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[[Fichier:Map of the South–North Water Transfer Project in China (de).png|280px|thumb|Les routes du Transfert d'eaux sud-nord]]
[[File:Routes-du-Transfert-d'eaux-sud-nord-de-la-Chine.png|vignette|upright=2|Les trois routes du projet de transfert d'eaux nord-sud.]]
[[Fichier:China average annual precipitation (en).png|280px|thumb|right|''L'eau du sud est abondante, l'eau du nord rare. Dans la mesure du possible, l'emprunt d'eau serait bon'', Mao Zedong]]
[[Fichier:China average annual precipitation (en).png|280px|thumb|right|Carte des précipitations en Chine : la répartition des précipitations, abondantes dans le sud et plus rares dans le nord, est à l'origine du projet.]]


Le '''transfert d'eaux du sud au nord''' (en [[langues chinoises|chinois]] 南水北调工程; [[pinyin]]: ''Nánshuǐ Běidiào Gōngchéng'') est un ensemble de canaux, canalisations souterraines et de technologies de répartition des ressources d'eau dans la [[République populaire de Chine]], pour une bonne partie achevé en 2014<ref>http://www.liberation.fr/monde/01012310444-pekin-la-longue-marche-de-l-eau</ref>. Le nord de la Chine, fortement industrialisé, connaît une pluviosité beaucoup moins importante que les régions méridionales. Le [[fleuve Jaune]] s'est asséché plusieurs fois au cours des décennies récentes et certains affluents du Hai ont failli s'assécher. Des projets limités complètent le transfert de l'eau du [[Yangtsé]] (''fleuve Bleu'') dans le Huang He (''fleuve Jaune'') et le [[Hai|fleuve Hai]]. Parmi ceux-ci, un plan controversé de détournement du [[Brahmapoutre]], au nord de l'[[Inde]], est à l'étude depuis des années. L'offre et la demande d'eau ont changé plus vite que la capacité du projet de s'adapter, entraînant des surcoûts et des bienfaits moins sensibles. Le projet qui devrait être achevé dans son ensemble en 2050 devrait détourner 45 milliards de mètres cubes d’eau par an (Le débit annuel cumulé du [[Tigre (fleuve)|Tigre]] et de l'[[Euphrate]]!)<ref name="iea 2012">{{en}} [[Agence internationale de l'énergie]] [https://www.iea.org/media/publications/weo/WEO_2012_Water_Excerpt.pdf Water for Energy. Is energy becoming a thirstier resource?], Excerpt from the World Energy Outlook 2012, sur iea.org</ref>.
Le '''projet de transfert d'eaux du sud au nord''' (en [[langues chinoises|chinois]] 南水北调工程; [[pinyin]]: ''Nánshuǐ Běidiào Gōngchéng'') est un ensemble de canaux, canalisations souterraines et de systèmes de répartition des ressources d'eau dans la [[Chine]], dont la construction a été achevée en grande partie en 2014. Le nord de la Chine, fortement industrialisé, connaît une pluviosité beaucoup moins importante que les régions méridionales. Le [[fleuve Jaune]], qui irrigue cette région s'est asséché plusieurs fois au cours des décennies récentes et certains affluents du Hai dont le bassin versant comprend les villes de Pékin et de Tianjin ont également failli s'assécher. Des projets limités complètent le transfert de l'eau du [[Yangzi Jiang]] (''fleuve Bleu'') dans le Huang He (''fleuve Jaune'') et le [[Hai He|fleuve Hai]]. Parmi ceux-ci, un plan controversé de détournement du [[Brahmapoutre]], au nord de l'[[Inde]], est à l'étude depuis des années. L'offre et la demande d'eau ont changé plus vite que la capacité du projet de s'adapter, entraînant des surcoûts et des bienfaits moins sensibles.


== Contexte : les ressources en eau limitées de la Chine du nord ==


Les grandes concentrations humaines de la Chine du nord, en particulier les agglomérations de Pékin et Tianjin, ne disposent pas de ressources en eau suffisantes. En 2012, pour la ville de Pékin, les ressources combinées des rivières proches étaient en mesure de fournir environ {{unité|120|m|3}} d'eau à chaque habitant alors que selon la norme établie par les Nations unies, le seuil de détresse hydrique est fixé à {{unité|500|m|3}} par habitant. Pour remédier à cette situation, la ville de Pékin tente de réduire les quantités d'eau consommées et puise dans les ressources de la province de Hebei et dans les nappes phréatiques dont le niveau baisse de {{unité|2|à=3|mètres}} par an. Alors que la Chine du nord relativement aride connaît une pénurie chronique, la Chine du sud bénéficie de précipitations abondantes et dispose au contraire de ressources en eaux excédentaires<ref name=quartz>{{lien web |langue=en |url=https://qz.com/158815/chinas-so-bad-at-water-conservation-that-it-had-to-launch-the-most-impressive-water-pipeline-project-ever-built/ |titre=China is moving more than a River Thames of water across the country to deal with water scarcity |consulté le=|date=6 mars 2014 |site=Quartz |page=|format=|id=|éditeur= |auteur1=Lily Kuo}}</ref>.
==Ébauche==
L'origine du projet du transfert d'eaux nord-sud se trouve dans la remarque de Mao Zedong que ''l'eau du sud est abondante, l'eau du nord rare. Dans la mesure du possible, l'emprunt d'eau serait bon''. Le département des eaux chinois réalisa des études, et après des décennies de recherches, le projet a arrêté trois orientations :
* à l''''ouest''', vers l'amont, où les fleuves Yangtsé et Jaune sont les plus rapprochés ;
* au '''centre''', où l'eau du cours supérieur du fleuve Han (un affluent du Yangtsé) sera détournée à [[Pékin]] et [[Tianjin]] ;
* à l''''est''', où le projet se sert du Grand canal.


== Historique ==
===Route de l'ouest===
La route occidentale, également la Grande ligne de l'ouest, détournera de l'eau du cours supérieur du Yangtsé à celui du fleuve Jaune. Afin de franchir la ligne de partage d'eau entre ces deux fleuves, d'énormes barrages et de longs canaux souterrains sont en projet. De plus, de vastes quantités d'eau seront enlevées aux cours supérieurs de six fleuves du sud-ouest de la Chine, y comprenant le [[Mekong]], le [[Yarlung Zangbo]] et le [[Salween]] et détournées aux régions septentrionales sèches de la Chine par un ensemble de réservoirs, tunnels et fleuves naturels<ref>http://www.progress.org/2006/water29.htm</ref>. La faisabilité de cette route est encore à l'étude et on n'a pas l'intention d'amorcer les travaux bientôt.


L'origine du projet du transfert d'eaux nord-sud se trouve dans la remarque de Mao Zedong que ''l'eau du sud est abondante, l'eau du nord rare. Dans la mesure du possible, l'emprunt d'eau serait bon''. Le service des eaux de la Chine réalisa des études, et après des décennies de recherche, définit un projet de transfert des eaux prélevées en Chine du sud comprenant trois sous-ensembles :
===Route du centre===
* à l''''est''', construction d'une canalisation débutant au niveau de l'estuaire du Yangzi et empruntant le [[Grand Canal (Chine)|Grand canal]] vers [[Pékin]] et [[Tianjin]]. L'eau est destiné à alimenter principalement la ville de [[Tianjin]].
La route centrale suit un tracé du réservoir de Danjiangkou sur le fleuve Han, un affluent du Yangtsé, à Pékin. La route est construite sur la Grande plaine du nord, et donc l'eau peut couler jusqu'à Pékin par gravité. Le principal défi technique a été de percer un canal souterrain sous le fleuve Jaune. La construction de la route centrale a commencé en 2004, et en 2008 son tronçon nord de 307km a été terminé à un coût de 2 milliards de dollars américains. Cette partie du canal est alimentée par plusieurs réservoirs du [[Hebei|province de Hebei]] au sud de Pékin. Les agriculteurs et industries du Hebei ont dû réduire leur consommation d'eau pour donner la priorité au transfert d'eaux à Pékin<ref>http://www.economist.com/node/12376698?story_id=12376698</ref>.
* au '''centre''', prélèvement de l'eau sur le cours supérieur du fleuve [[Han (affluent du Yangzi Jiang)|Han]] (un affluent du Yangzi) qui est convoyée à travers une canalisation pour alimenter principalement [[Pékin]] et accessoirement [[Tianjin]] ;
* à l''''ouest''', sur les hautes terres du [[plateau tibétain]], construction de canalisations mettant en communication le fleuve Yangzi et ses affluents avec le cours supérieur du [[fleuve Jaune]] dont le cours aval est utilisé pour fournir des ressources en eaux aux concentrations humaines de la plaine de Chine du nord.


Le projet, qui devrait être achevé dans son ensemble en 2050, devrait détourner à terme {{nombre|45|milliards}} de mètres cubes d’eau à l'horizon 2050 par an soit environ {{unité|1400|m|3|/s}} (pratiquement l'équivalent du débit du [[Rhône]] à son embouchure)<ref name="iea 2012">{{en}} [[Agence internationale de l'énergie]] [https://www.iea.org/media/publications/weo/WEO_2012_Water_Excerpt.pdf Water for Energy. Is energy becoming a thirstier resource?], Excerpt from the World Energy Outlook 2012, sur iea.org</ref>.
L'achèvement du projet complet, initialement prévu vers 2010, a eu lieu le 12 décembre 2014 pour améliorer la protection environnementale. Un des problèmes est l'influence sur le Han, où environ un tiers de l'eau est détourné. Une considération à plus long terme est de creuser un autre canal pour transférer de l'eau depuis le [[Barrage des Trois Gorges]] vers le réservoir de Danjiangkou. Une autre inquiétude est la réinstallation d'environ {{formatnum:330000}} personnes le long de la route. Le 18 octobre 2009, des officiels chinois se sont employés à déplacer les habitants des provinces de Hubei et [[Henan]] touchés par le projet.


La construction de la route de l'est a débuté officiellement le {{date-|27 décembre 2002}} et l'approvisionnement de Tianjin devait commencer en 2012. Cependant, la pollution des eaux a retardé l'achèvement de ce projet qui courant 2018 n'était que partiellement achevé. La construction de la route centrale a commencé en 2004, et en 2008 son tronçon nord de {{unité|307|km}} a été terminé. Son achèvement, initialement prévu vers 2010, n'a eu lieu que le {{date-|12 décembre 2014}}. Le retard est en partie liée à la prise en compte tardive de considérations environnementales<ref>{{Article |auteur1=Philippe Grangereau |titre=Pékin, la longue marche de l’eau |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=29-12-2010 |lire en ligne=http://www.liberation.fr/monde/01012310444-pekin-la-longue-marche-de-l-eau |consulté le=13-09-2020}}.</ref>. Courant 2014, {{nombre|79|milliards}} US$ avaient été dépensé sur le projet<ref name="chang">{{lien web|lang=en|auteur=Gordon G. Chang |url=https://www.worldaffairsjournal.org/blog/gordon-g-chang/china%E2%80%99s-water-crisis-made-worse-policy-failures|titre=China’s Water Crisis Made Worse by Policy Failures|date=8 janvier 2014|site=[[World Affairs]]|consulté le=23 November 2018}}</ref>.
===Route de l'est===

Le Grand canal est actuellement en cours d'amélioration. De l'eau sera puisée dans le Yangtsé et transférée par un ensemble de stations de pompage (dont une construite dans les [[années 1980]], capable de pomper {{unité|400|m|3|/s}}) le long du canal et au-dessous du fleuve Jaune, depuis lequel elle pourra couler vers les réservoirs près de Tianjin. La construction de la route de l'est a débuté officiellement le 27 décembre 2002 et l'approvisionnement de Tianjin devait commencer en 2012. Cependant la pollution des eaux a entravé la réussite de ce projet.
== Route de l'est ==

La route de l'est suit le tracé du [[Grand Canal (Chine)|Grand canal]]. De l'eau sera puisée dans le Yangzi et transférée par un ensemble de stations de pompage (dont une construite dans les [[années 1980]], capables d'écouler {{unité|400|m|3|/s}}) le long du canal et au-dessous du fleuve Jaune, depuis lequel elle pourra couler vers les réservoirs près de la ville de [[Tianjin]].

== Route du centre ==

La route centrale part du lac de barrage de Danjiangkou sur le fleuve [[Han (affluent du Yangzi Jiang)|Han]], un affluent du Yangzi, à Pékin. La canalisation traverse la Grande plaine du nord, et l'eau s'écoule jusqu'à Pékin par gravité sans avoir à effectuer de pompage. Pour que le prélèvement s'effectue sans pompage, le niveau du lac de barrage a du être relevé de {{unité|162|à=176|mètres}} ce qui a agrandi la surface du lac et imposé le déménagement de {{nombre|330000|habitants}} des provinces concernées. Le principal défi technique a été de percer un canal souterrain sous le fleuve Jaune. Une partie du canal est alimentée par plusieurs réservoirs de la [[Hebei|province de Hebei]] au sud de Pékin. Les agriculteurs et industries du Hebei ont dû réduire leur consommation d'eau pour donner la priorité au transfert d'eaux à Pékin<ref>{{lien web |langue=en |titre=A shortage of capital flows |url=http://www.economist.com/node/12376698?story_id=12376698 |site=economist.com |périodique=The Economist |date=09-10-2008 |consulté le=13-09-2020}}.</ref>.

[[file:South–North Water Transfer Project Central route starting point taocha.jpg|vignette|1000px|centre|Point de départ de la route du centre dans le [[Xian de Xichuan]] près de [[Nanyang (Henan)|Nanyang]] dans le [[Henan]]|alt=Point de départ de la route du centre dans le [[Xian de Xichuan]] près de [[Nanyang (Henan)|Nanyang]] dans le [[Henan]].]]

== Route de l'ouest ==

La route de l'ouest n'a pas encore donné lieu début 2020 à un début de concrétisation car il est encore beaucoup plus couteux et complexe que la partie du projet déjà implémentée il consiste à prélever une partie des eaux du Yangzi et de deux de ses affluents, le [[Yalong]] et le [[Dadu (rivière)|Dadu]]), très en amont sur le [[plateau tibétain]]. Les trois fleuves ont dans cette région des cours à peu près parallèles et faiblement distants. Pour y parvenir le projet nécessite la construction dans une région extrêmement montagneuse et située à très haute altitude ({{unité|3000|à=4000|mètres}}) d'énormes barrages et de longs canaux souterrains permettant de franchir la ligne de partage d'eau entre ces fleuves. Une première canalisation doit transférer les eaux du Yangzi (baptisé Tongtian dans cette partie de son cours) vers le Yalong ({{unité|289|km}}). Un second canal amène les eaux du Yalong vers le fleuve Jaune ({{unité|131|km}}) et un troisième canal celles du Dadu vers le fleuve Jaune ({{unité|30|km}}).

Un projet à plus long terme envisage de prélever de grandes quantités d'eau sur les cours supérieurs de six fleuves du sud-ouest de la Chine dont le [[Mékong]], le [[Brahmapoutre|Yarlung Zangbo]] et le [[Salouen]]<ref>{{lien web |titre=The Vital Role of Natural Resources<!-- Vérifiez ce titre --> |url=https://archive.wikiwix.com/cache/20111010201124/http://www.progress.org/2006/water29.htm |site=progress.org via [[Wikiwix]] |consulté le=11-10-2023}}.</ref>. La faisabilité de cette route est encore à l'étude et on n'a pas l'intention d'amorcer les travaux bientôt.

== Impacts écologiques et humains ==

Le projet a un impact humain et écologique. Pour surélever le barrage de Danjiangkou, il a fallu déplacer {{nombre|345000|personnes}} qui occupaient des terrains désormais sous les eaux. Les prélèvements sur le Han pourrait menacer les ressources en eau de la région traversée par ce fleuve et il est question de prélever une fraction des eaux du barrage des trois gorges pour le transférer dans le barrage de Danjiangkou<ref name=quartz/>.


== Annexes ==
== Annexes ==
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{{références}}
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=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Yangzi Jiang]]
* [[Fleuve Jaune]]
* [[Grand Canal (Chine)|Grand canal]], canal reliant [[Pékin]] à [[Hangzhou]], construit durant la [[Dynastie Sui]] (581 – 618).
* [[Grand Canal (Chine)|Grand canal]], canal reliant [[Pékin]] à [[Hangzhou]], construit durant la [[Dynastie Sui]] (581 – 618).


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{{Portail|Chine}}
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[[Catégorie:Canal en Chine]]
[[Catégorie:Canal en Chine]]
[[Catégorie:Transport fluvial et maritime en Chine]]

Dernière version du 11 octobre 2023 à 17:02

Les trois routes du projet de transfert d'eaux nord-sud.
Carte des précipitations en Chine : la répartition des précipitations, abondantes dans le sud et plus rares dans le nord, est à l'origine du projet.

Le projet de transfert d'eaux du sud au nord (en chinois 南水北调工程; pinyin: Nánshuǐ Běidiào Gōngchéng) est un ensemble de canaux, canalisations souterraines et de systèmes de répartition des ressources d'eau dans la Chine, dont la construction a été achevée en grande partie en 2014. Le nord de la Chine, fortement industrialisé, connaît une pluviosité beaucoup moins importante que les régions méridionales. Le fleuve Jaune, qui irrigue cette région s'est asséché plusieurs fois au cours des décennies récentes et certains affluents du Hai dont le bassin versant comprend les villes de Pékin et de Tianjin ont également failli s'assécher. Des projets limités complètent le transfert de l'eau du Yangzi Jiang (fleuve Bleu) dans le Huang He (fleuve Jaune) et le fleuve Hai. Parmi ceux-ci, un plan controversé de détournement du Brahmapoutre, au nord de l'Inde, est à l'étude depuis des années. L'offre et la demande d'eau ont changé plus vite que la capacité du projet de s'adapter, entraînant des surcoûts et des bienfaits moins sensibles.

Contexte : les ressources en eau limitées de la Chine du nord[modifier | modifier le code]

Les grandes concentrations humaines de la Chine du nord, en particulier les agglomérations de Pékin et Tianjin, ne disposent pas de ressources en eau suffisantes. En 2012, pour la ville de Pékin, les ressources combinées des rivières proches étaient en mesure de fournir environ 120 m3 d'eau à chaque habitant alors que selon la norme établie par les Nations unies, le seuil de détresse hydrique est fixé à 500 m3 par habitant. Pour remédier à cette situation, la ville de Pékin tente de réduire les quantités d'eau consommées et puise dans les ressources de la province de Hebei et dans les nappes phréatiques dont le niveau baisse de 2 à 3 mètres par an. Alors que la Chine du nord relativement aride connaît une pénurie chronique, la Chine du sud bénéficie de précipitations abondantes et dispose au contraire de ressources en eaux excédentaires[1].

Historique[modifier | modifier le code]

L'origine du projet du transfert d'eaux nord-sud se trouve dans la remarque de Mao Zedong que l'eau du sud est abondante, l'eau du nord rare. Dans la mesure du possible, l'emprunt d'eau serait bon. Le service des eaux de la Chine réalisa des études, et après des décennies de recherche, définit un projet de transfert des eaux prélevées en Chine du sud comprenant trois sous-ensembles :

  • à l'est, construction d'une canalisation débutant au niveau de l'estuaire du Yangzi et empruntant le Grand canal vers Pékin et Tianjin. L'eau est destiné à alimenter principalement la ville de Tianjin.
  • au centre, prélèvement de l'eau sur le cours supérieur du fleuve Han (un affluent du Yangzi) qui est convoyée à travers une canalisation pour alimenter principalement Pékin et accessoirement Tianjin ;
  • à l'ouest, sur les hautes terres du plateau tibétain, construction de canalisations mettant en communication le fleuve Yangzi et ses affluents avec le cours supérieur du fleuve Jaune dont le cours aval est utilisé pour fournir des ressources en eaux aux concentrations humaines de la plaine de Chine du nord.

Le projet, qui devrait être achevé dans son ensemble en 2050, devrait détourner à terme 45 milliards de mètres cubes d’eau à l'horizon 2050 par an soit environ 1 400 m3/s (pratiquement l'équivalent du débit du Rhône à son embouchure)[2].

La construction de la route de l'est a débuté officiellement le et l'approvisionnement de Tianjin devait commencer en 2012. Cependant, la pollution des eaux a retardé l'achèvement de ce projet qui courant 2018 n'était que partiellement achevé. La construction de la route centrale a commencé en 2004, et en 2008 son tronçon nord de 307 km a été terminé. Son achèvement, initialement prévu vers 2010, n'a eu lieu que le . Le retard est en partie liée à la prise en compte tardive de considérations environnementales[3]. Courant 2014, 79 milliards US$ avaient été dépensé sur le projet[4].

Route de l'est[modifier | modifier le code]

La route de l'est suit le tracé du Grand canal. De l'eau sera puisée dans le Yangzi et transférée par un ensemble de stations de pompage (dont une construite dans les années 1980, capables d'écouler 400 m3/s) le long du canal et au-dessous du fleuve Jaune, depuis lequel elle pourra couler vers les réservoirs près de la ville de Tianjin.

Route du centre[modifier | modifier le code]

La route centrale part du lac de barrage de Danjiangkou sur le fleuve Han, un affluent du Yangzi, à Pékin. La canalisation traverse la Grande plaine du nord, et l'eau s'écoule jusqu'à Pékin par gravité sans avoir à effectuer de pompage. Pour que le prélèvement s'effectue sans pompage, le niveau du lac de barrage a du être relevé de 162 à 176 mètres ce qui a agrandi la surface du lac et imposé le déménagement de 330 000 habitants des provinces concernées. Le principal défi technique a été de percer un canal souterrain sous le fleuve Jaune. Une partie du canal est alimentée par plusieurs réservoirs de la province de Hebei au sud de Pékin. Les agriculteurs et industries du Hebei ont dû réduire leur consommation d'eau pour donner la priorité au transfert d'eaux à Pékin[5].

Point de départ de la route du centre dans le Xian de Xichuan près de Nanyang dans le Henan.
Point de départ de la route du centre dans le Xian de Xichuan près de Nanyang dans le Henan

Route de l'ouest[modifier | modifier le code]

La route de l'ouest n'a pas encore donné lieu début 2020 à un début de concrétisation car il est encore beaucoup plus couteux et complexe que la partie du projet déjà implémentée il consiste à prélever une partie des eaux du Yangzi et de deux de ses affluents, le Yalong et le Dadu), très en amont sur le plateau tibétain. Les trois fleuves ont dans cette région des cours à peu près parallèles et faiblement distants. Pour y parvenir le projet nécessite la construction dans une région extrêmement montagneuse et située à très haute altitude (3 000 à 4 000 mètres) d'énormes barrages et de longs canaux souterrains permettant de franchir la ligne de partage d'eau entre ces fleuves. Une première canalisation doit transférer les eaux du Yangzi (baptisé Tongtian dans cette partie de son cours) vers le Yalong (289 km). Un second canal amène les eaux du Yalong vers le fleuve Jaune (131 km) et un troisième canal celles du Dadu vers le fleuve Jaune (30 km).

Un projet à plus long terme envisage de prélever de grandes quantités d'eau sur les cours supérieurs de six fleuves du sud-ouest de la Chine dont le Mékong, le Yarlung Zangbo et le Salouen[6]. La faisabilité de cette route est encore à l'étude et on n'a pas l'intention d'amorcer les travaux bientôt.

Impacts écologiques et humains[modifier | modifier le code]

Le projet a un impact humain et écologique. Pour surélever le barrage de Danjiangkou, il a fallu déplacer 345 000 personnes qui occupaient des terrains désormais sous les eaux. Les prélèvements sur le Han pourrait menacer les ressources en eau de la région traversée par ce fleuve et il est question de prélever une fraction des eaux du barrage des trois gorges pour le transférer dans le barrage de Danjiangkou[1].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Lily Kuo, « China is moving more than a River Thames of water across the country to deal with water scarcity », sur Quartz,
  2. (en) Agence internationale de l'énergie Water for Energy. Is energy becoming a thirstier resource?, Excerpt from the World Energy Outlook 2012, sur iea.org
  3. Philippe Grangereau, « Pékin, la longue marche de l’eau », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Gordon G. Chang, « China’s Water Crisis Made Worse by Policy Failures », sur World Affairs, (consulté le )
  5. (en) « A shortage of capital flows », sur economist.com, The Economist, (consulté le ).
  6. « The Vital Role of Natural Resources », sur progress.org via Wikiwix (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]