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Écriture cursive chinoise

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L’écriture cursive chinoise est la forme que prennent les caractères chinois lorsqu'ils sont écrits pour des notes rapides utilisées dans un usage domestique courant.

De même que l'écriture cursive déforme et lie les lettres de l'alphabet, et rend l'écriture assez différente des caractères d'imprimerie qui en sont à l'origine, l'écriture cursive chinoise est plus rapide que l'écriture normale, et difficile à déchiffrer pour qui n'y est pas habitué.

La cursive chinoise dérive des caractères de style scribes (隸書 Lìshū), réguliers (楷書 Kǎishū) ou simplifiés (簡字 Jiǎnzì), dont les traits ont été exécutés de manière cursive : d’une part les caractères sont tracés en évitant dans la mesure du possible d’interrompre le trait d’écriture ; et d’autre part le caractère est simplifié par l’omission de certains traits ou le remplacement de composants complexes par des formes plus simples.

Tracé cursif (連筆 liánbǐ) et caractère simplifié (簡字 Jiǎnzì)

Le style cursif est l’héritage d’une longue histoire. Il se fonde sur des formes simplifiées de caractères (簡字 Jiǎnzì) dérivés de caractères "d'imprimerie" du style clérical ou régulier, et le tracé de ces caractères simplifiés fait de plus l’objet de ligatures (連筆 liánbǐ).

Un caractère cursif simplifié peut souvent s’écrire de différentes manières, l’une étant désignée par « style herbe » (草書 cǎoshū) normalisé (揩化 kāi huà) : ce tracé correspond aux simplifications normales (揩化 kāi huà) auxquelles sont appliquées le style cursif, c’est le tracé qui est normalement donné dans les dictionnaires de styles.

Par exemple, le caractère s’écrit en cursif . Si les ligatures sont éliminées et que ce qui reste est écrit en style régulier, le squelette ainsi obtenu correspond au tracé simplifié  : Si on trace ce caractère simplifié dans un style cursif, on obtiendra le caractère « herbe ». De ce fait, on dit que 应 est le tracé simplifié de 應. Cependant, inversement, tous les caractères simplifiés de l'écriture d'imprimerie ne dérivent pas des caractères « herbe ». Il convient de noter que toutes ces simplifications sont arbitraires, indépendantes de la sémantique des composants de caractères.

De même :

Caractère normal Forme simplifiée Forme cursive Remarque
L’élément de caractère 又 est souvent utilisé comme abréviation d’un groupe complexe.
文 remplace ici le groupe 言
Simplification radicale : le groupe de gauche est réduit à deux points, le groupe de droite à trois traits.
Simplification habituelle de 言 par 讠 ; et 戠 est énergiquement simplifié en 只.
L’élément de caractère 又 est souvent utilisé comme abréviation d’un groupe complexe.
Ici 鬼 est remplacé par 卜 (il ne reste plus que l'impression fugitive d'une composition verticale et d'un ajout sur le côté).
Ici à droite 金 est remplacé par 中.
L’élément de caractère 又 est souvent utilisé comme abréviation d’un groupe complexe.

La limite entre une forme graphique de style courant et une de style « herbe » sauvage n’est pas forcément très tranchée.

Le style cursif « herbe » (草書 cǎoshū) comprend traditionnellement trois formes : la cursive « des scribes » (章草 zhāngcǎo) ; la cursive dite « moderne » (今草 jīncǎo) et la cursive dite « sauvage » (狂草 kuángcǎo). Le terme est habituellement traduit par « herbe », il signifie ici la verdeur d’une plante qui n’est pas prise dans le carcan d’une écorce.

  • Dans la cursive « des scribes » ou « cléricale » (章草 zhāngcǎo) les traits successifs font parfois l’objet de ligatures. Le tracé des caractères dérive initialement du tracé normal du style clérical ; mais de nombreux éléments de caractère reçoivent une forme simplifiée. Ces formes simplifiées se retrouveront dans les écritures cursives ultérieures.
  • La cursive « moderne » (今草 jīncǎo) n’est moderne que de nom ; elle a été créé au quatrième siècle de notre ère à partir de la cursive « cléricale » précédente. Elle se caractérise par des ligatures plus fréquentes au sein des caractères, et plus d’alternatives simplifiées pour représenter un même caractère régulier.
  • Le style courant (行書 xíngshū) dérive à la fois de la cursive cléricale et des caractères réguliers, et se caractérise par des ligatures plus fréquentes entre traits. De plus, le tracé ne suit pas les règles strictes du style régulier (楷書 Kǎishū) et permet quelques variantes individuelles, mais les simplifications possibles ne sont pas aussi poussées que dans le style « herbe ».
  • Le style « sauvage » (狂草 kuángcǎo) est le plus libre de tous. Il établit des ligatures non seulement au sein d’un caractère, mais même d’un caractère à l’autre. En outre, il donne beaucoup plus de liberté aux variantes de tracé, et à l’équilibrage des compositions. Ce style est sans usage pratique, parce qu’il est difficile à tracer, et très difficile à déchiffrer.

Déformations cursives des caractères

Ligatures

Les ligatures entre traits conduisent aux effets suivants :

  • Les traits parallèles normalement distincts dans l’écriture normale se fondent en un tracé fluide. Ainsi, s’écrit
  • Les traits successifs normalement disjoints dans l’écriture normale sont déplacés, de manière à ce que l’enchaînement se fasse sans solution de continuité. Ainsi, s’écrit
  • Une succession de deux points ou plus se transforme en une simple ligne. Ainsi, s’écrit
  • Les traits normalement rectilignes en écriture normale se courbent, et les angles formés par deux traits consécutifs se transforment en boucles. Ainsi, va s’écrire , (puis par simplification ultérieure ou , puis  : c’est ce dernier tracé simplifié qui a donné en japonais ゐ|]], et par normalisation inverse du tracé cursif, en chinois simplifié).

Simplifications

La simplification du caractère par omission de traits ou par des tracés conventionnels simplifiés a l’effet suivant :

  • L’élimination de traits non essentiels réduit le nombre de traits par rapport à la forme normale. Ainsi, (huit traits) s’écrit ou , en éliminant le point et le trait horizontal qui le suit, comme si était remplacé par (lequel n’existe pas en composition avec ).
  • Les traits de la forme normale sont représentés par des traits plus courts, voire réduits à des points. Ainsi s’écrit , à la fois par réduction à deux traits du composant et par réduction à un point du dernier trait (vertical) de (et par élimination complète de , le tracé devient ou ).
  • Un élément complexe est remplacé par un élément plus simple, ou un symbole conventionnel. Par exemple le caractère est conventionnellement écrit (abréviation qui a conduit au caractère par normalisation inverse du tracé). De plus, le caractère cursif n’est plus nécessairement englobant : s’écrit .

Modifications du tracé

Outre les modifications précédentes, certains effets résultent de variations esthétiques où l’écriture s’écarte du tracé normal.

  • La position relative de deux traits peut être inversée. Ainsi, le caractère , qui s’écrit normalement , peut s’écrire

ou en traçant d’abord le premier point.

  • L’ordre normal des traits peut être conventionnellement modifié, le trait d’écriture conduisant alors à une nouvelle forme. Par exemple, dans l’écriture cursive du caractère , le trait vertical se trace en second ce qui conduit à la forme .
  • Enfin, le sens de tracé d’un trait peut être inversé par rapport au tracé normal. Par exemple, le tracé cursif de est normalement , ce qui peut conduire à une confusion avec le caractère  ; l’inversion courante du trait horizontal donne le tracé cette confusion.