Notre-Dame de Pontmain

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Statue de Notre-Dame de Pontmain, sur le parvis de la basilique.

Notre-Dame de Pontmain est le vocable sous lequel est appelée la Vierge Marie à l'occasion d'une apparition qui serait survenue le dans le petit village de Pontmain, en Mayenne. Le culte a été approuvé par l'Église.

Le contexte

La bataille de Saint-Privat (18 août 1870) illustre les défaites françaises

L'apparition de la Vierge à Pontmain se situe dans le contexte de la guerre contre la Prusse. Les armées françaises sont défaites. Metz, la plus importante forteresse d'Europe, assiégée en août, a dû se rendre à l'ennemi en octobre, Paris est assiégé et ses habitants meurent de faim, le Second Empire est tombé et les troupes prussiennes et alliées occupent une grande partie du territoire français.

Le 12 janvier 1871, les Prussiens sont au Mans et progressent vers l'ouest (donc vers la Mayenne).

Les populations locales, dont de nombreux hommes partis en guerre sans donner de nouvelles, sont effrayées, et se tournent alors vers la religion, priant pour être épargnées. Outre les désordres liés à la guerre, une épidémie de typhoïde et de variole se déclenche.

L'apparition

Dans la nuit du 17 janvier 1871, la neige couvre le village. Deux jeunes garçons, Eugène (12 ans) et Joseph Barbedette (10 ans), aident leur père à piler les ajoncs dans leur grange. Eugène sort de la grange pour « voir le temps ». C'est alors qu'il déclare avoir aperçu au-dessus de la maison d'en face une « belle dame » à la robe parsemée d'étoiles, qui le regarde en souriant, les mains tendues[1].

À ses cris, les villageois accourent et d'autres enfants déclarent voir la « belle dame ». Ils assurent qu'un ovale bleu avec quatre bougies éteintes est venu entourer la dame. L'abbé Guérin, curé du village, organise une veillée de prière autour des enfants.

Pendant que l'assistance récite le chapelet et le Magnificat, les enfants disent qu'une banderole se déroule entre l'ovale et le toit de la maison, où s'inscrivent lettre après lettre le message de la « Dame » : « Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher »[2].

Alors que l'assistance prie, les enfants deviennent soudain tristes. Ils expliquent que le visage de la Vierge est devenu triste aussi, et qu'une grande croix rouge portant Jésus sanglant est apparue devant elle. Au sommet de la croix, une pancarte blanche porte les mots « Jésus-Christ ». Les enfants expliquent que la dame prend dans ses mains le crucifix et le leur présente, tandis qu'une étoile allume une à une les quatre bougies jusqu'alors éteintes du nimbe.

À la suite de cela, et alors que le curé fait chanter le cantique Ave Maris Stella, les enfants décrivent le crucifix qui disparaît, la Vierge qui reprend son attitude initiale, les bras tendus vers eux, une petite croix blanche surmontant chaque épaule, et la scène qui se recouvre peu à peu d'un voile blanc avant de disparaître. « Tout est fini », disent-ils enfin. Les villageois rentrent alors chez eux.

Le 19 janvier 1871 - Témoignage de la délégation allemande reçue par le général Chanzy, commandant la place de Laval, lui décrivant une belle dame qui leur serait apparue dans le ciel le 17 janvier 1871 vers 17 h 45 :

« Elle portait une robe bleu-huit semée d'étoiles d'or, un voile noir sur la tête cachant les cheveux, un cône d'or renversé avec, au demi, un liseré rouge. Elle se dressa entre vous et nous, et nous repoussa avec la paume de ses mains. C'est alors que nous sentîmes un feu brûlant qui précipita notre départ . Cette dame vous protège, Elle a poursuivi nos troupes qui ont dû courir. »

Le 26 janvier, l'armistice est signé avec la Prusse (dont le roi a été proclamé empereur allemand). Les habitants de Pontmain et des alentours y voient une grâce de l'apparition, d'autant plus que les Prussiens ne sont pas entrés à Laval. Les pèlerins affluent alors à Pontmain.

Reconnaissance de l'apparition

Monseigneur Casimir Wicart, évêque de Laval, ordonne une enquête sur les apparitions. Il vient lui-même interroger les quatre enfants ayant déclaré voir la « dame » (Joseph et Eugène Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé). Selon la procédure habituelle, l'enquête est fouillée, mais rapidement (le 2 février 1872), il reconnaît l'authenticité de l'apparition et approuve le culte de la Vierge de Pontmain : « Nous jugeons que l'Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, a véritablement apparu le 17 janvier 1871, à Eugène et Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé dans le hameau de Pontmain ».

Le pèlerinage

Basilique N.D. de Pontmain

À la suite de l'apparition et de sa reconnaissance canonique, l'abbé Guérin, curé de Pontmain, assure l'accueil des pèlerins avec les religieuses de l'école. Mais après sa mort en 1872, l'évêque appelle les Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée pour animer les premiers pèlerinages et prêcher dans la région. L'affluence des pèlerins à Pontmain a été rapide. Pour le premier anniversaire des apparitions, le 17 janvier 1872, on comptait déjà 8 000 personnes.

Monseigneur Wicart, évêque de Laval, pose la première pierre de la basilique de Pontmain le 17 juin 1873, mais meurt peu après. Ses successeurs suivent sa voie. La basilique est achevée en 1890, mais en raison de la vacance du siège de Laval, n'est consacrée que le 15 octobre 1900 par Mgr Pierre Geay[3].

En 1903, les oblats sont expulsés de France, à la suite de la politique de séparation de l'Église et de l'État. Ils ne reviendront qu'après la Première Guerre mondiale. Pendant cet intervalle, c'est le curé du village qui s'occupe des pèlerins. Ils sont toujours présents aujourd'hui et accueillent les pèlerins à la maison des Oblats de Pontmain, ancien juniorat et noviciat de la congrégation. Le magazine Pèlerin, dans son numéro « spécial 15 août 2016 »[4], indique une fréquentation moyenne de 250 000 pèlerins par an.

Les voyants

Témoins et voyants devant la grange Barbedette - 1871

Par la suite, Joseph et Eugène entrèrent au séminaire et devinrent curés de campagne. Françoise Richer devint gouvernante chez l'abbé Eugène Barbedette et Jeanne-Marie Lebossé entra au couvent[5] chez les Sœurs de la Sainte-Famille de Bordeaux, et déclara plus tard n'avoir vu qu'une certaine luminosité et non pas les détails de l'apparition[6].

Auguste Avice

Auguste Avice est âgé de 4 ans et demi lors de l'apparition ; il perd son père en septembre 1872 et sa mère en 1873. Les huit enfants furent alors dispersés. Mis au collège apostolique de Poitiers, il tombe malade. Il revient en Mayenne à Laval où il continue ses études au collège de l'Immaculée-Conception. Au cours d'une visite à l'orphelinat, une institutrice lui fit un instant trahir son secret. Elle lui dit : - « Oh ! ça ne m'étonne pas que vous n'ayez pas vu la Sainte Vierge : vous êtes bien de trop méchant ! - Pardon, Mademoiselle, je l'ai vue, mais papa m'a défendu de le dire. » (Il avait alors de 7 à 8 ans).

Durant leur vie familiale, Philomène Avice, l'une des deux sœurs qui avaient accompagné le père à la grange, avait observé un changement dans la conduite de son petit frère : « Depuis ce jour de l'Apparition, il ne paraissait avoir d'autre préoccupation que celle de dire la messe (...) A cet effet, les chaises étaient très souvent dans un monceau, afin de bâtir son église et de prêcher (...). Dès que j'étais arrivée de l'école, il me fallait répondre au chapelet ou à la messe - ce qui ne m'allait pas du tout- »

Il entra chez les Jésuites en 1881. Il ne devint pas prêtre, mais servit dans les missions de Chine, comme frère coadjuteur de la Compagnie de Jésus pendant soixante-quatre ans de vie religieuse. Son supérieur l'encouragea à garder le secret de sa vision.

Procureur de sa mission à Yang King Pang (dans l'ancienne concession française de Shanghaï), il mourut le 25 janvier 1945, après avoir confirmé : -« Oui, c'est vrai, j'ai bien vu la sainte Vierge. »

C'est peu de temps avant de mourir (le 31 janvier 1915), et discrètement, que Sœur Philomène a révélé ce voyant ignoré, dans une lettre au chanoine Cousin, qui ne fut communiquée à l'évêché de Laval que dix ans plus tard. Auguste Avice, alors frère missionnaire en Chine, fut alors joint en 1920. Il répondit : « j'ai toujours regardé la conduite de mon bon père comme dictée par la Sainte Vierge elle-même. Les directives que m'ont données mes supérieurs durant ma jeunesse ont été constamment dans le même sens. L'apparition de Marie à Pontmain a été démontrée par les quatre témoins qu'elle a voulu se choisir et ma conviction est que les faveurs qu'elle a pu faire à d'autres le 17 janvier 1871 doivent rester dans le domaine privé, et n'en point sortir. » [7].

Statue de cette vierge au Liban

Dans les années 1900, quelqu'un apporte une copie de la statue de la Vierge de Pontmain au Liban, dans le village de Béchouate.

Lorsque la Vierge apparaît dans ce village, en 1976 et 2004, cette statue, dont l'origine est alors oubliée, est utilisée comme support d'imagination. Le père Claude Poussier, recteur du sanctuaire de Pontmain, rappellera l'origine française de cette statue, en faisant lui-même le pèlerinage à Béchouate, en janvier 2005. À cette occasion, le message de la Vierge de Pontmain a été traduit en arabe, est inscrit sur le Sanctuaire de Notre-Dame de Béchouate[8].

Églises

Un vitrail évoque cette apparition en l'église Saint-Germain d’Andresy (Yvelines).

Plusieurs églises lui sont dédiées, comme :

Notes et références

  1. Aude Guihéneuc, Rémy Toulouse, Le patrimoine des communes de la Mayenne, éditions Flohic, , p. 508
  2. Jean-Paul Labille, La nourriture des âmes, Editions Edilivre, , p. 23
  3. René Laurentin, Albert Durand, Pontmain, histoire authentique, Apostolat des éditions, , p. 284
  4. Pèlerin n°6976 du 11 août 2016, page 24.
  5. Louis Mathoux, Apparitions mariales : mythe ou réalité ?: Enquête sur l'authenticité de ces phénomènes, Mols, 2017, (ISBN 2874022322 et 9782874022326)
  6. Marc Hallet, Union rationaliste, édition critique des apparitions de la Vierge, février 2015
  7. R. Laurentin, A. Durand, Pontmain, histoire authentique - un signe dans le Ciel, Apostolat des éditions, Lethielleux
  8. La Vierge française, dans Emma Aubin-Boltanski, La Vierge, les chrétiens, les musulmans et la nation, Terrain [En ligne], 51 | septembre 2008, mis en ligne le 01 septembre 2008, consulté le 13 juin 2014. URL : http://terrain.revues.org/10943 ; DOI : 10.4000/terrain.10943

Liens externes

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Articles connexes