Mercury Seven
Mercury Seven est le groupe des sept astronautes du programme Mercury sélectionnés par la NASA le . Ils sont aussi appelés les sept premiers astronautes et le groupe 1. C'est le seul groupe dont des membres ont volé sur tous les types de vaisseau spatial habité de la NASA au XXe siècle : Mercury, Gemini, Apollo, jusqu'au vol de John Glenn sur la mission STS-95 de la navette spatiale. Le dernier survivant de Mercury Seven, John Glenn, est décédé le , à l'âge de 95 ans.
Processus de sélection
Bien que la NASA ait prévu un concours pour ses premiers astronautes, le président Dwight D. Eisenhower a insisté pour que tous les candidats soient des pilotes d'essai, ce qui excluait les femmes[2](p. 13-14). En raison du petit espace à l'intérieur de l'engin spatial Mercury, les candidats devaient mesurer moins de 5 pieds 11 pouces (180 cm) et peser moins de 180 livres (82 kg)[3]. Ils devaient aussi avoir moins de quarante ans, être titulaires d'un baccalauréat ou de son équivalent, avoir 1 500 heures de vol et être qualifiés pour piloter des avions à réaction[2](p. 14).
Après une annonce auprès des pilotes d'essai militaires qui engendre plus de cinq cents candidatures, la NASA étudie les dossiers militaires en janvier 1959 et identifie cent dix pilotes qui remplissent les critères : cinq Marines, quarante-sept de la Marine, et cinquante-huit de l'armée de l'air[4]. Soixante-neuf[5] candidats sont amenés à Washington, en deux groupes ; l'intérêt des candidats était si grand, malgré les examens approfondis physiques et mentaux de janvier à mars, que l'agence n'a pas eu à convoquer le deuxième groupe[2](p. 14-15). Les tests comprenaient des heures sur des tapis roulants et des tables d'inclinaison, submergeant les pieds dans l'eau glacée, trois doses d'huile de ricin, et cinq lavements[5]. Six candidats sont rejetés comme étant trop grands pour le vaisseau spatial prévu. Trente-trois autres n'ont pas réussi ou ont abandonné au cours de la première phase des examens. Quatre autres ont refusé de prendre part à la deuxième série de tests, ce qui a éliminé encore huit candidats : il n'en restait que dix-huit.
Les « Mercury seven », c'est-à-dire les sept premiers astronautes de la NASA ont été choisis parmi ces dix-huit[6], chacun était un « superbe spécimen physique » avec le quotient intellectuel d'un génie, et la capacité de bien fonctionner à la fois dans le cadre d'une équipe et en solo[5]. En dépit de la vaste évaluation médicale, deux des sept (Shepard et Slayton) ont été rapidement retirés du groupe pour des conditions médicales non détectées et ils ont donc peu participé au projet Gemini et à la plupart du programme Apollo (ainsi qu'au programme Mercury dans le cas de Slayton). Ils ont alors contribué à la surveillance des astronautes actifs.
Héros
La NASA présente les astronautes à Washington, le . Bien que l'agence considère le projet Mercury comme une expérience pour déterminer si l'homme peut survivre à un voyage dans l'espace, les sept hommes deviennent immédiatement des héros nationaux et sont comparés à « Christophe Colomb, Magellan, Daniel Boone, Orville et Wilbur Wright[5] ». Deux cents[5] journalistes envahissent la salle utilisée pour l'annonce, ce qui inquiète les astronautes, qui ne sont pas habitués à une assistance aussi nombreuse[2](p. 16-17). Parce qu'ils portent des vêtements civils, ils ne sont pas vus comme des militaires, pilotes d'essai, mais comme « des Américains matures, de la classe moyenne, avec une physionomie et une grandeur moyenne, des hommes de bonnes familles », prêts pour le combat solitaire contre le monde communiste. À la surprise des astronautes, les journalistes les interrogent sur leur vie personnelle au lieu de leurs faits de guerre ou de leur expérience de vol, ou encore sur les détails du programme Mercury. Après que Glenn a répondu en faisant référence avec éloquence « à Dieu, la patrie, et la famille », les autres suivent son exemple[2](p. 18-19), et les journalistes les ont « vigoureusement applaudis[2](p. 20) ».
Les astronautes participent à la conception du programme Mercury ainsi qu'à sa planification[2](p. 25-26). Bien qu'ils soient très occupés avec leurs nombreux devoirs et leur formation intense[2](p. 22), ils ont quelques aventures médiatiques tels des bagarres, des excès de vitesse en auto ainsi que des aventures sexuelles, probablement occasionnés par le stress et en raison de la nature dangereuse de leur travail. La NASA cherche activement à protéger ses astronautes ainsi qu'elle-même vis-à-vis de cette publicité négative. Elle tient à maintenir une image « du garçon bien propre, et bon Américain[2](p. 20) ».
Média
Les sept astronautes conviennent de partager également la rémunération des interviews, peu importe qui volera en premier[7]. En août 1959, leurs épouses et eux signent un contrat avec le magazine Life pour 500 000 US$[7] en échange d'un accès exclusif à leur vie privée, leurs demeures ainsi qu'à leur famille. En 1962, ils écrivent, en primeur, des articles sur leur sélection et leur préparation pour les missions Mercury dans le livre, Nous les sept. En outre, chacun d'eux a séparément écrit au moins un livre décrivant leurs expériences. En 1979, Tom Wolfe publie une version moins édulcorée de leur histoire dans L'Étoffe des héros (The Right Stuff), qui inspire le scénario du film du même nom réalisé par Philip Kaufman.
Affectations
Tableau indiquant les affectations du groupe 1 aux programmes Mercury, Gemini et Apollo,
Tableau indiquant les affectations du groupe 1 aux programmes Mercury, Gemini et Apollo, en relation avec les missions des groupes ultérieurs 2, 3, 4, 5, 6 et 7.
Membres du groupe
- Alan Bartlett Shepard, Jr. (1923–1998), U.S. Navy (2 vols)
- MR-3 (Freedom 7) – Mai 1961
- Apollo 14 – Janvier 1971
- Virgil Ivan (Gus) Grissom (1926–1967), U.S. Air Force (2 vols)
- MR-4 (Liberty Bell 7) – Juillet 1961
- Gemini 3 – Mars 1965
- Apollo 1 – Janvier 1967
- John Herschel Glenn, Jr. (1921-2016), U.S. Marine Corps (2 vols)
- MA-6 (Friendship 7) – Février 1962
- STS-95 Discovery – Octobre 1998
- Malcolm Scott Carpenter (1925–2013), U.S. Navy (1 vol)
- MA-7 (Aurora 7) – Mai 1962
- Walter Marty (Wally) Schirra, Jr. (1923–2007), U.S. Navy (3 vols)
- MA-8 (Sigma 7) – Octobre 1962
- Gemini 6A – Décembre 1965
- Apollo 7 – Octobre 1968
- Leroy Gordon (Gordo) Cooper, Jr. (1927–2004), U.S. Air Force (2 vols)
- MA-9 (Faith 7) – Mai 1963
- Gemini 5 – Août 1965
- Donald Kent (Deke) Slayton (1924–1993), U.S. Air Force (1 vol)
- Apollo-Soyuz Test Project – Juillet 1975
Articles connexes
- Liste des astronautes par année de sélection
- Mercury-Redstone : le lanceur utilisé pour les vols suborbitaux du programme Mercury
- Atlas : le lanceur utilisé pour les vols orbitaux du programme Mercury
- Mercury : la cabine spatiale du programme
- Programme Mercury : le premier programme spatial habité américain
- L'Étoffe des héros : un film qui relate l'épopée des pilotes du programme Mercury
- The Astronaut Wives Club : série TV racontant la vie des épouses des Mercury Seven
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mercury Seven » (voir la liste des auteurs).
- (en) Donald K. Slayton, Cassutt, Michael, Deke!, New York, Forge, (ISBN 978-0-312-85918-3, LCCN 95018396), p. 87
- Logsdon, John M. with Roger D. Launius (editors) Exploring the Unknown: Selected Documents in the History of the U.S. Civil Space Program / Volume VII Human Spaceflight: Projects Mercury, Gemini, and Apollo The NASA History Series, 2008.
- (en) Donald K. Slayton, Alan Shepard, Jay Barbree, Howard Benedict, Moon Shot: The Inside Story of America's Race to the Moon, Turner Publishing, (ISBN 978-1-57036-167-8)
- Aucun pilote de l'armée ayant participé à l'école pilote d'essai et remplissant les autres critères n'a été identifié.
- "Rendezvous with Destiny" Time, 20 April 1959.
- (en) Mary Carmichael, « Actually, It Is Rocket Science: NASA's Brilliant, Far-Out History », Mental_Floss, vol. 6, no 6, , p. 42
- "The Big Story" Time, 24 August 1959