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Benoît Trépied

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Benoît Trépied est un anthropologue, chargé de recherche au CNRS, spécialiste du droit kanak et de la Nouvelle-Calédonie, membre du Centre de recherche et de documentation sur l’Océanie, qui travaille sur "les relations interraciales" et "le processus actuel de décolonisation". Il a notamment publié une quinzaine d'articles dans des revues universitaires[1], dans des recherches "au croisement de l’ethnographie, de l’histoire et de la sociologie", qui ont tenté de questionner "les conditions de production des sources, la pratique réflexive de l’enquête et les rapports entre savoir et pouvoir"[2].

Thèse de doctorat

Sa thèse de doctorat a été soutenue en 2007 et publiée en 2010[2]. Elle a analysé les transformations des rapports sociaux et politiques dans la commune rurale de Koné, au nord-ouest de la Nouvelle-Calédonie[2], depuis l’accession en 1946 des Kanak à la citoyenneté[2]. Il a en particulier montré comment le projet de Code de l'aire coutumière Drehu prévoit de reconnaître la paternité d'un père biologique dans le cas d'un enfant hors mariage[3] .

Il a aussi rappelé que la Nouvelle-Calédonie a toujours été considérée par la France comme «une colonie de peuplement»[4],[5]. Selon lui, une forme d'instrumentalisation du dossier calédonien dans les affaires politiques en métropole «a fait exploser la Nouvelle-Calédonie dans les années 80»[6], ce qui s'est ensuite aggravé quand le peuple autochtone kanak a été "minorisé" sur "sa propre terre"[6],[7], faisant émerger "deux légitimités qui s'affrontent depuis 40-50 ans", la sienne, "au nom du droit des peuples à l'autodétermination reconnu par l'ONU" et celle "de l'État français" pour qui la Nouvelle-Calédonie est "une terre française et que donc tous les Français votent, même ceux qui viennent d'arriver"[7].

Alerte des années 2020

Dès les années 2020[8] et 2021, il a analysé le sentiment des moins de trente ans et comment ils ont perçu le débat sur l’autodétermination et le référendum en cours[9] puis fait partie des spécialistes qui n'ont cessé, entre 2021 et 2024 "d'alerter le gouvernement sur les dangers d'un passage en force sur la question du corps électoral" de la Nouvelle-Calédonie[10] puis que cette question du corps électoral «est un point névralgique» dans le débat local[6].

Le 23 novembre 2021, il fait partie d'un un collectif de spécialistes de l’histoire et de la société calédoniennes qui demande de "reporter le référendum d’autodétermination", prévu le 12 décembre, pour "laisser le temps aux Kanak de porter le deuil traditionnel", l'île ayant été très "durement frappée par la pandémie" de Covid[11]. Cela lui est reproché dès le mois suivant par des habitants de Nouméa, qui reprochent la même année au quotidien Le Monde de le citer parfois dans ses enquêtes[12]. Dans une autre enquête publiée l'année suivante, en juillet 2022, par la correspondante à Nouméa du quotidien Le Monde, il avait en particulier alerté sur un "dialogue de sourds" qui selon lui rappelle malheureusement les années 1980, quand une évolution similaire avait "abouti à la tragédie d’Ouvéa", phénomène selon lui "très inquiétant pour le long terme"[13].

Bibliographie

  • "Une mairie dans la France coloniale. Koné, Nouvelle-Calédonie" aux Editions Karthala en 2010, dans la collection "Recherches Internationales".

Notes et références

  1. Publications de Benoît Trépied sur le portail Cairn [1]
  2. a b c et d Legs colonial et outre-mer autochtones [2]
  3. Benoît Trépied, « Le sang, le nom, la coutume. Controverses judiciaires sur la paternité kanak en Nouvelle‑Calédonie », Ethnologie française, vol. 48, no 1,‎ , p. 57–68 (ISSN 0046-2616, DOI 10.3917/ethn.181.0057, lire en ligne, consulté le )
  4. Article dans le quotidien suisse Le Matin [3]
  5. Article de Joris Fioriti - Agence France-Presse, reprise par le quotidien canadien Le Devoir [4]
  6. a b et c Article par Victor Boiteau publié le 13 mai 2024 dans Libération [5]
  7. a et b "L'anthropologue au CNRS et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 16 mai 2024 sur franceinfo le 16/05/2024 [6]
  8. "Nouvelle-Calédonie : quel avenir après le référendum ?" le 5 octobre 2020 sur France Culture [7]
  9. Article par Charles-Edouard Ama Koffi sur Vingt Minutes le 13/12/21 [8]
  10. Interview sur BFM TV le 16 mai 2024 [9]
  11. Tribune au « Monde », d'un collectif de spécialistes de l’histoire et de la société calédoniennes le 23 novembre 2021 [10]
  12. "Le problème de la Nouvelle-Calédonie n’est pas colonial, il est social" par Jean-Marie Chatelain, le 22 décembre 2021 dans quotidien Le Monde [11]
  13. Enquête de Claudine Wéry, correspondante à Nouméa, le 25 juillet 2022 dans le quotidien Le Monde [12]