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Aline Sitoé Diatta

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Aline Sitoé Diatta
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Biographie
Naissance
Décès
Surnom
Dame de KabrousseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité

Aline Sitoé Diatta, aussi appelée la « La Dame de Kabrousse », née en à Kabrousse, dans le sud du Sénégal, et morte en à Tombouctou, au Mali, est une héroïne de la résistance sénégalaise et particulièrement de la Casamance contre la colonisation française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Aline Sitoé Diatta naît en 1920 à Kabrousse, en Casamance, une région du sud du Sénégal, à l'époque colonie française au sein de l'Afrique-Occidentale française. Ses parents sont Silisia Diatta et Assonelo Diatta, mais elle est élevée par son oncle paternel Elaballin Diatta à la mort de son père.

Musée des traditions diolas à Mlomp (Casamance) : fétiches.

Pour gagner sa vie, elle se rend à Ziguinchor pour travailler comme docker. Durant la saison sèche, elle revient à Dakar et y trouve un emploi de bonne à tout faire. C’est à Dakar qu’elle entend des voix lui enjoignant de libérer son peuple de l’administration coloniale. Elle s'y refuse dans un premier temps, puis décide de revenir en Casamance. Elle y entraîne la population dans un mouvement de désobéissance civile[1],[2],.

Le chercheur Paul Diedhiou donne en 2011 une version différente de ce parcours singulier. Aline Sitoé Diatta serait une féticheuse qui aurait reçu, lorsqu'elle vivait à Dakar, la révélation d'un culte de la pluie appelé Kasarah. De retour à Kabrousse, « elle reçut l’ordre d’assumer les responsabilités de prêtresse du culte Kassarah, le nom du fétiche. Elle commence alors à lancer des appels à travers les villages proches », appels qui ameutent la population et font craindre, aux représentants locaux de l'administration coloniale, un mouvement de rébellion[3],[4],[5].

En 1943, le pouvoir français était fragilisé par son effondrement militaire du début de la Seconde Guerre mondiale et cette région diola était réputée réfractaire à toute forme d'autorité autre que la tradition clanique. Considérée comme dangereuse, Aline est arrêtée et jugée par l'administration coloniale française, puis déportée à Tombouctou, au Mali[5], où elle meurt de mauvais traitements en 1944 à l'âge de 24 ans, devenant une figure emblématique de la résistance casamançaise à la colonisation[6],[2],[7].

Hommages[modifier | modifier le code]

Le CEM Aline-Sitoé-Diatta à Oussouye.
Le ferry Aline-Sitoé-Diatta.

Son nom a été donné au campus social de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (la cité Aline-Sitoé-Diatta) réservé aux étudiantes, à un stade de Ziguinchor (le stade Aline-Sitoé-Diatta), ainsi qu'à diverses écoles et organisations.

Une exposition itinérante lui a été consacrée au Sénégal en 2007[8]. Elle est le sujet d'une œuvre du photographe portraitiste sénégalais Omar Victor DIOP, intitulée « Aline Sitoé Diatta, 1944 » (série « Liberty », 2017).

Le Aline Sitoé Diatta est le bateau qui assure depuis 2008 la liaison Dakar-Ziguinchor, en remplacement du Wilis, lui-même successeur du Joola, dont le naufrage a marqué les mémoires au Sénégal.

Le court-métrage À la recherche d'Aline réalisé par Rokhaya Marieme Baldé en 2020 est centré autour du personnage d'Aline Sitoé Diatta. Le court-métrage reçoit le prix du court-métrage documentaire à IndieLisboa (de) en 2021[9].

Sorti en 2020, le roman biographique Aline et les hommes de guerre de l'écrivaine Karina Silla raconte la vie d'Aline Sitoé Diatta.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Girard, Genèse du pouvoir charismatique en Basse Casamance (Sénégal), Institut fondamental d'Afrique noire, , p. 236-248.
  2. a et b Sylvia Serbin et Ravaomalala Rasoanaivo-Randriamamonjy, Femmes africaines, panafricanisme et renaissance africaine, Éditions de l'Unesco, (lire en ligne), p. 49.
  3. « Aline Sitoé Diatta n’est pas une héroïne mais une simple fétichiste », Leral.net,‎ (lire en ligne).
  4. « La figure emblématique d’Aline Sitoë Diatta est une invention intellectuelle », Seneweb,‎ (lire en ligne).
  5. a et b GEO avec AFP, « Sur les traces d'Aline Sitoé Diatta, mystérieuse héroïne anticoloniale sénégalaise », sur Geo.fr, (consulté le )
  6. Mohamed Lamine Manga, La Casamance dans l'histoire contemporaine du Sénégal, Editions L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-99307-5, lire en ligne), p. 40
  7. « Aline Sitoé Diatta, reine africaine contre les colons, une réhabilitation signée Karine Silla | TV5MONDE - Informations », sur information.tv5monde.com, (consulté le )
  8. « Expo Aline Sitoé DIATTA… : La dame de Cabrousse, symbole de refus et de paix », sur Seneweb.com, (consulté le )
  9. (en-US) « Here are the awarded films of IndieLisboa 2021 », sur IndieLisboa, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Brassart Laurent, Fredj Claire, Ramondy Karine, L'empire colonial français en Afrique. Métropole et colonies, sociétés coloniales de la conférence de Berlin (1884-1885) aux accords d'Evian de 1962, Bréal, coll. "Amphi Capes Agrégation", 2023, 318 p., chapitre "Contester l'ordre colonial (1885-1962)", pp.244-263
  • (en) Wilmetta Jesvalynn Toliver, Aline Sitoe Diatta: addressing historical silences through Senegalese culture, Ann Arbor, UMI Dissertation Services, 2002, 318 p. (thèse université Stanford, 1999)
  • (en) W. J. Toliver-Diallo, « The Woman Who Was More Than a Man: Making Aline Sitoe Diatta into a National Heroine in Senegal », Canadian Journal of African Studies, 2005, vol. 39, no 2, p. 338-360

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]