Années 1970 en mode

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Ensembles-pyjamas d'Yves Saint Laurent (rouge et vert, à gauche, vers 1970) et Halston (bleu, à droite, 1976).

Les années 1970 voient de profonds changements dans la mode par rapport à la décennie passée. Alors que Londres insufflait les tendances de la mode des années 1960, New York et les États-Unis deviennent le centre de la mode. Globalement, deux courants dominent le monde occidental : les vêtements fantaisie représentant une mode permissive et les tenues faciles à porter, dans la lignée du prêt-à-porter. Les vêtements unisexes se répandent avec, en premier lieu, le jeans. Plusieurs styles marqués et anti-conformistes se succèdent en quelques années, tels ceux issus du mouvement hippie, du punk, du glam-rock ou du disco. Des créateurs de mode sont au premier plan comme le français Yves Saint Laurent ou l'américain Halston.

Hot pants, short extrêmement court, tente de s'imposer mais se voit finalement réservé à quelques audacieuses[1]. Le jeans, de styles variés mais souvent unisexes, touche toutes les générations même s'il est alors plutôt réservé aux jeunes. Les chaussures à plateforme, empêchant les jupes longues et pantalon à pattes d'éléphant de toucher le sol, est un symbole de l'époque[2]. Si, jusque là, la mode homme est relativement uniforme, elle se colore, se diversifie et gagne en fantaisie durant ces années, perdant sa virilité : le vert, le orange ou le grenat deviennent des teintes masculines ; le sous-pull est très présent dans le vestiaire ; les cols des chemises sont pointus et les cravates larges, lorsqu'elles ne sont pas remplacées par un foulard[3],[4].

Le festival de Woodstock d' et le festival d'Altamont marquent l'apogée avant le déclin prochain du mouvement hippie ; mais ses influences vestimentaires sont ancrées. Les tendances sont colorées, fantaisies, folkloriques et parfois exubérantes[5]. L'Asie reste source d'inspirations et de détournement même si finalement, le métissage culturel de toutes origines est omniprésent[6]. Les hippies remettent au gout du jour un travail artisanal du vêtement en autoproduction, avec le tricot, crochet ou des ornementations faites maison, chargés d'inspirations exotiques. Les vestes afghanes, tuniques aux manches évasées, jupes très longues, foulards, motifs abstraits ou incrustation de perles sont habituels, sans qu'une réelle mode soit définie[7],[8], car trop Adlib[9] : les hippies « inventent une esthétique vestimentaire »[10]. Tout ceci, réinterprété par les stylistes et les enseignes commerciales, va se retrouver dans certaines collections parfois appelées « hippie chic »[11],[12]. Mais ce penchant s'épuise presque définitivement dès le milieu de la décennie[13].

Les mannequins ont abandonné la fausse candeur qui les caractérisait lors des années 1960. Leur image est plus sophistiquée et tous montrent une santé acquise par l'exercice physique[14]. Jean Muir (en) ou Ossie Clark (en), déjà tous deux sur le devant de la scène lors de la décennie précédente, présentent des collections remarquées[15]. Mais l'influence des stylistes tend à baisser, la mode apparait comme plus permissive et plus individualiste[16]. Didier Grumbach développe le concept de « créateur de mode » pour toute une nouvelle génération de stylistes et fonde son entreprise « Créateurs & Industriels » avec Andrée Putman : parmi cette « génération », il y a tout d'abord Jean-Charles de Castelbajac, Emmanuelle Khanh, Christiane Bailly, Adeline André ou encore le japonais Issey Miyake[17] qui lance sa marque en 1971 et dont les collections sont présentées à New York puis à Paris deux ans plus tard. « Oubliez les règles ; c'est vous qui les faites et qui les défaites » écrit le Vogue anglais[18]. Ce non-conformisme met à mal les tailleurs anglais de Savile Row ; seul Tommy Nutter, cassant les codes conventionnels, tire son épingle du jeu[19]. Durant les années 1970, la capitale de la mode bascule de Londres vers New York, Manhattan même. Les Italiens sont également actifs, surtout pour leur industrie de la mode[n 1] dynamique à Rome, Florence et surtout Milan. La maille italienne, symbolisée par le succès constant de Missoni ces années là, est florissante[6],[20].

Beatrix Miller devient rédactrice en chef du British Vogue en 1964. Pendant sa carrière à ce poste, elle ne cesse de pousser de jeunes créateurs de son pays, souvent issus du Royal College of Art, tel Bill Gibb (en), un styliste habitué au mélange de techniques et nommé « styliste de l'année » par Vogue en 1970, ou Zandra Rhodes qui a débuté quelques années auparavant[15],[21]. Halston, avec ses créations minimalistes, classiques et confortables, possède une clientèle prestigieuse de Liza Minnelli à Jacqueline Onassis, Bianca Jagger ou Marisa Berenson[6]. Calvin Klein, avec beaucoup de matières naturelles, ou Geoffrey Beene développent leur prêt-à-porter américain, élégant et pratique. Ralph Lauren commercialise pour la première fois ses chemises pour femmes avec le logo du joueur de polo[22]. De son côté, Rudi Gernreich développe une mode unisexe, tout comme Jacques Esterel dès 1970[23] avec entre autres des ensembles pantalon ou la robe pour homme[n 2] : il déclare être contre toute « ségrégation du sexe »[24]. La publicité prend alors l'habitude de présenter simultanément hommes et femmes habillés de la même façon[25]. Par cette standardisation unisexe, le vêtement perd sa connotation érotique et le marché de la lingerie féminine en souffre[26].

La crise pétrolière de 1973 annonce la fin des Trente Glorieuses. Inflation, récession et crise économique font remonter des idées rétro[n 3], utilisant les années d'avant-guerre (dont le costume trois-pièces) ou des costumes professionnels comme le cow-boy ou 197|id=VM1}}.jejcmd

Chronologie sélective

1970

1971

1972

  • Collection vériée et éclectique de Dorothée Bis.
  • WWD nomme Sonia Rykiel « reine mondiale du tricot »[7].
  • Commercialisation du parfum « YSL pour homme ».

1973

1974

  • pour
  • .

1976

  • Tokyo.

Hall.

1979

Notes

  1. Industrie italienne surtout pour le cuir, mais aussi les textiles comme la soie, le lin ou la laine.
  2. Robe pour homme bien avant Jean Paul Gaultier, et qui sera un échec pour Jacques Esterel.
  3. À cette époque, Karl Lagerfeld va utiliser le style Art déco, mais aussi celui des années 1930 ou 1940.

Références

  1. Mendes et de la Haye 2011, p. 205.
  2. Mendes et de la Haye 2011, p. 209.
  3. Örmen 2000, p. 438 et 459.
  4. Porcher 2015, p. 98 à 99.
  5. Örmen 2000, p. 448 à 449.
  6. a b et c Watson 2000, p. 66.
  7. a et b Bruna et Demey 2018, p. 418.
  8. Porcher 2015, p. 91 à 92.
  9. Örmen 2000, p. 448.
  10. Porcher 2015, p. 90.
  11. Mendes et de la Haye 2011, p. 194.
  12. a et b Porcher 2015, p. 93.
  13. Örmen 2000, p. 440.
  14. Mendes et de la Haye 2011, p. 213.
  15. a et b Watson 2000, p. 64.
  16. Mendes et de la Haye 2011, p. 192.
  17. Örmen 2000, p. 442 à 443.
  18. Watson 2000, p. 62.
  19. Mendes et de la Haye 2011, p. 212.
  20. Mendes et de la Haye 2011, p. 192, 201, 204.
  21. Mendes et de la Haye 2011, p. 214 à 216.
  22. Mendes et de la Haye 2011, p. 205 à 208.
  23. Bruna et Demey 2018, p. 414.
  24. Porcher 2015, p. 104.
  25. Porcher 2015, p. 105.
  26. Örmen 2000, p. 438.
  27. Bruna et Demey 2018, p. 422.
  28. Mendes et de la Haye 2011, p. 208.

Sources

  • Catherine Örmen, Modes XIXe et XXe siècles, Paris, Éditions Hazan, , 575 p. (ISBN 2-85025-730-3), p. 438 et sv. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Linda Watson (trad. de l'anglais), Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Paris, Éditions Hors Collection, , 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), « 1970-79 ». Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Valerie Mendes et Amy de la Haye (trad. de l'anglais par Laurence Delage, et al.), La mode depuis 1900 [« 20th Century Fashion »], Paris, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », , 2e éd. (1re éd. 2000), 312 p. (ISBN 978-2-87811-368-6), « 7 et 8 ». Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Guénolée Milleret (préf. Alexis Mabille), Haute couture : Histoire de l'industrie de la création française des précurseurs à nos jours, Paris, Eyrolles, , 192 p. (ISBN 978-2-212-14098-9, lire en ligne), « La haute couture en question. 1960-2000 ». Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Joëlle Porcher, Vichy, mini, bikini : la mode au temps des trente glorieuses, Carbonne, Loubatières, , 124 p. (ISBN 978-2-86266-728-7), « 1969-1975 ». Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Denis Bruna (dir.), Chloé Demey (dir.), Sophie Lemahieu et al., Histoire des modes et du vêtement : du Moyen Âge au XXIe siècle, Paris/91-Palaiseau, Éditions Textuel, , 503 p. (ISBN 978-2-84597-699-3), « 1965-1980 : un nouveau rapport au vêtement ». Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Design Museum et Paula Reed, Fifty Fashion Looks that Changed the 1970s, Londres, Conran Octopus, coll. « Fifty Fashion Looks », , 112 p. (ISBN 978-1-84091-605-8)

Articles connexes