Gary Lee
Gary Philip Lee, ou Gurrulan de son nom aborigène de Terre d'Arnhem, est un artiste photographe connu principalement pour ses portraits d'hommes indiens et l'homoérotisme qui y transparaît.
Biographie
Gary Lee est né à Darwin en 1952, dans le pays larrakia (en)[1]. Il est Larrakia, et a des ancêtres filipino, allemands, écossais, chinois et japonais[2]. Après avoir quitté Darwin à 17 ans et avoir voyagé de Londres à Calcutta pendant quatre ans, il est parti étudier le stylisme à Sydney en 1981, puis est retourné à Darwin en 1993 où il a aussi étudié l'anthropologie[1]. Ouvertement gay, il a participé à la lutte contre l'épidémie du sida dans les communautés autochtones aux côtés du gouvernement local[1].
Œuvre
En 1991, Lee écrit la pièce de théâtre Keep Him My Heart, produite en 1993, qui explore les relations entre Aborigènes et Filipinos à travers une histoire d'amour[3].
Depuis 1993, Lee crée sa série Nice Coloured Boys, des portraits d'hommes, pris principalement dans la rue lors de voyages en Inde[2]. Ce projet s'enracine dans son séjour de deux ans à Calcutta dans sa jeunesse hippie, et la plupart de ses modèles sont de Varanasi[4]. Selon la critique Jacqui Durrant, toute l'œuvre de Lee a une certaine esthétique gaie qui interroge la manière dont la masculinité et l'ethnicité – indiennes, aborigènes, blanches australiennes – sont vues, et qui expose leur beauté et leur érotisme débordant l'hégémonie du regard masculin hétérosexuel blanc[2]. Dans certains clichés, Lee pose lui aussi à côté des autres hommes, mettant en relief sa propre identité ambiguë et invisibilisée, et laissant apparaître une complicité mutuelle à laquelle le spectateur est convié comme à un plaisir coupable, selon le critique Daniel Browning[5].
En 2023 est publiée une anthologie de l'œuvre artistique et anthropologique de Lee, coordonnée par son conjoint Maurice O'Riordan[6]. Selon le critique Tristan Harwood, cette anthologie met en lumière la réflexion sur le colonialisme au cœur de l'œuvre de Lee, et son idéal de vivre-ensemble interculturel se rapprocherait de la philosophie de la Relation d'Édouard Glissant[6].
Distinctions
Gary Lee a remporté le prix Works on Paper Award 2022 des Telstra National Aboriginal and Torres Strait Islander Art Awards (TNATSIAA) pour son œuvre Nagi, qui représente son grand-père[7].
Références
- Nicole Curby, « Larrakia artist Gary Lee explores male beauty in new NT gallery exhibition », ABC News, (lire en ligne, consulté le )
- Jacqui Durrant, « Just and Ordinary Boy — Gary Lee’s "On the Verge" », Art Monthly Australia, no 232, , p. 76–77 (lire en ligne, consulté le )
- Rita Metzenrath, « A Larrakia – Filipino Love Story », sur AIATSIS, (consulté le )
- « Gary Lee: Exercise boys », Art Monthly Australia, no 256, , p. 72 (DOI 10.3316/informit.970301587038856, lire en ligne, consulté le )
- Daniel Browning, « Gary Lee: The outsider », Artlink, vol. 30, no 1, , p. 80–82 (DOI 10.3316/ielapa.849187273860556, lire en ligne, consulté le )
- Tristen Ngalakgan Harwood, « Gary Lee: midling (Larrakia: Together) and Heat », Artlink Magazine, (lire en ligne, consulté le )
- Rosy Leake, « Telstra NATSIAA 2022 winners announced », sur Art Collector Magazine, (consulté le )
Liens externes
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Fiche personnelle dans les Australian Queer Archives
- Interview sur le rejet de son œuvre par cinq employés blancs d'un festival d'art aborigène