Bantous

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Répartition des langues bantoues (en brun) au sein des langues «Niger Congo»

On nomme Bantous (Bantu« humains » en kikongo) les locuteurs des langues bantoues (environ quatre cent cinquante langues) sur le continent africain. Ils sont répartis du Cameroun aux Comores et du Soudan à l’Afrique du Sud.

Les groupes bantous ont des structures sociales et politiques différentes, leur seule caractéristique commune est linguistique avec l'utilisation d'un système de classes et non de genres.

Selon Joseph Greenberg, les locuteurs de ces langues auraient entrepris une expansion vers le sud et l'ouest du continent il y a 4 000 ans, à partir des hauts plateaux du Cameroun (Grassland). En agglomérant d'autres groupes linguistiques, ils ont parfois absorbé certains de leurs phonèmes, comme le clic caractéristique des langues khoïsan.

Histoire

1 = 3000–1500 av. J.-C., origine
2 = env. 1500 av. J.-C., premières migrations
2.a = Bantou oriental, 2.b = Bantou occidental
3 = 1000—500 av. J.-C., Urewe, noyau du Bantou oriental
47 = avancée vers le sud
9 = 500 av. J.-C.—0, noyau Congo
10 = 0—1000 ap. J.-C., dernière phase[1],[2],[3]

L'histoire des locuteurs des langues bantoues a fait l'objet de nombreuses théories. À la fin du XIXe siècle, Johnston évoque des migrations parties des grands lacs avec un foyer originel vers le Cameroun. Dans les années 1950, le linguiste Greenberg et l’anthropologue Murdock intègrent les langues bantoues dans l’ensemble dit Niger-Congo et fixent leur foyer dans la région du Tchad-Bénoué (Cameroun). Dans les années 1960, l'archéologie de la métallurgie du fer tend à lier la dispersion des langues bantoues et celle de cette technologie. Cette proposition est diffusée en particulier par l'historien Roland Oliver, qui évoque une première diffusion depuis le Tchad-Benoué, puis un deuxième foyer vers le Katanga (République démocratique du Congo). L'utilisation de la métallurgie est ensuite détachée de la première dispersion[4].

Aujourd'hui, on parle plutôt de « micro-migrations », qui n'empêchent pas les continuités culturelles en particulier dans la culture matérielle. Pour Jan Vansina en 1995[5], il faut moins se représenter des remplacements de populations que des mélanges progressifs, des acculturations qui ont pris des siècles[note 1].

Selon l'hypothèse de Greenberg, à partir de leur foyer d'origine, situé aux confins du Cameroun et du Nigeria[6],[7], les locuteurs de langues bantoues ont occupé progressivement leurs territoires actuels selon un processus qui a duré environ quatre mille ans. Ils commencent à étendre leur territoire vers la forêt équatoriale d'Afrique centrale entre 2000 et 1000 ans av. J.-C.[8]. Entre 1000 et 500 av. J.-C., a lieu une deuxième phase d'expansion plus rapide vers l'est et enfin une troisième phase, entre 0 et 500 ap. J.-C., vers le sud de l'Afrique. À l'occasion de cette expansion, les locuteurs bantous se mêlent aux groupes autochtones et constituent de nouvelles sociétés. L'expansion bantoue s’est poursuivie jusqu'au xixe siècle, interrompue par la colonisation européenne[note 2].

De nos jours, le concept de "bantouphonie" prend de plus en plus de l'ampleur. Pour l'essayiste congolais Gaspard-Hubert Lonsi Koko, « la conscience bantoue doit effectivement susciter – au-delà de l’effort graduel des peuples bantouphones pour la conservation quasi permanente de leur identité psychobiologique et anthropologique –, ainsi que géographique, une vision socio-économique, politique et panafricaniste en mesure d’accompagner la géopolitique en cours et la géostratégie à venir ».

Caractéristiques linguistiques

Les langues, qui présentent de nombreuses similitudes, constituent l'élément linguistique commun de ces peuples[9].

Organisation sociale et politique

Les peuples de langues bantoues des territoires de la savane, comme les Kongos[10], les Yakas, les Pendes, les Leles et les Kubas[11], s'appuient sur une filiation matrilinéaire et leurs familles sont matrilocales ; d’autres sont patrilinéaires[10],[11]. Les sociétés utilisant l’agriculture itinérante ont tendance à être à filiation matrilinéaire[12].

Notes et références

Notes

  1. Cette présentation est inspirée de Chrétien 2000, p. 38-46.
  2. Ainsi, au XIXe siècle, pendant la période coloniale, les Allemands visitant leur nouveau protectorat du Cameroun, ont observé des tribus bantoues (Betis, Bassa, Bafia) fuir le territoire de hauts-plateaux situé au sud du lac Tchad appelé aujourd'hui Adamaoua, pourchassés par des guerriers Haoussa (Peuls) venus de l'empire de Sokoto situé au Nord du Nigeria actuel. Les colons allemands mirent fin à la migration des populations bantoues vers le sud en les fixant sur les rives du fleuve Sanaga, dans l'actuel territoire du Mbam[réf. souhaitée].

Références

  1. (en) C. Britt Bousman, « The Chronological Evidence for the Introduction of Domestic Stock in Southern Africa », African Archaeological Review, vol. 15, no 2,‎ (lire en ligne [PDF])
  2. (en) « A Brief History of Botswana », sur thuto.org, (consulté le )
  3. (de) « Historischer Überblick », sur elaine.ihs.ac.at (consulté le )
  4. Chrétien 2000, p. 40-44.
  5. (en) Jan Vansina, « New linguistic évidence and the Bantu expansion », Journal of African History, no 2,‎ , p. 173-195, cité dans Chrétien 2000, p. 45.
  6. Philippe Lavacher (Université libre de Bruxelles), « Le peuplement des Grassfields : recherche archéologique dans l'ouest du Cameroun », Afrika Focus, vol. 14, no 1,‎ , p. 17-36 (lire en ligne [PDF])
  7. J. P. Warnier, « Peuplement et paysages des Grassfields du Cameroun », dans P. Lafranchi & D. Schwartz, Paysages quaternaires de l'Afrique centrale atlantique, ORSTOM, coll. « Didactiques », (ISBN 2-7099-1022-5, lire en ligne [PDF]), p. 502
  8. « Bantou », Encyclopædia Universalis
  9. Oldrogge 1999, p. 320 — « le seul dénominateur commun est la structure linguistique, les indices de ces classes ayant partout une expression phonétique semblable, fondée sur un système verbal unique ».
  10. a et b « Bantous matriarcaux (groupe ethnique) : un grand courant civilisateur de l’Afrique noire », sur matricien.org, Le Mouvement matricien (consulté le )
  11. a et b Daniel Vangroenweghe, Sida et sexualité en Afrique, Bruxelles, Editions EPO, , 479 p. (ISBN 2-87262-163-6, présentation en ligne), p. 160
  12. (en) Robert Layton, « What Can Ethnography Tell Us about Human Social Evolution? », dans Nicholas J. Allen, Hilary Callan, Robin Dunbar et Wendy James, Early Human Kinship: From Sex to Social Reproduction, , p. 126

Annexes

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Bibliographie

  • [Chrétien 1985] Jean-Pierre Chrétien, « Les Bantous, de la philologie allemande à l'authenticité africaine », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 8, no 8,‎ , p. 43-66 (lire en ligne)
  • [Chrétien 2000] Jean-Pierre Chrétien, L’Afrique des grands lacs. Deux mille ans d’histoire, Paris, Aubier, rééd. Champs Flammarion,
  • Tiarko Fourche et Henri Morlighem, Une bible noire : Cosmogonie bantu, Paris, Les Deux Océans, , 2e éd., 248 p. (ISBN 2-86681-113-5)
  • [Oldrogge 1999] D.A. Olderogge, « Migrations et différenciations ethniques et linguistiques », dans Comité scientifique international pour la rédaction d’une Histoire générale de l’Afrique (UNESCO), Histoire générale de l’Afrique, vol. I : Méthodologie et préhistoire africaine, UNESCO, , 4e éd. (1re éd. 1980) (ISBN 9232017083), p. 301-320
  • W. G. L. Randles, « La civilisation bantou, son essor et son déclin », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 29, no 2,‎ , p. 267-281 (lire en ligne)
  • Gaspard-Hubert Lonsi Koko, La conscience bantoue, L'Atelier de l'Égrégore, Paris, avril 2020, 166 pages.

Articles connexes

Liens externes