Valère de Besveconny

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Valère de Besveconny
Image illustrative de l’article Valère de Besveconny
Besveconny assis devant trois officiels égyptiens en 1928.
Biographie
Nom Valerian Bezveconnîi
Nationalité Russe, roumaine puis française ?
Naissance années 1890 ?
Chișinău
Décès c. 1964
Argentine
Parcours entraîneur
AnnéesÉquipe Stats
1924-1926 Al Sekka
1927-1928 Viktoria Žižkov
1928 Égypte
1928-1929 Drapeau de la Grèce Olympiakós ?
1929-1932 Drapeau de la Grèce Aris Salonique
1932-1933 Olympique d'Antibes
1933 FC Lyon
c. 1935 Lausanne-Sport ?
1937-1938 Stade de Reims
1939 CA Boca Juniors
Dernière mise à jour : 2 mai 2024

Valère de Besveconny, né vraisemblablement Valerian Bezveconnîi (en russe : Валериан Безвиконный) dans les années 1890 à Kichinev[1],[note 1] en Russie (aujourd'hui Chișinău en Moldavie[note 2]) et mort vers 1964 dans la région de Buenos Aires en Argentine, est un entraîneur de football ayant exercé dans de nombreux pays du monde.

Il est dit successivement, selon les sources, d'origine hongroise[3],[4], transylvaine[5], tchèque et russe[2],[6]. En 1933, alors qu'il entraîneur d'Antibes en France, il est au cœur de la première affaire de tentative de corruption du football professionnel français, dont il est le seul acteur à être sanctionné.

Francophone et vivant régulièrement en France entre 1932 et 1938, il est plus connu dans la presse sportive nationale comme « M. Valère »[note 3]. Après son exil en Argentine, il s'y présente comme Français.

Carrière

Enfant de Chișinău[1], Valerian Bezveconnîi se passionne pour le football pendant ses études de droit[9]. Il y joue, en devient arbitre, et tente d'en faire son métier comme entraîneur[1]. Initialement présenté en France comme d'origine hongroise, car il a apparemment vécu en Hongrie et en connaît la langue, il est ensuite qualifié de « Russe blanc »[6], à savoir un aristocrate russe[2] ayant fuit la révolution bolchevique de 1917[note 4]. Il est polyglotte et affirme en 1940 parler douze langues[10].

Vivant successivement en Roumanie, en Grèce et en Hongrie, il approfondit ses connaissances du football[11],[12]. Il indique s'être formé au Bolton Wanderers FC en Angleterre puis à une école des entraîneurs à Vienne[10].

Au milieu des années 1920, il s'établit au Caire, où il est « instructeur de gymnastique » et se fait appeler « Valer-Bei »[1]. L'intéressé assure avoir remporté le championnat du Caire (en) en 1925 et 1926, ce qui signifie qu'il est alors l’entraîneur d'Al Sekka[10],[13]. En 1927-1928, il dit aussi avoir entraîné le Viktoria Žižkov[10], qui remporte cette saison-là son premier et seul titre de champion de Tchécoslovaquie.

Bezveconnîi entraîne, ou a minima accompagne[note 5], la sélection nationale égyptienne à l'occasion des Jeux olympiques de 1928[1]. Les Égyptiens brillent à Amsterdam en battant la Turquie et le Portugal et finissent à la quatrième place du tournoi olympique. Bezveconnîi organise également la tournée de l'équipe égyptienne à travers l'Europe : elle dispute avant et après le tournoi de nombreux matchs d'exhibition, parfois sous un nom d'emprunt (« Cairo XI », « Alexandria XI », ...) quand elle rencontre une équipe locale et non une sélection nationale[14] — son rôle exact dans cette tournée est mis en cause par un article de journal à charge quelques années plus tard, qui avance notamment que cette équipe n'était pas la véritable sélection nationale d’Égypte, et qu'il n'a voyagé que comme journaliste[15].

En 1928-1929, Besveconny raconte avoir entraîné l'Olympiakós en Grèce, qui remporte championnat du Pirée (en). L'Olympiakós a cependant alors pour entraîneur officiel un Tchèque, Jan Kopřiva. Il en est peut-être donc seulement l'adjoint ou le remplaçant pour un intérim ? Puis il dirige pendant trois saisons l'Aris Salonique, où il est appelé « de Valer »[note 6]. Il y remporte le championnat de Macédoine deux fois, puis le « championnat panhellénique » en 1932 (en)[16],[10].

En 1932, la Fédération française de football organise la première édition de son championnat professionnel. Premier inscrit des vingt clubs fondateurs, soutenu par plusieurs personnalités (le président du club est le directeur du casino de Juan-les-Pins), l'Olympique d'Antibes se veut ambitieux[17]. L'ancien capitaine de l'équipe de France, Alexandre Villaplane, a ainsi été recruté dès l'été 1931. Fin mai 1932, le club annonce le recrutement de « Valérian de Bezweconny » au poste d'entraîneur pour la saison à venir[18]. Il se fait rapidement connaître comme « M. Valère »[19],[20]. Il renforce efficacement son effectif, notamment grâce à l'apport de plusieurs joueurs hongrois et autrichiens, et organise pendant l'été de nombreux matchs d'exhibition en France et en Europe. La saison arrivant, son équipe s'installe vite parmi les équipes de tête du championnat. Ses bons résultats, ainsi que son affabilité, se traduisent par sa bonne réputation dans la presse sportive[21]. Son équipe termine en tête de son groupe, devant l'AS Cannes, le rival voisin, dernier vainqueur de la Coupe de France, et le FC Sochaux, le riche club de Peugeot, et se qualifie pour la finale du championnat où elle doit affronter l'Olympique lillois[22].

Juste avant de partir à Paris pour la finale, le club antibois apprend cependant son déclassement, alors qu'éclate un scandale de corruption impliquant l’entraîneur : il se serait déplacé à Lille plusieurs jours avant la dernière journée pour arranger avec les dirigeants du SC Fives la victoire de son équipe, en échange de 35 000 francs[2]. Plusieurs joueurs antibois, dont le capitaine Villaplane, auraient tenté la même démarche auprès des joueurs nordistes juste avant le match[23]. Le club antibois charge son entraîneur qui aurait agi de sa propre initiative. La commission de discipline de la Fédération l'interdit, à vie, de toute fonction dans le football en France[24],[25],[26], laissant aux joueurs le bénéfice du doute[23]. Deux ans plus tard, dans une autre affaire de paris hippiques truqués, Villaplane est cette fois jugé coupable et condamné à six mois de prison ferme[27],[28].

Malgré sa suspension, « M. Valère » refait parler de lui dès l'automne 1933 en apparaissant comme le manager du Football Club de Lyon, club qui se lance à son tour dans le professionnalisme. La polémique naissante et l'intervention de la fédération l'obligent à quitter rapidement le club et la ville[29],[30].

Il dit avoir ensuite travaillé pour un club de Nuremberg en Allemagne (1. FC Nuremberg ?) puis en Suisse aux Young Boys de Berne puis Lausanne-Sport[10], qui remporte le doublé coupe-championnat de Suisse en 1935. En 1937-1938, sa suspension en France semble avoir été levée car il est officiellement nommé entraîneur du Stade de Reims[7], en deuxième division du championnat de France, à la surprise de certains observateurs[31]. L'équipe rémoise termine en milieu de tableau. Le club se trouvant dans une délicate situation financière, son contrat d’entraîneur n'est pas reconduit en fin de saison, malgré le bon travail effectué[32].

Il quitte la France peu après pour s'installer en Argentine, dont il fait à distance les louanges du football dans la presse française[33], et où il se fait connaître comme Français avec son nom francisé, « Valère de Besveconny ». Il est embauché en 1939 par le CA Boca Juniors, club populaire de Buenos Aires dont il est le premier entraîneur étranger[34]. Il ne reste cependant que quelques mois en poste[35]. En 1940, il présente au journal La Nación son parcours et donne son avis sur le football argentin[10].

En 1946, il publie deux livres de danse, sans rapport avec le football, titrés Guía del Ballet (aux Éditions Emecé) et Silfides (aux Éd. Peuser)[36].

En 1952, il est indiqué dans la presse française que depuis son départ en Amérique du Sud, on n'a « plus jamais entendu parler de lui »[37]. Il meurt vraisemblablement vers 1964 en Argentine[note 7].

Notes et références

Notes

  1. Il parait avoir entre 30 et 40 ans lorsqu'il entraîne Antibes[2].
  2. La Moldavie prend son indépendance au moment de la Révolution russe puis est intégrée à la Roumanie en 1918.
  3. Quand il n'est pas appelé « M. Valère », la presse française le nomme Valery Besvecony[2], Valère de Besvekony[7] ou de Bezweconny[8].
  4. Son origine aristocratique expliquerait l'utilisation fréquente dans la presse de la particule « de » dans son nom, alors qu'elle n'avait a priori pas lieu d’être.
  5. L’Égypte n'a pas d’entraîneur officiellement attitré lors des Jeux olympiques d'été de 1928.
  6. Il y est présenté comme Belge ou Tchèque en fonction des sources.
  7. Sa succession est citée dans le Bulletin officiel de la République argentine en octobre 1964[38].

Références

  1. a b c d et e (ro-MD) « Istoria fotbalului moldovenesc. UN ANTRENOR BASARABEAN ȘI-A DUS ECHIPA ÎN SEMIFINALELE JOCURILOR OLIMPICE! », sur FMF (consulté le )
  2. a b c d et e Roberto Notarianni, « Propositions indécentes », L'Équipe,‎ , p. 16 (lire en ligne)
  3. « Le Sud : journal républicain du matin », sur Gallica, (consulté le )
  4. « L'Intransigeant », sur Gallica, (consulté le )
  5. « Le Journal », sur Gallica, (consulté le )
  6. a et b « L'Écho de Bougie : journal politique, littéraire, commercial & agricole », sur Gallica, (consulté le )
  7. a et b « DE BESVEKONY Valère (Entraîneur) », sur Archives Reims Football (consulté le )
  8. « Football : le seul hebdomadaire français exclusivement consacré au football / directeur Marcel Rossini », sur Gallica, (consulté le )
  9. « Paris-midi : seul journal quotidien paraissant à midi / dir. Maurice de Waleffe », sur Gallica, (consulté le )
  10. a b c d e f et g (es) « Conceptos de un entrenador francés de football radicado en Buenos Aires », La Nación,‎ , p. 13 (lire en ligne)
  11. Fédération sportive et gymnique du travail (France), « Sport : Fédération sportive du travail », sur Gallica, (consulté le )
  12. « Le Sud : journal républicain du matin », sur Gallica, (consulté le )
  13. « Egypt - List of Champions », sur www.rsssf.org (consulté le )
  14. « Football Tournament 1928 Olympiad », sur www.rsssf.org (consulté le )
  15. Le Populaire, (lire en ligne)
  16. (en-GB) « HISTORY », sur ARIS FC | Official Website (consulté le )
  17. « L'Intransigeant », sur Gallica, (consulté le )
  18. « Le Forez sportif : org. hebdo. de tous les sports de la rég. forézienne », sur Gallica, (consulté le )
  19. « Le Sud : journal républicain du matin », sur Gallica, (consulté le )
  20. « Paris-midi : seul journal quotidien paraissant à midi / dir. Maurice de Waleffe », sur Gallica, (consulté le )
  21. Match, (lire en ligne)
  22. Stéphane Mourlane, Université d'Aix-Marseille, « Du canon au ballon, le stade du Fort Carré d’Antibes », sur museedusport.fr (archivé sur Internet Archive)
  23. a et b (en-GB) Paul Doyle, « The forgotten story of ... the France football captain who murdered for Hitler », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  24. « Football : le seul hebdomadaire français exclusivement consacré au football / directeur Marcel Rossini », sur Gallica, (consulté le )
  25. Foot Universal, « Rétro Saison 1932 - 1933 : Antibes - SC Fives, un "VA - OM" avant l'heure ! », sur Foot Universal, (consulté le )
  26. « La Gazette 1932 - Les Cahiers du football || magazine de foot et d'eau fraîche », sur www.cahiersdufootball.net (consulté le )
  27. Quentin Mallet, « Alexandre Villaplane, capitaine de l'équipe de France et traître à la nation », sur La Revue d'Histoire Militaire, (consulté le )
  28. « Foot Nostalgie - Le cas Villaplane », sur footnostalgie.free.fr (consulté le )
  29. « Le Sud : journal républicain du matin », sur Gallica, (consulté le )
  30. « Le Sud : journal républicain du matin », sur Gallica, (consulté le )
  31. « Figaro : journal non politique », sur Gallica, (consulté le )
  32. « L'Auto-vélo : automobilisme, cyclisme, athlétisme, yachting, aérostation, escrime, hippisme / directeur Henri Desgrange », sur Gallica, (consulté le )
  33. « Le Miroir des sports : publication hebdomadaire illustrée », sur Gallica, (consulté le )
  34. « Revista CECAD Número 2 - Un Xeneize con calle propia - Superclásico Selección Nacional », sur calameo.com (consulté le )
  35. (es) « Valeré De Bevesconny - Trayectoria y Biografía de Entrenadores - Historia de Boca Juniors », sur historiadeboca.com.ar (consulté le )
  36. (en) « Subject Heading | Research Catalog | NYPL », sur Subject Heading | Research Catalog | NYPL (consulté le )
  37. « But-Club et le Miroir des sports / dir. Félix Lévitan », sur Gallica, (consulté le )
  38. Estado Argentino, Boletín Oficial de la República Argentina. 1964 2da sección, (lire en ligne)

Liens externes