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Rôle de l'URSS dans le conflit israélo-palestinien

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Cet article vise à résumer la dynamique géo-politique du Moyen-Orient durant la guerre froide.

Introduction

Près de 1650 résolutions ont été votées par l’Assemblé générale, le Conseil de sécurité et les différentes commissions de l’ONU depuis 1947 en rapport aux conflits entre Israël, la Palestine et les pays arabes. C’est sans aucun doute un des plus importants conflits qui mobilisent les instances internationales depuis leur création. Le système ONU, mandataire pour régler ce conflit depuis 1947, n’a réussi qu’à modérer les efforts de guerre sans jamais trouver de solution durable, car constamment freiné par les intérêts des grandes puissances. Ceci démontre comment les relations internationales qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont évolué au rythme de l’affrontement entre le bloc communiste, soit l’URSS et ses pays satellites, et le bloc occidental mené par les États-Unis. Au cœur de ses relations internationales, le conflit israélo-palestinien ne fait pas exception. Cela dit, bien avant la Seconde Guerre mondiale, les empires égyptien, babylonien, romain, byzantin et perse se sont disputé autour d’un territoire nommé Palestine. Cette région méditerranéenne était à l’origine convoitée par ses richesses naturelles, mais son attachement aux religions monothéistes poussèrent certains empires à sa destruction et d'autres à sa reconstruction. Lorsque le marché des produits tropicaux prit de l’expansion et que Vasco de Gama connecta directement l’Inde et l’Europe, le canal de Suez devint un objectif important. Inauguré en avril 1859, le canal fut administré par le Royaume-Uni, alors maître de l’Égypte (de 1882 à 1956). Au XXe siècle, la route des épices se transforme alors en la route de l’or noir. Tous ces facteurs ont tranquillement transformé et transposez le conflit israélo-palestinien dans le temps en fonction des intérêts économiques et géopolitiques des grandes puissances de ce monde. L’une d’entre elles est et sans doute une des plus influentes lors de la Guerre froide est l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). Par sa proximité géographique, l’implication de l’URSS au Moyen-Orient est davantage pertinente à étudier. De plus, son implication politique et idéologique remonte à l’époque des tsars de Russie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que les régimes communistes étaient imposés aux pays d’Europe de l’Est, la tâche allait s’avérer beaucoup plus difficile au Moyen-Orient. Je vous propose donc d’évaluer l’influence de l’URSS sur le conflit israélo-palestinien jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, durant la guerre froide et jusqu’à sa chute, en élaborant les différents enjeux géopolitiques. Mais commençons d’abord par un retour sur les origines du conflit.

Historique

Il est intéressant de revoir l’histoire de la région de Palestine. Dans ce conflit, il est impertinent de chercher qui était là le premier et ce n’est pas le but de ce retour historique. Cela dit, je trouve approprié de rappeler les origines lointaines du conflit afin de bien saisir à quel point celui-ci c’est imprégné dans l’histoire de l’humanité depuis plus de deux milliers d’années.

Origine de la Palestine

Pour une chronologie et des indications détaillées, voir l'article Histoire de la Palestine

Le peuple sémitique Cananéen habitait le territoire de Palestine dès IIIe millénaires av. J.-C. L’histoire des Cananéens se termine lorsqu’à la fin du Ier millénaire, les Philistins s’établissent dans la partie méditerranéenne de la Palestine et les Hébreux sur les plaines de la Judée et de la Samarie. La tribu des fils d’Israël émigra en Égypte et s’y établit tant que les Hyksos dominèrent l’Égypte. Lorsque l’Égypte reprit son indépendance (1567 av. J.-C.), les Hébreux furent soumis à l’esclavage. C’est alors que Moïse dirigea la sortie du peuple d’Israël d’Égypte et, marchant vers la terre promise de Canaan, leur donna les Tables de la Loi inspiré de Yahvé. Après plusieurs conflits avec les peuples environnants, le roi David (1010/971 av. J.-C.) renforça le royaume israélite. Son fils Salomon poursuivra son œuvre (971/931 av. J.-C.) et fit construire un temple à Jérusalem. Des suites de querelles internes, le peuple d’Israël se divisa en deux à la mort du roi David : au nord, le royaume d’Israël et au sud de royaume de Juda. En 721 av. J.-C., le royaume d’Israël tomba sous la domination assyrienne. Puis, en 609, le royaume de Juda était tombé sous le contrôle de l’Égypte, pour ensuite être conquis par Nabuchodonosor, roi de Babylone. Nabuchodonosor incendia le temple de Salomon, déporta la population en Babylonie et y amena des peuples païens. Ce qui marque la première déportation « juive ». L’exil sera bref (587/539 av. J.-C), car l’empire babylonien s’effondrera devant l’empire perse, lequel sera plus ouvert aux autres religions. Au retour d’exil, « les Israélites maintinrent et approfondirent leurs traditions religieuses, notamment grâce à l’enseignement et à l’activité de prophètes […]. La religion d’Israël affirma dorénavant les notions de la responsabilité et du salut personnel (Job), la négation des autres dieux et la puissance de Yahvé sur toute la Terre, marquant ainsi le passage progressif au véritable monothéisme (Deutéro-Isaïe). »

Au milieu du Ve siècle av. J.-C., les Juifs reconstruisent le Temple, lequel sera détruit à son tour par l’empereur romain Titus en l’an 70 de notre ère. « Des milliers de Juifs furent vendus comme esclaves et leurs terres partagées entre les soldats romains » . Ces évènements divisent les Juifs entre ceux qui « acceptent plus ou moins cet état des choses et ceux qui espèrent, en se référant aux anciens prophètes, une intervention divine qui les délivrerait » . Jésus était juif et se disait être le fils de Dieu, ce messie tant attendu par les Juifs. C’est dans la région de Jérusalem qu’il accomplit plusieurs de ces « miracles » et qu’il conquit ses disciples. Les chefs religieux juifs ne l’acceptent pas et Jésus fut crucifié par les Romains aux alentours de l’an 30. La religion catholique est née. Les romains, pour la plupart païens, étaient réticent face à la religion catholique qui refusait d’être égale aux croyances païennes. C’est l’empereur Constantin (306/337 de notre ère) qui par toutes sortes de mesures imposa le christianisme aux Romains. Pour la première fois, il apparut en ce IVe siècle l’antijudaïsme, lesquels étaient responsables pour la mort de Jésus. C’est depuis cette époque que les Juifs sont persécutés partout en Europe. Vers 570 après J.-C., à La Mecque (située en Arabie Saoudite), naît Muhammad (Mahomet). C’est vers l’âge de 40 ans qu’il recevra la visite de l’ange Gabriel qui le nomme prophète d’Allah (« Dieu » en arabe) et lui transmet le message divin : « Il n’y a de Dieu que Dieu et Muhammad est l’Envoyé de Dieu » . Inspiré du christianisme, Muhammad serait donc, tout comme Jésus, un prophète envoyé par un Dieu unique. C’est ensuite en 632, dans le Dôme de Roche, à Jérusalem, qu’il s’envola vers le septième ciel. La religion islamique est née.

L’émergence du conflit israélo-palestinien

Vers la fin du XIXe siècle, la montée du nationalisme, notamment en France, fait ressurgir l’antisémitisme. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, un officier juif de l’armée française, est accusé de trahison à tort, dit-on, à cause de l’atmosphère antisémite de l’époque. Entre 1881 et 1908, près de 2,5 millions de Juifs quittèrent la Russie. Plus de 2 millions d’autres Juifs quittèrent l’Europe occidentale pour les États-Unis, le Canada, l’Afrique du Sud et le Brésil. En 1896, Theodor (Binyamin Ze’ev) Herzl, écrit un livre intitulé Der Judenstaat, soit l’État juif. Il prétend que l’essence du problème juif est d’ordre national (offrir une sécurité au peuple) et non individuel. Que le problème juif peut se transformer en une force positive en établissant un État juif avec l’accord des autorités internationales. Il voyait donc la question juive comme une question d’ordre politique internationale et que cette question devrait être déployée dans la sphère de la politique internationale . Le mouvement sioniste est né. Selon leur conviction, il faut reconstruire l’ancienne et mythique Sion, la cité de David, qu’ils croient leur avoir été donnés par Dieu. Cette reconstruction est essentielle à la venue du Messie, lequel apportera la paix dans le monde. Le 2 novembre 1917, Lord Arthur James Balfour déclare, « le gouvernement de sa Majesté (Britannique) voit favorable l’établissement en Palestine de la « maison » nationale pour le peuple juif, et fera des efforts pour en faciliter l’accomplissement. Il est clairement entendu qu’aucune action ne peut être prise pouvant porter préjudice aux droits des communautés « non-juives » et palestiniennes ou aux droits et statut politiques dont jouissent les Juifs habitants dans d’autres pays » . Des suites de la Première Guerre mondiale, une vague d’immigrant juif arrive en Palestine. À partir de ce moment, commence alors les hostilités entre Juif et Arabe, lesquelles se poursuivront jusqu’à aujourd’hui.

L’URSS et la question juive jusqu’à la IIe Guerre mondiale

Les juifs de l’URSS

L’intérêt pour la Palestine remonte à l’époque des Tsars de Russie, lesquels affectionnaient particulièrement Jérusalem par leur appartenance à l’Église orthodoxe. Vers la fin du XIXe siècle, son implication au Moyen-Orient se traduit par la Société russe pour la Palestine, laquelle opère au Liban, en Palestine et en Syrie. En Palestine, les Russes construisent plusieurs écoles, églises et hôpitaux via la Société orthodoxe russe pour la Palestine et la Mission ecclésiastique russe . L’URSS cohabitait également avec une importante communauté juive, laquelle, inspiré du mouvement sioniste, aspire à un retour à la terre promise. Cette communauté d’environ 5 millions de Juifs était mise en marge du reste de la société, car, selon l’Église orthodoxe, les paysans devaient être protégés des pratiques religieuses étrangères, des infidèles, des Juifs. Ces mesures alimentent certainement l’antisémitisme parmi la population soviétique, mais poussent également les Juifs à s’organiser. En 1884, la société « Hoverei Zion » (amoureux de Zion) prend forme et organise activement l’établissement de colonies en Palestine. Très rapidement, par son organisation, sa participation active et son ampleur, la diaspora juive d’URSS représenta une force majeure au sein de l’Organisation sioniste mondiale. La révolution bolchevique de mars 1917 transposa le problème juif à la bourgeoisie juive. Pour Lénine, la révolution prolétarienne devait aussi se faire chez les Juifs. Lénine tenta d’implanter un mouvement communiste juif, lequel s’estompa face à l’antisémitisme général. Quelques mois plus tard, la Déclaration de Balfour effraie les communistes. En plus d’être déclaré par l’ennemi, le Royaume-Uni, cette affirmation risque de détourner le mouvement communiste juif de son objectif russe. Comme de raison, la Déclaration de Balfour, conjointement à un antisionisme grandissant, car, associé au capitalisme britannique, donna une raison de plus au mouvement sioniste russe de prendre de l’expansion. Le gouvernement soviétique déclara alors, le 7 mai 1934, le Birobidzhan région autonome juive. Ce plan visait à relégitimer la thèse sioniste en offrant une terre d’accueil aux Juifs.

Le communisme en Palestine

En 1919, on assiste en Palestine à l’émergence du premier parti politique regroupant à la fois des Arabes et des juifs : le « Socialist Workers’ Party », devenu le « Palestine Communist Party » (PCP) en 1921. Cette organisation reprit le discours antisioniste russe. Lors des émeutes de 1929 à Jérusalem, émeute qui marqua le début des combats entre Arabes et Juifs, le PCP devint principalement un parti extrémiste arabe. Cependant, il devenait difficile de garder de bonne relation avec l’URSS lorsque c’est dernier signèrent avec l’Allemagne un pacte de non-agression.

Le « white paper » britannique Les violences augmentant entre Arabes et Juifs, le Royaume-Uni tente par tous les moyens d’amener les deux partis, c’est à dire la « Juwish Agency » et le groupe arabe représenté par Mufti Haj Amin al-Husseini, à discuter lors de la conférence de St-James de 1939. Les partis refusant de discuter face à face, le Royaume-Uni agit de médiateur. N’arrivant à aucune entente, le Royaume-Uni publie le célèbre « white paper ». Ce document stipule principalement qu’il n’est pas dans l’intention du Royaume-Uni de faire de la Palestine un État exclusivement juif; qu’il n’est pas dans l’intention du Royaume-Uni de faire de la Palestine un État exclusivement arabe; qu’après une transition de 10 ans, la Palestine devra être un État indépendant où Arabe et Juif partageront les mêmes gouvernements, les mêmes droits; que l’immigration juive serait limitée à 75 000 sur une période de 5 ans; que le transfert aux Juifs de terre d’Arabes serait strictement défendu dans la grande partie du pays.

Le jeu diplomatique de la IIe guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, l’URSS semble se désintéresse partiellement du Moyen-Orient (sauf en ce qui concerne l’Iran, via lequel l’URSS recevra la moitié de l’aide américaine ). Pendant ce temps, à Londres, Washington et Ankara, se joue un jeu « politico-sioniste » des plus importants. En février 1940, Ivan Maïski, ambassadeur soviétique à Londres, sioniste et influant homme politique, rencontre le grand rabbin de Palestine, Isaac Halevi Herzog . S’en suit d’une rencontre entre Maïski et Chaim Weizmann, président de l’Organisation sioniste mondiale (OSM). Ils discuteront d’abord d’échanges commerciaux pour ensuite aborder la question juive en Palestine. Les relations entre l’URSS et les sionistes restèrent difficiles à cause du pacte germano-soviétique de non-agression. Cependant, l’opération hitlérienne Barbarossa de juin 1941 leur donne un second souffle . S’en suit d’une série de communications et d’échanges entre Maïski, Weizmann, David Ben-Gurion (président de la « Juwish Agency »), Mazime Litvinov (ancien commissaire aux Affaires étrangères devenu ambassadeur soviétique aux États-Unis) et Sergueï Vinogradov (ambassadeur soviétique à Ankara, Turquie). Le Kremlin « se méfie par-dessus tout des groupes nationaux (faisant référence au mouvement sioniste d’URSS) qui entretiennent des relations avec des États et des mouvements politiques à l’extérieur de l’URSS (soit Israël)… » Cependant, le Kremlin ne peut se passer de l’énorme influence diplomatique de Maïski et lui demande d’agir en sollicitant de l’aide en armement militaire aux États-Unis. Les démarches diplomatiques à Washington, Londres et Ankara portent fruit. En 1941, à Moscou, la rencontre de la Ligue du V , représentant le peuple juif, est radiodiffusée. La même année, le Royaume-Uni et les États-Unis forment un « comité public d’aide à l’URSS en guerre contre le fascisme » . En mars 1945, la Ligue arabe, composé de l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, le Liban, l’Iak, l’Arabie Saoudite et le Yémen, fait son apparition. Elle est immédiatement perçue par l’URSS comme un détournement de l’impérialisme britannique pour empêcher l’émergence d’un nationalisme israélien.

Un plan de partage controversé (1947)

La Première Guerre mondiale se termine entre autres par l’effondrement de l’empire ottoman et par la distribution des territoires aux Britanniques et aux Français. La Société des Nations adopte alors l’article 22 qui propose aux pays sous le contrôle britannique d’être aidé dans leur gestion économique, sociale et politique jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment autonomes. Un seul pays ne sera jamais autonome : la Palestine. Ce bout de terre était effectivement conservé dans le but précis de poursuivre les objectifs de la Déclaration de Balfour. De 1922 à 1947, la Palestine était administrée par les Britanniques. Durant ces années, une immigration massive juive s’en suivit, notamment des suites des persécutions nazies sur la population juive dans les années 30 et durant la Seconde Guerre mondiale. De 1920 à 1930, près de 100 000 Juifs ont immigré en Palestine où la population en 1922 était estimée à 750 000 habitants . Une résistance palestinienne s’organisa et s’en suivit la rébellion de 1937 et d’actes de violence de part et d’autre. En 1947, voyant le problème prendre de l’ampleur, les britanniques demandent aux Nations unies de s’occuper du dossier. Un comité spécial est créé : United Nations Special Committee on Palestine (UNSCOP). Le 29 novembre 1947, la résolution 181 intitulée « Futur gouvernement de la Palestine » est votée. Cette résolution accordait, entre autres, 52 % du territoire à la minorité israélienne et 48 % à la majorité palestinienne. Les raisons derrière ce découpage restent encore nébuleuses, car d’autres plans ont été proposés et tous accordaient moins d’importance à l’État d’Israël . À mon avis, les relations de Chaim Weizmann auprès des gouvernements britannique, américain et soviétique ont certainement joué dans la prise de décision. En 1948, l’État d’Israël est proclamé. S’en suit une attaque systématique des pays arabes environnants. Aidé par le Royaume-Uni, Israël tient non seulement le coup, mais renforça sa position en occupant dorénavant 77 % du territoire palestinien. Il y a à peine quelques années encore, Israël affirmait officiellement que les palestiniens avaient quitté leur territoire de leur plein gré. Or, ces dernières années, le gouvernement israélien a ouvert ses livres. Depuis, l’histoire a changé. D’abord, beaucoup de Palestiniens ont effectivement anticipé un conflit armé entre les États arabes environnants et Israël. Certains ont quitté pour des pays environnants, d’autres ont quitté les villes et les villages où les Juifs et les Palestiniens cohabitaient pour aller habiter chez des parents palestiniens dans l’intention de retrouver leurs avoirs. Beaucoup sont restés. Les Israéliens ont par la suite déporté beaucoup de Palestiniens par camion. Ceux qui résistaient étaient menacés et les plus récalcitrants, tués. C’est à ce moment qu’Israël s’empare de la ville sainte de Jérusalem. Cette ville, en plus d’être le centre économique et politique de la région, est le centre religieux des trois grandes religions monothéistes, soit le judaïsme, l’islamisme et le christianisme.

L'après-guerre et la Guerre froide

Après la création d’Israël, le Royaume-Uni semble dominer au Moyen-Orient. Elle avait des troupes en Grèce, en Iran et des alliances avec la Turquie, l’Égypte, l’Irak et la Jordanie; elle avait aidé à repousser les Italiens de la Libye et les Français de la Syrie. Cette présence britannique faisait bien l’affaire des États-Unis qui ne cherchait pas encore à s’impliquer au Moyen-Orient. Sous la doctrine Truman, les États-Unis commencent tranquillement à vouloir enrayer le communisme et s’impliquent dans la défense de la Turquie et de la Grèce. « Les jeux sont faits… rien ne va plus! »

La création d’Israël (1948)

Le but premier de Moscou était d’éliminer la présence britannique au Moyen-Orient et d’y étendre le communisme. Après avoir signé des accords avec l’Iran, l’URSS tomba face à face avec les États-Unis en tentant d’acquérir les provinces turques d’Ardahan et Kars. Considérant la Ligue arabe comme une extension de l’impérialisme britannique, l’URSS exclut cette option. De plus, des mouvements voulant expulser l’impérialisme des pays arabes émergent tranquillement en Irak, en Égypte et en Iran. Moscou adopte alors à la surprise de tous une position favorable à la construction d’un État juif en Palestine. Certes, ils craignaient que la diaspora juive d’URSS s’agite, mais aux yeux du Kremlin, c’était la seule option. Lorsqu’Israël se proclama État indépendant en 1948, les États-Unis ont appuyé de facto (de manière non juridique) le nouvel État, alors que l’URSS appuya de jure (juridiquement reconnu) Israël et fournira le nouvel État en armement contre l’invasion arabe de 1948. Ce qui permit à Israël de sortir vainqueur en plus de conquérir davantage de territoire. De plus, Laurent Rucker rapporte que plus de 300 000 Juifs sont arrivés d’Europe de l’Est entre mai 1948 et 1951 .

Israël s’oriente vers l’Ouest (1951)

De 1951 à 1953, les relations entre Israël et l’URSS se dégraderont. Premièrement, depuis la collaboration entre ces deux pays (1948), les mouvements sionistes, lesquels voient en l’immigration massive une ligne directrice, ont dans leur mire un des deux plus importants foyers de la diaspora juive : l’URSS. Cependant, l’URSS a travaillé des dizaines d’années à la « socialisation » des juifs russes (les orienter vers le socialisme) afin d’y enrayer l’esprit sioniste. Dans les années 50, une vague d’antisémitisme apparaît après l’arrestation d’un écrivain yiddish en 1948. Voyant ces évènements comme un manque de respect à la communauté juive soviétique, Israël commence à prendre ces distances dans ses relations avec Moscou. De son côté, Israël voit la guerre froide s’installer. Alors que l’URSS refuse l’aide du plan Marshall et que l’OTAN prend forme, le bloc soviétique impose le communisme. Après la création du Kominform (octobre 1947), le coup de Prague de février 1948, suivit du blocus de Berlin de juin 1948 , marquera la fracture est/ouest. De plus, la Chine communiste sera reconnue par l’URSS dès 1950. Les États-Unis s’organisent alors de plus en plus vers un blocus limitant l’expansion communiste au Moyen-Orient. Israël, étant alors au cœur de tous ces déboires, fait les premiers pas et choisit d’appuyer toutes décisions de l’ONU en faveur des États-Unis dans la défense de la Corée du Sud envahi par la Corée du Nord.

La mort de Staline (1952)

L’arrivée d’Eisenhower à la tête de l’administration américaine en 1952 mit fin au blocus anticommuniste au Moyen-Orient et mit plutôt l’emphase sur l’élaboration d’un vaste réseau d’armes nucléaires et thermonucléaires dispersées tout au tour de l’URSS. Proposée par les États-Unis et amenée par le Royaume-Uni, cette politique américaine mènera à la signature du pacte de Bagdad en 1955 entre l’Irak, la Turquie, le Royaume-Uni, le Pakistan et l’Iran (l’Égypte refusa de signer). La ceinture occidentale était alors resserrée sur Moscou et Israël était donc écarté de la stratégie américaine, laquelle visait d’abord les pays arabes. Le 5 mars 1953, la mort de Staline marquera l’assouplissement des relations entre l’URSS et Israël. Mais cette reprise était plutôt utilitaire. Israël, étant déconnecté du golf persique par le blocus de ses bateaux dans le canal de Suez par l’Égypte de Nasser, conclut un accord sur d’importantes importations de pétrole russe . De plus, l’accord britannico-égyptien de 1954 prévoyait le retrait total de l’armée britannique de l’Égypte, ce qui fait bien l’affaire de l’URSS. Cependant, Israël accueille froidement cet accord , lequel ne fait pas état du blocus contre ses bateaux dans le canal de Suez. De plus, cet accord donne à l’Égypte libre accès à la péninsule du Sinaï, laquelle a une frontière directe avec Israël. Israël se trouve alors isolé et demande de l’aide à l’OTAN et aux États-Unis, lesquels refusèrent afin de ne pas contrarier le non-alignement arabe et, par conséquent, assurer le bon fonctionnement du pacte de Bagdad. Est-ce à cause de cet isolement qu’Israël lança un raid sur Gaza (sous contrôle de l’Égypte depuis 1948) en février 1955 ? Il est aussi possible qu’Israël veuille démontrer sa puissance à l’Égypte et qu’elle ne se laissera pas intimider . Voyant également d’un mauvais œil le pacte de défense mutuel entre l’Égypte et la Syrie, le 11 décembre 1955 Israël attaque les positions syriennes sur la rive du lac Tiberies afin de démontrer que l’Égypte n’était pas en mesure de défendre le territoire syrien.

Guerre de Suez (1956)

L’Égypte, désireuse de se réarmer devant la menace israélienne, demande de l’aide militaire à l’occident. Les États-Unis, et tout spécialement le Secrétaire d’État John Foster Dulles, un anticommunisme radical, refusent l’aide à cause du non-alignement de l’Égypte de Nasser . La France refuse également et demande à l’Égypte d’arrêter l’aide qu’elle fournit à l’insurrection algérienne. L’Égypte se retourne alors vers l’URSS, laquelle accepte immédiatement via un accord avec Tchécoslovaquie. Cette aide militaire accordée à l’Égypte de Nasser marque un point tournant dans les relations entre l’URSS et les pays arabes. Cela dit, Israël voit cet accord comme un affront et une menace à sa sécurité. Afin de passer outre le refus d’une aide financière des États-Unis pour la construction du barrage Sadd el-Ali d’Assouan (refus qui pour la première fois fit pencher Israël du côté des États-Unis), Nasser nationalise le canal de Suez en juillet 1956. Cette position est la bienvenue à Moscou qui félicite son détachement des puissances de l’Ouest. Le Royaume-Uni et la France, voulant reprendre le contrôle du canal de Suez par lequel transitent des millions de tonnes de pétrole arabe destinées au marché européen, acceptent de fournir à Israël les armes nécessaires afin d’équilibrer les forces. Le 29 octobre 1956, les forces israéliennes envahissent la péninsule du Sinaï. L’atteinte du canal de Suez n’était pas leur objectif, car le 30 novembre, un ultimatum franco-britannique de douze heures était donné à l’Égypte pour qu’elle accepte une occupation temporaire des ports de Said, Ismailia et de Suez. Israël accepta immédiatement cet ultimatum, mais l’Égypte refusa. Ce qui marqua le début de l’action militaire israélo-franco-britannique contre ce dernier le soir même. On comprend très bien la position pro-arabe de l’URSS dans cette guerre. De plus, le canal de Suez permettait au navire russe partant de la mer Noire d’atteindre l’océan Indien bien plus facilement que par Vladivostok. Mais qu’est-ce qui a poussé le président Eisenhower à ordonner le cessez-le-feu au côté de l’URSS? Ni la France ni le Royaume-Uni ni Israël n’auraient averti les États-Unis de ce complot. C’est exactement ce qui, selon Ira Hirschmann, aurait fait « perdre la tête » à Eisenhower et Dulles. De plus, ce serait donc après avoir communiqué avec Ben-Gurion, alors premiers ministre et ministre de la Défense d’Israël, que le président Eisenhower aurait demandé un retrait des troupes en Égypte. Ben-Gurion aurait promis de se retirer si les États-Unis, par le biais de l’ONU, allaient assurer la libre circulation des navires israéliens sur le canal . Les recommandations états-uniennes furent alors votées et acceptées à la résolution 118 du Conseil de sécurité de l’ONU le 13 octobre 1956

La guerre de six jours (1967)

Voyons d’abord comment s’est construit le climat dans lequel s’est déroulée la guerre de six jours. En 1956, la guerre de Suez se termina par le retrait des troupes israéliennes de la péninsule du Sinaï sous les pressions des États-Unis et de l’URSS et l’interposition de la Force d’Urgence des Nations unies (FUNU). La paix a ensuite été maintenue jusqu’en 1967 par un jeu d’alliances politiques fragiles. L’Égypte et la Syrie, sous l’aile de l’URSS, formèrent la République arabe unie (RAU, février 1958), tandis qu’Israël était supporté par les États-Unis. Les États-Unis étaient prêts à appuyer Israël dans sa défense contre le communisme, mais pas au point de compromettre ses relations avec l’Irak, l’Iran et la Turquie. Dans les années 60, le projet israélien du « National Water Carrier » voulait détourner, entre autres, l’eau de la rivière Yarkon, laquelle se jette dans le Jourdain, afin d’alimenter le lac Galilée, principale réserve d’eau d’Israël. Il sera complété en 1964. Pour contrer cette initiative, la Syrie et la Jordanie veulent assécher la rivière Yarkon. Il en résulte un conflit permanent entre la Syrie, la Jordanie et Israël. Puis, en 1964, lors d’un sommet de la Ligue arabe au Caire, l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) est créée, suivie de al-Fatah (une branche très active de l’OLP) en 1965 en Syrie. Donc, à la veille de 1967, on a donc plusieurs forces idéologiques et géopolitiques qui s’affrontent. D’abord la RAU et Israël, les pays arabes « conservateurs » (Yémen du Nord allié à l’Égypte) et les pays arabes « progressistes » (Yémen du Sud allié à l’Arabie Saoudite), les pays arabes prosoviétiques (Égypte, Syrie) et les proétats-uniens (Arabie Saoudite, Iran). Arrive le jeu politique de l’URSS. Il consistait à maintenir à Damas de forte pression sur le gouvernement syrien prosoviétique, lequel voyait sa légitimité être constamment remise en question par des mouvements nationalistes internes voulant passer à l’offensive contre Israël . Dans les premiers mois de 1967, une attaque d’al-Fatah tuant des villageois israéliens se termine en un raid aérien israélien en territoire syrien. Pour Ira Hirschmann, les évènements qui suivront la guerre de six jours sont le résultat d’une manipulation diplomatique de l’URSS qui a mal tourné. Selon Hirschmann , Andrei Gromyko, alors ministre des Affaires étrangères soviétique, aurait rencontré secrètement Nasser. Moscou voulait relâcher la tension à la frontière de la Syrie en distrayant Israël dans la péninsule du Sinaï. Donc, pour conserver les dirigeants prosoviétiques à Damas, il demanda à Nasser de pénétrer la péninsule du Sinaï en ayant pris soin de demander à l’ONU de retirer la FUNU. Cependant, Nasser, voyant l’enthousiasme des pays arabes et la tension augmenter entre la Syrie et Israël, prend l’initiative de couper les vives d’Israël en bloquant le détroit de Tiran, la principale voie de ravitaillement israélienne. Le 5 juin 1967, Israël conquit la bande de Gaza, la péninsule du Sinaï jusqu’à Sharm Esh-Sheikh, la Cisjordanie et les plateaux du Golan. La guerre se termina rapidement entre autres par le ravitaillement aérien de la flotte israélienne par les Américains, ce qui leur permit d’attaquer l’Égypte par la mer, ce que les Égyptiens n’avaient pas prévu . Israël conserva l’intégralité des territoires conquis jusqu’en 1973.

Guerre du Kippour (1973)

L’URSS s’était grandement investie dans la politique de détente avec les États-Unis afin d’éviter tout affrontement, entre autres, par la ratification du Traité de non-prolifération nucléaire (juillet 1968) et sa non-intervention directe dans la guerre du Viêt Nam (1965-1973) . L’URSS espérait du même coup assurer sa dominance économique et politique dans les pays d’Europe de l’Est et conserver ses alliés au Moyen-Orient. Cependant, depuis 1967, l’Égypte et la Syrie n’ont qu’une idée en tête : reprendre possession des territoires occupés par Israël depuis 1967. Ce qui ne convient pas à Moscou, lequel ne veut surtout pas un affrontement contre des intérêts américains. Ce désaccord entrave les relations diplomatiques entre Moscou et Sadate sans toute foi trop affecter les échanges économiques . Sadate voit la rencontre de mai 1972 entre Nixon et Brejnev comme un commun accord visant l’inaction et le maintient du statu quo soviétique au Moyen-Orient afin de ne pas provoquer de confrontation entre les grandes puissances. Sadate demande alors à Moscou de retirer ses 20 000 conseillers militaires pour prouver son indépendance politique et militaire. La réplique fut rapide et Moscou retira un peu plus que demandé. Moscou se tourna alors vers la Syrie. Celle-ci ne possède cependant pas la superficie de l’Égypte, son gouvernement n’est pas aussi stable et favorable à l’URSS qu’en Égypte et bien qu’elle est un port sur la mer Méditerranée, sa position n’est pas aussi avantageuse que le canal de Suez égyptien. En bref, l’URSS, ne pouvant pas se passer de l’Égypte, renoue les échanges diplomatiques en février 1973 et fournit d’importantes livraisons d’armes à l’Égypte . Cependant, Moscou maintient sa position et préfère la solution diplomatique aux tensions avec Israël. Peu avant le début de la guerre, la Syrie et l’Égypte tentent une campagne de désinformation voulant un bris des relations syrio soviétiques afin qu’Israël ne soupçonne pas la guerre . Moscou se dissocie totalement de cette campagne, bien qu’elle ait été ciblée. Le 6 octobre 1973, jour de la grande fête religieuse du Yom Kippour, les Égyptiens pénètrent dans le Sinaï et maintiennent leurs positions à une quinzaine de kilomètres. Du côté syrien, les Israéliens repoussent l’attaque et avancent vers Damas, puis redirigent ses troupes vers l’Égypte et encerclent les troupes de la IIIe armée égyptienne sur le Sinaï. L’URSS fut lente à réagir. Les États-Unis de Kissinger sauteront sur l’occasion et sortiront l’Égypte de l’impasse. Cette initiative états-unienne mènera aux accords de Camp David entre l’Égypte, Israël et les États-Unis et à la signature d’un traité de paix entre l’Égypte et Israël le 26 mars 1979. Évidemment, Kissinger avait exclu l’URSS de ces discussions afin de les orienter à son goût. L’Égypte reprit alors possession du Sinaï, ce qui marqua un léger apaisement dans les tensions israélo-arabes. Aujourd’hui, au nord, une grande partie du plateau du Golan serait sous la juridiction d’Israël, alors qu’une bande entre la Syrie et Israël est sous le contrôle de l’ONU . La Syrie tente toutefois de négocier pour reprendre le plateau. En ce qui concerne la Cisjordanie, ce territoire est considéré comme étant occupé par les forces militaires israéliennes. Durant cette guerre, Moscou a tenté à plusieurs reprises de dissuader les pays arabes d’entrer en guerre. Bien qu’elle était au courant qu’ils se préparaient à l’attaque, elle n’a pas joué de rôle proactif dans l’organisation et le déclenchement de la guerre.

Climax, enlisement et chute de l’URSS

Dans les années qui suivront, « détente » est le mot d’ordre. De l’intérieur, l’URSS se refait une beauté et au début des années 1980, elle atteint une force militaire et nucléaire jamais égalée. Au Moyen-Orient, plusieurs pays se tournent vers les soviétiques. Depuis le coup d’État de juillet 1958, l’Irak se rapproche le l’Égypte nassérienne. Dans les années 70, la nationalisation de l’Iraq Petroleum va à l’encontre des intérêts occidentaux et fait un pas de plus en direction de l’URSS. De son côté, la Syrie tente depuis plusieurs années d’accroître son influence dans la région et aimerait surtout avoir son mot à dire dans la résolution du conflit israélo-palestinien . À sa grande satisfaction, le Liban, qui entretenait depuis plusieurs années des relations avec l’occident, sombre dans la guerre civile (1973) sous la pression arabe qui s’est organisée depuis l’arrivée de réfugiés palestiniens . Cependant, la Syrie n’accepte pas que l’OLP agisse de façon autonome au Liban et impose un cessez-le-feu en janvier 1976. Pendant, plusieurs années, l’Afghanistan opta pour une politique de non-alignement envers l’URSS, l’Occident et la Chine. Des suites d’une grande sécheresse, elle accepte l’aide de l’URSS afin de relancer son pays économiquement . L’Iran, devenu 2e producteur de pétrole au Monde derrière l’Arabie Saoudite, connaît un essor économique important aidé par la livraison d’arme à la fine pointe de la technologie par les États-uniens. Toutefois, bien que l’URSS n’ait pas eu d’influence directe, la chute du Chah, proétats-unien, fait l’affaire de Moscou sans que ce dernier ne réussisse de rapprochement politique. Cependant, les relations avec la Chine communiste de Mao Tsé-toung, l’enfant prodige de l’URSS, commençaient déjà à se dégrader. Les ententes conclues entre l’URSS et les États-Unis durant la détente n’ont pas plu à la Chine. Entre les années 1960 et 1963, les soviétiques n’aideront pas la Chine lors du conflit frontalier avec l’Inde, retireront leurs experts et conseillers militaires et termineront toutes aides financières et projets de coopérations . Cette division entre le communisme révisionniste de Moscou et révolutionnaire de Pékin marque à mon avis le début de la chute de l’URSS. La Syrie a toujours voulu prendre une part plus active dans les négociations du conflit israélo-palestinien. Elle n’a alors d’autre choix que de joindre les rangs de l’URSS en signant le Traité de coopération soviéto-syrien en octobre 1980 , tout en gardant une certaine indépendance. De plus, la Syrie représentait la seule option viable pour Moscou au Moyen-Orient. Moscou n’a d’autre choix que de fournir les armes demandées, espérant défaire l’alliance conclue lors de Camp David. Après la mort de Sadate et l’annexion du plateau du Golan, Israël voit en l’effondrement du Liban de 1982, une occasion rêvée de mettre un terme à l’OLP qui y avait établi son Cartier général. En quelques jours, l’opération « paix pour la Galilée », préparée par Ariel Sharon alors Ministre de la Défense israélienne, détruisit la quasi-totalité le l’armement syrien. Ce qui démontra de nouveau la supériorité israélienne dans sa combativité. La Syrie, comme lors des guerres précédentes, accuse Moscou de son inaction et de ne pas lui avoir fourni suffisamment d’arme. Moscou se défend alors de ne pas être intervenu, car l’attaque visait le Liban et non la Syrie, ce qui ne contrevenait pas au Traiter de coopération soviéto-syrien. De plus, Moscou souligne la non-intervention des pays arabes qui en dit long sur les fractures idéologiques et politiques au Moyen-Orient. Toutefois, Monique Paquin précise dans son ouvrage « Les superpuissances et leurs alliés au Moyen-Orient : les stratégies régionales, leurs interactions, leurs incidences sur la question palestinienne » que : « Il semble aujourd’hui (1986) que l’URSS ait misé juste en restreignant son intervention au maximum. Ses objectifs d’ouverture vers les États arabes modérés ont enregistré des succès importants. Elle a rétabli des relations diplomatiques avec l’Égypte en juillet 1984, a signé à l’automne de la même année un Traité d’amitié et de coopération de 20 ans avec la République arabe du Yémen et, toujours en 1984, est parvenue à la conclusion d’un accord d’armement avec le Koweït. Ses liens avec la Jordanie se sont également resserrés et au Liban elle a cru bon d’établir ses propres contacts avec la vie politique libanaise […]. »

Cela dit, Moscou s’enlise dans le conflit afghan. L’arrivée de Gorbatchev au pouvoir marque des transformations radicales au régime communiste soviétique par l’instauration de la perestroïka et de la glasnost . De plus, en 1987, un accord de désengagement simultané est signé avec le président Ronald Reagan. L’année suivante, l’URSS se retire d’Afghanistan, d’Éthiopie et d’Angola. Le 27 novembre 1989, l’Europe est bouleversée par la chute du Mur de Berlin et l’éclatement des États satellites de l’URSS. Depuis, les négociations pour une paix en Palestine sont dirigées par les États-Unis avec, parfois, une présence timide de la Russie : conférence de Madrid de 1991; les accords d’Oslo de 1993; le traité de paix entre la Jordanie et Israël en 1994; les accords de Camp David en 2000; la « feuille de route » de 2002.

Conclusion

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’URSS communiste affaiblie est confrontée aux États-Unis dont l’économie, détruite par la crise économique de 1929, avait été relancée par la guerre. Concernant le conflit israélo-palestinien, cette guerre menée par les nazis contre les populations juives de l’époque poussa les pays occidentaux et l’URSS vers un modus vivendi . Le climat de guerre froide s’installe alors. Moscou et Washington s’entendent alors sur un mode de coexistence pacifique marqué par la « détente ». Cette « détente » signifie que chacune des grandes puissances fera tout pour ne pas entrer en conflit direct avec l’autre. Ceci se traduit donc par une action diplomatique et militaire soviétique à bâtons rompus au Moyen-Orient. Cette politique de l’URSS s’explique par un constant désaccord sur la façon de régler le conflit israélo-palestinien. L’URSS, pour éviter tout affrontement direct avec des intérêts états-uniens durant la guerre froide, préfère les solutions diplomatiques. Cependant, le Moyen-Orient représente pour l’URSS une zone d’influence de plus en plus importante lorsque celle-ci devient première productrice de pétrole au monde, donc le centre d’attraction des puissances occidentales. Pour éviter l’expansion capitaliste, l’URSS doit absolument prendre le contrôle de cette région. L’URSS tente alors, par la livraison massive d’arme au Moyen-Orient et d’imposantes campagnes de propagandes, d’allier les pays arabes contre les États-Unis. Cependant, cette politique à deux temps de l’URSS se traduit par un désir d’indépendance des pays arabes, principalement l’Égypte et la Syrie, face à celle-ci. Car ces derniers veulent régler la question israélo-palestinienne par la voie des armes. Les Israéliens repousseront, les unes après les autres, les tentatives armées arabes. Conjointement à l’épuisement et à l’effondrement de l’URSS, les pays arabes n’ont d’autre choix que de signer des traités de paix avec Israël pour ensuite profiter d’aides substantielles des États-Unis afin de relancer leur économie et de ne pas manquer leur entrée dans le marché mondial représenté par la globalisation économique. Finalement, l’URSS a certainement servi de moteur au conflit israélo-palestinien, mais sans jamais réussir à réorienter les intérêts des pays arabes en fonction des stratégies géopolitiques soviétiques. L’URSS aurait bien aimé être le grand maître du Moyen-Orient, mais il s’est solidement cogné à la culture indépendante et guerrière arabe, laquelle remonte à bien plus longtemps que celle de l’URSS.

Bibliographie

Sites Internet consultés : « Conflit israélo-arabe », le Monde diplomatique, www.monde-diplomatique.fr/index/sujet/conflitisraeloarabe

« The Jewish virtual Libraty », www.jewishvirtuallibrary.org

« United Nations Information System on the Question of Palestine », domino.un.org

Ouvrages consultées :

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MOURRE, Michel, « Le petit Mourre, Dictionnaire d’histoire universelle », édition Bordas, 2004, 1424 pages.

PAQUIN, Monique, Les superpuissances et leurs alliés au Moyen-Orient : les stratégies régionales, leurs interaction, leurs incidences sur la question palestinienne, mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en science politique, décembre 1986, UQAM, 196 pages.

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