Mutual Defense Assistance Act

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Le Mutual Defense Assistance Act - aussi connu sous le vocale de Battle Act - est un acte législatif américain signé par le Président Harry S. Truman le . Il s'agissait du premier document légal de la politique globale de sécurité américaine de l'époque de la Guerre froide.

Illustration du contexte historique et des conséquences du « Battle Act » dans la « Cour carrée » du MRAH de Bruxelles : un M46 Patton - dont le développement fut favorisé par la relance des programmes d'armement américains après l'adoption de celui-ci et qui fut fourni à l'armée belge dans le cadre du MAP - côtoie un char lourd soviétique IS3m.

L'acte s'inscrivait dans le cadre de la stratégie de « containment » du communisme du moment et avait pour but d'assurer l'assistance militaire des États-Unis à tout allié qui aurait été sous le menace d'un invasion par l' Union soviétique ou l'un de ses alliés ou, pour l'Asie, de la toute jeune République Populaire de Chine.

Il privait également d'aide et d'assistance économique toute nation qui aurait fait commerce de matières ou de matériaux stratégiques avec l'URSS ou ses alliés, ses dispositions couvrant un large variété de matières premières essentielles à la fabrication d'armement et tout particulièrement celles nécessaires à la recherche et à la fabrication dans le domaine de l'armement nucléaire.

L'acte permit également la relance des programmes de défense américains dans les domaines de la recherche et du développement de nouveaux matériels militaires, le développement du complexe militaro-industriel des États-Unis - « arsenal du Monde libre » - ayant reçu un sérieux coup d'arrêt après la victoire alliée de 1945 sur l' Allemagne nazie, entraînant l'usure des matériels vétustes, vétérans de la Seconde Guerre mondiale, maintenus en service et arrivés à la limite de leurs performances techniques et de leur durée de vie ainsi que les piètres performances de ceux mis en service dans l'immédiat après-guerre dans le cadre de budgets de la défense fortement reduits - comme allait le démontrer la Guerre de Corée.

A bien des égards, le « Mutual Defense Assistance Act  » - inspiré par la Doctrine Truman - prenait ainsi le contre-pied de la Doctrine Monroe isolationniste qui avait largement inspiré la politique étrangère américaine jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, en permettant notamment la constitution d'un glacis défensif à l'échelle planétaire[1].

Le contexte historique : l'après-guerre et les débuts de la Guerre froide

Dans l'euphorie qui suivit la fin de la Seconde Guerre mondiale, les arsenaux occidentaux tombèrent à un dangereux niveau de faiblesse et d'usure, les deniers publics étant prioritairement utilisés à la reconstruction, l'arsenal américain lui-même présentant des signes flagrants d'indigence et de décrépitude[note 1].

Harry S. Truman signant l'amendement du National Security Act en 1949.

Les officiels des forces armées américaines commencèrent à réclamer une nouvelle législation en matière de défense dès 1947, arguant du fait que les inventaires réduits de surplus de matériels de la Deuxième guerre, la planification insuffisante de nouveaux armements et les restrictions apportées aux pouvoirs présidentiels handicapaient les efforts présents et futurs d'aide militaire aux nations alliées.

Une première réponse politique à cette demande fut donnée avec l'adoption du « National Security Act », loi fédérale réorganisant les forces armées des États-Unis d'Amérique. Elle fut votée le 26 juillet 1947 et est entrée en grande partie en vigueur le 18 septembre de la même année. Le Congrès des États-Unis décidait par là le réalignement et la réorganisation des forces armées, de la diplomatie et de la communauté du renseignement américains en ce tout début de guerre froide. Il permit la création du conseil de sécurité nationale, de l'United States Air Force et pour la première fois en temps de paix, d'une agence de renseignement, la Central Intelligence Agency.

La nécessite de nouvelles dispositions législatives s'imposa encore à la mi-1948 avec la négociation du Traité de l'Atlantique Nord et le besoin de fournir une aide militaire pour renforcer la défense commune des signataires en vue d'une résistance globale à l'expansion communiste. Truman envoya un premier projet de loi au Congrès le 25 juillet 1949, le jour où fut ratifié le Traité de l'Atlantique Nord, mais l'opposition de celui-ci imposa la présentation d'un nouveau texte précisant les bénéficiaires et les montants de l'aide. Les planificateurs de l'Administration estimaient que le premier bénéfice immédiat du Battle Act serait de relever le moral des nations amies et de prouver la fiabilité des États-Unis et sa détermination à répondre aux menaces communistes dans le monde entier. Le MDAA institutionnalisa aussi le concept de programme d'aide militaire mutuelle sous l'étiquette de Military Assistance Program, un résultat garanti par l'adoption d'une nouvelle loi en 1950 et l'augmentation des dépenses annuelles en aides militaires jusqu'à un montant de 5,222 milliards de dollars au moment du déclenchement de la guerre de Corée - le premier test « grandeur nature » de la validité et de l'applicabilité de celui-ci si l'on excepte le soutien logistique ponctuel apporté à la France lors de la Guerre d'Indochine[2].

La relance des programmes de défense américains

Les programmes pour l'US Army

Le Président Harry S. Truman inspectant le prototype du nouveau char M41 Walker Bulldog. Le MDAA permit une réactivation indispensable des programmes de modernisation des équipements des forces armées américaines.

Avec l'engagement réussi, mais limité, du M26 Pershing dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, les militaires américaines ont cru disposer d'une base technique pour la conception d'un nouveau char de combat performant[note 2]. Toutefois, il ne répondait déjà plus aux exigences posées par les « Ground Forces Equipment Review Boards » ( Bureaux de Contrôle de l'Équipement des Forces Terrestres) en 1945 parce qu'il utilisait encore de nombreuses composantes du M4 Sherman vieillissant.

Au début de la guerre de Corée, les seuls chars que les États-Unis furent en mesure d'engager étaient de petits groupes de chars légers de reconnaissance M24 Chaffee, datant de la Seconde Guerre mondiale, équipant les forces d'occupation du Japon mais ceux-ci se révélèrent incapables de faire face au char moyen soviétique T34/85 qui, bien que datant lui aussi de la guerre, restera en service jusqu'à la fin du XXème siècle. Non contents de devoir faire face à des problèmes qualitatifs, les États-Unis eurent également de grandes difficultés à rassembler dans les meilleurs délais des effectifs suffisants de chars plus puissants - M4A3E8s et M26s - pour faire face à l'assaut communiste contre la Corée du Sud[3].

Articles connexes.

Les programmes pour l'US Air Force

Les programmes pour l'US Navy

« Mutual Assistance Program » - « Military Assistance Program »

« By the passage of the Mutual Defense Assistance Act of 1949 Congress authorized the appropriation of funds and contract authority to furnish military assistance to the North Atlantic Treaty states, Greece, Turkey, Iran, the Republic of Korea, and to countries i?n the general area of China. The total amount involved was to be $1,314,000,000; one billion of this sum was to be used to promote an integrated defense of the North Atlantic area and to facilitate the development of defense plans by the Council and Defense Committee established under the North Atlantic Treaty »

— Legislative History of the AAF and USAF[4].

Le Mutual Defense Assistance Act permit le développement du concept des « Mutual Assistance Programs » - qui prirent en fin de compte essentiellement le caractère de « Military Assistance Programs » (fournitures de matériels et d'équipements militaires), d'aides financières à l'acquisition de ceux-ci ou d'envoi de conseillers militaires de la part des États-Unis à ses alliés - qui faisait des pactes de sécurité mutuelle et de la notion d'entraide sécuritaire intégrée les éléments-clés de la doctrine du monde libre occidental de containment de l'expansion soviétique - en particulier au sein de l'OTAN, dont la création est concomitante à l'adoption de ce texte.

L'OTAN et le réarmement européen

M47 Patton de la Bundeswehr, Militärhistorisches Museum der Bundeswehr de Dresde.
La naissance de l'OTAN.

Le , les ministres des Affaires étrangères de 12 pays - Belgique, Canada, Danemark, France, Islande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Portugal, Royaume-Uni et États-Unis - signaient le Traité de l'Atlantique Nord dans l'enceinte du « Departmental Auditorium » à Washington - l'article 10 du traité stipulant que l'adhésion restait par ailleurs ouverte à tout « Etat européen en mesure de promouvoir les principes du présent Traité et de contribuer à la sécurité de la région de l'Atlantique Nord ».

Le 5 avril 1949, les cinq puissances du Traité de Bruxelles adressèrent à Washington une demande officielle d'aide militaire et financière. Des demandes semblables furent remises par le Danemark, l'Italie et la Norvège.

Le gouvernement des États-Unis prépara ensuite un programme global d'aide militaire a ces nations. Le programme s'élevait à 1,450 million de dollars pour l'exercice financier 1950, dont environ 1,130 million de dollars (chiffre qui fut ensuite ramené à un milliard de dollars) étaient destinés aux pays européens de l'OTAN[5].


Le réarmement de l'Allemagne.
Grèce et Turquie.

Moyen-Orient et Pays arabes

Le Shah d' Iran Mohammad Reza Shah Pahlavi et le Président Harry Truman en 1949.

Asie

  • Sud-est asiatique.
Viêt Nam.
Laos.
Cambodge.

Amérique latine : les programmes d'assistance dans la lutte anti-insurrectionnelle

Dès les années 1820 et la fin de la domination espagnole en Amérique centrale et en Amérique du Sud, de graves fractures sociales dans les sociétés latino-américaines, combinées à la pression croissante d'intérêts financiers étrangers et au caractère autocratique - sinon dictatorial - des gouvernements nationaux entraînèrent des troubles civils intérieurs et l'émergence de guérillas. Dans les années trente, les mouvements insurrectionnels tournèrent de plus en plus ouvertement à la subversion révolutionnaire d'inspiration marxiste, les forces armées locales essayant de contrer toute forme de solution démocratique aux problèmes sociaux par des coups d'Etat et des pronunciamientos suivis de l'instauration de régimes dictatoriaux soutenus par des sociétés étrangères - essentiellement américaines - ce qui en fin de compte ne fit qu' aggraver encore la situation et augmenter l'agitation et le ressentiment anti-américains.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec le début de la guerre froide, les États-Unis, ayant d'importants et croissants intérêts stratégiques et économiques dans ces régions du monde, optent pour un soutien militaire inconditionnel aux gouvernements pro-américains, quant bien même seraient-ils de caractère dictatorial. Ce choix politique fut encore renforcé par la victoire de Fidel Castro à Cuba en janvier 1959 malgré l'appui américain massif à la junte de Batista.

Pays non-alignés

La mise en oeuvre du MDAA fut à l'origine à la fois de beaucoup de frictions avec les pays non-alignés et d'opportunités pour les États-Unis de nouer avec certains d'entre eux des relations géopolitiques plus étroites.

Fichier:PattonNagar.png
Chars M47/48 pakistanais capturés par les Indiens lors de la Deuxième guerre indo-pakistanaise.
L'Inde refusa d'accepter une limitation quelconque de son commerce par les États-Unis et poursuivit ses livraisons de nitrate de Thorium à la Chine. Réalisant que couper toute aide à l'Inde ferait plus de mal que de bien, le Secrétaire d'État Allen Dulles négocia donc une solution.
Fichier:JRV Thunderjet.jpg
Un chasseur Republic F-84 Thunderjet yougoslave.
Malgré l'adhésion ferme de Josip Broz Tito au communisme, en raison de conflits idéologiques et personnels avec Joseph Staline, l'Union soviétique - et par la suite tous les gouvernements pro-soviétiques du Pacte de Varsovie - dénonça son traité d'amitié avec la Yougoslavie le 27 septembre 1949.
Une menace réelle d'invasion du pays par ses anciens alliés pesant un moment sur la Yougoslavie, le régime titiste s'empressa d'accepter l'offre d'assistance du monde occidental libre - et il fut même question à ce même moment de son adhésion éventuelle à l'alliance occidentale. Les forces armées yougoslaves se retrouvèrent ainsi équipées de matériel militaire similaire à celui distribué aux états membres de l'OTAN, tels que des chasseurs F-84 Thunderjet et F-86 Sabre[6].

Afrique

Les « Joint Ventures » : la coopération technologique et financière dans l'industrie de l'armement

Controverse : le « Mutual Defense Assistance Act » et les « MAPs », instruments de l'impérialisme américain ?

Fichier:Poster31.jpg

Après que le Général Charles de Gaulle eut dénoncé le leadership des États-Unis au sein de l'OTAN et quitter l'Alliance pour cette raison et considérant le soutien américain inconditionnel à des régimes militaires fascisants au nom de la politique de containment du « totalitarisme soviétique » - comme le régime du Caudillo Francisco Franco en Espagne, la dictature d'António de Oliveira Salazar au Portugal[7] ou le Régime des Colonels en Grèce[8],[9], dans la foulée de la vague de protestation suscitée par la Guerre du Viêt Nam, la gauche démocratique et l'opinion publique aux États-Unis et en Europe soulevèrent la controverse de l'Accord d'Assistance et de Défense Mutuelles et des MAPs utilisés comme instruments occultes d'une politique américaine impérialiste ultra-conservatrice souterraine[10].

Le rôle occulte joué par la CIA dans le cadre des Mutual Assistance Program alimenta également la controverse[11], qui atteignit son paroxysme avec le renversement et l'assassinat du président chilien Salvador Allende à la suite d'un coup d'état militaire peu ou prou « sponsorisé » par l'Agence en 1973[12] - une controverse qui n'est toujours pas close[13].

Le Mutual Defense Assistance Act, « instrument de l'impérialisme américain »

La CIA et les Mutual Assistance Programs

Bibliographie

Thématique générale

Les programmes de modernisation militaire américains après 1945

  • Steven J. Zaloga : The M47&M48 Patton Tanks, Osprey Publishing, collection Vanguard n° 29, Londres 1982.

OTAN - Europe

  • Vox - magazine des forces armées belges
  • Lt-Col. Hre BEM Willy Brabant : 1950-1953-2003 From USA for Mutual Defense, Tank Museum News, Bruxelles 4e trimestre 2003.
  • Lawrence S. Kaplan: A Community of Interests: NATO and the Military Assistance Program, 1948–1951, 1980.

Amérique latine

  • Carlos Caballero Jurado et Nigel Thomas : Central American Wars 1959-1980 (illustrations de Simon McCouaig), Osprey Publishing, collection « MEN-AT-ARM » n°221, 1990
  • Alejandro de Quesada : The Bay of Pigs - Cuba 1961 (illustrations de Stephen Walsh) - Osprey Publishing, collection - « Elite », 2009.

Asie

  • Kenneth Conboy : War in Laos 1954-1975, Squadron/Signal Publications Inc.- Vietnam Studies Group, Carrollton 1994.
  • Kenneth Conboy & James Morrison : Shadow War: The CIA's Secret War in Laos, Paladin Press, 1995.
  • Roger Warner :Shooting at the Moon: The Story of America's Clandestine War in Laos, Steerforth Press, 1996.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Du matériel militaires allemand était même encore aligné par certaines armées européenne telles l'armée espagnole qui utilisait des Pz IV et des Stug III) ou l'armée française, équipée de chars Panther.
  2. A cette époque ( début 1945 ) les restes de la « Panzerwaffe » se trouvaient pour l'essentiel engagés sur le front de l'Est et les forces alliées sur le front occidental n'affrontèrent que de petites unités blindées traquées et harcelées par les chasseurs-bombardiers

Références

Crises et conflits majeurs entre le monde occidental et le monde communiste

Crises et conflits mineurs entre le monde occidental et le monde communiste

Crises dans le monde communiste

Crises dans le monde occidental

Autres crises régionales