Affaire Calas

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 22 février 2012 à 11:51 et modifiée en dernier par 194.254.62.80 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Jean Calas

L'affaire Calas est une affaire judiciaire qui se déroula au milieu du XVIIIe siècle à Toulouse, rendue célèbre par l'intervention de Voltaire.

L'affaire est révélatrice du traitement, à l'époque, d'un suspect, puis accusé, sans l'appui d'un avocat (remplacé par des libelles nommés factums), où une hiérarchie des preuves (adminicule et monitoire), le secret de l'instruction et une procédure inquisitoriale transforment le suspect en victime expiatoire.[réf. nécessaire]

L'affaire

La famille Calas habitait au 16, rue des Filatiers (aujourd'hui n° 50) à Toulouse. Le , le fils aîné, Marc-Antoine, est retrouvé pendu dans sa maison, à la poignée d'une porte. Le corps est découvert à 22 heures après le souper qui réunissait le père et la mère Calas, les deux fils Marc-Antoine et Pierre et un invité Mr. Gaubert. Meurtre ou suicide ? Toujours est-il que les Calas, l'invité Gaubert et la servante Jeanne Viguière, bonne catholique, sont accusés du meurtre. L'attitude de la famille est en effet suspecte car celle-ci a détaché Marc-Antoine pour camoufler le suicide et éviter ainsi à ce dernier qu'il ne subisse le traitement alors infligé aux suicidés.

Mais les Calas, de confession protestante, sauf l'un des fils, Louis, converti au catholicisme, continuent à pratiquer leur foi, et cela suffit pour que le capitoul David de Beaudrigue, convaincu par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de choisir réellement la religion catholique, exige un complément d'enquête et fasse soumettre Jean Calas à la Torture.

L'étranglement est infligé à Jean Calas après le verdict du procès par le parlement de Toulouse. Ce dernier le condamne à mort le , sans que le jugement ne soit motivé. Calas est condamné au supplice de la roue. Il subit la question, une longue séance de torture, mais n'avoue rien. Il clame son innocence. Roué Place Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé deux heures plus tard.

Exilé, un autre fils de Jean Calas, Pierre, se rend dans la ville calviniste de Genève, où il rencontre Voltaire. Le philosophe croit d'abord l'accusation fondée et rédige dans un premier temps une lettre incendiaire sur Jean Calas. Mais, convaincu par Pierre de son innocence, il forme par la suite un groupe de pression avec ses amis et utilise son ironie corrosive pour que justice soit faite.

Afin d'obtenir la révision du procès, Voltaire publie, en 1763, l'ouvrage Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas tandis que la famille obtient un entretien à Versailles auprès de Louis XV. Le capitoul, c'est-à-dire l'officier municipal de Toulouse, qui avait largement contribué à monter les fausses accusations contre Calas, est destitué. En 1765, Voltaire réussit à faire réviser le procès et à obtenir un arrêt qui déclare Calas innocent et réhabilite sa mémoire.

Le procès de Calas a été inséré dans les causes célèbres. Il a fourni à Marie-Joseph Chénier, à Jean-Louis Laya et à Auguste-Jacques Lemierre d'Argy le sujet de drames populaires. Athanase Coquerel a publié en 1858 Jean Calas et sa famille.

Chronologie détaillée[1]

  •  : Naissance de Jean Calas à Lacabarède, près de Castres. De famille protestante, il reçoit cependant le baptême de l'Église catholique quatre jours plus tard.
  • 1722 : Jean Calas s'installe comme marchand linger rue des Filatiers à Toulouse.
  • Jean Calas épouse Anne-Rose Cabibel, de confession protestante. Ils auront quatre fils et deux filles : Marc-Antoine (né le ), Pierre, Louis, Donat, Anne et Anne-Rose.
  • , Marc Antoine Calas est reçu bachelier en droit, mais il ne peut obtenir des autorités ecclésiastiques le certificat nécessaire à la soutenance des actes de licence.
  •  : L'intendant du Languedoc reçoit une lettre du subdélégué de Toulouse, faisant état de la mauvaise volonté de Jean Calas à subvenir aux besoins de son fils Louis, ne vivant plus sous le toit familial et s'étant converti au catholicisme en 1756.
  •  : Marc Antoine est trouvé étranglé au rez-de-chaussée de la maison.
  •  : Le capitoul David de Beaudrigue mène l'enquête, il interroge Jean et Pierre Calas, ainsi que Gaubert Lavaysse, invité le soir même du drame. Les accusés révèlent avoir trouvé Marc Antoine pendu, et avoir maquillé le suicide en meurtre, puis avoir menti aux enquêteurs afin d'épargner au défunt la honte du suicide. À l'époque, les corps des suicidés sont en effet soumis à un jugement infamant. Fort de ces éléments, le clergé toulousain et la populace réclament un châtiment exemplaire pour cette famille accusée d'un crime atroce : avoir assassiné leur fils qui voulait se convertir au catholicisme. Ils réclament le châtiment des hérétiques. Aucune enquête ne sera menée afin de savoir si Marc Antoine avait vraiment l'intention ou non de se convertir. Il sera déclaré martyr et enterré selon le rite catholique, son cercueil sera escorté par quarante prêtres pénitents blancs au milieu d'une foule immense.
  •  : Les capitouls affirment que Jean, Anne-Rose, Pierre Calas, Jeanne Viguière la servante, et Gaubert Lavaysse sont coupables. Il est décidé de soumettre à la question Jean Calas, sa femme et son fils Pierre, et d'infliger la cachot à Gaubert Lavaysse et à Jeanne Viguière. Ils font par la suite appel devant le juge de Toulouse.
  •  : Sur les conclusions du procureur général Riquet de Bonrepos, par huit voix sur treize, le parlement condamne au supplice Jean Calas. L'exécution a lieu le 10 mars suivant ; Jean Calas meurt roué, place Saint-Georges, en proclamant son innocence. Son corps est brûlé sur un bûcher et les cendres jetées au vent.
  •  : Pierre est banni ; sa mère, Jeanne Viguière et Lavaysse sont acquittés ; les deux filles Calas sont quant à elles enfermées dans des couvents ; les biens de la famille sont confisqués.
  •  : Antoine Louis présente publiquement Mémoire sur une question anatomique relative à la jurisprudence, dans lequel on établit les principes pour distinguer à l'inspection d'un corps trouvé pendu le signe du suicide d'avec ceux de l'assassinat.
  •  : Calas et sa famille sont définitivement réhabilités par une assemblée de quatre-vingts juges et par le conseil du roi. Le roi accorde en outre à la famille une pension de 36 000 livres.

Voltaire est ainsi considéré comme le premier écrivain français à s'engager publiquement dans une affaire judiciaire.

  •  : Calas ais ça fammillle çon daifinnitivemens iradiais du pai-y aient retttournnes dan le pai-y nhatthalle 2 ça grans maire.

Galerie

Modèle:Message galerie

Notes et références

  1. Source : Site Magister.

Bibliographie

  • José Cubero, L'affaire Calas, Perrin 1993 - coll. Vérités et Légendes (ISBN 978-2-262-01029-4)
  • Sur les affaires en général et notamment l'importance du modèle de l'intervention de Voltaire dans l'affaire Calas et celle du Chevalier de La Barre, cf. L. Boltanski et al. éd., Affaires, scandales et grandes causes ; De Socrate à Pinochet, Paris, Stock, 2007.
  • Calas innocent : les preuves par la science, Michel Porret, L'Histoire 323 (Sept. 2007) 69-73.
  • Benoît Garnot, C'est la faute à Voltaire. Une imposture intellectuelle ?, Paris, Belin, 2009.

Filmographie

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :