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Islam au Mozambique

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La mosquée de Maputo

Au Mozambique, l’islam est la religion d'environ 4 millions d'habitants, soit 17,9 %[1] de la population. La plupart des musulmans mozambicains sont sunnites, mais on dénombre aussi des chiites ismaéliens. Ces musulmans sont principalement des autochtones, ou des immigrés d’Asie du Sud, surtout d’Inde et du Pakistan. Il existe aussi un petit nombre de musulmans émigrés d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Le Mozambique est membre de l'Organisation de la coopération islamique depuis 1994.

Histoire

L'arrivée de l'islam et le sultanat de Kilwa

L'arrivée de l'islam en Mozambique date du Xe siècle[2], lorsque des musulmans établirent de petits émirats sur la côte d'Afrique de l'Est en vue du commerce avec la péninsule Arabique[3]. Depuis la fondation du sultanat de Kilwa au Xe siècle par Ali ibn al-Hassan Shirazi, l'islam est devenue une religion majeure dans la région.

L'ancienne cité portuaire de Sofala était l'un des plus importants centres de commerce de la côte du Mozambique[2]. Il était réputé pour le commerce de l'ivoire, du bois, des esclaves, de l'or et du fer, qui transitaient vers le Moyen-Orient et l'Inde. Sofala et la plupart de la côte de la Mozambique faisaient partie du sultanat de Kilwa, depuis l'arrivée arabe jusqu'à la conquête portugaise en 1505. Dans le Nord du pays surtout, l'islam était bien établi et très organisé[2].

Pendant la période de la dynastie omanite Al Bu Saïd, les marchands d'esclaves musulmans étendirent leur zone de commerce le long de la côte, vers le Sud. Il semble que tous les habitants de ces villes côtières étaient musulmans avant l'arrivée des Portugais au XVIe siècle.

Une mosquée sur l'île de Mozambique

La colonisation portugaise

L'islam a affronté de nombreux défis au Mozambique à partir de la période coloniale. Les musulmans durent faire face à de nombreuses persécutions, notamment par esprit de revanche de l'occupation musulmane du Portugal pendant plusieurs siècles[2]. Le commerce avait lieu avec les Indiens, surtout hindous. Quand la ville de Dambararé tomba aux mains des Portugais, les indiens musulmans furent tout de même autorisés, en 1727, à pratiquer le commerce, mais interdits de posséder des esclaves. L'année suivante, les musulmans furent interdits de convertir des autochtones ou de vendre des esclaves baptisés[2]. Mais ces lois étaient impossibles à mettre en oeuvre réellement. Il reste aujourd'hui le témoignage que vers 1736, l'archevêque du Mozambique se lamentait de la réussite des conversions d'Africains à l'islam en comparaison de l'échec des conversions au christianisme.

Le XIXe siècle vit une recrudescence du djihad. On estime qu'il y avait au début du siècle 15 000 musulmans à Cap Delgado, et 20 000 sur l'île de Mozambique, côte exceptée. En 1852, le gouverneur du Mozambique s'étonna de la grande avancée de l'islam à l'intérieur des terres[2]. Il semble que dans les années 1880, la majorité des chefs Yao avaient embrassé l'islam. Les raisons du succès de l'islam sont complexes, mais le commerce entre peuples de l'intérieur du pays et musulmans des côtes a certainement joué un rôle important, de même que l'oppression Portugaise. Au début du XXe siècle, il existait 15 mosquées et 10 écoles coraniques dans l'ancienne région d'Angoche.

Les confréries soufies ne sont pas arrivées dans le pays avant la fin du XIXe siècle. La qadiriyya, par exemple, s'y est établie en 1904. Elle se développa et se scinda ensuite en de nombreuses branches. À cette époque et jusque dans les années 1960, l'islam était très peu organisé. Sa grande diversité suscita des tensions et des conflits. La pratique de l'islam se faisait sans clergé, de façon peu rigoureuse. La circoncision était courante, mais les prières étaient mal récitées, et l'assiduité à la mosquée était faible[2]. Plus tard, dans les années 1950, la population musulmane a été évaluée entre 700 000 à un million de personnes sur une population totale d'environ 6 millions de Mozambicains. Dans les années 1960, l'isolation des musulmans du Mozambique prit fin, car des étudiants allaient en Tanzanie et dans la péninsule arabe pour recevoir une éducation islamique.

Au cours de la période portugaise de l'Estado Novo, entre 1926 et 1974, le catholicisme devint la religion dominante par un concordat entre le gouvernement mozambicain et le Vatican. Cela aboutit à une « politique de tracasseries » envers les musulmans[4]. L'État colonial, sentant les risques de révoltes, finança des dizaines de hadj, coopta des chefs musulmans et réhabilita des mosquées[4]. Ce n'est qu'avec la guerre d'indépendance que l'état minora son opposition à l'islam et chercha à coopérer avec lui pour éviter des alliances entre musulmans et mouvements politiques dissidents.

Par ailleurs, dans les années 1950 et 1960, de vives tensions existaient entre les courants soufis et les réformateurs wahhabites apparus eux aussi à la fin du XIXe siècle. En 1971, un discours du cheikh wahhabite Magira dénonçant le mawlid et le sanctuaire Sofala du centre du pays fit date par les tensions qu'il provoqua[4]. La progression du wahhabisme s'arrêta globalement avec l'indépendance.

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Références

  1. (en) Données du CIA World Factbook
  2. a b c d e f et g (en) http://fr.scribd.com/doc/30933232/Islam-in-Mozambique-Some-Historical-and-Cultural-Perspectives
  3. Cette donnée historique est attestée par le passage de l'encyclopédiste al Masudi dans la région en l'an 304 de l'Hégire, soit en 916 après J.-C.
  4. a b et c http://www.academia.edu/723143/Lislam_au_Mozambique_apres_lindependance_Histoire_dune_montee_en_puissance