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Joan Jara

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Joan Turner de Jara, plus connue sous le nom de Joan Jara (née Joan Alison Turner à Londres, Angleterre, 1927), est une danseuse et activiste politique britannique, naturalisée chilienne et reconnue par l'Académie Chilienne des Beaux-Arts pour sa contribution au développement de la danse.

Elle est la fondatrice de la Fondation Víctor Jara et a joué un rôle important, tant au niveau universitaire que populaire, dans la diffusion de la danse en Chili. En 2009 elle a reçu la nationalité chilienne par grâce, comme reconnaissance de sa contribution à la culture, de son parcours et de sa lutte pour le retour à la démocratie après la dictature militaire qu'a connu le Chili entre 1973 et 1990.

Biographie

Débuts dans la danse et arrivée au Chili

Son intérêt par la danse commence en juillet 1944, lorsque sa mère l'emmène au Haymarket Theatre voir la compagnie de danse moderne Ballets Jooss et la chorégraphie La table verte de Kurt Jooss.[1]

L'année suivante Ballets Jooss revient à Londres, Joan se faufile plusieurs fois dans le théâtre non seulement pour voir l’œuvre plusieurs fois, mais également pour parler avec Kurt Jooss. Celui-ci lui explique que le Ballets a dû fermer son école, mais qu'elle peut passer une audition avec lui; ce qu'elle fait. Kurt lui conseille de se former professionnellement et lui dit qu'il l'imagine faire partie de la compagnie dans le futur.

En 1947 elle intègre l'École de Danse de Sigurd Leeder qui a ouvert récemment, abandonnant la bourse qu'elle a reçu pour étudier histoire dans l'Université de Londres: Sigurd Leeder est un disciple de Rudolf von Laban, comme Kurt Jooss). Après trois ans d'étude, elle intègre le Ballets Jooss en Allemagne en janvier 1951, ce qui lui a permit il parcourir grande partie de l'Europe, avec des représentations en Allemagne de l'Ouest, en Belgique, aux Pays-Bas,en Suisse, en Angleterre, en Écosse et en Irlande.[1]

Au sein de la compagnie, elle rencontre le chorégraphe, danseur et acteur chilien Patricio Bunster, avec lequel elle se marie en octobre 1953. Patricio se rend au Chili en mars 1954 et elle le rejoint quatre mois plus tard, pour un voyage qui a duré six semaines. Joan se surprend de conserver son nom de jeune fille et de s'appeler dorénavant "Joan Turner Roberts de Bunster", formulation qui assimile la femme à une propriété du mari.[2]

Au Chili elle intègre par concours le Ballet National Chilien, où elle exercera aussi bien comme danseuse que plus tard comme chorégraphe. Elle sera aussi professeure à l'Université du Chili.

Mariage avec Víctor Jara

Après la naissance de sa fille Manuela (1960), le couple se sépare, et elle épouse en secondes noces le jeune directeur de théâtre (et par la suite chanteur) Víctor Jara. Son nouvel époux aura une participation politique décisive, sa musique se convertissant en symbole du gouvernement de Salvador Allende. De son mariage avec Víctor naît sa seconde fille, Amanda.

Pendant le Coup d’État du Dictateur Augusto Pinochet contre le président Salvador Allende, le 11 septembre 1973, Víctor Jara est arrêté. Ils est emmené au Stade Chili, où il reste plusieurs jours. Selon de nombreux témoignages, il est torturé pendant des heures, reçoit des coups sur les mains avec la crosse d'un revolver, jusqu'à les lui briser et est criblé de balles le 16 septembre. Son cadavre est trouvé le 19 septembre. Joan doit effectuer la reconnaissance du cadavre, et après l'enterrement elle doit s'exiler avec ses deux filles.[3]

Joan part en exil en Grande-Bretagne avec ses deux filles et ne revient au Chili qu'au milieu des années 1980. À son retour, elle crée le Centre de Danse Espiral, qui sera fondamental dans la formation de diverse générations de danseuses et chorégraphes, et lutte constamment pour faire la lumière sur l'assassinat de son mari.[4]

En 1993, elle crée la Fondation Víctor Jara, qui cherche à diffuser et à promouvoir l'héritage de l'artiste.[5]

Exil et labeur activiste

Joan Jara avec le chanteur Manuel García en 2006.

A Londres, elle arrête de s'appeler Joan Turner de Jara, et adopte le nom Joan Jara que lui ont assigné les autorités britanniques.

Elle devient une activiste contre la dictature militaire chilienne et pendant de longues années elle se bat pour que la justice chilienne éclaircisse les circonstances de la mort de Víctor Jara. Il y a cependant peu d'avancées; alors même qu'en 2009 le dossier est réactivé par l'arrestation par l'auteur matériel (mais pas intellectuel) du crime.

Le 3 mars 2009 la Chambre des Députés, puis le 5 mai le Sénat du Chili, votent pour lui accorder la «nationalité par grâce».[6] En juin, la présidente de la République, Michelle Bachelet Jeria, lui délivre officiellement la nationalité chilienne.[7]

En 2013, le juge chilien Miguel Vásquez détermine que Víctor Jara est mort le 16 septembre 1973 à cause d'“au moins, 44 impacts de balle”, selon l'autopsie. Les recherches judiciaires indiquent que l'homme qui a appuyé sur la détente est Barrientos, un lieutenant de l'Armée.

Le 27 juin 2016, un tribunal fédéral d'Orlando, aux États-Unis, juge l'ex-militaire chilien Pedro Barrientos, nationalisé américain, coupable de torture et d'assassinat extrajudiciaire de Víctor Jara. L'ancien militaire est condamné par le jury à payer une compensation pour dommages et intérêts de 28 millions de dollars à la famille. Le jugement civil a commencé avec la plainte déposé par Joan Turner Jara, et ses deux filles, Manuela Bunster et Amanda Jara. Elle est présentée en 2013 par le Centre de Justice et Responsabilité (CJA), dont le siège est à San Francisco.[8]

Oeuvres

Veillée funèbre de Víctor Jara, réalisé en décembre 2009 dans le "Galpón Víctor Jara".
  • En 1983 elle publie “Víctor Jara, un canto truncado
  • Pendant son premier séjour au Chili elle crée le "Ballet Populaire" avec un groupe de danseurs professionnels du Ballet National Chilien. La mission du "Ballet Populaire" était la diffusion de la danse dans les secteurs ruraux du pays.
  • À la fin des années 1960, elle crée au sein de l'Université du Chili le cursus de Professeur de Danse pour enfants.
  • En 1985 à son retour d'exil, elle fonde avec son ex-mari Patricio Bunster le Centre de Danse Espiral, pour former des professeurs de danse de quartiers populaires.
  • En 1986 elle fonde le Groupe de Danse de l'Université de Conception.

Prix et reconnaissance

Références

  1. a et b Joan Jara, Víctor Jara, un canto truncado, , 9-11 p., « Joan »
  2. Joan Jara, Víctor Jara, un canto truncado, , 14-16 p., « Joan »
  3. [1], "Masacre en el estadio" (documental de Netflix, 2019): cómo Netflix investigó el crimen de Víctor Jara, artículo de diario La Tercera.
  4. (es) « Mujeres Bacanas | Joan Jara (1927) », Mujeres Bacanas, 22 de enero de 2019 (consulté le Date invalide (10 de enero de 2020))
  5. (es) « La Fundación – Fundación Victor Jara » (consulté le Date invalide (10 de enero de 2020))
  6. « Historia de la Ley N.º 20347 - Conferir la nacionalidad chilena, por especial gracia a la ciudadana británica doña Joan Alison Turner Roberts (Joan Jara) », Biblioteca del Congreso Nacional de Chile, 3 de junio de 2009
  7. « Bachelet le otorgó la nacionalidad por gracia a Joan Turner, viuda de Víctor Jara », Radio ADN, 3 de junio de 2009 (consulté le Date invalide (8 de agosto de 2019))
  8. El País, « EE UU halla culpable del asesinato de Víctor Jara a un exmilitar chileno », El País (consulté le Date invalide (28 de junio de 2016))
  9. « Chile se mueve con la danza », diario.elmercurio.cl (consulté le Date invalide (7 de mayo de 2016))
  10. Manuel García homenajea a Joan Jara en nuevo disco
  11. (es) « Joan Turner recibe Orden al Mérito Artístico y Cultural Pablo Neruda « Diario y Radio U Chile » (consulté le Date invalide (10 de enero de 2020))
  12. En 2018 Joan Jara recibe premio de la USACh por su trayectoria en la promoción de los DDHH
  13. Academia Chilena de Bellas Artes entrega premio a la trayectoria a Joan Jara