-Danel, à l'emplacement de la rue du Gros-Gérard jusqu'à l'ancienne porte de la Barre à l'angle de cette rue et de la rue de la Barre est détruite au début des années 1670 avec comblement de ses fossés.

L'agrandissement de la ville est de 85 hectares dont 23,7 hectares de fortifications, 13,4 hectares de rues et places, 1,4 hectares de canaux et 46,5 hectares de terrains à bâtir[17].

Des digues sont construites au sud-ouest délimitant trois zones d'inondation d'une surface totale de 1 700 hectares destinées à protéger la ville en cas de siège.

Les fortifications de Vauban sont ensuite complétées par un ouvrage de défense en forme de pentagone le « Grand Carré » réalisé en 1731-1732 au nord de l'esplanade, et par le fort Sainte-Agnès à l'est.

L'enceinte de 1858[modifier | modifier le code]

Propositions antérieures[modifier | modifier le code]

Des extensions de la ville englobant le faubourg de la Barre avaient été proposés dès 1662 par Julien Destrée, en 1699 par un ingénieur militaire. Au XIXe siècle, la population de la ville corsetée dans ses remparts de Vauban croît atteignant 78 000 habitants en 1856 s'entassant dans des conditions sordides à l'intérieur d'un espace de 200 hectares, sans possibilité de développement. Aussi des d'agrandissement sont proposés, en 1823 par un député de Lille Monsieur de Brigode, en 1839 par Jean-Baptiste Ferdinand Pascal, s’étendant sur le flanc sud-Ouest de la ville ancienne jusqu’à la porte de Paris soit un accroissement de la surface urbanisable de 75 hectares. Ces propositions sont restées sans suite, les communes de Wazemmes et de Lille étant opposées à ces deux dernières .

Le projet présenté en octobre 1856 par le député du Nord Jules-Louis-Brame de démantèlement complet des fortifications pour faire de Lille une ville ouverte rencontre l'opposition de l'armée.

La décision d'extension de la ville[modifier | modifier le code]

L'autorité militaire ayant reproché à la commune de Wazemmes l’empiétement des marches du portail de l’église Notre-Dame de Consolation en construction sur la zone fortifiée inconstructible, le Maire Casimir-Edmond Mourmant se déplaça au Ministère de la guerre où son interlocuteur, le colonel Magnien, suggéra le déplacement de l'enceinte : "Si vos fortifications vous gênent jetez-les bas !". Cette proposition mise à l'étude se conclut après plusieurs études par la décision de 1858[18]. Une première esquisse établie le 12 septembre 1856 par le Lieutenant-colonel Schoelcher chef du Génie à la demande du Ministre de la guerre, comporte le dessin des fortifications avec les portes, les demi-lunes et retranchements intérieurs et inclut, outre Wazemmes et Esquermes, la totalité de Moulins-Lille dans l’enceinte projetée.

Le territoire compris dans la nouvelle fortification augmente de 524 hectares atteignant 720 hectares.

Un plan du territoire agrandi est proposé le 9 février 1858 par une commission municipale comprenant un pentagone de boulevards de 32 mètres de large (actuels boulevard Victor Hugo, Montebello, Vauban, boulevard n° 1 (boulevard de la Liberté) doublé par une rue de 20 mètres de large (actuelle rue Solférino), un quadrillage de voies traverses de 15 mètres de large et une rue militaire de 16 mètres

La création de la nouvelle enceinte nécessite la fusion des communes de Moulins, Wazemmes, Esquermes. Fives à l'extérieur du rempart projeté ayant demandé son rattachement est inclus dans l'élargissement décidé par le décret impérial du 30 octobre 1858. Le territoire municipal passe de 411 hectares à 2 110 hectares et sa population de 78 000 habitants à 118 000 habitants.

La nouvelle enceinte[modifier | modifier le code]

La nouvelle fortification construite dans les années 1860 sur une longueur de 6 kilomètres du bastion de la Noble Tour au canal de la Haute Deûle face à la Citadelle comprend les portes Louis XIV, de Valenciennes, de Douai, d'Arras, des Postes, de Béthune, de Canteleu et de Dunkerque. Elle s'étend sur 220 hectares sur un total de (368 hectares comprenant les anciennes fortifications maintenues sur le flanc Est.

Les portes Notre-Dame (ou de Béthune) et de la Barre (également nommée porte de Dunkerque) sur le flanc sud-ouest sont détruites mais la porte de Paris est préservée ainsi que la Noble Tour. Contrairement à l'ancien rempart, la nouvelle enceinte n'est pas entourée d'un fossé en eau continu, celui-ci se limitant à un court tronçon de la porte Louis XIV à la porte de Valenciennes. Un champ de manœuvre s'étend de la porte de Valenciennes à la porte de Douai.

Vestiges[modifier | modifier le code]

Une partie de l'enceinte est préservée comprenant :

Notes et sources[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. On ignore le tracé de l’enceinte détruite en 1213, à l’exception de son emplacement près de la maison forte Deregnau (place des Reignaux). Les fouilles effectuées en 1991 place Rihour et 28-30 rue des Fossés ont révélé un mur en terre longé par un fossé daté entre 1215 et 1295, ce qui permet de présumer du XIIIe siècle l'époque de son extension
  2. Saint-Léger cite néanmoins dans les portes reconstruites en 1230 la porte du Châtelain[6].
  3. Blieck et Vanderstraeten listent d'après les comptes de travaux de à les parties suivantes de l'enceinte attestées comme étant construites en terre (dans le sens horaire) : à la porte de Saint-Pierre, derrière la collégiale Saint-Pierre, à la porte de Courtrai, près de la tour du Couvent des Frères Mineurs jusqu'à la porte des Reignaux, au niveau de la porte Saint-Sauveur, près de la porte du Molinel et à la porte de la Barre[9]. Toutes ces sections à l'exception de la porte de la Barre et celle de Courtrai sont attestées comme construites en terre sur un plan des fortifications de Lille fait en 1599 pour servir à des propositions d'agrandissement[10]. Dans le cas des porte de la Barre comme celle de Courtrai, la réalisation d'une courtine maçonnée semble ultérieur, dans le cas de la porte de Courtrai, il se peut cependant que les comptes de travaux se référent à l'ancienne porte de Courtrai qui est remplacée par une autre à la construction du château de Courtrai.
  4. La construction de ces sections peut être liée à l'autorisation de Philippe III le Hardi en de renforcer l'enceinte ou du fait que la Flandre est à nouveau en guerre et n'est plus soumise aux décisions du roi de France. La construction de la section maçonnée entre la porte du Molinel et la tour Rihour en 1338 peut-être liée à la demande faite en 1337 par le roi de France aux lillois de mettre en état les fortifications[11]
  5. La section entre la porte Saint-Pierre et approximativement la tour de Courtrai est attestée sur le plan des fortifications de Lille fait en 1599 pour servir à des propositions d'agrandissement, la section entre cette dernière tour et la tour Ysembart étant désaffectée lors de l'agrandissement du faubourg de Weppes[10].
  6. L'existence d'une enceinte maçonnée est attestée entre la tour Willaume Le Bay jusqu'à la tour de la Neuve Arque (par la porte de la Barre) sur le plan des fortifications de Lille fait en 1599 pour servir à des propositions d'agrandissement[10].
  7. Saint-Léger évoque également la condamnation de la porte Saint-Sauveur en 1521 et celle de Fives en 1522. Il s'agit là probablement d'une mesure temporaire, on sait que ces deux portes n'ont été condamnées définitivement que 100 ans plus tard.
  8. Saint-Léger évoque la construction de tours sans en préciser le nombre, le plan de 1599 et celui de Beaulieu en 1650 ne témoignent que d'une seule tour d'une taille plus importante que la Noble Tour, pouvant correspondre aux procédés utilisés dans la première moitié du XVIe siècle[10].
  9. On peut également dater les ouvrages à cornes et les demi-lunes à orillons à cette époque, l'usage de ces orillons s'étant démocratisé dans les Pays-Bas à partir des années 1540-1550. Il peut s'agir des ouvrages rajoutés en 1591 qu'évoque Saint-Léger sans en préciser la nature.
  10. Saint-Léger affirme que la courtine au sud-ouest est démolie en 1606 à la suite de la complétion de l'ancienne tandis qu'au nord-est l'ancien fossé du rempart est maintenu, cela est cependant contredit par la carte militaire de Sébastien Pontault de Beaulieu de 1650.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Saint-Léger 1942, Lille sous les Comtes de Flandre, Chapitre 1.
  2. Nicolas Dessaux, « Le castrum et le forum de Lille au XIe siècle : nouvelle synthèse des données historiques et archéologiques », Revue du Nord,‎ , p. 190 (lire en ligne)
  3. Jean-Denis Clabaut, « Les caves médiévales de Lille », Revue du Nord,‎ , p. 178 (ISSN 1166-486X, lire en ligne)
  4. Nicolas Dessaux, « Le cadre hydraulique de l’émergence urbaine de Lille : réexamen des données historiques et archéologiques », Revue du Nord,‎ 2019 volume 100, p. 101 (ISSN 1166-486X)
  5. Saint-Léger 1942, Lille sous les Comtes de Flandre, Chapitre 3 : L'année terrible 1213.
  6. a et b Saint-Léger 1942, Lille sous les Comtes de Flandre, Chapitre 5 : La vie à Lille au XVIIIe siècle.
  7. Saint-Léger 1942, Lille sous les Comtes de Flandre, Chapitre 4 : Lille sous les comtesses Jeanne et Marguerite de Constantinople et le comte Guy de Dampierre
  8. Blieck & Vanderstraeten 1988, p. 117-119
  9. a b et c Blieck & Vanderstraeten 1988, p. 108
  10. a b c d et e PLan de la ville comme elle est présentement anno 1599, plan des fortifications et canaux de Lille en 1599 avec des propositions de projets d'agrandissements, Bibliothèque municipale de Lille AG/10/10/; Ark:/74900/a0114289249877Yg2Cw
  11. Saint-Léger 1942, Lille sous les rois de France (1304-1369), Chapitre 1.
  12. Saint-Léger 1942, Lille sous les roies de France (1304-1369), Chapitre 2.
  13. Plan de Lille en 1572, Bibliothèque municipale de Lille AG/10/10bis; Ark:/74900/a011428911810vlEUjp
  14. Lille La maison et la ville, p. 130-132.
  15. Lille La maison et la ville, p. 139.
  16. Lille La maison et la ville, p. 159.
  17. Lille La maison et la ville, p. 158-159.
  18. Alfred Salembier, Histoire de Wazemmes, Annales de la société d’études de la province de Cambrai Tome VI, (lire en ligne), p. 354 et suivantes

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Alexandre de Saint-Léger, Histoire de Lille des origines à 1789, Lille, Émile Raoust,
  • Didier Joseph-François, Lille La maison et la ville, Aire-sur-la-Lys, ateliergaleriéditions, , 686 p. (ISBN 9782916601335)Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles[modifier | modifier le code]

  • Gilles Blieck et Laurence Vanderstraeten, « Recherches sur les fortifications de Lille au Moyen Age », Revue du Nord,‎ , p. 107-122 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]