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Art des Andes centrales

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On appelle art andin la production artistique qui a lieu au Pérou, en Bolivie et en Equateur avant l'arrivée des européens. Généralement, on considère cet art de manière géographique, quoique des échanges entre les différentes aires aient régulièrement lieu.

Les Andes centrales

Chronologie

On peut diviser la période précolombienne dans les Andes centrales (Bolivie et Pérou) de nombreuses manières. Celle-ci est l'une des plus fréquentes :

  • Epoque lithique : 10 000 – 3000 av. JC
  • Précéramique, ou formatif ancien : 3000 – 1800 av JC
  • Epoque initiale : 1800 – 1000 av JC
  • Horizon précoce : 1000 – 200 av. JC (culture Chavin)
  • Epoque intermédiaire précoce : 200 av JC – 500 ap. JC (cultures Paracas, Nazca, Mochica, Recuay, Pucara...)
  • Horizon moyen : 500 – 900 (Huari et Tiahuanaco)
  • Epoque intermédiaire tardive : 900 – 1400 à (cultures Chimu, Chancay, Ica)
  • Horizon tardif : v.1438 – 1534 (domination de l'empire Inca)

Conditions géographiques et climatiques

Les Andes centrales, qui regroupent la Bolivie et le Pérou, reprsentent le lieu où la cordillère est la plus importante. Le paysage s'organise en trois parties : une frange côtière plus ou moin étroite, la cordillère (altitude moyenne : 2000-3000m, mais il existe des sommets beaucoup plus hauts) et la sierra. Le climat comporte deux saisons, l'été austral (notre hiver), avec des pluies abondantes sauf sur la côte, et l'hiver austral, qui correspond à une saison sèche.

En bordure de la cordillère, la bande de côte plus ou moins large correspond à un désert aride, entrecoupé de vallées créées par une cinquantaine de fleuves issus de la cordillère par la fonte des glaciers. Si les régions proches du lit du fleuve abritent de la végétation, au-delà, ne s'étend qu'une vaste étendue désertique et assez froide. La quasi absence de pluie a entraîné plusieurs adaptation des populations, notamment le développement de techniques de captation de l'eau pour l'irrigation, et une importante pêche.

La montagne est aussi habitée et exploitée, silonnée de nombreux fleuves qui coulent pour la plupart vers le versant amazonien, et peu vers le Pacifique. La ville de Lima, à environ 1000 m d'altitude, est établissement moderne près d'un site archéologique ancien en altitude. L'altitude comporte un certain intérêt pour l'agriculture, l'ensoleillement étant plus fort que dans les vallées encaissées. La culture et les habitations se sont donc développées en hauteur afin de trouver des pâturages plus accessibles.
La vallée andine peut parfois culminer à plus de 4000 m de hauteur, ou seule pousse une faible végétation de joncs, qui sert de paturage aux lamas et aux gigognes. Quelques cultures de tubercules, comme les pommes de terre, peuvent cependant être entreprises jusqu'à 5000m
Modification de l'occupation de l'espace avec L'arrivée des espagnols, a complètement modifié l'occupation de l'espace, le vice-roi de Tolède obligeant les populations à descendre au fond de la vallée, dans des villes construites sur le modèle d'urbanisme espagnol,, afin de mieux contrôler les population.

La sierra, ou sierra da selva, est constituée d'une forêt qui escalade un versant abrupt. Occupée par les populations andines depuis les incas, elle a donnée lieu à l'édification de terrasses agricoles, comme celles visibles à Macchu Picchu.

La Néolithisation : période précéramique

La période précéramique est marquée par une sédentarisation, l'apparition de l'agriculture et la domestication de certains animaux. Sur le site de Kotosh, un temple aux mains croisées, ainsi appelé en raison de reliefs sculptés en forme de paires de bras croisés, semble avoir été commencé vers 2450 av. JC. Plusieurs phases de réutilisation du site ont été mises en évidence, les reliefs anciens étant à chaque fois préservés sous du sable servant de fondation aux constructions plus récentes. Le relief, quoique sommaire, monttre tout de même un souci d’exactitude et de respect des formes.

L'époque initiale (1800 – 1000 av. JC)

C'est à cette période qu'apparait la céramique et le métier à tisser. La nombre de grands centres cérémoniels se multiplie.

Céramique

Son apparition semble surtout liée à un but utilitaire, pour la cuisson des nouveaux produits agricoles notamment. Cependant, on connaît aussi quelques figurines feminines, comme la Vénus de Curayacu, du musée national du Pérou, datée du IIe avant notre ère. Ce personnage féminin se présente dans une attitude frontale et hiératique, les bras plaqués sur le corps, le décor se résumant à des incisions.

Architecture et urbanisme

Dans l'architecture se trouvent les traces d'une sédentarité plus marquée, comme le prouvent des villages importants, avec une architecture religieuse plus complexe que précédemment. Deux types de structures architecturales sont utilisées :

  • les structures en U, constituées d'une pyramide et d'une plaza
  • les structures avec des plates formes rectangulaires et une plaza en contrebas.

Le site de Cerro Sechin est l'un des plus importants centres monumentaux du Pérou, daté du Ier millénaire av JC. Il utilise ce second plan.

Sculpture en pierre

C'est à Serro Sechin principalement qu'ont été mises au jour les principales manifestations de la sculpture de cette période : des dalles gravées de personnages au canon particuliers. De profil, il présentent un torse et un œil vus de face, des pieds vus de haut, et deux mains gauches. Différents types de personnages peuvent être distingués : des guerriers armés en procession, des prisonniers sacrifiés de la tête desquels sortent des flots de sang... Cette représentation militaire de guerriers victorieux correspond-elle à un récit mythologique ? A un événement historique (ce qui semble pourtant très rare dans les Andes) ? On remarque la représentation de têtes-trophées, représentées déjà selon la tradition andine : yeux clos, en forme de croissant, bouches grimaçantes (symbole de mort), cheveux dénoués (marque d'humiliation)

L'horizon ancien (1000 – 200 av JC) : la culture de Chavin (dates discutées : 1200/800 – 300 av JC ?)

La civilisation

La culture de Chavin se développe dans tout le Pérou, à travers un système théocratique centré sur la ville de Chavin de Huantar. Le contrôle du commerce représente une révolution dans la vie des villages de montagne, très dépendants des denrées côtières.

Le style de Chavin

Très complexe, le style utilisé dans les œuvres relevant de la culture de Chavin, ainsi que dans certaines productions côtières, est fait pour désorienter le spectateur et le transporter vers d’autres réalités. On note en particulier le remplacement de certains éléments humains (cheveux, moustache, corde, poil) par des animaux, le plus souvent des serpents. Une forte inspiration de la région tropicale, due à un important lien avec l'Amazonie et ses cultures, semble avoir cours. L'iconographie fréquemment utilisée dans la culture de Chavin regroupe :

  • des divinités porteuses de sceptre
  • des animaux prédateurs
  • des êtres composites (homme/animal)
  • des chamans en métamorphose

Le site de Chavin de Huantar

Situé à 3180 m d'altitude, sur les rives du Mosna, Chavin de Huantar devait être un important centre cérémoniel, qui abritait peut-être un oracle et servait en tout cas de lieu de pèlerinage. Ce centre attirait non seulement les pèlerins, mais également les marchand, et était au centre d'un important commerce avec des civilisations périphériques.

La ville est orientée vers les 4 points cardinaux, et abritait au moins 5000 personnes, dont des prêtres, des serviteurs et des cultivateurs. Formée autour d'une grande place, entourée de plates-formes et d'un ancien temple (Castillo), en forme de pyramide tronquée, elle reprend le type en U déjà développé à la période initiale.

Sculpture

Cet art évolue en se compliquant. Les artistes de Chavin éprouvent une prédilection pour le relief très plat et la gravure, bien qu'il existe aussi de la ronde bosse. Les figures sont grandement stylisées, les détails simplifiés et multipliés, et une forte symétrie bilatérale marque les œuvres. Les artistes utilisent le procédé des "bandes modulaires", c'est à dire qu'ils ont tendance à réduire les éléments à des bandes de largeur égale. Les "sbstitutions métaphotiques" (remplacement d'élément par des animaux) ont également cours.

En général, la sculpture est intégrée à l’architecture, comme le prouve le monolithe du Lanzon, située dans l'ancien temple de Chavin, et haut de 4,53 m. Ce gigantesque monolithe sculpté sur trois faces se trouvait au centre du temple de Chavin. Sa forme peut rappeler celle d'un bâton à fouir, et laisserait alors à penser que l'être gravé dessus garantit une bonne récolte ; mais d'autres ont fait un rapprochement avec un poignard transperçant le sol. Quoiqu'il en soit, une représentation plus ou moins antropomorphe marque la surface de la pierre. Ce « vieux Dieu » de Chavin est représenté sous la frome d'un personnage bipède, avec des crocs, un mufle et des serpents en guise de chevelure, une iconographie qui pourrait tirer sa source dans le monde amazonien.

Toujours au temple de Chavin, on peut signaler la présence de têtes-clé, des être à gueule de jaguar, typique de la statuaire de Chavin qui s'intergrent au mur. Il s'agit là de représentation en ronde bosse, assez rare dans l'art de lcette période.

La Stèle Raimondi, du musée de Lima, provient elle aussi de Chavin de Huantar, mais elle présente une importante innovation iconographique par rapport au monolithe du Lanzon. En pierre, haute d'environ trois mètres, elle présente un nouveau personnage, le « nouveau dieu » de Chavin, dit "dieu souriant", ou "dieu aux bâtons". En position bipède, avec des griffes aux mains et aux pieds et des crocs jailissant de sa bouche, il tient en effet deux bâtons ou sceptres. Au dessus de sa tête est représentée sa coiffe, qui normalement tombe dans son dos, et semble composée de têtes humaines imbriquées les unes dans les autres, invitant à une double lecture.

Sur l'obélisque de Tello, également au musée de Lima, ce n'est plus un être antropo-zoomorphe qui se trouve représenté, mais un couple de caïmans du corps desquels sortent des plantes et des êtres de la jungle, faisant vraisemblablement reférence à un mythe de genèse.

céramique

Le céramique comme le tissu est un médium qui véhicule l’iconographie de Chavin vers les régions éloignées de la cité proincipale. Les formes de céramique les plus fréquemment recontrées sont des vases globulaires à anse-goulot en étrier, et des bouteilles à haut col. En généraln, les surfaces sont de couleurs sombres : gris, noir ou brun, et un décor de félins, de fleurs ou d'oiseaux est incisé, gravé ou modelé

Cultures dépendant de la culture de Chavin

Cupisinique

La céramique de Cupisnique existait sans doute avant l'éclosion du site de Chavin. Modelée, elle présente aussi un décor incisé et des anses-goulots en étrier. Le répertoire iconographique très large, et il n'est pas rare d'y trouver des représentations antropo-zoomorphes rappelant celles de Chavin


Paracas

La culture de Paracas est une autre culture qui fut très influencée par Chavin à ses débuts, même si une seconde phase s'en distingue largement. En général, ces premières céramiques présentent une polychromie très contrastée, et l'iconographie est très marquée par celle de Chavin.