The Guardian

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The Guardian
The Manchester Guardian
Image illustrative de l’article The Guardian

Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Langue Anglais
Périodicité Quotidienne
Format Grand format (1821-2005)
Berlinois (2005-2018)
Tabloïd (2018-)[1]
Genre Généraliste
Prix au numéro £ (3,70  en France)
2,90 £ (le weekend)
Diffusion 185 313 ex. (juin 2014)
Fondateur John Edward Taylor
Date de fondation 1821 (The Manchester Guardian)
Ville d’édition Londres

Propriétaire Groupe Guardian Media
Rédacteur en chef Katharine Viner[1]
ISSN 0261-3077
OCLC 60623878
Site web theguardian.com

The Guardian /ðə ˈɡɑːdɪən/[2] (litt. « Le Gardien » en anglais) est un journal d’information britannique fondé en 1821 à Manchester par John Edward Taylor.

Il traite de l'actualité internationale et de la vie politique, économique, sociale, et culturelle.

Sa ligne éditoriale est de centre-gauche[3] et gauche [4].

Depuis 1936, il n'a plus d'actionnaires classiques, ce qui en fait une exception dans le paysage médiatique britannique. Il est détenu par le Scott Trust, une fondation dont l'unique mission est de défendre l'indépendance de ses journalistes [5].

The Guardian est considéré comme un journal de référence au Royaume-Uni[3]. Il a révélé des scandales majeurs comme l'Affaire Rupert Murdoch ou l'Affaire Edward Snowden.

Selon une enquête menée en 2020, il est le journal dans lequel les britanniques affirment avoir le plus confiance [6].

Son site accueille plus de 150 millions de visiteurs uniques par mois, dont les deux tiers viennent de l'étranger, et en premier lieu des États-Unis, d'Inde, d'Australie, du Canada, de France, d'[7]Allemagne et d'Israël [8]. Le lectorat du Guardian est ainsi l'un des plus cosmopolites au monde.

Le siège du journal est basé à Londres. Sa rédactrice en chef est Katharine Viner.

Histoire

Fondateurs

Le journal, initialement appelé Manchester Guardian and Evening News Limited, est fondé en 1821 par John Edward Taylor (1791-1844). Cet homme d'affaires est très différent de la plupart des riches de son époque.

Il est choqué par le massacre de Peterloo, dans lequel les forces de l'ordre répriment très violemment une manifestation pacifiques d'ouvriers qui demandaient le droit de vote. Témoin du bain de sang et écœuré par la couverture du massacre dans la presse conservatrice, il entreprend de proposer une contre-source fiable[9].

Le premier numéro parut par pur hasard le , jour même du décès de Napoléon Ier.

Le journal acquiert la reconnaissance nationale et internationale sous la direction de Charles Prestwich Scott (1846-1932), qui rachète le journal en 1907 après la mort de John Edward Taylor fils (1830-1905).

C. P. Scott promet que les vœux du fondateur seront respectés, ceci en défendant l'indépendance du Guardian.

Ces principes sont résumés en une phrase, dans un article souvent cité, publié à l'occasion du centenaire du journal : « Comment is free, but facts are sacred... The voice of opponents no less than that of friends has a right to be heard. (Les opinions sont libres, mais les faits sont sacrés... La voix des opposants, non moins que celle des amis, a le droit d'être entendue.) »

Scott, tout en restant propriétaire du Guardian, passe plus tard la main à ses fils, John et Edward.

Ceux-ci, afin d'assurer la pérennité de l'indépendance journalistique du journal, s'accordent sur le fait que si l'un d'eux meurt, l'autre devra racheter la part du premier. C. P. Scott meurt en 1932, suivi quatre mois plus tard d'Edward, laissant John Russel Scott seul propriétaire du journal.

En 1936, celui-ci crée un trust d'actionnaires auquel il confie la propriété du Manchester Guardian, ainsi que du très lucratif Manchester Evening News, pour protéger l'indépendance de la rédaction des deux quotidiens. L'un des trustees des deux quotidiens, William Haley, est administrateur de la Press Association et de Reuters : il propose d'utiliser le même mécanisme[10] pour l'agence de presse britannique.

Mutations du quotidien depuis les années 1990

Le siège actuel du Guardian (2012).

En 1993, The Guardian rachète le journal dominical The Observer. En 1994, il subit davantage la concurrence du Times et du Daily Telegraph, et doit baisser son prix de vente.

Depuis 1990, il existe une édition européenne du Guardian, composée de 24 pages et vendue dans 16 pays d’Europe, ainsi qu’en Israël : elle contient des articles de la rédaction londonienne et des traductions issues d’articles de journaux européens, dont Le Monde. Le tirage de The Guardian se monte à 400 000 exemplaires.

Sous l'impulsion du journaliste Simon Rogers, le Guardian développe à partir du 2009 le journalisme de données avec une section entière sur son site internet et devient l'un des leaders mondiaux dans le domaine[11].

En 2013, un tiers des visiteurs du site TheGuardian.com sont au Royaume-Uni, un tiers aux États-Unis et un tiers dans le reste du monde[12].

Fin , une nouvelle version du site du Guardian est lancée, après plusieurs mois de version « beta » ouverte au public au cours desquels les commentaires des utilisateurs ont été pris en considération pour améliorer la mise en page[13],[14]. Fin , Katharine Viner succède à Alan Rusbridger[15]. Elle devient le 12e rédacteur en chef du quotidien et la première femme à atteindre ce poste[16]. En , The Guardian annonce la suppression de 250 postes sur trois ans[17].

Ancrage dans le paysage politique

L'ancien siège du Guardian (2004).

The Guardian se caractérise par une volonté de liberté et d’indépendance, au risque de heurter son lectorat : en 1956, une année après être devenu quotidien, il critique le gouvernement Eden lors de la crise du canal de Suez, ce qui entraîne la résiliation de nombreux abonnements.

En 1979-1980, il profite largement de la crise que connaît The Times, qui cesse de paraître pendant onze mois. Si les positions de The Guardian en matière de politique extérieure se font plus modérées comme lors du conflit des Malouines[précision nécessaire], il est le seul organe de la presse de qualité à appeler à voter pour le Parti travailliste entre 1987 et 2010.

Le journal se réclame du centre gauche et de la tendance représentée par Tony Blair[18].

Fin , The Guardian publie un éditorial dans lequel il soutient formellement les Libéraux-Démocrates[19]. Lors des élections législatives britanniques de 2015, il soutient à nouveau les travaillistes[20]. Il se montre par la suite très hostile à Jeremy Corbyn, nouveau président du parti et issu de son aile gauche[21].

The Guardian se montre très critique à l'égard du journaliste australien Julian Assange, qu'il accuse d'avoir pris part à un complot russe visant à manipuler l'élection présidentielle américaine. Le journal s'excuse en 2019 pour les fausses informations diffusées dans ses pages à ce sujet[18].

Concernant l'actualité internationale, le site d'investigation Declassified UK relève que The Guardian est généralement alignée sur la politique extérieure des États-Unis et du Royaume-Uni, dont les actions sont présentées comme plutôt bénéfiques pour le droit international et les droits de l'homme, tout en analysant la politique de certains États rivaux comme la Russie et la Chine sous un angle plus critique, voire dénigrant. Ainsi, le quotidien britannique se montrerait indulgent envers des régimes autoritaires ou dictatoriaux proches du Royaume-Uni et silencieux sur le rôle des services de renseignement occidentaux dans la déstabilisation de certains États, tout en étant prolixe sur les actions d'ingérences attribuées à Moscou ou aux manquements aux droits de l'homme dans des pays tels que la Syrie ou la Corée du Nord. Néanmoins, parmi les principaux titres de la presse britannique, The Guardian reste le plus critique envers son pays, notamment à travers sa couverture du rôle des paradis fiscaux britanniques dans l'évasion fiscale au niveau international, ou encore à travers sa lecture critique de l'histoire de l'Empire colonial britannique[22].

Représentations populaires

Avant la fondation de The Independent, le Guardian a longtemps été le seul quotidien à présenter une ligne éditoriale pro-travailliste (Labour). Il est donc réputé être le journal de référence de l'intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes, surtout dans Londres, au point que lorsque les conservateurs veulent qualifier quelqu'un d’« intello de gauche », ils disent que c'est un « lecteur du Guardian ».

Néanmoins, il couvre un sport populaire comme le rugby à XIII, sport du Nord industriel anglais, plutôt délaissé par les catégories aisées en Grande-Bretagne qui lui préfèrent le rugby à XV.

Avant l'informatisation, le Guardian était réputé pour ses coquilles en tous genres, ce qui lui avait valu le surnom de « Grauniad »[23]. Le journal possède même l'URL « Grauniad.co.uk » qui renvoie à son site.

Partenariat

L'hebdomadaire The Guardian Weekly diffuse une version en anglais du mensuel français Le Monde diplomatique depuis 1999[24].

Pressions et censures

En , lors des révélations d'Edward Snowden, le Guardian reçoit une DA-Notice à laquelle il refuse d'accéder[25].

Prix et récompenses

Le , The Guardian et The Washington Post reçoivent le prix Pulitzer pour leur édition américaine consacrée aux révélations d'Edward Snowden sur la NSA [26].

En 2015, le journaliste Martin Chulov remporte le prix Orwell pour sa couverture du Moyen-Orient [27]

En 2019, la journaliste Carole Cadwalladr se voit décerner le prix de Reporters Sans Frontières pour ses travaux sur l'influence de facebook et du big data sur les campagnes électorales [28]

En décembre 2021, la rédaction américaine du Guardian gagne le Prix National de la Presse pour son enquête sur les soignants victimes du Covid 19[29].

En novembre 2022, il remporte le prix du meilleur journal décerné par la Fédération des Associations de Supporters de Football [30]. Le même mois, il se voit décerné le prix technologie des British Journalism Awards pour son enquête sur le lobbying et les actions illégales de Uber[31].

Notes et références

  1. a et b Éric Albert, « À la recherche d’un modèle économique, le « Guardian » passe au format tabloïd », Le Temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Prononciation en anglais britannique retranscrite selon la norme API.
  3. a et b Courrier International, « The Guardian »
  4. Catherine Moroy, « L’opinion publique et les journaux de qualité en Grande-Bretagne », sur Books Open Edition
  5. Eric Albert, « Comment le Scott Trust garantit l’indépendance du « Guardian » », sur The Guardian,
  6. « PAMCo: publisher reaction », sur In Publishing,
  7. (en) The Guardian is now the world's third most read newspaper website, The Guardian, juin 2012 (lire en ligne).
  8. Éric Albert, « À la recherche d’un modèle économique, le « Guardian » se mue en tabloïd », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Marion Leclair, « Les fantômes de Peterloo », sur Le Monde diplomatique, .
  10. (en) Michael Nelson, Castro and Stockmaster, page 188.
  11. Pablo René-Worms, « Les coulisses du journalisme de données », Le Point,‎ (lire en ligne).
  12. (en) Laura Hazard Owen, « One-third of the Guardian’s readers are American, with US traffic up 37% last year », Gigaom.com,‎ (lire en ligne).
  13. (en) John Brownlee, « The Guardian Rolls Out A Redesign, With Input From Thousands Of Readers », Fast Company,‎ (lire en ligne).
  14. (en) Wolfgang Blau, « Welcome to the new Guardian website », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  15. (en) Alan Rusbridger, « ‘Farewell, readers’: Alan Rusbridger on leaving the Guardian after two decades at the helm », sur TheGuardian.com, (consulté le ).
  16. (en) « Guardian Names Katharine Viner as Editor », sur The New York Times, (consulté le ).
  17. « The Guardian » supprime 250 emplois, Le Monde, 28 mars 2016.
  18. a et b « Affaire Assange : le mea culpa salutaire du "Guardian", qui avait fantasmé un complot russe », sur Marianne, .
  19. Kylie MacLellan, Le Guardian et le Times retirent leur soutien aux travaillistes, Le Point, 1er mai 2010.
  20. (en) « The Guardian view: Britain needs a new direction, Britain needs Labour - Editorial », The Guardian, 1er mai 2015 (lire en ligne).
  21. « Sabotage, danger, pirates, françafrique », sur Le Monde diplomatique,
  22. (en) Mark Curtis, « Like billionaire-controlled media, The Guardian misinforms its readers on the UK’s role in world », sur Daily Maverick,
  23. (en) Surely shome mishtake?.
  24. Alain Gresh, Free spirits, Le Monde diplomatique, 1er août 2007.
  25. Robin Andraca, « Le gouvernement britannique a-t-il demandé à la BBC de ne pas parler des gilets jaunes ? », sur Libération (Checknews), (consulté le ) : « Plus récemment, en 2013, le Guardian avait reçu une DA-Notice au moment de la publication des révélations d’Edward Snowden. Ce qui n’avait pas empêché le quotidien anglais de publier quantité d’articles, dont certains portant spécifiquement sur l’ampleur des renseignements collectés par les services secrets britanniques. ».
  26. « Les révélations d'Edward Snowden récompensées par un prix Pulitzer », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. « Guardian journalist wins Orwell prize for Middle East coverage », sur The Guardian, fri 22 may 2015
  28. « Carole Cadwalladr wins Reporters Without Borders L’Esprit de RSF prize for Cambridge Analytica reporting », sur The Guardian, fri 9 nov 2018 09.45 gmt
  29. « The Year-Long Investigative Project Chronicles the Lives of More than 3,600 Health Care Workers Who Died of COVID-19 », sur KHN and Guardian US Win National Press Club Award for “Lost on the Frontline”,
  30. Guardian wins at Football Supporters’ Federation Awards, « Guardian wins at Football Supporters’ Federation Awards », sur 15 Nov 2022
  31. « Guardian wins at the British Journalism Awards », sur The Guardian,

Voir aussi

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Collaborateur du Guardian.

Articles connexes

Liens externes

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