Siège de Jadotville

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En septembre 1961, une compagnie de l'armée irlandaise de l'Opération des Nations unies au Congo est assiégée par l'armée katangaise à Jadotville durant la crise congolaise.

Contexte

Le , l'ONU déclenchait au Katanga l'opération Morthor visant à mettre fin à la sécession de l'État du Katanga par la force.

Depuis le 4 septembre 1961 était basée à Jadotville la compagnie A du 35th Infantry Battalion irlandais, sous les ordres du commandant P. J. Quinlan. À cette compagnie était attaché le sous-lieutenant suédois L. Fröberg en qualité d'interprète. Les 155 Irlandais occupaient quelques maisons de part et d'autre de la route Jadotville - Élisabethville à la sortie de la ville. Comme ses hommes ne disposaient que d'un armement léger[1] (fusils Lee Enfield n° 4, pistolets-mitrailleurs Carl Gustav M45, quelques FN-FAL, 2 mitrailleuses lourdes Vickers, 3 canons sans recul Carl Gustav M1, 3 mortiers de 60 mm et 2 automitrailleuses Thompson Ford MK VI ), le commandant Quinlan s'abstint de toute initiative offensive.

Déroulement des évènements

Samedi 9 septembre : la 3e Compagnie de Police Militaire katangaise renforcée de mercenaires et de soldats katangais établit des barrages sur toutes les approches de la ville. Les Irlandais commencent à creuser des tranchées autour des maisons qu'ils occupent (ce que n'avaient pas fait les unités irlandaise et suédoise qui les avait précédés). Cette précaution est une des causes principales du peu de victimes qu'ils connaitront à l'issue des combats.

11 septembre : rencontre du commandant Quinlan avec le bourgmestre Amisi et des officiers katangais en vue de les convaincre que son unique mission est le maintien de la paix.

13 septembre : à 7h40 du matin, des obus de mortier s'abattent sur les Irlandais et les combats commencent. L'alimentation en eau de ville et en électricité est coupée par les Katangais. Par téléphone, ceux-ci entament une guerre psychologique, menaçant les Irlandais d'être taillés en pièces et dévorés s'ils ne se rendent pas. Les soldats de l'ONU espèrent que des renforts en provenance d'Élisabethville pourront les délivrer. Une première colonne de secours onusienne est bien partie mais elle ne parvient pas à franchir les 2 ponts de la Lufira fortement défendus par l'Armée katangaise.

Un hélicoptère H-19

14 et 15 septembre : poursuite des attaques par les soldats katangais encadrés par des mercenaires européens. L'unique Fouga Magister de l'aviation katangaise effectue des mitraillages et des lancers de bombes de 50 kg.

16 septembre : au matin un hélicoptère Sikorsky H-19 de l'ONU piloté par un Suédois et un Norvégien parvient à se poser à l'intérieur des positions irlandaises, amenant de l'eau en jerrican et des obus de mortier de 81 mm (alors que les Irlandais n'ont que des mortiers de 60 mm). Touché par des balles, il ne peut repartir (réparé, il sera intégré à l'aviation katangaise). Il s'avère que les jerricans ayant contenu précédemment du mazout, l'eau apportée est imbuvable[2]. Pour empêcher l'arrivée de renforts onusiens à Jadotville, les katangais font sauter le pont ferroviaire sur la Lufira, gardant le contrôle du pont routier (celui-ci sautera le 01/01/1963 lors de l'offensive onusienne finale contre l'armée katangaise). Ne disposant plus que de très peu d'eau et de nourriture, le commandant Quinlan se résout en début de soirée à accepter des négociations en vue d'un cessez-le-feu. Un accord oral est obtenu et les combats stoppent.

17 septembre : les Irlandais apprennent que la deuxième tentative d'envoi d'une colonne de secours a de nouveau échoué la veille devant le pont de la Lufira. Dès lors, à 17h, un acte de reddition est signé par le commandant et le ministre de l'intérieur Godefroid Munongo. Malgré l'intensité des tirs, la troupe onusienne ne déplore aucun mort et seulement cinq blessés. Les pertes katangaises sont estimées à environ 150 tués et blessés, dont une trentaine de mercenaires. Dans la nuit du 17 au 18, l'avion du secrétaire général des Nations unies Dag Hammarskjöld qui se rendait à Ndola pour rencontrer Tshombé afin de négocier un arrêt des combats, s'écrase dans des circonstances troublantes.

18 septembre : les 158 combattants (155 Irlandais - 2 Suédois dont un pilote de l'hélicoptère - 1 pilote norvégien) sont internés comme prisonniers de guerre à l'hôtel de l'Europe à Jadotville.

23 septembre : 32 autres combattants (26 Irlandais et 6 Italiens), capturés dans les combats à Elisabethville, sont amenés à l'hôtel de l'Europe.

11 octobre : tous les prisonniers sont transférés à Kolwezi.

Épilogue

Le 25 octobre, les militaires onusiens sont libérés à Élisabethville en échange de militaires katangais prisonniers de l'ONU.

Après des années de silence, en 2005, le gouvernement irlandais a récompensé la compagnie A d'une Presidential Unit Citation, la première de l'histoire de l'État irlandais[3].

Dans la fiction

Le siège est relaté dans le film Jadotville sorti en 2016.

Dans le scénario, le Bell UH-1 Iroquois qui apporte des provisions aux soldats, est attaqué par le Fouga Magister. Il n'est pas fait mention du calibre inadéquat des obus de mortier.

Notes et références

  1. (en) https://www.historyanswers.co.uk/history-of-war/the-real-siege-of-jadotville-part-i-teenage-peacekeeper-john-gorman-remembers/
  2. (en)Dan Harvey, Into action - Irish peacekeepers under fire, Merrion Press, 2017
  3. (en) « Jadotville ceremony rights a 'grievous wrong' - Boxer Moran », Westmeath Examiner,‎ (lire en ligne)

Source

  • David O'Donoghue, The Irish army in the Congo, Irish Academic Press, 2005
  • Michael Whelan, The Battle of Jadotville, South Dublin Libraries, 2006
  • Rose Doyle, Heroes of Jadotville, New Island, 2006

Liens externes