Mannequinat

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Le top model Gisele Bündchen
Filippa Palmstierna Hamilton

Le mannequinat est l'activité exercée par le mannequin, personne qui pose ou s'expose pour valoriser les produits de l'industrie de la mode. Les mannequins sont employés principalement pour la promotion de l'habillement, des accessoires de mode et des produits de beauté.

Histoire

Le premier mannequin pourrait être la vendeuse d'une boutique parisienne, Marie Vernet Worth. Elle devint mannequin professionnel en 1853, pour aider son mari couturier, Charles Frederick Worth[1].

Au début, les mannequins sont appelés des « sosies car elles devaient ressembler aux clientes » précise Sylive Lecailler, commissaire de l'exposition Mannequin : le corps de la mode qui se tient à la Cité de la Mode et du Design début 2013[2]. Ces « sosies » n'affichent pas leur métier, jugé déshonorant[2]. Dans les années 1920, le couturier Jean Patou va jusqu'aux États-Unis chercher des filles « grandes, minces, chevilles fines et sans hanches »[2] : les principes du mannequinat contemporain sont établis[2]. L'agence Ford révolutionne le système juste après la Seconde Guerre mondiale : alors qu'à l'époque les mannequins gèrent leur carrière, Eileen Ford et son mari vont faire changer les choses. Jusque dans les années 1970, les mannequins sont soient destinés aux défilés, soit aux magazines (plus encore, soit à Vogue, soit à Harper's Bazaar)[3]. Ralph Lauren en 1972 va symboliquement bouleverser les habitudes en faisant défiler un mannequin jusque là image de publicité[3]. Elite Model Management ouvre ces mêmes années.

Au cours des décennies suivantes, diverses tendances vont voir le jour : dans les années 1970, c'est l'absence de seins et de hanches ; une dizaine d'années plus tard, la prédominance de la poitrine ; dans les années 1990 apparait des looks moins classiques, à l'image de Kate Moss posant la première fois à l'âge de quinze ans ; le passage à l'an 2000 donne un retour au « corps parfait »[2].

En un siècle environ, le statut de mannequin passe du « porte-manteau » anonyme à celui d'égérie[2].

Mode

Juliette B., un mannequin de l'agence People International.

Il existe plusieurs types de mannequins : les modèles de mode, qui participent aux défilés de prêt à porter dans le monde et plus épisodiquement de Haute couture en France, et les mannequins « commerciaux »[4].

Le mannequin-cabine est le mannequin sur lequel le styliste va essayer ses patrons et prototypes des modèles qu'il est en train de créer. Quelques très rares mannequins-cabine ont eu une carrière publique, comme Grace Jones pour Azzedine Alaïa.

Le travail des mannequins de mode peut être vu comme une forme d'art. Ces modèles sont photographiés par les plus grands photographes comme Mario Testino, Patrick Demarchelier, ou Barry Lategan… Ces mannequins utilisent leur visage et leur corps pour exprimer les différentes émotions requises par les photographes, créateurs, directeurs artistiques, ou rédacteurs en chef de la presse spécialisée. Les photographes de mode et l'image qu'ils réalisent des mannequins sont une part très importante du succès de certains mannequins[2].

Ces mannequins travaillent pour les stylistes de prêt-à-porter ou les Couturiers de haute couture lors des défilés, participent aux éditoriaux des magazines de mode et posent pour des campagnes de publicité. Ils apparaissent notamment dans des magazines internationaux tels que Harper's Bazaar, Vogue, Vanity Fair, ou ELLE.

Ils posent pour présenter des vêtements, défilent une à plusieurs fois par an pendant les défilés (Semaines de la mode).

Commercial

Le travail de ces mannequins est moins prestigieux que ceux des défilés vivants. Ces modèles apparaissent dans des films publicitaires, des magazines, des catalogues ou dépliants.

Les modèles de catalogue diffèrent des standards nécessaires aux défilés ; afin de correspondre aux diverses tailles du prêt-à-porter et à la variété de choix, ils peuvent avoir des poids et des tailles variés. On trouve par exemple des mannequins « grandes tailles », ou au physique atypique.

Il existe aussi des modèles dit « de détail », spécialisés pour leurs mains, jambes, pieds, corps, tatouages, etc. pour la photographie et le cinéma.

Mensurations

Les frères Carlson, mannequins.

L'association des agents (AMA) indique que les mensurations des modèles féminins doivent approcher 86-61-86[5], et 1,72 m de hauteur minimum. Mais les exigences de la mode ont changé et lors des derniers défilés en Europe, la taille moyenne était de 1,79 m, le tour de poitrine entre 85 cm et 90 cm, le tour de taille inférieur à 62 cm, et le tour de hanches inférieur à 90 cm, afin de correspondre aux tailles 34/36 des prototypes de vêtements[5].

De même, les mannequins hommes sont athlétiques et fins, plutôt que musculeux (lingerie). Avec un poids entre 65 kg et 75 kg pour une taille minimale de 1,80 m[5].

Ces mensurations doivent être conservées afin de pouvoir mettre les vêtements de taille unique car les mannequins d'usines utilisés pour les créer ont la même largeur mais les hauteurs sont différentes.

« Le corps « mode » aujourd'hui, c'est une silhouette faite au moule, d'une étroitesse incroyable, avec des bras et des jambes interminables, un cou très long et une très petite tête. Il ne faut pas avoir d'os trop larges. Il y a des choses qu'on ne peut pas raboter[6] »

— Karl Lagerfeld

Karl Lagerfeld, avec sa très longue expérience du domaine de la mode, note un changement important de morphologie au court des dernières décennies, mais rappelle la phrase de Christopher Marlowe : « Il n'y a pas de beauté sans quelque chose d'étrange dans les proportions. »[7]

Critiques

Poids

Une critique récente concerne l'extrême maigreur de certains mannequins féminins participant aux défilés de mode. À travers le monde, des débats se tiennent à propos des effets négatifs possibles que ce canon esthétique peut avoir sur les jeunes personnes impressionnables, à l'origine notamment de troubles anorexiques chez certains adolescents.

Dans le milieu de la mode, le concept de la « taille zéro »[8] a obtenu une exposition médiatique : les organisateurs de la Semaine de la mode 2006 de Madrid avaient interdit la participation des mannequins dont l'indice de masse corporelle était inférieur à 18 (classé comme pathologique par l'Organisation mondiale de la santé)[6].

La France a refusé de suivre ces précautions, et le couturier Karl Lagerfeld s'est déclaré fortement défavorable à ce type de mesures.

Depuis le , la législation israélienne interdit aux mannequins hommes et femmes de défiler ou d'apparaître dans les médias du pays si leur indice de masse corporelle (IMC) est inférieur à 18,5[9].

Agressions sexuelles

Certains mannequins féminins ont dénoncé des agressions sexuelles dont elles ont été victimes, y compris de la part de photographes, et certaines ont créé leur syndicat[10]. Le film documentaire Picture me, le journal vérité d'un top model[11] rapporte à ce sujet le témoignage de mannequins qui racontent les attouchements et demandes à caractère sexuel dont elles ont été victimes.

Top-model

Cindy Crawford, l'un des principaux top-models des années 1990.

Les « top-models » sont l'élite des mannequins, c'est-à-dire les plus demandés et les mieux payés. Le terme de « top-model » n'est pas d'usage dans les pays anglo-saxons où supermodel est utilisé en anglais.

Il n'y a aucun standard pour la détermination du statut de top model. Le terme lui-même est en quelque sorte une invention des médias, bien qu'on puisse relever des éléments communs entre ces mannequins : ils travaillent pour des stylistes ou des Maisons très réputés, tels que Chanel ou Dior, par exemple, et font les couvertures des magazines de mode dans le monde entier. Ces mannequins, presque exclusivement des femmes, profitent de leur célébrité pour signer des contrats avec de grandes marques, surtout dans le domaine très rémunérateur des produits cosmétiques et prêt-à-porter, ou bien commencer des carrières d'acteur. Ils sont payés des dizaines de milliers de dollars par jour de travail, même pour des séances photo ; outre l'omniprésence, l'une des formes de l'établissement de ce statut vient d'ailleurs du coût du top-model par rapport aux autres mannequins. Lisa Fonssagrives est considérée comme le premier top-model de l'histoire.

Mannequins et top-models féminins

Années 1950

Années 1960

Années 1970

Années 1980

Années 1990

Années 2000

Années 2010

Mannequins masculins

Années 1990

Années 2000

Années 2010

Notes et références

  1. (en) The First Super Models
  2. a b c d e f et g Dorane Vignando, « Corps au top », Le Nouvel Observateur, no 2519,‎ , p. 117 (ISSN 0029-4713)
  3. a et b Carole Sabas, « Son nom est Ford…Eileen Ford », Vogue Paris, Condé Nast, no 942,‎ , p. 206 à 211 (ISSN 0750-3628)
  4. (en) Kelly England - "The Types of Modeling"
  5. a b et c SoYouWanna be a model?
  6. a et b Cécile Daumas, « Le corps du délit », sur NextLiberation.fr
  7. Françoise-Marie Santucci, Olivier Wicker, «Des bras et des jambes interminables et une très petite tête», Next, sur liberation.fr, Libération, (consulté le )
  8. Référence à la taille US 0 (FR 34)
  9. (en)The Jerusalem Post, David Horovitz (dir.), Jerusalem, 01/01/2013, quotidien (ISSN 0021-597X) [lire en ligne]
  10. (en) 'We might need to see you without your bra, he told me. I was 14. I didn't even have breasts yet' - The Guardian, 7 juin 2009
  11. (fr) Fiche ImDb de Picture Me: Le journal vérité d'un top model

Annexes

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Articles connexes