Jacques Esterel

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JACQUES ESTEREL est un couturier français, fils de Gustave Martin et Louise Blanc, né en 1917 à Bourg Argental, mort à Paris en 1974. De son Rhône-Alpes natal il détient ce besoin d'inventer tout ce qui peut contribuer à parfaire un tant soit peu le dur quotidien de l'époque. Viscéralement atteint de cette exigence de créer, il intègre l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers à Paris. Amoureux inconditionnel de la capitale, le bouillonnant"Gadz'Arts", ingénieur conseil(ESSOR, à Paris)installe ses bureaux d'importateur et constructeur de machines outils aux Champs Elysée.


Parallèlement, auteur compositeur de 70 chansons, il se produit en soirée au Tabou, à L'Echelle de Jacob,au Lapin Agile, à Bobino, voir l'Ancienne Belgique à Bruxelles. Ses grands sujets de prédilection sont les peintres du dimanche, les petits chats, les créateurs impénitents et les amoureux qui s'embrassent dans le métro.Il enregistre plusieurs disques et obtient l'Oscar de la Chanson Française en 1956. De nombreux artistes, tels que les Frères Jacques l'inscriront à leur répertoire. Plus tard, il encouragera les aspirations de Richard Antony, dont la femme Michelle a intégré son staff. Monté à Paris avec la ferme intention de " faire quelque chose sans jamais s'ennuyer", il écrit des pièces de théâtre, dont "Le mauvais oeil" qui fût grand prix de Paris Télivision et une opérette montée au théâtre de la rue Mouffetard, "Flon-Flon". Francis Blanche lui donne la réplique.

1953. Conscient que par réaction à l'hégémonie du conformisme d'après guerre, une génération spontanée de femmes émergue, toute classe confondue,il ouvre boutique rue Pierre Charon, avec le légitime désir de contribuer à donner à la haute couture un style personnel. C'est ainsi qu'en parfaite symbiose entre, un nouvel art de vivre et l'empathie immédiate que les clientes ne manqueront pas de ressentir, il innove avec la "Couture Boutique" puis la "Boutique spectacle", nouvelles formules dans la présentation et la vente de ses collections. Entre deux passages de mannequins, chaque mardi, selon leur engagement respectif, différentes disciplines artistiques viennent porter main forte au maître des lieux guitare à la main. Certains soirs on peut y croiser Pierre Dac, Pierre Jean vaillard, Guy Béart où les frères Pierre et Georges Hilleret, journalistes à "Paris Match" voisin, s'adonner au charme de la poésie du cultirissime Jacques Prévert. L'art de l'amitié fait de ces manifestations un évènement extrêmement prisé. Dépassant ses attentes, telle une trainée de poudre, sa mode est adoubée par de prestigieuses clientes françaises et étrangères délibérément orientée vers l'optimisme: en autre Anouk Aimée, Françoise Arnoul, Martine Carol,Annette Vadim, Michèle Morgan, Danny Carrel, Marie Josée Nat, Mylène Démongeot, Edith Piaf, Patachou, Marie Laforêt, Pascale Petit, Emmanuelle Riva, Mireille Darc, Françoise d'Orléac, Catherine Deneuve, Elizabeth Taylor, Jane Mansfield, Farah Diba, Jean Seberg, Melina Mercouri, Claudia Cardinale, Gina Lollobrigida, Françoise Hardy.


1957. Le couturier est de son temps et fonde la "nouvelle vague de la mode". Le cinéaste Michel Boisrond entame le tournage de son film " La Parisienne" confiant le rôle de cette parisienne en mutation, libre et provocatrice, à Brigitte Bardot et au couturier Jacques Estérel celui de parachever cet esprit parisien. D'autres et non moins prestigieux cinéastes solliciteront son concours: Jack Pinoteau, Georges Lautner, Edouard Molinaro, Jacques Tati, pour ne citer qu'eux.


1958. Le couturier emménage Faubourg Saint Honoré et engage le styliste Alexandre Penneroux. Il offre aux journalites de mode la première "Présentation Spectacle". Les Mannequins défilent de façon inédite au rythme du jazz.

1959. L'icône Brigitte Bardot, en sélectionnant pour son mariage avec Jacques Charrier une robe de toile de vichy rose, garnie de broderie anglaise chez le couturier, va porter au pouvoir la première mode suivi en masse par la génération montante. Plus un détour de rue n'est épargné par des lolitas enjuponnées, chignon crêpé à la B.B. L'avisé industriel textile Marcel Boussac, passionné de chevaux et d'aéronautique, axe le gros de sa production sur la fabrication de tissu petit vichy que les filles s'arrachent place de la République à la "Toile d'Avion", enseigne lui appartenant. Cette robe sera reproduite en séries et fera dire au couturier" avoir réussi à donner les moyens à une génération de s'appliquer à vivre".

Dans le cadre du rayonnement français pour le compte d'Air France, plus de quarante tournées sont organisées pour présenter ses collections; en Amérique Latine, Argentine, Brésil, Chili, Mexique, en Amérique du Nord, USA, Canada, en Asie, Hong kong, Tokyo, et s'impose dès lors à son génie créateur la nécessité d'agrandir les gammes, segmenter les marchés pour répondre à une politique de marque en gestation, et ainsi impulser ses concessions de licences au quatre coins de la planète.

1960. Il établit avec les Galeries Lafayette un partenariat entre la haute couture et les grands magasins au grand dam de ses confrères qui très rapidement en font autant. Fort de l'aphorisme "Tout ce qui n'est pas logique est appelé à disparaître", le fluide novateur qui coule dans ses veines, discerne corrélation indéniable entre le droit du plus grand nombre à l'élégance et la nécessité de le servir. Dorénavant un client inconnu, dans un magasin de grande distribution, aura l'opportunité d'acquerir un modèle griffé de PAP et participer par tirage au sort à gagner un vêtement sur mesure.

Lancement de la ligne masculine RASTIGNAC, si près du corps qu'il est impossible d'y glisser ses billets doux dans ses poches, tel en est le slogan. L'abandon délibéré du cadre étroit des tissus hommes conventionnels et ce au profit de tissus audacieux en est une autre caractéristique. Un complèment d'accessoire de mode pour homme émerge: L'indispensable sacoche masculine.

1961. "Un couturier, affirme-t-il, doit aller très loin dans l'audace". Pour tenter le diable, il décide à la sortie de la collection de présenter son mannequin vedette Bibelot, le crâne rasé. Consultée à ce sujet, Héléna Rubintein estime " que l'expérience valait la peine d'être tentée. L'absence de cheveux met les yeux extraordinairement en valeur..." Dans la même veine il fera introniser catherinette en 1968, son mannequin muse par le peintre et divin Salvador Dali.

1962. Pour répondre à la crise suscitée par "Vatican II" sur l'abandon de la soutane au profit du costume laïc, Jacques Estérel est approché par l'épiscopat français pour plancher sur une nouvelle tenue de clergyman. Le passage d'un style à l'autre devait se faire de manière pondérée, dans le calme et, pour tout dire, dans un certain esprit. Jacques Estérel réalise ce premier costume pour le premier prêtre français. Pour un religieux, refuser cette mutation est condidéré par sa hiérarchie comme de l'orgueil et allé contre le Concile, ce qui fera dire à Mgr Veuillot à ceux qui n'étaient pas dans le sens de l'histoire, "Allez vous habiller en homme".

1964. Les organisateurs des J.O, confient à Jacques Esterel le privilège d'habiller l'équipe féminine française pour les Jeux Olympiques de Tokio. L'exploit est renouvelé en 1968 pour Mexico tant pour l'équipe féminine que masculine.

Jouant pleinement le concept de l'édition limitée le couturier se consacre au marché des hôtesses. Il habillera les infirmières de l'assistance publique, les hôtesses de la Fédération du lin, du magazine Marie-France, du Tunnel du Mont Blanc, du Club Européen du tourisme, de la firme américaine du travail temporaire Manpower, parmi bien d'autres.

1965. Christian Léandre Ganga succède au styliste Alexandre Penneroux.

Le couturier confie son prêt à porter masculin aux établissements J. Weil fils à Besançon, firme sous contrat avec Johnny Halliday, support de sa campagne publicitaire avec gala à la clé. Le défilé Jacques Estérel précède la prestation du chanteur au meilleur de sa forme.

En cette année d'implosion, cultivant le décalage teinté d'ironie ambiant, le couturier fera défiler au SHEM, salon de l'habillement masculin à Paris, et ce à la stupecfaction générale, son homme en jupe-kilt.

1966. Un parfum quel qu'il soit, c'est beaucoup de soi-même. Cela est loin d'échapper au couturier autodidacte. Il lance une fragrance au nom séduisant "Brigand" pour celles en particulier pour qui le parfum est avant tout un grand aveu qu'on dévoile, sans le savoir pour le plus pudiques.

En partenariat avec Jean Marc Maniatis il instaure le contexte couture coiffure. Il met à disposition du coiffeur un étage de sa maison de couture où ses clientes bénéficient du privilège d'un défilé haute couture pendant leurs soins.

1967. En homme intuitif pétri d'audace, il est le premier à engager une étude sérieuse sur la mutation inéluctable dû au rapprochement des sexes. Sa ligne "Négligé Snob" en sera la réponse incontestée. Ligne unisexe en jersey, suggérant que la notion de ce qui est correct ne coïncide pas forcément avec ce qui est guindé, triste et hors de prix. La souplesse dépouillée l'emporte sur la rigueur géométrique. Des découpes raffinées, à peine suggérées au regard, esquissent sans outrance la taille et la poitrine.

1968. Le couturier s'installe villa Trianon, ancienne demeure du ministre des finances de Napoléon III, aux abords du bois de boulogne et du parc de Saint Cloud, à l'abri des rigueurs de la vie moderne.

1969. Honorant scrupuleusement la rectitude du cahier des charges des compagnies aériennes, le couturier renouvelle l'image des hôtesses des compagnies d'Air Inter, Air India, Air Maroc.

Le bureau de style rattaché aux contrats de licences est une pépinière de talents, on y croise la jeune Anne-Marie Beretta, le prometteur Jean-Paul Gaultier, le bouillant italo cubain Miguel Cruz ainsi que les gourmands de mode, Jean Antoine Bernal et Antoine Romann.

Le Couturier passe un accord avec les tournées Baret et habille sur plusieurs saisons à la scène comme à la ville les comédiennes Danièle Darrieux, Danièle Lebrun, Madeleine Robinson, Rosy Varte, Micheline Dax, Brigitte Fossey.

1970. La remise en cause, objectif premier du couturier, le conduit à jouer le couple dans son épanouissement total, c'est-à-dire dans l'échange et non dans la tutelle, dans l'alliance et non dans la concurrence. Il sert son métier à fond, jusque et y compris les sens interdits. Il présente donc une collection "unisexe" qui comporte non seulement des ensembles pantalons, mais aussi des robes chemises pour homme. "La virilité ne s'habille pas, mais s'exerce!" rétorquait-il à ses détracteurs.

Le brodeur Pierre Mesrine collabore au projet et principalement sur les "tuniques sumérienne" que certains privilégiés ont pu admirer au Musée de la Mode et du Textile en 2002 lors de l'exposition sur les années 70 de concert à celle consacrée à la garde robe de Jackie Kennedy.

1972. Lancement par Nelson Rockefeller, gouverneur de l'état de New-York, du concept "JACQUES ESTEREL FRENCH VILLAGES". Nouvel espace où est présenté la gamme complète griffée maison: Mode et Décoration. Le couturier revisite à l'occasion le système de communication de ses débuts, et tout spécialement ses mardis culturels, qu'il remet au goût du jour. Il est dorénavant possible de suivre en ces lieux, entrecoupé de passage de robes, des conférences sur l'histoire de l'art français et pour les plus persévérants, d'apprendre la langue de Molière.

Le jeune polytechnicien Bernard Arnault fixe son choix sur la maison Jacques Estérel pour effectuer sa période de formation de fin d'étude.

1974. Terrasser à la suite d'une rupture d'un anévrisme, il repose au cimetière de Bourg Argental Apprécié par son personnel dont il est au courant des grands malheurs et des petite bonheurs, pour toute réaction à l'encontre d'une employée indélicate, il augmente ses gages estimant son geste être la résultante d'un manque d'attention sur son rajustement salariale de la part de son directeur des relations humaines.

Il lègue à ses collaborateurs la marque JACQUES ESTEREL implantée dans 25 pays appûyée par 305 manufacturiers-licenciés et sa quarantaine de brevets déposés.