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Pierre Sidos

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Pierre Sidos
Illustration.
Fonctions
Présideur de L'Œuvre française

(44 ans)
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Yvan Benedetti (comme président)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Pierre-d'Oléron, Charente-Maritime
Date de décès (à 93 ans)
Lieu de décès Bayeux, Calvados
Nationalité Français
Parti politique Parti franciste (années 1940)
Jeune Nation (1949-1958)
Parti nationaliste (1958-1959)
Mouvement populaire du 13-Mai
Occident (1964-1965)
L'Œuvre française (1968-2020)
Père François Sidos
Religion Catholique

Pierre Sidos est un homme politique français, né le à Saint-Pierre-d'Oléron et mort le à Bayeux.

Fils du milicien François Sidos, lui-même condamné pour collaborationnisme, Pierre Sidos s'engage à l'extrême droite. Il anime d'abord le mouvement Jeune Nation, fondé et dissous dans les années 1950, puis s'engage avec l'OAS dans l'opposition à l'indépendance de l'Algérie.

Il participe en 1964 à la création d'Occident, avant de devenir président à vie de L'Œuvre française, un mouvement qu'il a fondé mêlant néofascisme, pétainisme, antisémitisme et une forme de catholicisme social. Il en tient les rênes jusqu'en 2012, année où Yvan Benedetti lui succède.

Biographie

Fils de François Sidos, ancien des Jeunesses patriotes, devenu sous l’Occupation un haut responsable de la Milice, jugé puis fusillé en 1946, il a quatre frères et une sœur.

Premières années avec Jeune Nation

Devenu cadet du francisme de Marcel Bucard en 1943, fait pour lequel à la Libération, il est jugé comme mineur en 1946 et condamné[1].

Après avoir fréquenté le Mouvement socialiste d'unité française de René Binet, il fonde en 1949 — avec ses frères Jacques (jugé pour faits de collaboration en 1946) et François — le groupuscule Jeune Nation. Sous le symbole de la croix celtique, il regroupe des anciens d'Indochine ou collaborationnistes, qui ont pour but de lutter contre la décolonisation. Le mouvement organisera des caches d'armes, avant d'être dissous le . Il est reformé peu de temps après, sous le nom de Parti nationaliste, avec l'aide de Dominique Venner. Ce dernier écrit alors : « Le problème métèque [...] ne doit jamais [...] être abordé avec comme perspectives le four crématoire ou la savonnette, et cela quelles que soient les mesures que nous aurons à prendre lorsque nous serons au pouvoir. [...] La révolution que nous voulons faire doit se solder par un nombre de milliers de morts ou de dizaines de milliers de morts. » Après un meeting antisémite organisé l'année suivante, le jour anniversaire du , le mouvement est une nouvelle fois dissous[2].

Passage à l'OAS

Au sein Mouvement populaire du 13 mai[réf. souhaitée], Pierre Sidos s'engage alors dans l'action clandestine pour l'Algérie française. Caché à partir de 1960, il participe à la préparation de l'attentat du Petit-Clamart, visant à tuer le président Charles de Gaulle. Il est cependant arrêté peu avant le putsch des généraux du . Après être sorti de prison et s'être séparé de Venner, il fonde en 1964 le mouvement Occident[2], dont il est finalement évincé par des militants plus jeunes.

L'Œuvre française

Pierre Sidos fonde en 1968 le mouvement L'Œuvre française, qu'il dirige en tant que président à vie[2]. L'année suivante, sa candidature à l'élection présidentielle est rejetée par le Conseil constitutionnel aux motifs que « le nombre des présentations valablement émises en faveur de ce dernier est inférieur au minimum exigé par les dispositions de l'article 3-1 de l'ordonnance n° 62-1292 du 6 novembre 1962[3] ». Ce refus fut pourtant considéré par Le Soleil, organe de L'Œuvre française, comme dû à la présence au Conseil constitutionnel de Gaston Palewski et René Cassin « tous deux d'ascendances juives étrangères[4] », considérations partagées par Roger Peyrefitte[5]. Toutefois, accepter la candidature de Pierre Sidos aurait pu, dans une certaine mesure, être interprété comme un acte de réhabilitation du passé collaborationniste des Sidos durant l'Occupation[6].

À partir du début des années 1970[réf. souhaitée], Pierre Sidos tient une place assez marginale dans l'extrême droite française. Dans l'espoir d'un coup d'État, il organise avec son groupuscule des entraînements armés dans la forêt de Fontainebleau, en région parisienne[2]. Il participe à l’émission Ciel, mon mardi ! de Christophe Dechavanne le [n 1], où il se déclare antisémite « ni plus ni moins que Saint Louis »[7].

En 1996, il annonce soutenir le Front national de Jean-Marie Le Pen en 1996. Il y fait rentrer plusieurs de ses militants au début de la décennie suivante, dont notamment Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac. Ils militeront tous deux pour que Bruno Gollnisch succède à Le Pen, avant de se faire exclure par sa fille, Marine Le Pen, nouvelle dirigeante. Durant l'été 2010, il fait part dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Rivarol de ses critiques à l'égard de cette dernière, et appelle à proscrire le « tout-électoral » au profit d'un « nationalisme organique ». La même année, il explique dans la revue Charles avoir « toujours défendu les mêmes idées depuis [sa] jeunesse »[2].

Retraite

Pierre Sidos quitte la présidence de L'Œuvre française en , à laquelle Yvan Benedetti lui succède. Après la mort de l'antifasciste Clément Méric en 2013, le mouvement est dissous l'année suivante[2].

Hospitalisé à Bayeux, il y meurt le , à l'âge de 93 ans[2].

Notes et références

Notes

  1. Aux côtés de Malek Boutih, Nicolas Bonnal, Olivier Mathieu, Stéphane Meyer, Jean-Pierre Pierre-Bloch et Patrick Quentin ; Christophe Bourseiller et Régis Martin jouant quant à eux le rôle d'« observateurs ».

Références

  1. Génération Occident. Par Frédéric Charpier, Seuil, Paris, 2005
  2. a b c d e f et g Franck Johannès, « Mort de Pierre Sidos, figure de l’extrême droite pétainiste et nationaliste », sur Le Monde, (consulté le ).
  3. Décision du 17 mai 1969 Le texte de la décision du Conseil est le suivant : « Considérant toutefois que des vérifications effectuées par le Conseil constitutionnel il résulte que quatre de ces présentations ne peuvent être regardées comme ayant un caractère authentique, qu'une autre avait été faite par une personne n'ayant pas qualité pour présenter valablement un candidat et qu'enfin dix autres émanaient, contrairement aux dispositions de l'article 4, premier alinéa, du décret n° 64-231 du 14 mars 1964 susvisé, de personnalités qui avaient également fait acte de présentation en faveur d'autres candidatures au moyen de lettres parvenues au Conseil constitutionnel antérieurement aux présentations concernant M. Sidos ; qu'ainsi le nombre des présentations valablement émises en faveur de ce dernier est inférieur au minimum exigé par les dispositions de l'article 3-1 de l'ordonnance n° 62-1292 du 6 novembre 1962 susvisée ; que, dès lors, sa candidature ne pouvait être retenue. »
  4. Le Soleil, n°99, 2-15 octobre 1970.
  5. « C'était trop demander à un aréopage où siégeaient Palewski et Cassin, que de procurer le bénéfice de la propagande officielle au dénonciateur de l'empire du judaïsme en France » (Ibid.).
  6. Joseph Algazy, L'extrême-droite en France de 1965 à 1984, Éditions L'Harmattan, p. 75.
  7. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 289.

Liens externes