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Albert Dovecar

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Albert Dovecar
Honneur Fidélité : Tué par des balles françaises.
Biographie
Naissance

Tuzno, Yougoslavie
Décès
(à 24 ans)
Le Trou-d'Enfer - Marly le Roi
Nationalité
Allégeance

Légion Étrangère

OAS - Commando Delta
Activités
Autres informations
Membre de
Arme
Unité
1er REP
Grade militaire
Sergent
Conflit
Guerre d'Algérie
Condamné pour
complot contre la sûreté de l'État
Condamnation
Condamné à mort
Plaque commémorative

Albert Dovecar, né le à Tuzno dans l'ex-Yougoslavie, (aujourd'hui en Croatie) et mort fusillé au fort du Trou-d'Enfer à Marly-le-Roi le , était un sergent au 1er régiment étranger de parachutistes (1er REP) de la Légion étrangère.

Biographie

Sa famille a fuit le régime communiste yougoslave et émigre à Graz, en Autriche. Après avoir terminé ses études il décide de s'engager dans la Légion étrangère. Il signe son contrat le à Marseille, sous le nom d'emprunt de « Paul Dodevar », né à Vienne en Autriche le . Après son instruction de base à la 2e compagnie d’instruction du 1er régiment étranger de parachutistes à Mascara, il est affecté au 1er REP.

Il participe à la guerre d'Algérie. À Guelma, lors de la bataille des frontières en février 1958, il est pourvoyeur[1]. Il devient voltigeur, et se lie avec le lieutenant Roger Degueldre. Il se trouve dans la première compagnie commandée par le capitaine Sergent et le lieutenant Godot qui dirigeront l'OAS-Métro[2]. Le rapport du capitaine Baudoin, commandant la compagnie de passage du 1er régiment étranger sur les circonstances de son décès apportent des éléments sur sa vie. Il est cité le 14 mai 1958 à l'ordre de la Brigade et décoré de la croix de la valeur militaire, puis le 30 mai 1959 à l'ordre de la Division. Il est nommé caporal le 25 décembre 1958. Le 12 mai 1959 il est blessé pendant le combat d'Oued-el-Hamri.

Il retrouve son patronyme en même temps que sa nomination au grade de sergent, le . Il est alors le plus jeune sous-officier du régiment. Pendant les temps de repos à Zéralda, il est apprécié des légionnaires comme excellent pianiste aimant jouer du Chopin. Certains le surnomment "Bobby". Il fait partie des jeunes sous-officiers originaires des pays de l'Est, qui changent l'état d'esprit de la Légion[3].

Après la participation de son régiment au putsch des généraux du , il décide de rompre son contrat le en rejoignant l'Organisation de l'armée secrète (OAS)[4]. Il intègre les commandos Delta de l'OAS sous les ordres du lieutenant Roger Degueldre[5]. Chef du commando Delta 1, il organise l’assassinat du commissaire central d'Alger Roger Gavoury, poignardé par Claude Tenne, le . Recherché, il est appréhendé boulevard Marcel Duclos à Alger, avec cinq de ses compagnons, le , au PC de Degueldre. Il est conduit à la Caserne des Tagarins, quartier général des gendarmes mobiles d'Alger. Il y est torturé en même temps que ses compagnons pendant trois semaines. Comme l'a fait avant lui le légionnaire Marc Ténard, de peur de livrer les renseignements importants qu'il détient, il tente de se suicider en s'ouvrant les veines au moyen d'un décapsuleur[6]. Sa fiancée Michelle Gomez est également arrêtée ; sévèrement violentée et torturée, enceinte, elle perdra l'enfant d'Albert Dovecar. Elle sera libérée fin 1962[7].

Fichier:Degueldre Aux armes citoyen, 1er REP.png

Il est emprisonné à la Santé et y retrouve de nombreux légionnaires dont les membres du Commando Delta qu'il dirigeait. Il partage pendant un mois la cellule de Marc Ténard, ils se préparent à la mort. Le procès se déroule du 26 au 30 mars 1962.

À Paris le Tribunal militaire juge le légionnaire Herbert Pietri, le sergent Albert Dovecar, Claude Tenne, Claude Piegts, Paul Frapoli et Jacques Malmassari pour « participation à un complot formé en vue d’un attentat destiné à exciter les citoyens à s’armer les uns contre les autres, de meurtre avec guet-apens et de désertion à l’intérieur en temps de paix »[8]. Il est condamné à mort par la cour militaire de justice de même que Claude Piegts [9]. Ses compagnons du commando sont condamnés à la réclusion criminelle[10]. Tous crient "Algérie française" à l'énoncé du verdict et les légionnaires lancent leurs décorations dans le prétoire[11].

Le sergent Dovecar s'est rapproché de Dieu et accepte la mort calmement. Il écrit le 23 mai 1962 au Père Delarue, ancien aumônier du 1er REP : « Je n'ai pas beaucoup d'espoir mais je suis prêt, car le bon Dieu me donnera la force de mourir comme un soldat, surtout comme un légionnaire du 1er REP. Il y a des moments qui sont très durs dans ma détention, et j'ai l'impression de ne pas tenir le coup, mais après une prière tout va beaucoup mieux, car je sens dans mon coeur que le bon Dieu est près de moi et qu'il écoute mes prières[12]

Il sort de sa cellule le 7 juin à 2h30, coiffé de son béret vert, revêtu de sa tenue camouflée sur laquelle sont accrochées ses décorations, il noue autour de son cou le le foulard vert du 1er REP qui porte l'inscription : « On ne peut demander à un soldat de se parjurer. » Emmené avec Claude Piegts, ils sont assistés de leur aumônier et récitent le chapelet pendant les quarante minutes du trajet en fourgon cellulaire[13]. Il est fusillé le , au fort du Trou-d'Enfer en banlieue parisienne[14]. Il crie : « Vive l'Autriche ! Vive la Légion ! »Sa famille obtient le rapatriement de son corps en Autriche, pour l'inhumer définitivement le 12 Juillet 1962 au cimetière Saint-Pierre de Graz, carré numéro 8.

Trois mille six cent quatre-vingt personnes ont été jugées et condamnées pour leur participation à l'OAS ou à des activités connexes et 41 d'entre elles l'ont été à la peine capitale. Sur ces 41 condamnations, seules quatre ont été appliquées à l'encontre du lieutenant-colonel Jean Bastien-Thiry, responsable de l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle, du lieutenant Roger Degueldre, le chef des commandos Delta, de Claude Piegts et d'Albert Dovecar.

Il combattait pour que l'Algérie reste unie à la France
Il combattait pour que l'Algérie reste unie à la France

Services

  • Albert Dovecar s'engage dans la Légion étrangère
  • 14 mai 1958 il est cité à l'ordre de la Brigade, croix de la Valeur Militaire.
  • 25 décembre 1958 il est nommé caporal
  • 12 mai 1959 il est blessé au combat
  • 30 mai 1959 il est cité à l'ordre de la Division
  • , le sergent Dovecar déserte et rejoint Roger Degueldre dans les rangs de Delta 1

Notes, sources et références

  1. Pierre Sergent, Je ne regrette rien, Le Livre de Poche, 1974, 569 p. Chapitre 23, Les Centurions à Guelma, p. 396.
  2. « Le lieutenant GODOT et l'adjudant ROBIN sont condamnés à vingt ans de réclusion criminelle le lieutenant BERNARD à dix ans », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Claude Tenne, Mais le diable marche avec nous, éd La TableRonde, 1968, 253 p., pp. 63-67.
  4. « Deltas & Collines :: D :: Sergent_Albert_DOVECAR », sur deltas-collines.org (consulté le )
  5. « Deltas & Collines :: Lieutenant Roger DEGUELDRE », sur deltas-collines.org (consulté le )
  6. « Deltas & Collines :: TORTURES subies aux TAGARINS », sur deltas-collines.org (consulté le )
  7. « Deltas & Collines :: Michelle GOMEZ », sur deltas-collines.org (consulté le )
  8. « L'avocat général suggère discrètement la peine de mort contre Dovecar et Piegts mais il leur reconnaît des "mobiles idéologiques" », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Deltas & Collines :: Claude PIEGTS », sur deltas-collines.org (consulté le )
  10. « • Le légionnaire Dovecar et Claude Piegts : peine de mort • Les légionnaires Tenne et Petri : réclusion perpétuelle • Malmassari : dix ans de réclusion criminelle • Frapolli : cinq ans de prison avec sursis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « • Le légionnaire Dovecar et Claude Piegts : peine de mort • Les légionnaires Tenne et Petri : réclusion perpétuelle • Malmassari : dix ans de réclusion criminelle • Frapolli : cinq ans de prison avec sursis », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Deltas & Collines :: Son courrier :: LETTRE_DOVECAR_23_MAI_62_1 », sur deltas-collines.org (consulté le )
  13. « Deltas & Collines :: Souvenirs de Jacques ZAJEC », sur deltas-collines.org (consulté le )
  14. « Récit de l'exécution de Dovecar et Piegts »

Article connexe