Pièces et main d'œuvre

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Pièces et main d'œuvre, souvent abrégé en PMO, est un groupe grenoblois engagé dans une critique radicale de la recherche scientifique, du complexe militaro-industriel, du fichage, de l'industrie nucléaire, des biotechnologies et des nanotechnologies[1],[2],[3]. Du fait de ses références bibliographiques, des textes qu'il publie et du type d'analyse qu'il développe, le collectif PMO participe de la mouvance technocritique.

PMO fait par ailleurs l'objet de nombreuses critiques quant à ses positionnements jugés essentialistes, misogynes, homophobes, transphobes, voire antisémites[4].

Historique

Ils dénoncent depuis 2000[5] les risques à la fois sociaux et environnementaux que feraient courir les nouvelles technologies tout en essayant d'analyser les conditions historiques et sociales qui permettent et favorisent leur mise en œuvre dans les sociétés contemporaines. Un des fondateurs et principaux animateurs du site est Yannick Blanc, ancien journaliste au magazine Actuel[6]. Le , ils ouvrent le site Web «  Aujourd'hui le nanomonde »[7] pour offrir un espace de débat public alternatif autour de la question des nanotechnologies à l'occasion du lancement par le gouvernement français d'un « débat public national sur les nanotechnologies » de quatre mois[8] qu'ils jugent comme « un simple exercice de légitimation sociale »[8]. Alors que PMO estime que « participer [à ce débat] c'est accepter les nanotechnologies », le président de la commission chargée d'organiser ce débat « souhaite que toutes les opinions, y compris celles qui voient dans les nanotechnologies l'avènement d'une société totalitaire, puissent s'exprimer »[8]. Pour PMO, les jeux sont déjà faits mais l'État « veut à tout prix éviter le “syndrome OGM”, c'est-à-dire “un rejet par l'opinion d'une révolution technologique qui révolutionne nos vies d'une façon qui ne nous convient pas” »[9].

PMO a consacré plusieurs textes aux activités de la « Silicon Valley européenne », surnom par lequel est souvent désigné Grenoble en raison des nombreux sites de R & D implantés sur son territoire, dont Minatec.

Le collectif cherche à « [faire] feu de tout bois pour dénoncer l'“emprise technicienne” »[10]. Leur approche est qualifiée de « technophobe » par leurs contradicteurs[11].

En 2010, les Big Brother Awards décernent un « Prix Voltaire » à PMO pour « son minutieux travail d’information et de réflexion sur les relents totalitaires des techno-sciences »[12].

Au sein des éditions L'Echappée, les publications de PMO sont réunies dans la Collection « Négatif » : « Négatif ! Comme on dit « non ! je ne marche pas ! » Refus de croire et d’obéir. Négatif. Parce qu’on ne peut qu’être contre tout, parce qu’il n’y a rien de bien dans une société négative dès son principe. Négatif. Comme l’envers, la réalité et la révélation des apparences pseudo-positives. Nous tâcherons d’être purement négatifs et d’exprimer ici les raisons de notre refus total. Verlaine à Rimbaud, le  : « J’en appelle à ton dégoût lui-même de tout et de tous, à ta perpétuelle colère contre chaque chose, juste au fond cette colère, bien qu’inconsciente du pourquoi. » »[13]

Technique et technologie

Contrairement à certains penseurs technocritiques, le groupe Pièces et main d'œuvre fait un distinguo entre la technique (du grec tekhnê), qui serait plutôt le savoir-faire et certains outils, « l'art de faire du feu ou un marteau[14][source insuffisante] », et la technologie qui aurait plus à voir avec le machinisme industriel et ce que Jacques Ellul appelait le système technicien.

Critique des techniques artificielles de reproduction

Pièces et main d’œuvre est critique des techniques artificielles de reproduction humaine et publie plusieurs textes et brochures portant sur ce sujet, notamment Ceci n'est pas une femme. À propos des tordus « queer ». Matthijs Gardenier, docteur en sociologie de l'université Paul-Valéry, écrit à propos de ce texte : « On constate ici que la critique de la technologie amène le courant "anti-tech" à s’inscrire dans une défense de la "naturalité" dans ce qui concerne la contraception, la PMA, la GPA, etc. », et ajoute : « Nous constatons ici que Pièces et main-d’œuvre, pourtant proche des milieux anarchistes et autonomes, se fait le relais de thématiques proches des argumentaires de la Manif pour tous… »[15]. Le groupe estime que les technologies reproductives sont eugénistes et critique la fécondation in vitro, arguant que la possibilité de choisir entre plusieurs embryons mène à ce que les trisomiques soient « éliminés à 97 % par diagnostic prénatal ». Pour PMO, la fécondation in vitro fait partie d'un programme dont la suite serait en attente d'un feu vert politique : « Bébés génétiquement modifiés ; création de gamètes artificiels à partir de cellules souches, permettant de s’affranchir du don de gamètes ; puis, à terme, utérus artificiel permettant d’éliminer toute contribution humaine »[16].

Publications

  • PMO, Nanotechnologies/Maxiservitudes, L'Esprit frappeur, 2006, 133 p. (ISBN 2844052266)
  • PMO, Terreur & Possession – Enquête sur la police des populations à l'ère technologique, éditions de L'Échappée, 2008, 280 p.
  • PMO, Le téléphone portable, gadget de destruction massive, éd. L'Échappée, 2008, 96 p.
  • PMO, RFID : la police totale - Puces intelligentes et mouchardage électronique, éd. L'Échappée, 2008 - réédition 2011, 110 p.
  • PMO, Aujourd'hui Le Nanomonde. Les nanotechnologies, un projet de société totalitaire, éd. L'Échappée, 2008, 430 p.
  • PMO, À la recherche du nouvel ennemi. 2001-2025 : rudiments d'histoire contemporaine, éd. L'Échappée, 2009, 220 p.
  • Jean Druon, Un siècle de progrès sans merci : Histoire, physique et XXe siècle, éd. L'Échappée, 2009, 280 p.
  • PMO, Techno, le son de la technopole, éd. L'Échappée, 2011, 94 p.
  • Frédéric Gaillard, L’industrie de la contrainte, éd. L'Échappée, 2011, 128 p.
  • Yannick Blanc, Les Esperados, Une histoire des années 1970, suivi de Le troupeau par les cornes, éd. L'Échappée, 2011, 304 p.
  • Frédéric Gaillard, Le soleil en face : rapport sur les calamités de l'industrie solaire et des prétendues énergies alternatives, éd. L'Échappée, 2012, 160 p.
  • PMO, François Ruffin, Fabrice Nicolino & Florent Gouget, Métro, boulot, chimio. Débats autour du cancer industriel, éd. Le Monde à l'envers, 2012, 176 p. (ISBN 978-2-9536877-8-1)
  • PMO, Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau !, suivi de Innovation scientifreak : la biologie de synthèse, éd. L'Échappée, 2013, 208 p.
  • Tomjo, L'enfer vert, éd. L'Échappée, 2013, 128 p.
  • PMO, Pour l'abolition de la carte d'identité, suivi de Contre le recensement, éd. Le Monde à l'envers, 2013, 32 p.
  • Alexis Escudero, La reproduction artificielle de l'humain, éd. Le Monde à l'envers, 2014, 230 p. (ISBN 979-10-91772-04-4)
  • PMO, Il faut vivre contre son temps, éd. Service Compris, 2014, 214 p. (ISBN 979-10-94229-00-2)
  • Yannick Blanc, Dans l’homme tout est bon (homo homini porcus), éd. Sens & Tonka, 2016, 96 p. (ISBN 978-2-84534-264-4)
  • PMO, Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme, éd. Service Compris, 2017, 348 p. (ISBN 979-1094229996)
  • PMO, Alertez les bébés ! Objections aux progrès de l’eugénisme et de l’artificialisation de l’espèce humaine, éd. Service compris, 2020, 152 p.

Filmographie

Notes et références

  1. À la suite de Jean-Pierre Berlan, PMO préfère utiliser le terme de « nécrotechnologies » : « Nous utilisons ce terme dans un sens élargi à toutes les technologies homicides (civiles et militaires) qui bourgeonnent depuis un siècle dans la cuvette grenobloise : électrochimie pour les gaz de combat, nucléaire, et maintenant, nano-bio-technologies. », « Glossaire » in Nanotechnologies/Maxiservitudes, L'Esprit frappeur, 2006, p. 126.
  2. Le site du CNRS le qualifie de « Site très contestataire [...] voulant alerter les citoyens sur les risques posés par les nouvelles technologies. » dans sa rubrique sources d'information.
  3. « Des activistes grenoblois contre les "nécrotechnologies" », Le Monde, 17 juin 2005.
  4. Le Poing, « Critique radicale du collectif Pièces et main d'œuvre. A propos du texte « Ceci n'est pas une femme (à propos des tordus queer) » », sur Le Poing, (consulté le )
  5. « Catalogue de PMO »
  6. Dorothée Benoist-Browaeys, « Nanotechnologies, le vertige de l'infiniment petit. Une industrie à l'échelle de l'atome », Le Monde Diplomatique,‎ (lire en ligne)
  7. « Aujourd'hui le nanomonde »
  8. a b et c « Nanoproduits : "Informer, écouter, rendre compte" », Le Monde, 14 octobre 2009.
  9. « Faut-il boycotter le débat public sur les nanotechnologies ? », Rue89, 15 octobre 2009.
  10. « Nanotechnologies, le vertige de l’infiniment petit », Le Monde diplomatique, mars 2006.
  11. « Rage against the machines », Libération, 21 juin 2007.
  12. « Big Brother Awards 2010 : Et 10 Prix pour les 10 ans, 10 ! », 12 mai 2010.
  13. « L'Echappée »
  14. Lettre au "Monde Libertaire", de PMO
  15. Matthijs Gardenier, « Le courant « anti-tech », entre anarcho-primitivisme et néo-luddisme » (consulté le )
  16. Lorène Lavocat et Émilie Massemin, « La PMA, un débat toujours en gestation chez les écolos » Accès libre, sur Reporterre, le quotidien de l'écologie, (consulté le )
  17. « dans le cadre d'une campagne contre la biologie de synthèse »

Voir aussi

Documentaire

Articles connexes

Liens externes