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Taxon poubelle

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Un taxon poubelle désigne en paléontologie un taxon fourre-tout, qui rassemble des espèces éteintes qui se ressemblent mais dont la parenté est mal établie, ou des espèces connues par des fossiles très fragmentaires, dépourvus de caractères uniques distinctifs discernables (autapomorphies), et de ce fait difficiles à classer[1],[2]. Ces espèces sont regroupées soit par une certaine similitude apparente, soit par leur non-appartenance à un ou plusieurs autres taxons voisins bien établis. Les taxons poubelles sont cependant considérés comme des taxons valides tant que les avancées de la science ne permettent pas de les réviser.

Profil[modifier | modifier le code]

La base de données Paleobiology Database recense de nombreux taxons fossiles, dont certains ont une validité précaire. Les taxons fossiles les plus répandus dans le temps et dans l'espace et qui ont été définis il y a de nombreuses décennies sont ceux qui ont les plus fortes chances d'être des taxons poubelles[3].

Exemples[modifier | modifier le code]

Comparaison de dents attribuées à différents genres et espèces de troodontidés, avec l'holotype du genre Troodon en A (T. formosus).

Des fossiles d'organismes connus uniquement à l'état fragmentaire peuvent être regroupés dans un taxon poubelle en se basant sur de vagues ressemblances morphologiques ou sur un regroupement par même niveau stratigraphique, en attendant que d'autres découvertes viennent préciser leur attribution taxonomique.

C'est le cas des rauisuchiens, des sauropsidess fossiles du Trias ressemblant en partie aux crocodiles actuels[4].

C'est aussi le cas du genre fossile Troodon, un dinosaure théropode du Crétacé supérieur dont l'holotype n'est connu que par une seule dent fragmentaire, ses os étant relativement fragiles et peu propices à une préservation par fossilisation. Ainsi de nombreuses dents isolées ont été attribuées au groupe des Troodontidae qui constituait un taxon poubelle, avant que l'holotype de Troodon soit considéré comme non-diagnostique et envisagé, par certains paléontologues, comme un nom douteux (nomen dubium)[5],[6],[7],[8].

En paléoanthropologie, le taxon Homo erectus est parfois considéré comme un taxon fourre-tout, notamment par les chercheurs qui mettent l'accent sur les différences morphologiques constatées entre fossiles humains africains et asiatiques du Pléistocène inférieur[9],[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) M. Friedman et M.D. Brazeau, « Sequences, stratigraphy and scenarios: what can we say about the fossil record of the earliest tetrapods? », Proceedings of the Royal Society, vol. 278, no 1704,‎ , p. 432–439 (PMID 20739322, PMCID 3013411, DOI 10.1098/rspb.2010.1321)
  2. (en) Anthony Hallam et Wignall P. B., Mass extinctions and their aftermath, Oxford (England), Oxford University Press, , 320 p. (ISBN 978-0-19-854916-1, lire en ligne), p. 107
  3. (en) Roy E. Plotnick et Peter J. Wagner, « Round up the usual suspects: common genera in the fossil record and the nature of wastebasket taxa », Paleobiology, Cambridge University Press, vol. 32, no 1,‎ , p. 126-146 (DOI 10.1666/04056.1, lire en ligne)
  4. (en) Sterling J. Nesbitt, « Arizonasaurus and its implications for archosaur divergence », Proceedings of the Royal Society of London. Series B: Biological Sciences, vol. 270,‎ , S234-7 (PMID 14667392, PMCID 1809943, DOI 10.1098/rsbl.2003.0066)
  5. (en) International Code of Zoological Nomenclature, International Commission on Zoological Nomenclature, , 4e éd. (lire en ligne), « Glossary ».
  6. (en) D. C. Evans, T.M. Cullen, D.W. Larson et A. Rego, « A new species of troodontid theropod (Dinosauria: Maniraptora) from the Horseshoe Canyon Formation (Maastrichtian) of Alberta, Canada », Canadian Journal of Earth Sciences, vol. 54, no 8,‎ , p. 813–826 (DOI 10.1139/cjes-2017-0034, Bibcode 2017CaJES..54..813E)
  7. (en) A. J. van der Reest et P. J. Currie, « Troodontids (Theropoda) from the Dinosaur Park Formation, Alberta, with a description of a unique new taxon: implications for deinonychosaur diversity in North America », Canadian Journal of Earth Sciences, vol. 54, no 9,‎ , p. 919–935 (DOI 10.1139/cjes-2017-0031, Bibcode 2017CaJES..54..919V, hdl 1807/78296, lire en ligne).
  8. (en) D. J. Varricchio, M. Kundrát et J. Hogan, « An Intermediate Incubation Period and Primitive Brooding in a Theropod Dinosaur », Scientific Reports, no 1,‎ (DOI 10.1038/s41598-018-30085-6, lire en ligne)
  9. (en) Giancarlo Scardia, Walter A. Neves, Ian Tattersall et Lukas Blumrich, « What kind of hominin first left Africa? », Evolutionary Anthropology: Issues, News, and Reviews, vol. 30, no 2,‎ , p. 122-127 (DOI 10.1002/evan.21863)
  10. Dominique Grimaud-Hervé, Frédéric Serre, Jean-Jacques Bahain, Roland Nespoulet et Romain Pigeaud, Histoires d'ancêtres : La grande aventure de la Préhistoire, Paris, Errance, coll. « Guides de la préhistoire mondiale », , 5e éd., 144 p. (ISBN 978-2-87772-590-3)

Articles connexes[modifier | modifier le code]