Universités des minorités ethniques en Chine

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La République populaire de Chine est un État-nation composé de cinquante-six « nationalités » (définissant une identité ethnique et/ou culturelle, et non une nation au sens occidental du terme) dont l'ensemble forme la « Nation chinoise » (中华民族 zhonghua minzu). L'égalité en devoirs et en droits de toutes ces nationalités est inscrite dans le droit constitutionnel de la République populaire de Chine[1],[2].

Au milieu des années 1980, le gouvernement central demanda à 19 provinces de créer des écoles à l'intention des minorités. Trois écoles furent établies, à Beijing, Chongqing (Sichuan) et Lanzhou (Gansu). Des classes tibétaines (dans des écoles secondaires locales) furent créées dans d'autres provinces. En 1986, 1987 et 1988, il y avait respectivement 1 277, 1 400 et 1 150 élèves venant du Tibet dans ces écoles et classes. En 1997, le chiffre était de 7 000 élèves tibétains. Au sortir de ces écoles, certains élèves rentrèrent au Tibet, d'autres entamèrent des études supérieures ou prirent une occupation professionnelle dans d'autres provinces.

Fermeture des écoles des minorités sous la révolution culturelle

Selon Jean-Marie Rohrbasser, les écoles et collèges spéciaux pour les minorités fermèrent leurs portes pendant la révolution culturelle (de 1966 à 1976)[3].

Création d'écoles et de classes tibétaines au milieu des années 1980

De nouveau, au milieu des années 1980, des écoles et des classes tibétaines furent créées dans les provinces intérieures. A. S. Bhalla et Mark Brenner évoquent à leur propos le rôle des conditions climatiques et démographiques. Tout d'abord, la densité de population, de l'ordre de 1,6 habitant par km carré en 1982, était 60 fois moins élevée que la moyenne nationale. Il était donc difficile de fournir des installations scolaires et une infrastructure éducative adéquates avec une densité de population aussi faible. Ensuite, le Tibet est à 4 000 m au-dessus du niveau de la mer et la température moyenne annuelle est inférieure à 0°C. La faible pression et la raréfaction de l'oxygène ne permettent pas à des gens venant d'autres régions que le Tibet d'y rester très longtemps, ce qui réduisait les possibilités de faire venir le grand nombre d'enseignants requis pour instaurer une éducation moderne. Selon A. S. Bhalla et Mark Brenner, ces conditions difficiles ont amené, au milieu des années 1980, le gouvernement chinois à demander à 19 provinces de créer des écoles ou des classes tibétaines sur leur territoire à l'intention d'élèves tibétains. Trois écoles furent établies, à Beijing, Chongqing (Sichuan) et Lanzhou (Gansu). Des classes tibétaines (dans des écoles secondaires locales) furent créées dans d'autres provinces. En 1986, 1987 et 1988, il y avait respectivement 1 277, 1 400 et 1 150 élèves venant du Tibet dans ces écoles et classes. En 1997, le chiffre était de 7 000 élèves tibétains. Au sortir de ces écoles, certains élèves rentraient au Tibet, d'autres entamaient des études supérieures ou prenaient une occupation professionnelle dans d'autres provinces. Le nombre d'ouvertures d'écoles en langue tibétaine augmenta encore à partir de la fin des années 1980. Des recherches de terrain menées par le chercheur J. L. Upton[4] ont montré que, contrairement aux affirmations de l'Occident et des exilés tibétains, une bonne partie du contenu des manuels de ces écoles était tirée de sources tibétaines et traitait de la vie culturelle tibétaine au sens large[5]

Les « instituts pour les nationalités » au début du XXIe siècle

Dans son livre Commoners and nobles. Hereditary divisions in Tibet publié en 2005, la tibétologue Heidi Fjeld évoque la perdurance et la vogue de ces « instituts pour les nationalités ». Ces instituts se trouvent dans les provinces de Chine en dehors de la région autonome du Tibet. La possibilité d'aller y étudier est proposée aux élèves du primaire ayant de bons résultats ou dont la famille a des relations. Ces places sont très convoitées par les Tibétains, tant les enfants que les parents, car ces instituts pour les nationalités enseignent des matières non proposées au Tibet. Au nombre de celles-ci, la langue et la grammaire tibétaines classiques, l'histoire tibétaine (ancienne et moderne) et la religion (le bouddhisme et le Bön). De plus, le diplôme obtenu est la garantie d'un emploi. Les instituts situés dans la Chine intérieure auraient toutefois moins de succès auprès des habitants de Lhassa que ceux du Kham et de l'Amdo[6].

Il existe aujourd'hui 13 universités pour les minorités ethniques en Chine[7].

À voir

Bibliographie

  • (en) Heidi Fjeld, Commons and nobles. Hereditary divisions in Tibet [archive], Nordic Institute of Asian Studies, Copenhagen, NIAS Press, 2005, (ISBN 87-91114-17-9)

Liens internes

Références

  1. Constitution of the People's Republic of China (Full text after amendment on March 14, 2004), site du gouvernement chinois : « Article 4. All nationalities in the People's Republic of China are equal. The State protects the lawful rights and interests of the minority nationalities and upholds and develops a relationship of equality, unity and mutual assistance among all of China's nationalities. Discrimination against and oppression of any nationality are prohibited; any act which undermines the unity of the nationalities or instigates division is prohibited. [...] »
  2. Ethnic minorities in China
  3. Jean-Marie Rohrbasser, La Chine au seuil du XXIe siècle : questions de population, questions de société, in Les Cahiers de l'INED, No 148, INED, 2002, 601 p., p. 216.
  4. (en) J. L. Upton, The Development of Modern School-Based Tibetan Language Education in the PRC, in Postiglione, China Minority Education, 1999 source citée par A. S. Bhalla et Mark Brenner, infra.
  5. (en) A. S. Bhalla and Mark Brenner, Literacy and basic education, in Poverty and inequality among Chinese minorities (A. S. Bhalla, Shufang Qiu eds), No 22 de Routledge studies in the Chinese economy, Routledge, 2006, 202 p., pp. 81-82.
  6. Heidi Fjeld, Commons and nobles. Hereditary divisions in Tibet, Nordic Institute of Asian Studies, Copenhagen, NIAS Press, 2005, (ISBN 87-91114-17-9), chap. Knowledge and education, p. 125 et note 13, p. 131 : « (...) some institutions for higher learning offer studies of Tibetan subjects. These institutes for nationalities are found in Chinese provinces outside the Tibetan areas, and many young Tibetans are now being educated there. Middle school pupils with good marks or from well-connected families are offered the chance to study at an institute in the mainland. These positions are much coveted by Tibetans, by both the pupils and their parents, as the institues for nationalities provide subjects not available in Tibet. The subjects include classical Tibetan language and grammar, Tibetan history (ancient and modern) and religion (Buddhism and Bon). Moreover, a degree fromone of these institutes guarantees a future job. Note 13 : The institutes for nationalities in China are probably less popular in Lhasa than in, for instance, Kham and Amdo, where some of these schools are located (...) ».
  7. La Chine développe des université pour les minorités ethniques.