Poterie

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Tournage artisanal dans une poterie au Népal, le tour est entraîné par un baton.
Cruche en poterie partiellement vernissée, Pays basque.

Historique

Tesson de Poterie Néolithique - Muséum de Toulouse.
Poteries des femmes Songhay, Gorom-Gorom, Burkina Faso.

Espérance :

« Ils sont tous potiers, chaque famille faisant ses propres vaisseaux. Ils se servent pour cela de terreau de fourmillière, qu'ils nettoient avec soin, & qu'ils pétrissent ensuite avec des œufs de fourmi, qui font un ciment admirable, & qui donnent à la matière un noir de jais qui ne se perd jamais »

— Savary des Bruslons, 1765[1]

Techniques de façonnage

Tournage sur un tour électrique.

La fabrication d'une poterie commence par le mélange des terres (argile, marne, silice). Les matériaux sont malaxés, soit manuellement (foulage), soit mécaniquement. La pâte obtenue est conservée au repos (pourrissage) durant une période qui varie de quelques semaines à quelques mois.

Il existe 6 techniques différentes pour donner au matériau la forme définitive désirée :

Modelage

Technique la plus primitive, le modelage est la mise en forme d'une boule de terre par la pression des doigts.

Estampage et calibrage

De petites portions de terre sont appliquées sur ou à l'intérieur d'un objet existant (calebasse, ancien pot cassé...) et la terre est ensuite lissée.

La version industrielle de ce procédé se nomme calibrage. La pâte malléable est placée dans un moule en rotation puis pressée contre les parois grâce à l'action d'un calibre introduit mécaniquement[2].

Montage au colombin

Le colombin est un cylindre de terre long et étroit roulé sur une table sous la paume des mains. Les colombins sont assemblés pour élaborer une pièce.

Cette technique, relativement rapide, permet d'obtenir de très grandes pièces, de formes totalement libres. Cette technique est couramment utilisée par les peuplades primitives et les artistes céramistes.

Les pièces réalisées par cette technique sont cependant lourdes. Elles peuvent être affinées en utilisant une planchette et un galet pour comprimer la terre et modeler la forme de la pièce. Le galet est positionné à l'intérieur de la pièce, au contact de la terre, et la planchette permet de marteler la paroi.

Montage à la plaque

Des plaques de terre sont réalisées à l'aide d'un rouleau puis assemblées à la barbotine.

Cette technique est rapide, mais ne permet de faire que des pièces géométriques. On peut cependant obtenir des formes cylindriques en roulant la plaque et en assemblant les deux extrémités opposées.

Tournage artisanal en Turquie, Gülşehir, Cappadocce: le tour est entraîné par les pieds du potier.

Tournage

La technique la plus perfectionnée est celle du tournage. Elle nécessite cependant un apprentissage prolongé. Cette technique a fait son apparition aux alentours de 4000 ans av. J.-C., révolutionnant la poterie en permettant d'obtenir rapidement des formes beaucoup plus régulières et des pièces beaucoup plus légères.

Le tournage se compose d'un plateau rotatif appelé girelle. Après avoir disposé une motte d'argile au centre du plateau, le potier centre sa terre puis la façonne pendant sa rotation.

Lorsque la pièce tournée a pris la consistance « cuir », le tourneur rectifie les imperfections et creuse le pied de la poterie ; il s'agit du tournassage. Cette opération est suivie, le cas échéant par l'« ansage » (pose des anses) et la gravure de la pièce selon le modèle choisi.

Le tournage ne permet d'obtenir que des pièces de révolution, qui peuvent cependant être déformées avant séchage complet.

Moulage ou coulage

Vase-étrier obtenu par moulage représentant un chaman aveugle méditant. Il porte dans le dos son sac à herbes. Période Mochica III-IV. Pérou, vers 400 apr. J.-C.

Dans le procédé de moulage, la terre n'est plus sous forme pâteuse, mais sous forme liquide par adjonction d'eau et de défloculant. Ce mélange de poudre fine d'argile et d'eau se nomme barbotine.

Un moule en plâtre ou en terre cuite est utilisé pour définir l'extérieur de la forme, le plâtre a pour caractéristique d'absorber l'eau.

La barbotine est introduite dans le moule. Après quelques minutes de prise, l'excédent de barbotine est vidé.

L'eau de la barbotine se transfère dans le plâtre, et la densité de la barbotine augmente à proximité des parois. La pièce est démoulée après séchage, opération facilitée par le retrait produit par l'évaporation de l'eau. Les pièces complexes comportent des moules séparables en plusieurs parties.

On peut également utiliser des plaques pour remplir les moules, il suffit alors de coller plusieurs plaques à l'intérieur du moule puis de démouler après avoir attendu que les plaques se solidifient légèrement. Cette technique, plus rapide, évite l'attente de la solidification de la barbotine.

Techniques de cuisson

Pour la cuisson, les différentes pièces obtenues sont disposées dans un four à une température de 850 à 1 000 °C pendant environ 8 heures. Dans le cas de poteries destinées à recevoir un décor comme la faïence, on obtient alors le « biscuit ».

Les températures de cuisson vont de 850 °C à 1 150 °C selon la nature de la terre utilisée. La température dépend de la proportion d'oxydes métalliques, de sels alcalins ou acides, contenus dans la terre. Une terre fortement chargée cuit à température plus basse.

Les pièces peuvent être décorées au pinceau à l'aide d'oxydes métalliques, broyés et dilués, de différentes couleurs. Le biscuit ainsi décoré est trempé dans des bains d'émail. Une fois décorée et émaillée, la pièce subit une nouvelle cuisson à 960 °C durant 5 heures pour la faïence.

Décor d'engobes colorés sur une poterie en forme de panthère d'eau. Céramique Underwater Panther, culture Mississipienne, Arkansas, États-Unis 1400-1600

La poterie reste poreuse après cuisson, c'est-à-dire qu'elle peut absorber de l'eau et est sensible au gel. Cela la distingue du grès qui, comme la porcelaine, est totalement vitrifié. Cette porosité offre deux avantages : la conservation des liquides frais par évaporation superficielle et la résistance au feu direct permettant de l'utiliser comme ustensile de cuisson. Ces deux caractéristiques expliquent son intérêt pour les sociétés primitives.

Techniques de finition et de décoration

Bien que de nombreuses poteries soient restées naturelles, il est fréquent de les trouver décorées de motifs géométriques. Dans le cas de représentations zoomorphes ou anthropomorphes, ces motifs sont stylisées et s'adaptent à la surface complexe du support.

Les motifs sont produits par l'ajout, partiel ou total, d'un engobe ou d'un émail pour les poteries vernissées. Le motif peut être exécuté par un procédé mécanique, scarification ou gravure de la surface ou bien par une réaction chimique après masquage de certaines parties.

Le décor peut être également réalisé après cuisson à l'aide de peintures industrielles. Ces pièces peintes, peu résistantes, sont réservées aux usages décoratifs ou cultuels. On les retrouve aussi bien dans les statuettes d'Amérique du Sud destinées à la fête des morts que dans les représentations des autels familiaux indiens.

Notes

Références

  1. [Savary] Jacques Savary des Brûlons et Philémond-Louis Savary (frère du premier, révision et augmentations), Dictionnaire universel de commerce, t. 5, Paris, veuve Estienne (dont une des premières éditions date de 1723), sur books.google.fr (OCLC 22885106, lire en ligne), p. 1130.
  2. [Bonnot 2000] Thierry Bonnot, « Des produits industriels, de l'ustensilité à l'esthétique »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur culture.gouv.fr, , p. 18-19.

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes